L’infiltration dans Tsuchi avait réussi à se passer sans trop de problème. Ce qui inquiétait Michiki c’était plus pour pénétrer au sein de la capitale où il avait été invité. Non pas qu’il stressait à cause de ses néfastes intentions. C’était même tout l’inverse. Ses relations avec le nouveau maître des lieux étaient plus que cordiales. Les deux hommes étaient parvenus à une forme d’accord. Par sa présence, le nécromancien venait tout simplement honorer leur contrat.

Son appréhension était plus vis-à-vis des gardes s’affichant aux portes. C’était toujours un instant délicat dans ce monde. La méfiance naturelle et la protection contre les détracteurs de telle ou telle nation poussait les shinobis à redoubler de moyens pour tenir leurs remparts. Etait-ce cela que souhaitait endiguer l’Empereur ? Un phénomène de crainte ? Pourtant tout ceci resterait inchangé même s’il parvenait à ses fins. La paix ne serait jamais qu’une grande utopie illusoire. Même avec un monde à sa botte, les opposants resteraient présents et inciteraient le conquérant à se protéger. Il y avait donc fort à parier que ce passage dans un village reste une épreuve pour les étrangers.

Le Shinda marchait sur la route qui allait mener jusqu’aux portes du village. Le dispositif de sécurité devait être multiplié. C’était ce que le Samui lui avait annoncé. Même si l’assassinat de Michiki avait été soldé, il devait rester des Daimyôs à supprimer. Et il fallait éviter qu’ils ne soient au courant des intentions du tout nouvel Empereur avant que son bras armé ne s’abatte sur eux tandis que l’autre serait bien en l’air en réponse à l’acclamation de la foule le reconnaissant comme chef et maître des Pays Neutres.

Une bien curieuse Alliance quand on y songeait. Bon nombre de Kirijins déchus s’étaient réfugiés ici en espérant y trouver un substitut à leur nouvelle demeure. Mais quel rapport avec Kiri la Sanglante ? Celle qui conquérait sans remords les pays mineurs pour y établir sa politique drastique. Il faut dire que le Fossoyeur ne s’était pas tenu informé de la politique pendant son absence. Yoru aurait-il été destitué ?! Ce serait bien triste. Le régent avait la fibre d’un parfait dirigeant. Michiki se promit de se renseigner en temps voulu sur son sort.

Pour l’heure, il avait bien autre chose en tête. Les remparts commençaient à apparaître face à lui. Les unités de senseur avaient déjà dû ressentir sa présence et évaluer son chakra. Vu le niveau du Shinda, en toute modestie, ils avaient dû prévoir une réplique pour pallier la différence. De toute façon, le Fossoyeur serait bien stupide de tenter quoique ce soit de front face à tout un village. Dire que certains avaient essayés… Il y en a qui n’ont peur de rien. Ou bien était-ce de la débilité ? Probable.

Mais pour Michiki ici, il n’y avait ni élan de stupidité ni intention belliqueuse pouvant l’inquiéter. Il était ici en parfait allié du Shûkai. Peut-être serait-ce long pour leurs envoyés de juger de sa véritable sincérité mais il devrait se plier à ça avant de pouvoir rencontrer l’homme qui l’avait engagé et convié ici.

Alors que les murs étaient bien plus nets et que la distance avec les portes s’étaient diminués, Michiki ralentit encore plus le rythme pour que ses mouvements soient bien distincts. Il marchait comme quelqu’un pouvant se promener. Une fois qu’il jugea la distance suffisante, il mit les mains en évidence et s’arrêta pile face aux portes, attendant que les gardes viennent l’intercepter. Il avait un air parfaitement serein, restant tout de même assez ferme derrière ses verres violets. C’était un peu difficile de paraître sérieux avec ses lunettes d’ailleurs ! Sa réputation pouvait tout de suite en prendre un coup. Il espérait qu’on n’allait pas le confondre avec un petit marchand excentrique de pacotille. Ce serait très insultant !

Les Shukajins finirent par arriver et Michiki prit les devants en abordant la conversation pour ne pas faire perdre de temps :

- Shinda Michiki, ancien Kirijin. Je suis ici suite à une correspondance avec Samui Kakeshuou qui m'a chargé de "renforcer" l'Empire. Je souhaite le voir je vous prie.

Spoiler:

Tortures, intrusions spirituelles, humiliations, incarcération, combat à mort ou même foudroyé sur place. Autant de traitements néfastes auxquels Michiki s’était attendu en se rendant ici. Il s’était fait à l’idée qu’il laissait sa vie entre les mains de ces gardes chargés de surveiller leur village. Mais jamais il ne se serait attendu à un pareil accueil.

Une jeune femme à cheval arriva pour le saluer. Le Shinda n’est pas sexiste alors le fait qu’une kunoichi l’accueille ne le surprenait guères. Ce qui l’avait interloqué c’était plus le protocole qu’elle demandait. Un contrôle de sécurité, en soit rien de très étonnant même s’il attendait de voir en quoi cela pouvait-il consister. Mais surtout le contrôle médical ! Michiki s’était rarement adonné à ce genre de procédure quand il était à Kiri. Voire jamais. Mais il était à peu près sûr que ce n’était pas le genre de la Brume. Ou de tout autre village. Ce Shûkai était vraiment particulier. Mais bon ainsi soit-il.

La jeune femme, répondant au nom de Samui Yuki, descendit de son canasson pour continuer d’expliquer la suite des opérations. C’était donc cette kunoichi qui allait se charger de procéder au…euh à l’examen médical. Ça ne mettait pas très à l’aise le nécromancien mais s’il devait passer par là pour passer… Il n’avait pas à subir d’interrogatoire en prison non plus donc bon. Il n’y avait pas d’énormes concessions à faire pour une telle vérification. De plus, elle désirait un échantillon de son sang ainsi que l’apposition de deux sceaux pour bloquer son chakra. C’était déjà plus ce à quoi il s’attendait ! Mais ce n’était guère étonnant non plus. Tout comme le fait que la manipulatrice de Hyoton se tenait responsable de sa protection. Protégerait-elle véritablement le Shinda ? Ce n’était pas dans l’autre sens plutôt ?! Grand bien lui fasse ceci dit.

Michiki ramena ses mains un peu plus bas maintenant que les choses étaient claires. Il fit un signe d’une de ses dextres pour demander à son interlocutrice de patienter. Sa main accueillit comme par miracle une seringue. Un simple sceau dans la paume lui permit de se saisir de l’instrument de médecine afin de se prélever un peu de son liquide vital. Le mouvement avait un peu alerté les gardes, mais il avait vite vu qu’il n’y avait aucun danger dans son geste. Il préleva l’hémoglobine puis il tendit le petit flacon à la main tendue de la jeune femme, répondant par la même occasion :

- Pardonnez mais je préfère le faire moi-même ! J’ai jamais aimé les piqures !

Puis après avoir déposé la seringue dans la main de la Samui, il s’avança d’un pas avant de reprendre la parole :

- Par contre, si je suis enceint je compte sur vous pour me le dire !

Il émit un très léger sourire. Il n’avait pu s’empêcher d’une petite boutade pour détendre l’atmosphère. Il n’espérait pas une franche rigolade avec ces gens-là mais si cette fille allait le suivre partout, autant minimiser le rapport trop strict et pesant d’une garde rapprochée. Après quoi il reprit la parole :

- Je dois avouer n’avoir jamais eu le droit à ce genre de vérification pour de la sécurité militaire mais soit. Je vous laisse le soin de m’inspecter docteur. De même pour les sceaux. Mais pourriez-vous m’expliquer ce que vous entendez par un « contrôle de sécurité » ? J’imagine bien ce qui m’attend pour le médical mais s’il s’agit d’une mesure comme la remise d’armes, j’aimerais émettre une objection dès maintenant.

Il porta une main à sa ceinture. Il décrivit un geste ample et lent pour ne pas alerter les gardes. Il ramena un rouleau qu’il leva en l’air.

- Si vous m’apposer des sceaux, vous saurez que ceci n’est qu’un simple sceau d’invocation mineur. Il contient un simple…présent pour l’empereur. Il me l’avait demandé et je dois avouer que ce n’est pas le genre de cadeau qu’il est bon de garder à la main.

Les promesses tenues ici ne devraient pas être trop dures à suivre. Ne pas entretenir de rapport avec un membre de l’Alliance. Ce n’était pas trop dans les projets du Shinda. Même s’il était venu pour le plaisir, il n’y aurait pas pensé. Mais là pour le coup, il était en voyage d’affaires donc il aurait autre chose en tête que les plaisirs charnels. Elle procéda après sa remarque à l’examen. Ce n’était heureusement pas ce à quoi s’était attendu le nécromancien. une petite impulsion de chakra et la jeune fille…envoya quelqu’un à une pharmacie ?!

Qu’est-ce qu’elle lui avait déniché ?! Lui qui était pourtant en une si bonne forme. Il ne comprenait pas trop. Il tira une tête incrédule espérant avoir de plus amples explications. Elles finirent donc par arriver. Arrêter le tabac. Et puis quoi encore ! Arrêter de produire du chakra ?! Cette doctoresse était folle. De plus qu’elle lui annonça ensuite qu’il devait avoir quelque chose dans l’intestin. Pardon ?! Une histoire de malbouffe apparemment. Michiki garda un air étonné encore quelques secondes face à ce qu’on lui apprenait au fur et à mesure.

Ce qui faillit faire défaillir le nécromancien pourtant ce fut la suite. « Le plus dur c’est la tête à évacuer ». Comme tout homme normalement constitué, il ne put réprimer un petit rictus et un profond malaise au niveau de son séant. Il y avait fort à parier que les gardes avait pensé à la même. Michiki essaya même en vain de capter un regard compatissant. Ce n’était pas pour aujourd’hui semble-t-il. Au moins le débat fut ensuite recentré sur quelque chose avec lequel il était plus à l’aise. Les armes tout ça. Un peu de détente.

Il était autorisé à garder ses armes. En effet, la Samui était réaliste en disant que quelques kunaïs ne changeraient pas grand-chose au sein de la capitale. Il serait juste étroitement surveillé. Ce qui n’était pas un souci. Il n’avait aucune intention de faire quelque chose de stupide. Il venait juste s’entretenir avec l’Empereur. Il serait tout aussi rapidement parti. Du moins c’est ce qu’il avait prévu. Restait à voir ce que prévoyait le Samui impérial. La demoiselle demanda alors à vérifier le contenu du parchemin. Sur le coup, Michiki ne put réprimer un bref ricanement. Il s’excusa en ravalant si tôt son hilarité. Même si son sourire restait sur son visage, il tendit le dit rouleau vers la jeune fille :

- Je vous en prie, faites. Si une dame comme vous n’est pas dégoûtée par un peu de sang allez-y.

Ce qui était peu probable. Elle avait l’air d’être une as en médecine. Ce qui devait donc la mettre en contact avec pas mal de corps tout le long de la journée. Mais une tête décapitée n’était en rien aussi chirurgical que ce à quoi elle était habituée. Toujours est-il qu’elle était prévenue. Il détaillerait l’identité de la tête qui se trouvait dans ce parchemin si besoin est. Il n’avait pas été trop amoché non plus donc si la Samui était déjà passée par Tori pour y rencontrer le Daimyô. Enfin l’ex Daimyô maintenant. Et comme la demoiselle proposait d’éclaircir certaines interrogations, le Shinda en profita :

- J’aurais une seule question oui. Pensez-vous que je pourrais rencontrer votre supérieur rapidement ? J’imagine qu’il a un emploi du temps très chargé.

La jeune femme fut agressée par les relents du poison utilisée sur le seigneur du pays des Oiseaux. En effet, la toxine avait un effet longue durée garanti. Une petite assurance pour éviter un réveil intempestif de la cible. Même si pour celui-là, il y avait peu de chances pour qu’il se réveille un jour. Mise à part selon le bon vouloir du nécromancien qui souhaiterait faire une petite blague du style « Hey coucou tu veux voir ma…eh non j’peux pas en fait ! ». Un éternel farceur ce Fossoyeur. En réponse donc à l’inquiétude de la jeune femme, Michiki ne put que lui adresser une petite moue et un haussement d’épaules :

- Je suis désolé je ne possède pas l’antidote ! On m’a confié les connaissances pour concocter un poison capable d’annihiler toute une population mais pas d’en faire un remède…

Un bien triste coup du Destin. Mais suite à cela, le Shinda eut le droit à une révérence de la part de la jeune femme qui le remercia pour son acte de soutien de l’Empire. Le noble homme se contenta d’un petit signe de tête prouvant sa bonne réception de l’hommage et le rendant humblement. Il n’avait fait que son devoir. Il pouvait être considéré à la fois comme un vulgaire mercenaire ou comme un patriotique. Tout dépendait du point de vue, du contexte et des juges. Pour sa part, il se qualifiait comme un savant mélange des deux. Un mercenaire en quête de patriotisme. Pour un sans nation, c’était ironique encore une fois.

Puis la Samui traita sa demande à propos de son audience avec son homologue. Le nouvel Empereur semblait assez occupé, et c’était tout indiqué dans son titre flambant neuf. C’était ce à quoi Michiki s’était attendu en même temps. Il espérait simplement pouvoir s’entretenir rapidement avec lui et retourner sur ses terres par la suite. L’éloignement avec Mizu ne lui faisait pas le plus grand bien. Il était même mal à l’aise de se savoir ici au lieu de là-bas. Ce devait être ça que ressentait une mère après avoir laissé son enfant. Même si dans le cas présent, pour être précis, c’était l’inverse normalement. Michiki était un enfant de la Brume. Sa mère l’avait élevée et protégée. Elle était aujourd’hui affaiblie et il était de son devoir de prendre soin d’elle. Il était temps de lui rendre les bons traitements qu’elle avait su lui prodiguer lors de son épanouissement.

C’était bien pour ça que le nécromancien était ici. C’était ce qui l’avait poussé à s’associer au Samui. Afin d’offrir à sa Mère Nation une nouvelle jeunesse. Il ferait tout pour contribuer à son épanouissement. Même s’allier à un village. Mais en même temps, il devait être réaliste, il ne pouvait pas refonder Kiri à lui seul. Il avait besoin d’un appui à la fois politique, économique et militaire. Michiki savait que le Shûkai pouvait lui offrir ceci. Les égarés de Kiri s’en étaient allés vers cette nation et il y avait donc là une véritable chance de trouver des sympathisants à sa cause. C’était déjà une autre paire de manches envers les autres grands villages. La Brume Sanglante n’était pas connue pour ses nombreux amis. Le monde shinobi n’était pas toujours assez vaste pour les proches. C’était plus un poids pesant qu’autre chose.

Toujours est-il que sa guide se proposa implicitement de le conduire jusqu’au lieu de la fameuse cérémonie. Certainement en l’honneur de l’Empereur. Une monture lui fut proposée, à la condition qu’il sache chevaucher. Le nécromancien regarda la Samui avec amusement en s’approchant du canasson. Il n’était pas fan des montures. Vivantes en tout cas. Mais il savait s’y prendre. Il ne mit pas trop de temps à se mettre en selle. Au même niveau que la manipulatrice de Glace, il attendit son feu vert pour la suivre. Il se faisait faire une visite guidée après tout !

- Je vous suis !

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