Un papillon, frêle et blanc, qui battait ses ailes vigoureusement, mais pourtant avançait avec lassitude, il vacillait d’un côté à l’autre, visiblement pas pressé pour bien se faire remarquer par celui qu’il venait de rejoindre. Le voilà posait sur son épaule, remuant encore un peu ses ailes, de si près on pouvait voir qu’il n’avait rien de l’animal réel, ces dernières se refermaient sur lui formant un cocon et il s’ouvrait laissant apparaître un bout de papier avant de l’argile ne s’effondre en poudreuse…
Une simple destination écrite dessus, une suggestion ?

Bien loin de là, deux silhouettes féminines qui se mettaient à l’abri de la pluie, en même temps, dans cette ville, cette dernière ne s’arrêtait jamais… ôtant sa capuche l’aînée s’en amusait, disons qu’elle était la coupable du détour.

-Tu voulais voir Tei’ non ?

Vrai ? Peut-être pas, mais c’était certain qu’elle ne démentirait pas cette information, Yuki était très famille… Bien plus que sa sœur en fait, enfin c’était l’impression qu’elle avait en l’emmenant pour la première fois vers ses origines. Une femme à la ressemblance flagrante avec Aoji’ dans un âge plus mûr les accueillait d’un regard assassin derrière son comptoir. C’était loin de suffire pour défriser la belle qui entraînait sa princesse à l’intérieur vers une table dans le fond.

-Il ne devrait pas tarder à rentrer, grignotons un peu en attendant.

Mais ce n’était pas un verre que la maîtresse de maison venait lui servir….

-Alors tu l’as fait.

Elle soupirait un peu en secouant la tête.

-C’est qui elle ?

Sa tante après tout, normal qu’il y est l’air de famille au-delà de la ressemblance, cette femme l’avait élevée, longtemps… Et avec son ancien corps elles étaient très similaires au final. Un sourire de carnassier et elle agrippait son invitée par le cou...

-Ma petite sœur Yuki !

Un sourcil de la barman se relevait, elle rajoutait alors...

-Y a un petit gars qui a demandé après toi plus tôt dans la matinée, je l'ai gardé au chaud à l'étage, visiblement il demandait une « Miaë »...

Voilà qui tombait à pic elle agrippait la Samui pour la traîner au dit étage sans mal on retrouvait une vieille connaissance qui avait besoin de réconfort, c'était le cas de la petite Yuki aussi au dirait, c'était à se demander ce qu'il y avait dans l'air par ici qui les déprimait autant. Une saison peut-être... ? Peu importe, l'Aotator 0.1 était sur place pour recharger les batteries, à un détour, Raiken Seki avait up son processeur... Euhh... On se perdait là !

-Bon c'est quoi ces têtes, je vous ai manqué ou bien ?!

Spoiler:

Voilà plus de deux ans que notre homme avait commencé les recherches. Le meilleur pour ce genre de missions n'était autre que Shin, c'était lui qui connaissait presque mieux que quiconque la jeune femme. Aoji', elle fût le meilleur et le pire pour Shio, elle lui avait tout prit et tout donné à la fois. Sa mort avait sonné le glas chez notre protagoniste, c'était depuis ce jour qu'il n'était plus le même, c'était depuis ce jour qu'il n'avait plus la même vision sur la vie. Et même sur les autres ... En fait le Kaguya avait pris conscience d'une chose importante, il fallait avoir un certain recul. Se donner à cent pour cent pour une personne ce n'était pas une vie, c'était se nuire pour l'autre, comme une bougie qui brûle pour le bien des autres. Prenant son souffle l'espace d'un instant, Shin n'était plus très loin de la planque de son maître, depuis la disparition d'Aoji' il était désormais sous les ordres de Shio et cela faisait quelques mois que les deux hommes ne s'étaient pas rencontrés. Capuché, silencieux tel un félin, il apparut en face de notre homme d'un seul coup, le souffle un peu haletant.

- Shio, je l'ai retrouvé ... C'est elle, ou alors la ressemblance est trop frappante. Mais son sourire, ses yeux, sa façon de marcher, c'est elle.

Il se leva alors d'un seul coup, son coeur battait la chamade, ses jambes lui ordonnaient de courir. Cela faisait deux ans, oui deux ans qu'il espérait avoir ce genre de nouvelles, chaque jour étant un peu plus dur que la veille. Et voilà qu'aujourd'hui on venait refermer sa plaie, comme une cicatrice qui commençait peu à peu à se désinfecter. Notre homme était dès plus pressé, l'énorme masse musclée prit Shin dans ses bras, cet homme ne lui avait jamais déçu. C'était la délivrance, c'était le meilleur moment depuis quelques années. Il ne prit même pas le temps de préparer la totalité de ses affaires, Shin prendrait surement le reste. Mais pour un tel voyage il allait avoir besoin de détails, de quelques informations et d'un autre coup de main :

- Où puis-je la trouver ? Territoire ennemi ou non ? Akishi peut-il nous être utile ?

- Elle se trouve à Ame no Kuni, l'approcher ne devrait pas trop être difficile, cependant elle semble différente ... Nous allons devoir faire attention. Je pense que ce vieux loup peut nous permettre de retrouver son odeur et de la situer précisement, cependant il faut prendre en compte un autre paramètre ... Elle risque de ne pas être seule.

Il siffla alors entre ses dents et un cri de loup se fît entendre au loin. Il n'était jamais bien loin de son maître ce foutu Gekei et c'est ce que Shio appréciait. Pouvoir compter sur lui à tout moment et tout instant. Shio chercha alors l'espace d'un instant dans ses affaires, en sortit une sorte de robe et la rangea dans son sac de voyage. Le départ était imminent.

***

Des heures de marche plus tard, des kilomètres bravés tout ça pour le visage de cette femme. Et même si c'était une erreur peu importe, cet espoir naissant de l'apercevoir une seconde fois était plus fort que le risque possible d'échec. C'était une sensation difficile à expliquer, mais elle était là, présente au fond de lui. C'était son amour de toujours et son deuil n'était pas encore fait, il ne le sera jamais d'ailleurs. Il n'aimait qu'elle. Son odeur, son rire, sa perversité, sa façon de gesticuler, danser, se battre. Shio connaissait Aoji' sous tout ses angles, même lors de sa mort.

Pénétrant sans grande difficulté dans la cité des déserteurs, les trois compères marchaient en toute discrétion. Capuche sur le crâne pour dissimuler tout faciès. Shio donna alors la robe à Akishi, le but était de retrouver l'odeur de cette femme. Ils suivirent ainsi l'expert en la matière jusqu'à arriver devant une porte. Ne prenant pas la peine de frapper, les trois s'engouffrèrent dans la demeure.

Le faciès était le même, le corps semblait lui aussi inchangé. Sa réaction il ne la voyait même pas, des larmes commençaient à brouiller sa vision, il n'avait même pas encore retiré sa capuche. L'ôtant sans perdre une seconde, comme ses deux confrères, il se contenta de quelques mots. L'émotion était trop forte pour pouvoir parler :

- AOJIKAWANASHI !

Le nom au complet et chaque syllabe titillaient son ouïe, son sourire carnageur s'affaissait un peu et son regard vif et perçant fusillait une silhouette quand l'écho la ramenait à un emplacement. Des traits familiers comme la voix et un jour tragique sous ce ciel gris, celui qui avait signé le début de la fin de son ancienne vie. Une qui la rattrapait de plus en plus aujourd'hui. Finalement très vite, toutes les dents de la femme s'affichait à nouveau, elle avait fait le point avec les fantômes du passé il faut croire. Elle ne tentait même pas de nier. A quoi bon ?

-Mon petit chiot ! Quel familier fidèle alors ! … Dans la finalité du moins. Brave et un peu masochiste...

Comme elle en avait connu tant... Sac à puces stupide ouais. Dans un réflexe la femme aurait voulu faire pousser un os de son poignet pour aller l'admirer de plus près, comme au beau vieux temps, mais un murmure dans sa tête lui rappelait que ce dernier était révolu, comme beaucoup de chose. Quels pas en avant pour s'éloigner de la Samui alors et son intérêt pour son invité se perdait, ce n'était pas le Kaguya qu'elle attendait, ça non à la vue de la tante maîtresse des lieux qui s’effarouchait et se calmer aussi tôt grâce à un seul geste gracieux de son enfant terrible. La même qui frôlait la cicatrice marquante du visage de son homologue d'antan du bout des doigts, hautaine et insouciante, inchangée, à quelques détails près.

-C'est l'odeur du sang pas vrai ? J'aime tellement ce parfum que j'en abuse un peu.

Elle appuyait sur son nez pour jouer avec excès pour ne pas changer avec lui dont les moyens manquaient, quelque chose qui refusait d'évoluer fallait-il croire, du coin de l'oeil un autre visage familier, la tête de laitue planqué derrière ses verres factices.

-Traître.

Commentait-elle à peine, son plan à découvert, le Shukai n'allait pas apprécier la mascarade pas vrai ? Toutes les bonnes et belles choses devaient avoir leur fin ? Mais la Kaguya n'avait jamais su se résoudre à ça, la finalité, son esprit débordait toujours d'un excès d'idée ! C'était embêtant ! Parfois, d'autre très utile, mais une certitude, jamais d'ennui dans cette vie.

-De quel genre de récompense es-tu en quête mon petit chiot ? Hein, dis moi tout. Je trouverais une place pour toi, enfin vous, à notre table si tu promets d'être sage !

Son rire temps qu'elle le pouvait encore, autant en abuser alors.

-Comment es-tu arrivé à moi et pourquoi ?

Car tout comme lui, d'autres plus indésirables en devenaient capable, encore qu'il fallait être sacrément fou pour traquer une morte. Un instinct qui sait. Surprenant petit chiot.

-Allons dérides toi ! On dirait que tu as vu un fantome !

N'est-ce pas !

C'était elle, dans sa façon de parler, de se déplacer, d'approcher notre homme. Elle avait cette petite façon de piquer là où ça faisait mal comme d'habitude, il suffisait de voir comment elle scrutait la balafre de notre homme. Mais, étrangement ... Elle n'avait pas l'air de s'en rappeler, comme ci elle avait réussit oublié que son ancien mari lui avait fait ceci. C'était drôle ou même terrifiant de voir à quel point elle avait le pouvoir sur lui, elle avait juste à s'approcher de ce dernier pour le faire trembler. Non pas de peur, cependant elle lui faisait perdre ses moyens, elle avait ce petit quelque chose indescriptible dans les yeux, ou même cette façon de vous toucher. C'était une délivrance et à la fois la pire des supplications, car dans le fond elle lui avait toujours fait plus de mal que de bien. Alors pourquoi aujourd'hui les choses changeraient hein ?

Elle frotta son nez au sien, comme avant, par pur méprise, caprice. Notre homme se laissait faire, il était totalement désarmé, plutôt paradoxale pour une montagne de muscles. Et le voilà désormais redevenu docile comme un petit chiot ayant retrouvé sa maîtresse. Pourtant durant toutes ces années il pensait avoir changer, le temps l'avait rendu plus fort. Mais la blessure qu'il avait, celle qui ne se refermait jamais, elle était toujours présente. Le visage de cette femme n'avait et cesse de le hanter et le voilà devant celle-ci. Alors quoi faire ? Rien. Il préférait savourer le moment, se laisser embobiner comme d'habitude et partager cette danse qu'il aimait tant avec elle. Shio le savait, c'est moment était trop rare pour les gâcher bêtement et la mort de cette femme lui avait apprit. Oui, il avait du faire avec, apprendre à profiter de chaque secondes avec ses proches, car du jour au lendemain tout peut s'arrêter. Sans même une dernière parole, ni même une dernière caresse au visage.

- C'est drôle, nous t'avons cherché sans relâche durant ces dernières années et en fait tu n'as pas changé.

Il marqua alors une légère pause, il passa sa main doucement sur la joue de son interlocutrice. Une manière de se rassurer qu'il ne s'agissait pas d'un rêve peut-être. En tout cas la suie s'annonçait un peu plus piquante.

- Tu es toujours la même, une vrai peste, toujours à chercher la petite bête. Tu n'es pas heureuse de me voir, même morte tu n'as toujours pas ravalé tout ce chagrin en toi ?

Lui aussi venait de la piquer en plein cœur. Et il avait raison de le faire, après tout elle ne pouvait pas se jouer de lui indéfiniment, il fallait bien qu'elle soit gentille un jour non ? Vicieuse, perfide, mais dans le fond elle avait un grand cœur. Cependant, Aoji' avait beaucoup souffert et son malheur était tel qu'elle le comblait en offrant du bonheur aux autres. Surement pour frôler du bout des doigts ce qu'elle n'a jamais connu. C'était triste à dire et encore plus triste à voir, néanmoins le Kaguya y était habitué. Place désormais aux retrouvailles, la leçon de morale était passée.

- Lors de mon retour au Shûkaï, j'ai cherché à te voir en cellule. On m'en a empêché d'une certaine manière, on m'a caché la vérité. J'ai alors très vite compris que tu étais sois morte, sois portée disparu. Je ne savais rien et je me suis fondé sur des doutes. J'ai donc envoyé Shin aux quatre coins du monde pour te rechercher, Akishi et Sora l'ont aussi accompagné. Ce n'était pas de tout repos et crois courir après un fantôme peut devenir très vite nocif. Rassures toi je pense que très peu de personnes peuvent te retrouver, si nous avons mis autant de temps, tu dois avoir encore quelques années devant toi avant que les autres te trouvent.Et je t'arrête tout de suite, je ne suis là pour aucune récompenses, je me fiche de tout ça. Le Shûkaï et les villages c'est terminé pour moi, il semblerait que je sois devenu un loup solitaire. Il était temps.

Sourire au coin de la lèvre, il la provoquait un peu. Il voulait lui faire comprendre qu'il n'était plus le jeune homme qu'elle avait connu, l'ancien général était encore plus fort qu'avant, plus confiant. C'était juste sa présence qui le perturbait et elle le savait très bien. D'un geste il ouvrit les bras devant elle, un moment qu'il avait rêvé depuis plusieurs années, sans jamais ne pouvoir le faire. Hormis, dans ces rêves plus néfastes que les autres, durant ces nuits de tortures. Désormais dans quelques secondes il rejoindrait enfin les bras de sa drogue.

- Mais, si tu me permets ... Nous parlerons formalités après, viens dans mes bras.

Les bras grands ouverts, Shio patientait. Il en avait besoin, c'était ça son repos, celui qu'il cherchait tant depuis des années. Il était devant lui et il ne comptait pas le laisser filer, pas une fois de plus. Plus jamais ...

On l'avait cherché ? Elle s'était cherchée elle aussi en fait, c'était-elle trouvée ? Bonne question et lui, pouvait-il être certain de ne pas être seulement en train d'approcher son ombre illusoire ? C'était bien ce qu'elle était dans ce monde désormais après tout, quelque chose qui ne tenait qu'à un fil. Elle adorait ça, personne n'était jamais aussi proche du vivant que dans le collé-serré avec la mort qui balayait son échine de son souffle glacial. Si ses poils se dressaient, c'était parce que la fille adorait ça...

-Pas changer ? Hormis quelques détails de look ne crois-tu pas ?

Mais que cet homme là sache voir à travers son tour de passe passe d'artifices ne l'étonnait pas vraiment. Il était comme le jouet familier qui accompagnait les ages d'une enfant en la subissant, la supportant et parfois l'attendrissant. Une récompense bien moindre face au reste.

-Me voir ? Tu n'avais pas compris que je te disais de ne pas le faire crétin ? C'était une mauvaise chose pour toi de me côtoyer avant, ça l'est encore aujourd'hui, se sera pire encore demain. Mais tu aimes ça pas vrai ?

Sans plus se faire prier que cela, de façon assez louche en fait la fille s'exécuter pour rejoindre des bras familiers, encore d'autres qu'elle avait brisé par son poids si bien dissimulé mainte fois.

-Je peux te promettre bien pire encore. C'est après ça que tu courrais à travers le monde, alors touchons ton but du bout des doigts.

A peine un murmure qui glissait de ses lèvres comme le bout de ses doigts sur la peau de ce dos à la chair marquée. Un loup solitaire, hein ? Voilà qui lui décrochait un petit rire en même temps qu'elle se dégageait de cette emprise étrangement chaleureuse. Il parlait de peine, elle n'avait longtemps eu que le mot colère à revendiquer et lui aussi d'ailleurs, quelque chose qui les avaient rapprochés dans le temps, un nouveau mot pour les définir maintenant ? Cette créature là détestait la solitude, c'était là le drame de sa vie, tous les coûts et les pertes de soñ existence. Ils étaient pathétiques en fait. Ça la faisait rire de plus belle, de meilleur ton, de bon cœur au final, un sentiment de joie dans ce chaos, qui sait.

-Oh tu sais, un peu de piment dans une assiette, ce n'est pas si mal, dans des années tu dis, ma nature impatiente les retrouvera avant, tu le sais bien. Actuellement, je n'ai plus d'argument pour faire face. Triste réalité, mais passager, ne t'inquiéte pas. Je dépends de mes chevaliers en armures pour l'heure, quelque chose que d'autres avaient attendu longtemps... Au final tout le monde est content ? Tss.

Un haussement d'épaules. Tout le monde hein ? Pas sûr.

-Change tes plans mon petit chiot, je pense bien te rendre ton collier, pas mon genre les bijoux, ne m'en veux pas...

Elle tapait dans ses mains comme pour un retour dans la réalité.

-Bien, mangeons et dis moi un peu ce que tu fais de ta vie à part courir dans le monde la queue baissée après un fantome. Surtout maintenant que tu as rattrapé la balle lancée...

Assise et les coudes sur la table pour que ses paumes retiennent son menton, elle patientait dans une arrogance sans faille totalement injustifiée. La Kaguya dans tout son art quoi...

-Mon monde prend la poussière. Vends moi du rêve petit chiot, j'assurerais peut-être les songes de tes futures nuits ainsi.

Pas question de perdre son nord pour autant.

Soit ! C'était toujours la même pessimiste, la même calculatrice dans le fond. Néanmoins y avait peut-être quelque chose de changer la dessous. En tout c'est ce qu'avait plaire à penser Shio, il aimait bien ce côté là de cette femme. Ou plutôt il appréciait la manière qu'elle avait de tenter de le dissimuler. On aurait pu croire à femme plutôt brute et vicieuse dont l'intérêt ne serait que le profit. Oui, c'est ce qu'elle laissait paraître. Mais, si on creusait un peu, juste un peu. On y découvrait alors une femme qui ne demande qu'à aimer et protéger les siens, avec sa façon de faire certes. Il eut ce même sourire, celui qui l'avait eut la première fois en la découvrant, fragile comme il l'était. Le cœur en miettes, en vrac, comme lui, faire la brute et la forte, comme lui. C'est pour ça qu'il l'aimait tant, depuis toujours. Elle lui correspondait, elle était comme lui dans le fond. Le Kaguya se laissa alors abandonner dans ses yeux, il se mit même à rêver comme il aimait tant le faire.

Très vite rattrapé par la réalité suite au claquement des mains d'Aojikawanashi. Il grimaça, une fois. Puis sourit, bêtement. Ça lui rappelait plein de souvenirs ça aussi, cette façon de couper court à tout bon moment, une spécialité chez cette femme. Elle lui parla alors de manger, ce qui ne déplût pas à notre homme tout comme ses compagnons qui avaient fait un long périple pour pouvoir la retrouver. Ils avaient faim et c'était une réelle délivrance de savoir que dans quelques minutes ce vide serait comblé. Elle parla aussi de rendre un collier, elle semblait lassée de tout ça, comme si quelque chose la tracassait. Et puis les coudes sur la table, la tête dans les paumes calées sous le menton, elle ordonna à sa manière. Shio devait lui vendre du rêve, ce qui signifiait lui raconter sa vie - dans le jargon d'Aoji - enfin bref. Il soupira légèrement, juste assez pour se faire entendre et prit la parole :

- T'as toujours pas mis du soleil dans ton monde ? T'en est encore à aider les autres à trouver le leur ? C'est pour ça que t'avances pas en fait !

Grand moment. Vlan, pleine face ! Bref c'était pas mal à voir, même Shin et Akishi n'en revenait pas, Shio allait surement regretter de la titiller comme ça. Cependant, c'était actif, elle le savait, du moins il l'espérait. Le Kaguya ne tarda pas trop alors à reprendre la parole pour éviter de s'attirer les foudres de la jeune femme qui semblait déjà prête à l'étriper :

- Je plaisante détends toi. Mon monde ? Je suis actuellement déserteur, à la recherche d'une solution à un problème. Et puis ... Je t'ai retrouvé, le reste je m'en fou.

Il était honnête pour le coup, elle n'avait toujours pas compris le concept, c'est plus fort que de l'amour. Oui c'est mauvais comme elle aimait le dire, mais putain que c'était se sentir vivre. Le Kaguya semblait presque sur nuage, peu importe ce qu'elle lui disait, il resterait là à l'écouter sans cesse, la dévorer des yeux, l'observer s'énerver. Sa manière de parler, de réagir aux remarques, de jouer avec lui, ses caresses sur sa peau. Il aimait tout ça.

- Le vieux a prit le pouvoir. J'ai préféré le laisser sombrer dans sa folie et quitter le Shûkaï. Et puis être l'éternel second, j'aimais pas trop le concept. Je vais faire parler de moi un peu, même si pour ça je dois employer la force.

Il sourit alors. Se lève légèrement, se penche au niveau de son visage et frotte son nez contre celui d'Aoji en frôlant ses lèvres. Il était important de préciser ce détail, pour sa propre vie. Un baiser volé, oulala jamais.

- Tu me vois encore comme ton chiot hein ... Peut-être que tu n'as pas tort, mais j'ai essayé. Mais, ton visage ne cessait d'hanter mes rêves, mes journées n'avaient plus la même saveur. Tu ne connais pas ça toi, parce que tu n'as jamais aimé comme je le fais. J'ai supplié le ciel de te revoir, j'ai prié pour que ton âme repose en paix, même après ta mort je t'ai juré fidélité. Je n'y peux rien, je suis maudis je crois.

Le bruit de la porte alerta les différentes personnes présentes dans la pièce. De la pénombre à l'entrée surgirent des yeux de verres qui reflétaient les quelques lueurs éparses accrochées aux murs. Visiblement mal tombé, il était peu probable que quelqu'un attendait sa venue...

Pourtant bien loin d'être gêné, ce fut avec beaucoup de sang froid que le nouveau venu traversa la pièce jusqu'à rejoindre le petit groupe. Une fois face à eux, il s'appropria l'une des chaises libres qu'il tira jusqu'à lui avant de s’asseoir. Les mains sur le dossier, il appuyait son visage en regardant une à une chacune des têtes ici présente. La tante de Lilith siégeait aux côtés de sa nièce, tandis que la jeune femme semblait jouet de son animal de compagnie.

Qu'il était surprenant de voir ainsi se faire mal traité l'un des anciens Capitaines de l'Alliance, pour l'avoir reconnu dés les premiers instants, Van se souvint aussitôt de sa disparition le jour du coup d'Etat. Bien loin cependant de se permettre de juger une telle figure, du Shukai, Van ne souleva aucunement le fait qu'il faisait anciennement parti du Buki. Peut être que le Kaguya se souviendrait de lui, si il avait retenu son nom singulier des fiches de renseignements le concernant. Dans tous les cas le mieux était encore de ne pas trop accorder d'importances à ce genre de choses...

" Le rêve est démodé ma chère, seuls les cauchemars marquent les esprits... "

Van se remonta les lunettes aussi naturellement qu'il s’immisça au sein même de cette conversation. Si il était difficile pour n'importe qui de retrouver Lilith, le Lumineux lui avait une note avec l'adresse de celle-ci figurant dessus. Loin d'en être à sa première visite, il commençait à s'habituer à ne plus se perdre une fois dans Ame.

" Kaguya Sempai. " Lorsqu'il tourna le regard sur le borgne, le Trentenaire adressa un signe de respect à son ancien supérieur. Les deux gars qui se trouvaient avec lui n'étaient en rien des visages familiers. Certainement que l'homme avait dû se faire des amis depuis son départ de la Capitale.

" Je crois mal tombé si je ne m'abuse. Soit j'ai tout mon temps poursuivez je vous prie. "

L'air nonchalant, le Lumineux déposa son menton entre ses mains. Le regard vif, il attendait là avec le sourire de voir qu'elle serait la réaction face à sa petite visite surprise. A dire vrai il attendait avec impatience la réaction de l'ex Capitaine du Buki qu'il toisait à présent avec insistance. Curieux il aurait aimé savoir quel genre de relation lui et Lilith entretenait. Bien que mystérieuse, Van avait apprit pour y être passé aussi, que l'esprit tordu de Lilith n'avait aucune limite.

Du soleil ? Elle aurait pu grimacer ou même mordre face à cette attaque de front, mais à la place, elle rigolait. Quelque chose de nouveau ? Pas tant que ça.

-Il me donne de l'urticaire, j'ai la peau fragile crétin, ne me parle pas de soleil, je suis une enfant de la nuit, je préfère celle qui illumine en étant loin, sa sœur la lune.

Puis elle secouait la tête dépitée face à la suite.

-Toi tu ferais mieux d'arrêter de te laisser éblouir par le mien, crétin. On aurait gagné du temps si tu m'avais suivi direct, ne t'avais-je pas prédit cette suite absurde pour ton Shukai ? Le vieux n'est jamais décevant au final....

Peut-être un peu trop prévisible par contre... Un stupide Samui.

-Tu aurais gagné gros à courber l'échine, quitte à lui arracher la tête après... Mais toi et moi, on sait à quel point ce genre de jeu n'est pas pour nous. Une affaire d'éducation tu crois ?

Faut croire, qui d'autres à part eux se permettraient d'être si proches et éloignés à la fois, sans gêne quand quelques millimètres à peine les séparer parfois de l'affection que l'homme espérait toucher du bout des doigts. Les frontières du respect étaient toutes autres pour ces enfants là, combien même la brume ne cachait plus leurs effusions hors normes.

-Tu aurais peut-être dû y réfléchir avant de t'acharner à tenter de m'achever sous les ordres de maîtres illusoires pour au final t'y perdre.

Un souffle las pour le repousser gentiment, c'était de l'amertume ? Pas vraiment, la Kaguya en avait fini avec ça, des années dans l'obscurité à attendre la fin ou à l'inverse si le renouveau lui serait accordé. Elle était la pire des maîtres au final parmi tous, elle l'aimait bien cette créature là contrairement à ce qu'on aurait pu croire. Son regard ne quittait pas son homologue quand enfin se décidait à sortir de l'ombre une autre carte de ce jeu malsain, il annonçait sa venue et là, la femme reconnaissait bien l'évolution de leur première rencontre. Le blond avait appris.

-Comment peux-tu dire ça Van, tu sais à quel point j'aime rêvasser pourtant. Laisse moi être ringarde ça ne prive pas tant de mon succès tu sais...

La femme se marrait clairement en caressant la joue du brun pour cloturer leur conversation, il avait un nouvel invité avec qui composait. Désolée petit chiot.

-On a fini, pas vrai Shio, plus rien à ajouter ?.. Je commençais à m'impatienter Van, tu as fait bonne route ? Je suppose que tu n'es pas là pour rien, il semblerait que nous ayons masse d’imprévus ces derniers temps. Mon changement de poupée est corrompu, c'est embêtant. Mais sinon, qu'est-ce qui vous amène chez moi messieurs ?

- Toujours la même chose avec toi de toute façon !

Somme un enfant qui n'a pas eu son jouet il se mit à bouder. Oui, il était légèrement vexé dans le fond, voilà des années qu'il ne l'avait pas vu et elle lui glissait des doigts une fois de plus. Abandonner serait-il la meilleur des solutions ? Le pouvait-il ? Et bien non ! Shio était perdunément amoureux d'Aoji et rien ne pourrait y faire, même la mort ne pouvait les séparer.

- Et puis te suivre n'aurait pas été une partie de plaisir, dois-je te rappeler que tu venais de te marier devant moi ? Mariage dont je fus le témoin. Je ne savais pas que les plans à trois c'était ton truc.

Il prit quelques secondes pour lui, un petit temps de réflexion nécessaire pour enchaîner sur la suite. Quand soudainement un individu fait son entrée dans la pièce. Le type étrange quoi, genre le visage qu'on a déjà vu, mais impossible d'y mettre un nom. Shio rentre alors dans une profonde réflexion, d'où vient cet homme ? Il est au bord de la paranoïa et personne ne le voit. Secrètement il a envie de lui sauter dessus et de lui demander son nom. D'autant plus qu'il s'adresse à notre protagoniste avec le terme sempaï, il le connait forcément et le considère comme un aîné. Quand Shio décida alors à lui faire passer un sale interrogatoire, la jeune femme prononce son nom. Van ! Cela fait un tilte dans la tête de notre homme. Hoheinheim Van, un nom qu'il avait déjà vu sur les fiches du Shûkaï. Ancien soldat de l'armée. Le Kaguya qui semble soulagée de savoir l'identité de cet homme, s'adresse à lui d'une voix plutôt amicale :

- Comme l'a dis cette femme, nous avions finis, il était important de faire une mise au point sur le passé ...

Il lance un regard noir à la jeune femme, sa colère est indescriptible ce qui contrastait totalement avec les paroles qu'il venait de prononcer. Sa façon de la regarder avait un air de "Tu verras quand on sera que tout les deux, crois moi on va pas en rester là". Puis, de sa voix toujours aussi amicale il reprit la parole, une pointe d'ironie en plus !

- Tu devrais faire attention jeune Hoheiheim, le vieux Samui n'aime pas trop quand ces jeunes pousses sont loin du bercail.

C'était de bonne guerre, il se renvoyait la balle quoi. Et puis dans le fond il n'y avait aucune rancunes à avoir envers ce jeune homme, il était certes membre du Shûkaï, néanmoins en ces lieux et au vu des personnes aux alentours, impossible pour lui de faire quoi que ce soit. Shio se servit alors un verre de sake, rien que pour lui. Il avait besoin d'un petit réconfortant avec tout ce qu'il s'était passé, mais bon il pensa alors qu'il lui en faudrait plus d'un. Espérons que certains soient d'humeur à boire ...

# Lilith ~
- Comment peux-tu dire ça Van, tu sais à quel point j'aime rêvasser pourtant. Laisse moi être ringarde ça ne prive pas tant de mon succès tu sais...
- On a fini, pas vrai Shio, plus rien à ajouter ?.. Je commençais à m'impatienter Van, tu as fait bonne route ? Je suppose que tu n'es pas là pour rien, il semblerait que nous ayons masse d’imprévus ces derniers temps. Mon changement de poupée est corrompu, c'est embêtant. Mais sinon, qu'est-ce qui vous amène chez moi messieurs ?

# Shio ~
- Comme l'a dis cette femme, nous avions finis, il était important de faire une mise au point sur le passé ...
- Tu devrais faire attention jeune Hoheiheim, le vieux Samui n'aime pas trop quand ces jeunes pousses sont loin du bercail.

Quel doux euphémisme que de qualifier de la sorte ces imprévus, d'embêtants. Contrarié le Trentenaire se sentit indigné de voir si peu de préoccupation de sa part. Tout son plan était tombé à l'eau alors que la belle remettait la faute sur cet imprévu. Le déroulement de l'assassinat à Taki fut conséquemment compromit avec les doublures, et leur effet de surprise envolé. Si Lilith s'était trouvée sur place à respecter le plan, Hiko aurait alors assassiner le Daimyo de sa main et la mission n'aurait jamais nécessiter autant de temps qu'il ne l'avait fallut pour y parvenir...

Un abus dont le Trentenaire était venu chercher réparation. Si, Lilith pensait s'en sortir aussi facilement après avoir abusé de sa confiance, esprit ou pas esprit Van comptait bien avoir plus que de simples imprévus pour se consoler. L'homme finit par soupirer, jugeant inutile le conflit après tout. Si l'imprévu était venu contrarié ses plans, très certainement qu'ils étaient venu perturber ceux de Lilith aussi...

" Cet imprévu comme tu le dis, aurait pu me coûter cher. Je pensais que ta parole avait plus de valeur Lilith Chan... Je suis déçu. "

Taquin le Trentenaire accentua son jeu de comédien. Le principale était que la mission était à présent terminé et qu'il pourrait dés maintenant participer activement aux projets de son associée.

Kaguya Shio de son côté témoigna la possession d'une bonne mémoire. L'homme se souvint du Lumineux et donc de son nom. Flatté, Van inclina la tête afin de le remercier et prit soin de noter ses craintes concernant les idées que pourrait se faire le vieux Samui. Un sourire en coin précéda la réponse du Hoheinheim qui prit la peine de lui répondre. " Je suis persuadé que les préoccupations de l'Empereur en ce moment, sont tout autres que celles de savoir où se rendent chacun de ses ninjas. "

Un fait qui s'était vu avéré au fil des nombreuses fois où le Trentenaire s'était rendu à Ame. Personne ne suspectait sa relation avec Lilith au sein de l'Alliance, et au vue des derniers événements, aucun fait ne pourrait prouver une quelconque collaboration entre les deux. De son côté et en agissant en bon soldat, Van s'assurait les bonnes grâces de ses supérieurs et du vieil Empereur. Après tout on venait de lui confier la tâche d'assurer le déroulement de l'épreuve Chunin au sein de l'Empire.

" Mais peu importe. Je ne suis pas venu ici pour ça Kaguya Sempai. Je me réjouis de compter parmi les alliés de cette femme, l'ancien Capitaine de la section Militaire de l'Alliance. "

Van se redressa finalement, les choses sérieuses allaient enfin pouvoir commencer. " Je n'aime pas les imprévus. Et aussi j'aimerai t'aider à les régler pour que rien ne vienne perturber nos plans à l'avenir. Tu m'avais parlé d'une épée n'est ce pas ? Qu'en est-il exactement ? "

-Hattan est plus dégourdi que toi mon petit chiot, ma faute à moi ?

Le Kaguya était d'humeur à boire, la Kaguya d'humeur à continuer à lui taper sur le système nerveux, du bout des doigts elle venait voler le verre déjà servi pour ne même pas le boire, simplement jouer avec le liquide en le faisant tournoyer dans son récipient.

-Les imprévus hein ? Il y en a beaucoup. Le Shoraizan a essuyé une perte considérable, c'est l'anarchie là bas.

Elle avait déjà parlé de ce groupe au blond, d'où sa facilité à enchainer.

-Pour le Mamoru magicien, je suppose que tu es au courant des bouleversement à Suna ? Difficile de faire des caprices pour un nouveau jouet et le plus contraignant de l'histoire, nous avons kidnappé la Konohajins maintenant, je l'ai gardé bien au chaud, mais on ne peut pas la relacher, ça ne ferait qu'accélérer Konoha après nous. Pire encore, ça mettrait à jour notre collaboration, puis tu ne t'en es pas si mal sorti, arrête de faire comme si tu étais un enfant !

Elle rigolait un peu taquine, mais le cœur n'y était pas, ils étaient mal partis ces deux là et les solutions étaient moins nombreuses et efficaces que leurs problèmes. Il allait falloir accélérer la manœuvre..

-Bon puisqu'on ne peut pas changer d'outil de combat, il va falloir l'améliorer je suppose, malheureusement ça prendra encore plus de temps et je dois retrouver la brute parfaite pour ça, ce foutu Goret ! D'ici là Van, toi ton boulot sera de nous « couvrir » si on peut dire. Tant mieux si ça avance avec le vieux, mais au moindre doute, je te conseille de disparaître, vos cellules sont affreuses.

Ou alors c'était particulièrement la sienne qu'on avait soigné ? Va savoir. On pouvait se questionner aussi pourquoi elle parlait si librement devant le Kaguya, une histoire de confiance et quoi qu'il en dise, pas d'Hattan convié ici, oh non, le Kentaro n'était pas du genre à savoir apprécier ce genre d'instant, c'était difficile de croire parfois qu'il avait apprécié son rôle de Kage au milieu des intrigues qu'il détestait tant. M'enfin, ce n'était pas la question du jour.

-Dis moi, tu es là que pour grogner ou tu as quelque chose d'intéressant à nous glisser sous les dents. Par ailleurs, concernant le Kaguya, quel est la position du Shukai, assure toi qu'il nous prépare pas un mauvais coup !

Taquine encore, elle riait doucement tout en commençant le repas.

-Pour la fameuse épée, je pense que Goren saurait m'aider à la retrouver, le tout, c'est le retrouver lui. Quant à qui est Goren si tu te demandes Van, c'est un fou, mais accessoirement mon mentor à ses heures perdus, dans le temps, c'était mon pire ennemi.

Les choses avaient bien changées depuis.

-Parle moi de cet exam chunin, faut-il que tu sois dans ses petits papiers pour hériter de ça. Et quant à toi Shio, je suppose que tu t'ennuies avec tes copains de route que dirais-tu de te joindre à notre divertissement?