Yu no Kuni… J’arrivais à peine dans un pays dont je ne savais pas grand chose, auquel je ne m’étais jamais intéressé. Je m’étais retrouvé là pour la seule et bonne raison que c’était un passage obligé entre Kumo et le QG. J’en profitais pour continuer à réfléchir, à élaborer un plan. Comment rentrer dans un village ? En force ? Plus subtilement ? La première option paraissait folle, mais finalement, c’était celle qui comportait peut-être le moins de paramètres aléatoires. Un gros coup, de face, à un moment où le village n’est pas à son apogée. Néanmoins, si le passage en force était la solution que je décidais d’adopter, Kiseki et Ozaï ne suffiraient pas. Nous étions ambitieux, et déjà forts, mais il fallait garder les pieds sur terre, et éviter l’échec. Nous n’étions pas encore assez fort pour composer un tel commando. La solution semblait toute trouvée : recruter. Dès mon arrivée dans le pays, je commençais à chercher qui ici pourrait me servir de contact, je devais créer un réseau digne de ce nom. Après tout, si je voulais que le Youhei no Sekai se développe, il fallait passer par là.

Malgré que j’avais peu de temps à perdre, je m’arrêtais non loin de la frontière pour m’y restaurer. Un petit établissement pouvant accueillir une cinquantaine de couverts, assez spacieux et servant déjà une bonne vingtaine de voyageurs. Je me trouvais une table, et commandais ce qu’il me fallait. Lorsque mon plat arrivait enfin, je fis signe au serveur de tendre son oreille vers moi. Je lui glissais alors quelques mots.

« Dis-moi, le patron n’aurait pas quelques types à me présenter ? Du genre… mercenaires. »

Au moins c’était clair. Je n’avais aucun intérêt à passer par quatre chemins pour demander un truc pareil. Je n’eus qu’un petit hochement de tête en guise d’approbation, puis le serveur s’en alla derrière le bar. M’avait-il compris ? J’allais vite le savoir. En attendant, je sortais un nouveau cigare de ma poche, que j’allumais, tranquillement. Je profitais des quelques instants de répis que j’avais, du calme avant la tempête. Une tempête qui allait s’abattre sur le village des nuages, au pays de la foudre, quelle ironie…

Je repensais aussi à mon équipier, Kurasa. Si Kumo allait subir notre courroux, c’était avant tout pour lui. Il était enfermé là-bas depuis bien trop longtemps déjà. Je connaissais ce sentiment, la solitude d’une prison. La seule différence, et j’espère qu’il la gardait à l’esprit, c’était que nous viendrions le sortir de là, et qu’il aurait la voie libre pour prendre sa revanche. Je ne pouvais pas abandonner une si bonne recrue, et je ne pouvais pas non plus laisser un village s’en prendre à un des nôtres sans représailles. Deux éléments centraux dans mon plan, deux éléments que j’avais prévu de joindre. Faire d’une pierre deux coups, un ricochet de la prison kumojin jusqu’à la tête du Kage...

« Un shinobi doit prévoir toutes les alternatives qui peuvent intervenir au cours d'une mission. »
Art. I-III

Décidé à faire ce qui pouvait largement lui coûter la vie, voilà l’état d’esprit d’un homme qui n’avait actuellement plus rien à perdre. Pourtant, il s’accrochait à quelque-chose qui lui était cher, mais qu’il ne pouvait pas dévoiler au grand jour. N’avait-il réellement plus rien à perdre ? Il n’en savait rien. Tout ce dont il avait conscience, c’était qu’il devait agir. Les récentes révélations lui avaient donné un objectif précis…

Mais la patience avait été de rigueur. Il était resté peut-être trop longtemps au Shûkai, mais il avait vu tant de facettes de cet empire pour en être dégoûté à vie. Aujourd’hui il le savait, si un jour il devait revenir là-bas, ça serait pour redonner au Shozaichi son rôle de capitale d’une alliance et non d’une tyrannie. Pourtant, et là résidait son secret, il n’avait pas la tête à son ancienne patrie. Il avait toute autre chose à l’esprit.

Son arrivée à Yu no Kuni lui fit comprendre qu’il était à mi-chemin de sa destination. Après trois jours de marche, il était donc venu le temps pour lui de faire une deuxième escale. Il choisit l’endroit le plus propice et le plus proche pour cela, avant d’y entrer. Néanmoins, ce ne fut ni d’une chambre ni d’un repas dont il entendit parler en arrivant.

Il y vit un homme dont les muscles étaient dessinés, accompagnant un visage qui avait tout pour exprimer un combattant, ferme et déterminé. Ce n’était probablement pas le genre d’hommes à plaisanter, mais si jamais c’était quelqu’un qui respectait la loi, alors c’était un compagnon idéal pour celui que l’on surnommait la Loi. Pour autant, ce n’était pas parce que ce dernier avait parlé de mercenaires qu’il pouvait aider Tsuhiro dans son entreprise.

« Des mercenaires ? »

Ses pas lui avaient fait se mettre à la hauteur de cet inconnu. Il avait tout d’un shinobi, mais n’appartenait-il pas à un village shinobi ? Il était possible qu’il fut sous couverture, et les villages avaient déjà recruté des mercenaires par le passé…

« Et pourquoi faire ? »