Musique ♫:

Plusieurs longes semaines s'étaient écoulées depuis son intervention dans le manoir des Ketsueki. Plus le temps passait et plus son devoir dans le pays de Kaze touchait à sa fin. En effet, depuis son retour dans ce monde Eien s'était appliqué à éradiquer le culte de Jashin dans toute la nation du vent. Lui qui n'avait que méprise pour ces hérétiques qui osaient impunément profaner les lois d'un dieu sombre dont ils ignoraient tout. Ils se revendiquaient immortel, ils se revendiquaient fidèles serviteur,s mais n'étaient rien de plus que de vulgaire rat d’égout qui ne méritait que de mourir sous le joug du sang. Ainsi, le comte s'était méthodiquement appliqué à massacrer tous les partisans de cette religion à travers le désert. Il les avait chassé, traqué, torturé, démembré. A présent, leur fluide vital coulait dans ses veines. Leur existence a jamais piégé dans le corps du Ketsueki, il saurait en faire justement usage le moment venu. Il y avait un prix à payer pour tout et contrairement a Megami, Eien savait en évaluer la mesure.

Ainsi, par cette nuit au ciel étoilé, tel un fantôme emmitouflé dans sa cape à capuchon, il avisait froidement le village en contre bas du haut d'une dune de sable. D'après les informations qu'il avait put recueillir, les derniers survivants du culte s'était réfugier entre ces murs. Il ne restait plus qu'à les démasquer et en finir définitivement avec. Néanmoins, et comme le comte savait se montrer opportuniste, il avait convié Yami à se joindre à lui en la convoquant par message télépathique. Elle ignorait tout de ses véritables intentions, mais ne tarderait pas les découvrir. Il y avait certaine chose qu'un Ketsueki se devait d'être en mesure d'accomplir et il tenait à constater de ses propres yeux si sa fille pouvait y prétendre. Attendant patiemment, impérial, faisant fit des vents glacials et du sable qui fouettait sa cape, ses yeux ne quittaient pas un seul instant les lumières du village qui présentait une architecture typique à celle de Kaze. Des battisses circulaires faites de sable et de terres cuites. Il pensa que, même après toutes ces années, le monde n'avait pas tant changé que cela. Que les hommes continuaient de briller de folie, qu'ils étaient toujours aussi faible.

Dans une symphonie de grincement la nuée noir vint l'envelopper, tournoyant dans un farandole obscure autour du maître. Sans avoir besoin de se retourner il comprit qu'elle était finalement arrivée. Lui continuait d'observer son objectif avec attention.

« Cette nuit sera celle de son initiation. De nombreux Ketsueki ont perduré à travers les âges. Tous étaient différent. Certains étaient faibles, d'autres forts, mais tous sont morts à présent. La différence étant qu'ils ont survécu plus longtemps que d'autres. »

Cela faisait désormais un certain temps que les mots n'existaient plus entres eux deux. Il se contentait simplement de s'adresser l'un à l'autre par la voie de l'esprit. Tel était la façon de communiquer des Ketsueki. Aucune facétie profane ne pouvait voiler leur jugement. De la sorte, il ne restait plus que la vérité immuable des faits.

« Un immortel est celui qui survit. Son corps ne vieillit pas, mais une lance acérée en plein cœur peut en venir à bout. Plus que tout autre, il se doit d'être implacable, ne reculer devant rien pour atteindre ses objectifs et ne faire preuve d'aucune pitié. Sans cela, sans cette peur qu'il imprégnera dans l'esprit des autres, il aura tôt fait d'être trahit par les siens. »

D'un geste calculé, il renvoya le capuchon de sa cape en arrière, laissant danser sa chevelure noir de jais au gré des vents. Alors il composa une rapide série de signe avant de plaquer ses mains sur le sable frais. La terre se mit à trembler. D'immenses pans de pierre se dressèrent alors de part et d'autre village pour l'encercler totalement. Chacune des âmes qui l'habitait étaient désormais prisonnière du joug d'Eien. Suite à quoi il se mordit la paume de la main, avant de diriger cette dernière vers le sol. Composant le signe du dragon avec son autre main, il laissant son sang se dupliquer et se véhiculer dans le sable. La flaque sombre commença à prendre une proportion de plus en plus importante. Une fois qu'elle se fut étendu sur plus d'une dizaine de mètre, le comte déployant son chakra à l'intérieur. Le sang s'anima et diverses créatures cauchemardesque en sortirent.

On put y voir Stigma ainsi que sa sœur Pain, deux chiroptères de tailles humaines, mais également leur aîné nommé Seth qui, monstrueux, émergeai de la mare écarlate la gueule béante. Se réceptionnant sur ses pattes tous purent constater son allure imposante qui dépassait les quatre mètres de hauteurs. Cela n'était pourtant pas finit, une dizaine d'autres chauve-souris aussi grosse que des chats s'envolèrent dans la nuit. D'un message télépathique, il ordonna à chacune de ses créatures, sombre serviteur de la nuit, d'aller se positionner sur chacun des remparts de pierre enfin d'empêcher tout habitant de fuir.

« Dans cette ville se trouvent des partisans du culte de Jashin. Ces êtres abjectes déshonorent le noms des Ketsueki. Ils se cachent parmi la population local. Si nous éveillons l’attention ils chercheront à s'enfuir et il nous sera impossible de les retrouver. Il n'y a donc d'autres choix que d'éliminer tous ces habitants »

Un Ketsueki ne faisait jamais le choix du moindre mal et Eien, plus que quiconque respectait cette idéologie à la lettre. Desceller un à un chacun de ces hérétiques aurait prit beaucoup de trop de temps ce qui aurait finit par nuire à son devoir. Alors il avait choisi une autre option, beaucoup plus facile, mais également beaucoup plus meurtrière. En massacrant tous ceux qui se trouvaient entre ses murs, il s'était assuré d'éradiquer cette menace.

« Fais-le Yami. A présent tu es en mesure de desceller ce qui est important de ce qui ne l'est pas. Détruit les tous autant qu'ils sont. Homme, femme, enfant, n'ait aucune pitié. »

Le ton de sa voix était sombre et glacial. Il ne reflétait aucune compassion, aucune humanité et par conséquent aucune faiblesse. Jadis on le surnommait l'Innommable de par les nombreuses atrocités qu'il avait commise. Pourtant nombreux étaient ceux qui ignoraient qu'il s'était contenté d'agir par devoir et non pas par cruauté. Tel était cette volonté impitoyable qu'il cherchait à présent à transmettre à sa fille.

Une nuit somme toute ordinaire se passait sur Kaze no kuni. Du moins, c'était ce que je croyais. Le sommeil m'avait gagné depuis quelques minutes lorsqu'une voix familière et ô combien réconfortante se fit entendre dans ma tête. Mon père me conviait à le retrouver dans le crépuscule.

Je n'avais aucune idée de ses intentions ni même de cette sollicitude mais je savais d'avance que l'entrevue serait rude : comme à chaque fois. Sans plus tarder, je m'engouffrais dans l'obscurité et quittais Suna, guidée par les chiroptères d'Eien qui me mèneraient jusqu'à lui.

Après quelques temps, je parvenais à repérer sa silhouette au loin, sa cape virevoltait au vent. Il se dégageait quelque chose de mystique de sa personne et de sa carrure : une aura royale. Sa présence seule servait à prouver son implacabilité. Dès lors, et sans même se retourner, il s'adressait de nouveau à moi pour m'exposer la raison de ma venue face à ce village civil bordé par le désert.

Il voulait que cette nuit me serve d'épreuve et que je me montre digne du reprendre le flambeau Ketsueki. Je n'éprouvais aucune appréhension quant à l'entraînement qu'il souhaitait me dispenser puisque j'avais envie plus que tout de lui prouver ma valeur et ma légitimité à ce titre.

Eien jugeait qu'un Ketsueki qui doute et qui éprouve de la crainte ne vivrait pas longtemps puisqu'il se ferait trahir par les siens... J'imaginais qu'il parlait en connaissance de cause. Ne faire preuve d'aucune pitié, faire preuve de droiture dont en restant implacable : je savais le faire. Je n'avais plus à le prouver à mon village mais mon père attendait de voir cela de ses propres yeux. Toutefois, ses convictions à lui étaient bien différentes des miennes : il était un Ketsueki tandis que j'étais une Ketsueki et une Sunajin.

Rapidement, le village se faisait entouré de remparts qui ne laissaient aucune place de sortie pour les civils. Des invocations toutes plus énormes les unes que les autres, se postèrent sur les murs, veillant comme des vautours la mort qui s'approchait. J'arquais un sourcil, ne comprenant que trop bien ce qu'il s’apprêtait à faire...

Mes doutes se confirmèrent lorsqu'il m'expliqua qu'il était en quête d'exterminer tous les Jashinistes mais que cela prendrait bien trop de temps pour les débusquer, c'est pourquoi il jugeait plus utile de sacrifier l'ensemble du village. Femmes, Hommes, enfants, vieillards, tous allaient y passer... Un village d'innocents pour une poignée d'hérétiques.

Il me demandait de le faire, inflexible, aucune compassion ne traversait sa voix, il attendait seulement des résultats. Il voulait simplement être fier de moi comme la bonne Ketsueki qu'il voulait que je sois. Il y avait de cela deux années je n'aurais pas hésiter un seul instant à réduire toutes ces vies au silence pour satisfaire la fierté de mon père. Aujourd'hui, alors que j'avais pris conscience de certaines choses et que j'étais une fervente shinobi au service des Sunajins et de tout Kaze, protégeant la vie des innocents au péril de la mienne, tout en étant membre de l'unité spéciale du village, mon idéologie et ma conception des choses s'étaient modifiées. Cette nuit, Eien me demandait de choisir entre mon clan et ma nation.

Music ♫:

Je l'observais sans rien faire, l'air dubitative alors que ma nature se confrontait avec mes convictions. Il était évident que si je décevais mon père alors il n'en aurait que faire de ma vie et qu'en plus de le perdre une nouvelle fois, je serais condamnée à mourir à petit feu dans d'atroces souffrances due à la maladie qui m'amenuisait au fil des jours : puisqu'il ne me ferait pas accéder à l'immortalité qui serait capable de me guérir de ce maux meurtrier. La peur traversa un instant mes pensées à cet instant bien que je ne laissais rien paraître. Devais-je choisir entre mes idéologies ou la fierté de mon père ? Ou bien encore entre la vie des innocents et la mienne ? Je serrais les dents et les poings tout en fixant le sol un instant. La vie imposait des choix difficiles et des sacrifices... Je ne connaissais pas ses gens : il s'agissait d'habitants de Kaze et cela aurait dû me suffire mais mon égoïsme me rattrapait : je ne voulais ni mourir ni paraître frêle devant mon père ! Je ne voulais pas qu'il voit en moi le déshonneur de notre clan que je tachais de porter sur mes épaules depuis toutes ces années : seule. J'étais parvenue à prouver ma valeur à mon village que je chérissais : il était désormais temps de le montrer aux représentants de mon clan déchu.

Je tournais dès lors un regard embrasé à l'encontre du village. La lueur rubis était plus virulente qu'elle ne l'avait jamais été. Ce n'était pas par cruauté mais par devoir : ils devaient le comprendre. Déterminée, j'allais me placer sur les remparts aux côtés des chauves-souris imposantes de mon père qui faisait office de gargouilles. Les villageois criaient et paniquaient. Les gardes se mettaient en formation pour les protéger alors qu'un battement d'ailes des invocations titanesque aurait suffit à les balayer. Je concentrais dès lors tout mon chakra, la volonté de réussir tout en étant efficace et rapide me faisait garder cette impassibilité sur mon visage. Je ne ressentais rien. Ils n'étaient plus que du bétails servant mes intérêts. Je n'oublierais pas leurs morts : ils ne le seraient pas en vain.

Je détachais des parcelles du rempart de mon père de toute part et envoyais de gros blocs de pierres fuser vers les civils, les emportant, les assommants, les écrasants. L'asphalte se tinta bien vite de carmin alors que les chiroptères semblaient impatientes d'y goûter. Promptement, je m'entaillais la paume à l'aide de mes crocs et envoyais mon sang en pluie récupérer le leur. Lorsque je parvins à me l'approprier, je le faisais léviter devant moi en plusieurs projectiles effilés et écarlates qui fusaient sur l'assemblée à vive allure. Les cris déchiraient les ombres, le sang coulait à flot, les corps meurtris et déchiquetés jonchaient sur le sol mais il fallait poursuivre : il ne fallait pas laisser de traces ni de témoins, tous devaient mourir pour la bonne cause.

Mes doigts s'agitaient, ordonnant à mon fluide de se diriger vers ses prochaines victimes. Un long fouet vermeil claqua dans l'air à plusieurs reprises, mêlés à mon chakra fuuton pour trancher tout ceux qu'il croiserait net. Ils ne pouvaient rien faire. Ils étaient à ma merci comme des jouets dont je m'étais lassés.

Finalement, les Jashinistes sortaient de leur tanière, reconnaissable avec leurs marquages ridicules et leur faux. J'en voyais certains courir vers les flaques pour tenter de récupérer de mon sang et tenter de m'infliger des meurtrissures en l'utilisant : une technique calqué sur la notre. Un sourire provocateur se dessinait sur les lèvres alors que je les voyais faire. Alors qu'ils s'approchaient suffisamment, je les transperçais sans sommation. Ils étaient peu être immortels mais leurs membres ne repoussaient pas. Mes lames fines écarlates s’affûtaient avec mon fuuton pour venir faire tomber leurs têtes une par une, faisant perdre leur confiance aux autres hérétiques.

« Vous n'êtes que de pâles copies. Ressentez la puissance des véritables manieurs de sang ! »

Leur vociférais-je, passant ma hargne de ma décision dans la délectation de la mort de ces imitations. Mon sang s'était mêlé à l'ensemble de celui présent, créant une véritable mare de laquelle s'élevait des piquants écarlates que je durcissais en y combinant mon affinité doton, empalant les autres. Depuis mon piédestal, j'observais la scène en contrebas, la détermination dans le regard et cette aura si particulière que je décelais constamment chez mon père, se retrouvait désormais en moi. J'étais le témoin de mes affres, l'exécutrice de ma sentence. Sans compassion ni pitié, j'étais une digne héritière Ketsueki.

Musique ♫:

Des cris de douleurs déchiraient la nuit. Par dizaine ils tombaient, leur cadavre venant joncher le sol. Le sang coulait a flot. La marré écarlate se trouvait rapidement aspirée par les sables du désert. Bientôt, il ne resterait plus aucune trace de leur misérable existence. Ces pathétiques mortels n'étaient rien, de vulgaires instruments incapables de satisfaire les ambitions des véritables nobles de ce monde. Eien n'avait que faire d'eux. Et c'était sans sourciller qu'il les regardait tous se faire massacrer un à un part Yami. Hommes, femmes, enfants, vieillards, aucun n'était épargné. Un Ketsueki se devait d'être implacable, n'éprouver aucune pitié face à tout ce qui entravait sa route. Impérial, le comte trônait au sommet de la muraille et avisait le carnage en contre-bas. Les corps démembrés, les complaintes d'agonies, le désespoir hystérique dans toute sa splendeur. Il n'avait plus ressenti cela depuis fort longtemps. Et comme ses instincts cherchaient à le rappeler, il ne put totalement se soustraire à la frénésie pernicieuse qui venait marteler les tréfonds de son âme noirci par les ténèbres.

Il éprouvait également une grande fierté à l'égard de sa fille. Non pas pour la désolation qu'elle avait perpétré, mais davantage pour le choix qu'elle avait fait. Entre ce pitoyable village, cette nation galeuse et son héritage elle avait choisi d'emprunter la voie que son père lui montrait du bout du doigt. Celle menant à l'éternité. Cet acte témoignait des fondements de ses revendications. Par son égoïsme, par sa puissance, par sa volonté de transcender le seuil commun, elle se prenait à incarner la volonté du clan Ketsueki et ce dans toute sa splendeur. C'était indéniable, à son image, la fille de l’Innommable été née pour inspirer la peur dans le cœur des autres.

« Finissons-en... »

Ayant vu ce qu'il souhaitait voir, toute cette grossière mascarade n'avait plus lieu d'être. Ces humains ne lui étaient plus d'aucune utilité. Le message télépathique fut transmit à tous les enfants de Nosferatu présent ici-bas, mais également à Yami. Les chiroptères ouvrirent leur gueule à l'unisson et déversèrent tous simultanément un flot de flammes pandémiques qui, en un instant, engloutirent la totalité du village. Les complaintes redoublèrent, tandis qu'un immense brasier s'élevait dans le ciel. Les bâtisses et les corps calcinés continuaient de se consumer. Parmi les flammes crépitantes, l'enfer chantait tandis que la mort, elle, dansait au rythme de cette symphonie macabre. Le visage du comte demeurait taciturne, mais ses yeux brûlaient de même intensité que ce gigantesque brasier digne du purgatoire.

Cependant, et comme ces infidèles semblaient facilement échapper au trépas, Eien jugea qu'il lui incombait d'intervenir. D'un saut agile il retombant dans la rue principal qui traversait l'ancien village. Le feu continuait de tout ravager, mais lui, demeurait totalement imperturbable, comme si cet enfer n'osait s'en prendre à lui par crainte de son joug. De multiples et épais filament de sang s'élevèrent. Ces derniers se mirent à tournoyer lentement autour lui, l'escortant ainsi dans sa marche funeste. Il fixait un point vers le lointain que seul lui était en mesure de voir. Alors que sa majesté avançait, certains des innombrables cadavres noircis et dévoré par les flammes commencèrent par se relever pour l'attaquer. Si le feu ne pouvait purifier Kaze de ces infidèles le sang serait en mesure d'y parvenir.

N'ayant nullement besoin de se détourner de sa route, le compte commanda d'un simple regard à ses filaments écarlates d'aller perforer à une allure démentielle les Jashinistes. Les assauts se répétèrent, déchiquetant la chaire brûlée, et les membres tranché se mêlaient aux entrailles. Eien aurait parfaitement put les achever directement en les décapitant, mais il n'en fit rien. Avant qu'ils ne disparaissent, le comte tenait à ce qu'ils souffrent plus que jamais car il n'y avait aucun mal à faire preuve de cruauté avec les hérétiques. En réalité, pour un Ketsueki, il n'y avait aucun mal d'éprouver de la cruauté envers qui que ce soit du moment que cela servait ses intérêts. Cette nuit le monde se consumait, mais pourtant, dans un paradoxe avisé, le maître restait de marbre face au méthodisme sadique de ses propres actes. Peu de personnes savaient que les yeux d'un véritable Ketsueki ne mentaient jamais et cette lueur dans le regard du comte ne laissait aucune place au doute...

« N'oublie jamais Yami qu'il y a un nombre limité de place en ce monde. Si tu souhaites quérir la tienne il te faudra devenir aussi implacable que la providence. Tel est ton devoir car, nous Ketsueki, sommes les apôtres de Jashin, les exécutants du châtiment divin sur terre. »

Eien se retourna pour faire face à sa fille qui l'avait rejoint dans la ruelle, là, au milieu de cette océan de flammes, de morts et de sangs.

« Ketsueki Yami, tu te feras désormais connaître sous le surnom de La Faucheuse Pourpre. »

Il se rapprocha d'elle, l'avisant d'un regard noir miroitant comme si ce carnage ne prendrait jamais réellement fin.

« A présent, embrasse ta destinée... »

Music ♫:

La mort s'amusait en contrebas alors que les villageois s'égosillaient tandis que les autres tombaient tous : un par par, par groupe entier, tous mourraient.
Mon père se tenait à mes côtés, avisant le spectacle avant de proclamer qu'il était temps d'en finir. Ses chiroptères avaient entendu son appel et aussitôt, l'enfer se déversa sur les habitants de Kaze. Les cris redoublèrent alors que les flammes s'élevaient toujours plus au fur et à mesure qu'elles consumaient de quoi les revigorer. Le brasier se déchaînait et se reflétait dans mon regard attentif et admirateur. Je restais impassible de mes actes mais la scène funeste avait le don d'éveiller mon intérêt, faisant luire mon regard d'intensité.

Finalement, j'observais mon père sauter dans l'ancien village parmi le purgatoire, n'éprouvant nul crainte pour lui : j'apprenais. Tous ces gestes, toute cette grâce qui se dégageait de lui, tout semblait si précis et pourtant si naturel : tel devait être l'attitude d'un être ayant vécu plus d'un siècle sur cette terre.

Les Jashinistes subissaient la hargne de mon père qui restait pourtant si froid comme détaché de ce qu'il était en train d'accomplir. Je le rejoignais d'un bond, ne craignant aucunement le feu qui avait réduit au silence toute vie et toute trace de notre passage alors que les cadavres ne permettaient même plus de savoir qu'elle avait été leur courroux.

D'un pas lent et déterminé, je m'approchais de l'être pour lequel je souhaitais susciter la fierté plus qu'à quiconque. Il m'expliqua dès lors qu'il me faudrait me montrer aussi implacable que la providence si je voulais asseoir ma place sur ce monde. Désormais face à moi et solennel, il me donnait mon propre surnom, signe indéniable que je méritais à mon tour ma place au sein des miens et que cette identité susciterait la peur de tout ceux qui croiserait ma route.

«  Je laverais le monde de ses pécheurs et j'asservirais la mort pour mes intérêts. »

M'exprimais-je, face à lui alors que mon regard ne quittait plus le sien.
Je me mordais dès lors la paume et la lui tendait avant de reprendre, la neutralité dans la voix :

« Débarrasse moi de ce mal qui souille mon sang et qui entache mon nom. Fais de moi une Immortelle. »

La Faucheuse Pourpre ne pourrait inspirer la peur si elle était rongée par un mal qui remettait sa vie en question.

« Ôtes moi ce frein à ma grandeur. »

Je ne craignais personne, si ce n'était la mort et cette dernière m'octroyait un sursis dont je voulais me débarrasser pour redorer mon nom pour l'éternité. Peu importait les sacrifices que me demanderait l'apogée Ketsueki tant que je retrouvais la pleine maîtrise de moi même et de mon pouvoir.

Elle se prétendait digne de pouvoir acquérir le titre d'immortel. Eien lui n'en pensait pas autant. Lorsqu'elle s'ouvrit la paume pour ensuite la tendre dans sa direction, le comte resta totalement indifférent, ne prenant guère la peine de baisser le regard en direction de cette plaie ouverte. Il se contentait simplement d'aviser la Faucheuse Pourpre avec froideur. Actuellement, il la jugeait encore trop faible pour pouvoir acquérir quoique ce soit. Elle ne savait rien, elle était ignorante. Il lui restait encore temps à apprendre. Être un Ketsueki n'était pas qu'une question de suprématies, de puissance. Le savoir être importait également. Car par définition, les apôtres de Jashin naissaient avec de nombreux ennemis. Plus que cruel et implacable, il fallait se montrer intelligent. Capable de manipuler les plus grands comme les plus faibles.

Tout le pouvoir du monde ne pouvait rien contre une dague acérée plantée dans le dos, mais cela Yami ne le comprenait pas encore. Elle avait néanmoins raison sur un point. Sa maladie se présentait comme un obstacle infranchissable à son ascension. Elle ne pourrait diriger les Ketsueki sans jouir de sa pleine puissance. Pourtant, même après cela, elle aurait de nombreuses choses à accomplir. Restant silencieux durant de longues secondes, Eien jugea le pour ainsi que le contre. Il ne pouvait se permettre la moindre erreur de jugement, car une fois le rituel accomplit, cela serait définitif sans qu'il soit possible de revenir en arrière.

-En effet, il est temps... Tu accéderas à l'immortalité. Après cela tu prendras la tête du clan Ketsueki a Suna et tu initieras les tiens au culte de Jashin. Nous tirons l'essentiel de nos pouvoirs de lui. De la vient notre puissance.

Cette fois-ci il parlait de vive voix. Car ses paroles ne devaient point être traduite par la pensée. En cet instant même, il était en train de lui dévoiler les secrets de leurs origines, celle qui remontait à des temps immémoriaux, avant même que son père Enma ne fut.

-Et c'est par l'oubli de son culte que les notre sont récemment tombés en désuétude. En restaurant nos rituels ancestraux tu seras en mesure de faire recouvrer au clan sa gloire datant.

Immortalité, rituel liant le corps et l'âme par le biais du sang. Rien n'était anodin. Les Ketsueki appartenait à un tout. Ils étaient une éternelle et grande famille dont la volonté continuerait de perdurer à travers les âges. Le retour à son apogée était un fait inéluctable, il en était certain. Elle était encore loin d'être aussi honorable, mais le comte savait qu'il pouvait compter sur sa fille pour parvenir à ce but.

-Au sein du clan Ketsueki, il existe deux rituelles primordiaux que chacun se doit de connaître. Le premier est celui de l’Ascension. Une fois l'âge adulte atteint et par le biais de ce rite, le jeune Ketsueki offre une part de son âme à Jashin afin d'acquérir en retour la pleine maîtrise du sang. Le second et celui de l'Immortalité, accessible uniquement au futur comte. Pour toi, nous accomplirons les deux en même temps. Suite à cela, tu ne seras plus jamais là même.

C'était indéniable. Elle se verrait à jamais changée qu'elle le veuille ou non, mais après cela, elle se rapprocherait un peu plus de l'immuable.

-Je te recontacterai d'ici plusieurs semaines le temps de rassembler les éléments nécessaires au rituel. En attendant préserve tes forces. Tu en auras besoin.

Suite à ses paroles son corps s'éparpilla à une nuée de chiroptère. Ses invocations disparurent et Yami se retrouva seule au milieu de cet enfer de cadavre purifié par les flammes.

Music ♫:

La satisfaction et la fierté m'envahissaient. J'écoutais mon père admettre qu'il était temps pour moi de recevoir ce qu'il jugeait comme un don et qu'il trouvait donc que je méritais. Je savais, au fond de moi, que je restais une ignorante de tout ce que je devrais normalement savoir sur mon clan et ses origines mais puisque j'avais grandi seule sans guide dans mon ascension, j'avais dû apprendre de moi même avec ce que j'avais à ma disposition. En soit, il ne pouvait pas m'en vouloir de ne pas connaître le fondement même de notre nom : c'était à Megami qu'il devait en vouloir parce qu'elle m'avait privé de l'éducation que j'aurais dû avoir sur le sujet. Ma vie aurait été alors bien différente.

Eien me demandait de prendre la tête de mon clan suite au rituel et de les convertir au culte de Jashin. Ces derniers mots me laissaient perplexes et me faisaient arquer un sourcil. Il ne pouvait décemment pas savoir que j'associais Jashin aux effrontés qui bafouaient notre maîtrise et dont nous venions d'exterminer quelques représentants. Pour moi ce dieu n'était rien et pourtant mon père semblait insister sur le fait que nous étions ses apôtres et que notre puissance était issue de sa personne. Là encore je savais que du travail m'attendait et que je devrais m'informer à ce sujet : comment répandre des paroles que nous ignorions nous même ? Cela n'était pas possible.

Il y avait bien longtemps que je n'avais plus entendu sa voix résonner dans l'air. Il était indéniable qu'il faisait cet effort puisque ces propos se montraient relativement importants et j'en prenais bonne note. Selon mon père, notre clan s'était déchu suite à sa perte de croyance en ce Dieu dont notre pouvoir était pourtant issu. Il nous fallait restaurer nos rituels ancestraux et notre culte en son nom pour retrouver la gloire d'antan. N'était-ce pas trop tard ? Nous n'étions plus qu'une poignée de Ketsueki à Suna et rien n'indiquait non plus qu'il en existait ailleurs.

Son discours ce poursuivait pour m'expliquer les différents rituels qui co-existaient au sein des nôtres. L'Ascension était l'élévation pour tout Ketsueki en âge de la recevoir tandis que l'Immortalité n'était réservée qu'à ceux en passe de devenir Comte : l'élite du clan Ketsueki et son dirigeant. Tout était relié à Jashin une fois de plus : il fallait faire offrande d'une partie de sa propre âme pour espérer obtenir la pleine maîtrise du sang. Ma maladie était-elle le châtiment reflétant mon absence de culte envers ce Dieu qui m'avait pourtant permis de jouir d'une faible partie de sa puissance ? Tout s'expliquerait... Bien que bons nombres d'ouvrages et de grimoire évoquait Jashin au sein de la bibliothèque ancestrale de mon clan, jamais je n'avais compris qu'il était à l'origine de notre création, considérant toujours qu'il servait uniquement de prétexte à des hérétiques pour obtenir la maîtrise de la vie et de la mort par le sang en se l'appropriant et sans avoir été élus pour l'obtenir...

Eien me prévenait : j'avais du retard sur mon rite d'Ascension inaccompli et il me mènerait à l'Immortalité par la même occasion mais à quel prix ? J'allais changer à tout jamais. Je ne serais plus la même, une part de mon âme et donc de moi même, serait confiée entre les mains d'un Dieu auquel je ne croyais pas encore ce matin. J'eus une appréhension certaine en me rappelant des âmes pourfendant mon esprit dans l'illusion d'Aare mais la chassais bien vite : la peur n'était pas de mise. Je devais accepter ma destinée et j'allais même la saisir.

Finalement, mon père disparu dans une nuée de chiroptères alors qu'il m'assurait me recontacter d'ici quelques semaines le temps de rassembler les éléments nécessaires au rituel dont j'ignorais tout. Je me retrouvais donc seule au milieu de l'enfer pandémique qui peu à peu s'étouffait, n'ayant plus rien à consumer pour se revigorer. Ne prêtant guère attention au tableau, j'abaissais le rempart doton de mon père et reprenais le chemin vers Suna alors que mes pas s'effaçaient sous l'alizé soulevant le sable.

Bientôt, mes intérêts allaient être servis...