C’était donc à ça que ressemblait la mort ? Cela ne faisait que quelques minutes que le corps que j’avais façonné tout au long de ma vie avait cessé de vivre. J’avais rendu mon dernier soupir au travers d’une blessure mortelle et ô combien douloureuse. Mon élève avait donc rempli son rôle avec brio et les recherches que j’avais faites sur ma famille avaient abouti et plutôt positivement. Dans un geste réflexe, je plaçai ma main tremblante au niveau de ma poitrine et ouvris les yeux. Au dessus de moi un ciel azuré tâché de quelques nuages nacrés me firent penser que je devais me trouver au paradis, ou quelque part comme ça. Mais non. Je me rendis rapidement compte, entre la fraicheur et le sol humide où j’étais allongée, que je ne me trouvais simplement plus à Kaze no Kuni. Après quelques secondes à observer le ciel, à ressentir ce qui m’entourait ; je levai la main, le bras ; au dessus de même tête et les fixait longuement. La marque de Météora avait disparu, ainsi que mes bandages, mes tatouages.

Un sourire inhabituel égaya étrangement mon visage, et je me redressai. J’étais à proximité d’un lac, non loin d’une forêt. Je pris appui et me relevai assez péniblement afin de m’approcher du bord de l’étang. Son eau était cristalline, on pouvait voir des poissons longer le bord, on aurait pu les décrire avec précision tellement l’eau était limpide. J’approchai davantage et me penchai. Mon visage se dessina à la surface, légèrement brouillé par le remoud. J’en décrivis les traits du bout de l’index et me rendis compte de la présence d’une paire de lunettes. Je les retirai un court instant, suffisamment pour m’apercevoir que sans elle je n’y voyais pas grand-chose. Aussitôt les remis-je. Je me relevai et m’étirai tout en continuant d’observer les alentours. Peu à peu le sentiment que j’étais dans un endroit que je connaissais m’envahissait. Je fis quelques pas dans l’herbe, vers la forêt voisine ; et rapidement la mémoire me revint. Nous étions donc à Kusa ? Un rire surpris perça mes lèvres. Et je découvrais cette nouvelle voix.

La voix, le physique, les lunettes… tant de choses auxquelles j’allais devoir rapidement m’habituer pour ne rien trahir. Mais ce n’était pas tout. Je rendis aussi compte que la voix dans mon crâne avait disparu, tout au moins celle d’Akurai. Un nouveau sourire cette fois ci exprimant ma joie se dessina sur mon visage. Tout avait parfaitement marché. Je me demandais ce qu’il pouvait bien se passer maintenant à Suna. J’étais sûre qu’Oniri ne serait pas découverte et que son plan fonctionnerait très bien. De la même façon que j’étais à peu prés certaine de qui serait mon successeur. Je pensais à Kioshi, évidemment. Je ne ressentais plus rien pour lui, plus aucun attachement. A vrai dire je n’éprouvais plus cette sensation pour qui que ce soit : que ce soit Kioshi, mon frère ou n’importe qui d’autre. Ce fut, sans que je puisse l’expliquer, comme une libération. Kioshi… Il était vraisemblablement le plus à même de diriger le village, mais bon… Peut être que je me trompais.

C’était donc ça ? Cette forêt abritait le temple Habashi, et retenait par la même occasion captifs les fameux conseillers. Je savais donc ce que je devais faire maintenant. L’instant suivant je me trouvais dans la forêt, me dirigeant vers le temple caché en son cœur. Après une heure de marche, l’épais et large portail de la grande bâtisse se dressait devant moi. J’approchai faisant quelques signes et il se déverrouilla comme par magie. Cependant, je n’eus pas le temps d’entrer que de l’entre ouverture des portes apparut un visage que je connaissais bien. C’était Yogan. Alors comme ça il n’avait pas bougé d’ici depuis que je l’avais fait fuir Suna ? Cela me prouvait encore une fois sa fidélité et encore plus la considération qu’il me portait malgré ce que j’avais pu lui faire endurer ces derniers mois.

Je lui adressai un sourire, mais visiblement cela ne suffisait pas à ce qu’il me reconnaisse…

Le corps d'Umi Ji était plus chétif que le mien, plus faible. Elle était plus petite et avait une moins vue lamentable. Je comprenais mieux maintenant pourquoi elle n'avait jamais vraiment exceller dans cette voie du shinobi. En revanche la quantité d'informations qu'elle avait pu engranger dans sa mémoire valait bien tous ses défauts physiques. J'avais vu, j'avais expérimenté et appris beaucoup de choses tout au long de ma vie, mais elle... Elle débordait de renseignements en tout genre, j'avais même l'impression que l'ensemble des archives était enregistré dans son sa mémoire. Impressionnant. Et plus encore, elle ne semblait pas vouloir lutter contre moi.

Yogan se trouvait donc devant, me dépassant de deux bonnes têtes. Je n'avais pas l'habitude que les hommes ou même d'autres femmes; soient plus grands que moi. Ce n'était qu'une question de temps avant que je m'y fasse, sûrement. Le cinquantenaire m'observa, surpris. Son visage était fermé, son regard fatigué. Le grand senseur resta un temps sans rien dire, puis finalement m'interrogea. Des questions simples et pourtant importantes. Comment avais-je fait pour trouver cet endroit, qui j'étais et toute une série encore. Une fois qu'il eut achevé son mitraillage interrogatif, j'esquissai un sourire et répondis, moi aussi très simplement. Le fugitif comprendrait rapidement.

"Un Habashi me l'a dit. Zanshi. Je suis... Umi Ji ?"
"Umi Ji ? Dit-il en roulant les yeux vers le haut, comme cherchant dans sa mémoire. Je me souviens maintenant. Tu es une archiviste, que fais-tu ici ?!"
"Je suis en mission."
"Tu fais donc aussi partie de cette unité..."
"Visiblement. Je vais entrer un instant."

Le Rinto s'écarte pour me laisser entrer. Je passai l'épais portail de bois et de métal et fis quelques pas dans la cours intérieure lorsqu'il posa sa main sur mon épaule, me stoppant net dans ma progression. Je me retournai, ses yeux d'un profond bleu me fixait avec insistance, il me dévisageait. Puis aussi rapidement il plaça un kunai sous ma gorge. Même exilé, recherché par Suna, son nom bafoué et le reste, il semblait n'avoir rien perdu de ses capacités. Enfin, je n'étais pas non plus, encore, dans une très grande forme.

"Tu n'es pas Ji. Ton chakra est bien trop... développé. Je ne reconnais pas ta signature non plus. Ni aucune autre. En revanche, je ne connais qu'une seule personne dégageant cette force..."

Je m’esclaffai l'espace d'une seconde alors que le fer froid du Sunajin caressait la peau de mon cou. Je fis un geste lent et posai ma main sur la lame noire en la repoussant lentement.

"Tu es sans doute le seul à avoir le pouvoir de me reconnaître, Yogan-san."
"Tu... Zanshi-san ?"

J’acquiesçai de la tête.

"Oui. Je t'expliquerai tout, plus tard. Je dois me reposer un peu."

Ajoutais-je en faisant quelques pas maladroits vers le temple.
Soudainement, je m'immobilisai. Je senti mes jambes défaillirent et la force qui me soutenait, s'évanouir. Ma vision se troubla; et je tombai à la renverse.

Sans doute quelques heures s'étaient écoulées depuis mon retour à la réalité. Je ne savais pas ce qui s'était produit. Pourquoi m'étais je si soudainement éteinte ? Je ne me souvenais pas de ma chute ni même de la façon dont j'étais arrivée ici. Réveillée, j'observais les murs qui m'entouraient. Je me trouvais dans une pièce que je connaissais. Je reconnu immédiatement les tapisseries, malgré une vision défaillante. Elles retraçaient la généalogie de ma famille au fil de branches dorées courant sur un fond chocolat. J'étais dans ma chambre, sous le drap de mon vieux lit. Je me redressai donc, et tâtonnai pour attraper la paire de binocles. J'y voyais maintenant clair. Les battants en bois couvraient les fenêtres. Au dehors, il semblait faire nuit. Je supposai donc que j'avais dormi toute la journée...

Je me rendis compte que j'avais été vêtue d'un kimono trop grand pour moi, un des miens d'ailleurs. Les grincements du parquet sous mes mouvements dans le lit durent trahir mon réveil car on tira lentement le panneau de bois et de tissu. Le Rintô passa la tête par l'interstice, certainement pour s'assurer de mon état. Il entra ensuite et parla directement. Etrangement, il ne semblait ni énervé, ni en colère. Au contraire. Je voyais qu'il tentait de se retenir de sourire. Et je devais bien avouer que j'étais aussi plutôt contente de le voir.

"Ne t'inquiètes pas, les conseillers ne savent pas qui tu es. Je sais ce que tu as fait, tout ce temps passé ici m'a permis d'en apprendre un peu plus sur ta famille, et sur certains de vos secrets, entre autre."
"Qu'ils le sachent ou pas... ça ne change pas grand chose. Des secrets ? Hum... Je vois."
"Tu as du consommer énormément de chakra pour te retrouver dans cet état."
"En effet... Enfin, quelques heures et.."
"Quelques heures ?" rigola-t-il. "Non, quelques jours pour être exact. Ce corps n'est pas habitué à ton chakra, il te faudra certainement du temps pour récupérer totalement."
"Je vois. C'est un inconvénient... surprise. J'aurais dû le prévoir."
"Tu as utilisé un jutsu interdit. A quoi t'attendais-tu ?"
"Tu es toujours aussi perspicace Yogan."

Soufflais-je. Je me relevai assez péniblement. Le bas du kimono trainait sur le sol, et Yogan m'observait toujours. Je posai mon quadruple regard sur lui, d'un air sévère et l'interrogeai sur un tout autre sujet.

"Tu... Tu m'as déshabillée n'est ce pas ?"
"Oui. Mais, je suis loin d'être un pervers; ne t'en fais pas. Et tu sais, j'ai une fille de ton âge, enfin, de l'âge de ce corps."
"Haha... Et, tu déshabilles souvent ta fille ?"
"Haaa... Non! Mais... Je n'ai pas regardé!"
"Je plaisante, je plaisante. J'ai bien compris. Je ne t'en voudrai pas pour si peu, et surtout avec tout ce que j'ai pu te faire endurer."
"Oui... Mais j'ai finalement compris le but de tout ceci. Et, je suppose que maintenant, tu vas laisser les conseillers repartir."
"C'est ce qui est prévu. Normalement Suna a déjà choisi son Kazekage. Je suis certaine qu'il s'agit de Kioshi. Il n'est pas du genre... méchant."
"Donc, personne ne sait que tu n'es pas morte ?"
"Si. Seuls toi et Saibogu Oniri le savez."
"Et Kioshi ?"
"Non, moins de personnes le savent, mieux c'est. Puis, pour lui... j'espère que ça le grandira."
"Tu n'as pas peur que cela le rende... mauvais ?"
"Non. Enfin, je ne sais pas. Mais, je ne serai pas loin. Je n'abandonne pas le village, je lui permets seulement d'établir de nouvelles bases. Est-ce que ça fonctionnera, je n'en sais en revanche rien."
"Et, que se passera-t-il pour nous ? L'unité ? Ma famille ?.."
"Vous pourrez vous rendre où vous voulez, quoi qu'il arrive, je trouverai une solution." Souriais-je.
"Ensuite, je partirai; et vous pourrez faire ce que vous voulez. Quant à l'unité... On verra bien. Tu utiliseras ton genjutsu sur les conseillers pour qu'ils ne me reconnaissent pas. Qu'ils aient croisés Umi Ji au temple Habashi peu de temps après la mort d'Habashi Zanshi... Pourrait soulever quelques questions... Bon, même si tu m'as déjà vue nue, j'aimerai bien me changer tranquillement maintenant."

Il acquiesça en s'inclinant légèrement et referma le panneau derrière lui. Je fis quelques pas dans la chambre et ouvris la porte d'une armoire. Je ne pouvais pas prendre mes vêtements, ils étaient trop grands. Je devais me contenter des frusques d'Umi Ji. Face au miroir caché derrière la porte, je fis glisser le Kimono parme de mes épaules jusque sur mes chevilles et m'observais un instant, avec et sans lunettes. Elle n'était pas moche, et n'était pas non plus un top modèle. Son visage ne reflétait rien de la dureté qui pouvait émaner des traits de mon ancien corps. On ne percevait pas la même force, pas le même le charisme. Enfin, nous n'avions par le même âge non plus. En tous les cas, sa peau ne portait aucunes marques de combat, aucun tatouage. Elle était parfaitement vierge, assez claire.

Seul son regard n'était plus le même, oui. Aussi pénétrant que le mien, non, c'était le mien. Un corps parfait pour passez inaperçu...

Je me sentais fébrile depuis que j'avais changé de corps. Je ne m'étais pas doutée un instant que le temps d'adaptation serait aussi long. Enfin, long était un grand mot. Cela ne faisait pas encore une semaine. J'aurais souhaité que ça aille plus vite mais parfois il n'ya avait pas le choix. J'avais passé une nuit de plus dans ma chambre pour me reposer. Je n'avais pas encore croisé les conseillers et Yogan ne me dérangeait pas si ce n'était pour m'apporter un repas. Cet homme était resté attentionné envers moi malgré tout ce que j'avais pu lui faire endurer. J'éprouvais pour lui un respect de plus en grand. Néanmoins j'aurais quand même souhaité savoir pourquoi. Avait il peur pour lui ou sa famille ? Je n'en savais rien et au pire cela ne changerait pas grand chose à sa situation.

Ce repos forcé me permit d'autre part de faire le point sur ce qui s'était récemment passé. Mes plans, mes stratagèmes mes relations avec les autres. Tout ceci formait une image assez chaotique de ce que fut ma vie antérieure. Vues de l'intérieur, toutes les actions que j'avais pu mettre en place me donnaient un visage assez particulier que peu de Sunajin, voir aucun; ne pouvait s'imaginer. J'étais comparable, finalement, à une sociopathe. J'aurais voulu connaître les réactions des Sunajin s'ils apprenaient les secrets du nouveau Suna qui se dessinait dans un avenir proche. Comprendraient ils ? Rejetteraient ils ? Considéreraient ils leur défunte Kazekage comme une traitresse ou au contraire comme une visionnaire ? Tant de questions pour lesquelles je n'aurais certainement jamais aucune réponse.

Cependant, maintenant que j'étais morte ou tout au moins mon corps, un autre problème se posait. Anseï, en tant qu'Habashi, était au fait de nos coutumes. S'il disposait du corps; il souhaiterait certainement l'enterrer ici, sous l'un des cerisiers qui vit naitre un amour incommensurable entre moi et Tsuna... S'il agissait ainsi, ou même quelqu'un d'autre; le risque de retrouver les conseillers serait trop élevé. Etrangement, même si j'étais curieuse de voir les réactions de chacun face à la vérité, je ne voulais qu'elle soit révélée, ou tout au moins pas maintenant. En effet, je voulais d'abord voir Suna atteindre d'autres sphères, que son peuple se rende compte par lui même que toutes ces affaires avaient conduit à la resplendissance du village.

Ainsi devais-je donc, finalement, cacher les faux-défunts ailleurs que dans ce temple. Ou alors trouver une autre solution. Je n'en manquais pas, je saurais aviser en temps et en heure le moment venu. Me sentant maintenant mieux, semblant bien moins fatiguée que quelques jours auparavant; je décidai donc de quitter la petite pièce. Mes affaires étaient prêtes dans le petit sac à dos d'Umi Ji, j'avais ajouté quelques accessoires qui trouveraient leur utilité dans peu de temps. Sans une once de stress, d'angoisse ou quoi que ce soit d'autre, je descendis les marches en bois. Les grincements réguliers annonçaient mon arrivée. Au milieu des marches, je jetai un rapide coup d'œil en contre bas. Tous les regards étaient rivés sur moi, je reconnu tout de suite les conseillers.

Ils semblaient être en forme, pas aussi affectés par ce qui leur était arrivé que je l'avais imaginé. Peut-être Yogan leur avait il raconté quelque chose pour qu'ils soient si calmes... A peine fus je au bas du long escalier qu'un des conseillers m'adressa la parole. Il était visiblement surpris et sa première question était prévisible.

"Qui êtes vous ? Cela fait quelques jours maintenant que vous êtes ici..."
"Je m'appelle Umi Ji..."
"Vous venez de Suna ? Pourquoi êtes vous ici ?"
"J'ai fait un long voyage et j'ai eu quelques problèmes sur le chemin, j'avais besoin de me reposer."
"Continuez."
"Je suis bien Sunajin, si je suis ici; c'est pour vous informer que la Kazekage Habashi Zanshi est décédée il y a quelques jours."
"Elle est morte ?!" Interrompit Mie.
"C'est ce que j'ai dit."
"Comment est ce arrivé ?"
"Elle a été assassinée."
"Que va t il nous arriver sans sa protection ?"

Je posai mon regard jadis écarlate sur Yogan. Il m'observa et comprit. Il s'approcha de moi et me parla à l'oreille.

"Je leur ai dit que tu les avais sauvé de l'attentat qui les visait, et que tu avais décidé de garder leur survie secrète pour les protéger. Ils pensent qu'un groupuscule voulait les voir morts et que tu étais la seule à pouvoir les protéger, que leurs assassins avaient trop peur de la Kazekage pour agir davantage... Ils savent pour l'existence de l'unité et pensent qu'elle les protège, ce qui n'est pas faux en soit."

L'explication que me donna le senseur me surprit, non pas pour son grotesque mais véritablement pour son intelligence. J'allais reprendre la parole lorsque le troisième conseiller m'ôta l'occasion.

"Alors, si vous êtes ici, c'est que vous faites partie de... l'Unité ?"
"Et bien... Oui."
"Alors Zanshi-sama vous aura sans doute donné des instructions dans une pareille situation. Restons nous ici, retournons nous à Suna, ou allons nous ailleurs ?"

Je fixai l'homme. Une irrésistible envie de rire commençait à me gagner. Ces trois là se pensaient donc si importants que ça ? Ils croyaient que leurs vies valaient vraiment la peine d'être sauvées ? Je me retins et repris. En tout cas, que soit Yogan ou les trois conseillers, ils m'avaient vraiment facilités les choses. Je n'avais pas besoin de penser à un plan, de m'assurer que tout soit parfait... La suite se dessinait donc avec une grande simplicité.

"Vous..."

Les deux solutions qui s'offraient à moi comportaient toutes deux leurs avantages et leurs inconvénients. Cependant l'une des deux profilait une suite plus simple que l'autre. Celle-ci donc, stopperait l'histoire ici et je n'aurais plus à me soucier d'une éventuelle découverte de cette machination.

Tous, en dehors de ceux dans la confidence; marcheraient sur la piste la plus probable, celle de l'attaque, du terrorisme. D'autres, plus sceptiques; continueraient à raison de penser que tout ceci n'était qu'un complot et ceux-là finiraient par mourir sans en avoir la pleine certitude, ou en deviendraient fous.

Cependant, l'autre éventualité; qui proposait une suite à cette histoire, n'était pas plus mal. Certes moins radicale. Plus "heureuse". Et elle était l'outil parfait de la manipulation des esprits. J'aurais voulu en finir rapidement, mais je savais quelle était la meilleure solution. La plus sûre tout au moins.

J'avais fait mon choix. Je répondis alors aux conseillers et à Yogan.

"Vous pouvez rentrer à Suna. Cependant, vous devez savoir qu'une élection a eu lieu, ou aurait du... Enfin, il y a peu de chance pour que vous soyez encore conseiller à votre retour.
Ce qui parfaitement compréhensible. Rétorqua l'un des trois
Un autre questionna. La Godaime ne nous aurait tout de même pas envoyé ici, fait passer pour morts dans le but de nous destituer ?"

Je l'observai un instant. J'avais toujours su que cet homme était le plus perspicace des trois. Sa remarque rouvrait donc la porte à la seconde possibilité. Un sourire amusé ou agacé émacia le visage d'Umi Ji, et je répondis assez simplement. Je le savais, j'aurais choisir l'autre solution dès le début... Pourquoi hésiter ?

Après tout ils étaient dans mon temple, j'étais bien plus puissante qu'eux quatre réunis, je pouvais les éliminer et faire disparaitre toutes traces de cet endroit, et mettre ça sur le compte d'une attaque de barbare, ou autres ennemis de Suna. Enfin, je repris mes esprits et oubliai cette sombre idée pour répondre.

"Je pense que vous tuer aurait été certainement plus simple, si elle avait voulu seulement se débarrasser de vous, vous ne croyez pas ? Dis-je en connaissance de cause.
Vu comme ça... Mais je trouve étonnant que d'autres Sunajin n'aient pas découverts ce... plan. Je comprends qu'il ait fallu le garder secret, néanmoins...
Je serai vous, je me contenterai de ce qu'on me donne. Rester à Suna était pour vous un risque, maintenant le risque semble écarté... C'est pourquoi je suis ici.
En parlant de ça, pourquoi justement avez vous passé tant de temps dans votre chambre ? Et vous et Yogan semblez plutôt proches non ?
Vous avez raison d'être suspicieux. Non, si je suis restée dans ma chambre ces quelques jours, c'était simplement pour me reposer. Voyez-vous, je sors d'une gastro carabinée et...
D'accord, d'accord! Pas besoin d'aller plus loin. Acheva-t-il en reculant d'un pas, craignant certainement que cela soit encore contagieux, si tant est que cela fut bien réel."

Résumé:

Les quelques jours précédant le départ des conseillers, il y eut de l'activité dans les alentours du temple. Un groupe d'hommes et de femmes venus de Suna étaient arrivés. Cacher leur présence aux trois captifs fut assez compliqué, mais pas impossible. Par chance, ou plutôt par précaution, ce lieu jadis empli de vie; était muni de nombreux moyens de défenses. La grande porte du domaine n'était que le premier et certainement le plus aisé à franchir.

Il suffisait de connaître le sceau qui maintenait clôt la propriété. En revanche, personne en dehors des Habashi et du Rintô ne savait que le temple qui prédominait au milieu de la forêt était soumit à un sceau plus élaboré visant à dissimuler l'existence des personnes l'habitant. Avec le concours de Yogan il ne fut finalement pas si difficile de brouiller les émissions de chakra venant de l'extérieur et de bloquer celles de l'intérieur. Pour dire, les seuls ayant jamais réussi à retrouver la trace de ma famille furent des tristement connus Uchiwa.

Ce jour, j'avais passé le plus clair de mon temps à une petite lucarne incrustée dans la façade de derrière. J'avais observé ce qui se passait. C'était assez étrange d'assister à son propre enterrement, d'entendre une éloge funèbre me concernant... Enfin, la journée ne passa pas que le petit cortège quitta les lieux sans s’intéresser davantage à ce qui pouvait se trouver entre les murs du temple. J'avais, quelque part, cette chance que ces gens soient trop respectueux pour fouiner là où ils ne devraient pas.

Le jour J approchait et l'attente silencieuse des conseillers laissa transpirer un sentiment de joie. La joie de retrouver leur village, de parler au nom de la Kazekage; d'expliquer comment elle les avait protégé.. Etc. Je n'avais pas encore décidé. Allais les laisser partir, véritablement; ou allais-je les supprimer ? Cette option me semblait lointaine. Même si du plus profond de mes entrailles suintait une irrépressible envie de les éliminer. Je devrais aussi abattre Yogan, et ce n'était pas dans mes plans... Mais une planification pouvait toujours être modifiée, améliorée.

Finalement, leur survie ne tenait qu'à une chose; la présence du Rintô. C'était bien ça. La seule ombre au tableau : le Rinto. La nuit qui précéda le grand jour, j'avais revêtu un vieux Kimono qui pendait dans mon armoire depuis longtemps... Il n'était pas tout à fait à ma taille, ou tout au moins à celle de Ji, mais il ferait bien l'affaire. Je plaçai délicatement le masque noir incrusté de motifs anthracites sur mon visage et franchis le pas de ma chambre.

Le parquet vieillissant et poussiéreux grinça sous mes pas. J'avais oublié que plus jeune je m'étais souvent faite attrapée à cause de cette banale et néanmoins efficace alarme sonore. Le panneau de bois et de papier vers lequel je me dirigeais coulissa dans un son de frottement et laissa échapper cet homme que je respectais infiniment. Son regard se posa sur moi, dans l'obscurité.

Il s'approcha d'un pas confiant.

"Que fais-tu là ?"
"Désolée, sincèrement, Yogan."

Mon murmure fut accompagné d'un mouvement vif, sans défaut. La lueur de la lune qui filtrait au travers des tuiles brisées ici et là se refléta sur la lame d'argent maintenant teintée de rouge. Le regard du grand senseur croisa le mien, il semblait avoir comprit.

"C'est donc ainsi. Tu ne laisseras plus personne t'accompagner.." Dit-il en crachotant du sang.
"Malheureusement..."
"Ma famille..."
"Ils te pleureront. Mais je prendrai soin d'eux."
"D... D'accord..."

Termina-t-il en rendant son dernier souffle. J'extirpai le sabre de son abdomen, et portai son corps jusqu'à sa couche.
La suite fut plus simple. Une fois l'extérieur, je dressai de quelques signes les quatre immenses portes de pierre ouvragées des quelles se déversèrent sur le temple des milliers de projectiles. Aucun son ne réchappa d'entre les murs. L'attaque fut si rapide et mortelle... La bâtisse vieille de plusieurs siècles ne tint pas sous les coups des centaines et centaines de pièces de métal qui la tranchaient de toutes parts, si bien qu'après seulement une poignée de secondes, elle s'effondra sur elle même.

Les lampes encore allumées et brisées durant la destruction déversèrent leur huile brûlante dans les ruines de ce monument. C'était un pan de son histoire et de celle de Suna qui disparaissait dans les flammes ardentes. Je fis un signe, les portes disparurent. L'incendie se propagea rapidement au reste du domaine, emportant tout ce qui avait était édifié de la main des Habashi. Ji, ou Zanshi; quitta cet endroit sans se retourner. Du temple des Habashi et des conseillers, cette nuit, on ne pouvait plus que voir le rougeoiement des flammes dans un ciel d'obsidienne.