Assit sur une chaise dans une petite pièce avec trois autres shinobis, Natsuki essayait de travailler sur les documents étalés devant lui. L'humeur n'y était cependant pas. Il réfléchissait au programme d’entraînement auquel il voulait soumettre ses étudiants, adaptés aux capacités et surtout aux besoins de chacun d'entre eux. Habituellement, il avisait plutôt sur l'instant, mais aujourd'hui, il avait du temps à perdre, puisqu'il était coincé là où il était actuellement, alors autant rentabiliser.

En effet, aujourd'hui était le jour de sa garde aux Grands Remparts de Konoha. Un roulement imposé mais adaptable demandait chaque jour à ce que des shinobis de renfort soient placés à proximité des Portes du Village, cinq en général. Ces derniers n'étaient pas là pour assurer la régulation des entrées et sorties, mais plutôt pour prêter mains forte en cas de problème quelconque : si l'on avait besoin d'eux, ils étaient capable d'intervenir en une poignée de secondes seulement. Quatre restaient en station dans un petit baraquement, tandis que le cinquième profitait de l'air libre et gardait un oeil sur ceux qui entraient et sortaient . Une radio en permanence allumée sur lui retransmettait à ses collègues les conversations qu'il pouvait avoir. Parfois, les dialogues étaient cocasses, mais plus généralement, comme aujourd'hui, c'était surtout le brouhaha ambiant que l'on entendait, du bruit pénible à force que le relais radio crachotait à travers son transmetteur.

Pour sa part, Natsuki était donc dans le baraquement avec trois autres collègues. Deux jouaient aux cartes, alors que le troisième semblait concentré sur un petit boitier avec un écran dont il martelait les boutons. Lassé, la Nara tatoué repoussa sa feuille, et se bascula en arrière sur sa chaise. Son regard se porta vers la petite fenêtre de la pièce, laquelle offrait une superbe vue sur l'extérieur, dans le style prison grâce aux barreaux plantés devant. Le temps n'était pas trop moche, à en juger par le peu du ciel qu'il voyait. Ce n'était pas plus mal.

« Rien à signaler pour le moment. A ton tour de patrouiller Natsuki. » lança un shinobis en entrant dans le baraquement.

Le cinquième ninja était de retour, et son tour de garde était terminé. Il semblait pressait de venir s'ennuyer ici celui-là. Il se laisser tomber sur une chaise près de son collègue solitaire, et fit glisser sur la table la radio portative sans même la regarder. Natsuki la réceptionna d'une main, et avait déjà atteint la sortie lorsqu'elle fut attachée à sa ceinture. En refermant la porte derrière lui, il trouva le nouveau venu affairé lui aussi sur un boitier à écran, relié maintenant par à câble à celle de l'autre. Sans même hausser les épaules, il laissa ce beau monde derrière lui.

De corvée extérieure pour les deux prochaines heures, Natsuki se posa contre le mur même du baraquement, qui lui offrait une bonne vue d'ensemble sur ce qui allait et venait des Grandes Portes. Mais il n'avait pas fallu cinq minutes pour que de l'agitation soit remarquée : ceux postés au guet avait remarqué quelque chose dans le ciel, quelque chose qui fonçait en direction du Village à grande vitesse. Chacun se prépara alors au pire, mais l'OVNI termina sa course sous le couvert des arbres. Inutile de dire que son comité d'accueil était déjà prêt à le recevoir lorsqu'il se présenta aux Grandes Portes du Village. Le Nara tatoué en faisait bien évidemment parti.

« Certainement. » répondit-il d'un ton parfaitement neutre à l'individu qui venait de se présenter. « Et vous êtes ? » questionna-t-il ensuite de la même voix.

La tenue que portait le voyageur du ciel répondait en partie à la question : qui d'autres que les Saibogu pouvaient concevoir ce genre de machines ? Néanmoins, elle était nécessaire, car elle mettait en exergue que ce brave homme avait oublié de se présenter. C'était bien sympathique de venir la bouche en cœur et d'annoncer simplement qu'il avait un paquet à livrer au Hokage, mais la prudence naturelle incitait l'individu moyen à vouloir savoir de qui il recevait son courrier. A plus forte raison lorsqu'il s'adressait au dirigeant du Village.

« Faisant parti de la garde rapproché du Hokage... » commença-t-il en montrant sous le revers de son col un petit badge moche censé prouver ses dires. « … je pourrai m'occuper personnellement de l'acheminer jusqu'à son destinataire, mais j'imagine que vous avez l'ordre de le lui remettre en mains propres ? »

Malgré un soupçon de méfiance face à l'inconnu dont l'être humain ne parviendra jamais à se défaire, Natsuki était prêt à accepter la requête, puisqu'il n'avait pas de raison d'aller dans le sens contraire, mais cela se faisait sous les conditions habituelles : se délester de l'armement à l'entrée, escorte, et lors des rencontres avec le Hokage, le sceau inhibiteur de chakra made in ANBU. Dans le cas contraire, si l'inconnu préférait que le Nara tatoué assure la livraison, il était aussi le bienvenu dans le Village sous les deux premières conditions. Jamais Konoha n'a refusé l'hospitalité à ses livreurs. Bien au contraire : si la livraison était douteuse ou dangereuse, il y avait toujours une chambre trois murs et une porte en fer pour l'y accueillir.

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Le visage de Natsuki se dérida dans un sourire de courtoisie. Il n'en pensait pas tant, et ce n'est pas la forme de ses lèvres qui changea les tonalités de sa voix.

« Ah, les shinobis dévoués et fiers d'accomplir les missions que leur Village leur confie, cela faisait longtemps que je n'en avais plus vu. »

Il observa plus attentivement le visiteur, comme songeur.

« J'ignore pourquoi, mais vous me rappelez un formateur que j'ai eu. Il a été Hokage d'ailleurs, même si ce n'était pas une référence.»

Soupirant, il haussa les épaules - sa remarque était sans importance - et écouta ce que Rantan avait à dire.

« Oui, vous imaginez bien, même si cela m'attriste de savoir qu'un visiteur important ne souhaite pas profiter de notre hospitalité après un si long voyage. Soit. » résuma-t-il en haussant brièvement les épaules. « Je ne vous demanderai donc pas de prendre la position du mouton qui attend d'être tondu en toussant, ni ne vous proposerai de vous rafraîchir le gosier en buvant ensemble quelque chose dans un café avant que vous ne repartiez. Néanmoins – histoire de voir si nous sommes toujours bien sur le même fil de pensée -, j'imagine que vous comprendrez et même approuverez que pour des raisons de sécurité, je ne vais pas pouvoir vous laisser entrer ainsi. C'est pourquoi je vais vous demander de laisser votre... armure ? Ici, - il y a tout près un vestiaire destiné à l'usage des visiteurs bien équipés – ainsi que de vous soumettre à l'apposition du sceau inhibiteur de chakra par mon cher camarade que voici. »

Il désigna d'un mouvement de tête un ninja immobile et masqué dont il n'était pas nécessaire de préciser l'appartenance à l'ANBU.

« Si vous n'en êtes pas à votre première visite à Konoha – ou même dans un Village Caché en général – vous savez déjà que tout ceci n'est que temporaire, et qu'à votre départ, vous serez dans le même état qu'à celui de votre arrivée, libéré de toute entrave. Je ne dirai pas que vous serez mieux, car vu la difficulté d'arracher un brin d'enthousiasme à votre visage, cela serait faire preuve d'un optimisme proche de la sottise. »

Comme il jouait différemment au jeu du facteur Sunajin, son ton plat rendait difficile de savoir s'il était moqueur, sarcastique, ou tout simplement très sérieux.

« Et comme vous êtes pressé, il m’apparaît comme évident que vous n'avez pas le temps de négocier ces deux conditions. A quoi bon d'ailleurs, puisqu'il ne s'agit que de livrer un colis et de repartir ? »

Natsuki s'écarta d'un pas, et tendit sur le côté un bras invitant à la marche. Rantan pouvait soit le suivre jusqu'aux vestiaires susmentionnés en charmante compagnie, où il se délestera de sa tenue Saibogu et recevra son petit tampon sur le bras pour entrer et sortir librement de Konoha sans faire la queue à chaque fois, soit rester encore aux Grandes Portes pour négocier son entrée autrement.

En choisissant la première option, le messager pouvait se rendre au topic '' Palais de l'Hokage ''. Sinon, il restait à celui nommé '' Grands Remparts. ''

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