Cela faisait maintenant quelques jours que le maître m'avait renvoyé, mon comportement ne lui avait pas plût et de ce fait je rentrais à la maison. J'étais encore amer de cette décision, j'aurais tant souhaité continuer le voyage à ses côtés mais malheureusement ce n'était point possible. En recherche de quiétude, j'eus l'idée de me diriger vers un temple.

Je me trouvais à Shimo Nu Kuni, le pays du givre où l'agriculture y est difficile. Lors de ma venue à Kumo j'étais évidement passer par cette mince nation, j'y avais vu des décors très différents. On pouvait passer d'un marécage à parcelles agricoles. Cependant le givre lui ne cédait à rien, la nature était bien plus forte que tout. Le temple dont j'avais parlé était maintenant à quelques minutes, d'après l'échelle de la carte j'y étais presque. On le nommait le « temple Musha », je me fichais de la réputation de celui-ci tant que je pouvais y trouver un peu de calme. Mon rituel était de déposer cinq ryos, une pancarte et faire quelques prières. Quel paradoxe, je me trouvais à prier alors qu'il y avait encore quelques jours de ça je tuais. La contradiction même si j'ose dire.

Je tournais les talons à ce majestueux temple, les moines étaient silencieux tout autant que les croyants. Mon offrande était peut-être insuffisante mais je n'avais rien à dépenser, j'avais refusé l'argent de mon maître il y a des jours de ça. Il fallait donc que j'économise et cela n'était pas chose gagnée. Le chemin me mena tout droit à un petit village nommé Touketsu. Je pensais pouvoir y passer le reste de la journée et même y dormir. Je marchais à pas lent dans les rues en regardant autour de moi, j'étais l'étranger typique. Les personnes m'entourant pouvaient au premier regard le desceller, c'était presque écrit sur mon visage. Puis une pensée me traversa la tête, en regardant une personne de dos. De beaux cheveux noirs, cela semblait à première vu commun mais j'avais comme un pressentiment.

J'essayais tant bien que mal de la dépasser, une fois à sa hauteur je jetai un coup d’œil rapide sur cette personne. J'écarquillais les yeux en m'arrêtant pour la laisser aller de l'avant. Je continuais mon pas spontanément mais j'étais choqué, comment était-ce possible. J'avais déjà vu ce visage à Suna, ce n'était personne d'autre que la fiancé à mon maître ? Je ne pouvais me tromper, non c'était impossible. Elle avait parfaitement l'apparence de celle-ci et pourtant elle était morte ?

* Impossible, impossible, impossible. * pensais-je sans m'arrêter.

La mort était inévitable et je connaissais mon maître, s'il avait constaté une mort ce n'était pas une mise en scène. Imposteur je pensais alors, si tel était le cas il fallait que je l'élimine sans plus attendre. Pour mon maître, je pouvais le faire, je ne voulais pas qu'il voit en elle un faux espoir. J'étais résigné à la tuer en la faisant avouer, pour cela je la suivais dans les rues, les unes après les autres en attendant qu'elle s'arrête quelques instants. Elle se posa alors sur une pierre, j'observais la scène avec attention caché derrière un vieil arbre épais. Elle créa alors des sculptures de glaces. Les Samui pouvaient le faire en effet et ce n'était point une illusion. Mon envie de la tuer s'estompa peu à peu même si j'étais encore empli de doutes. Les Samui étaient nombreux après tout, toutes les hypothèses étaient bonnes à prendre.

Je m'avançai alors vers elle, doucement, avec la main droite sur mon Katana Azura.

«  Qui êtes-vous ? Veuillez répondre correctement à cette question et si vous bougez ne serait-ce d'un doigt, je vous tranche la gorge.  Vous avez pris l'apparence de la défunte fiancé à mon maître et dans ce cas, je ne vais plus répondre de rien. »

La colère me prenait, ça faisait la deuxième fois que je ressentais ce genre de chose. Mon affection pour mon maître pouvait me pousser à penser à faire des actes répréhensibles. Je dégainais mon épée pour la remplir d'énergie Raïton. De celle-ci émanait de petits éclairs tandis que mon visage froid et mon regard de glace étaient posés sur "la damoiselle".

Je pointais mon arme vers elle, je réagissais selon mes sentiments comme on m'avait dit de le faire. Jadis on m'avait expliqué qu'il fallait s'ouvrir aux autres, je l'avais fait et voilà où ça m'avait mené. Empli de colère, j'étais à la limite de me ruer sur cette doublure pour lui placer mon Katana sous la gorge. Heureusement, je ne pus faire cela car la personne en question créa une bourrasque pour m'ôter ma lame. J'observais l'envol de Azura qui vint finalement se planter au sol, à quelques mètres de moi. Plaçant doucement ma main droite derrière moi, je regardais mon interlocutrice. Ses yeux bleus étaient plantés dans les miens, je discernais surtout de la détresse dans son regard. Elle me semblait perdue mais je n'en avais rien à faire. Je ne voyais qu'une menace devant moi, rien d'autre. Vint alors le moment où elle prononça mon prénom et mon nom. Comment pouvait-elle le connaître? Les doutes s'installèrent, je connaissais un pouvoir, celui du Nidame; Il pouvait offrir l'immortalité, parlait-on de ce type d'immortalité. Comment avait-elle réussi à revenir à la vie? Bien sûr ces hypothèses étaient plausibles dans le cas où je n'avais pas en face de moi qu'un vil déguisement.

«  Vous êtes bien renseignée à ce que je vois-.. »

Puis elle s'approcha peu à peu de moi, je guettais chacun de ses pas avec attention. Si elle tentait quelque chose, je le pressentirai sûrement. Elle vint finalement à me demander où est mon maître. Elle le cherchait d'après elle, depuis son réveil au pays de la neige. Le pays de la neige, Yuki no Kuni, le maître m'avait parlé de ce pays. Il semblait que ça deviendrait notre destination finale. Il voulait comme sûrement lui rendre hommage, il comptait le faire. La mort de sa fiancé l'avait tellement ravagé, je ne reconnaissais plus mon maître. Son bon comportement vis à vis de moi n'était plus, il arborait toujours le titre de "maître" mais il n'en remplissait pas entièrement le rôle. Une famille, voilà ce qu'il m'avait dit le jour de mon adhésion à Midorhato. Ces derniers mots, je n'avais plus qu'à mes côtés les restes d'un frère et d'un maître. Mon interlocutrice était bien renseignée, elle me parlait maintenant du pays de la neige et tout se concordait correctement. Seulement, il n'était pas aisé de connaître mon nom et mon prénom, après tout je n'étais malheureusement pas un Shinobi connu à Suna.

Et si cette femme représentait le dernier espoir pour le maître? Et si elle était vraiment la défunte fiancée, qu'elle s'était réveillée et était revenue pour être à ses côtés? Tous ces "si" reviendraient à une sorte de guérison pour le rêveur. Je n'y voyais là qu'un miracle, peut-être devrais-je l'exploiter pour démêler le faux du vrai.

« Je ne peux te croire sur parole, soit tu es une menteuse et dans ce cas le combat est inévitable, soit tu dis vrai et c'est un vrai miracle. Prouve moi que ce que tu dis est véridique. Comment es-tu revenue à la vie? »

Ses yeux brillants étaient posés sur moi, j'avais de plus en plus de peine à croire que ceci n'était que mensonge. Le pays de la neige, son attitude, mon identité et son pouvoir héréditaire. Je commençais à y croire, il était actuellement à Kumo et seul dorénavant.

Mes yeux étaient plantés dans les siens, je ne les lâchais pas une seule seconde. N'étant sûr de rien, je voulais tout de même être sur mes gardes. La dernière fois que je l'avais rencontré -ou plutôt vu brièvement- j'avais en effet vu une marque sur son visage. Cette chose indélébile n'était pas un tatouage mais un sceau, la discussion devenait beaucoup plus intéressante. Le maître croyait aussi que cela n'était qu'un vulgaire tatouage, ceci avait trompé tout le monde si je comprenais bien ses dires. D'un pas doux, elle récupéra Azura pour me la tendre. Elle l'avait prise par la lame et non par la garde, je considérais cela comme un geste de respect. En plus de cela, elle me faisait comprendre clairement qu'elle n'était pas mon ennemie. Je ne ressentais aucune mauvaise aura émanant d'elle, seulement je ne pouvais le certifier à cent pour cent, après tout j'avais encore du chemin à faire sur la voie de l'humain.

J'apposais la main droite sur la poignet formée de bandages blancs. Je ne la rengainais pas pour autant, je laissais la lame pointer vers le sol. Ce n'était pas cette fois par précaution, seulement une envie de la laisser à l'air libre. Le combat que je croyais imminent ne fut pas et j'en étais content. Selon mes sens -cette fois-ci non émotionnel- je percevais une certaine puissance face à moi. Si je n'avais ressenti aucune aura meurtrière, je n'en avais pas pour autant ressenti sa force écrasante. Les explications continuèrent et j’acquiesçais à certaines d'elles. J'étais stupéfait par certaines de ses paroles.

Un sceau était dessiné sur les visages des nouveaux-nés de Yuki No Kuni, un sceau persistant jusqu'à la majorité de la personne. Je n'avais jamais entendu d'un sceau comme celui-ci, jamais. Revenir d'entre les morts, était-ce vraiment possible ? J'en avais la preuve devant moi et finalement, je voyais ça comme le mal. J'hésitais à choisir la voie de l'immortalité grâce aux pouvoirs du Nidame mais plus j'avançais et plus je pesais le poids de cette décision. La mort n'était pas à défier ni à prendre à la légère, ce sceau devrait être interdit tout simplement. Le pouvoir devrait être radié-.. Enfin, je pensais cela mais si seulement un sceau de la sorte aurait pu faire vivre ma sœur, j'aurais plussoyé l'utilisation d'un Fuinjutsu de la sorte. Nos décisions étant contrôlées par nos émotions, il fallait peut-être finalement les refouler encore et encore. Je ne le faisais plus mais est-ce que je suivais pour autant la bonne voie ? Seul l'avenir me le dira.

Comme certains pouvaient momifier des corps, les Samui eux faisaient des défunts des statues de glace. Cela était pour moi une autre notion de l’immortalité. J'étais bien loin encore de comprendre tous les rites de ce monde et de connaître l’étendu du pouvoir qu'on pouvait se procurer. Le pouvoir, ce mot revenait souvent dans ma tête. Devenir le plus fort, surpasser mes aînés et le village entier, j'étais prêt à tout pour pouvoir l'acquérir, à tout... L'explication terminée, elle attendait de moi une réponse positive. Je le savais pertinemment. Un petit soupir plus tard, je rengainais mon Katana Azura en esquissant l'ombre d'un sourire. Elle m'avait convaincu et dans le cas où je me tromperai, mon maître était assez fort pour terrasser des régiments entiers.

«  Samui Yuki, j'accepte et je vais donc vous dire où il se trouve. Il a beaucoup changé depuis votre mort si j'ose dire, ce n'est plus le même. Faites le redevenir l'homme qu'il était, c'est tout ce que je vous demande en échange.  »

L'espoir, j'avais devant moi l'espoir de retrouver mon maître et j'étais décider à saisir cette si belle opportunité. Au fond, j'appréciais beaucoup mon maître et j'étais prêt à tout pour lui. Si cette damoiselle aux cheveux noirs avait le pouvoir de changer les choses, je ne pouvais que être heureux. Autant sa mort l'avait mis dans l'obscurité, la revoir vivante allait peut-être le ramener dans la lumière. Il y avait tout de même quelques problèmes à régler dorénavant, je ne pouvais être aux côtés du rêveur sans une discussion à son retour. Je tournais alors le dos à la fiancé de mon maître pour reprendre ma route, pendant ce laps de temps je livrais les informations à la Samui.

«  Il se trouve actuellement à Kumo, suivez le sentier tracé. Il loge dans une auberge, le nuage jaune si je me souviens bien.  Au revoir. »

Je fis quelques pas en avant pour ensuite m'arrêter à nouveau. Je n'en avais pas fini et je voulais qu'elle accepte ma requête, j'étais comme ça après tout. Je ne voulais pas que quelqu'un soit reconnaissant envers moi, autant la Samui que Kibo, je n'en voulais pas non. Je ne devais rien à personne et réciproquement, personne ne me devait rien.

«  Une dernière chose, je vous prie de ne pas dire à mon maître si vous le retrouvez que je vous ai indiqué le chemin à suivre. Il ne me doit rien et ne me devra rien à l'avenir, je préfère que ça reste comme cela. »

Cette fois-ci c'était la bonne, je repris la route. Le point d'arrivé était Suna après tout, j'avais tellement hâte de retrouver mon soleil accablant et la magnificence du sable.

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