Face à la mer, une silhouette sombre. Sa petite taille et ses formes laissaient comprendre qu’il s’agissait d’une femme. Son manteau sombre épousait les formes de son corps, appuyait la minceur de sa taille, dessinait une enveloppe svelte. Le vêtement s’arrêtait à hauteur des genoux. Le reste de sa tenue était un pantacourt de la même teinte, montrant la fin de ses fines jambes. Une bourrasque de vent suffit à faire choir son capuchon. Sa chevelure brune virevoltait au gré du vent jusqu’à retomber joliment sur le visage. Eden observait l’horizon, la vaste mer et les nombreuses îles de cet archipel. Après des années de ‘fugue’, elle était de retour sur la terre de ses ancêtres, de son clan. Elle se tenait là, sur les ruines de la majestueuse et dangereuse Kiri, les souvenirs se font nombreux mais lointains. La jeune femme se souvenait encore des luttes claniques, notamment avec les manieurs de glace Samui, rivaux de toujours des Kaguya. La contemplation d’Eden était une véritable méditation, elle grattait dans son passé, sollicitait sa mémoire pour se remémorer toute sorte de chose. Pour elle, ce retour en arrière était important pour la suite des évènements. Depuis le début de son voyage, Mizu no Kuni lui était apparu comme le point d’arrivée. Mais maintenant, elle voyait ce point comme le début de tout.

Et ce commencement se faisait ici, sur cette falaise surplombant l’immensité de l’océan et des terres de l’île. De son perchoir, Eden avait une vaste vu sur le ‘monde’. Mais cette même vision lui rappelait à quel point son but était lointain et dur d’accès. Reprendre Mizu avec ces confrères Kaguya … Reprendre la gouvernance là ou Tenzô l’avait laissé. Voilà ce qu’elle voulait ! Rendre à son clan ce qui leur revenait de droit. Bien sûr, qui dit Mizu, dit Samui. Durant son voyage, Eden avait demandé à rencontrer l’un de ses membres. C’est via son ami Takusanken qu’elle avait pu discuter avec un manieur de glace, Aokiji était son nom. Il lui était apparu comme fort honorable et bon. Peut-être lui l’était-il, mais il ne représentait pas les idéaux de son clan. Quand bien même elle lui accordait un minimum de crédit, elle n’était pas prête à en offrir aux autres porteurs de ce nom. Enfin … Pour le moment, la brunette ne pouvait trahir ses objectifs ! Et l’emblème qui ornait son front était bien trop représentatif de son clan. Deux orbes de sang trônaient sur sa peau, à la vue de tous pour montrait qui elle était, d’où elle venait, mais aussi les capacités qui étaient les siennes. Certes, elle en était fière, mais elle ne pouvait d’exposer. C’est pourquoi elle s’était armée d’un masque, ce dernier représentait un lapin … Une cachette comme une autre. Masque à main, Eden regardait l’horizon, elle voulait visiter les autres îles avant le ‘début de la fin’. Ainsi, elle le positionna sur son visage, l’attachant à l’arrière de sa tête avec une sorte de sangle. D’un geste délicat, la jeune femme hissa de nouveau son capuchon sur sa chevelure, la dissimulant complétement. Maintenant, elle aurait pu passer pour un enfant tant elle était petite et menue pour son âge.

Décidée, la Kaguya se baissa en avant, attrapant le rebord de la falaise. La tête baissée, elle laissa échapper une plainte de douleur alors que sa peau se déchirait, arrachant le tissu de son manteau. Sur ses omoplates poussaient des os. Ils se teintaient de son sang tout en s’allongeant encore, et encore sur plusieurs mètres. Ses protubérances prenaient la forme d’ailes. Ses ossements étaient liés par des morceaux de chair, telle une membrane. Les ailes d’os battaient légèrement sur le côté, comme si elle cherchait à se faire à ses nouveaux membres. Puis d’un coup de talon, elle se propulsa en avant et fut soulevée par ses ailes. Eden disparut dans la brume épaisse, emportée par ses ailes de liche.

***

« Elle est drôlement loin cette ile … » Se fit remarquer la jeune femme, en plein vol. Elle n’aurait su dire depuis combien de temps elle était partit, mais des heures surement ! Or, l’île convoitait lui été apparu comme très proche de son point de départ. Le brouillard – une véritable purée de pois – n’aidait pas tellement à se repérer et se diriger. Quelque part, la Kaguya regrettait de ne pas avoir pris le bateau … C’était plus sûr, et elle serait arrivé à destination sans encombre, ou presque ! Elle se souvenait de son premier et dernier voyage sur la mer, à base de nausée et de vomis. La jeune femme avait le mal de mer, ce n’était pas très glorieux pour une ex-Kirijin. Toujours est-il qu’avec cette brume, elle craignait de se prendre une tour ou un bâtiment assez haut … Elle finirait telle la colombe écrasée sur le mur de Fort-Fort-Lointain à l’arrivée de la Princesse Fiona et de son époux verdâtre. Peut-être avait-il aussi le mal de mer pour abordait cette couleur de peau … Je m’égare. Quoiqu’il en soit ! Au lieu d’arriver sur une ile de l’archipel, Eden avait tout bonnement atterri Yu No Kuni ! Le brouillard se faisait beaucoup moins dense, et le chakra plus rare. Tant et si bien qu’elle ne put contenir d’avantages ses ailes de dragon-liche. Les os tremblants de son effort, ils se désolidarisaient totalement, laissant la demoiselle tomber dans le vide.

Spoiler:

Le repos de l'esprit. C'est ce qu'il me fallait. Une chose utopique dans ce monde me détestant, prêt à tout afin de m'éliminer ? Peut-être, mais j'en avais cure. Une pause, un moment de paix, dans toute cette agitation du monde était un luxe qu'il fallait que je prenne afin de pouvoir gérer le Shôraizen de façon optimale. Je n'étais pas seul à être responsable d'une des sections, mais je n'avais pas encore trouvé tous les Aizuyake.

Je réfléchissais, dans une source chaude sauvage. Yu avait cet avantage indéniable sur les autres nations : les sources chaudes. Endroit de détente par excellence, j'étais plongé au cœur de la montagne solitaire, protéger du froid de l'hiver par l'eau chaude du cœur de la montagne. Le bruit d'une cascade brûlante, une cabane non loin. Des vacances ? C'était ce qui semblait. Trois jours, c'est tout ce que j'avais demandé. Le temps de souffler, et de reprendre des forces. Soixante-douze heures, très exactement, de vacance. En soixante-douze heures, le monde n'allait pas succomber...

Mais cette paix fragile et illusoire, ce temps de repos fut perturbé par un violent fracas. Une chose, tout droit venu des cieux, tomba dans l'eau. Une chute libre. Qu'est-ce que c'était ? Je l'ignorai. En tout les cas, la silhouette que j'avais un minimum aperçu était celle d'un enfant. Un enfant qui vole ? Où plutôt, un enfant shinobi qui vole. Probablement. En tous les cas, je pouvais aisément comprendre qu'elle ne remonterait pas à la surface. Pas sans aide...

Replongeant dans l'eau, je me dirigeais vers l'emplacement où j'avais vu le corps chuté. Récupérant le corps inconscient, je l'amenais à l'air libre, avant de faire une pause relativement longue en l'observant. Malgré moi, je n'avais pas pu m'empêcher de rester perplexe face à cette chose. Le corps frêle et enfantin d'une jeune femme à tête de lapin ? Derrière ce masque de fer, un petit sourire se dessina. Après tout, qui ne sourirai pas dans une situation pareille ?

Je l'amenais ensuite à l'intérieur de ma petite maisonnette de fortune. Allumant un simple feu, je lui hottais ses habits afin qu'elle n'attrape pas froid et qu'elle puis-ce se réchauffer. Je ne laissais sur elle que des sous-vêtements, ce qu'elle avait au-dessus chauffant désormais proche du feu.. Quant au masque, dites-vous ? Ce fut le même tarif. C'était une fille avec deux ronds sur son front, un signe relativement distinctif, mais point de cette partie du continent.

Quelques heures passèrent avant qu'elle n'ouvre les yeux. J'attendais, veillant patiemment sur une chaise, qu'elle ne se réveille. D'une simple voix métallique -mais calme- je lui disais.

« Reste calme... J'ignore ce qui t'est arrivé, mais tu es tombée soudainement du ciel. Tu as eu de la chance que l'eau a amortie t'a chute, et que je suis venue te récupérer. En temps normal, tu aurais pu mourir. »

Mon regard était posé sur elle. Relativement intense, comme si j'essayais de percevoir toute chose en elle.

« Mon nom est Seitô. Qui es-tu et que fais-tu ici ? »

Et plouf ! A la baille le lapinou ! Quelque part, elle avait eu de la chose ! Eden aurait pu atterrir sur la crête d’une montagne … Se retrouvant les os en miette. Même pour une Kaguya, ce genre de chose restait infernal et douloureux, fallait pas croire … Pire ! Sa chute aurait pu être amortit par du fumier ou quelque chose d’immonde dans ce genre. Bref ! C’était donc dans l’eau ! Dans sa chute, elle poussa un petit cri avant de disparaitre sous la surface. Les vagues n’eurent le temps de se calmer que la liche avait perdu connaissance. Cela avait été si rapide qu’elle n’aurait su distinguer l’eau brulante de la source thermale. Encore une fois, sa bonne étoile se manifestait et elle fut sauvée par un bon samaritain. Ou plutôt un inconnu qui se trouvait la part chance … Sans quoi, noyer le sac d’os ! Les morceaux osseux d’ailes venaient déjà d’atteindre le fond, laissant dans ce bassin naturel un restant de squelette plutôt glauque … Quant à la jeune femme, elle venait d’émerger de l’eau, pesant quinze kilo de plus que d’ordinaire. Décidemment, elle avait le chic pour se mettre dans des situations délicates.

***

Après quelques minutes ….Des heures dites-vous ? Vraiment !? Bon d’accord … Après quelques heures de sommeil forcé, la Brunette reprenait vie. Couchée, elle remuait légèrement et faisait la moue. Une agréable chaleur caressait sa peau de neige alors que le crépitement de flamme berçait son éveil. Instinctivement, elle porta son bras à son visage, le posant contre son front pour se cacher les yeux de la lumière. Enfin elle ouvrit les paupières, ne voyant rien qu’autre que de l’ombre. Un voile sombre se tenait encore devant ses iris de sang. Peu à peu, il se faisait moindre. Cependant, elle fut forcée de se lever d’un seul coup en entendant une voix. Une voix très étrange, masculine mais métallique, étouffée. Celle-ci lui demandait de rester calme. Facile à dire. Aussitôt, la Kaguya regardait en direction de la voix, voyant une silhouette – très certainement un homme – se tenir à quelques mètres, installé sur une chaise. Ce dernier expliquait alors la situation. Suite à sa chute, il l’avait récupéré au fond du bassin avant la noyade. « Ha … » Rétorqua-t-elle, un peu lamentablement. Il fallait dire que la situation l’était. C’était pathétique, elle avait un peu honte. « Merci alors … » Conclut-elle. Forcée de constatée qu’elle ne portait pas grand-chose, la jeune femme ramena ses jambes contre sa poitrine, les entourant de ses bras, se cachant à sa vue.

Pendant quelques instants, la jeune femme le quittait du regard pour observer le reste de la pièce. C’était une petite cabane de bois, très peu meublé mais tout de même chaude. Elle voyait ses vêtements et son masque sécher par du feu. Dans son observation, elle avait tendu l’oreille à ses paroles. Seito était son prénom, et tout naturellement il l’interrogea. Enfin la brunette posa les yeux vers lui. Elle resserra légèrement l’étreinte autour de ses jambes, laissant à nu le tatouage du Shoraizen qu’elle portait sur le poignet droit, sertit par la marque du renard. « Je m’appelle Eden. Tu vas peut-être soupçonner un mensonge, mais je me suis perdue. » Pour l’heure, il n’avait pas besoin de savoir qu’elle était Kaguya – même si l’emblème qu’elle portait été plutôt éloquent -. « J’étais sur l’île principale de Mizu et souhaitais me rendre sur les autres îles de l’archipel. La brume m’a pris en traite et amenée jusqu’ici. D’ailleurs, ou sommes-nous ? »

Un simple merci hésitant. Rien que ces mots me permettaient de comprendre que j'avais en face de moi un être ayant vécu bien loin des évènements récents. Je sentais une certaine méfiance venant d'elle, mais quoi de plus normal ? Après tout, elle était totalement dans l'inconnue, et j'aurai très bien pu être quelqu'un ayant des intentions mauvaises et mal placées. Le monde dans lequel nous vivions était un monde dangereux.

Observant la pièce, je reconnaissais là les caractéristiques d'une personne prudente. Certains ce serait précipité sur mes mots, et m'aurait observé de fond en comble pour essayer de trouver une réponse. Pas elle. Non, elle privilégiait l'analyse du lieu afin d'en tirer une hypothèse sur mes mots. C'était une bonne chose au fond, d'être quelqu'un d'observateur.

Mais mes yeux, eux n'avaient pas loupé la marque du Shôraizen sur son poignet droit. Elle était un membre de l'organisation, pourtant je n'avais pas eu le luxe d'étudier son dossier. Et si le nom d'Eden ne me revenait pas en tête, cela voulait simplement dire que ce registre n'existait pas. Elle portait le tatouage, mais elle était encore un fantôme...

Je me souvenais de cette discussion avec mon élève, Matawa. Et je ne connaissais personne d'autre ayant le pouvoir d'offrir une marque aussi sophistiquée et semblable à la mienne que celle que cette jeune femme avait sur elle. La question était de savoir : mais qui était-elle ? Eden, c'était sa réponse. Venant de Mizu no Kuni, ce qui correspondait avec les informations que mon élève m'avait donné. Étais-ce elle, la Kaguya indécise sur notre organisation ? C'était probable, mais mieux ne fallait-il pas faire de conclusion hâtive...

« Tu viens de loin, Eden. Nous sommes en plein dans les Montagnes de Yu no Kuni. J'ignore si c'est un miracle ou le destin qui t'est fait venir jusqu'à moi, mais cette marque sur ton poignet droit prouve que j'ai bien fait de te recueillir. »

Sans perdre un instant, je soulevais mon haut, dévoilant mon torse musclé, preuve d'un entraînement au Taïjutsu intensif, mais aussi la marque originelle du Shôraizen. La toute première qui fut apposer sur un corps humain. La mienne. Relâchant mon haut, je regardais ensuite Eden d'un air intense.

« Une seule personne est capable de reproduire cette marque à la perfection. Tu es une Kaguya, n'est-ce pas ? Et si mes informations sont bonnes, c'est un certain Hyô Matawa qui t'a donné notre protection. Je me trompe ? »

Je faisais une légère pause, et avant qu'elle ne me donne sa réponse, je disais :

« Mon nom est Sabakyô Seitô, Chef du Shôraizen. Le Tsugurike. »

Attendez … L’homme se prénommait Seitô … Et selon ses dires, ils étaient dans les montagnes de Yu no Kuni. D’ailleurs, il ajoutait que le destin devait l’avoir guidé jusqu’à lui. Le destin ? De quoi parlait-il ? Il terminait en disant avoir bien fait de la recueillir durant sa chute. A cette information, Eden fronça les sourcils. Elle se souvenait de ce que Matawa lui avait dit à son départ. Le Blondinet lui avait parlé de ce Pays, mais aussi d’un homme important répondant au nom de Sabakyo Seitô. Etait-ce Ce Seitô ? Ou était-ce simplement une coïncidence, un hasard ? Sauf que la Kaguya ne croyait pas vraiment au hasard, encore moins au destin ou toutes ces conneries sur l’avenir. Tout arrivait pour une raison précise, la jeune femme en était sûre ! Alors il se pourrait bien que cet homme soit le même que Matwa avait cité …. Il était également possible que ce Seito l’a connaisse. Le Hyô avait dû parler d’elle, comme d’une potentielle ‘victime’, enfin … Membre. Elle ne savait pas. Eden était indécise. Elle avait rencontré tellement de personne pour influencer son choix, ses objectifs. Peut-être cette rencontre saurait-elle éclairée son chemin.

Et toutes ses pensées se justifiaient quand l’homme souleva son vêtement, montrant le tatouage qu’il avait sur le buste, le même que le sien, que celui que le Hyô portait également sur le pectoraux. Pendant un court instant, la Kaguya baissait les yeux pour observer la marque, ne le regardant pas plus que nécessaire. Puis ses iris de sang retombaient sur son visage masqué. C’était bel et bien lui, le Seito Sabakyo dont elle devait se souvenir. Comme pour chasser d’avantage tout doute, le jeune homme l’interrogeait. Ou plutôt, lui demander d’approuver ce qu’il dévoilait, notamment son appartenance au clan Kaguya, mais aussi sa rencontre avec Matawa. La jeune femme ne put retenir un sourire taquin quand il ajouta : Donner notre protection. Depuis qu’elle portait ce tatouage, Eden avait très bien su se protéger toute seule, sans l’aide d’une quelconque personne ou entité pour la sortir de ses problèmes. Alors, moqueuse elle répondit. « Je me suis toujours débrouillée sans la protection ou bienveillance de quiconque. Mais disons que oui, tu tombes plutôt juste. » Quand il déclina totalement son nom, ainsi que sa fonction, la brunette le regardait. « Matawa m’a parlé de toi. Pour être plus correcte, il m’a dit de me souvenir de ton nom. T’es un homme dur à trouver à ce que j’ai cru comprendre … La brume de ma terre natale m’a portée jusqu’à toi. Quelle ironie …. A croire que Mizu souhaite encore soutenir les Kaguya dans leur quête personnelle. » La jeune femme eut un nouveau sourire, un peu plus franc cette fois-ci.

Pendant un instant, elle posait les yeux sur ses vêtements près du feu. D’un geste lent, Eden attrapa la couverture sur le paillasse et la lança sur Seito pour qu’elle tombe sur sa tête. « Caches toi les yeux le temps que j’me rhabille. » S’assurant qu’il ne voit rien, la jeune femme se leva en tremblotant un peu, elle attrapa ses vêtements maintenant secs et chauds pour les enfiler rapidement, hâtivement, en quête de chaleur et de confort. En même temps, elle demandait. « J’imagine que Matawa a dû te parler de notre rencontre pour que tu connaisses mon nom. A moins que tu saches tous les emblèmes de clans …. J’avoue que ton organisation m’intrigue pas mal. On m’a dit que votre marque pouvait m’attirer autant de problèmes que de solutions. Vous êtes si traqués que cela ? » Enfin, elle remit son manteau sur ses épaules, attachant les boutons jusqu’à hauteur de poitrine, il ne faisait plus froid au point de se couvrir totalement.

Elle prit un air moqueur avant d'annoncer clairement qu'elle s'était débrouillée depuis toujours sans l'aide de personne... Mais que je tombais à pic aujourd'hui. Je la regardais d'un air neutre, malgré le sourire se dessinant derrière mon masque. Elle parla ensuite d'une quête de Mizu, avec un sourire plus que franc. Une quête ? Je n'en avais pas connaissance... Soupirant, relativement amusée, je me laissais dire...

« Effectivement, je ne suis pas l'homme le plus facile a trouver... »

Avant de me prendre un drap sur la tête. Surpris, je faisais une rapide défense avec mes deux bras. Un réflexe de guerre que je n'avais pas perdu après toutes ses années. Me cacher les yeux pour qu'elle se rhabille ? Cet acte n'était pas vraiment nécessaire. Mon cœur balançait déjà pour quelqu'un... Ou plutôt quelqu'une. Tandis qu'elle s'habillait, mes pensées se dirigèrent vers l'Uma du Shôraizen. Que devenait-elle ? Elle connaissait cet endroit, elle savait que j'y étais pour reprendre des forces...

Puis, la jeune femme continua de me parler, tandis que mes pensées revinrent sur terre. Reprenant mes dires, elle me posa une question... Si nous étions si traqué que cela ? J'imagine oui...

« Nous cherchons à nous élever du système politique actuel. Les villages Shinobi ne sont plus ce qu'ils étaient... Ils ont perdu l'essence même de ce qu'ils étaient : des protecteurs. Shinobi n'est pas une obligation, mais c'est une conviction, une vocation. Cette liberté n'existe plus. Le système est trop rigide, il n'y a plus de sens. C'est dans cette idée de libération que le Shôraizen est né. »

Je posais ensuite mon regard sur elle

« Nous sommes ceux qui souhaitent nous rendre libres de notre passé. Nous pensons que nous pouvons devenir ce que nous souhaitons. Et c'est contre cette tyrannie qui nous enlève nos choix que nous nous battons. C'est pour ce monde ou les Ninjas et les Civils ne cohabitent plus mais vivent ensemble que j'ai décidé de me battre. Et c'est pour avoir refusé le fait que ma vie appartiennent à mon Kage que je suis un criminel. Ma liberté, ce fut mon crime. »

Je faisais silence pendant quelques minutes, avant de reprendre.

« Et toi, quel est ton but ? »

Seitô annonçait la couleur, parlant de l’objectif de son organisation, le Shoraizen. Il parlait de politique, ce dont elle se foutait pas mal en vérité. Eden n’appartenait à aucun village et la gouvernance de chaque lui passait complétement au-dessus de la tête. Malgré tout, la jeune femme était attentive. Le Chef masqué ajoutait que les villages ne sont plus ce qu’ils étaient. Ils s’étaient perdus avec le temps, n’ayant plus le même objectif : Celui de protéger. Tout laisser à croire qu’il voulait renverser le système pour revenir aux bases, aux fondamentaux. Eden avait comme un air de déjà-vu. Vous savez … Cette impression d’avoir déjà vécu cette scène sans trop de souvenir où et comment, encore moins avec qui. Sauf qu’ici, la Kaguya savait dire ou, comme et avec qui. Elle avait entendu cela au Pays du Feu, dans une auberge, une nuit, en compagnie d’un autre Déserteur. Peut-être se connaissaient-ils ? Peut-être … Mais l’aversion qu’il avait eu en voyant sa marque était éloquente. Il ne portait pas le Shoraizen dans son cœur, ou peut-être juste celui qui l’avait tatoué … Qui sait.

La suite fut bien plus à son gout. Maitre de leur choix, libre de suivre la voie qui leur plaisait le plus. C’était donc ça, le Shoraizen ? Une organisation qui prend les armes pour défendre cette même liberté ? La jeune femme pensait bien qu’il fallait se battre pour avoir ce que l’on voulait, le bien, le mal, de l’argent, de la gloire …. La liberté en faisait partit et elle la souhaitait. Cependant, elle ne se sentait pas vraiment libre, même sans appartenir à une nation, à une groupe, à une famille, elle ne connaissait pas ce sentiment. Elle était prisonnière de son objectif, de ses envies et de ses pensées. Mais tout ceci était une autre histoire. Dans tout ce qu’il disait, une phrase interpela Eden. « Et c'est pour avoir refusé le fait que ma vie appartiennent à mon Kage que je suis un criminel. Ma liberté, ce fut mon crime. ». Elle soupira et tira une chaise maintenant qu’elle était vêtue. S’installant dessus, la jeune femme croisa les bras et déposa son masque sur sa chevelure, n’attendant plus qu’à le tirer pour cacher ses traits. « Je n’ai connu que la rigueur et le danger de Kiri, certes pas très longtemps mais tout de même … Malgré sa chute, je ne me sens pas libre pour autant. Je ne le serai que lorsque que mon but sera accompli. » Pendant un court instant, la jeune femme repensait à son parcours, à ses rencontres, à une rencontre en particulier. Elle avait marqué son existence et l’aiderait sans doute à tracer la suite de son histoire. « Je cherche les membres de mon clan. Je cherche les Kaguya pour reformer une famille, une nation d’antan prestigieuse, maintenant quasi-morte. J’aimerai que cette nouvelle famille ne soit pas sous la coupe d’autres puissances, bridée par des envies et des combats qui ne la concernent pas. Mais plus j’y pense, plus j’avance, et plus cela me semble fou et utopique. »

Eden lâcha un petit soupir désemparé, elle était dans le flou. Dans un moment d’égarement, elle baissa la tête, posant le regard sur son poignet, imaginant la marque qu’il se trouvait sous les tissus. « On m’a dit que ta famille pouvait m’apporter des réponses et de l’aide … »

Je regardais Eden droit dans les yeux, tandis qu'elle s'installait sur une chaise déclarant qu'elle n'avait connu jusqu'ici que la rigueur et le danger de Kiri. Et malgré la destruction du village de la brume sanglante, elle ne se sentait pas libre. Je pouvais comprendre cela. Étant un Sabakyô, je n'avais connu dans mon enfance que douleur, peur, haine, pouvoir, souffrances, fuite, et mort. La crainte de voir ses proches mourir chaque minute, la peur de voir la mort vous prendre et de savoir ce qu'il adviendrait de vos proches... En soit, tout le malheur qu'une chasse à l'homme peut apporter.

J'écoutais ensuite attentivement son but, qu'elle me confiait avec un certain désespoir. Former une Nation indépendante et libre, hors des conflits qui ne la concernent pas. C'était, au fond, ce que nous cherchions aussi. Une nation libre et en paix, avec une armée qui protège cette paix. Et c'était aussi mon but. Avant ma mort, j'allais détruire ce monde et faire émerger une autre solution que celle des villages Ninjas. J'en fais le serment.

Mais au fond, ce qu'elle souhaitait, c'était des réponses. Des réponses pour savoir si, oui ou non, son rêve était réalisable. Savoir s'il était utopique et totalement fou... La regardant avec des yeux d'une intensité sans égale, je laissais entendre.

« Je ne prétends pas avoir la science infuse sur la vie, et le monde qui nous entoure, ni même à avoir toutes les solutions... Néanmoins, j'en possède une pour toi. Libre à toi d'y croire ou non, à cette vérité. »

Je m'avançais vers elle avant de prendre son poignet, et de dévoiler le tatouage du Shôraizen.

« Sais-tu pourquoi j'ai choisi ce symbole pour nous représenter ? »

Je la regardais, laissant un petit silence afin de laisser la perplexité l'envahir. Quel rapport entre ça et des réponses ? Elle allait le découvrir.

« Ce rond représente l'âme, et cette coupe, le corps. L'âme est composée de la volonté de l'Homme, c'est ce que l'on appelle communément la Puissance du Shinobi et forme un ensemble appartenant au Domaine Divin. Le corps lui, est composé essentiellement du Pouvoir du Shinobi, appartenant au Domaine Mortel. Cette croix, c'est l'expression de ce domaine Divin, de cette puissance sur la réalité. Tout cela grâce au pouvoir. C'est un équilibre fragile qu'il faut constamment entretenir, car si l'un des deux n'est pas suffisant... Alors la personne perd ce qu'il lui est essentiel : la liberté. »

Je parlais en repassant sur le symbole avec un seul doigt, d'une façon délicate, avant de lui relâcher le poignet.

« Pour être plus explicite, je pense que ton objectif est fou... Mais pas utopique. Tout est possible, tant que l'on y croit vraiment, et que l'on possède le pouvoir d'agir sur cette matière. Ces deux conditions sont requises afin de changer les choses. Et c'est sous ce point de vue que le Shôraizen fut créé. Chacun d'entre nous possède des aspirations différentes, un but différent, mais ils tendent tout au même endroit : vers un monde plus libre. Un monde où l'on choisit de devenir Ninjas afin de protéger ce qui nous est cher. Et bien que ce monde soit, pour le moment, très petit, je compte bien l'étendre un maximum avant de mourir. Que les villages Ninjas le veuillent, ou non, je me battrais pour ça s'il le faut. »

Je ne la lâchais pas du regard, observant jusqu'au plus profond de son être.

« Nous suivons tous les mêmes principes : Liberté, Loyauté, Volonté, Unicité, Perfectionnisme et Sacrifice. Mais je possède un pouvoir que personne d'autre ne possède. »

Je levais ma main, dévoilant la bague affichant le symbole du Serpent.

« En tant que Tsugurike, Dirigeant de ce Monde Libre, j'incarne le respect de ces principes. Mais en tant que Dokuja, Serpent du Shôraizen, j'ai le devoir de les transgresser afin de permettre aux autres de vivre sous la lumière. En enfilant cette bague, j'ai fait serment de tout sacrifier, jusqu'à l'humanité qu'il me reste, afin que d'autres puis-ce vivre dans cette paix. »

Je reposais ma main sur ma cuisse, avant de conclure.

« Nous avons un principe : le Sacrifice. Et un monde ne se créer pas sans sacrifice. Voilà la solution que je te propose. »