Et hop, une nouvelle mission! D'habitude j'étais plutôt content - hem! - parce que ça me permettait de gagner des Ryos. Mais maintenant que j'avais le Heaven's Night je ne savais plus trop quoi faire de l'argent que je gagnais à vrai dire. Bon bien sûr je n'allais pas m'en plaindre! C'était agréable d'être riche même si du coup les primes des contrats qu'on me confiait n'avaient plus la même saveur. Plus que ça, les missions représentaient surtout une perte de temps. D'un autre côté ça permettait d'affuter un peu plus mes sens et d'affiner mes capacités martiales. Au final il y avait autant de bons côtés que de mauvais donc bon... pourquoi pas hein?

Comme d'habitude c'était le gamin qui était venu m'apporter la missive qui expliquait de quoi il allait en retourner. Pas un mot de sa part ou presque. Il se contentait de son rôle de messager et c'était tant mieux! Pas envie de discuter avec lui, il me saoulait à force de me donner du travail! Je pris tout de même soin de lui lancer une pièce puisque je pouvais me le permettre. Non pour lui faire plaisir mais plutôt pour flatter mon égo! J'étais riche! Ha ouais, je vous l'ai déjà dit! Bon... Je décachetai le parchemin pour le déplier et lire l'ordre de mission qu'il renfermait:

Ordre de mission:

Couper des bras et des jambes? Non mais quel genre de psychopathe s'amusait à faire une chose pareille? Et dans un village sans défense en plus? Décidément j'étais toujours étonné par la nature humaine et ce que certains étaient capables de faire une fois que ce qui leur servait de cervelle avait grillé. Bon je n'étais pas un exemple de moralité mais tout de même: il y avait des limites! Si j'attrapais le ou les responsables, ils allaient passer un mauvais quart d'heure!

*Putain de barjots!* soupirai-je en m'allumant une clope.

Bon alors le deuxième point c'est que j'allais être accompagné d'un Saibogu! Et merde... J'appréciais Oniri voir même Not's ou Rantan mais la plupart de ces cinglés étaient... ben, cinglés justement! De vrais inventeurs fous qui mettaient plus la vie des autres en danger qu'ils la bonifiaient. Et en plus ils se prenaient pour des génies, bien enfermés dans leur espèce de laboratoire top-secret dont ils semblaient si fiers. Pathétique!

*Putain de barjots!* répétai-je à nouveau.

En plus je ne connaissais pas ce Yu et je ne pouvais qu'espérer qu'il ne faisait pas parti de ces lâches qui adoraient canarder à distance sans pour autant se mouiller au corps à corps. Quand ils étaient planqués, ils répondaient présents. Mais quand les choses se corsaient alors là il n'y avait plus personnes! Enfin bon ce n'est pas comme si j'avais le choix de toute façon! Les documents annexes contenaient l'heure de rendez-vous à la voie illusionnée et diverses informations sur les cadavres. Je pris donc mes affaires avant de quitter mon bar pour rejoindre mon coéquipier attitré pour cette triste enquête...

J'arrivai à peine un peu en avance! Hé ouais, depuis que j'avais arrêté de boire j'étais un peu plus ponctuel! Par contre je n'avais pas arrêté la drogue et quand je fus à une distance suffisante des murailles pour qu'une éventuelle odeur que je qualifierais d'incommodante ne parvienne aux gardes, je m'allumai l'un de mes précieux joints. Rien de mieux qu'une bonne mise en condition après de courir après des bouchers psychopathes!

Mon partenaire arriva finalement et du parvenir à la conclusion que j'étais bien son binôme puisqu'il s'approcha de moi. Et quand je pus discerner les détails de cette... chose j'ouvris la bouche de surprise! Il était vêtu d'une sorte de combinaison métallique qui, je le compris lorsqu'il fut à quelques mètres de moi, était en réalité ce qui lui servait de peau. Son visage était en partie masqué par un revêtement du même genre et s'il possédait des traits humains il tenait plus de la machine que du véritable être biologique.

*Mais quoiiiiiiiii... C'est quoi ce truc?*

Je le regardai finalement se planter devant moi et j'allongeai mon cou pour venir l'observer sous toutes les coutures, du moins celles qui étaient visibles.

- "Putain mais t'es quoi toi?" murmurai-je, toujours aussi surpris. "Pauvre vieux..."

Je tapotai avec une compassion que je n'avais que rarement l'épaule de la chose en tentant de rester neutre pour ne pas lui faire partager mon dégoût. Il devait avoir eu son lot de moqueries et autre et même si je brûlais d'envie de lui sortir des vannes je me retins néanmoins. Fallait pas abuser non plus!

- "Si le délit de sale gueule était puni de mort, tu serais déjà plus de ce monde!" fis-je pour détendre l'atmosphère sur le ton de la plaisanterie.

Ha merde, on avait dit pas de remarques désobligeantes! Rhaaa c'était tout moi ça! Pas de tact! Faudrait que je travaille là-dessus un jour ou l'autre... ou pas!

- "Bon ben moi c'est Shinji!" fis-je en lui tendant la main après une courte hésitation. "Et toi ben tu es... Yu, donc?"

Et dire que j'allais devoir traquer des criminels avec ce bidule! Bon ben au moins ça changeait. Et moi qui pensait que j'allais m'ennuyer...

Je savais qu’il me fallait faire preuve d’intégration. Je n’avais rejoins le village de Suna que depuis peu mais je percevais déjà les premiers soupçons. En effet, les gens n’étant pas dupes, ils voyaient clairement que quelque chose clochait chez moi. Sur ma carrure robotique il s’interrogeait et je les voyais conspirer dans mon dos, chuchoter lorsque je passais la rue. Au fond, cela ne me dérangeait pas plus que ça de me faire traiter en paria. Au moins j’échappais à toutes les cérémonie socialement acceptables comme se saluer lorsque l’on va acheter à manger. En guise de bonjour ou de bonsoir, j’obtenais ainsi généralement un regard effaré qui me faisait sourire.

Ce jour-là, je m’étais réveillé avec la ferme intention de faire de ma journée un outil afin de me rapprocher des instances du village. Il me fallait me faire remarquer. J’avais besoin que là-haut, on remarque les prouesses d’un nouveau venu. Il fallait que les dirigeants s’étonnent de ce ninja jusque là inconnu qui s’est mis à enchainer les missions. Mais comme toute chose faite correctement, il me fallait y aller en ascendant. Ne pas perturber l’équilibre du village par des missions de rang S réussies à la suite. Il me fallait commencer petit pour finir grand. C’est dans cette optique de réflexion que je me rendis au bureau du Kazekage. Sur le chemin, j’avais pris soin de camoufler mon accoutrement de robot par un sort de métamorphose classique. J’arborais ainsi le visage de celui qui figurait sur mes papiers, la combinaison robotique en moins. Quelques minutes après, je sortis du bureau avec mon ordre de mission, l’une des secrétaires de la grande maitresse du village s’était chargée de me le communiquer.

Je le lus rapidement les grandes lignes du parchemin que je tenais entre les mains et je me rendis compte qu’au fond, il y avait plus fou que moi sur cette terre. Néanmoins, ce modus operandi dans le meurtre me rappelait cruellement l’un de mes anciens compagnons. J’espérais ainsi en secret que le bougre n’ait pas été suffisamment stupide pour se lancer dans une Vendetta contre de pauvres civiles. Certes nous tuions des gens mais nous ne le faisions pas juste parce que cela était plaisant. Ou du moins je ne le faisais pas.

*Goren, j’espère que ce n’est pas toi…*

Une insulte résonna dans ma tête. Le golem de pierre me manquait et ne plus l’avoir à mes côtés me pesait. Je me sentais plus vulnérable, moins en phase avec mon environnement. Car si le monstre de muscle avait été pour moi autant un mentor que l’avait été Shord, j’avais entretenue avec lui une relation plus forte, plus longue et plus profonde. Je lisais ainsi dans Goren comme dans un livre ouvert et lui-même connaissait tous les secrets de mon âme pervertie…
Je fis route vers la voie illusionnée puisque c’était là que je devais rencontrer mon coéquipier. Car oui, dans les villages, les choses n’avaient pas changé concernant les missions. On devait toujours faire équipe avec un tiers pour permettre aux ninjas de progresser dans leur jeu d’équipe. Et je me retrouvais avec un certain Akuzu Shinji dont je n’avais jamais entendu parler. Cela promettait d’être intéressant.

J’arrivai finalement à destination. Le jeune homme m’attendait. A vrai dire, il avait plus le physique d’un malfrat ou d’une petite frappe que celui d’un ninja propre sur lui. Ce détail ne manqua pas de me plaire et d’installer déjà chez moi un sentiment de quiétude. Au moins, je n’aurais pas à me cacher. Avant qu’il ne se retourne donc, je coupais le sort de métamorphose et reprenais ma forme de cyborg. Il me vit et le regard effaré que je connaissais tant s’imprima sur son visage. Il resta quelques secondes muet avant de se rapprocher de s’exprimer en onomatopées. Moins imposant que son costume et sa stature, son caractère relevait plus de l’enfant attardé que du criminel endurci. Il fit une blague tout en me touchant l’épaule. Je suivis le mouvement de sa main avec la tête comme pour le mettre en garde dans son action : on ne me touche pas. Pas fraternellement en tout cas. J’étais différent mais j’étais toujours un homme.

Je ne répondis rien à sa blague de seconde zone, je me contentais de le fixer du regard. De plonger mes pupilles dans les siennes et d’essayer de le sonder. Il se présenta comme tout homme poli est sensé le faire et me demanda si j’étais bel et bien celui qu’il pensait que j’étais.

« Effectivement, je suis Yu. »

Je marchai près de lui et le dépassais de quelques pas.

« Nous devrions nous mettre en route, on a du pain sur la planche. »

Je ne l’attendis pas. Je continuai sur le sentier dans la direction du petit village de Kaze. Un sentiment étrange me faisais penser que la mission serait d’un goût plutôt intéressant.

Ok! L'humour, ce truc ne le connaissait pas. Il avait tout simplement ignoré ma blague et semblait déterminé à remplir cette mission dans les plus brefs délais. Pour preuve, la chose s'était mise en route et prenait déjà de l'avance sur moi! J'espérais qu'il n'était pas aussi infatigable qu'une machine conventionnelle et que je n'aurais ainsi pas à galérer pour suivre le rythme qu'il allait immanquablement m'imposer. Le village que nous devions rejoindre n'était pas le plus éloigné de Suna mais se situait tout de même à quelques heures de marche.

J'observai un instant mon coéquipier s'éloigner tout en tirant une longue taf sur mon joint avant de hausser les épaules et lui emboîter le pas. Bon et bien de toute façon je n'avais pas vraiment le choix hein? Je le rejoignis rapidement en allongeant mes jambes pour me porter à nouveau à sa hauteur avant de calquer mes pas sur les siens. Je n'arrivais cependant pas à détacher mon regard de ce corps qui semblait bel et bien artificiel comme si j'avais peur qu'il m'explose à la figure. Avec les Saibogu on ne savait jamais. Ils étaient capables de construire de vrais chefs d’œuvres comme des prototypes foireux. Celui-là semblait tout de même plutôt bien foutu puisqu'il arrivait même à parler! C'était toujours ça de pris...

*Est-ce que c'est une machine avec une tronche humaine ou une tronche humaine avec un corps de machine?* me questionnai-je longuement en terminant mon pétard. *That's the question!*

Cette question me hanta un bon moment jusqu'à ce que je me décide à rouler une seconde pseudo-cigarette près de deux heures plus tard. Marcher sous ce soleil de plomb en plein désert était un exercice plutôt difficile même si j'avais élargis la plante de mes pieds pour éviter de m'enfoncer dans le sable. Bon par contre ça cramait ces petits grains! Mais on s'y habituait assez vite à condition de ne pas poser le pied trop longtemps au même endroit. Quoi qu'il en soit on progressait plutôt bien et il était peut-être temps de parler de la façon de mener au mieux notre mission.

- "Bon ben je suppose que tu as du lire l'ordre de mission hein? Tu sais lire en fait?" questionnai-je pour lancer la discussion. "Enfin bref on s'en fout! Donc bon on nous recommande d'user d'un appât pour attirer ces... heu... bouchers! Alors bon je veux pas te vexer hein? Mais avec ta dégaine et ton apparence tu donnes pas vraiment envie! Vu leur manie de découper en morceau tout ce qui passe, ils préféreront sûrement un bon steak comme moi qu'un tas de boulons comme toi! C'est plus chiant de démembrer un truc comme toi, quoi..."

C'était un peu dire de s'exprimer sans réellement savoir à qui - ou quoi - je m'adressais à vrai dire... Mais bon il fallait bien commencer quelque part et puis avec le temps j'en apprendrais sûrement plus sur cette chose. Pour l'instant je le classais entre les machines et l'humain et je crois que ça lui correspondait assez bien. Faudrait que je lui trouve un surnom, tiens! Mais bon ce n'était peut-être pas le moment. Ce qui me ramenait à notre petite affaire:

- "Alors bon vu que je suis un Akuzu et puis plutôt beau gosse en plus, ce qui n'enlève rien à la chose évidemment, je propose de jouer l'appât! S'ils essaient de me découper ils vont vite comprendre que je suis plutôt.. bah... mou! Du coup mon élasticité me conférera un avantage au cas-où on en arriverait à la partie on te coupe les bras et les jambes parce qu'on est méchants! T'en penses quoi?"

Ha bah tiens, ça me faisait penser à un truc qui me turlupinait depuis le départ. Et puis on était lancé sur le sujet des membres malléables il était peut-être temps d'obtenir des infos sur certains points importants pour la suite de notre coopération:

- "Et puisqu'on en est à parler d'élasticité j'ai une petite question à te poser. Du genre personnelle! Mettons que tu sois un homme d'accord?" commençai-je entre deux tafs sur mon joint. "Ben je me demandais en fait comment tu faisais pour... bah, tu vois quoi... tremper le biscuit! T'as aussi un zgeg en métal? Raconte-moi tout! C'est pas comme si on avait autre chose à faire de toute façon hein? Et puis j'aime bien les mélodrames, ça me détend!"

Je l'observai en attendant sa réponse tout en continuant de me droguer à grands renforts de tafs, curieux de connaître le fin mot de l'histoire...

Nous marchâmes longuement avant que l’un de nous deux ne se décide à détruire le silence qui s’était installé. Je n’avais pas eu la prétention de le faire, étant autrement plus concentré sur la manière de garder mes rouages à l’abri du sable qui s’infiltrait absolument partout. C’était donc mon compagnon du jour, Shinji, qui prit la peine de remettre la conversation sur les rails et cela après plus de quelques heures de marche dans le silence. Je tournai ainsi la tête tout en marchant, je le regardais fumer son joint comme je n’avais pas aucun souci avec la dite drogue et pénétrais son esprit par le biais de son regard.

« Oui je sais lire… »

Il continua sans vraiment prendre en compte ma réponse à sa question. Il avait une manière de s’exprimer assez amusante mais je m’arrêtais surtout à l’étalage d’analyse qu’il faisait de notre situation pour la mission. Sans dire qu’il était futé, je dirais qu’il n’était pas con. Il avait su tirer un profit certains des petites lignes du parchemin pour mettre en place une stratégie. Et quand bien même il ponctuait chacune de ses phrases par une horripilante plaisanterie, je ne lui en tenais pas rigueur.

« Tu as clairement raison. Mais un appât trop bavard comme toi… »

Je ne terminai pas ma phrase, je n’en voyais pas l’utilité. Le jeune homme m’avait compris et même s’il semblait parti dans d’autres réflexion, il avait clairement compris que je ne me laisserais pas marcher sur les pieds par un ninja de seconde zone. Néanmoins, sans trop m’attarder sur mon ressenti, je dois avouer que je ressentais comme une singulière camaraderie pour ce petit voyou. Il rassemblait dans son attitude les calambours de Goren et son côté je-m’en-foutiste. C’était assez agréable de l’écouter palabrer des âneries. Il s’attarda sur la question que tout le monde se posait : comment était mon sexe. Car oui, si mon corps était fait de métal, mon sexe devait l’être aussi. Je souris tout en regardant au loin et, continuant la cadence de ma marche, pris un ton amical pour une fois.

« Mon sexe est humain. Il n’est pas recouvert de la même matière que mon corps. Néanmoins je suis capable de faire certaines choses que l’homme moyen est incapable d’exécuter. Si tu vois où je veux en venir. »

Je me prêtais à la blague comme un simple ninja en discussion avec son collègue. Car c’était aussi ça l’intégration dans un village et faire profil bas. Si les membres de ce village m’appréciaient, je gagnais un atout de taille, une crédibilité. Je savais donc que leur soutien me serait utile un jour où l’autre. Je décidai donc de laisser de côté mon caractère noir inaccessible et de me concentrer sur la mission et les bonnes relations possibles entre moi et mon compagnon du moment.

« Tu dois comprendre qu’avant d’être une machine j’étais un homme normal. Un peu moins mal foutu que toi au niveau du faciès mais tout de même un homme normal. Un combat trop difficile à gagner et je me retrouvais ainsi. »

Tout en parlant, j’activai le mécanisme de masque sur mon visage. Ce dernier libéra une bonne partie de ce qui se trouvait au dessus de mon cou pour que mon compagnon puisse admirer de lui-même les ravages du temps technologique sur mon pauvre faciès. Mes cheveux gris tombaient sur mes oreilles et mes yeux bleus, dont l’un était pourvu d’une cicatrice, perçaient l’horizon. Je demeurais ainsi jusqu’à ce que le silence s’installe à nouveau.
« Toi, tu n’as pas le physique d’un shinobi ordinaire. Hormis ta dégaine de pingouin, il y a autre chose que je devrais savoir sur toi ? »

Je lui laissais le plaisir de répondre. Je ne l’écoutais qu’à moitié mais tout de même, je prenais soin de ne pas le laisser voir mon désintérêt. Fort heureusement, peu après sa réaction verbale, le village apparut à l’horizon. Il ne nous restait plus que quelques dizaines de minutes avant de l’atteindre et cela me remplissait d’un contentement inédit.

« Le village est là… On va arriver. Normalement j’ai l’habitude de prendre les choses en main. Mais comme tu peux le voir je suis un peu rouillé, je te laisse l’initiative. Que veux-tu que nous fassions ? »

Finalement on risquait de bien s'entendre lui et moi. Nous n'avions peut-être pas le même sens de l'humour et il semblait qu'il avait une avance considérable ce que les gens se plaisaient à appeler sobrement maturité. Mais il était plutôt amusant dans son genre et n'était pas aussi renfermé que ce que j'avais pensé de prime abord. Et même s'il m'avait fait comprendre que je parlais beaucoup voir peut-être trop, il n'en restait pas moins qu'il n'était pas incisif comme certaines personnes. Et j'appréciais les gens - ou les machines - qui savaient attendre avant de juger. Ce qui était paradoxal car ce n'était clairement pas mon cas...

J'écoutai ensuite les explications sur sa virilité et me fendit d'un sourire lorsqu'il me dit que cette dernière était bien faite de chair et non de métal avant d'ajouter qu'il était capable de faire des choses que l'homme moyen était incapable d'exécuter. Il me demanda si je voyais où il voulait en venir et je hochai d'abord positivement la tête en plaçant un vague "ouais!" avant de me rendre compte ce que ce n'était pas du tout le cas. Le mouvement vertical de mon crâne vira donc à l'horizontale pour lui faire remarquer mon ignorance à ce sujet.

- "Non en fait pas du tout! Mais ma curiosité est d’ors et déjà satisfaite alors on peut très bien passer sur tes facultés sexuelles... Qui sait, peut-être qu'un jour on ira au bordel ensemble et que j'en apprendrai plus!"

Bah vu son corps je supposais qu'il n'avait pas vraiment d'autre choix, le pauvre. Quelle demoiselle accepterait de coucher avec un type à moitié - voir plus - robot? Sûrement une Saibogu ou alors une prostituée. Je ne voyais pas d'autres options même si les voies de l'amour ou plus simplement du désir étaient souvent impénétrables. N'avais-je pas réussi à entretenir une relation avec Yami alors que tout nous opposait?

Yu m'expliqua ensuite qu'il n'avait pas toujours été ainsi et avait été un humain disons... conventionnel avant de posséder ce semblant de corps. Là il réussit à capter mon attention et je me mis à imaginer quelle sorte d'adversaire avait pu le mettre dans un état pareil. Après tout il m'avait laissé comprendre à demi-mot que le reste de son corps était bien recouvert de la même matière que les parties visibles de son anatomie. Ainsi donc il avait sûrement dû être sacrément amoché. D'un autre côté je me demandais quel genre de psychopathe avait pu garder son visage intact ainsi que son sexe. Je comprenais l'utilité de la première - lui laisser une certaine humanité - mais quant à la seconde... Ha mais c'est vrai, c'était un Saibogu! Faut jamais trop chercher avec ces gens-là...

Il dévoila ensuite la partie au-delà de son cou pour me laisser le loisir d'admirer comme s'il avait compris que ma curiosité à son sujet n'était guère assouvie. Ce que je fis avec un air sceptique jusqu'à en oublier de relever la petite vanne qu'il venait de me lancer sur mon visage. De toute façon c'était de bonne guerre et puis j'avais été le premier à lui lancer des piques. On ne s'hasardait pas sur ce terrain sans être prêt à en recevoir en retour. Je l'aimais bien ce type même s'il restait une énigme...

- "Ok je comprends mieux..." glissai-je en mentant. "C'est plutôt bien foutu, ton truc!"

Je n'y comprenais rien à la mécanique et encore moins à celle des Saibogu. Mais je me doutais bien qu'il était une sorte de prouesse technologique et sûrement quelqu'un d'important pour avoir mérité l'honneur d'être sauvé de cette manière. Difficile d'évaluer la puissance de ce type mais quelque chose me disait qu'il était sûrement plus doué que moi. Ce qui n'allait certainement pas modifier mon comportement. Je n'étais pas du genre à m'écraser devant les puissants. Enfin il y avait bien Zanshi tout compte fait mais elle c'était ma Senseï et accessoirement la Kage. Deux bonnes raisons de ne pas faire le mariole avec elle...

Yu enchaîna en me demandant si à part ma démarche de pingouin il y avait quelque chose à savoir sur moi. Il y en avait des tas en fait. Le fait que je sois justement membre des Bushidans, que je possède un bar ou un réseau d'informateurs juvéniles par exemple. Mais on ne confie pas ce genre de choses à une "personne" que l'on venait à peine de rencontrer pas vrai? Je lui décocha donc un sourire espiègle avant de formuler une réponse:

- "Ouais, j'ai été Mister Suna et je suis le futur Kage!" glissai-je avec une forme de sérieux tout en haussant les épaules. "Sinon rien de bien passionnant j'en ai bien peur. Par ailleurs je n'ai aucune idée de ce que peut bien être un pingouin..."

Nous arrivâmes finalement arrivés en vue du village et si les premières heures avaient été plus longuettes les dernières minutes s'étaient écoulées rapidement. Comme quoi une discussion passionnante pouvait souvent vous faire oublier les affres d'un voyage dans le désert. Yu me signala alors qu'il aimait bien prendre les décisions en temps normal mais qu'il était un peu rouillé et qu'il me laissait donc l'initiative quant à la marche à suivre, me demandant comment je souhaitais appréhender le problème. Chouette, j'avais déjà une idée en tête de toute façon!

- "On va commencer par aller au bar histoire de trouver de la drogue et la consommer aux yeux de tous! Enfin moi, pas toi! Il n'y a pas de meilleurs endroits pour s'afficher dans un village comme celui-là! On ne tardera pas à me repérer et considérer que je suis une cible facile. Ce qui est précisément ce que l'on souhaite pas vrai?" m'amusai-je en tournant le regard vers lui. "Toi tu te chargeras de veiller à ma sécurité tout en gardant un oeil sur les personnes qui semblent s'intéresser à moi, d'accord?"

Je fis quelques pas avant de m'arrêter et me retourner avec une expression ennuyée sur le visage. Comment dire...

- "Heu... en fait tu y as sûrement déjà songé mais ce serait pas mal que tu te métamorphoses en quelque chose de moins... voyant? Le but c'est de les attirer, pas de les faire fuir pas vrai?"

Oui enfin je plaisantais comme le laissait suggérer mon ton. Mais qu'à moitié... On décida ensuite de se séparer pour arriver chacun à notre tour et depuis des directions différentes dans le village. Il ferait un détour pour arriver à l'opposé tandis que j'allais directement rejoindre la bourgade. Je n'étais pas une machine, moi! Et puis j'étais pied nu et je n'avais pas envie de marcher plus que nécessaire sur le sable. On se retrouverait au bar et nous ignorerions jusqu'à la nuit et le moment où je quitterais l'établissement pour rejoindre les rues désertes. Et avec un peu de chance ce ou ces bouchers me tomberaient dessus pour exercer leur forme particulière de talent. En espérant que je sois à leur goût...

Je pris l'apparence d'un homme banal à mon tour, semblable à celle des photos de cadavres. Le genre de type bien en chair qui était susceptible d'intéresser les enfoirés responsables de ces boucheries. Je me dirigeai donc vers le village et l'atteignit une poignée de minutes plus tard. Le jeu commençait...

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Lorsque Yu entra à son tour dans le bar où je me trouvais depuis une vingtaine de minutes je lui adressai le même regard curieux que la majorité des clients avant de m'en désintéresser. J'étais attablé avec plusieurs personnes peu recommandables et je n'avais guère eu de peine à trouver les types qui étaient le moins recommandable. Ceux qui parlaient les plus forts, qui avaient le regard vitreux et une grande envie de se faire payer des verres. J'avais sacrifié quelques ryos pour sympathiser et leur offrir une tournée. Suffisant pour me faire accepter...

J'étais à présent en train de consommer un nouveau pétard extrêmement chargé en herbe après avoir tiré plusieurs lignes en leur compagnie et je commençais à perdre pied, m'échapper de la réalité. Il n'y avait plus qu'à espérer que Yu était attentif pour deux et qu'il ne me laisserait pas capturer voir pire sans réagir lorsqu'il serait temps de passer à l'action. Je n'aimais pas remettre ma vie entre les mains d'une personne que je connaissais pas mais je n'avais pas vraiment le choix...

Rythmées par la drogue, les filles ou la débauche, les heures commencèrent à s'écouler. Ponctuées de temps à autre par de violents vomissements lorsque j'ingurgitais de l'alcool en oubliant que le sceau que je m'étais apposé m'empêchait d'en consommer. Et maintenant?

Rien ne me surprit dans la réponse du Sunajin. Curieusement, je m’attendais assez à ce genre de réplique et l’entendre parler de drogue, de bars et protection dans la même phrase me fit presque sourire. Il était prévisible mais sympathique. Je l’écoutais tandis qu’il m’exposait intelligemment comment il voyait les choses. Dans un sens, son raisonnement se tenait et si on partageait sa logique, il avait effectivement raison d’user de ses vices cachés au bon profit de la mission. D’ailleurs, n’ayant aucun problème avec la drogue, le tabac ou l’alcool, je ne trouvais rien à redire à sa suggestion.

« Oui ça me va… »

Il acquiesça puis prit les avants de la marche. Mais il se retourna bien vite de nouveau et me lança un conseil avisé, celui de cacher ma difformité corporelle. Il avait raison et je l’avais déjà prévu. Avant qu’il ne puisse émettre la moindre autre parole, je fis un signe incantatoire et mon corps de fer et d’acier se mua en une jolie rousse aux yeux verts en combinaison en cuir. Ni trop voyante, ni trop laide, j’étais sûre de me faire draguer en entrant dans le bar, mais cela avait toujours été ma couverture de prédilection.

« J’y avais déjà pensé, mais il est vrai que je gagnerais plus à le faire dès maintenant. »

De mon nouveau visage j’émis un léger sourire du coin des lèvres avant de continuer à progresser aux côtés de mon compagnon du jour. Mais avant que nous ne soyons trop près du village, je l’arrêtai net. Il fallait que nous mettions au point un dernier détail.

« Nous ne pouvons pas arriver au même moment. Si le ou les bouchers surveillent les entrées, nous serons facilement repérés. Je vais faire le tour et prendre celle qui pointe, là-bas ».

Ma voix féminine s’était élevée doucement et je commençais déjà à marcher. Peu de temps après, je ne voyais déjà plus mon compagnon du désert. J’arrivais à l’entrée du village et constatais avec bonne humeur qu’il n’y avait aucun garde. Au moins je n’aurais pas de problème pour me déplacer en son sein.

Je fis longtemps le tour des rues avant de me décider à entrer dans le fameux bar. J’avais pris soin d’étudier les rues avoisinantes et de me faire un petit schéma mental de la ville. De son côté Ouest et de son côté Nord. Je savais qu’en cas de course poursuite, c’était celui qui connaissait et maitrisait le mieux son environnement qui s’échappait ou rattrapait l’autre. J’en avais déjà fais l’expérience.

Lorsque je poussais la porte de l’établissement, je pus constater, comme je l’avais prévu, que ma posture élancée et mes cheveux flamboyants attiraient les regards de certains hommes. Je m’arrêtais devant l’entrée et balayais moi-même la pièce des yeux, cherchant tout d’abord mon compagnon. Puis je me souvenu qu’il avait aussi pris soin de modifier son apparence avant d’entrer dans le village. Je repérai alors ce dernier sous sa forme modifiée. Il était assis à la table d’un groupe de jeunes bandits de villages. Ou s’ils ne l’étaient pas, ils en avaient l’air. Je me contentais pour ma part de raser le mur à côté de moi et de me trouver une place en fond de taverne d’où j’avais à la fois une parfaite vue sur l’ensemble de la salle et sur l’entrée.

Le temps commença à passer : environ vingt minutes. Mon compagnon prenait soin de s’intégrer à son groupe mais surtout de faire comme s’il était le plus vulnérable de la bande. Un appât parfait de toute évidence. Néanmoins, l’idée qu’il soit accompagné ne me plaisait guère. Certes s’il avait été seul, le ou les bouchers auraient peut-être crus à un piège, mais là on risquait de se frotter à leur sens de la prudence.

Toujours est-il que je ne demeurais pas dans l’ennui de la contemplation des vices de mon compagnon bien longtemps. Au bout de la première heure, un homme s’assit à ma table sans que je ne le voie arriver.

«Bonsoir jeune fille, puis-je me permettre de prendre un peu de votre temps ? »

Je tournai la tête brusquement tout en prenant soin de ne pas trop lâcher Akuzu du regard. Ce dernier avait la face abominable des êtres malaimés de ce monde et qui, tout le temps, demandaient à de parfaits inconnus de l’affection qu’ils auraient en trop. Mais là, je n’avais pas le temps, ni pour l’homosexualité, ni pour la tendresse. Je posais une main sur sa bouche et sans trop réfléchir, lui plantais un Kunaï dans la cuisse. Il cria sous le joug de ma main mais rien ne se fit entendre. Je déversais alors de ma paume une quantité importante de chakra Raiton ce qui eut pour effet, en plus de lui faire souffrir le martyre, de l’immobiliser et de lui faire perdre connaissance. Le pauvre garda les yeux ouverts mais vitreux et demeura dressé sur sa chaise. Quant à moi mon regard se reporta sur mon Akuzu.

Il vomissait des litres et des litres mais cela n’avait pas l’air de déranger son environnement. Surement trop habitués à ce genre de comportement, les locaux devaient se dire qu’ils s’occuperaient de cela une fois le matin venu. Mais en moi, j’avais l’impression que mon compagnon n’était pas dans son assiette. Il avait beaucoup fumée ce que je ne pensais pas être de simples cigarettes et voilà qu’il vomissait. Était-il véritablement apte à exécuter une mission ? Je me perdis dans mes réflexions à son propos et je ne remarquai même pas l’homme vêtu de noir et encapuchonné qui trainait mon compagnon vers la sortie comme s’il voulait lui faire prendre l’air. Trop de bonté chez un homme pareillement vêtu, me dis-je. Instinctivement je me levai et pris le chemin de la porte. Un homme s’interposa alors entre moi et celle-ci.

« Salut bébé, on t’as déjà dit que t’étais très bonne ? »

L’homme faisait bien deux mètre de longueur et presque la moitié en largeur. Si je n’avais été qu’une simple jeune fille, je me serais faite violée dans les toilettes de cet établissement par cette brute épaisse. Mais j’étais tout de même plus forte que cela. Et puis je n’étais pas une femme. Pas en réalité du moins. Il était temps de laisser un peu mon ancien moi se réveiller.

"Seulement bonne?"

Mes yeux changèrent d’expression dans leur regard et mes lèvres se fermèrent de leur surprise passée. J’attrapai une chaise et la brisais sur mon genou, créant un bâton de bois tranchant sur la fin. En une seconde, je passai derrière le malabar qui tomba à terre, le torse emplit du sang d’une grosse coupure que je venais de lui administrer. Je laissais le bâton sur le sol et ouvris la porte sous quelques regards alcoolisés.

Malheureusement, une fois dehors, je regardais à gauche, puis à droite, je ne trouvais aucune trace de mon compagnon. *Eh merdre* me dis-je. Qu’allais-je faire maintenant ?

La nuit était tombée et je ne m'en étais même pas rendu compte! Je n'avais pas non plus fais attention au fait que les client s'en allaient les uns après les autres pour retrouver leur foyer et la quiétude du sommeil. Ma tablée ne faisait pas exception et la bande de voyous, drogués et autres personnes peu recommandables du village s'était peu à peu éclaircie pour me laisser seul avec un type qui s'était incrusté en cours de soirée. Sympathique mais sûrement un peu trop. Je connaissais bien les milieux louches pour les avoir fréquentés pendant presque un tiers de mon existence. Et si j'avais eu les idées claires je n'aurais certainement pas accordé ma confiance et une personne comme celle-ci. Seulement voilà mon esprit était complètement embrumé par la quantité astronomique de drogues que j'avais ingurgitées...

- "Ouais, comme j'te l'dis mon pote!" repris-je après avoir tiré une longue taf. "Les chamelles c'est les pires! Mais bon ça c'est les femelles en général hein? Toutes espèces confondues... Les mâles sont sympathiques à côté, ça y'a pas à dire! Et quand on sait qu'ils ont quand même un caractère de merde..."
- "Passionnant!" s'intéressa l'autre avec un ton qui trahissait pourtant une patience mise à rude épreuve. "Et les dromadaires? C'est pareil pour eux?"
- "Ha non non non! Les dromadaires sont plus cool et puis surtout z'ont qu'une seule bosse! On dirait pas comme ça mais ça fait toute la différence! 'Sont moins endurants, moins beaux, moins bossus quoi..." expliquai-je en prenant mon rôle de professeur totalement à coeur. "C'est un peu comme nous, les hommes! Tu peux très bien vivre avec une seule boule mais bon, deux c'est mieux! Ben là c'est pareil! Du coup bah les dromadaires ils aiment pas les chameaux! La jalousie, tu comprends? Mais ils le reconnaitront jamais parce qu'ils sont trop fiers et puis surtout parce qu'ils parlent pas la même langue. C'est important, ça, de parler la même langue! Sinon bah... Comment tu captes ce qu'on te dit, hein?"

Je partis dans une longue crise de rire totalement niaise sans vraiment savoir pourquoi. Le tout avant de reprendre une gorgée de bière que je dégueulai presque immédiatement sur le sol à mes côtés. Ouais parce que le tenancier en avait eu marre de me voir asperger son sol ce que je pouvais comprendre. Moi aussi j'en avais ras-le-bol de vomir! Foutu sceau! Qu'est-ce qui m'avait pris déjà de me l'apposer? Ha oui c'est vrai, j'étais en pleine tentative pour arrêter de boire. Le résultat était plutôt mitigé parce que si mon organisme rejetait l'alcool sitôt qu'il coulait dans ma gorge, ça ne m'empêchait pas pour autant d'essayer de me saouler! Une sorte d'habitude que je ne pouvais mettre de côté si facilement! Et puis au moins je profitais du goût un instant...

En tout cas si je n'avais pas été viré ce n'était certainement pas grâce à la tronche sympathique du type en qui j'avais décidé de me métamorphoser: Notsuu! Mais bien parce que j'avais emporté suffisamment d'argent pour rembourser à moi seul les frais du bar. Sans quoi ça ferait longtemps qu'on m'aurait prié d'aller cracher mes tripes dans la rue. Et à grand renforts de coups de pieds au cul s'il-vous-plait! Qui a dit que la politesse se perdait?

- "Tu en sais des choses, l'ami!"
- "T'as vu un peu? Et attends je ne t'ai pas encore parlé des hybrides! Oui parce que tu vois il arrive qu'un dromadaire monte une chamelle ou vice-versa et du coup bah ça fait des espèces de trucs bizarres qui..."
- "Et si tu m'expliquais ça dehors?" coupa-t-il. "J'ai envie de prendre l'air un petit coup! On pourrait en profiter pour marcher un peu, non?"
- "Heu... ouais, s'tu veux! Tant que j'peux fumer ça me va moi! J'suis pas un gars compliqué tu sais? Un peu d'eau fraîche et de verdure que me prodigue la nature et j'suis content! Parfaitement!"
- "À la bonne heure!"

Je payai donc la note avant de marcher vers la sortie avec mon nouveau copain! Ce faisant je remarquai une belle blonde aux yeux verts sur ma droite et je m'arrêtai un instant pour l'observer. Qu'elle était jolie! On devrait la prendre avec tiens! Ha mais attends! Mais c'est Yu! D'un seul coup la raison de ma présence ici me revint rapidement en mémoire: les bouchers! Bordel j'avais complètement zappé! Je laissai donc l'idée de draguer la pseudo-beauté et suivit mon compagnon à manteau et capuche noires dehors.

Nous primes rapidement la direction de la sortie du village sans même que je remarque que nous nous éloignions des habitations. Faut dire que j'avais un peu de peine à marcher droit et que le peu de capacité d'attention qu'il me restait était focalisée sur mon équilibre. C'est que c'est pas facile de marcher quand on est drogué jusqu'à l'os! Z'avez déjà essayé avant de vous moquer? Et puis en plus je laissais plein de traces de gerbe derrière nous parce que je tenais à terminer ma bière quoi qu'il m'en coûte! Voyez ça comme une question de principe!

On fit halte quelques minutes plus tard au sommet d'une grand dune qui offrait une merveilleuse vue sur la région alentours. Cette dernière baignait dans la douce clarté de la lune mais je ne profitai pas vraiment du paysage car j'étais affairé à rouler un énième joint. Enfin... À essayer plutôt! Finalement je tendis tout le matériel nécessaire à mon compagnon en lui demandant de rouler pour moi. Ce qu'il s'employa à faire avec encore plus de maladresse que moi. Je commençai gentiment à me moquer ce qui eut visiblement le don de l'agacer. En réaction il pointa une direction du doigt. Et bah vous savez il y a un proverbe qui dit que quand le sage montre la lune, l'idiot regarde le doigt! Et bien moi le doigt, je l'ai pas regardé! J'ai regardé dans la direction indiquée, et ouais! Et visiblement j'avais eu tort puisque je sentis un violent coup à l'arrière du crâne avant de sombrer dans le néant...

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Lorsque je rouvris les yeux - enfin, mon oeil valide plutôt - j'étais attaché sur une table en métal, mes extrémités et ma gorge solidement entravées par des lanières de cuir. J'avais un mal de crâne abominable et ce n'était certainement pas seulement à cause du coup que j'avais visiblement reçu... Ma deuxième constatation se porta sur le fait que ça puait le sang à plein nez dans ce qui semblait être une étable ou quelque chose du genre. Je clignai plusieurs fois des yeux pour affiner ma vision avant de finalement remarquer deux silhouettes penchées sur moi!

- "Est-ce que ce n'est pas le parfait prototype de l'imbécile heureux?"
- "Ce n'est pas ça qui m'intéresse, c'est plutôt son corps! Qu'importe son caractère! Les morts ne parlent pas mais leurs corps peuvent encore transmettre des messages!"
- "Il a été plutôt facile à convaincre celui-là en tout cas! J'ai même pas eu besoin de lui promettre une femme ou quelque chose du genre! Il m'a suivi comme un bon toutou sans se poser de questions. Ha s'ils étaient tous comme ça..."
- "Heu... je vous entends vous savez?"
- "Et tu dis qu'il a changé d'apparence?"
- "Oui quand il a perdu connaissance!"
- "Tu l'as assommé? Je t'ai dis que je voulais que tu les drogues pour ne pas laisser de traces de coups! Je veux que mes oeuvres soient irréprochables, pas déformées par les bosses!"
- "Tiens ça me rappelle quelque chose cette histoire de bosses..." soufflai-je en fronçant les sourcils. "Et pour votre gouverne je ne suis pas déformé!"
- "C'est que... je l'ai drogué en fait! Et j'ai mis la dose dans son verre! Mais il vomissait tout dès qu'il prenait une gorgée! Même avec tout ce qu'il a pris il arrivait encore à marcher! Donc bon..."

Ils savaient mais on aurait dit qu'ils s'en fichaient. J'étais encore serein malgré les circonstances vu que Yu devait se charger de leur sauter dessus une fois que j'aurais joué mon rôle d'appât. Le soucis c'est que les minutes s'écoulaient et si mon mal de crâne était bien présent, la machine, elle était aux abonnés absent. Est-ce qu'il m'avait abandonné? Le salaud! Je décochai un regard meurtrier à celui qui semblait être le commanditaire lorsqu'il jeta un regard au niveau de ma trachée pour observer le sceau bien visible qui y était apposé. Il fit ensuite de même avec les autres qui parsemaient mon corps.

- "C'est sûrement un Shinobi de Suna! Tu es sûr que tu n'as pas été suivi?"
- "Lui, un Shinobi? Ben putain..." s'amusa l'autre. "Non je te l'ai dis, il n'y avait personnes sur nos traces!"
- "Ça veut dire quoi ça?" m'irritai-je. "Ouais, je suis un Shinobi! Et un des meilleurs, même! Libérez-moi et je vous montre!"
- "Parfait!"
- "Et si nous parlions de mes honoraires maintenant?"
- "Puisqu'il le faut..." soupira l'inconnu. "Suis-moi!"

Le duo s'écarta pour rejoindre une pièce adjacente, me laissant seul avec moi-même en ayant préalablement ignoré mon intervention. À leurs yeux je ne semblais être qu'un vulgaire bout de... viande? Bon et bien j'avais trouvé les responsables de ces disparitions sans même lever le petit doigt! Par contre j'étais plutôt en mauvaise posture pour le moment... Mais que pouvait bien foutre Yu? Il avait décidé de se venger de mes remarques en m'abandonnant à mon sort? Saleté de Saibogu!

Le métal rencontra la chair et le contact froid de ce dernier sur ma peau me fit agréablement frissonner. J'avais plutôt envie de rire en fait mais le boucher, lui, semblait plus irrité qu'autre chose. Voilà déjà maintenant deux heures qu'il tentait de me trancher le bras gauche et je devais reconnaître qu'il était plutôt obstiné comme gaillard. Niveau efficacité, par contre... Mon épaule se déforma sous la pression exercée par la scie tandis que l'autre s'acharnait à la retirer de mon corps. Je poussai alors un soupire las même si mon oeil brillait d'une lueur amusée...

- "Loin de moi l'idée de vous saouler avec ça hein? Mais comme je l'ai dit, dit et redit, vous arriverez pas à me découper en morceaux! Et croyez bien que je le regrette d'ailleurs! J'ai toujours trouvé ce bras un peu inutile..."
- "Il y a une solution! Il y a forcément une solution!"
- "Laissez tomber ça sert à rien!"
- "Et si je t'assommais? Tu ne pourras plus te concentrer pour user de ton pouvoir!"
- "Y'en a qui ont essayé... Ils ont eu des problèmes!"

J'en avais marre de tenter de le raisonner! Il pouvait s'acharner tant qu'il le désirait mais il n'arriverait jamais à me trancher un membre! Mais puisqu'il semblait déterminer à expérimenter par lui-même. Je le vis fouiller dans ses outils pour en ressortir un marteau. Je poussai alors un léger sifflement pour attirer son attention et lui désigner une masse sur sa droite d'un léger mouvement de la tête. Il me la pointa du doigt avant de se tourner à nouveau vers moi, interrogateur:

- "Tant qu'à faire hein?" fis-je en guise de confirmation. "J'aime le challenge!"

L'autre haussa finalement les épaules et se saisit de l'arme avant de la lever au-dessus de sa tête lorsqu'il revint près de moi. Je m'y connaissais bien assez en Genjutsu pour savoir qu'il allait se foirer. Putain faut tout faire soi-même!

- "Non non non, pas comme ça!" maugréai-je, agacé. "Tu vas complètement foirer ta frappe si tu n'écartes pas plus les mains! Voila! Maintenant regarde-moi! Regarde-moi bordel! Tu vois? Tu dois te concentrer sur moi, pas sur ton arme! Visualise la cible et la trajectoire du coup! Et quand tu es prêt tu frappes de toutes tes forces ok?"

Je fermai l'oeil par réflexe, la vision d'une masse s'abattant sur votre tête n'étant jamais vraiment agréable. La tête de l'outil pénétra ma chaire qui se déforma à nouveau pour absorber l'impact. La forme de l'objet resta un instant visible en plein milieu de mon visage avant que ce dernier reprenne peu à peu sa forme normale.

- "Foila! Fe l'afais dit! F'est pas complifé fant même!"

J'allongeai mes bras pour venir saisir la masse et lui mimer la meilleure façon de frapper. Ceci fait je la relançai sur le fameux boucher qui la rattrapa - plus ou moins - en vol. Il écarquilla les yeux lorsqu'il comprit un peu mieux sa situation:

- "Tu peux allonger tes membres aussi?"
- "Ouais je sais, ça en jette!"
- "'Mais... c'est dégueulasse!"
- "C'est dé... Quoi? Mais putain c'est pas dégueulasse! C'est trop classe de pouvoir allonger ses membres!"

J'étais définitivement un artiste incompris... Saletés de jaloux!

- "Tu peux t'échapper alors?"
- "Ben ouais, techniquement..."
- "Et?"
- "Et quoi?"
- "Pourquoi tu ne le fais pas?"
- "Deux choses!" fis-je en levant autant de doigts. "J'ai la tête dans le cul et rester allonger ça ne me fait pas de mal! Deuxio, je suis un flemmard! Tertio j'avais jamais testé le soda-masochisme avant et je m'amuse bien avec vous!"
- "Ça fait trois choses!"
- "Ouais, j'avoue!"

L'autre recula prudemment vers l'homme qui m'avait assommé et ramené ici comme s'il se sentait plus à l'aise à ses côtés. Ça ne servait à rien dans la mesure où je comptais bien rester tranquille encore un moment, le temps de chasser mon mal de crâne. Mais bon je ne pouvais pas lui en vouloir de se méfier.

- "T'en fais pas t'as encore quelques heures devant toi pour t'amuser avant que je t'enfonce la tête dans le cul! Profite! Et toi aussi l'enfoiré!" ajoutai-je en désignant mon kidnappeur.

Je baissa la tête pour la reposer sur la table en soupirant. Si je m'étais moins drogué la veille j'aurais sûrement déjà réglé l'affaire mais bon... Et puis il y avait toujours Yu qui devait me chercher à l'heure actuelle. Ou pas... Bah tiens d'ailleurs en parlant du loup: la porte principale du hangar s'ouvrit et dévoila... Yu! J'aurais préféré qu'il garde son apparence de belle jeune femme. C'était agréable de se faire sauver par une demoiselle. En tout cas plus que par une espèce de machine vaguement humanoïde...

- "C'est pas trop tôt!"

Bon ben voilà, c'était réglé! J'avais plus qu'à rester tranquillement attaché sur la table pendant que le Saibogu nettoierait tout ça! L'effort inutile, je hais ça...

C’était agréable d’être de nouveau sous ma forme original. J’étais peut-être un robot tape à l’œil ou une abomination de la nature humaine mais au moins j’étais dans mon corps et je n’avais pas à en avoir honte. De plus le fait de ressembler un peu à un monstre me procurait ce sentiment assez agréable d’être supérieur à mes homologues humains sur certain point. Je me sentais plus proche de la perfection, plus éloigné des sentiments contradictoires que peuvent ressentir les être humains dits « normaux ». Et bien que je me considérais comme un type tout à fait normal, n’en demeurait pas moins ma différence certaine et ces changements de caractère que depuis peu je remarquai en moi. Etait-ce dû à mon changement d’organisme ? Il faudrait que je me pose la question, me disais-je.

Mais pour en revenir au sujet principal de mon récit. J’ouvris la porte de la grange. Celle-ci fit un bruit sourd et particulièrement horrible en terminant de laisser sortir la lumière de la salle et comme un démon dont la nuit charge sert de cape, j’apparaissais à mes adversaires. J’étais à la bonne adresse : Shinji était ligoté à la table et deux autres hommes, au physique hostile et aux tenues particulièrement suspectent me jetèrent un regard froid et apeuré. Je me doutais bien que ce n’était pas que mon apparition théâtrale qui leur faisait cet effet, ainsi je jetai un regard réprobateur à mon tour à mon compagnon. De ce que je savais de lui, il y avait fort à parier qu’il avait fait duré les choses juste pour le plaisir de l’ouvrir…

« Je suis épuisé. J’ai du sable dans les pieds et la moitié du village a essayé me passer dessus sous ma forme féminine. Je suis assez énervé. »

Je m’étais mis à avancer. Les deux hommes prirent alors une attitude défensive, l’un se saisissant d’une hache qui trainait là et l’autre brandissant sa masse de manière menaçante. Je continuais d’avancer et me retrouvai en face de celui armé de la hache. Il essaya de m’asséner un coup que j’esquivai sans problème d’un mouvement du bassin vers l’arrière. Un sourire s’incrusta sur mon visage et je murmurai :

« Amateur… »

Je saisis ensuite son bras, le tordis pour lui faire lâcher son arme avant de le faire s’agenouiller au sol. Là, je sortis un kunaï de ma sacoche et, tout en lançant un regard particulièrement sadique à son camarade qui jusque là n’avait pas bougé, j’enfonçais l’arme dans sa jugulaire. Du sang gicla en quantité et le sol commença rapidement à prendre des allures de piscine rouge. Je lâchai quant à moi la carcasse sans vie pour qu’elle puisse tranquillement heurter la terre nourricière qui l’avait vu naitre. Je tournai ensuite la tête vers ma dernière victime avant d’entamer une marche funèbre vers elle.

« Je t’en pris ! Non ! N’approche pas ! Je ferais ce que tu veux ! Je t’en pris ! »

« Est-ce qu’il y a quelqu’un d’autre qui perpétue les meurtres ou est-ce que quelqu’un y est lié d’une manière ou d’une autre ? »

« Seulement le tavernier ! Il nous débusque les victimes et nous on s’en occupe, il fait ça pour le fric. Je t’en prie, non ! Je t’ai dis ce que tu voulais savoir… Arrête ! Non… Arghh… »

Mon kunaï avait pénétré en plein dans le milieu de son crâne, juste entre les deux yeux. Le pauvre homme avait pu voir la mort en face et je la lui avais offerte. Il tomba au sol de la même manière que son compagnon tandis que je me reculais un peu. Je me retournai alors et me rapprochai de la table de torture. Fixant Shinji avec un regard désabusé, je soupirais.

« Pourquoi est-ce que dès le moment où je t’ai vu, j’ai compris que la mission allait tourner au n’importe quoi ? »

Je n’attendais pas particulièrement de réponse mais dans le doute, je lui procurais tout de même le temps de répondre s’il le souhaitait. J’en profitais pour défaire les liens qui le maintenaient sur la table et le redresser afin qu’il puisse garder un semblant de dignité. Enfin, lorsqu’il fut définitivement libéré, je me reculai un peu avant de fixer à nouveau l’extérieur.

« On doit s’occuper du tavernier. A cette heure-ci il doit être en train de fermer. On entre, on le bute, on profite un peu de son bar et puis on rentre à Suna… T’en dis quoi ? »

Oui, vous vous demandez surement pourquoi j’étais si sympa. Question d’intégration, je vous répondrais. Il fallait que tous aient confiance en moi et la confiance, ça se gagnait très simplement en caressant les gens dans le sens du poil. Et quel chat avions nous là si ce n’est un montre chiant et vaniteux.

Je ne pus m'empêcher de sourire lorsque Yu me fit partager sa mauvaise humeur. Le sable, je pouvais comprendre. Après tout c'était un peu l'ennemi des rouages et je supposais que son corps devait en être remplis. Mais pour ce qui était de se faire passer par tout le village... Il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même pas vrai? Après tout personne ne l'avait forcé à se métamorphoser en créature de rêve et s'il restait en lui une part de l'homme qu'il avait été jadis il ne devait sûrement pas avoir oublié le pouvoir d'un corps comme celui qu'il s'était approprié sous couverture...

- "La prochaine fois tu choisiras peut-être un physique un peu plus passe-partout..." glissai-je. "Personne ne drague les moches et encore moins pour coucher avec! Première loi du codex masculanimus!"

Ne me demandez pas ce que c'est, j'en ai aucune idée!

- "Je t'en ai gardé deux au chaud!" ajoutai-je en désignant mon kidnappeur et mon bourreau. "Tu apprécieras cette petite attention j'espère..."

Et là, paf, le spectacle commença! J'allongeai mon cou pour avoir une vue horizontale de Yu à l'action. Être spectateur c'était souvent plus sympa qu'être acteur je trouvais! Il n'y avait qu'à observer tranquillement sans lever le petit doigt pour quoi que ce soit. La belle vie quoi! Et le résultat était le même en plus! Ainsi donc le Saibogu se débarrassa facilement du premier gêneur avant de s'approcher du second, mon boucher. Ce dernier avait perdu de sa superbe et en venait à supplier pour sa vie. Nul!

- "Allez allez, un peu de dignité quand même!" soupirai-je. "Toi au moins tu as la chance de mourir debout et pas sur cette espèce de table de torture à la mords-moi-le-noeud!"

Mais Yu ne le tua pas de suite! Il obtint d'abord ce qu'il désirait à savoir des informations sur un possible réseau de kidnappeurs-bouchers avant d'ôter la vie de ce cinglé. J'observai un instant la lame plantée entre ses deux yeux avant de hausser les épaules. Bon alors ça, c'était fait! Le Saibogu s'approcha ensuite de moi pour venir me libérer, me gratifiant au passage d'une remarque sur le fait qu'il aurait du se douter que cette mission allait tourner au n'importe quoi. Mais... heu?

- "Je ne vois pas du tout ce que tu veux dire..." glissai-je en réponse. "Que je sache on a déjà mis hors d'état de nuire deux de ces enfoirés! Et on sait qui est le troisième maintenant! Niveau efficacité on ne peut pas faire mieux, non? Défaitiste, va!"

Après qu'il m'ait aidé à me relever - intention louable mais inutile en soi - il se mit à regarder à l'extérieur tout en me proposant un plan d'action. Grosso modo, retourner à l'auberge et régler son compte au troisième luron! Simple comme bonjour! Et en plus au passage j'allais pouvoir récupérer les ryos que j'avais dépensé la veille sur place.

- "Ouais, faisons ça!" approuvai-je en me massant les poignets. "Mais si ça ne te dérange pas j'aimerais bien le tuer moi-même! Tu t'es déjà assez amusé comme ça et j'aimerais bien pouvoir faire autre chose que l'appât! J'ai donné là, j'ai eu ma dose tu peux me croire!"

Je récupérai rapidement mon matériel en allongeant mon bras avant de le fixer à ma cuisse ou à mon dos. Après un dernier regard aux deux cadavres je rejoignis l'extérieur ou je me roulai rapidement une cigarette. C'est que ça faisait des heures que je n'avais pas tiré une bouffée et ça commençait à se faire ressentir. J'étais nerveux ou quelque chose s'en approchant. Heureusement on allait avoir rapidement de quoi s'occuper!

Nous prîmes donc la direction du bar pour régler notre petit différent avec son tenancier et le trajet se passa dans un silence absolu. Je n'avais guère envie de parler et visiblement je n'étais pas le seul. En arrivant sur place le bar était effectivement en train de fermer même si les clients les plus endurcis étaient encore sur place. Un petit cercle d'habitués qui rigolait grassement avec le patron. Finalement on risquait d'avoir quelques soucis en plus! Tuer des criminels, oui! Des civils, même stupides, non! Règle de base...

- "Tout le monde dehors! On doit papoter avec le patron!" annonçai-je directement en entrant dans le bar, katana en main. "Et que ça saute!"
- "Quel genre de discussion?" s'interposa quelqu'un.
- "Du genre dont on ne sort pas indemne..."
- "Si t'as un soucis tu peux aussi le régler avec nous!"
- "Tu n'aimerais pas ça mon pote! Arrête de faire le gros et dégage avant de faire un truc stupide!"

Visiblement je l'avais un peu trop provoqué puisqu'il se leva et récupérer un bâton posé contre sa table. Il fut immédiatement suivi par le reste de ses collègues qui semblaient pressés d'en découdre. Une façon de montrer que les étrangers, même de Suna, n'étaient pas les bienvenus ici? C'était amusant cette identité de village quand même... Je tournai le regard vers Yu et haussai à nouveau les épaules.

- "Tu te charges de ces crétins et je m'occupe du patron? Vice-versa?" proposai-je. "N'oublie pas qu'il est moi à ceci dit!"

D'ailleurs en parlant du loup... Ce dernier était en train de se faire la malle en passant par la porte de derrière...

Nous avions quitté la grange avec précipitation. Nous n’avions pas envie de nous éterniser. Ni lui ni moi. Nous avions laissé les corps là, plongés dans leur marre de sang respective. Je n’avais, pour ma part, aucunement l’intention de les sortir de ces dernières et de leur offrir une sépulture décente. Ils avaient tué de manière particulièrement cruelle et cela en ne respectant pas la règle d’or. Lorsque l’on tue quelqu’un avec honneur, on lui donne la possibilité de se défendre. L’assassin préparait son adversaire avec une attaque d’un moindre niveau avant de l’achever. On ne tuait pas son ennemi d’un coup, sans que ce dernier ne sache qu’il a une chance de se battre. Je n’aimais pas cette manière de mettre à mort, elle était contraire à tous mes principes sur le combat. Elle était lâche et complètement impersonnelle. C’est en principal sur cette question que je passais tout le chemin de retour au village. Ainsi je n’adressais pas la parole à mon camarade de toute la traversée. Sans doute avait-il dû trouver cette attitude un peu rude, mais je n’en avais pratiquement rien à faire. Et puis il n’avait pas ouvert la bouche non plus.

Finalement nous arrivâmes devant la taverne. Shinji m’ayant demandé expressément de le laisser tuer notre dernière cible, je demeurais en arrière. Il entra le premier et je le suivis de près. Malheureusement, il y avait encore du monde dans le bar, bien que de l’extérieur, il avait paru fermé. Quelques hommes assis autour d’une table à laquelle le patron lui-même avait choisi de s’attabler. Je sentais venir les problèmes et je n’eus pas tort. Shinji, dans sa grande finesse, fit bien comprendre à tout ce beau monde qu’ils auraient bien intérêt à s’extirper de l’établissement. Néanmoins, mon camarade étant ce qu’il était, il avait plus réussit à les exciter qu’autre chose. Ainsi l’un d’entre eux se leva et chercha à s’interposer pendant que le barman tentait discrètement de gagner la sortie. Shinji me demanda qui je souhaitais prendre… A supposer qu’il voulait dire ce que je croyais qu’il voulait dire (je me rends compte à présent que la formulation est ambiguë).

« Tu fais chier… Occupe toi tu tavernier, je m’occupe des fillettes. »

Il s’attela directement à la tâche. L’un des invité voulu l’en empêcher mais en usant d’une charge puissante, je passais derrière lui et lui saisis le bras. Je cassais ce dernier en le faisant s’agenouiller avant de l’écouter crier avec plaisir. Ses compagnons s’étaient instinctivement levés et je compris que j’allais bien m’amuser. Je projetai ma victime contre le sol et fis un bond en l’air. Je saisis la nuque de l’un de mes adversaires en étendant mon pied bionique et le tirai pour qu’il entre en collision avec son voisin. Il en restai un debout et, en retombant, je m’appliquai à poser les mains sur le sol et à lui asséner une volée de coups de pieds bien sentis sous la nuque ce qui eut pour effet de le projeter dans les airs.

« On a finit de danser ? Je ne fais que commencer moi ! »

Il ne fallait pas les tuer. C’était assez abstractif comme consigne mais je m’y résignais. La dernière chose dont j’avais besoin était d’un rapport sur mon comportement inacceptable. Ainsi, lorsque les quatre hommes se relevèrent, je pris le temps de me concentrer. Le chakra émana de moi comme de la sueur et un courant hautement intense vint entourer mon corps. J’avais boosté tout mon organisme avec du chakra électrique et je m’apprêtais à utiliser cette nouvelle vitesse.

« Tu vas payer enfoiré ! »

« Ils disent souvent ça aussi… »

L’instant d’après, je me retrouvais au même endroit, à cela près que tous mes adversaires étaient au tapis. J’avais pris soin de passer entre eux et de leur asséner une décharge électrique telle qu’ils perdirent tous connaissance. Il ne fallait pas les tuer et c’était le seul moyen que je connaissais pour faire tomber des connards dans les pommes. Cependant ce fut le moment que Shinji choisit pour entrer de nouveau dans le bar. Il avait poursuivit sa cible jusque dans la rue et maintenant, il semblait revenir victorieux.

« En as-t-on fini ou on doit encore jouer à casser les œufs de pâques ? Personnellement je ne sais pas si je suis fatigué d’exploser des crânes ou juste de me frotter à des moins que rien… »

Je ne parlais pas particulièrement avec honnêteté mais au moins je me créais un personnage que Shinji apprendrait à apprécier. Il fallait qu’il l’apprécie. Je devais me mettre à son niveau et gagner sa confiance. Cela prendrait du temps mais au moins, j’aurais gagné quelque chose de plus, un pas de moins à faire vers l’objectif final.

« On se prend un verre ? Je ne crois pas qu’il y ait encore quelqu’un a éliminer non ? On peut fêter la fin de la mission… »

Yu avait opté pour le groupe d'habitués prêts à défendre leur ami et me laissait donc le loisir de m'occuper du patron! Tant mieux! Je n'aimais pas spécialement fracasser du civil, spécialement lorsque ces derniers ne souhaitaient qu'apporter leur aide à un type qu'ils devaient juger intègre. J'aurais peut-être pu leur expliquer mais ça aurait été une perte de temps alors autant laisser le Saibogu régler le problème à sa manière - s'il les tuait je ne serais au moins pas sur place pour voir ça, ce qui me dédouanerait - tandis que je me lançais à la poursuite du troisième coupable de tous ces crimes. Il était déjà dans la rue et prenait la poudre d'escampette. Il avait compris ce qu'il se passait! Puisque j'étais encore en vie - et entier - ça signifiait que ses complices étaient tombés...

- "Cours pas si vite, j'ai la tête dans le cul!" maugréai-je en le regardant filer. "Si je dois te courir après ça va pas le faire mon pote!"

Fort heureusement, quand on a la chance d'être un membre du prestigieux clan Akuzu, on a pas besoin de faire trop de mouvements inutiles. Je le laissai donc prendre de l'avance en tirant quelques bouffées sur ma cigarette avant de lever le bras dans sa direction. Ce dernier s'allongea sur plusieurs dizaines de mètres pour venir frapper ma cible dans le dos et le propulser en avant contre le sable. Un coup de pied suivit immédiatement, s'élevant dans les airs avant de redescendre rapidement pour venir lui écraser le pied. Là, il allait avoir de la peine à s'enfuir désormais. Ceci fait j'allongeai à nouveau mes bras pour venir encercler son bassin avant de l'attirer vers moi, le traînant sans douceur sur le sol. Quelques secondes plus tard il était allongé face à moi et je le gratifiais d'un sourire carnassier:

- "T'es un peu dans la merde, tu sais ça?"
- "Pitié! Je n'ai rien fait de mal! Je le jure sur la tête de mes enfants!"
- "Ho, tu es papa? Du coup je devrais passer sur le fait que tu vendais des clients à cet espèce de boucher?"
- "Je n'ai rien fait!"
- "Oui tu l'as déjà dit! Le soucis c'est qu'on sait que tu es impliqué! Alors tu vas faire tes aveux par écrit histoire qu'on ait la preuve de ta responsabilité et celle de tes collègues!"
- "Et si je refuse?"
- "Tu n'as pas envie de refuser, crois-moi..."

Pour lui donner un avant-goût de ce qui l'attendait en cas de réponse négative je lui écrasai mon poing sur les dents à plusieurs reprises. Plusieurs personnes commencèrent à s'approcher de nous, des questions plein la tête.

- "Shinobi en mission les amis!" indiquai-je en montrant ma plaque. "Cet homme est en état d'arrestation pour les dix meurtres qui ont secoué votre village!"

Ceci suffit à les contenter visiblement puisque personne n'osa intervenir. Visiblement pas tout le monde était prêt à défendre ce type ce qui était plutôt une bonne chose. Se faire un village entier, sérieusement? Ca aurait été vraiment compliqué...

Je tirai donc le tenancier derrière-moi jusqu'au bar ou je le lâchai sur le sol pour saisir derrière le comptoir de l'encre, une plume et un parchemin. Comprenant ce qu'il risquait en cas de refus, le coupable s'exécuta et commença à rédiger un document l'impliquant lui et les deux autres tarés dans l'affaire de ces meurtres. Ce faisant je jetai un regard aux autres types allongés par le Saibogu! Il avait été efficace comme depuis le début de cette mission. Peut-être même qu'il avait mis trop de coeur à l'ouvrage, tiens...

- "On en a fini!" confirmai-je lorsqu'il m'interrogea. "Le temps que l'autre mettent ses aveux par écrit et on en aura terminé!"

Et lorsque le troisième coupable eut donc terminé d'écrire je parcouru du regard son texte. Il impliquait évidement les deux hommes que Yu avait tués mais également lui qui s'occupait d'avertir ses collègues de la présence d'une proie potentielle. Parfait! Maintenant que tout était réglé nous pouvions enfin faire disparaître le dernier de ces enfoirés. Je m'agenouillai sur l'homme avant de lui ouvrir la gorge lentement avec l'un de mes kunaïs. J'attendis quelques instants avant de lâcher ses cheveux et laisser sa tête retomber dans la flaque de sang qui s'était formée entre temps.

- "Problème réglé!"

Pourquoi gaspiller des ressources à Ergastule pour un homme qui passerait de toute façon sa vie derrière les barreaux? Il avait causé la mort d'une dizaine d'innocents et il ne méritait pas de vivre. Inutile de s'embarasser d'un colis inutile pendant le trajet de retour à Suna. Yu, lui, souhaitait boire des verres mais je refusai: je ne pouvais de toute façon pas ingurgiter d'alcool et j'étais pressé de rentrer!

- "On pourra faire ça dans mon bar à Suna!" proposai-je. "Rentrons!"

Aussitôt dit, aussitôt fait...