Voilà plusieurs jours que j'avais pris la route du Shûkai. Mon point de départ avait été le pays des neiges, Yuki no Kuni. Là, je m'étais recueillie sur la tombe de mon père, faite par les bons soin de ma mère avant de déserter le champs de bataille il y avait bien des années de cela. Ensembles, elle et moi, avions prévu de nous y rendre afin de lui rendre visite, mais la vie étant faite de hasards, parfois bons, parfois mauvais, nous n'avions pu réaliser cette promesse mutuelle car elle avait perdu la vie bien avant. C'était donc seule que j'avais accompli cette tâche, m’acquittant de ma promesse, pour ma mère et pour moi, lui promettant que si mes sœurs étaient encore en vie, elles viendraient aussi le saluer. Après quoi, je m'étais remise en route. J'avais un objectif en tête, un seul et unique : rallier le Shûkai. Apprendre si l'Aokiji des Samui dont on parlait était bien mon cher cousin, retrouver mes sœurs ou autres membres de ma famille ayant survécu à la tragédie s'étant abattue sur le village de Kiri, notre village, celui que j'avais déserté autrefois pour suivre ma mère. Officiellement, j'avais été kidnappée. Cette version avait été officialisée pour éviter tout problèmes à mes sœurs, ma tante et mes cousins, ainsi que tout autre membre de la famille et enfin de façon plus étendue, à notre clan entier. La femme qui m'avait donné la vie était morte suite à un combat avec des Jônins de notre ancien village et j'aurais dû subir le même sort. De manière toute aussi officielle, j'avais dû être déclarée morte, ce qui avait été un mal pour un bien car j'étais désormais totalement libre. Personne ne me chercherait plus.

En ce jour, le soleil brillait haut dans le ciel bleu et bien dégagé, même s'il n'était pas des plus chaleureux. En effet, on pouvait bien sentir que l'hiver était proche et cette perspective me réjouissait quelque peu. C'était ma saison préférée, mais aussi et surtout, si tout se passait comme je le souhaitais, je passerais le cap de ma majorité avec mes triplées, ainsi que ma famille et mon clan. Cela faisait bien longtemps que je n'avais plus fêté mon anniversaire avec des proches et il fallait bien avouer que cela me travaillait énormément, pesant lourd sur mon cœur ainsi que sur mon âme. J'avais fait mon choix en toute connaissance des causes, je ne le regrettais pas, mais il était indéniable que ce n'était pas tous les jours facile d'être seule. Cela faisait plusieurs heures à présent que j'avais pénétré les frontières de ce pays qui abritait l'Alliance des Pays Neutres et donc de ce fait, son village caché.

J'étais enfin à proximité de ma destination finale, je touchais au but. Le trouver n'avait pas été chose très aisée, même en dépit des indications que l'on m'avait faites lors de ma récolte d'informations. Cachée derrière un grand roc, je me risquais à jeter un œil derrière. Dé là, j'avais une magnifique vue sur l'ensemble. Ce village était un véritable bijou, un chef d'œuvre architectural comme je n'en avais encore jamais vu. J'aurais pu m'en extasier tout simplement, mais malheureusement ce n'était pas à l'ordre du jour et encore moins après avoir vu ces immenses murailles ayant pour seule et unique ouverture cette titanesque porte de marbre et comme si cela ne suffisait pas, le tout était bien étroitement gardé. J'avais alors retrouvé ma position initiale derrière le rocher. après quelques temps de profonde méditation, je m'étais laissée glisser, dos contre la parois, le long du rocher, pour me retrouver assise sur le sol. Là, je pliais les jambes, me recroquevillant sur moi-même, enserrant mes jambes de mes bras et plaçant la tête sur mes genoux, ou plus précisément en y enfouissant mon visage, en accompagnant l'action par un profond soupir et un râle comme seules nous autre femmes savions faire. J'étais profondément agacée et dépitée. Quelle idiote avais-je fait ! Venir ici sans aucun plan, voilà qui était bien stupide de ma part. Je me rendais compte que mon éloignement du monde shinobi me causait bien plus de tracas que je ne l'aurais pensé. J'avais même régressé, perdant certaines de mes habitudes. L'excitation de pouvoir enfin revoir des être aimés m'avait fait oublier le reste, à savoir la prudence et la stratégie et maintenant que j'étais là, je réalisais à quel point j'étais idiote et immature. Comment pourrais-je bien m'en sortir ? Il me fallait un plan et ce, de toute urgence, malheureusement, je n'en trouvais aucun. J'avais beau me faire des scenarii, encore et toujours, la fin semblait toujours être la même avec ce même mot qui apparaissait toujours en lettres capitales rouges dans ma tête : Échec ! Le temps passait et je désespérais de plus en plus. A cours d'imagination, j'en étais venue à l'improvisation. Qu'est ce que je pouvais être bête et naïve à cette époque là en y repensant...

Je m'étais redressée et avais repris mes affaires. Me faufilant telle un ninja, je passais de cachettes en cachettes pour me rapprocher toujours plus de la porte d'entrée. L'adrénaline parcourait mes veines, l’excitation était à son comble. J'avais le sentiment d'être une reine de l'infiltration, me voyant déjà promue à la tête de ce beau monde après leur avoir expliqué les failles de leurs défenses et comment j'avais pu m'infiltrer aussi facilement alors que je n'étais qu'une simple Genin. Je me figurais leurs regards admiratifs, les femmes me jalousant, les hommes fous amoureux de moi, tous et toutes devant ma beauté divine et mon intelligence supérieure. Perdue dans ma rêverie, j'avais perdu tout sens des réalités, oubliant même jusqu'à ma situation. Sifflotant, la tête dans les nuages, j'étais sortie de ma cachette et avait marché droit vers la porte, à découvert. Pour être plus précise, j'avais sautillé en chantonnant et sifflotant des airs totalement niais. Une vraie midinette, je vous jure. La Honte !

"Hé toi !"

Une main s'était refermée sur mon épaule, me tirant en arrière.

"Tu crois aller où comme ça ? "

"Qui moi ? Vous... Vous me voyez ? "

" Non non, je ne vois personne mais je devine ta présence car j'ai sentie ton parfum de fleur sauvage. Bien sûre que je te vois triple andouille ! Que viens-tu faire par ici, ce n'est pas un endroit pour une enfant..."

J'avais alors rougis. L'homme qui me faisait face avait deux bonnes têtes de plus que moi et celui à ma droite, une de plus. Tous deux me regardaient, puis se regardaient, se demandant visiblement s'ils devaient rire ou pleurer quant à moi, je me sentais idiote. Malgré tout, je ne me démontais pas. J'avais tout prévu. Soulevant fièrement mes cheveux, j'arborais le plus candide des sourires.

" Je ne suis pas une enfant mais une femme ! Et comme vous pouvez le voir, je suis une kunoichi du Shûkai. J'ai affaire avec Aokiji, Samui Aoikiji, je rentre de mission. "

" Oh... Voyez-vous cela ! Mademoiselle a à faire avec une des grosses têtes ? "

" Hahahahaha ! Elle est bien bonne celle-là, kai ! "

" Tu croyais vraiment que tu allais nous berner avec un jutsu de si bas niveau ? En plus, tu as fais une faute dans ton imitation. Bien tenté, mais ça ne passera pas ! Crache le morceau ou tu vas avoir à faire avec nous. "

Le second type avait dissipé mon henge. Je les avais vraiment sous-estimés, erreurs de débutante. Il n'y avait plus grand chose à faire. Je me passais en revue mille et unes échappatoires. En combat, je n'avais aucune chance de les vaincre tous les deux, même à un contre un, je le sentais. Il y avait un fossé entre nous, non un ravin.

" Bon... Si tu nous dis à qui tu as volé ce bandeau de Kirijin, nous te laisserons partir car tu ne sembles pas être bien dangereuse au final.

" Pas dangereuse, pas dangereuse... Sa poitrine opulente est bien assez suffisante pour me détourner d'une mission ou deux. Je préfèrerais m'y perdre plutôt que d'aller perdre la vie je ne sais trop où. "

" Je suis tout à fait d'accord avec toi, en plus elle à petit côté princesse. Oui, on dirait un peu une noble. Quoique, peut être une enfant gâtée vu son comportement... "

" Boarf ! Les femelles, ca s'éduque toujours de la même manière, à coups de... "

Les deux shinobis éclatèrent de rire alors que je tentais de cacher mes seins avec mes mains, beaucoup trop petites et lorsque je tentais de les masquer par mes brase, ce qui était impossible en fin de compte, ils éclatèrent de plus belle, ce qui m'offusqua encore plus. J'étais déjà bien assez complexée comme ça... Visiblement, ils ne me prenaient pas au sérieux.

"Je ne suis pas une voleuse. Je suis une Kirijin et j'appartiens au clan Samui. Je... Je... Je suis sa femme, oui, c'est bien cela, je suis sa femme, Hatsuyuki ! Si vous n'allez pas le chercher, vous aurez de sérieux problèmes ! "

" Hoho ! Et quoi d'autre encore ? Tu vas nous faire un tour de magie et faire apparaitre de la glace ? Non non ! Mieux que ça ! Tu vas sortir une gourde de ton sac et nous faire croire que c'était de la glace que tu as créée mais qui a fondue depuis le temps ? "

" Hmpfff ! "

" Si t'es une kirijin, qui plus est du clan Samui, je veux bien prendre le risque d'aller le chercher moi-même Aokiji-sama quitte à me faire blâmer pour avoir quitté mon poste. Sinon, je te conseille de déguerpir au plus vite, tu as assez éprouvé notre patience ! "

Je malaxais alors mon chakra pour laisser éclater une attaque Hyouton, la même attaque j'avais pu apprendre avec mon oncle, le père d'Aokiji-nii, lors des quelques séances d'entrainement auxquelles j'avais pu participer alors que mes sœurs flânaient avec notre tante. Le résultat fut sans conteste à la hauteur de ce que j'espérais. Ils restèrent statufiés, puis se regardèrent l'air hagard. Celui qui avait prononcé les dernières paroles fit un simple signe de tête, admettant sa défait et il tint parole, disparaissant pour aller chercher celui que je désirais voir. Si c'était un imposteur, j'allais le démasquer sur le champs et il aurait affaire à moi. Je n'aurais jamais pu laisser quelqu'un souiller le nom de mon clan et encore moins celui de mon cousin/grand frère préféré, mort au combat simplement parce que sa mère l'avait envoyé trop jeune dans une guerre qu'il n'aurait jamais dû connaitre. Tout cela pour quoi ? Parce qu'elle ne l'aimait pas... Pathétique ! Je la haissais tellement cette femme, mais tellement ! rien que d'y penser, je m'en mordais les lèvres, serrant les poings avec force.

"Hey toi ! Maintenant que nous sommes tous les deux... Tu veux bien me dire ce que tu veux et qui tu es vraiment ? Parce que le chef a déjà quelqu'un et je doute clairement que tu puisses être sa femme. Par contre, tu me rappelles une fille... "

Je ne lui répondis pas, tournant la tête avec un petit bruit de mécontentement.

" Bon, bon, fais comme tu le sens... Mais reste sage en attendant leur retour, de toute manière, tu seras bien obligée de parler lorsque Toshiro reviendra avec Aokiji-sama. "

M'adossant contre le mur d'enceinte, j'attendais bras croisés, regardant dans la direction opposée de cet homme qui me répugnait et donc dans le sens opposé à la porte. Bras croisés, le pied droit contre le mur, j'affichais une moue boudeuse. Mon entrée en matière était foireuse, je me sentais vraiment idiote. Epic fail !

*Baka baka baka !!! *