Le prix de l'éternité

Debout au beau milieu d'une colline à tendance rocailleuse, Natsuki se tenait quasiment immobile, pieds joints et doigts liés dans un signe de concentration. C'était ce que son médecin lui avait recommandé : un retour aux sources. S'ouvrir à la nature, écouter les murmures des arbres, le chant des petits oiseaux, sentir le vent envelopper sa chair, et tout un tas d'autres inepties qui sur le coup lui avaient parut stupides à pratiquer. Il le pensait encore maintenant, à dire vrai : pour qu'Iji se tourne vers cela, c'est qu'il ne savait pas ou plus vraiment vers où orienter sa thérapie. Néanmoins, le Nara tatoué devait lui accorder un point s'il voulait être honnête. C'était en préparant sa volonté par la méditation qu'il avait pu maintenir le fragile équilibre de son existence à l'époque, quand sa vie avait basculée et que la malédiction de son sang s'était révélée à lui. Alors pourquoi ne pas réessayer ? C'était vrai qu'il avait perdu cette habitude au fil des années maintenant qu'il s'était '' habitué '' à cette condition, étanchant plutôt désormais sa perpétuelle frustration dans des épanchements de violence sans retenue. Rarement volontaires, certes, mais avérés tout de même.

Alors il était là, pieds nus, à essayer de communier avec une nature qui le détestait – la flore en hiver seulement, la faune à peu près tout le temps. Il cherchait à canaliser toute cette rage qui lui brûlait les entrailles au quotidien, à appeler par la plante de ses pieds enfoncés dans l'herbe fraîche et la terre humide l'énergie de la Terre communément qualifiée de bienfaitrice, et la laisser se répandre dans son corps comme dans son esprit. Mais pour le moment, il ne sentait surtout que la chaleur déserter ses orteils enfoncés dans la boue froide et poisseuse qui les recouvraient progressivement. L'atteinte de la plénitude réparatrice de son être censé lui retirer ses années de sommeil en retard et libérer ses pensées des idées fixes qui s'y imposaient et dont il réfreinait à grandes peines les pulsions depuis trop longtemps ne venait pas. Les mouches attirées par sa sueur sous le soleil, elles si par contre. Inspirer la positivité, l'assimiler en son sein, et expirer la négativité. S'il y parvenait, la réussite lui passait totalement inaperçu. La nature n'avait peut-être plus assez à lui en offrir, ou bien c'était son générateur de négativisme interne qui fonctionnait beaucoup trop bien. Dans tous les cas, il ne trouvait pas dans le paysage la force promise pour s'apaiser : celle qui le consumait restait à l'inverse bien présente, guettant le moindre instant de relâchement pour se manifester avec davantage de virulence. Au moins elle ne débordait pas trop – pour le moment -, il avait apprit à faire avec. Mais malgré ses faibles améliorations comportementales, il savait que ce n'était pas une vie qu'il menait. Sa malédiction lui pourrissait l'existence – celle qui désirait mener en tout cas – et ce jusque dans l'aura foncièrement nuisible qui émanait malgré lui de son être. Les humains n'y étaient pas trop réceptifs pour la grande majorité, mais la plupart des animaux eux s'y montraient sensibles, une preuve de plus qu'il ne guérissait pas vraiment. Il se doutait qu'il ne s'en remettrait jamais complètement de toute façon. Mais même si l'espoir lui était interdit, dévoré par ce qui l'habitait, une lueur vacillante continuait de croire en un mieux possible.

Alors faute de trouver mieux, en attendant d'avoir une meilleure voie sur laquelle cheminer, Natsuki se contenta de ce qu'il avait. Quand l'on avait déjà presque tout perdu, ce n'était pas difficile. Il n'avait pas le choix de toute façon, s'il voulait pouvoir continuer de se battre pour Konoha. Si c'était vraiment ce qu'il voulait toujours tout du moins... Sa place dans le monde avait été remise en question par les événements de ces dernières années, la vision qu'il en avait aussi. Doutes, hésitations, remise en cause... Comme quoi, devenir psychiquement instable n'empêchait pas de cogiter. Avec un raisonnement tronqué peut-être, mais cogiter tout de même.

Faire le vide, souffler, inspirer. Se concentrer, observer l'avenir. S'oublier, vivre l'instant présent. Exister, n'être plus que soi-même. Annihiler.

Belle journée, oh oui, la plus belle pour jardiner et faire mon petit potager. J'avais un bien beau tablier, vert pour ne pas salir mon corps sculpté dans l'argile de Mère, ma déesse, ma bienfaitrice, celle que je servais au péril de ma vie. Je créais des petits trous dans le sol fertile... Oh les beaux légumes que j'allais récolter, soupe, salade, ratatouille, grillé... toutes ses bonnes choses que j'allais pouvoir consommer d'ici quelques semaines, un peu moins peut être si j'aidais un peu la nature sans trop la brusquer. C'était des moments de petit plaisir que j'adorais, loin de tous et personne dans les horizons, un tel bonheur que j'en oubliais presque que j'étais humain et shinobi. Pendant ce temps, je voyais Kuroi danser avec les papillons, patauger dans une petite mare avec les grenouilles pour créer une chorégraphie digne d'une pièce musicale...

Non mais sérieux, revenons à la réalité... Je faisais simplement mes expériences dans le respect et avec précision pour ne pas offusquer Mère et Kuroï se vautrait dans de la poussière pour éliminer les quelques puces qu'il avait tout en mangeant quelques poissons frais qu'il avait été péché ce matin. Voilà le quotidien, une vie simple en essayant de penser que tout ira pour le mieux et que je réussirais ma mission, celle que Mère m'avait donnée. J'étais bien parti pour cela, et j'avais déjà accompli beaucoup de choses pour elle, mais je devais m'appliquer encore plus dans le monde des hommes afin de pouvoir mieux servir Mère. Kuroi finissait alors son repas et il se dirigeait vers moi, il avait l'air agacé.

« Ça sent les pieds ! »

Je le regardais plus que perplexe...

« Les pieds ? »

« Oui, il y a un gars pas loin d'ici qui a les pieds qui puent et cela dérange mon odorat très raffiné... Je n'ai même plus envie de finir mes poissons. »

Je savais que Kuroï avait un odorat très développer, mais il voulait simplement me dire qu'il y avait quelqu'un qui n'était pas loin d'ici et qui se baladait à pieds nus... Kuroi me montrait le chemin à suivre, je me laissais guider par son odorat. On sortait un peu de la forêt pour arriver sur une colline rocailleuse et avec peu de bois. Il ne faisait pas un bruit et il me pointait du bout de sa griffe un drôle de type... qui faisait des choses assez bizarres. À première vue, il semblait vouloir communier avec la nature, si c'était le cas il s'y prenait vraiment mal... et le reste était tout aussi étrange. Étrange de voir une tête connue de Konoha surtout, j'avais pu le croiser, peut-être une fois ou deux, sans réellement lui parler vu que j'étais plus un fantôme ou un homme des bois pour la majorité des konohajins. Kuroi s'approchait alors de moi.

« C'est lui, tu ne sens pas ? C'est une horreur ! On devrait lui couper les pieds, ça ne peut pas être permis ! »

« Ce n'est rien et je ne s'en rien du tout... Tu as peut être mangé un peu trop de poissons qui n'étaient plus très frais. »

Je disais alors à Kuroi de se taire avant de rajouter quoi que ce soit et je m'avançais vers notre citadin qui faisait des choses très spéciales.

« Bonjour jeune homme, puis-je savoir ce qui t'amène ici à faire ces drôles de choses ? »

Une vague de pulsions meurtrière filtra malgré lui de la cloche dans laquelle il s'efforçait de les maintenir aux tréfonds de âme, et se propagea dans les alentours comme un tsunami. Quelqu'un approchait, ce n'était vraiment pas le moment. Il ouvrit les yeux, la vision voilée par le sang, se retenant à bout de bras pour garder le contrôle de son esprit parasité. Deux êtres vivants approchaient, deux souffles de vie que toutes les cellules de son corps voulaient arracher. Toutes sauf une : sa morale.

« J'essaie de devenir un arbre, cela ne se voit pas ? » grogna-t-il entre ses dents d'un ton plus agressif qu'il ne l'aurait souhaité – dieu qu'il détestait qu'on le tutoie, même dans ses accès de folie.

Il secoua la tête de gauche à droite, et chassa les restes de la brume sanglante qui s'attardaient.

« Désolé... » soupira-t-il sur le ton de la résignation.

Il inspira grandement l'air humide de l'automne naissant. Sa soif de sang était passée. Pour le moment tout du moins. Il posa alors son regard maladif sur les deux créatures qui l'avaient abordé, lesquelles lui firent arquer un sourcil : un ours, et un homme à la couleur de peau exotique en tablier dans le style jardinier. Des colosses comme lui, il n'y en avait pas une centaine à Konoha, même s'il était plus célèbre pour ses cheveux si longs qu'ils en formaient sa barbe – à moins que ce n'était l'inverse ? Il ne fallut pas longtemps à Natsuki pour identifier à qui il avait affaire : ni plus ni moins qu'un chef de clan. Le Nara tatoué avait beau être fort et renommé dans son Village, cela ne lui donnait une position avantageuse face à un dirigeant clanique. Pour un départ dans la bonne entente, il pouvait repasser : son timing avait été aussi mauvais qu'avec la personne à laquelle il s'était adressé. Belle image de son propre clan qu'il offrait...

« Désolé. » répéta-t-il encore, cette fois avec le minimum de respect dû au rang de son interlocuteur. « J'ai tendance à être un peu sur les nerfs tant que je n'ai pas encore fait ma méditation mensuelle. »

Il balaya les environs du regard, et écarta les bras pour désigner le vide qui les entourait.

« D'où la raison de ma présence ici, loin des autres. Konoha est trop bruyant pour espérer y trouver un peu de sérénité. Rien ne vaut pour cela de s'ouvrir à la nature, entendre les arbres, les petits oiseaux qui chantent tout cela. Ce n'est pas à vous, un Hayashi centenaire que je vais apprendre cela je pense. »

Centenaire, et très bien conservé pour son âge si ce que l'on disait sur lui était vrai. A croire que son horloge biologique était tombée en panne de piles, et que la Nature avait oublié de les lui remplacer. Un arrêt dans le temps, une éternité qui avait probablement un prix.

« Mais visiblement, ce n'était pas le bon endroit pour faire cela. J'occupe un parterre que vous comptiez utiliser peut-être ? »

D'un mouvement de la tête, il désigna pour illustrer son propos le tablier de jardinage de... l'homme, dirons-nous pour la commodité de la conversation. Pourquoi pas après tout ? Il avait une tête et un corps d'humanoïde, et était probablement aussi proche de l'humain que l'était le Nara ou toutes les autres étrangetés naturelles comme les Gekei et compagnie.

Ses yeux se posèrent ensuite sur l'ours, qu'il observa avec davantage d'attention qu'un simple coup d’œil. Ce n'était pas courant de se promener avec ce genre d'animal à Konoha, qui était plutôt connu pour ses chiens avec les Inuzuka. Quand ce n'était pas des invocations en tout cas, car il y avait là à boire et à manger. Il ne lui trouva pas grand intérêt cela dit, pour des raisons déjà évoquées. Il ne le voyait pour le moment comme rien d'autre qu'une arme de plus, une arme qu'il préférait ne voir avancer contre lui. A priori, il semblait '' dressé '', mais d'expérience il avait apprit qu'aussi domestiqué que soit un animal, l'on ne lui effacera jamais sa nature initiale, celle d'avant sa rencontre avec l'homme. Et vu le feeling prodigieux qu'il avait avec la faune, garder un œil sur le fauve ne sera pas du luxe.

« J'en oublie mes manières dans tout cela. Je m'appelle Natsuki. »

Une présentation sobre, qu'il ne jugea pas utile d'étoffer. Il s'était de toute façon révélé comme appartenant à une position et un grade à Konoha où les informations circulaient beaucoup : il en avait dit sur son interlocuteur bien plus que ce que ce dernier lui avait fait savoir en l'abordant. Il y avait des choses que chacun pouvait savoir en se documentant certes, mais qui ne tombaient pas dans les oreilles des plus bas gradés, faute d'intérêt.

Je l'observais tout en me grattant la barbe, Kuroï quant à lui c'était couché au sol, les pattes sur le museau... Il faisait vraiment la comédie et il risquait de froisser le konohajin qui... qui était bizarre. Je n'allais pas en faire la remarque, il n'était peut-être pas dans son assiette, il avait peut-être bu où il était même drogué. Tout était possible avec les Citadins, même si je pensais à un jugement, je ne pouvais l'émettre sans savoir le réel cause. Ce n'était pas dans ma nature et je ne connaissais en rien le fond de son problème. Il me répondait... agressif ou ironique en disant qu'il voulait devenir un arbre. Une drôle de réponse que je prenais plus pour de l'humour, n'étant pas habitué à l'humour de ses hommes vivant en grande communauté. Je lui laissais quelques instants avant de répondre et il était désolé, je ne vois pas trop pourquoi, je passais bien au-dessus de ce genre de grognement comme j'étais habitué avec Kuroï qui me donnait une grosse dose journalière.

Je le voyais alors inspirer, il ne semblait pas drogué... non mais il n'était pas dans les meilleures conditions, instinct ou non, c'était ce que je me disais en le voyant. Je pouvais voir son regard, légèrement voilé par le sang. Il semblait alors dubitatif en me voyant moi ou Kuroï, mais je constatais que je n'avais pas retiré mon tablier de jardinier, c'était peut-être cela qui le perturbait, c'était une tenue comme une autre après tout.

« Il n'y a pas de mal, mais si tu désires devenir un arbre, je peux t'y aider... réellement, mais je ne pense pas que cela te serait agréable ahah. »

Il répétait encore une fois désolé et qu'il était un peu sur les nerfs s'il ne faisait pas sa méditation mensuelle. Le stress du village, une des raisons pourquoi je vivais à l'extérieur et de toute façon ce n'était pas bon pour Kuroï et cela arrangeait bien tout le monde de ne pas avoir un ours en liberté dans les rues de Konoha. Je le voyais alors balayer du regard et me montrer le vide qui l'entourait. Il y avait une belle vue, mais c'était un endroit paisible, j'aurais pu le boiser, mais je ne l'avais pas fait pour éviter des chutes utiles et permettre à celui qui le désirait de venir, un peu comme cet homme, méditer, regarder, imaginer, voyager...
Il était présent ici pour être loin des autres et il avait raison sur ce qu'il disait, les bruits de Konoha étaient assez horripilants. Je ne supportais pas trop cela, même si je m'y habituais de plus en plus. Il venait se recueillir auprès de la nature, de manière un peu enfantine, même s'il ne semblait pas bien vieux. Mais je souriais quand il me disait Hayashi et centenaire.

« C'est une bonne chose, je peux te construire une demeure sur cette colline si tu le désires, tu y auras ta tranquillité. Cependant, je suis un Dôbutsu avant d'être un Hayashi, le sang du père prend la priorité sur tout le reste, chez nous... et centenaire même un peu plus. Tu le sais de sources sur ou des rumeurs à mon propos ahah. »

Ce qui me demandait ensuite me faisait bien rire en voyant son regard se porter sur mon tablier. A ce moment, Kuroi se redressais, j'avais déjà peur de ce qu'il allait répondre.

« Ce n'est pas un fermier, tu crois qu'on cultive des légumes pour le plaisir ? On a notre propre domaine et on y crée la flore pour réparer les erreurs humaines ! »

« Il ne disait pas cela méchamment. »

Je le voyais alors regarder Kuroi qui en faisait tout autant, j'espérais juste qu'il n'allait pas prendre cela pour un défi, sans quoi il m'aurait fallu le calmer directement. Le jeune homme face à moi finissait alors par se présenter comme Natsuki... Je fouillais dans ma mémoire un instant, mais ce nom ne me disait trop rien en fait, pour le moment.

« Enchanté, je ne me suis pas présenté non plus. Je suis Kuma et lui, c'est Kuroi. Je suppose que tu dois savoir que je suis Jônin de Konoha. Désolé si ton nom ne me dit rien, mais ma mémoire me joue parfois des sales tours. Si tu as fini ta méditation, je peux peut être te montrer où je vis, comme tu recherches le calme. »

Je voyais bien que cela déplaisait à Kuroi, mais nous nous devions d'être courtois avec toutes les créatures de Mère.

« Curieux personnage... » songea Natsuki.

Les réponse du Dôbutsu sortaient avec un tel naturel qu'elles semblaient faites pour être prises au premier degré. Une expression que le Nara tatoué adoptait par moment, à la différence que lui au moins savait qu'il était sarcastique, contrairement à son interlocuteur qui semblait convaincu du sérieux de ses propres paroles. Il déclina donc la proposition de se faire changer en arbre tout comme l'offre d'avoir une maison bâtit sur cette colline en les ignorants : ce serait abuser de la générosité de son prochain, avait-il dit.

Scène plus singulière ensuite par contre, à laquelle il s'était beaucoup moins attendu, fut quand l'ours prit la parole. En humain. Il savait que les animaux shinobis – ceux avec qui les pactes étaient établit par les invocateurs – parlait couramment leur langue, mais il n'avait jamais entendu de précédent à propos d'animaux non claniques. Cela ferait longtemps que les Inuzuka l'aurait enseigné à leurs canidés sinon. Son regard passa de l'ours à son propriétaire, puis de son propriétaire à l'ours. Ce n'était pas ce qu'il avait vu de plus étrange en fait, en y repensant avec du recul. Dans un monde où les gens crachaient du feu et où les immortels existaient, la rationalité hein...

« Je connais un clan de chiens qui adorerait réussir le même exploit avec leurs humains. » commenta-t-il.

Trait d'humour sans rire qui relativisait la place de l'Homme dans l'immensité du monde qu'Il croyait maîtriser.

« Je ne donnais pas mon nom par espoir d'être reconnu : je n'ai rien fait pour. Rien dont je devrais être fier en tout cas. Et si le votre m'est connu, c'est mon métier d'archiviste à Konoha qui le veut : je connais au moins le visage et l'identité des grosses personnalités du Village. Votre récente montée au titre prestigieux de chef de clan vous a bien évidemment fait passer à ce statut. Cela ne vous offre cependant pas un dossier plus étoffé qu'un autre, nous ne sommes pas là pour pister vos faits et gestes. Seulement relever et garder dans l'Histoire ce qui se dit et qui mérite de l'être. »

Il haussa finalement les épaules quand Kuma l'invita sur son territoire. Pas plus emballé que réticent à cette idée, il y avait néanmoins la part de son éducation Nara qui était intriguée par cet énigmatique shinobi de la Feuille.

« Pourquoi pas? Je ne vais pas mettre en doute la sagesse d'un connaisseur si vous pensez qu'ailleurs est mieux qu'ici. »

Il composa un mudra, et la terre humide accrochée à ses pieds sécha aussitôt avant de s'effriter au vent. Une assurance de garder les chaussures propres quand il les enfila.

« Par contre... » commença-t-il en rejoignant le duo homme-bête. « ...malgré tout le respect que je vous dois, et tous les droits dont votre titre social vous fait jouir, j'apprécierai sincèrement si vous arrêtiez de me tutoyer. Nous n'avons pas gardé les ursidés ensemble, et nous n'en sommes pas encore à ce stade de familiarités. »

Un respect demandé qui par simple soucis de l'étiquette sociale imposait un fossé entre eux. Un moyen pour lui de se protéger.

« Je vous en serais aussi gré, Kuroi. » précisa-t-il en baissant les yeux vers l'énorme animal. « Si la nature vous a fait grâce des droits, de la paroles et de l'intellect des hommes – si ce n'est bien davantage encore – alors cela ne vous dispense pas des devoirs qui vont avec. Et surveiller vos pronoms sera sans doute le seule que j'exigerai de vous. »

Compte tenu de son état émotionnel du moment, c'était le mieux que pouvait faire Natsuki en guise de pincettes. Il n'était pas du genre à chercher les ennuis, mais ses problèmes de santé l'avaient conduit à y foncer dedans à la moindre opportunité proposée.

« Dites-moi Kuma. Est-ce vrai ce que vous m'avez dit plus tôt ? Que votre âge n'est pas une simple faute d'impression dans nos archives ? Votre couleur de peau exotique mise à part, vous n'avez pas les traits de quelqu'un ayant tant d'années de vie derrière lui. Comme si votre corps avait cessé de vieillir. Si c'est le cas, je vous plains sincèrement. »

Les yeux du Nara se levèrent vers les nuages, où il contempla un instant le ciel d'un été passé depuis peu.

« L'immortalité n'a rien d'un cadeau. » acheva-t-il.

Il était vrai, que pour quelqu'un qui n'avait pas l'habitude de me côtoyer, et ces personnes étaient assez rares en réalité. Voir un ours parler avec un genre d'homme nature assez bizarre sortant tout droit d'un monde enchanté, cela pouvait laisser perplexe une grande majorité de personnes qui n'avaient pas l'occasion de voir ce genre de chose souvent. Je le remarquais dans les regards de ce jeune Natsuki. J'en souriais plus que le contraire, c'était amusant à voir et ça me divertissait un peu par la même occasion. Il me parlait d'un clan de chien qui aimerait réaliser ce même exploit, il le pourrait s'il prenait la peine d'écouter et d'enseigner leurs chiens à autres choses que le combat. C'était un choix, mais pas vraiment le mien, je voulais que le monde animal puisse comprendre l'homme et autant l'inverse.

« Les Inuzuka... Oui, ils n'ont pas la même perception que mon clan. Cela explique peut être se léger manque de communication, mais ils n'en restent pas moins lié avec leur compagnon, c'est juste différent. »

C'était sûrement une note d'humour, mais le mien étant différent, je ne le relevais pas toujours. Je l'écoutais pour le suite, retenant une information intéressante, celle d'archiviste de Konoha. Pour le reste, c'était tout à fait normal de garder une trace de ce que pouvais faire ou avoir fait chaque membres de Konoha, je ne le prenais pas mal...C'était une organisation propre à eux-même et nécessaire pour éviter quelques surprises désagréables.

« Je savais bien qu'il y avait un archiviste, maintenant ma mémoire se libère un peu plus. Nara Natsuki... logique qu'un être doté d'une telle intelligence gère les dossiers de Konoha. »

Il semblait indifférent à ma proposition, mais il finissait tout de même par accepter. Il défaisait alors ses liens avec la terre. Plus pratique pour se déplacer sans se briser une cheville. Je commençais à me mettre en route en l'invitant à me suivre quand il me demandait quelque chose de particulier. Je voyais bien là un certain besoin de garder des distances, il voulait que je le vouvoie. Je le ferai si cela pouvait lui faire plaisir. Ces idées de mise en forme que l'homme créait... tellement futile et hypocrite pour distinguer un rang de l'autre, respect ou mépris. Il en disait de même avec Kuroï que je fixais au moment même afin que celui-ci n'explose pas de rage. Il était d'un statut, dans les ours, qu'il considérait bien au-delà des hommes, comme être de la nature, fils de Mère à part entière, descendant d'une longue lignée. Il n'en fallait pas plus pour qu'il se jette sur lui, mais cela n'allait pas arriver, nous étions des êtres qui s'adaptent et non qui se plient aux lois des hommes.

« Bien, comme vous préférez la forme je vous vouvoierai, mais n'espérez plus un mot de Kuroi. Il n'adhère pas à ce concept de mettre des distances dans le langage, mais ce n'est pas trop un soucis. »

Une excuse comme une autre, afin d'éviter de dire que ce genre de comportement est futile. Passons la diplomatie et il me posait une question qui me faisait à nouveau sourire. Les questions sur mon âge et ma drôle de peau et qu'il me plaignait sincèrement si j'étais un immortel. Je le laissais observer quelques instants les nuages qui n'avaient rien de particulier alors que nous approchions de mon domaine.

« Il n'y a pas d'erreur. On voulait me donner 64ans, histoire que cela soit plus humain. Mais je n'allais pas mentir sur mon âge. J'ai 114ans, bientôt 115 à vrai dire, Kuroi est un rien plus jeune que moi. L'immortalité est un don à double tranchant, il permet d'avoir une vision du monde beaucoup plus éloigné, mais dans l'autre, j'ai du me détacher de beaucoup de sentiments afin de ne pas briser mon âme avec les horreurs de ce monde. Allant de guerre en guerre, de mort en mort et de me voir là, au milieu de tout ça. Pouvant parfois agir, parfois pas. Je vis en fonction de Mère, elles nous a donc fait ce don. »

Nous arrivions alors sur une petite bute et on pouvait alors voir mon domaine... Un petit bout de chez moi tout en y étant éloigné.

Le prix de l'éternité 94413710

« Cependant, je ne suis pas vraiment immortel, comme vous le dites. Si vous me plantez un kunai dans le cœur, je mourrais. Et quand j'aurais fais ce que j'ai à faire ici, Kuroi et moi-même seront rappelés vers Mère. »

Je me dirigeais alors vers le petit pont qui nous permettait de traverser le cours d'eau. Je descendais alors vers la rive, en y posant mes mains sur le sol, faisant apparaître deux troncs. Je m'y installais alors que Kuroi nous quittait pour partir vers la forêt.

« Prenez-place. »

J'observais le cours d'eau un petit moment avant de reprendre.

« Et je m'isole pour éviter tout problème. Mon pouvoir, presque inconnu, peut attiser les convoitises de personnes non respectable. Ma position de chef de clan, risque de me rendre beaucoup plus attractif et si de une personne de ce genre viendrait me demander ce secret, je préfère l'accueillir ici que dans Konoha, pour éviter tout débordement inutile et mettre en danger des vies innocentes. »

Je soupirais un petit moment.

« Je ne suis pas à plaindre, il y a des situations bien plus critique que la mienne, vous ne pensez pas ? »

« Une relation que je regretterai à jamais. Mais je n'oserai pas demander à l'animal de s'abaisser au niveau de l'homme. » répondit-il lorsque Kuma lui annonça qu'il ne devra pas s'attendre à une parole de plus de la part de son ours dans ces conditions.

Natsuki aurait pu tout aussi bien pu dire qu'il n'avait pas la cote avec les animaux, et qu'il s'en fichait éperdument, le ton n'aurait pas été différent. Le fond de sa pensée non plus.

Ne suivant ni sentier ni chemin, ils arrivèrent après un petit temps de marche à l'orée de ce que Kuma présenta comme son domaine. L'endroit était singulièrement différent des alentours, comme si une force indescriptible y était davantage présente qu'ailleurs. Sans parler de la flore et de son arrangement : l'on sentait qu'il y avait un jardinier au sang d'Hayashi derrière tout cela. Personne d'autre qu'eux ne savaient si bien demander et obtenir des faveurs de la nature. Un décor sympathique, Natsuki devait le reconnaître. Promener ses yeux sur les environs sans pour autant bouger la tête ne l'empêchait cependant pas d'être attentif à ce que lui révélait Kuroi par rapport à son âge. Des bribes de détails sans entrer dans le sujet exact du comment et du pourquoi. Sans intérêt de toute façon : c'était la vision qu'il en avait qui était le plus intéressant à entendre.

« Au moins vous ne me sortez pas les inepties habituelles que tout le monde a à la bouche dès que l'on parle de jeunesse éternelle. » commença-t-il en prenant place sur la souche surélevée qui lui était proposée. « Merci. Les inepties habituelles donc, du genre voir ses proches mourir pendant que l'on perdure soi-même au fil des âges, souffrir de ne pouvoir s'attacher à personne sans la peur de fatalement le perdre à la fin etc... Un beau n'importe quoi, oui. Il n'y a pas besoin d'être hors du temps pour vivre cela au quotidien dans ce monde en perdition dans lequel nous vivons, encore moins dans notre métier. Nos amis, les membres de notre famille, nos proches, tous meurent, le plus souvent prit dans des guerres qui se succèdent, quand ce n'est pas simplement notre travail qui les conduit à la tombe. En moins de quinze ans, pouvez-vous me citer combien il y a eu de guerre ? Pas besoin d'atteindre les 115 ans pour en traverser plus qu'un homme ne devrait en vivre. »

Natsuki n'était pas certain de comprendre tout ce que lui disait Kuma, à propose de don, de Mère et de Pouvoir, ni même ce que Kuroi avait voulut exprimer quand il avait grogné qu'il réparait les erreurs humaines. Mais il pensait avoir cerné assez du vieil original pour savoir que tout ou presque était à prendre au premier degré, tant il parlait avec franchise. Son inhabituelle longévité, il la devait donc vraiment à la nature, qu'il nommait Mère ? Quelle garce elle était de l'avoir affublé de ce fardeau...

« L'immortalité n'a jamais eu qu'un seul tranchant, mais il a toujours été que pour son porteur. A vivre trop vieux, l'on fini par se lasser de la vie. L'être humain n'est pas fait pour traverser les siècles. C'est sa courte espérance de vie qui fait de lui ce qu'il est aujourd'hui, qui le pousse à aller de l'avant pour accomplir ce qui doit être fait tant qu'il est encore là. De sa poignée de décennie à vivre sur terre lui vient son goût prononcé pour la vie. En lui retirant sa propre mortalité, pensez-vous qu'il sera toujours capable de nourrir ce besoin de vivre le plus intensément possible ? »

Une question qui n'avait pas forcément besoin de réponse. Natsuki bascula sa tête en arrière, et regarda à nouveau le ciel à travers les branches des arbres aux feuilles marbrées.

« L'une de mes anciennes étudiantes, celle qui a libéré Meteora et décimé le clan des Yamanaka, avait pour objectif d'atteindre le statut d'immortel – ce qu'elle a réussit d'ailleurs. Elle qui n'a maintenant plus peur de la mort, et qu'elle a atteint son objectif le plus cher, que va-t-il lui arriver ? En se retirant elle-même cette fatalité qui l'attend au bout de la route, que le temps qu'il lui reste s'étend désormais à l'infini, aura-t-elle encore ce besoin de remplir ses jours d'expériences et de joie ? Je crains pour elle que les siècles n'érodent sa volonté de vivre. Les humains ont besoin de leur existence éphémère pour donner pleinement un sens à leur vie. Mais bon, pour ce que vous m'en dites, c'est différent pour vous, non ? »

Il ramena son regard vers son hôte.

« Vous, vous avez un but, et la délivrance vous attend à la fin de celui-ci. Qui plus est, vous n'êtes pas vraiment immortel non plus, de votre propre aveu, seulement hors du temps. Cela doit rendre j'imagine votre situation plus... supportable. Un beau crétin sera celui qui viendra vous réclamer le secret de l'éternité en croyant que vous le possédez, en tout cas. Une malédiction bien plus qu'un don. »

Fut un temps, Natsuki était une preuve vivante de cette idée qu'il véhiculait. Maintenant, c'était la lumière trop souvent éteinte dans ses yeux qui le prouvait. Ce n'était pas pour rien que le maléfice qui le rongeait induisait son état actuel. Il y avait des choses qu'il ne pouvait prouver, mais qu'il sentait, qu'importe le déni qu'il en faisait. Les conséquences morphologiques qu'ils subissaient n'étaient pas les seules responsables.

« Oui, il y a sans aucun doute des situations plus critique que la votre. L'on trouve toujours plus malheureux que soi, bien que je ne sois pas persuadé que ce soit une consolation. Seulement une occasion de relativiser sa propre condition. Question misère du monde surtout, je ne crois pas me tromper en disant que vous devez connaître votre sujet, d'après ce que j'ai entendu de vos dires. »

Courte pause réflexion.

« Qu'est-ce qui vous a amené dans les environs du Pays du Feu et de Konoha d'ailleurs ? Le monde est vaste, pourquoi vous être installé ici ? Est-ce le sang de votre mère qui vous fait voir le territoire du Village de la Feuille comme un foyer, ou bien est-il simplement une étape sur votre longue route ? »

Ou peut-être que c'était ici que la nature était la plus atteinte ? '' Pourquoi ici et pas ailleurs ? '', auraient répondu les sages de son clan. Les événements et les faits devaient être prit comme ils venaient, car c'était ainsi, l'on n'influençait pas le destin.

Natsuki restait cependant persuadé qu'il pouvait le faire fléchir un peu au besoin.

Je souriais au propos de Natsuki alors que nous arrivions et que je m'installais confortablement, regardant ce fin ruisseau s'écouler sans fin, corrosif, destruction, source vie, éternel... une eau si douce et si meurtrière, hors du temps aussi. J'adorais me perdre à observer la plus infime chose m'entourant. On pouvait considérer cela comme une perte de temps, pour ma part, c'était comprendre, apprendre et tenter aux autres d'ouvrir les yeux. Dans ma vie, courte encore à mes yeux, longue pour d'autres, je n'avais pu trouver un être suffisamment complet pour comprendre l'ensemble qui formait une vie. En tout cas, l'homme qui s'installait à mes côtés, avait la parole facile, un esprit analytique, peut être trop... oui trop carré sur la chose. Mais qui suis-je pour juger ou blâmer, personne après tout... juste une branche de plus sur l'arbre de vie qui en comptait des milliards en regroupant toutes les espèces.

Je me sentais évasif, peut être trop en ce moment alors que j'avais face à moi un homme important aux yeux des autres, pas autant pour moi, je m'adaptais sans réellement accorder plus d'importance à l'un ou à l'autre, tous étant sur le même pied d'égalité avec des racines nobles ou totalement souillés... Une question dans son dialogue me faisait revenir à moi, l'air neutre, sans émettre une réel émotion à ce qu'il venait de dire... il avait totalement raison dans un sens, selon la vision actuelle de ce que l'homme à connu et qu'il risque de connaître jusqu'à son éradication total qui viendra par sa main ou celle de mère quand elle trouvera que ses êtres parasitaires, qui à la base, devait la respecter et la servir tout en gardant un contrôle de la population pour éviter des débordements. Un ordre naturel qui avait été rompu depuis bien des siècles avant ma naissance.

« La guerre a t-elle cessez depuis que l'homme vie sur notre terre ?»

Répondre à une question par une autre, cela pouvait être éreintant, mais Natuski comprendrait certainement où je voulais en venir. Il n'y avait pas besoin de discuter sur le sujet, c'était un fait. La suite tenait la route, une route que l'homme avait décidé d'emprunter, malheureuse ou heureuse, encore une fois, je n'avais pas a déterminer la cause à effet. Je comprenais bien qu'il n'attendait pas une réponse, mais je tenais à y mettre ma graine... J'étais là pour ça après tout.

« Il aurait toujours ses mêmes besoins, mais il aurait plus de temps pour les réaliser. Mais ce n'est pas un cadeau que l'on offre à tout le monde. Même immortel, l'homme en voudrait toujours plus... plus jusqu'à créer un autre monde ahaha. Plausible ou pas... il en serait capable... »

Il me parlait de son ancienne élève... celle qui avait libéré Meteora, ce furyou... Je ne m'attendais pas à ça. Je connaissais cette histoire. Des erreurs, créations machiavélique de l'homme, rendant une obsession tellement forte que plus rien ne comptait d'autre. Je savais le mal qu'ils avaient pu faire... Meteora et les autres, mais je n'avais pas la force de les combattre et Mère ne m'en avait pas donné les moyens...Volontaire de sa part ou non, c'était un bon moyen pour elle de se débarrasser d'indésirables, mais à quel prix !

« Différent, identique... que t'apporterait ma réponse ? Une satisfaction que je sois différent ou une frustration que je sois comme elle. Je ne me situe nul part, je suis un élément, une vie comme une autre. »

J'avais bien fait de rester flou, il répondait pour moi et une déduction très juste en ce qui concernait cette immortalité passagère. Je n'en avais pas les secrets et pour rien au monde je ne les voudrais. Je continuais de l'écouter, une chose assez rare de nos jours. Beaucoup faisait semblant, voulant répondre à tout pris en pensant avoir compris tel ou tel chose. Mais je n'avais rien à répondre, il était doté d'un sens de la réflexion digne des Nara, cela ne faisait aucun doute. Cependant, la suite méritait réponse de ma part, franche et direct... Je ne pouvais mentir ou faire croire une chose qui pouvait changer à tout moment.

« Une étape parmi tant d'autres. Je suis reconnaissant envers Konoha de m'avoir accueilli. Reconnaissant envers les Hayashi de m'avoir transmis leurs savoirs, reconnaissant envers tout ses grands hommes qui ont foulé la terre de Konoha, pourtant elle aussi souillé par le sang d'innocent. Le jour où j'aurais fais ce qui doit être fait. Je quitterais Hi no kuni... mais dans combien de temps, dix ans, vingt ans, cinquante ans... Je ne le sais pas, pour le moment je dois être ici pour faire mon devoir et ce qui m'a été demandé. »

J'aurai pu lui dire pourquoi, pour qui, quand et combien de temps. Mais c'était un travail long et périlleux et beaucoup de choses avaient déjà disparu... Uchiha, Senju, furyou... une terre si belle et pourtant si lourde d'histoire, certainement la plus énigmatique de ce vaste monde.

« Il faut retourner à l'origine de toute chose pour mieux comprendre notre monde et savoir pourquoi les choses se sont produites. »

Je me relevais en m'étirant un peu avant de m'asseoir de nouveau. Je n'aimais pas trop rester immobile et je n'avais surtout pas l'habitude de parler autant.

« Jadis, j'ai promis une chose au premier Hokage. Celle de veiller sur ses enfants, les konohajins. Je m'y tiendrais. »

Je me tournais un peu vers lui, il me semblait digne de confiance et je tenais à lui poser une question.

« Penses-tu, que celle que j'appelle Mère, notre Terre est une entité vivante et pensante ? »

« Pourquoi avoir prit cet engagement auprès du premier Hokage ? » demanda finalement Natsuki. « Je veux dire, vous êtes là pour réparer les erreurs des humains et servir la nature si j'ai bien comprit. Alors pourquoi vous enraciner avec une promesse ne concernant que les Hommes ? La terre est vaste, et les Bourgeons de l'Arbre de Konoha ne sont pas les seuls à la peupler. La réponse ne me regarde peut-être pas, aussi je vous invite à l'ignorer si c'est le cas. Mais cela me laisse songeur je vous avouerai. Est-ce par reconnaissance de ce que le Pays du Feu a fait pour vous, ou simplement parce que c'est ici que le peuple à le plus besoin d'un berger pour le guider ? Il faut bien commencer quelque part vous me direz. Mais justement vous qui devez à terme agir partout, vous vous êtes coincé ici jusqu'à... Jusqu'à quoi ? Que Konoha disparaisse comme Kiri ? »

Une chose qui ne saurait tarder, vu ce qu'il se préparait du côté de Saibogu.

« D'une question m'en vient une autre. Dans la catégorie des attaches sociales toujours : pour quelle raison avoir décidé de rejoindre l'armée de la Feuille ? Vous aviez déjà une allégeance auprès de la nature, et une charge de travail qui en découlait déjà bien assez conséquente visiblement. A quoi bon s'encombrer d'une supplémentaire, surtout venant de l'une des espèces les plus destructrice de la planète ? Que pensez-vous ou voulez-vous apporter à Konoha ce faisant ? »

Il est vrai que plus il discutait avec lui, et moins Natsuki arrivait à voir son interlocuteur comme un shinobi. Oui il était probablement fort, et oui il maîtrisait l'art du ninjutsu, mais ce n'était pas cela qui faisait un ninja : tous les Hayashi n'étaient pas soldats, certains faisaient charpentier ou paysan – surtout les pièces rapportées de la famille. Il en allait de même pour chaque clan, les Hyuga exceptés.

Vint alors une question de la part de Kuma cette fois-ci, mais qui s'inscrivait dans un tout autre registre : celui par lequel il vivait.

« Je ne sais pas. » répondit franchement Natsuki sans se donner la peine de réfléchir. « Il m'arrivait de me poser la question autrefois. Cela dépend des religions j'imagine. Sur ce continent, la croyance va aux neufs dieux à queues, mais j'ai lu que vers l'occident, les peuples croient en d'autres divinités, plus nombreuses, et chacune incarnant un aspect du monde : le soleil, la beauté, les océans, l'au-delà, la Terre etc... Qui a raison, qui a tort, cela, je ne sais même pas s'il y a un intérêt à se poser la question. Mais en ce qui me concerne... »

Il haussa les épaules.

« ...je n'en sais vraiment rien. Je crois que je ne réfute aucune des deux idées. Je n'ai jamais cherché à communiquer sincèrement avec la Terre, ni Elle se manifester à moi – à moins que je ne sois resté sourd à ses signes ? Cette absence fait-elle d'Elle pour autant une simple matière sans volonté ? Ce n'est pas parce que je ne vois pas quelque chose qu'il n'existe pas. Tout n'a pas besoin de preuve pour exister, n'est-ce pas là le fondement même de la foi ? Le même résonnement s'applique à n'importe quoi d'autre cela dit. »

Il tira du presque néant un kunai, et le fit tourner sur son index par la partie ronde de l'arme.

« Mon kunai est-il une entité vivante et pensante ? Un fragment du corps d'un dieu guerrier offert aux hommes et guidant leurs bras afin de satisfaire sa soif de sang ? Je n'ai la preuve ni de cela, ni du contraire, seulement une foi possible. Est-ce suffisant pour définir si c'est vrai ou non ? »

Il se fendit d'un sourire sans éclat, et fit disparaître son arme dans un sceau qui se dessina dans sa main.

« Mais bon, je m'égare, votre question n'allait pas aussi loin, vous vouliez juste savoir ce que moi j'en pensais. Une réponse que vous avez eu, quoi que vague, mais qui que je pourrai difficilement rendre plus précise. Sûrement parce que cela ne m'intéresse pas d'avoir un avis tranché là-dessus, je n'en vois pas l'intérêt. »

Nouveau haussement sans conviction des épaules.

« Est-ce par curiosité intellectuelle que vous me demandez cela, ou voyez-vous en moi une possible aide dans votre quête de soigner votre Mère ? Je me doute bien que vos deux bras seuls risquent de ne pas suffire dans l'ampleur de la tâche qui vous attend, mais si c'est le second cas, vous vous adressez à la mauvaise personne. L'on ne peut pas compter sur moi pour bâtir quoi que ce soit... »

Détruire était bien plus facile, et la nature l'avait doté d'un don tout à fait exceptionnel dans le domaine, où il pouvait difficilement se trouver des égaux. La nature... Une pensée sauta d'un coup à l'esprit du Nara qui se figea un instant sur sa souche.

« Cela ayant été dit, il y a tout de même une question que j'aimerai poser à votre foi, et à laquelle vous avez peut-être la réponse, si les voies de votre Mère ne sont pas trop impénétrables. Dans l'ensemble de ce qu'Elle créée, est-ce que tout a nécessairement un but ? Et si c'est le cas, alors à quels desseins fait-Elle ou laisse-t-Elle naître les aberrations de la nature qui peuple aujourd'hui notre monde ? »

Bien qu'il n'eut pas vraiment la voix légère depuis le début de leur rencontre, le ton soudain de sa question laissa entrevoir que la réponse que Kuma pouvait avoir une sacrée importance pour lui.

Parler du premier Hokage éveillait sans doute quelques curiosités et Natsuki n'échappait pas à cette règle.

« Pour répondre à votre première question et à votre seconde question, c'est tout simple, je suis un homme. Je suis différent, mais je n'en reste pas moins un simple être humain. Konoha a été la source de bien des malheurs, comme tant d'autres endroits et n'ayant pas le pouvoir d'omniscience, je me dois de m'établir à un endroit pour un bon moment et faire en sorte de le rendre meilleur. Si le meilleur doit passer par la disparition de Konoha, tout comme Kiri... Je ferai en sorte de limiter les dégâts et de sauver les personnes qui méritent cette chance. »

Je soupirais alors que je m'amusais en même temps à laisser filer quelques graines sur le sol.

« Un berger, un vrai guide ne peut exister car il sera toujours tenu par des exigences et devoir faire un choix envers les siens et non prendre des décisions pour le bien de tous. »

Je pourrais aborder le même sujet que j'ai eu avec ce moine... mais pas de suite, je voulais voir le dénouement de cette discussion.

« Je ne suis pas fais pour rester un spectateur, en rejoignant Konoha, son armée... Cela m'offre certaines possibilités d'interventions. De plus mon grade me permet une certaine autorité, que je n'utilise pas sous la contrainte mais qui me sert à pouvoir diriger les personnes sur un chemin un peu meilleur que celui qu'ils désiraient emprunter à la bas, même si cela n'est pas toujours facile. Je ne peux pas offrir grand chose à Konoha, sauf un répit. »

Tant de questions. Heureusement que mon fidèle ami n'était pas là, cela aurait tourné court car il détestait les interrogatoires, ce n'en était pas un, mais il l'aurait pris comme tel. Venait ensuite la réponse à ma question, celle qui m'intéressait le plus et je l'écoutais attentivement. Il avait une vision neutre, intéressante, de bon sens avec quelques interrogations... il est vrai qu'il fallait savoir écouter parfois, mais ce n'était pas toujours facile... Je le regardais alors prendre un kunaï et la comparaison qu'il faisait été intéressante et c'était une optique à laquelle je n'avais pas encore réellement pensé. Pourtant, il était fait de métal qui venait lui même de notre terre, donc une création de la terre que l'homme a façonné pour en faire une arme. Il n'y avait rien de divin, une simple logique. Je détournais légèrement le regard pour ne pas y répondre alors qu'il rangeait son arme pour passer à autre chose.

Je ne pouvais m'empêcher de sourire quand je l'écoutais. Il n'était pas la bonne personne, je ne lui avais rien demandé dans un premier temps. Et puis, il n'y avait pas de bonnes ou de mauvaises personnes, tous avaient un rôle à jouer, même si Natsuki se croyait en dehors de tout. Mais la suite était une question, longue mais des plus intrigante et je me devais de cadrer un peu cela.

« Mère n'est en rien une divinité, c'est un être vivant, dans une autre échelle que la notre. Elle a créé la vie dans des buts précis, celui de ne plus être seule. Un concept difficile à concevoir et un Jisetsu aurait sûrement plus d'aisance à compléter mes informations. Mais comme vous le savez, c'est un astre et il y en a d'autres, il suffit de lever la tête vers le ciel d'une nuit étoilée. Ils sont tellement éloignés, qu'elle a bien dû trouver des êtres avec qui pouvoir partager son savoir et communiquer. »

Aberration un terme dur, mais utile.

« Elle n'a pas tout créé, mais certaines de ses aberrations oui. Pourquoi ? Simplement pour restaurer un équilibre bien fragile qui doit être préservé. »

J'allais maintenant pouvoir lui parler de la conception qui me guidait.

« Détruire pour créer, créer pour détruire. L'un ne va pas sans l'autre, c'est indiscutable. J'en reviens votre affirmation comme quoi vous me seriez inutile. Je ne le crois pas, que vous soyez un destructeur ou un créateur, Mère a besoin des deux, comme une purge naturelle et si celle-ci risque le déséquilibre totale, elle aide à la destruction avec des êtres comme les furyous... »

Je me relevais alors que le tronc que j'avais détruit retourner à son état d'origine, le néant.

« Ce sont des concepts qui ne sont simples et compliqués en même temps. Je suis ici pour tenter de préserver au mieux l'équilibre, mais je ne peux le faire seul et comme l'être humain que je suis, j'ai besoin d'attache aussi, même si elles sont éphémères... je n'ai pas la même conception du mot éphémère que vous. Cela peut durer des dizaines d'années voir plus, un avantage de ma situation ou une malédiction pour vous. »

Mes paroles pouvaient paraître incompréhensible.

« J'ai besoin de Konoha pour mettre mon peuple à l'abri aussi et de créer une unions entre les clans bien plus fortes que dans n'importe quelle contrée. Aburame, Inuzuka, Gekei, Dôbutsu... des clans si proches qu'une telle union pourrait peser lourd dans le devenir de Konoha une branche commune sous un même pays... »

Un plan difficile mais réalisable, il suffisait d'y croire.

« Je ne sais pas si mes réponses vous satisferont. Mais pourquoi autant s'intéressait à cela, alors que pour la majorité des Konohajins, je ne suis qu'un vieux shinobi, solitaire qui fait ce qui doit être fait comme un bon petit soldat... »

Bien qu'il se doutait déjà de la réponse, Kuma lui expliqua que la Terre était bel et bien vivante, à la différence que son statut n'avait rien de divin. Un fait que Natsuki ne chercha ni à réfuter, ni à approuver. Pour lui, la planète était la planète, point barre. Lui continuait sa survie sur elle, et elle menait sa vie – si elle est en avait réellement une – de son côté. Elle ne devait pas le détester tant que cela, vu le rôle si important qu'elle lui avait confié...

« Je n'ai jamais dit que j'étais inutile. » affirma Natsuki en secouant doucement la tête. « J'ai dit que je n'étais pas fiable pour ce qui est de créer quoi que ce soit, ce qui est différent. Ce serait mentir de dire que j'ai rejoints l'armée de Konoha par désir, car en tant que shinobi clanique c'est un choix que je n'ai eu le droit de faire que quand il était trop tard, mais c'est un métier que j'ai exercé avec '' satisfaction ''. »

Le mot satisfaction était si détaché du reste de la phrase qu'il rendait à lui seul compte la relativité du plaisir que l'on pouvait éprouver à massacrer son prochain pour de l'argent.

« Tout n'est pas toujours blanc ou noir – il ne l'est même jamais – mais je sentais que je me battais pour un but, un objectif, ainsi que mes propres idéaux. Je détruisais déjà avant, mais avec le sentiment que c'était à dessein, pour construire et façonner un monde '' meilleur '' derrière. Et que même si je ne suis bon qu'à creuser des fondations, je savais qu'elles étaient suffisamment bien faites pour permettre à d'autres d'y poser les parpaings de l'avenir. Aujourd'hui, j'ai l'impression que ce n'est plus que de la destruction aveugle, une fin en elle-même. »

Mensonge encore une fois : ce n'était pas une impression, mais une certitude.

« Alors si tout ce que vous dites est vrai, j'ai probablement hérité du rôle de la purge dans les tampons, et ce que moi j'appelle '' aveugle '', vous le nommeriez '' volonté de Mère ''. Et si c'est le cas, je n'apprécie ni sa manière hasardeuse de distribuer les rôles, ni sa façon de me faire passer le message. »

La suite de la discussion appartint à Kuma, lequel illustrait très mal son attachement aux Hayashi : il semblait bien incapable de rester assit et immobile telle une plante verte, en témoignait son besoin régulier de lever son séant de sa souche. Il n'aurait aucun avenir chez les scribouillards de Konoha lui.

« Je vois. Vous me faites penser à un personnage fictif dont j'ai eu l'occasion de lire les récits plus jeune. » commença-t-il sans sourire cette fois-ci, malgré le ton léger qu'il souhaitait employer.

Sans qu'il ne puisse l'expliquer, il sentait un dérangeant malaise le prendre et se développer depuis qu'il était ici. Était-ce le lieu ou la présence du barbu qui lui faisait cet effet ?

« Konoha n'est donc qu'une étape pour vous, un moyen de mener à bien un objectif plus noble, celui de '' sauver les graines de l'humanité ''. Celles qui le méritent en tout cas. Réparer les erreurs de l'Homme pour lui permettre d'encore se la couler douce sur le dos de votre Mère, ou limiter les dégâts lorsqu'Elle donnera l'ordre de lui faire table-raz sur l'épiderme. »

Autrement dit, Kuma ne servait pas réellement Konoha : il se servait de lui.

« Pourquoi vous poser la question ? Parce que le Pays du Feu est ma patrie, et même si je vois pas toujours d'un bon œil la direction dans laquelle nous allons, cela reste chez moi, où sont les valeurs que je veux défendre. »

Quand il n'était pas poussé à les détruire tout du moins.

« De fait, vous pourrez aisément comprendre que je n'apprécie pas vraiment entendre que mon Village n'est qu'un instrument dans les mains d'un homme pour atteindre un objectif qui lui est personnel. Un certain Kazekage a montré où cela pouvait mener. »

Pas d'hostilité dans la voix, seulement un constat.

« Néanmoins, s'il n'y a pas de mensonge, vos desseins sont différents. Konoha n'est qu'une étape certes, mais vous servez le Village pour le moment pour continuer de profiter des avantages qu'Il vous procure. Et quand vous partirez, ce sera pas pour nuire, mais pour poursuivre cette quête du bien de tous, ou du moindre mal. Pas de quoi vous en vouloir donc. »

Pas encore...

« Il m'arrive parfois de regretter aussi que le bien d'un Village doit passer avant celui des peuples. Il faut bien défendre ses intérêts prioritairement, je le conçois, mais en l’occurrence, avec cette mentalité, Konoha est aujourd'hui presque opposé au Pays du Feu. Que de sources de conflits inutiles, à croire que nous sommes fait pour cela, ou que quelqu'un nous souffle à l'oreille de continuer de tous nous entre-tuer encore un peu. »

Une insinuation dépourvu de subtilité.

« Au jour d'aujourd'hui, tout ce qui vous manque encore en fait, c'est davantage d'autorité, c'est cela ? Pour pouvoir utiliser les pleines ressources du Village de la Feuille à l'avantage de vos projets – unir les clans dans l'immédiat. Le Hokage est-il au courant de tout cela ? »

Le premier, probablement, mais les autres ensuite ? Et surtout, le dernier en liste, principalement.

« Ce n'est pas trop pénible au final d'exister seulement pour un objectif ? Vivre pour travailler au lieu de travailler pour vivre. Il en faut toujours un remarquez, celui qui trime sans à-côté et qui ne devra que se contenter de la satisfaction du travail bien fait. L'altruisme dans toute sa splendeur... »

A en juger par le rôle que la nature avait visiblement confié à Natsuki selon la vision de Kuma, il était lui aussi un altruiste à sa façon en fait. La satisfaction en moins.

Fantastique...

J'écoutais à nouveau mon interlocuteur. Il était vraiment plaisant de discuter avec un tel homme et cela faisait bien longtemps que je n'avais eu une telle discussion intéressante et aussi longue avec l'un de mes semblables humain. Il ne semblait pas m'avoir compris ou alors, je m'exprimais mal, c'était bien possible. Mais je ne le trouvais pas inutile et ni fiable comme il le disait lui même, je pensais juste qu'il avait un rôle à jouer comme tout à chacun, si il prenait la peine de s'en faire un peu et de voir au-delà des autres et de lui-même, mais je comprenais où il voulait en venir. La suit était beaucoup moins joyeuse, j'y voyais une touche de pessimisme, une fatalité de notre monde. Même si cela pouvait s'avérer vrai, je n'y croyais pas car il y avait encore dans ce monde des êtres prêt à tout pour leurs prochains et c'était pour eux que je me battais autant.

Le mot purge, un rôle... je ne pouvais m'empêcher de sourire légèrement quand il se plaignait si c'était Mère qui lui avait donné un rôle, mais pas si hasardeux, car il détruisait pour protéger. Il ne pouvait être fautif, il avait un rôle de gardien mais à une échelle assez restreinte mais suffisante pour mériter qu'il soit totalement intéressant à mes yeux. Je me mettais à rire quand il me disait que je lui faisais penser à un personnage fictif qu'il avait pu lire. Je ne disais rien pour cela, c'était une illustration amusante qu'on ne m'avait encore jamais dis. Il avait encore raison pour la suite, mais j'avais tout de même développer un lien affectif envers Konoha et tout les êtres vivants de nos contrées qui me faisait passer d'un côté un peu plus précis, mais que Mère pouvait encore approuver à mon égard.

Maintenant, on en venait au patriotisme, je le comprenais que cela pouvait paraître grave de dire que je me servais un peu de Konoha pour arriver à certaines choses et il établissait un constat, que j'avais pu connaître, mais que je n'aurai pas reproduis. Je soupirais alors quand j'entendais la suite, une vrai constatation des plus navrante.

« C'est l'homme... mais sachez qu'il n'y a pas que Mère, l'équilibre dont je parle, ce passe bien au-delà de cette terre... et un murmure sanguinaire pourrait venir... Soit, ce n'est pas important pour le moment. »

Il avait raison, ce qu'il me manquait c'était plus d'autorité et il me demandait, suite logique, si l'Hokage était au courant.

« Si j'avais plus de pouvoir, je ferais en sorte que Konoha devienne comme un sanctuaire, mais cela entraînera des morts pour tout les camps, on ne peut y échapper et croire à une paix éternellement avec un lieu paisible où vivre, on peut faire en sorte de limiter la casse. Concernant Kawa no Kuni, il est bien sur au courant. Pour l'alliance clanique... pas pour le moment, mais cela ne serait tarder. »

Je m'amusais alors à faire pousser quelques fleurs tout en écoutant.

« Disons que Konoha, tout comme Kawa no kuni, les Gekei, les Aburame, les Inuzaka., Hayashi, Nara, Akimichi, ect... une telle diversité dans une parcelle si restreinte, avec l'acceptation de chaque différence. Je suis heureux d'être ici et d'avoir trouvé une telle coalition si rare, mêlant nature et homme. Voilà pourquoi je suis ici depuis si longtemps et que je compte bien le rester pour que ce pays continue à prospérer dans ce respect et se parfait mariage de l'homme et la nature. Donc non, ce n'est pas pénible, c'est juste une joie de vivre ainsi. Il y a bien pire destin. »

Je m'approchais un peu de Natsuki et une question me titillait un peu.

« Vous êtes venus pour tester ma loyauté ou encore remplir des archives sur le personnage que je suis ? Cela est en tout cas bien plaisant, il est rare pour moi de pouvoir me confier, sur certaines choses... »

« Un sanctuaire ? » répéta Natsuki. « Moui, ce n'est pas tant la paix interne qu'il faut voir – cela on y arrive déjà à peu près -, mais plutôt s'il est possible de rester en paix avec les autres. Cela dit, si pour y arriver, il faudra des morts un peu partout, j'ai envie de répondre que cela ne nous changera pas beaucoup du quotidien. Parce que concrètement, qu'est-ce que les shinobis ont réussit à bâtir sur un dallage qui n'est pas couvert de sang, ou qui ne l'est pas devenu peu après ? Pas grand chose j'ai l'impression. Même votre rapprochement planifié entre Kawa et Hi risque de nous mener à des affrontements. Nous ne sommes jamais qu'un Village de mercenaires. Même si sur le papier, nous devons assurer la prospérité du Pays du Feu, dans les faits, c'est surtout Konoha qui prime pour Konoha, et qui fait ce qui Lui chante. Normal que cela ne plaise pas au Daymio. Une armée qui annexe des pays de sa propre initiative, et qui part en guerre sans en référer au dirigeant de la Nation qui l'héberge. Les clans de la Feuille coexistent, et sont déjà sous l'égide d'un objectif commun. Mais organisez cela à plus grande échelle, avec d'autres Familles d'autres Pays, et le shogunat va croire qu'une armée se dresse contre lui dans son dos. Avec les tensions du moment, le moindre prétexte risque d'être propice à un Casus Belli... »

Alors qu'il parlait, Natsuki remarqua que son interlocuteur jouait avec ses dons héréditaires, exploitant la part de sang Hayashi de sa mère non terreuse pour faire pousser des graines et donner vie à des fleurs près de lui. Il le laisse alors faire quelques instants, puis frappa du pied le sol. Aussitôt, des mâchoires de pierre semblable à des pièges à ours en jaillirent et se refermèrent cruellement sur la flore naissante dans un bruit sec, avant de retourner à la terre. Le regard froid du Nara tatoué ne dénota aucune trace d'humour lorsqu'il le posa sur Kuma.

« Cessez de créer si facilement la vie je vous prie, ce n'est en aucun cas plaisant de la réguler. »

Son expression ne changea plus pour pour la suite.

« Ni l'un ni l'autre. C'est vous qui m'avez amené dans votre domaine, je me permets de vous rappeler. Moi je n'avais pas le dessein de vous rencontrer aujourd'hui. Ceci ayant été dit, je n'aime pas particulièrement cet endroit. Je ne sais pas si c'est mon imagination ou un fait avéré, mais ce lieu me renvoie une sensation du plus mauvais effet. Quoi que ce soit, votre Mère particulièrement présente ici ou vous, ce qui se dégage d'ici est étouffant. »

Son bras droit le démangea, il y laissa des traces de griffures rouges.

« Je souhaiterai davantage le premier choix, car je dois admettre moi-même qu'il n'est pas déplaisant de dialoguer avec vous. Ce serait perdre une source intéressante de savoir que de devoir vous fuir sous prétexte d'une répulsion instinctive. Un regret que votre compagnon soupe-au-lait ne me partagera certainement pas. »

Il se leva à son tour, en ayant assez que Kuma le toise de toute sa taille.

« En fait, j'ai plutôt l'impression que c'est vous qui cherchiez quelqu'un avec qui parler. Vous avez dit plus tôt n'être vu par les autres que comme un vieux shinobis solitaire. La solitude vous pèserait donc, malgré la présence que je devine constante de Kuroi et de votre Mère ? A moins que vous désiriez simplement rencontrer quelqu'un de suffisamment ouvert d'esprit pour entendre et débattre de vos croyances ? »

Il haussa les épaules sans conviction.

« L'un dans l'autre, peu importe : allons ailleurs si vous voulez continuer cette discussion. Je ne supporte pas d'être ici. » dit-il en se massant une main crispée. « Vous m'aviez parlé d'un endroit calme, mais il semblerait que ce soit raté pour moi. Au final, il n'en existe vraiment qu'un seul... »

Il connaissait le chemin de la sortie : c'était l'entrée prise dans l'autre sens.

La discussion que nous avions, je ne m'y attendais pas du tout. Je n'avais pas discuté de ma manière de voir ce monde depuis si longtemps, je pense même que le seul réellement au courant était Kuroi... Il y en avait eu d'autres bien sur, mais ils ne sont plus de ce monde. J'écoutais alors le Nara, un avis de plus sur le devenir de ce monde et j'en entendais toujours la même conclusion alors que je voulais justement l'éviter, une chose impossible en soit. La mort par la mort... le sang par le sang et le pire, créer une alliance plus profonde et le shogunat se croirait en danger... Le shogunat était le danger de ce monde aussi, mais je n'allais pas entrer dans ce débat et je laissais mon invité continuer la discussion, j'en avais déjà trop dis après tout ou pas assez.

A sa remarque, je cessais de jouer, comme il le disait, a créer et défaire... Ce n'était pas un jeu, juste une réalité à petite échelle, mais ce jeune homme semblait légèrement susceptible. Je lui souriais alors qu'il me répondait à ma question sur un possible interrogatoire. Il était vrai que je l'avais invité, il n'était pas venu de lui-même, je m'étais simplement perdu dans mes pensées. Rien de bien dramatique. Il ne semblait pas apprécié l'endroit et d'après ce qu'il me disait, je ne voyais que deux options possibles.. Il n'aimait pas la nature ou il était allergique à certaine variété de plante, du coup je pouvais comprendre le fait qu'il ne s'y sentais pas vraiment bien. Je le voyais d'ailleurs se gratter un peu...

Il finissait par se redresser, je pouvais en effet me sentir un peu seul parfois. Cela ne me dérangeait pas pour autant, la présence de ce qui m'entourait me suffisait amplement. Mais il était rare de trouver quelqu'un avec un esprit ouvert pour dire de parler de mes croyances, de ce que je pensais de ce pauvre monde dans lequel nous vivions...Je me grattais la barbichette tranquillement en lui souriant.

« J'aime surtout débattre en fait et parler de ce qui nous entoure, croyances ou non. C'est toujours intéressant car la plus part vienne me voir pour un anciennement ou encore savoir qui je suis d'où je viens et pourquoi j'ai une peau violette ahaha. »

Il voulait donc un autre endroit... Je n'avais pas spécialement envie de bouger, mais je pouvais faire quelque chose pour lui... un endroit paradisiaque pouvait devenir un endroit chaotique dépourvu de toute vies... Si tel était son souhait, je pourrais rendre son aspect d'antan à ce domaine quand il aura quitté les lieux après tout.

« Nous allons rester ici, je vais vous le rendre plus plaisant. »

Je m'écartais un peu de Natsuki et je posais mes mains sur le sol fertile... et je commençais a aspirer la vue de ces lieux, arbres, fleurs, buissons, ronces, ils retournaient a la terre qui les avait vu naître pour ne laisser qu'un tapis vert, un simple gazon, sans réel vie, ni âme, juste une clairière de plus dans cette énorme forêt. Je soupirais un peu en me rapprochant du Nara.

« Je pense que vous vous sentirez mieux maintenant non ? »

Je me laissais tomber dans l'herbe afin de m'asseoir. Ce n'était pas plus mal, je pourrais ainsi arranger mon domaine autrement et le rendre plus utile et accessible à tous.

« Je ferais quelque chose d'un peu plus structurer, vous devez sans doute trouver cela inutile de gaspiller autant de chakra pour ça. C'est mon petit plaisir. »

J'étais maintenant plus paisible et je me devais de savoir une chose, il y avait beaucoup de légende dans ce monde, mais une prophétie semblait se réaliser doucement.

« Connaissez-vous la prophétie concernant Dojin, le dieu de la Terre. Mon peuple est très croyant et je dois dire qu'il y a certain signe qui ne trompe pas. Entre le fléau qu'était les furyous, l'empire et des clans qui sortent de l'ombre. Cela n'indique vraiment rien de bon... si on y croit bien sur. On parle d'un être qui changerait l'ère de l'homme, en bien ou en mal selon sur qui il tombera.. »

Je m'évadais de trop et cela ne concernait en rien ce jeune homme.

« Je suis curieux, mais vous n'êtes qu'archivistes ou vous avez d'autres fonctions plus stricte envers Konoha ? »

Natsuki acquiesça d'un hochement de tête sans conviction. Débattre et discuter sur des sujets divers étaient souvent enrichissant, et une activité dont il avait toujours prit plaisir par le passé. Et forcé de constater, cela revenait doucement après tant d'années : il s'en rendait compte en échangeant avec Kuma. Le brave homme lui tira même un sourire avec son anecdote.

« Sincèrement ? Il y a des humains qui se transforment en tigre, d'autres qui grandissent jusqu'à atteindre la taille d'une montagne, et certains communiquent avec les morts, et pourtant, ceux qui viennent vous voir s'étonnent seulement de votre couleur exotique de peau ? »

Natsuki fit un mudra de la main, et son épiderme devint aussi violet que celui de son vénérable interlocuteur.

« L'on en a déjà vu des blancs, des noirs, des rouges et des jaunes pourtant. Pourquoi pas mauve ? La rareté fait la foire et la curiosité j'imagine. »

Il dissipa sa métamorphose d'un nouveau signe, tandis que Kuma, lui, dissipa la nature. Il ne fallu que quelques instants pour que les plantes et la végétation disparaissent, engloutit dans le sol comme aspirées par un siphon.

« Ce type est impressionnant... » songea Natsuki en balayant des yeux la nouvelle plaine qui composait désormais les environs.

En très peu de temps, le Dobutsu avait fait table-raz juste parce que... le Nara tatoué éclata d'un rire franc, puis se laissa tomber en arrière sur l'herbe comme l'avait fait Kuma.

« Vous êtes vraiment quelqu'un Kuma. Et un hôte d'exception. Malgré ma mauvaise humeur avérée et mon contact froid, vous vous êtes plié en quatre pour satisfaire tout ce qui semblait me faire défaut alors que rien ne vous y obligeait. Je fais vraiment un piètre invité, et rien que pour cela je vous dois des excuses. »

Ces mots firent largement office de, selon lui en tout cas.

« Plutôt qu'inutile, je trouve prodigieux tout ces efforts que vous déployez pour vous adapter. Si vous faites autant pour Konoha que pour l'individu qui vous fait face, alors le Village a de la chance de vous avoir, même s'Il n'est qu'une petite étape de votre route. Votre bonté s'étant-elle donc à tous, ou bien décidez-vous sur des critères qui vous sont propres ? »

Kuma aborda un curieux sujet ensuite, celui des prophéties. Natsuki sentit à son regard qu'il regrettait en quelque sorte d'avoir prononcé ces mots une fois prononcé, mais ce fut trop tard. Le thème était lancé, et vu les croyances du vénérable barbu, le Nara tatoué ne voulait pas lâcher le morceau si vite : il avait réussit à avoir son intérêt.

« Non. J'ai déjà entendu ou lu ici et là quelques prophéties, dont une où il est question de statuettes enroulées dans du jambon, mais la votre ne m'évoque rien. Cela dit, je n'ai jamais accordé un grand crédit à ces histoires. N'importe qui peut se saisir d'un stylo ou d'un burin, et écrire une légende. »

Il demeura silencieux trois instants, puis entonna.

« Lorsque l'homme à la peau de noyé trouvera l'enfant mort né, le chemin vers la Terre de Félicité se révèlera, damé dans le sang de ceux qui s'y opposeront, et de la souffrance de ceux qui l'emprunteront. »

Une fois son chant terminé, il se tut, et haussa les épaules, l'air satisfait.

« Facile non ? Néanmoins, comme dans toutes les croyances, une prophétie reste ouverte à de nombreuses interprétations. Et si je ne leur accorde pas forcément de véracité, en fonction des cas, je trouve intéressant d'écouter lesdites interprétations qu'en ont ceux qui en cherchent la clef. Parlez-moi de Dojin si vous le voulez bien, et de l'être humain qui doit faire pencher la balance à lui seul. A quoi se reconnait-il ? Et serait-ce lui la raison pour laquelle votre Mère vous a maudit du sceau de l'immortalité ? Pour le trouver et le guider sur la voie qu'Elle – ou vous – jugera nécessaire ? »

Natsuki ramena ses jambes en tailleur.

« N'y voyez pas là un interrogatoire Kuma, seulement de la curiosité intellectuelle Nara. Si elle va trop loin, limitez-la sans crainte de me contrarier. Ne redoutez d'ailleurs pas plus de ce que je pourrai en écrire avec mon métier. Je suis ninja au service de Konoha avant d'être archiviste, et j'effectue des missions à l'instar de n'importe quel autre. Comme chacun, j'ai les mains pleines de sang... J'aimerais dire que j'ai fauché autant de vies que j'en ai protégé, mais ce serait mentir. Et dans mon bureau, je ne fais que consigner des faits historiques marquants. Je ne m'amuse pas à renseigner les rêves, les aspirations et l'intimité de chaque shinobi, encore moins ce qui m'est confié dans le privé. Il faut savoir faire la part des choses, et ne pas lier le travail à la vie personnelle. »

Comme si les shinobi en avaient droit à une...

« En quoi consiste le culte de Dojin d'ailleurs ? Puisqu'au final, s'il n'est Dieu que de votre Mère, n'est-elle pas que la seule qui a obligation de suivre sa volonté ? Le domaine théologique m'a toujours laissé sceptique, mais je lui reconnais une grande force. J'ai vu bon nombre de personnes se battre pour ces idées, et accomplir des prouesses au nom de leur croyance divine. Certains en bien, d'autres en mal... J'ai envie de dire qu'au final, qu'importe le dieu, tant qu'il permet à ceux qui y croient de devenir des personnes meilleurs, et de leur offrir un espoir, quelque chose à quoi se raccrocher dans les temps difficiles. Qu'importe que ce soit vrai ou non, la volonté est le moteur de tout. »

Celui qui croit en lui sera celui qui ira le plus loin. Était-ce la raison pour laquelle Natsuki stagnait tant depuis deuxx ans ? Peut-être.

Ses paroles eurent un curieux écho à ses oreilles.

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