La réunion improvisée s’était déroulée il y a quelques jours. Le Gekei et Michiki avait réussi à rallier du monde à leur cause. C’était une bonne chose. Au moins les choses avançaient. Lorsque ma scène internationale sera en mouvement, le duo d’ex Kirijin pourrait suivre le rythme avec leurs alliés. Et il devait encore y avoir une multitude d’autres shinobis de talent qu’il serait judicieux de compter dans leur camp. Mais cette question se poserait en temps voulu. Pour l’heure, les deux Nukenins devaient quitter la nation des Nuages.

Ils étaient à la frontière. Ils avaient fait une bonne partie de la route ensemble, passant le temps en se racontant leurs péripéties au cours de ses quelques années d’absence. Le polymorphe avait eu beaucoup d’embûches en tant que Raïkage. Le fait de revenir ici ne devait pas l’enchanter. En tout cas, il ne le stipula pas clairement et il ne le ferait sans doute pas. Michiki lui avait raconté ce qui lui était arrivé de son côté. La discussion les avait donc tenus occupés une bonne partie du trajet. Maintenant qu’ils quittaient officiellement le domaine de Kumo, un poids invisible sembla alléger le nécromancien. Plus besoin de faire preuve d’autant de discrétion. Ce qu’il ferait quand même mais au moins là il risquait déjà moins de se faire emprisonner au moindre pet de travers.

Se posait maintenant la question des routes que prendraient les deux hommes. Michiki ressentait le besoin de retourner au pays de l’Eau pour préparer un peu plus le QG du Fumetsu. Le pays nécessitait également d’être « sécurisé » par ses soins. L’organisation n’avait pas véritablement un but militaire en premier lieu mais il fallait redoubler de prudence. Le Fossoyeur tenait à ce qu’aucun inconnu ne puisse prendre connaissance des plans et projets du groupuscule. Il se posait d’ailleurs la question du soucis de la confidentialité des informations. Les shinobis qui lisent dans l’esprit sont légion dehors et il serait regrettable qu’un membre soit pris la main dans le sac, laissant libre accès à son esprit au premier fourbe venu. Il devrait remédier à cela par une quelconque solution. D’où l’intérêt de retourner à Mizu pour se charger de ce genre de détails.

Il ignorait cependant ce qu’il en était pour son compère polymorphe. Il n’était pas connu pour dire beaucoup de choses. Même le Shinda ignorait sûrement certaines choses à propos de son allié de toujours. Il était cependant préférable que les deux hommes s’entendent sur la marche à suivre désormais. Michiki avait la volonté de retourner dans son pays natal mais peut-être que Pô aurait une autre idée en tête nécessitant son aide. C’est pourquoi il était préférable de demander maintenant afin qu’ils puissent tous deux se coordonner pour la suite.

- Au fait, je comptais retourner à Mizu pour le moment. Il faut que je me charge de certains détails d’organisation maintenant.

Il s’alluma une cigarette alors qu’il prononçait ses mots.

- Et toi de ton côté qu’est-ce que tu as prévu de faire ?

La réunion se terminait le soir, alors que Pô avait sécurisé la zone avant que tout le monde ne reparte à leurs occupations. Même Mihawk qui avait accompagné Pô jusqu’à l’endroit de la réunion était partit en direction du village des nuages, comme Perseus et Shinji. Quant à Setsuna, l’individu sanguin était lui aussi repartit vaquer à ses occupations. Un être difficile caractériellement en première apparence, un être sur lequel il fallait garder un œil à cause de son caractère impétueux. Mais bref, alors que tout le monde avait quitté la zone, le polymorphe de Kiri se retrouvait donc seul en compagnie de son ancien élève qu’il n’avait revu depuis un très long moment. Quelques années à vrai dire, et contre toute attente, cela faisait réellement plaisir à Pô de le voir se tenir devant lui, avec un chakra aussi puissant. Le Shinda continuait à marcher dans ses pas, il le savait, et cela le gratifiait un peu, même si Pô n’avait aucune arrogance à cela.

Peu après la fin de la réunion, les deux anciens Kirijins se dirigèrent donc avec hâte en direction inverse de Kumo, ils quittaient tous les deux le pays avant de se faire repérer par d’autres forces Kumojins ou leurs alliés. Il était navrant de voir que le Nidaime Raikage devait quitter son deuxième pays de peur de se faire prendre en traque par les siens. Une double nationalité pour le spectre aux milles visages. Un surnom dont il avait hérité de ceux qui connaissaient son secret. Mais alors que les deux hommes se racontaient tout ce qui leur était arrivé durant ces dernières années d’exils, Michiki compa alors son maître afin de lui demander ce qu’il ferait par la suite. Suivant le fait que lui devait se rendre à Mizu no kuni afin de régler certains détails pour l’organisation. Le polyrmophe était heureux de voir qu’il prenait son rôle de chef d’organisation au sérieux. Pô réfléchissait alors à ce qu’il devait faire sur le moment. Konoha serait une étape indispensable dans la suite des opérations, mais il devait faire une chose avant, et l’aide de Michiki serait très certainement d’une grande aide.

« Je dois aller vérifier une rumeur au sein de Mizu, donc je me dirige là-bas aussi, ensuite, j’irais à Konoha. Ca concerne le clan Gekei, j’ai entendu dire qu’une mystérieuse grotte sous marine cacherait les récits des anciens Gekei, des premiers animaux arrivés sur la Terre, avant même les premières guerres claniques. Le clan ayant été continuellement traqué, je n’ai aucune trace du passé du clan, ce serait une bonne occasion pour moi de rallier les Gekei à moi. Je suis le chef du clan et je me dois d’agir comme tel. Cependant, la rumeur dit aussi que les personnes ayant trouvé la grotte ne sont jamais revenus, et ceux ayant réussi sont désormais privés de leurs cinq sens. »

Le chef du clan Gekei avait là une opportunité magnifique de trouvé des traces des premiers Gekei. Chaque chef de clan se souciait de l’histoire de son peuple, comme c’était le cas pour Pô. Il marqua donc une courte pause en attendant que le Shinda n’imprime ses paroles dans son esprit et les prennes en considérations. Désormais, entre Michiki et Pô, il n’y avait plus de relaiton de maître à élève, ils étaient sur un pieds d’égalité et le blond ne pouvait donc pas le forcer à se joindre à lui pour cette mission un peu spéciale. Cependant, il se doutait bien que Michiki se joindrait tout de même à lui, juste par nostalgie, si ce n’était pas par la curiosité de faire une découverte majeure sur le clan Gekei. Pô reprit alors la parole

« Je sais que tu as de nombreuses choses à faire, mais voudrais-tu m’accompagner ? Si la rumeur est vraie, ta puissance me sera nécessaire pour aboutir à quelque chose, et si possible, ressortir de cette grotte vivant. »

Les mots du Gekei surent touchés le nécromancien en plein cœur. En même temps, son comparse savait pertinemment comment lui parler. Même s’il doutait que le véritable but de ses paroles étaient de l’attirer dans un quelconque traquenard ou plan foireux. Mais la promesse d’une nouvelle épopée après tant de temps sonnait comme un glas apaisant.

Pô avait entendu une rumeur à propos du clan Gekei. Ce qui l’amenait à diriger sa route vers Mizu no kuni pour l’instant. Ce qui n’était pas plus mal au final puisqu’ils feraient donc encore un peu de route ensemble. Mais au bout de ce voyage, un combat important semblait les attendre. Une grotte sous-marine dont personne n’était encore revenue où se cacherait des secrets sur l’origine du clan des polymorphes. En tant que chef du clan, Pô devait absolument s’y rendre. Et il était du devoir de son éternel compagnon de l’épauler. Si la rumeur était fondée, quelque chose de meurtrier se cachait là-bas. Le Fossoyeur ne mit donc pas beaucoup de temps à se décider et à donner une réponse :

- Je veux bien envisager de repousser mes obligations pour te venir en aide ! Dans le pire des cas si tu ne peux ressortir de cette grotte vivant, je t’en ferais sortir autrement.

Un rapide clin d’œil évocateur accompagna sa tirade alors que les deux hommes se mettaient déjà en marche pour leur destination. Le voyage prit du temps. Il fallait traverser une bonne partie du continent avant de retrouver l’océan. La marche dura plusieurs jours. Lorsqu’ils arrivèrent sur la côte, il faisait nuit noire. Ils durent donc reportés leur traversée car plus aucun bateau ne pouvait sortir du port. Ils firent étape dans une petite auberge touristique. Ils repartiraient le lendemain, profitant pour cette nuit du luxe d’un toit. Il n’y avait pas toujours le droit à de belles chambres d’hôtel lorsque l’on est shinobi. Donc quand ça arrive, vous profitez pour péter dans les draps et pisser dans les bains chauds !

Mais le repos ne dura qu’une nuit. La soirée se déroulant sans accroc et les deux hommes profitant de ce cadre privilégié pour échanger et converser. Ce fut le lendemain qu’ils purent embarquer en direction de leur ancienne terre natale. Lorsqu’ils accostèrent, un étrange sentiment noua l’estomac du nécromancien. Il ne voyait plus la même gloire d’antan de cet endroit. Alors qu’il était le même qu’avant la destruction de Kiri ! Michiki était venu plusieurs fois dans ce port pour rejoindre le continent. Tout était pareil. Mais la peine se ressentait dans le visage des gens.

Il fallait faire abstraction de tout ça pour se concentrer sur l’essentiel. Maintenant qu’ils étaient arrivés ici, une question se posait :

- Et maintenant où sommes-nous censés aller ? Ta grotte est en pleine mer ?!

Si c’était le cas, il fallait se dépêcher de reprendre le navire amarré derrière eux !

Immédiatement après les dires du chef du clan Gekei, son ancien élève se précipita et sauta sur l’occasion de passer un peu de temps comme à l’ancienne, l’ancien duo de shinobis de Kiri. Actuellement, aucune personne ayant affrontée le duo d’un seul coup n’avait réussi à survivre, ou même à gagner. Ils étaient dans le temps parfaitement rôdés, et même si cela fisait bien longtemps qu’ils n’avaient pas combattus l’un avec l’autre, l’un contre l’autre, Pô svait parfaitement que Michiki avait dû faire de gros efforts, qu’il avait dû énormément progresser, raison pour laquelle il venait de lui proposer une mission aussi dangereuse que celle-ci. Après, peut-être qu’il n’y avait rien dans cette dite grotte, mais peut-être y avait-il toute l’histoire du clan Gekei, des trésors du clan ? Qui sait ? Et bien c’était justement pour cette raison que Pô se devait d’y aller, avec ou sans Michiki.

Mais celui-ci avait donc comme dit plus haut, sauté sur l’occasion de passer un peu de temps comme l’ancien duo, l’équipe de base Densakusen. Cependant, comme à son habitude, il fit passer cette joie de retrouvaille par une blague, un simple pic lancé en pleine gueule, comme quoi Pô ne pourrait en ressortir vivant sans lui. Un large sourire s’afficha alors que le visage du polymorphe avant qu’il ne lui lance un grand coup de coude dans les côtes. Des chamailleries sincères. Michiki était le seul qui pouvait se glorifier d’avoir vu ce côté-ci du Gekei, aimable, souriant, joyeux, limite heureux. La nostalgie du moment devait très certainement y être pour quelque chose, mais dans ce monde, c’était avec l’homme aux lunettes mauves que Pô avait le plus de souvenir. Michiki avait sa confiance, son affection, sa loyauté, et sa reconnaissance. Et croyez-moi, ce dernier est très difficile à avoir ?

« Attention à tes chevilles Mcihiki. Tu as certainement progressé depuis tes nombreux échecs contre moi, mais ne pense pas que je ne sois pas encore capable de te mettre une bonne volée ! Comme dans le temps ! » dit-il avec un grand sourire et ce fameux coup dans les côtes, répondant au pic du Shinda.

Le reste du voyage se fit alors sans se presser, les deux hommes se racontèrent tout ce qui s’était passé depuis qu’ils s’étaient perdus de vue. Un grand chemin, surtout pour le Gekei. Il s’était infiltré à Kumo, était devenu Raikage sous une autre identité avant de s’exiler de force à Yuki no kuni jusqu’à la désolation de Kiri. Il était alors sortit de cette fameuse grotte Yomi avant d’aller contempler l’ensemble des dégâts. Puis, il avait retrouvé Michiki sur les terres de Kumo, et actuellement, ils en étaient là.

Quelques jours plus tard, ils se trouvèrent donc face à la falaise de Mizu no kuni, dans un coin reculé sur l’une des îles de l’archipel de Mizu. Ils étaient au bord de la falaise et devant eux se trouvait l’immensité de l’océan. Le Shinda ouvrit alors la bouche pour demander à son ancien maître si cette fameuse grotte se trouvait en pleine mer. Et c’était peut-être le cas. Sans répondre à Michiki, le serpent prit une inspiration avant de prendre un peu d’élan, se lançant directement dans le vide et tombant directement sur les pieds, à la surface de l’eau. Une bonne maitrise du chakra était nécessaire pour réussir à marcher sur la surface de l’eau, surtout d’une eau de cette profondeur, mais Pô ne doutait pas que Michiki y arriverait.

C’est alors qu’il vit l’ouverture dans la roche de cette île. Disponible que à marrée basse, raison pour laquelle les deux hommes seraient contraints de se battre non seulement contre de potentiels ennemis, mais aussi contre la montre. Sans un bruit, Pô fit signe à Michiki de la suivre avant qu’ils ne se dirigent tous les deux à l’intérieur de cette fissure. La fissure était extrêmement étroite, un Akimichi de gros lard ne pourrait pas y passer, c’était certain, mais pour les deux anciens Kirijins, ce ne serait pas impossible. Avec une certaine souplesse, Pô s’engouffra à l’intérieur de la fissure. Puis le spectacle qui s’offrit à lui était… Totalement banal ! De l’obscurité, juste le reflet de l’eau arrivait à faire de la lumière. Assez pour qu’ils puissent voir quelque chose. Des chauves-souris, de l’humidité, et une odeur assez forte se trouvaient dans cet endroit.

Puis alors qu’ils avançaient pour explorer cette grotte, Pô qui menait la marche s’arrêta d’un seul coup en mettant son avant-bras devant son compagnon. « Attention, il y a… quelque chose dans cette grotte, avec un chakra assez élevé. Visiblement, vu que l’on ne sentait rien de l’extérieur, c’est une chose dotée de conscience, qui à protéger l’extérieur de la grotte. »

En guise de réponse à sa question, le Shinda eut le droit à un magnifique saut de l’ange de la part du polymorphe qui se précipita vers le vide. Il se jeta en bas de la falaise. Fallait pas le prendre mal c’était une simple question après tout. Dans un soupir, Michiki prit lui aussi un élan suffisant pour se jeter à la suite de son maître. L’atterrissage se fit sans trop de problème grâce à une bonne dose de chakra dans la plante des pieds. Heureusement que les shinobis étaient capables de telles prouesses. Certains simples humains croyaient en des divinités marchant sur l’eau. Dans le monde shinobi, n’importe quel clampin était censé y arriver. Ironie du sort.

Pô s’était déjà dirigé vers une grotte au pied de la falaise abrupte. L’eau s’y infiltrait légèrement laissant un petit niveau au sol. Mais Michiki avait remarqué quelque chose. Pour un enfant du pays de l’Eau, il était habitué à la mer. Il avait donc souvent eu l’occasion d’observer le mouvement des marées. Et là actuellement, la marée était montante. Donc si les deux hommes ne mettaient pas fin à cette histoire au plus vite, ils finiraient engloutis par les flots. Il fallait se dépêcher.

Et faire attention. De ce que le Gekei avait précisé au Fossoyeur, quelque chose, ou quelqu’un, tapi dans ce lieu avait empêché quiconque s’y étant aventuré de revenir témoigner de son contenu. Ou peut-être qu’il s’agissait de simples inconscients s’étant fait piégés par la marée. Au moment où il pensa à cela, il remarqua un squelette au fond de l’eau là où il marchait. Il devait y avoir une part de vérité dans ce qu’il disait. Mais il n’y avait pas que ça. A mesure qu’ils avançaient, Michiki sentait quelque chose. Mais il n’eut pas le temps de le faire remarquer que son homologue le coupa dans sa marche d’un simple bras levé. Il l’avait ressenti quelques secondes avant lui. En même temps, la sensorialité avait toujours été son domaine.

Pô lui reprécisa ce qu’il avait lui-même senti. Il n’osa pas lui faire remarquer qu’il était déjà au courant. Fallait le ménager l’ancêtre il se serait senti inutile sinon ! Mais blague mise à part, il est vrai que la quantité de chakra que dégageait cette mystérieuse chose était plus qu’inquiétante. Il fallait se tenir aux aguets du moindre mouvement suspect. Il n’y avait pas de repères importants. Peu de lumière donc un léger désavantage pour le duo. Mais ce n’était pas sans leur rappeler le fameux entraînement dans la grotte de Yami. Quelle épreuve ça encore. Le senseï de Michiki ne l’avait pas ménagé. Mais bon quand il voyait quel shinobi il était devenu, il se disait qu’après tout, c’était un mal pour un bien.

Donc autant lui renvoyer l’ascenseur pour ce qu’il avait fait en l’aidant dans cette tâche. Il espérait qu’il trouverait les réponses qu’il cherchait dans cette grotte. Puisqu’apparemment ils jouaient fortement avec leurs vies en venant ici. Donc il y avait intérêt que leur gain soit à la hauteur de la chose. Sinon Michiki en profiterait pour foutre une bonne claque à son ami. Fallait bien un lot de consolation après tout.

Avançant doucement sans mouvement brusque, les deux Nukenins finirent par arriver dans une « salle » plus vaste que leur petit couloir étroit. Une grotte pour être plus précis en fait. Une grotte éclairée par un puits de lumière en son centre. Le plafond était incroyablement haut. On pouvait juste distinguer le trou béant laissant passer un peu de la lumière au dehors. Le faisceau illuminait d’ailleurs les restes de quelques malheureux n’ayant sûrement pas vu le gouffre et s’étant fracassés quelques mètres plus bas. Il ne restait d’eux que des squelettes…aux os rongés et brisés.

C’était sûrement pas l’œuvre d’un homme. Le duo s’arma tout de suite, se collant dos à dos pour prévoir toute attaque surprise. Si le centre de la pièce était éclairé, les parois elles ne l’étaient qu’à peine. Ce qui empêchait de voir si le propriétaire des lieux était là. Mais les senseurs savaient qu’il se trouvait là. Ils sentaient sa présence. Elle dégageait une forte puissance. Et une bestialité intrigante. Mais le nécromancien n’eut même pas le loisir de s’interroger plus que ça.

De l’obscurité jaillit une forme floue. Elle se précipita sur la jambe droite du Fossoyeur qui fut empoigné par cette chose et violemment tiré à terre. Il s’écrasa la face au sol et fut tiré dans les coins sombres de l’endroit où il sentit le poids d’une lourde masse sur son abdomen. Il tenta de lui administrer quelques coups de kunaï ou d’atteindre ses parchemins d’invocation. Mais il était entravé dans ses mouvements par la carrure de la chose. Il se débattait tant bien que mal, cherchant de l’œil son camarade mais il ne le trouvait pas. Il sentait que la chose bougeait avec lui. Qu’est-ce que c’était que ce truc d’ailleurs. Puis une nouvelle sensation. Douloureuse. Une percée lancinante dans la poitrine. Pile dans le cœur. Il pouvait sentir ce qui ressemblait à un dard effleurant les veines qui parcouraient son palpitant. Puis soudainement, il fut lâché à terre. Il ne s’était pas rendu compte qu’il était en hauteur.

Mais à ce moment-là, il ne se rendait plus compte de rien du tout. Tout se brouillait, remplacé par la douleur qui le traversait de part en part. Il se tenait à quatre pattes sur le sol, hurlant de douleur. Puis la souffrance recula laissant place à une sorte de transe. Il se sentait s’éloigner de son corps. Etait-il en train de mourir ?! Non ça n’était pas ce à quoi ça ressemblait. C’était plus étrange. Il ressentait des changements s’opérer de manière extérieure. Puis une présence insidieuse dans son esprit. Une voix sifflotante qui lui souffla alors :

- Tue le…tue le…tue…le…tue…TUE LE !

Un hurlement bestial s’échappa de la gorge du nécromancien. Il n’était guidé que par une forte frénésie de combat. La petite voix s’était comme emparé de lui. Puis il y avait un autre changement. Il sentait ses griffes frotter le sol alors que ses yeux supportaient mal la luminosité du puits de lumière et…SES GRIFFES ?! Mais qu’est-ce qui lui arrivait ?! Il l’ignorait et il ignorait encore plus pourquoi il se jetait ainsi à corps perdu dans la bataille contre son allié de toujours. Il n’était pas censé se battre contre lui ! Qu’est-ce qui lui était arrivé ?

Les choses se précipitaient soudainement. Un bruit sourd, comme un hurlement venu d’ailleurs. Des squelettes partout, une odeur nauséabonde. Ils n’étaient pas seuls, cette présence était belle et bien la ! Elle arrivait. Les deux anciens Kirijins se mirent dos à dos, comme au bon vieux temps, lorsque c’était eux deux contre tous. Ils étaient aux aguets, tous leurs sens eux aussi aux aguets. Une grosse quantité de chakra avançait dans la pénombre, les deux hommes le sentait, mais pour le moment, tant qu’il n’y avait pas de visuel ou du moins une situation précise de ce qui se passait, ils ne pouvaient passer à l’offensive.

Mais très vite, la chose attaqua ! De là où il était, Pô ne voyait rien, il sentit juste son camarade glisser violement vers le sol avant d’être emporté. Activant ses sens d’animal, il se dirigea avec hâte vers la chose avant d’être violement propulsé, avec force, en direction du paroi rocheuse. Il se heurta la tête assez violement pour fortement le déboussolé. Déstabilisé, il entendit le nécromancien hurler de douleur. D’instinct, Pô se releva avec le regard encore flou avant de se diriger maladroitement vers la provenance du cri. Mais soudainement, tout cessa. Plus de bruit, plus de mouvement, et plus de chakra. La mystérieuse créature venait de disparaître. Un senseur exceptionnel. Mais plus important, où était le nécromancien ?

Après avoir reprit totalement ses esprits, il retrouva son ancien élève, visiblement blessé, à quatre pattes sur le sol. Du sang coulait de ses membres alors qu’il semblait souffrir. Le serpent s’approcha assez rapidement de Michiki avant qu’il n’entende quelque chose d’assez perturbant, frustrant, et effrayant. Il entendit une voix provenant de la bouche du nécromancien, mais cette voix ne lui appartenait pourtant pas. Et cette voix demandait de.. le tuer ? La voix se fit soudainement de plus en plus importante, pensante et dngereuse. Pô fit quelques pas en arrière avant de sentir une soudaien douleur au thorax.

En baissant la tête, il fit qu’une grande ouverture dans son abdomen avait été tracée. Du sang en giclait en quntité. Cette blessure venait d’être faite par Michiki ? Mais comment ? En se tournant, il vit son élève, ou du moins, ce qu’il en restait. L’homme commençait à avoir la peau sombre, de grandes griffes avaient prient la place de ses ongles, ne parlons pas de ses dents et de la couleur de ses yeux. Est ce que par hasard il était en train de se.. transformer ?

« HAHAHAHAHAHA ! Cela est toujours satisfaisant de voir ces expressions.. Portant toi avec ton air hautain, tu portes le même pouvoir que moi. Tu te transformes n’est ce pas ? Tu es ce que l’on appelle communément un Gekei ? HAHAHAHA laisse moi rire. Je suppose que tu ne connais absolument rien des origines de notre pouvoir. Pour la peine, tu vas mourir, de la main de ton ami »

C’était donc ça ! Il était en train de se transformer en.. Gekei ? Il commençait à avoir le pouvoir d’un animal. Mais lequel ? En se reconcentrant sur son élève et non sur la voix venant d’outre tombe, il vit que Michiki était en train de se transformer en.. taupe ? Ce qui expliquait la rapidité du nécromancien, les griffes et la peau sombre. Il faudrait donc que le serpent ne se batte contre cette taupe. Bien qu’il ne le voulait pas, il le faudrait, sinon, il mourrait.

« Reprends toi Michiki ! C’est moi.. » Mais cela ne changeait rien. Décidément, il le faudrait. Pô ouvrit grand la bouche, jusqu’à ce que celle-ci se disloque. Et un grand serpent marron et violet sortit soudainement de cette mue. Le véritable pouvoir de Pô. Serpent contre Taupe.

Une voix s’adressa au Gekei. Mais ce qui restait de Michiki n’y faisait pas réellement attention. Après la douleur physique, venait la douleur psychologique. Le nécromancien était prisonnier de cette apparence animale qu’il sentait à ses côtés dans les confins de son esprit. Comme une sorte de projection avec qui il était capable d’avoir une discussion et de tenir un discours. Tous deux échangeaient alors que le corps nouvellement métamorphosé du Shinda ne répondait plus qu’à son instinct animal.

- Tu as un potentiel intéressant tu sais. Quel dommage qu’il ait été enfoui pendant tout ce temps. Tu peux remercier ton Libérateur. Il va faire de toi…un « homme » nouveau, lui dit sa partie bestiale en ricanant.

- Mais qu’est-ce que vous m’avez fait ? Et pourquoi tu es là ? Qu’est-ce qui est en train de se passer ?

- Après des années en cage, tu t’exprimes enfin !

Tout ce dialogue intérieur se manifesta extérieurement par une simple phrase. Celle de la partie primitive du Fossoyeur qui beugla :

- TA VIE S’ARRÊTE MAINTENANT PETIT GEKEI DE PACOTILLE !

Un premier coup en plein abdomen avait blessé l’allié du Shinda. Une plaie importante en raison de la protubérance des griffes de sa nouvelle forme. Il ne contrôlait rien. Son corps se lança à l’assaut, enchaînant plusieurs coups de griffes. Ses mouvements étaient imprévisibles, bestiaux et dangereux. Pô se défendait du mieux qu’il pouvait. Les coups le manquaient de peu ou ne le blessaient pas de manière fatale. Le Michiki prisonnier se rendait bien compte qu’il peinait à cause de sa blessure. Mais partageant ses pensées avec son corps, sa partie animale et primitive profita de l’information.

Maintenant les coups visaient l’abdomen pour tenter d’endommager la blessure déjà béante. Comprenant alors qu’il existait un lien entre ce corps et son esprit encore présent, Michiki tâcha d’imposer sa volonté. Ce ne fut qu’une maigre réussite. Pour ne pas dire un fiasco quasi-total. La taupe humaine émit un ricanement guttural déformé par sa condition d’animal. Ses coups avaient à peine été ralentis. Elle avait juste réussi à causer quelques nouvelles blessures superficielles. Mais tout ceci n’était qu’un jeu. Celui du prédateur qui s’amuse avec sa proie avant la mise à mort. Les mots du Gekei revinrent alors en mémoire. Il les avait prononcés avant que la Taupe ne se lance à l’attaque. Cette dernière rigola de plus belle alors que sa voix transformée s’exprima alors :

- Ton ami n’est plus. Shinda Michiki est mort. Je suis MOGURA !

A ce dernier mot, il enfonça ses griffes dans la roche. Grâce à cela, il put envoyer un lourd rocher sur le Gekei. Il enchaîna ainsi quelques projectiles alors que le serpent esquivait de nouveau. La frénésie de cette nouvelle forme n’avait pas de limite. Tout n’était que combat. D’autant plus que Mogura ne gaspillait pas de chakra inutilement par ses mouvements. Tout était du pur combat au corps au corps. Aucune technique. Et la fatigue ne se ressentait même pas à cause de l’adrénaline. Emprisonné dans ce corps, Michiki assistait impuissant au combat difficile se jouant contre son meilleur ami. Sa forme animale arrêta de balancer des roches, profitant du trou provoqué pour s’enfouir son terre. Il s’y déplaçait avec une aisance jamais égalée. Et dans la plus grande discrétion. Il sentait que son corps était nimbé d’une aura le dissimulant.

Mais ce petit voyage souterrain ne dura pas longtemps. Il surgit de terre, se jetant sur le Gekei, profitant d’un potentiel instant de faiblesse. Ses griffes regroupées en une lance tranchante prête à éventrer sa cible. Michiki vit la mort de son compagnon de toujours arrivé. Sa rage prit le dessus. Il commença à hurler avant de réaliser que ses mots avaient franchis sa gueule de mammifère humanoïde :

- NOOOON !

Il reprenait le dessus ! Un espoir grandissant. Mais il ressentit la même présence les ayant menés dans cet endroit. Elle se tenait de l’autre côté de Pô. Tous deux entouraient le polymorphe. La créature avait un visage immonde ne ressemblant à rien de connu. Imposante, elle avait des pattes puissantes ressemblant pourtant à celle d’un crabe ou d’une araignée. Un ventre proéminent qui se confondait avec un crâne massif. Une mâchoire toute hérissée de dents longues et pointues, étirée en un sourire atroce. De ses petits yeux luisants à la lumière, l’immondice s’exprima de nouveau :

- Ne résiste pas. Réponds à tes instincts. Tu as toujours abrité ce pouvoir. utilise le. Tu tiens devant toi un membre imminent du clan. Tue le et tu les surpassera toussssss, termina-t-il dans un sifflement.

Michiki allait répliquer mais il sentit que le fameux Mogura reprenait le dessus. Ce fut lui qui s’exprima :

- Oui Maître !

Les entailles sur le corps du serpent se multipliaient au fil des secondes, les assauts de cet étrange être qui avait prit possession du corps de l’élève du membre des forces spéciales de Konoha augmentaient en force et en rapidité. Il fallait donc que le grand serpent brun et mauve réagisse avant qu’il ne trouve la mort dans cette antre sombre. Ce n’était pas ainsi que le serpent voyait sa fin. Il avait encore tant de projets sur le feu, il ne pouvait mourir en cet instant, et même si cette mort serait belle, il ne voulait pas mourir de la main de son seul véritable compagnon. C’était d’ailleurs pour cette raison qu’il tentait tant bien que mal d’esquiver chaque assaut de la taupe qu’il avait en face de lui.

Cette découverte était inimaginable. Jamais le serpent n’aurait pensé qu’il était possible de devenir Gekei lorsque l’on avait pas ça dans le sang. Et pourtant, un nouveau pouvoir grandissait chez Michiki, un pouvoir assez important, et d’après ce que le serpent était en train de subir, ce pouvoir était incroyablement efficace. S’il arrivait à le maitriser, il deviendrait vraiment fort, voir plus fort que le véritable chef de clan. Mais il n’était pas temps de ce concentrer là-dessus, car s’il ne reprenait pas la main sur ce combat, Pô allait réellement mourir.

Il était grand temps de se concentrer sur le combat actuel. Le serpent, sachant qu’il était bien moins rapide que son adversaire du jour, attendait patiemment que celui-ci ouvre une brèche dans sa défense afin qu’il puisse s’y infiltrer. Une voix se mit alors à parler, prétextant que Michiki était mort, qu’il avait laissé place à Mogura. Ces dires confirmèrent la pensée de Pô que son élève s’était transformé en taupe. Cependant, contrairement à ce que la voix semblait penser, Pô connaissait mieux que quiconque les faiblesses de ce pouvoir, de ce don que certains hommes avaient. Alors qu’un énième assaut allait débuter, Michiki semblait reprendre le dessus. Ce fut alors que le grand serpent marron et violet fit mine de partir au combat, mais Mogura se reprit trop rapidement pour qu’il puisse agir.

La voix semblait continuer de converser avec Michiki, ou plutôt Mogura. Cependant, il apparu. Une espèce d’animal qui n’existait pas, mais la signature de chakra signifiait bien un Gekei. Un maudit ? Pô ne comprenait pas ce qui était en train de se passer, mais il se devait tout de même d’agir, pour ne pas mourir et ne pas devoir tuer son élève. Alors que ce dernier acquiesça pour tuer son ancien compagnon, Pô se lança à l’assaut. Mais ce fut un leur destiné à capter l’attention de Michiki. Un autre serpent semblable à Pô surgit du sol en dessous de Michiki, il s’enroula autour de lui en lui bloquant la mâchoire afin qu’il ne le morde pas, et les pattes pour ne pas qu’il le griffe. Sans attendre, la tête du serpent proche de celle de Mogura, il planta ses crocs dans le corps de son élève. Il était en train de lui injecter une grosse quantité de poison.

Après quelques minutes à déverser du chakra dans le corps de son compagnon, celui-ci sembla se calmer tout d’abord, avant de finalement sombrer dans un profond sommeil. Pô avait analysé la situation et s’était rendu compte que le pouvoir de Michiki pouvait être contrôlé par cette créature étrange. Pour le libérer, il faudrait donc tuer cette bête. Laissant le corps qui reprenait peu à peu son apparence normale tomber sur le côté, Pô, toujours transformé en serpent, allait se concentrer maintenant sur le véritable adversaire.

« HAHAHA bien joué, je me dois de te féliciter. Mais ton ami sera désormais ma marionnette, dès qu’il sera réveillé, le contrôle que j’aurais sur lui sera total et je l’enverrais te tuer. »
« Pas si je te tue avant » répondit Pô avant qu’il ne se propulse directement sur la grande créature. Sur un rebord, il tombait en arrière, dans une sorte de gouffre. Les deux animaux en train de combattre traversèrent une couche de roche avant de tomber encore plus bas dans cette grotte. Ils étaient vraiment bas dans le sol, tellement que l’air se faisait plus rare. Mais le combat allait commencer.

Mogura ne faisait que commencer. Son maître lui avait permis d’enfin se libérer. Il avait toujours existé. Dans les confins du subconscient du nécromancien qui était son hôte. Sa haine première des hommes le jugeant pour ce qu’il était. Et sa rencontre avec Gekei Pô. Cet homme avait développé chez l’hôte de Mogura une véritable ovation pour le pouvoir de son clan. Une lubie chez cet homme à lunettes qui avait tenté à plusieurs reprises de percer les secrets du clan polymorphe pour en devenir un à son tour. Toutes ses recherches avaient échouées. Mais dans le plus grand secret, cette envie dévorante avait développé en lui plus qu’un sentiment ou une idée. Elle avait donné naissance à une véritable conscience. Son « lui » animal. C’était ainsi que Mogura était né. Ou du moins il n’était qu’un embryon. Jusqu’à aujourd’hui où il prenait enfin vie. Le Lotus s’ouvrait, laissant apparaître au grand jour ce que renfermaient ses pétales repliés. Une fleur avide de combat et ivre de bonheur de finalement vivre après tout ce temps recluse en tant que simple conscience immatérielle. Le poison de son Libérateur l’avait révélé au grand jour et Mogura comptait bien lui rendre honneur en lui offrant la tête de ce misérable petit chef. Il avait pourtant participé à sa création. Mais la créature surpasserait son créateur aujourd’hui.

Les ordres du Maître étaient clairs. Il voulait la peau de ce petit humain prétentieux. Mogura lui apporterait. Peu importe les protestations du Shinda intérieurement qui tentait tant bien que mal d’influencer de nouveau les actes de ce qu’il était devenu. Mais en vain. Alors que l’homme-taupe s’apprêtait à obéir à son Libérateur, Pô assena une attaque bien placée.

Un double de lui, métamorphosé tout comme l’original, jaillit du sol pour venir enlacer Mogura et l’immobiliser. Impossible donc pour lui de se débattre. Il tentait pourtant mais c’était peine perdue. Le Gekei profita d’ailleurs de cet instant pour sauter sur sa cible et la mordre dans le cou. Les quelques débattements du Shinda métamorphosé ne changèrent rien à la pression de sa machoîre ou au venin que sécrétait les crocs directement dans la moelle épinière et dans le sang de sa victime. Le résultat ne se fit pas attendre non plus.En une demi-seconde, le corps s’écroula à terre, changeant drastiquement d’apparence pour revenir à celle d’origine. Michiki s’effondra face contre terre et plongea dans une profonde inconscience. Qui pour autant cachait quelque chose de bien plus complexe en son for intérieur.

Michiki flottait littéralement dans un espace blanc immaculé. Face à lui, son double sous la forme de taupe humanoïde : Mogura. Il n’y avait qu’eux, dans cet endroit plus qu’étrange. Les deux êtres se fixaient sans prononcer un mot. Jusqu’à ce que la gueule de Mogura ne s’étire en un sourire bestial :

- Il semble que ton « ami » ait décidé de mettre fin à ta misérable vie. Si tu m’avais laissé faire mon devoir, nous n’en serions pas là.

- Si tu étais resté à ta place, nous n’aurions également pas cette discussion, répliqua Michiki non sans un petit rictus au coin des lèvres.

- Tais-toi ! Comment oses-tu me manquer ainsi de respect ?! Le Maître m’a permis de me libérer. Je suis bien plus fort que ce qu’est ta condition d’humain. Et c’est ce dont tu as toujours rêvé pourtant. Faire partie de ce misérable clan que tu vénérais tant par la seule personne de ton pathétique « senseï ».

- C’est parce qu’il t’a tué qu’il est « pathétique », comme tu dis ? Je dois reconnaître que vaincre quelqu’un comme toi n’est pas un exploit mais de là à te dénigrer comme ça… ironisa Michiki.

- Pauvre fou ! l’interrompit Mogura. C’est toi qu’il a tué, pas moi ! Lorsque ton corps reprendra ses fonctions normales, tu ne seras plus qu’un vague souvenir. Tu vivras dans l’ombre tout comme moi tandis que je profiterais de ma vie dûment méritée. Tu as perdu Nécromancien.

- Permets-moi d’en douter, répondit le Shinda sur un ton serein.

- Oh tu en doutes ! Et qu’est-ce qui fait que tu es aussi sûr de toi ?!

- Je n’ai encore rencontré aucune personne s’étant relevé d’un affrontement contre Pô et moi. Tu ne seras pas celui qui me fera mentir. Et ton maître non plus d’ailleurs. A l’heure qu’il est, mon senseï doit déjà être en train de préparer son cadavre pour que je le récupère une fois réveillé.

- Tss ! Tu ne comprends même pas que ta fin est venue ! Tu n’es plus rien actuellement ! C’est moi qui me réveillerais et qui achèverait ton ami avec l’appui du Maître.

Michiki se mit alors à rigoler. Doucement d’abord. Puis de plus en plus fort, montant crescendo dans son hilarité. Mogura le regarda de travers, ne comprenant pas la réaction de celui qu’il prenait pour un fou à lier. Il patienta le temps que ce binoclard ne lui exprime les raisons d’un tel fou rire. Il allait s’impatienter lorsque les rires diminuèrent d’intensité. Le Fossoyeur finit par pouvoir aligner correctement ses mots :

- Navré mais tu me fais bien rire. Tu as passé tellement de temps dans l’ombre que tu n’aies pas encore habitué aux sentiments ou aux sensations.

- Explique-toi, s’interrogea son interlocuteur.

- Je peux comprendre tes motivations. D’ailleurs je n’en suis que peu étonné. Surtout sur ta présence. J’ai toujours eu le petit pressentiment que tu existais au fond de moi. Mais je pensais que ce n’était qu’un rêve effectivement. Une envie trop forte que je me faisais prendre à mon propre jeu en la croyant réalisable. Jamais je n’ai réussi à développer d’affinité particulière avec le pouvoir du clan de Pô. Mais pourtant aujourd’hui te voilà.

- Où veux-tu en venir à la fin ? s’impatienta Mogura.

- Ce que j’essaye de te dire, c’est que je suis incapable de t’en vouloir ou de redouter ton existence. Au contraire je m’en réjouis ! Et mon maître aussi d’ailleurs. La dose de poison qu’il nous a administré n’était pas létale. Elle a seulement contribué à inhiber ton influence sur mon corps jusqu’au bon moment.

- Jusqu’à quoi ?!

- Jusqu’à ce qu’on trouve un terrain d’entente. Je ne souhaite pas te voir sombrer. Je veux utiliser ce pouvoir que tu représentes. Et Pô le veut aussi sans doute. Au lieu de se disputer mon corps, nous pourrions très bien cohabiter et…se le partager ! suggéra Michiki avec un sourire.

- Tu perds complètement la boule Nécromancien…

- Ah bon ?! Alors comment expliques tu que nous ayons cette conversation ? Tu penses réellement que ce serait le cas si l’un de nous était mort ?! Regarde la vérité en face. Pô a certainement voulu gagner du temps pour que nous puissions trouver un terrain d’entente.

- Mais le Maître…

- Celui que tu appelles Maître t’as seulement permis de te dévoiler. Maintenant que je sais que tu existes bel et bien, je ne suis pas décidé à te laisser redisparaître. Soit je laisse mon corps mourir, soit je lutte et nous survivons. Mais dans ce cas, tu devras coopérer avec moi.

Le silence reprit ses droits. Mogura semblait réellement soumis au dilemme. Il avait un impact sur lui. Pour autant, le Shinda n’afficha pas d’habituel sourire sarcastique ou mesquin comme les fois où il avait le dessus. Il s’exprimait de manière sincère. Son souhait de toujours, à savoir posséder le pouvoir de la Transformation Animale, pouvait se réaliser grâce à cette partie de lui. Hors de question de s’en défaire. Cette même partie qui sortit de son mutisme :

- Si j’accepte, qu’en est-il de mon Libérateur ?

- Tu connais la loi de la Nature, répondit Michiki. Pour la survie d’une espèce supérieure, la branche inférieure doit périr pour laisser l’autre se développer.

*****

Un peu plus bas dans la grotte, le combat entre l’abomination et Pô continuait de plus belle. Les deux hommes, enfin homme et chose, se livraient une joute sans merci pour savoir qui du pur ou de l’infâme périrait sous les coups de l’autre. Pendant un instant, la créature eut une ouverture. Une faille dans la défense de son adversaire qu’elle décida de mettre à profit. Une queue longue terminée par un dard imposant s’éleva jusqu’à la voûte rocheuse, s’apprêtant à frapper. Et ce fut à ce moment précis, que la roche se fissura soudainement. La poussière dégagée obscurcit le champ de bataille alors qu’un cri affreux résonna sur les parois. Lorsque le nuage se dissipa, Michiki se tenait entre son maître et la chose. Elle gémissait de douleur, saignant comme un porc à cause de son membre tranché net. La main du Shinda se métamorphosa, passant d’une main aux griffes acérées à une main humaine. Il referma le poing, eut une pensée pour Mogura et jeta un regard des plus satisfaits à son ami :

- Allez dépêche-toi qu’on aille récupérer les secrets de notre clan !