D’un geste de la main, le Blondinet invitait la Brunette à se servir. Et la convive ne se fit pas prier. Attrapant une paire de baguette devant elle, elle les détacha puis se saisit d’une boule de riz sucrée au cœur de fraise, plus fort qu’elle … Le sucre était l’essence de son moteur. Comme elle l’avait pensé peu avant, Takusanken avait l’air très courageux ! Il définissait son seuil de peur comme : d’un autre niveau. Après tout, il avait amassé les expériences et les rencontres durent son chemin, il avait bien plus à apprendre à Eden que l’on ne pensait. Son propre voyage ne faisait que commencer ! Certes, la jeune femme avait déjà fait des rencontres ‘hostiles’ mais pas au point de se battre pour sa vie. Ainsi, le Rônin expliquait avoir croisé le chemin d’hommes très forts et dangereux. Elle imaginait aisément la chose, elle qui – a l’heure actuelle – n’était pas tellement forte. Quelque part, elle se félicitait d’être tombée sur quelqu’un d’aussi bienveillant et agréable que lui !

Un léger silence s’installait alors que tous deux s’abreuvaient d’eau – pour Eden – et de vin – pour Taku – toute en donnant des coups de baguettes dans les nouilles et son bouillon. Enfin, le bretteur parlait du lendemain, de l’examen et de la prise de conscience qu’il engendrait. A ces paroles, la jeune femme redressait le visage, posant les yeux sur lui tout en l’écoutant. Il était dur dans son discours … Les animaux doivent être abattus sous leurs yeux pour les désensibilisés. Certes, il n’avait pas tort mais … Ca ne plaisait pas à la jeune femme, elle voyait cela comme de la maltraitance et la Kaguya ne doutait pas qu’il partage son avis, d’ailleurs Takusanken en avait déjà fait la remarque. Mais c’était une nécessité. Enfin … Ici, le danger de mort était plus que mesuré. D’une part, les combattants allaient tricher en réduisant physiquement les animaux. D’autre part, ils surveilleraient pour agir en cas de véritable danger. Enfin, qu’importe … La suite fut d’autant plus dure mais ô combien juste. Le Blondinet ne se disait plus concerné par le souci car l’avenir dépendrait d’eux, et de ce qu’ils feraient de leur enseignement, des décisions qu’ils prendraient. Mais il n’était pas tellement ‘crédible’. Il ne parlait pas avec son cœur mais de façon rationnelle. Mine déprimante en vue, Eden le fixait jusqu’à ce qu’il se ‘rectifie’. Elle eut un sourire. « A votre arrivée dans l’auberge, j’ai regretté de m’être manifesté et proposé mon aide. Comprenez, ce n’est pas dans mes habitudes, je préfère rester discrète et ne pas attirer l’attention. Cependant, ça aurait été une erreur et du gâchis si les choses n’avaient pas tournées ainsi …. Vous êtes, décidément, un homme de bien Takusanken-san. » Finit-elle par avouer avant d’embrocher des nouilles dans ses baguettes. La Kaguya ne semblait plus tellement gênée par ce genre de parole, d’aveux, de cette presque intimité ou amitié entre eux. Il lui avait juste fallu du temps pour se faire à lui et sa présence.

Entre deux bouchées de ramens, la demoiselle retira Taku Junior de son haut pour le poser sur le lit, puis a l’aide de ses baguettes, elle attrapa un morceau de poisson dans son bol. Maintenant entre ses doigts, le morceau fut présenté à l’animal, lui aussi devait manger, ce n’était qu’un bébé. Le petit renard aux longues oreilles reniflait la nourriture d’un air craintif avant de l’attaquer, qu’il était mignon. Quant à la question sur le sucre, elle eut un rire léger. « Je sais que ce n’est pas tellement bon pour la santé mais bon … J’adore ça. Je ne mange quasiment que des choses sucrés … Et je bois beaucoup de lait. Mince …. C’est cliché, surtout pour une Kaguya. », Eden eut un rire beaucoup plus franc. « Je préserve la dureté de mes os ! » Et travaillait sa longévité aussi par la même occasion. « Dites-moi … Serait-ce déplacée de ma part de vous ‘offrir’ l’un de mes os. Non, ce serait glauque en fait … Mais il me permettrait de vous retrouver aisément en cas de besoin, en plus d’être un souvenir plutôt original. » Puis elle se mit à rougir, imaginant la chose …. Offrir un os, c’était étrange, mais très emblématique pour une Kaguya. Espérons qu’il ne prenne pas sa demande pour la démence.

La tirade du Rônin arracha un rire léger à la Kunoichi. C’était triste de boire, encore plus pour oublier que par habitude, et ce n’était pas non plus une bonne attitude en fait. Surtout qu’avec elle, il buvait seul mais accompagné. Etrange … Peut-être cette habitude serait-elle chassée par la suite ? Elle lui souhaitait en vérité. Eden n’appréciait pas tellement l’odeur de l’alcool et encore moins l’ivresse qui l’accompagne souvent. Mais il n’était pas ivre, fort heureusement. D’ailleurs, le blondinet semblait avoir mis un frein sur sa consommation, avait-il comprit que cela ne plaisait pas à la demoiselle ? Surement qui sait … Quoiqu’il en soit, il fut surprit par sa requête, il faut dire qu’elle était loin d’être commune ! Elle était un peu gênée de lui proposer cela, mais c’était comme une sorte de … ‘Pacte’, pour officielle leur rencontre et leur amitié, les liens tissées dans cette mission improvisée. C’était un symbole et cet échange était très important, pour l’un comme pour l’autre. D’ailleurs, Takusanken accepta sans la moindre hésitation ! Il souhaitait même lui offrir l’un de ses sabres. Cette demande surprit beaucoup la Kaguya ! Tant et si bien qu’elle haussait les sourcils, les yeux écarquillés. Elle était gênée. Tous ces sabres lui étaient utiles et il voulait s’en défaire d’un, pour le lui donner. C’était un honneur pour elle et cela la poussait à changer un peu son plan de base.

Otant un fourreau de sa ceinture, le jeune homme expliquait que chaque sabre avait été jadis porté par les héros d’Osai. Quand il ajoutait qu’il les offrait aux personnes importantes pour lui, Eden se mit à rougir légèrement … Mais ces rougeurs s’estompaient vite car déjà il donnait le nom de ce sabre. Blessure. Ainsi que le nom de son manieur, un certain Monjiro. Tout en posant le genou à terre, le Bretteur présentait l’arme, c’était très cérémonieux et Eden était touché par cela. Elle regardait un instant l’arme en question. C’était un bel œuvre qu’il lui offrait la ! Eden eut un sourire léger alors que Takusanken expliquait son choix. Une nouvelle fois, il réussit à empourprer ses joues. Elle trouvait son jugement un peu trop élogieux mais elle cherchait à rester humble et modeste. « Je l’utiliserai alors pour la défense d’autrui, ce serait un bel hommage, en plus d’une noble cause pour laquelle combattre. » Enfin, la jeune femme prit délicatement le sabre à deux mains, il semblait plus petit que celui qu’elle avait maniée l’autre jour, peut-être avait-il retenu ce qu’elle avait dit à propos du ‘modèle réduit’. « Mais je ne vous prive pas d’un sabre. Je vous offre un katana d’une toute autre facture …. » Tout en tenant Blessure d’une main, Eden tendit son bras gauche sur le côté. La main raide et la paume libre, elle fit jaillir un os de sa peau. Dans un son désagréable, sa peau se déchirait pour laisser sortir la matière osseuse et ensanglantée. Le sabre opale s’allongeait sans interruption alors que l’avant-bras se délogeait du squelette Kaguya. Le radius arracha à son corps, Eden l’attrapa par l’exterminé, elle frappa l’air avec pour retirer le sang. L’os était taillé comme un sabre, pointe et tranchante, s’allongent jusqu’à devenir plus large, enfin le pommeau enfermé dans sa main « Ce n’est pas une œuvre aussi étudiée que les votre, mais nos os sont plus solides que des diamants, une sabre ne saurait le couper. »

Faisant agilement tourner l’os dans sa main, Eden le tenait par la ‘lame’, tendant la poigne à son ami. C’était une arme bien curieuse qu’elle lui confiait, mais tout aussi redoutable que les siennes.

Techniques utilisées:

Eden était curieuse de voir sa réaction. Il est vrai que toucher un os était étrange et funeste. Elle-même l’était en portant ce nom de famille. Un squelette était si sinistre … Il était synonyme de mort, ou l’annoncer tout simplement, il engendrait la douleur. Mais cette douleur, la jeune femme commençait peu à peu à l’oublier, à passer outre, c’était devenue une habitude – certes plutôt malsaine mais elle n’avait guère le choix.- Ainsi le Rônin prit possession de son cadeau et la Kunoichi observait son visage. Il se mettait à sourire progressivement alors qu’il testait l’œuvre qu’il avait en main. L’os n’était pas tellement lourd et plutôt bien proportionné. Le pommeau était à la fois lisse mais rêche, garantissant un confort d’utilisation comme une certaine difficulté. Au final l’idée était glauque : Il allait se battre avec un morceau de son corps … Ahm. Oui étrange ou unique. Bizarrement, la Brunette eut de légères rougeurs quand le Blondinet la remerciait. Il se disait fier et honoré de recevoir pareil présent. Gênée, la jeune femme détourna le regard. De retour sur leurs sièges respectifs, le jeune homme prend un instant pour regarder les détails de sa nouvelle arme, Eden fit de même. Ce sabre était vraiment très beau, elle n’était pas sur de l’utiliser. Après tout, elle n’était ni samouraï, ni sabreuse. Hormis ce qu’elle avait vu et fait durant cette semaine, elle ne savait pas manier les armes, juste ces os. Mais elle le portait comme un symbole, tout en s’entrainant pour s’améliorer, c’était indéniable.

Juste après, Takusanken se séparait de son fourreau pour lui tendre. Eden le prit avec un sourire et remit la lame de Blessure dedans avant de le poser à côté d’elle, à la verticale. La jeune femme allait retourner à sa nourriture quand l’homme l’interpela. « Froideur », disait-il. Quoi ? La Kaguya posa un regard intrigué sur lui. Enfin il s’expliqua et tout prit son sens. Il est vrai qu’elle aurait pu mal le prendre. Sauf qu’il n’en était rien, Eden se connaissait et elle se savait froide aux premiers abords. Mais toutefois rassurée et ses lanternes éclairées, elle lui adressa un sourire. Les plats terminés, Takusanken la congédia presque, ajoutant qu’ils devaient être en forme pour le lendemain. Il avait bien raison d’ailleurs. Aussi, la Brunette se leva. « Vous avez raison. Ce ne sera pas de tout repos, mais je pense que tout cela se fera rapidement. Nous en aurons bien vite terminé avec tout ceci. Passez une bonne nuit ! » La jeune femme s’inclina légèrement devant lui avant de reprendre Taku Junior, libérant les doigts de l’Original. En passant la porte, on pouvait l’entendre dire « On ne mord pas les gens comme ça, ce n’est pas gentil … » Le gronda-t-elle sans trop d’autorité.

***

Tôt dans la matinée, Eden s’en était allé prendre ‘soin’ des animaux sauvages. Elle était passez chez l’apothicaire pour récupérer des gélules de passiflores. Ce fut toute une bataille pour les coincés dans le gosier des animaux … Tant et si bien qu’elle y passa toutes la matinée ! Mais quand l’après-midi arriverait, les bêtes seraient déjà sous sédatifs. Quand l’heure de l’examen sonna, Eden tira les bêtes jusqu’à la rue principale, elles étaient toujours attachées, vivante, bien portante, mais un peu … Diminuées.

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