Informations Grade : Shodaime Tsuchikage
Messages : 2118
Rang : SSS
 | | (#) Sujet: Le Noeud d'un Réseau Ven 19 Déc 2014 - 20:11 | |
| Heureusement pour moi j'avais bien assez à penser pour me permettre d'ignorer ce qui était survenu quelques heures plus tôt. Sur le sujet de Kakeshuou, pour commencer, qui était sûrement encore entrain d'essayer de combler les lacunes de son corps paradoxalement à la fois estropié et qui n'avait jamais été aussi robuste. La faute à ce cristal, implanté de force par son grand-père mourant, et qui avait fait son œuvre sur la personnalité même du Capitaine. J'avais vu un visage de ce dernier que rien jusque-là, même dans mes nouveaux souvenirs, n'avait pu me laisser présager, une fenêtre ouverte sur la volonté la plus absolue de dominer et d'écraser tout ce qu'il y avait autours de lui. Le Kakeshuou que je connaissais, par chance, avait encore un certain contrôle sur lui-même et avait pu refaire surface, me laissant libre de lui apposer les scellés qui convenaient. Et quels scellés... Tout au long de mes longues heures de pratique et d'entraînement à la calligraphie et à la confection de runes, je n'avais pas imaginé devoir mettre ce savoir en pratique de façon aussi concentré et surtout aussi vite. Et ce que je m'étais bien gardé de dire à mon Capitaine et ami, c'était que ce concentré d'entraves gravé dans sa chair pouvait tout aussi bien le tuer si je décidais d'en activer toutes les strates... Une périlleuse extrémité à laquelle j'avais du consentir par pure sécurité.
La sécurité, c'était donc mon principal centre d'attention en attendant de recevoir des nouvelles de Kakeshuou, qui m'informerait de la date à laquelle il voudrait repartir pour Tsuchi sous peu. Je ne pouvais pas me permettre de rejoindre mes élèves et le reste de la troupe sur l'archipel, donc autant rentabiliser mon séjour.. C'est ce que je m'étais dit en tout cas. Aussi avais-je convoqué le plus haut officier présent au palais ce jour-là pour m'entretenir avec lui dans l'un des bureaux d'ordinaires destinés aux invités ou aux réunions diplomatiques. J'avais préparé quelques menus papiers et parchemins, éparpillés sur la grande table de réunion, avant d'entendre toquer à la porte.
« Entrez, entrez ! »
Je n'avais pas l'habitude des cérémonies et des courbettes, dans un sens comme dans l'autre, mais il serait juste d'affirmer que je m'étais plus accoutumé au fait d'être poli plutôt que de recevoir des politesses.
« Vous m'avez fait mander, Yanosa-Taichô ?
- Oui en effet, j'aimerais vous parler infrastructure si vous le permettez. Mais assez-vous, je vous en prie, nous ne sommes pas là pour faire plaisir au protocole. » dis-je en pointant de la main une chaise à côté de moi.
L'officier, un homme dans la quarantaine au teint usé par l'expérience et le rude climat, s'exécuta sans un mot en se contentant d'un hochement de tête entendu. Je devinai un mince sourire en coin.. signe d’approbation, peut-être ?
« Infrastructures, donc. Je peux vous renseigner sur quelque chose en particulier ?
- Et bien, je l'espère en tout cas. Je voulais vous demander... de quels types de communications dispose-t-on ici ?
- On a plusieurs types de volatiles à disposition, dépendant des climats et des distances à traverser et plusieurs hommes pour gérer les correspondances. Le même système hérité... Enfin, vous savez...
- Oui, je vois, le même système qu'au temps de Kiri, bien... »
J'avais travaillé dur ces dernières heures pour peaufiner une idée qui avait pris le temps de germer depuis mon arrivé sur l'île, aussi mon regard plongea-t-il vers les parchemins apparemment en désordre sur la table.
« J'ai mis au point quelque chose qui pourra certainement... nettement améliorer vos communications avec la capitale ainsi qu'avec les autres pays de l'Alliance. Je vous en prie, écrivez un message sur ce parchemin, là. » dis-je en désignant le feuillet le plus proche du gradé.
Ce dernier me regarda un court instant, dubitatif, puis prit la plume pour s'exécuter. Non loin sur la table, un autre parchemin... sur lequel commençaient à apparaître les caractères, les mots, la phrase : tout ce qu'écrivait l'officier y était retranscrit presque en temps réel. Témoin de la manipulation lorsqu'il releva les yeux, un air ravi renfrogné dans un faciès qui avait trop vécu de malheurs se laissa lire dans son regard.
« C'est... efficace !
- Et comment. L'inscription et la réception sur ces parchemins en particulier ne sont pas cryptées -vous remarquerez tout de même que ce que vous venez d'écrire à disparu-, mais je peux faire en sorte qu'elles le soient. Pour ça, j'aurais besoin de vous.
- De moi ? Attendez... je sais décrypter les codes de l'Alliance comme tout officier qui se respecte mais je ne saurais pas...
- Non, non, vous m'avez mal compris officier, j'ai besoin de vous, oui, mais pour me désigner les hommes dont vous pourrez répondre. J'ai besoin de savoir à qui VOUS accordez votre plein et entière confiance pour que je sache à qui confier la mienne. Voyez-vous, je peux faire en sorte que seuls certains individus choisis à l'avance puissent utiliser ces parchemins, afin d'éviter toute désinformation ou autre manœuvre du même genre. Vous comprenez ?
- Hmph, bien sûr, oui je vois... »
L'officier prit alors quelques secondes de réflexion, se tenant le menton en frottant sa barbe de trois jours avant de finalement me répondre.
« Oui, je sais, je vois qui choisir Yanosa-san. Dois-je... vous les envoyer ?
- S'il vous plaît, oui. Je ne sais pas quand nous repartirons, j'aimerais donc régler cela au plus vite.
- Bien. »
Le gradé savait quoi faire et savait également que cette courte entrevue touchait à sa fin : il se releva donc de sa chaise, droit comme un piquet, avant de m'adresser un salut sincère que je lui rendis d'un hochement de tête. La chose avait semblé plaire à l'intéressé, tant mieux... Il était après tout d'une importance cruciale que nos provinces les plus éloignées puissent communiquer avec la capitale aussi rapidement que possible, ce à quoi ce petit système allait pouvoir remédier. Je n'étais pas peu fier, il fallait l'avouer, mais les instants qui suivirent, ma réflexion s'étendit encore davantage... Yuki no Kuni était éloigné, certes, mais pourquoi priver les autres pays sous notre juridiction de ce système ? On ne pouvait en retirer que du bien après tout... Mettant mes papiers en ordre, j'attendis alors l'arrivée des soldats qui seraient les garants des communications nouvelle génération entre l'île et le Pays de la Terre. |
|
