La surprise.

Il y a quelque chose de glauque et d’effrayant dans la situation dans laquelle je me retrouve. Le soleil, lentement, se lève et éclaire doucement le village. Cependant, devant moi, une quantité impressionnante d’habitants déambulent nonchalant à ce qui se passe.

Une scène lugubre a été installée. En m’approchant de l’endroit mentionné par ma partenaire, je n’arrive pas à en croire mes yeux. La banderole, la table, la nappe, la musique, l’ambiance, les fleurs et les bougies. Tout est comme elle l’a expliqué.

Je sens une force considérable pousser contre mes sourcils, les fronçant comme jamais ils ne l’ont été, laissant sur mon visage des plis que je n’ai jamais eu. Entre dégoût, peur et incertitude, je m’approche quand même, mes deux carquois aux épaules, jusqu’à cette chaise qui me semble si terrifiante.

Une fois à la hauteur, tous les êtres s’approchent et forment des murs, en quelques sortes, autour de moi. Je laisse mes étuis gigantesques au sol derrière mon banc avant d’y prendre place, par respect et pour démontrer ma bonne volonté.

Un des individus que je crois être un clone s’approche et verse, dans une coupe, un vin rosé. Il dépose la coupe en me souriant et laisse la bouteille sur la table.

« Ça ne devrait pas tarder, étranger blond. »

J’ai un rictus rageur, mais j’arrive à me calmer aussitôt.

Je me concentre sur la tâche et sur notre objectif. Il faut capturer Arashi, c’est important, et son frère. Ce sont des criminels, des meurtriers et, même s’ils l’ont fait par amour, ils ont fait des crimes odieux. L’un s’aime tellement qu’il ne peut pas accepter être inférieur tandis que l’autre aime tellement son frère qu’il ne peut pas accepter qu’il ne se sente autrement que simplement en pleine joie.

Seul à la table, appréciant mon repas en tentant de ne pas penser à ce qui pourrait arriver, je réalise qu’en dehors de ces circonstances, il serait plaisant d’être invité à ce genre de repas. La musique est bonne et l’alcool, qui s’avère être un cidre de pommes à ma grande surprise, est d’une qualité supérieure.

« Attention! Le voici, le voilà! Le maître de la tempête! »

Soudain, une boule apparaît devant moi par enchantement. Elle est composée complètement d’énergie instable. Je saute agilement derrière moi jusqu’à mes Katanas et en retire six. L’énergie grandit et éclate en une minuscule tempête qui disparaît aussitôt. Les bras de chaque côté, trois lames dans chaque main, je suis prêt à attaque la personne devant moi.

L’homme est torse nu, une énorme étoile bleue prenant la totalité de son dos. Il tient, de sa main droite, un chandail. Son corps est sans le moindre défaut. Tous ses muscles sont esthétiquement développés à la perfection. Ses cheveux bleus, légèrement plus longs que la moyenne, font des dizaines, voire des centaines, de pointes dans un effort de style savamment dépeigné. Il se retourne lentement, comme si ce mouvement était une danse sensuelle et, une fois complètement face à moi, il plante son regard directement dans le mien. Son visage me perturbe. Il est si carré, si masculin, alors que ses traits sont fins et doux. Ses yeux sont d’un vert si perçant qu’il tranche mon esprit et m’empêche de penser facilement. Le sourire qui apparaît lorsqu’il réalise ma position est redoutable! Je comprends, maintenant, pourquoi les gens disent qu’il est l’être le plus beau du monde.

« Bonjour, étranger blond. Je me nomme Arashi. »

Mes yeux ne peuvent se détacher de lui. Mon expression faciale prête au combat laisse place à une autre, fusion entre surprise et incompréhension.

« Vous pouvez laisser vos armes, » dit-il en revêtant son gilet sur lequel trois étoiles dorés pendent. « Et, vous pouvez prendre place avec moi. »

Une autre surprise! Arashi est poli et son ton est doux. Je m’attendais à ce qu’il soit plus véhément et puéril, mais il n’en est rien. Il est plutôt calme et posé. En fait, j’avais l’impression que les seuls mots qui allaient sortir de sa bouche allaient être « regardez-moi, je suis beau. »

*Est-ce que je me suis peint le mauvais tableau? Que se passe-t-il?*

Je laisse derrière moi mes lames et je retourne à mon siège. Je prends une gorgée gênée de cidre alors qu’Arashi fait de même. Il s’installe de façon un peu plus libre que je ne l’aurais pensé, mais ce n’est pas déplacé.

*Qu’est-ce qu’il se passe, pourquoi ça m’intéresserait?*

« Alors, étranger blond, quel est votre nom? »

« Ta… Taku… Sanken. »

Il rigole doucement, si doucement.

« Allons, pas de gêne avec moi! Vous êtes beau vous aussi! »

*Arrêtez! Je ne comprends pas! Que se passe-t-il?*

Je sens une pression étrange aux bords de mes yeux. Mon hôte le perçoit aussi puisque ses paupières se plissent comme s’il tentait de voir. Je reconnais cette pression. Ce sont les veines qui apparaissent lorsque j’observe, lorsque j’analyse.

*Je comprends!*

Un sourire apparaît sur mon visage et mes yeux se ferment. Je fais le vide dans mon esprit. La façon la plus rapide est de souffrir pour ensuite faire disparaître la douleur. Je me souviens de plus grand nombre de coups que mon père m’a donné et des injures de mes frères. Je me souviens d’avoir tué Takumaru. Je me rappelle la mort de Takujin. Et, ensuite, tout s’envole. Tout disparaît dans les flammes alors que je fixe mon attention sur mes amis.

« Kuuyuo, » chuchote-je.

J’ouvre à nouveau mon regard au monde. Je peux finalement voir, convenablement, Arashi. Non, pas Arashi, mais bien Ari! C’est le nom qu’il avait lorsqu’il habitait encore chez ses parents. Avant tout ça, avant le chaos, avant la mort, avant les problèmes.

« Je vous vois, monsieur orage. Nous pouvons maintenant discuter. »

Résumé:

Le bleu était complètement déboussolé a son éveille. L'eau fraiche ainsi que la marque d'affection fraternelle lui fit le plus grand bien. Malgré tout, les explications de Miyuki prenaient beaucoup de temps à faire leur chemin jusqu'à son cerveau qui finit par comprendre et replacer les évènements en place un à un mais une question restait sans réponse. Pourquoi Taku n'était plus présent, n'était-il pas encore un peu blessé ou même fatigué ?

*Il faut croire que la technique a fait du bon travail, arrgg j'ai vraiment mal partout moi...

Sa partenaire comprit rapidement son interrogation et il reçut une excellente réponse... oui une excellente réponse pour le faire s'inquiéter. Il bondit sur ses jambes mais l'une d'elle fléchit sous la vivacité de son action nécessitant un peu plus de douceur pour supporter le corps du médecin. Ken grimace sous la douleur mais se reprend rapidement.

-Tu dois aller le rejoindre Miyu ! Tu es la seule avec encore assez de force pour l'assister, il est hors de question qu'on reste séparé pour notre première mission de clan ! Je vais te suivre ne t'inquiète pas, je ne serai certainement pas une nuisance ! Mais tu ne dois pas m'attendre, je vais me débrouiller...

Ken regarde l'illusionniste et remarque un changement dans son regard. Il ne le fuie pas, il le fixe droit dans les yeux. Le bleu ignore ce qui s'est passé mais il ose croire qu'il pourrait lui venir en aide mais comme si celui-ci avait compris ce qu'il allait proposer, il prit parole

-Kennei, je suis Niro en passant, Elle n'ira pas aider votre partenaire car elle ne vous laissera pas seul avec moi, elle l'a déjà mentionné plutôt

Aptitude Utilisé !:

Ken observe Miyuki attentivement et confirme facilement les dires de ce Niro. Il comprend parfaitement la raison de celle-ci mais il adapte son idée pour la situation car ils ne doivent pas laisser Taku seul une minute de plus !

Aptitude Utilisé !:

-Miyuki... il la fixe droit dans les yeux... merci d'avoir veillé sur moi mais maintenant tu dois aller aider Taku et si tu ne veux pas me laisser seul avec celui qui nous a aider une fois contre toute attente... alors part avec lui ! je vous suivrez d'un peu plus loin. Je devrais réussir à être hors de danger ainsi et je ne serais pas une nuisance non plus. Puis tu n'aurais pas à craindre que Niro me fasse du mal puisque tu le surveillerais de proche.

Il se tourne pour observer l'utilisateur de Genjutsu qui semble étonner de cette proposition mais hoche doucement la tête en guise de réponse...

-Si elle accepte, je suivrai mais il ne faut surtout pas déranger la cérémonie.

Il avait certainement quelque chose derrière la tête et Ken le savait... mais il n'allait certainement pas se prononcer ici... et puis il ne savait pas quoi exactement... mais il était soudainement trop différent et calme. Comme s'il était en parfait contrôle et sa l'agaçait le jeune médecin

*Miyuki, j'espère que tu vas comprendre que je ne peux pas m'occuper de lui... si je le mets avec toi s'est justement pour que quelqu'un puisse intervenir s'il change de masque de nouveau...et puis nous ne pouvons pas laisser Taku seule encore longtemps !

Ken prend une autre gorgée d'eau et se rapproche lentement de l'échelle qui mène à la sortis, il regarde son amie et prend un grand sourire comme si rien de tout ça était arrivé

-Alors on y va ? ou j'y vais seul et je crie que je suis ninja rang triple S et personne ne m'a jamais vaincu ?

Resumer:

Miyuki savait qu’après l’état de la situation qu’elle avait fait à Ken, il serait inquiet et voudrait se précipiter au secours de leur partenaire. Cependant, il était essentiel qu’il sache ce qui se passait pour qu’il puisse réfléchir correctement  à ce qu’il convenait de faire en vu de la situation. Et la faiblesse du Zen’Ryou, qui était aussi sa force, apparut clairement à ses yeux. Elle nota dans un coin de son esprit cette réflexion pour pouvoir en discuter plus tard si l’occasion se présentait, car ce n’était vraiment pas le moment de faire débat là-dessus.
 
Ken s’était levé d’un coup et paraissait encore souffrir du fait qu’il avait utilisé beaucoup d’énergie. Elle tendit un bras pour le retenir pour le cas où il tomberait, mais il n’en fit rien. Il avait repris son équilibre et lui enjoignait avec force d’aller rejoindre Taku. Elle croisa les bras, totalement en désaccord avec ce qu’il disait, et allait expliquer pourquoi, quand Niro intervint et dit qu’il l’avait entendue dire qu’elle ne les laisserait pas ensemble. C’était effectivement le cas. C’était beaucoup trop risqué, encore plus que de savoir Taku aux prises avec les deux frères, même si elle voulait trouver un moyen au plus vite d’aller le rejoindre.
 
C’est alors que Ken la fixa dans les yeux, avec ses yeux emplis d’innocence et de détermination qui avaient le don de convaincre même les plus obtus qui soient. Elle restait très sceptique quant au fait qu’elle devait partir sans lui, mais elle ouvrit des yeux de surprise lorsqu’il lui dit qu’elle allait emmener Niro avec elle. Elle ouvrit la bouche, puis la referma, sans prononcer un mot. C’était une excellente idée, la meilleure qu’ils avaient à portée. 
 
Elle jeta un œil à Niro, le fixant intensément du regard.
 
- Très bien, Ken. C’est toi le chef.
 
Elle sourit à sa provocation de ninja triple S, presque détendue.
 
- Fais attention à toi.
 
Elle invita d’un signe Niro à passer le premier, puis elle grimpa à son tour les barreaux de l’échelle qui les menaient tous à l’extérieur et vers la fin, elle en était certaine, de cette mission.
 
L’extérieur était sombre, comme quand elle était sortie plus tôt faire un état des lieux. Elle préféra passer par les toits, consciente que les clônes se limitaient au sol, et se dirigea en silence vers le centre de l’action en surveillant Niro tout autant que les alentours.
 
Il y avait davantage de gens que lorsqu’elle était sortie et tous convergeaient vers la place centrale, où certains formaient déjà un cercle autour de Taku (elle le reconnut aussitôt grâce à sa tignasse blonde qui semblait briller à la lueur des bougies malgré l’obscurité) et de… Arashi. Même de loin, tapie à plat ventre avec l’illusionniste à ses côtés, elle pouvait voir qu’il était très beau. Les photos des magazines ne lui rendaient pas justice. Il semblait émaner de lui quelque chose  d’attirant. Il avait un de ces charismes qui se propagent en chacun sans qu’un geste ou une parole ne soit esquissé.
 
Miyuki se sentait comme hypnotisée par son apparence et son allure, ayant presque envie de se retrouver blottie dans ses bras, et c’est avec un effort surhumain qu’elle s’extirpa de ces pensées, presque déçue de n’être ni homme, ni blonde. Non, ce qu’elle avait à faire à présent ne se résumait pas à de la simple contemplation. Il fallait retrouver la deuxième menace à planer sur son ami : le frère. Avec la quantité de clones qui se trouvait sur la place, il ne faisait aucun doute qu’il se tenait à proximité.
 
Elle passait au crible chacun des personnages présents, partant du milieu pour aller vers la périphérie et évitant avec soin le point central, de peur de retomber sous le charme de l’étoile.
 
- Il est aveugle et se drape dans une cape, murmura Niro si bas qu’elle ne faillit pas l’entendre.
 
Il avait compris ce qu’elle était en train de faire et l’aidait, non pas par gentillesse, mais sans doute parce que c’était dans son intérêt. Elle le regarda pour signifier qu’elle avait compris, puis elle continua à scruter la foule, sans succès.
 
Par deux fois, ils durent se déplacer comme des ombres de toits en toits, sans bruit, avant qu’ils ne finissent par l’apercevoir. Sa cape l’aidait à se fondre dans les ténèbres et il était impossible de se méprendre sur son identité tant il était différent des clones de par son allure et son physique. Il était voûté légèrement et ses mains remuaient de temps en temps. Miyuki comprit que c’était ainsi qu’il contrôlait ses clones quand elle vit que chacun de ses gestes correspondaient à des actions concrètes de certains clones. Il devait y avoir une sorte de pilote automatique pour la grande majorité, un ordre principal donné, et lui n’en contrôlait directement que quelques uns, comme celui qui demandait maintenant à Taku s’il souhaitait avoir encore un peu à boire, ou encore comme ceux qui s’avançaient et qui s’étaient mis à danser discrètement pour agrémenter le spectacle.
 
La scène aurait été grotesque si elle n’avait pas été si surprenante, et c’est sur ce constat que Miyuki sentit que Niro se reculait sans bruit… Elle l’agrippa d’une poigne de fer et le ramena vers elle. Son regard brillait de colère et ce qu’il voulait dire était clair : ne bougez pas!
 
Ses intentions lui étant inconnues, elle ne voulait absolument pas le voir partir. Effrayé de déranger la cérémonie, comme il l’appelait, Niro n’insista pas davantage, mais il paraissait mécontent. Qu’avait-il en tête? Miyuki sortit quelques senbons et surveillait à la fois Niro, Arashi et Taku, ainsi qu’Oniri. Elle se tenait prête à intervenir au moindre indice de menace.

Je pouvais finalement voir son visage, son vrai. Son expression transpirait l’incompréhension. Je pouvais voir tous ses défauts et nombreux ils étaient. Tout était artifice : son teint, ses yeux, la carrure de sa mâchoire, ses pilosité, son nez, ses narines, son front, son menton. Il n’était pas humain, il était rêve. Là, devant moi, ce que je peux voir est naturel. C’est réel. C’est humain. L’homme, devant moi, est beaucoup plus beau que le rêve qu’il tentait d’être.

« Je n’aime pas les mensonges, » dis-je.

Cette phrase augmente encore plus ses questionnements. Son sourcil se lève, laissant place à un petit grain de beauté plutôt déplacé.

« Je n’aime pas les secrets et les mensonges. Je n’aime pas les artifices et je n’aime pas ne pas comprendre les choses. Maintenant, je comprends, » continue-je.

Je prends la coupe en remerciant le clone qui la remplie simplement par habitude. J’en prends une longue gorgée et je savoure lentement le nectar qui est sur ma langue. C’est un alcool de qualité, je ne veux pas le gaspiller. Je dépose mon verre et pénètre agressivement mes yeux dans les siens.

« Si vous voulez discuter avec moi, vous devrez choisir de ne pas me mentir. »

Son air reste ahuri, complètement abasourdi. C’est comme s’il ne comprenait pas un seul mot de ma phrase. C’est comme si c’était la première fois que quelqu’un passait au-travers de sa mascarade. Il est figé, totalement perturbé, la bouche entrouverte laissant passer des souffles qui sont fort probablement des débuts de mots qu’il n’arrive pas à mettre en ordre.

Sa position est ridicule. Il est placé d’une manière si fière et a une expression si absurde. Il ne s’est simplement pas replacé depuis que j’ai commencé à parlé et que j’ai, donc, probablement éclaté sa confiance et ses certitudes. Je peux voir ses membres désirer bouger, désirer se refermer, désirer prendre une position plus défensive, mais c’est comme s’il n’y arrivait pas.

« Vous… Vous me voyez? » Arrive-t-il à demander.

Je passe par-dessus sa question et absorbe une nouvelle rasade.

« Il va falloir vous rendre, monsieur orage. Vous avez commis des atrocités. »

Il me regarde et bégaie. Il est blessé. Ce n’est pas bon.

« Mais, non. Mais- Vous… Vous ne comprenez pas. »

Sa peur est tangible.

« Il n’y a pas de questionnement à avoir, Arashi. C’est tout. C’est fini. Rendez-vous! Nous allons prendre soin de vous. »

Il se lève d’un mouvement sec et brutal, faisant tomber la chaise derrière lui à quelques mètres plus loin. Je ne bronche pas d’un centimètre et je soutiens son regard. Je tiens ma coupe par la tige et l’approche de ma bouche. Ce sera probablement la dernière fois.

« Vous n’avez pas le droit! » Hurle-t-il.

Je glisse une dernière gorgée dans ma gorge et me penche légèrement vers l’avant.

« Pourquoi? Expliquez-moi. Dites-moi ce que vous ressentez! J’écoute! »

Alors qu’elle était tapie dans l'ombre avec Niro, Miyuki songeait à se rapprocher davantage du frère. Si la rencontre ne se déroulait pas comme prévu pour Taku, Oniri serait le premier à réagir et pourrait lui faire courir un grave danger. Elle exposa son intention à l’illusionniste qui hocha affirmativement la tête. Voyant que c’était si simple, Miyuki en déduisit deux choses. Ou bien ce faisait son affaire qu’ils se rapprochent de lui, ou bien il avait une autre idée derrière la tête et il ne tarderai pas à montrer son visage sous son vrai jour.
 
Ils se glissèrent d’ombre en ombre, de toit en toit, pour se rapprocher davantage encore, et ils ne s’arrêtèrent que lorsqu’ils furent à une vingtaine de mètre, soit suffisamment pour rester inaperçus tout en pouvant réagir rapidement à tout mouvement suspect.
 
Et puis, il arriva quelque chose. Quoi? Miyuki n’aurait su le dire, mais Arashi avait renversé brusquement sa chaise et avait crié « Vous n’avez pas le droit! ». Qu’avait-il bien pu se passer subitement? Son regard se porta instantanément sur Niro et sur Oniri. L’illusionniste demeurait impénétrable. C’en était surprenant de le voir aussi calme. Le frère, par contre, avait semblé quelque peu ébranlé. Il se tenait de manière plus raide et avait cessé de faire ses jutsus de contrôle sur les clones. Il en résulta que l’un d’eux se tenait immobile entre deux pas, la bouteille de cidre penchée sur le côté de telle sorte qu’il s’en écoula au sol une partie de son contenu.
 
La moine retint son souffle. Sa main gauche restait libre, alors que sa main droite avait empoigné plusieurs senbons qu’elle était prête à lancer à tout moment. Ses yeux voltigeaient d’une personne à l’autre, Oniri, Niro et Arashi. Qui bougerait le premier?
 
Et lentement, mais sûrement, l’expression d’Arashi se métamorphosa. D’où elle était, elle pouvait aisément le voir à présent. Sa beauté n’était en rien affectée par les émotions, mais s’il avait été différent avec la peur et la stupeur qu’il avait éprouvées au moment où il avait crié, il était à présent transformé par une expression de rage. Ses traits s’étaient écarquillés, ses dents s’étaient serrées et ses sourcils s’étaient froncés. Si ce n’était de son charme, il aurait paru dément.
 
- Imposteur… imposteur… IMPOSTEUR!
 
Son cri de haine avait résonné sur la place principale. Miyuki ne comprenait rien à ce qu’il se passait et, à voir l’expression stupéfaite et le pas d’hésitation d’Oniri, lui non plus ne comprenait rien. Miyuki pria Maskine avec force pour que Taku puisse se charger de l’idole, alors qu’elle-même guettait le moindre mouvement du frère pour fondre sur lui à la moindre indication de jutsu. En effet, mieux valait fondre sur sa proie lorsqu’elle était en train de chasser elle-même. La moine surveillait également Niro du coin de l’œil, mais pour l’instant, il passerait en second.

Il a perdu de sa superbe, Arashi. Devant moi, il est tremblant, mou, enragé. Il lève lentement son bras droit dans ma direction. Ses lèvres tressautent comme s’il voulait dire quelque chose, mais qu’il avait peur du résultat. Le bras pointant directement vers ma poitrine, ses yeux s’agrandirent. Les miens se cachent derrière mon expression faciale intriguée et irritée.

Et, il se met à hurler.

« Imposteur! » Qu’il répète trois fois.

Ma tête se baisse un peu. L’air est soudainement lourd. Je sais ce qu’il se passera dans un instant. Pendant une seconde qui dure au-dessus d’une minute, nous nous regardons, restant ainsi, prêt à agir.

Et, un sourire sadique apparaît sur son visage.

Une lumière grandit au bout de son droit qui pointe vers moi. Sans attendre plus longtemps, je pousse la table de mon pied trois tout en utilisant cette élan pour pivoter vers l’arrière, obligeant ainsi mon corps à se balancer par-dessus le sol, tête vers la bas. Je vois une lumière éclater à l’endroit où j’étais et suppose qu’il vient de me lancer un éclair sans même avoir à faire symboles avec ses mains.

Alors que je complète ma rotation au-dessus de mes carquois que j’enfile tout en atterrissant sans perdre un instant, j’entends un souffle retentir d’en avant. C’est assurément la table qui vient de le foudroyer. Sans attendre une seconde attaque de mon adversaire, je décide qu’il est grandement temps de tourner ses alliés contre lui. Sourire au visage, une grande partie de ma tignasse couvrant mon visage, je chuchote cette phrase qui, pour moi, est importante.

« Je suis l’araignée. »

Et je bascule mon grand fourreau, envoyant aussitôt une multitude de sabre dans les cieux qui retombent aussitôt dans une pluie aussi poétique que mortelle. Je ne prends pas le temps d’analyser le résultat et je saute vers toit juxtaposé, laissant les clones de Senbons se faire découper et éclater de leurs aiguilles diaboliques sur Arashi. En chemin, je tourne sur moi-même une seule fois et utilise mon second carquois à Katana pour envoyer une vague de dix autres lames directement visées vers mon hôte, notre cible.

« Vous êtes dans ma toile. »

Résumé:

Miyuki se contentait d'observer le combat, déchirée entre les trois options qui s'offraient à elle. Devait-elle aller aider Taku? L'éclair venait de le manquer de peu et Arashi semblait atteint de la folie qu'elle n'avait pu entrevoir qu'à travers les lignes du journal jusqu'alors. Ou devait-elle au contraire rester cachée pour garder un oeil sur Niro qui avait nécessairement de mauvaises intentions? Ou bien alors fallait-il arrêter le frère? 

Il fallait bouger. Maintenant. C'était impératif. Elle sentit qu'elle se levait pour aller rejoindre Taku, mais s'arrêta. Réfléchir, encore. Non, AGIS! Tu dois agir Miyuki, le temps est venu de sortir. L'inaction, c'est pour les faibles, pour ceux qui n'ont pas d'amis et ceux qui sont lâches. Es-tu lâche, Miyuki? 

L'étrangeté des paroles qui résonnaient dans son esprit ne la frappa nullement. Au contraire, elles lui donnaient l'envie de bouger, de frapper, de laisser valser ses pieds et ses poings sur ses adversaires.

Fonce, Miyuki, Fonce! Il est temps! 

Son regard se porta vers Oniri et, une fraction de seconde plus tard, elle tombait dessus à bras raccourcis. Pris par surprise, le frère ne pu repousser les coups. Il tâchait tant bien que mal de se protéger, mais rien n'y faisait. La moine était animée par un rage de l'action qui sembla toutefois s'atténuer après chaque coup porté. Quelle était cette violence gratuite? 

Des étincelles semblèrent tomber des cieux... non, des sabres! Elle vit le danger avant qu'il ne soit sur eux et, sans perdre une seconde, saisit le pauvre Oniri qui n'avait plus la force de se débattre, pour ensuite se jeter avec lui à travers une fenêtre et ainsi éviter l'explosion de senbons qui se serait autrement abattue sur eux. 

- Ara! Ara... murmura Oniri.

Il faisait pitié à voir, avec le sang qui s'écoulait de la commissure de ses lèvres. Il tentait de se relever et se débattait faiblement. Il avait dû utiliser tellement de chakra à préparer cette cérémonie et à employer ses clones qu'il ne lui en restait même plus pour se défendre lui-même. 

- Ton frère a échappé aux senbons et aux sabres, dit Miyuki de sa voix la plus douce. Nous ferons tout ce qu'il est en notre pouvoir de faire pour qu'il s'en sorte vivant, je te le promets. Nous souhaitons que justice soit faite, mais celle-ci ne passe pas par la mort. 

Ses paroles semblèrent apaiser Oniri qui se détendit un peu. 

- Pardonne ma brutalité de tout à l'heure. 

Miyuki passa son bras rapidement autour de la gorge d'Oniri et serra jusqu'à ce qu'elle sente ses mouvements cesser complètement. Elle s'adressa ensuite à son corps inerte.

- Pardonne-moi pour cette mise au sommeil un peu brusque, Oniri, mais je ne peux pas risquer que tu viennes nuire à la capture de ton frère. Je te jure que je ferai mon possible pour que tu sois à ses côtés lorsque tu te réveilleras.

Elle cacha le frère endormi sous le lit et tira sous la couverture pour le cacher d'éventuels importuns. Sûre qu'il ne reprendrait pas conscience d'ici quelques heures, elle se dirigea vers la fenêtre pour voir où en était le combat. Et c'est là qu'un détail qu'elle semblait avoir complètement oublié la frappa douloureusement. 

Niro.

Quelque chose trouble ma vision. Je peux voir qu’Arashi est sur une sorte de vague ou de geyser et il me regarde. Je vois les dégâts des aiguilles de guerre. Je peux voir, plus bas, Kennei se cacher et ressortir. J’observe aussi les poings puissants de Miyuki qui écrase, en un mouvement, le petit Oniri. Je comprends tout ça et tout ça m’est visible. La moine qui disparaît au même moment que mon protégé alors que des dizaines de clones, sous ma position, éclatent laissant derrière eux chaos et destruction.

Mais, ma vision est trouble.

Je sens quelque chose de terriblement anormal. Mes yeux s’arrête sur l’Orage qui, lui aussi, commence à vacillé. Sur son étrange technique aqueuse, il se tient la tête alors qu’il semble perdre l’équilibre. Mes sourcils se froncent. Je suis certain que cet homme n’est pas le genre de personne à simplement perdre l’équilibre.
Jusqu’à ce que je réalise que pour moi aussi, la terre tremble et bouge.

Mes jambes cèdent.

Je regarde partout autour de moi avec beaucoup moins de vivacité que je ne le pensais et, du coin de l’œil, je le vois. C’est Niro, plus loin, qui chante quelque chose. Il fait des mouvements avec ses doigts. Par contre, ma vue est embrouillée à un point tel que je n’arrive pas à distinguer les traits de son visage.
Je m’allonge complètement.

J’entends le corps d’Arashi subir un même sort sauf que, lui, il crache un bruit qui semble douloureux, vu la hauteur à laquelle il est tombé.

Je ferme les yeux et je fais le vide. Je laisse mon aura se charger du reste. Quelque chose me retient sur le sol et je n’accepterai pas ce fait. Non, ce fait disparait. Kennei et Miyuki disparaissent. Les Katsuos et les Takus disparaissent. Ma mémoire, au complet, disparait en même temps que tous les sons, les couleurs, les images et les sensations. Je suis dans le vide éternel. C’est similaire à lorsque le vieil ermite avait ouvert mes voies chakratiques me permettant, ainsi, d’utiliser mon aura.

J’ouvre mes yeux, mon corps maintenant libéré.

En un mouvement, je me lève, saute du toit et découvre Niro, un couteau en main au-dessus d’Arashi, prêt à en finir avec le criminel. Honnêtement, l’Orage est horrible. C’est carrément une mauvaise personne. Toutefois, je préfère ne pas tuer si c’est possible. Si ce ne l’est pas, je n’hésiterai pas. Cependant, si c’est possible de sauver tout le monde, que personne ne meurt, c’est préférable!

« Châ! »

Je prononce ce son en projetant mon aura par la même occasion produisant, ainsi, une image dans son œil. Je vois la tête de Niro se lever et il frappe directement en arrière de lui. Sourire en coin, mes pieds touchent finalement le son et, sans perdre une seconde, je me jette vers l’avant et je plante un sabre directement dans son pied.

Je sautille vers l’arrière, les yeux pleins de rage.

« Calme! Maintenant! »

Résumé:

Taku et Arashi étaient l’un en face de l’autre et étaient tous deux ressortis indemnes de l’explosion des clones. Miyuki les observait et tâchait de faire disparaître ses remords. Laisser Niro de côté était une erreur grave qui la mortifiait, mais céder au doute et à l’impuissance n’était ni la solution, ni dans son tempérament. C’est pourquoi rapidement, les battements de son cœur ralentirent, et que sur son visage apparut le petit sourire serein qu’elle adoptait habituellement en situation de combat. Elle était plus calme, à présent, et ses yeux voletaient sur le champ de bataille à la recherche du moindre indice de l’endroit où pouvait être l’illusionniste. Les maisons autour de la place étaient criblées de senbons, aucune victime ne semblait être à déplorer, et dans le ciel grondait comme une annonce d’orage. Arashi portait bien ce surnom… Et puis, quelque chose parut sortir de l’ordinaire. Il était difficile de comprendre quoi à première vue, mais elle fut surprise de constater qu’Arashi perdait l’équilibre et tombait au sol. Ce qui était aussi bizarrement le cas de Taku.
 
Sans prendre le temps de réfléchir à la question et pour éviter de tomber dans un piège en sortant par où elle était entrée, Miyuki passa sans attendre dans la pièce d’à côté, pour ensuite sortir par une fenêtre latérale. Ce faisant, elle avait pris de son sac plusieurs senbons qu’elle avait ramassés plus tôt et les tenait prêts à être lancés. Le temps qu’elle fasse le détour cependant, elle put constater que Niro se faisait planter une épée dans le pied par Taku. Le fait qu’il tenait un kunai dans la main, qu’il était si près d’Arashi et que Taku avait dû se retourner contre lui pointait vers la seule hypothèse possible : Niro souhaitait se venger d’Arashi pour l’humiliation qu’il avait subie dans la défaite. Ainsi, c’est pourquoi il les avait hébergés et aidés à s’échapper.
 
Silencieusement, restant dans son angle mort, Miyuki se rapprocha du centre du combat. L’illusionniste avait poussé un cri de douleur en recevant la lame qui avait presque couvert les paroles de Taku. Paroles qu’il n’écouta nullement, d’ailleurs, car se calmer reviendrait à renoncer à son bon droit de prendre la vie de cet Arashi qu’il haïssait plus que tout. Son esprit combatif était nourri par son idée de vengeance, aussi n’abandonnerait-il pas rapidement. Il arracha l’épée de son pied et voulut la retourner contre Taku, criant presque ses mudras dans sa fureur terrible, ce qui sonna l’alarme pour Miyuki. Souriante, encore à quelques mètres et intouchée par l’illusion qu’il lançait, l’attention de l’illusionniste ne ciblant que le samouraï, la moine lança avec précision un senbon qui vint se loger en travers la mâchoire de sa cible. Elle lança tous les autres dans sa direction en poursuivant son approche et, profitant du fait qu’il était déstabilisé  par cette attaque non prévue, elle le plaqua au sol, immobilisant ses mains dans son dos.
 
Maintenant fermement sa poigne, elle tourna la tête vers Taku, souriant toujours doucement.
 
-       Tu vas bien? Lui demanda-t-elle sur un ton apaisant.
 
Elle avait aussi aperçu Ken quand elle fonçait sur Niro, et sourit un peu plus à le voir endormi ainsi après avoir travaillé si dur. La fatigue se lisait sur ses traits alourdis par le sommeil. Et il y avait Arashi. Le pauvre diable semblait avoir repris quelque peu ses esprits et avait l’air de gigoter sous le sol pour s’en dégager. Il avait tout l’air d’être encore frappé par l’illusion de Niro. Et Miyuki dut se l’avouer, c’était sérieusement drôle de le voir coincé dans la sol, n’ayant que sa tête à l’air libre. Bien joué, Ken!

Niro prend un risqué que je ne comprends. Il arrache carrément Malice de son pied et, les iris fous, s’avance vers moi tremblant de rage avec qu’une seule idée, me pourfendre. Un sourire légèrement arrogant apparaît dans mon visage alors que je vois la suite des événements. Cet homme, ce Shinobi, compte réellement attaquer un Samuraï avec un sabre. C’est son objectif. Tel est son plan!

Rapidement, la haine que j’avais est disparue pour laisser place à un étrange sentiment de confort. Est-ce le Zen de la Guerre, encore, qui remonte en moi? Niro, le visage en sueurs crispé par la douleur, hurle des mots que je ne connais pas. Je ressens un effet bizarre, dans mon ventre, mais je conserve le contact visuel avec mon ennemi alors que Miyuki le plaque brutalement au sol.

Aussitôt, le picotement disparaît.

Mon visage s’illumine.

Rapidement, je bâillonne l’ancien Chuunin. Il essaie de résister, mais la force de la jeune moine reste impressionnante. Il faut dire que l’entraînement pour devenir une voyageuse qui sauve des villages ne doit pas être de tous repos. Enfin, c’est terminé. Arashi est sous terre et Niro est capturé.

« Oui, ça va. Je suis calme, maintenant. Je dois dire que j’ai perdu un peu de mon contrôle, là. »

Je hoche de la tête.

« Dis-moi, où est le frère? »

Lorsque ma demande est terminée, j’attrape des cordes solides que j’ai toujours au fond de mon carquois et je commence à attacher Niro. Nous faisons de même pour Oniri. Finalement, sourire en coin, je réalise que nous devrons attendre l’éveil de mon protégé pour continuer. Ni Miyuki ni moi ne savons comment déplacer la terre aussi bien que lui.

Je remarque aussi qu’il n’y a plus de clones, que le village est complètement désert sauf nous six. Je me demande, pendant quelques secondes, comment nous allons apporter nos cibles jusqu’à la justice, mais, par la suite, je me dis qu’avec nos montures et quelques planches, nous pourrons facilement faire des chariots.

« Il est impératifs que les doigts des Shinobis ne puissent pas entrer en contact, » dis-je. « Aussitôt que Ken est réveillé, nous pourrons ne rendre jusqu’à Daimyo pour lui offrir ces criminels. Ils décideront de leurs sorts devant un tribunal. »

HRP:

- Il est caché sous le lit de la maison là-bas, inconscient, dit Miyuki en pointant du menton l’endroit.
 
Ce n’était pas un signe très clair, vu les ténèbres qui les entouraient encore et le nombre d’habitations qu’il y avait, aussi laissa-t-elle Taku s’occuper de Niro alors qu’elle-même retourna à la petite maison. Celle-ci était dans le même état que lorsqu’elle l’avait quitté. Il n’y avait toujours personne, excepté le corps d’Oniri, dissimulé sous le lit. Elle l’extirpa avec toute la délicatesse qu’elle put et le déposa sur le lit. Elle trouva ensuite une bougie qu’elle posa sur la table tout près. La lueur de la flamme était faible, mais suffisante pour qu’elle puisse constater sur le visage du vaincu les marques de coups qu’elle lui avait assénés plus tôt. Elle s’en mordit un peu les lèvres, honteuse de s’être laissée porter par une rage de frapper qui n’était pas sienne. Se laisser berner par une illusion de Niro n’était pour elle pas une excuse, aussi tenta-t-elle de réparer tant bien que mal ce qu’elle avait fait.
 
Avec ce qu’elle trouva dans la maison et ce qu’elle avait déjà sur elle, la moine entreprit de panser du mieux qu’elle le pouvait les plaies d’Oniri. Elle enleva d’abord le sang encore frais de son visage pour ensuite y appliquer des bandages propres. Elle s’assura qu’ils ne soient ni trop serrés, ni trop relâchés, pour éviter l’inconfort et la recrudescence du saignement. Le résultat était acceptable, bien que Ken aurait fait beaucoup mieux en beaucoup moins de temps.
 
Satisfaite de ses efforts, elle choisit une couverture à l’air plus chaude qu’elle mit en travers de son épaule et prit Oniri dans ses bras comme elle le put. Il n’était pas particulièrement grand, mais il l’était malgré tout davantage qu’elle, aussi ce fut une affaire semi complexe que de le ramener jusqu’au centre de la place avec les autres.
 
- Donne-moi un peu de corde s’il t’en reste s’il te plaît, Taku, dit-elle à l’adresse de son ami.
 
Elle entreprit de ligoter les mains d’Oniri devant lui et de sorte qu’il ne puisse pas former de jutsus s’il venait à se réveiller.  Elle l’enveloppa ensuite de la couverture qu’elle avait apportée tout en laissant ses mains visibles.
 
Son regard se porta sur Arashi. Comment le sortir de là? Elle évaluait déjà la possibilité de creuser quand elle croisa le regard de Taku. Elle sourit à son tour en voyant son sourire en coin, et d’un accord tacite, ils décidèrent d’attendre que Kennei se réveille.
 
À ce moment, Oniri se mit à bouger. Il ouvrit lentement les yeux et finit par être de nouveau conscient. Il prit un moment pour regarder ce qui se trouvait autour de lui et la compréhension se fraya un chemin rapide dans son regard. Voyant la tête d’Arashi émerger du sol et bouger pour essayer de s’extirper de la terre, il demeura plutôt calme.
 
- Il va bien, comme tu me l’avais promis, dit-il.
 
C’était une constatation, teintée d’un merci. Miyuki hocha la tête en signe d’assentiment et lui sourit. Et puis, bizarrement, ils se mirent à discuter. Oniri raconta un peu son histoire et, au fil de son récit, ses épaules semblèrent se décharger d’un poids qui les écrasaient depuis longtemps. La moine écoutait avec attention, tout en surveillant ce qui se passait au tour d’elle discrètement, et particulièrement Niro qui les dévisageaient tous d’un œil noir. Ce n’est que lorsque Ken reprit conscience qu’Oniri et elle s’interrompirent.
 
- Arashi, ça suffit, dit Oniri, en reproche à sa tentative de mordre Kennei. Tout est terminé.
 
Kennei, lui, souriait d’une oreille à l’autre. Son enthousiasme contagieux fit rigoler Miyuki.
 
- Bon matin, Ken!
 
Les membres du Zen’Ryou s’en furent alors voir le daimyo et lui remirent Oniri, Arashi et Niro, clôturant ainsi leur première mission.