Une rencontre innatendue [Pv: Yanosa]

Décidemment, cette journée aura été éprouvante pour le petit Hiko. Comme si ce dernier s’attendait, deux jours plus tôt, à être considéré comme un shinobi. Il n’avait jamais eu aucune idée de ce qu’il voulait faire plus tard ; à vrai dire, il n’y avait jamais vraiment beaucoup pensé. Mais ce qui c’était passé cet après-midi-là avec la rencontre de ces trois hommes avait créé un déclic dans la tête du jeune garçon, et si lui aussi devenait un shinobi du Shûkai ? Mais bon il fallait être réaliste, Hiko ne partait pas avec une longueur d’avance. Tout d’abord il n’était qu’un gamin de 13 ans et quelques mois à l’allure chétive, il ne connaissait personne ou presque dans son nouveau village et la pire des choses… Il n’était même pas rentré officiellement dans cette ville. Autant dire que ce n’était pas gagné pour le jeune garçon.

Enfin bon, Hiko ne voulait pas y penser pour l’instant car il était extrêmement fatigué. Cet après-midi n’avait pas été de tout repos et il décida donc de s’allonger dans l’herbe d’un des terrains d’entraînement. Elle était légèrement humide et quelques gouttes perlaient le long des brins d’herbe, la petite pluie qui s’était abattue sur le village en milieu d’après-midi n’y était sûrement pas étrangère. Hiko s’en fichait, pour lui cela n’avait pas d’importance car il était vêtu de la tête aux pieds avec des vêtements relativement chauds, bien que déchirés par endroit. Il s’allongea donc sur le dos, croisa ses bras derrière la tête et ferma les yeux pour ainsi pouvoir se reposer. C’est alors qu’il ressentit une chose à laquelle il n’avait jamais fait attention auparavant…

En se concentrant un minimum, Hiko arrivait à ressentir des choses qui lui paraissaient anodines dans la vie de tous les jours. Il pouvait ressentir pleinement le vent, les changements de direction de ce dernier, lorsqu’il augmentait ou diminuait de puissance… Bien sûr tout ceci n’était qu’une approche mais Hiko le sentait, quelque chose s’était éveillé en lui et il ressentait plus de choses qu’auparavant… C’est donc un sourire aux lèvres que Hiko tomba dans un profond sommeil réparateur…

« … !! »

Une rencontre innatendue [Pv: Yanosa] Untitl11

Une rencontre innatendue [Pv: Yanosa] Untitl11

Soudain, Hiko fut tiré de ses pensées et de ses rêves ! Il se leva d’un bond, l’air paniqué, le souffle court et regarda partout autour de lui… Rien ! Mais Hiko n’était pas fou, il avait ressenti quelque chose, il ne savait pas quoi exactement mais rien de bon n’allait arriver dans les prochaines minutes. Sa gorge devint alors sèche, sa bouche pâteuse, il ne put s’empêcher de sans cesse regarder à gauche et à droite, il ne ressentait plus rien car son stress l’en empêchait mais il en était sûr, quelqu’un arrivait… ! Ce qui Hiko avait oublié, sûrement dû au fait de se faire réveiller en sursaut par quelque chose qu’il ne maîtrisait pas, c’était que Arekushi l’avait prévenu qu’un membre du Buki allait venir lui rendre une petite visite qui ne serait pas forcément amicale…

Du temps, du temps, du temps, toujours du temps. C'était ce qui me manquait, dernièrement, suite à la déferlante de tâches et d'affectations diverses que je devais prendre en charge. Si j'avais su ce qui m'attendait en entrant sous les ordres particuliers du Capitaine Suoh... Dans les faits, cela n'aurait rien changé, car j'aurais été tout aussi enclin à accepter son offre initiale, mais l'avalanche de charges qu'il m'incombait de traiter ne me laissait pas vraiment l'opportunité de m'occuper de mes élèves comme je l'aurais voulu. Heureusement, ces derniers étaient pleins de ressources, surtout depuis leur examen qui même s'il n'avait pas été fructueux pour toute la fratrie les avait sacrément endurci, leur apprenant par la même occasion des notions d'autonomie qui ne s'inculquaient qu'à la dure. Arekushi avait ainsi pris sur lui, par exemple, d'entraîner lui-même un petit groupe de shinobis, pour certains plus vieux que lui. Une prise de responsabilité honorable pour un jeune homme qui, il n'y a pas quelques mois, pouvait être capable du pire. C'était le meilleur qui ressortait aujourd'hui, et c'était tant mieux.

J'espérais pouvoir dire la même chose de moi, même s'il m'était encore un peu compliqué de faire un auto-diagnostic. Les morts à la pelle que j'avais semé n'allait en effet pas se racheter comme ça et il faudrait bien plus que quelques corvées remplies pour que mes actions présentes et à venir puissent commencer à peser dans la balance. Et aujourd'hui, c'était encore un petit pas que j'avais à faire vers la rédemption.

Fidèle, Arekushi était en effet rapidement venu me voir cet après-midi pour m'informer de la présence d'un intrus au sein même du Shozaichi. Un intrus qui, s'il ne semblait pas représenter un danger quelconque selon lui, restait un intrus. Le Jisetsu avait préféré me laisser la surprise, m'assurant que notre invité m'attendrait en début de soirée aux abords du terrain d'entraînement habituel, celui que nous avions nous-même utilisé auparavant pour affûter nos compétences, en ne me confiant que son nom. La zone était largement arborée mais pour autant, l'intrus en question semblait n'avoir aucune envie de se cacher : avant-même de parvenir sur les lieux proprement dits, j'avais en effet déjà percé à jour son chakra, ténu, au centre de la petite clairière qui servait de lieu de rassemblement à cet aire d'entraînement. Me faufilant entre les branches en hauteur sans vraiment chercher à rester discret, je ne fis pour autant aucun bruit en approchant. En voyant le jeune garçon, je compris alors ce qu'Arekushi avait voulu me dire en disant « aucun danger ». Les apparences pouvaient évidemment être trompeuses, mais je ne pouvais décemment pas douter de mes capacités, ni mêmes de celles de mon élève, à pouvoir maîtriser un jeune adolescent dont n'émanait rien de particulier sinon un stress latent, silencieux mais perceptible.

Mais alors que je l'observais, là, étalé dans l'herbe fraîche et humide par cette heure, je le vis se redresser d'un bond, comme sortant d'un mauvais rêve, paniqué et presque en sueur. Est-ce que.. Possédait-il ce genre de faculté ? A l'état inné, peut-être ? Il ne m'avait pas repéré précisément et pourtant, il avait clairement perçu ma présence : le sondant à mon tour en restant caché, je perçus tout autours de lui ces flux d'énergie caractéristiques des senseurs. Son chakra virevoltait en effet en tout sens autours de lui pour palper son environnement, à la recherche de n'importe quelle information qui pourrait lui être utile pour survivre. Une telle qualité de perception était rare, en tout cas chez les jeunes gens en général plutôt tourné vers l'apprentissage de disciplines plus directes. Mais avait-il seulement reçu un entraînement auparavant ? L'heure était venu, semblait-il, de me dévoiler.

J'apparus donc derrière lui, légèrement sur sa droite, en un clignement de paupière.

« Bonsoir Hiko. »

Je laissai passer la surprise, conscient et satisfait de l'effet produit. Lentement, je me mis alors à marcher autours de lui, les bras ballant le long de mon kimono noir.

« L'on a attiré mon attention sur ton cas, plus tôt dans la journée. Tu serais... une sorte de clandestin... ? Puis-je te demander ce qu'un jeune homme tel que toi fabrique dans l'enceinte de la capitale, hm ? Sans famille, à fortiori sans ami... Est-ce que par hasard tu fuirais quelque chose ? Dis-je d'un air presque contrit.

Ou bien, es-tu venu ici pour vivre au crochet des autres sans avoir à te soucier de rien ? »

Tout en le questionnant, je braquais toujours mes sens sur son comportement et ses énergies, captant chaque palpitation, chaque soubresaut dans ses constantes. Si ce petit avait déjà le don de mentir, je le saurais ainsi aussitôt.

Plus les secondes, qui lui paraissaient des minutes voire des heures, passaient et plus Hiko se sentait oppressé. Non pas parce qu’il pouvait ressentir le chakra de la personne qui était en train de l’épier, mais parce qu’il avait un étrange pressentiment… Il se savait observer. Quelque chose avait changé dans l’environnement dans lequel il se trouvait, il n’aurait pas su dire quoi, mais il en était certain.

C’est alors qu’il ressentit une présence dans son angle droit, légèrement en recul de sa position actuelle. Quelle vitesse ! Il n’avait rien vu, entendu, senti et pourtant un homme se tenait juste là, à quelques pas de lui. Son premier réflexe fut de faire un pas de recul et de se positionner face à cet homme. Au premier coup d’œil il paraissait très grand et massif, bien que son corps soit enveloppé dans un kimono noir relativement ample. Alors que le jeune garçon essayait de comprendre ce qui lui arrivait, l’inconnu prononça alors son nom… Quel choc !

Un frisson parcouru alors le corps de Hiko et ce dernier sembla tétanisé. Faire face à un inconnu, qui parvient à se rapprocher de vous aussi avec une telle vitesse sans savoir qui il était… Cela ne présageait rien de bon. Hiko venait de se réveiller et il n’avait pas encore toutes ses idées en place, il ne fit donc pas le rapprochement entre cet individu et la personne qui était supposée lui rendre visite pour régler cette affaire de clandestinité. C’est donc apeuré, dos au mur, que le jeune garçon observa l’illustre inconnu commencer à faire les cent pas autour de lui. Et c’est alors que l’homme reprit la parole, que les connections se firent dans l’esprit du jeune Hiko.

Il se remémora en quelques fractions de secondes le discours qu’Arekushi lui avait tenu concernant la possibilité qu’un shinobi haut gradé vienne lui rendre visite. Ses muscles se relâchèrent alors peu à peu, ses poings se décrispèrent et Hiko sembla tout de suite beaucoup moins raide. Il n’était cependant pas sorti d’affaire et gardait une posture qui devait paraître ridicule, lui qui n’avait jamais su se battre essayait de se mettre sur ses gardes. Au fur et à mesure que l’homme parlait, Hiko vit alors sa situation se fait décrire en long, en large et en travers. L’homme l’avait bien situé et il fallait maintenant donner une explication. Bien qu’il sache que ce moment arriverait un jour ou l’autre, Hiko n’avait jamais pensé à ce qu’il pourrait dire si quelqu’un lui posait ces questions. Alors qu’il s’apprêta à répondre de manière plutôt instinctive, il se sentit de nouveau pris au piège. Comme si quelqu’un avait un regard sur tous ses faits et gestes… Cela n’eut pour effet que d’augmenter le stress du jeune garçon qui commença donc à répondre aux questions posées avec une voix relativement faiblarde.

« Je… Euh… Je… Viens d’un petit village situé dans le pays de la pluie, Ame no Kuni. Mon père, un ancien mineur, a été tué au front dans la guerre qui opposait les shinobis de Ame no Kuni et ceux de Tori no Kuni… J’ai donc quitté mon village pour découvrir de nouveaux horizons car la vie là bas était d’un ennui mortel. »

Hiko était essoufflé, il tremblait presque. C’était la première fois qu’il évoquait les raisons de son départ à voix haute, la mort de son père. Ce n’était pas quelque chose de simple pour un enfant d’à peine 13 ans. Mais il savait qu’il n’avait pas le choix, il était rentré par effraction dans une ville surveillée et dotée d’une armée, une ville où de nombreux secrets pouvaient être cachés. Il devait donc s’expliquer aujourd’hui et maintenant, sinon la prochaine occasion qu’il aurait de le faire serait peut être à travers des barreaux de cellule. Hiko l’avait bien compris, il était doté d’une certaine logique pour son âge et décida donc de continuer son récit, en évoquant son entrée dans la ville…

« J’ai entendu parler du Shozaichi lorsque je vagabondais dans le pays de Ame no Kuni. A ce qu’on peut entendre, des shinobis de tous les horizons se rassemblent dans ce pays. Mon passe temps étant d’épier les gens, je me suis donc dit que ce pourrait être un endroit intéressant… »

Une rencontre innatendue [Pv: Yanosa] Captur11

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Conscient d’en avoir trop dit, ou pas assez, sur ses intentions, le jeune homme commença à sentir une chaleur monter du plus profond de son être. Il se sentait honteux, il n’avait jamais eu de mauvaise intention mais il était clair que ces dernières pouvaient être mal interprétées, surtout qu’il était rentré clandestinement dans le village. C’est donc pourquoi il continua son récit, sa voix baissant au fur et à mesure que les mots sortaient de sa bouche…

« En arrivant devant la grand double porte, j’ai bien vu qu’elle était gardée par de nombreux gardes et qu’ils ne laissaient rentrer personne sans autorisation. C’est donc pourquoi j’ai dérobé un laissez-passer à un homme qui achetait des provisions à un marchand ambulant à quelques lieux de l’entrée du village… »

Hiko chercha alors quelque chose dans la poche gauche de son pantalon troué, et tendit un vieux morceau de parchemin à l’homme. Sa main tremblait tellement l’homme semblait avoir une emprise sur lui…

Je ne quittai pas le jeune garçon du regard, prêt à envisager n'importe quel type de réaction. Un espion endoctriné et bien entraîné, dans sa position, aurait en effet tôt fait de révéler son vrai visage s'il était convaincu que sa mission allait droit vers un cuisant échec. C'était malheureux mais cela restait une réalité : les enfants, souvent victimes des conflits, devenaient parfois les outils d'adultes plus puissants et influents pour servir leurs desseins. En l'occurrence, toutefois, tout concordait avec la thèse initiale, à savoir... Que le jeune Hiko n'était rien d'autre qu'un jeune adolescent un peu trop entreprenant. Ou juste assez, peut-être... Ses variables étaient en effet en dents de scie, et répondaient presque du tac-o-tac avec les impulsions de chakra que j'envoyais léviter autours de lui pour le jauger et déterminer s'il disait la vérité ou non. Sa capacité innée à percevoir ce qui l'entourait se retournait, d'une certain façon, contre lui. Mais plutôt que de me concentrer sur la déstabilisation du garçon, je prêtai à présent l'oreille à son histoire, ayant désormais la certitude qu'aucun danger immédiat ne guettait au tournant.

J'eus donc le droit, malgré la redondance de ce type d'histoire, à l'archétype de l'enfant malmené par les conflits. Un conflit, en l'occurrence, qui impliquait l'un des pays de l'Alliance et qui avait vu son père mourir dans une lutte qui avait très certainement trait à des bénéfices commerciaux ou à un litige économique quelconque. J'avais ouï dire qu'il y avait effectivement eu des remous l'année passée dans la région d'Ame et de Tori, mais je n'étais pas encore arrivé jusqu'au Shûkai à cette époque. J'epérais, pour autant, que depuis la situation s'était améliorée là-bas. C'est en tout cas ce qu'il semblait d'après le jeune Hiko, qui disait avoir quitté le domicile familiale par ennui plus que par nécessité. Il avait ensuite, selon ses dires, pris sur lui de « s'infiltrer » au Shozaichi en subtilisant un laisser-passer à un acheteur négligeant et l'avait simplement présenté à l'entrée, zonant depuis lors sans aucun contact dans la cité. Il aimait épier les autres... pas étonnant, avec un talent pareil pour la sensorialité.

« Il faut croire... qu'il faudra remonter les bretelles à certains gardes, manifestement. » dis-je en m'emparant du papier qu'il me tendit ensuite et en y jetant un bref coup d’œil.

Le laisser-passer était en effet du plus bas niveau et n'autorisait aucune allez et venue à répétition dans la cité : sitôt sorti avec, il était impossible de le présenter à nouveau valide. Prenant acte du stress qui habitait toujours le gamin, je le sondai alors une dernière fois, plus profondément, tout en gardant le papier à la main et en plongeant mes yeux dans ceux du garçon. Non... Rien. Il était, à vrai dire, aussi pur qu'une neige d'automne, et ne présentait définitivement aucun signe de duplicité consciente. Pas de trace non plus de chakra étranger sur lui ou ses affaires. Hiko, c'était son nom, ne s'était donc rendu coupable que d'intrusion sur un périmètre normalement sous surveillance, et la principale faute revenait aux gardes qui l'avaient laissé passé avec ce laisser-passer obsolète.

« Mais... ce que je me demande surtout,... c'est ce qu'on va faire de toi, Hiko. » dis-je en pliant le papier méthodiquement pour le glisser sous mon kimono, dévoilant alors sans trop m'en rendre compte l'une des nombreuses et profondes balafres qui jalonnaient mon buste.

« Ta mère et tes proches doivent se faire beaucoup de soucis pour toi. Tu sais... ce n'est pas parce qu' l'on a perdu un parent que plus rien n'a d'importance. Je devrais te faire raccompagner jusqu'à ton village dès demain matin, mais dis-moi d'abord... Qu'est-ce que tu espérais trouver ici, hm ? Une aire de jeu pour tes talents d'espion amateur ? Une vista exotique ? Ou bien y a-t-il autre chose... une chose plus importante qui te forcerait à te battre pour elle... »

La tension était toujours palpable entre l’homme et le jeune garçon. Ce dernier était totalement écrasé par une force qu’il n’avait jusqu’alors jamais connue. Hiko attendait la réponse de l’homme, il ne savait absolument pas à quoi s’attendre mais une chose était sûre dans son esprit… Il s’était mis dans de sales draps. Lorsqu’il lui parla, l’homme sembla l’écouter attentivement et ne sembla pas perdre une miette de ce que lui avait raconté l’enfant. Hiko espérait vraiment que ce dernier allait le croire, il ne disait que la pure vérité et ne pouvait, dans tous les cas, pas faire autrement. Tous ses sens étaient en alerte mais cela ne servait à rien car il savait que s’il essayait de s’enfuit pour se cacher, il se ferait certainement rattraper par l’homme dont la vitesse l’avait extrêmement impressionnée. C’est alors que l’homme commença à prendre à nouveau la parole. Les mots qui sortirent de sa bouche résonnèrent en écho dans la tête de Hiko, il ne s’attendait pas du tout à cela.

L’étranger avait blâmé les gardes de la ville, et non Hiko. Après tout, il était vrai que ce dernier n’avait fait que pénétrer par effraction dans la ville et avait volé deux ou trois aliments pour se nourrir mais il n’y avait pas de quoi en faire une affaire d’Etat non plus. Hiko aurait pu être rassuré par ces paroles, cependant ce ne fut pas le cas. Le rapport de force entre les deux protagonistes était tellement déséquilibré qu’il lui était pour l’instant impossible de se détendre. Le jeune garçon n’avait plus de salive, et ce depuis qu’il avait eu cette impression bizarre que quelqu’un était arrivé. Ses bras collés le long du corps montraient son impuissance, il ne pouvait bouger. Soudain, alors que l’ambiance devenait de plus en plus pesante pour Hiko, il sentait une pression beaucoup plus forte venir écraser chacun de ses muscles…

Une rencontre innatendue [Pv: Yanosa] Captur13

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Des gouttes perlèrent sur son front, pourtant il ne ferma pas les yeux car il n’y avait pas vraiment de douleur, simplement comme une énorme gêne dans tout son corps… Le pire, ce qui déstabilisa le plus le garçon, c’était que l’étranger avait plongé ses yeux dans les siens. Il avait les yeux très perçants, un regard déterminé… On aurait dit qu’il était en train de chercher quelque chose dans les yeux de Hiko… Ce moment parut durer une éternité pour le jeune homme, il se sentait littéralement aspirer par le shinobi… Et puis tout cela cessa, la forte pression diminua fortement jusqu’à devenir tolérable pour l’enfant et l’homme détourna brièvement son regard de celui de Hiko. Il rangea aussi le papier dans son kimono, laissant ainsi partiellement voir une énorme cicatrice.

Hiko ne put détacher son regarder de cette énorme balafre que lorsque l’homme avait fini de ranger le bout de parchemin. Jamais de sa vie l’enfant n’avait vu pareille blessure, cela était certainement due à un combat acharné que l’homme avait mené au cours de sa carrière de shinobi… Puis ce dernier commença à parler de la famille de Hiko ainsi que de ses motivations à être venu au Shûkai… Ainsi le jeune garçon comprit, il serait rapidement reconduit chez lui et la garde des portes sera alors renforcée, ce qui lui rendra impossible un retour.

Contre toute attente, cela lui fit un pincement au cœur, cette nouvelle ville était devenue pour lui un centre de richesse insoupçonné. Lui qui n’avait jamais aimé qu’épier les uns, observer les faits et gestes des autres… Il avait aujourd’hui la possibilité de voir des personnes venant de partout dans le monde et ayant une histoire, des coutumes différentes… Cependant, une autre idée avait pris sa place dans l’esprit du jeune homme depuis qu’il avait rencontré Arekushi et les deux autres hommes qui formaient l’équipe du premier… C’est pourquoi il répondit d’une voix qui avait retrouvé un peu plus son calme, mais qui restait néanmoins stressée.

« Écoutez monsieur… Je vous avoue que je suis venu ici pour m’amuser, pour observer des gens des quatre coins du monde et pour toujours, le faire en toute discrétion. Je considérais cette ville comme une aire de jeu géante où je pouvais exprimer pleinement mes envies. Cependant… »

Hiko s’était livré, pour lui la vie n’était qu’un amusement éternel, tout ce qu’il voulait c’était ne fait que ce qu’il avait envie. Cependant, il n’était pas du genre à rechigner aux ordres, il l’avait d’ailleurs démontré lorsque les hommes étaient partis à la guerre en assurant pleinement son rôle jusqu’au jour de son départ. Mais aujourd’hui il avait appris quelque chose, il plongea alors ses yeux dans ceux de l’étranger afin de lui prouver sa détermination, même si lui n’en étais pas encore tout à fait convaincu…

« Cependant j’ai pris conscience de quelque chose dernièrement, j’ai toujours eu une prédisposition pour analyser, observer, me dissimuler… Mais ça ne m’a jamais vraiment servi à rien à part m’amuser. Or je pourrais peut être dévouer mes capacités à une cause, la cause des shinobis… »

Hiko avait réussi ! Il n’avait pas menti bien sûr, mais il avait caché un morceau de la vérité. Le jeune garçon souhaitait vraiment intégrer les rangs des shinobis de cette ville, mais ce n’était pas la seule raison qui le motivait. Bien sûr il effectuerait son travail sans rechigner et le mieux possible afin de devenir une référence dans son champ d’application, mais ce qu’il voulait avant tout, c’est avoir la chance de découvrir de nouvelles personnalités, et être un shinobi vous procure de nombreuses opportunités de rencontre… Puis il revint à la réalité, demain à la même heure il serait déjà sur la route pour son ancien village, sa vie monotone…

« … Mais vous allez me renvoyer dans mon village… »

Une rencontre innatendue [Pv: Yanosa] Captur12

Une rencontre innatendue [Pv: Yanosa] Captur12

Je croisai les bras sur mon torse tandis que j'écoutais la réponse qu'avait à formuler le jeune Hiko. Il ne pouvait le nier, et faisait preuve d'une réelle franchise en le confessant : s'il s'était de prime abord rendu dans l'enceinte du Sozaichi, c'était avant tout pour mettre ses talents naissant à profit et épier d'autres personnes en jouant à l'invité fantôme. S'il n'y avait, en tout cas dans la loi, rien qui ne puisse interdire un tel comportement, ce dernier resterait tout de même très mal perçu tant que le jeune garçon pourrait continuer à l'adopter. Gênant... Mais, Hiko n'avait pour autant pas fini de s'expliquer et allait donc avoir l'occasion de se rattraper, du moins sur certains points. Il en était conscient, il était doué pour son âge lorsqu'il s'agissait de jouer dans le feutré, mais il commettait une erreur de jugement assez grave en pensant avoir à faire à des shinobis. Il conclut malgré tout sur une note fataliste, sous mes yeux attentifs, en baissant le regard vers le sol un tantinet chagriné.

« J'aimerais savoir... qui t'as dit qu'il y avait des shinobis ici ? »

Je laissai planer ma question un moment, le temps qu'elle puisse faire son chemin dans sa jeune caboche, avant de reprendre.

« Tu es dans l'enceinte de la capitale de l'Alliance des Pays Neutres, pas dans un village caché. Il n'y a pas plus de shinobis ici qu'il n'y a de Kage. Nous avons un gouvernement, un peuple, une armée, des territoires,... Tu comprends ça ? »

Je me détournai alors légèrement du jeune garçon en découvrant mon poignet, bien en vue. J'activai dans la foulée un sceau d'une simple pression, en faisant jaillir un kunai bien affûté que j'attrapai au vol.

« Ce qui ne veut pas dire pour autant que nous ne savons pas utiliser les mêmes armes qu'eux. Il n'y a pas de cause shinobi, plus maintenant du moins. Tout le monde cherche la paix et l'équité à sa façon, ce qui créé inévitablement des conflits, mais... Le monde court actuellement un bien plus grand danger que nos petites querelles, je te prie de me croire. »

D'un coup bref, je dirigeai le kunai, pointe tendue, vers le visage du jeune Hiko, tenant fermement la garde de l'arme en faisant glisser mon index sur son tranchant.

« La question que je te pose est simple, Hiko. Si je ne te renvois pas chez toi, pourras-tu mettre tes talents encore en rodage à profit pour autre chose que ton petit plaisir ? Saurais-tu aller au devant du danger, aider tes camarades, apporter ta pierre à un édifice plus grand que ta simple ambition ?

Répond-moi franchement... Te vois-tu devenir un combattant ? »

Alors que le jeune garçon se sentait un petit peu déçu de la tournure des évènements, l’homme lui répondit par une phrase qui eu le don de piquer au vif son intérêt. Relevant le menton assez rapidement, Hiko regarda alors l’homme en face de lui. Il n’y avait donc aucun shinobi ici… ? Hiko se serait-il tromper alors qu’il avait passé des heures à observer ces hommes qui paraissaient tellement différents de ceux qu’il avait pu rencontrer jusqu’ici ? Cette phrase prononcée d’une façon si neutre par l’étranger avait eu pour effet de le faire douter de plus en plus… Le jeune garçon ne savait plus sur quel pied danser et était complètement déstabiliser. Cela se voyait physiquement, son air surpris, ses yeux grands ouverts et sa bouche a moitié ouverte parlaient pour lui… L’homme continua alors son explication en lui décrivant le pays dans lequel il se trouvait, ce n’était pas un village caché comme ceux que l’on pouvait trouver dans le monde entier, cette ville représentait la capitale d’une alliance. Il n’y avait pas de chef, appelé Kage, pas de shinobis mais seulement différents corps, celui de l’armée, de la justice, etc.

Hiko ne savait plus quoi penser, ce système ressemblait à son village à une échelle beaucoup plus importante. Pourtant quelque chose sonnait faux aux yeux du jeune garçon, les hommes et femmes qu’il avait pu observer depuis son arrivée était totalement différent de ceux qui peuplaient son village. Serait-ce une simple différence culturelle ou y avait-il quelque chose de plus profond dans leurs différences ? L’enfant de 13 ans n’eut alors pas à attendre très longtemps pour avoir la réponse à sa question, car l’homme s’était mis en mouvement. Un mouvement vif, chirurgical, Hiko n’avait rien vu venir. L’homme avait simplement appuyé sur son poignet, où se trouvait une sorte de parchemin qui semblait collé, et une arme en était sortie. C’était un kunai, une arme qui était pourtant habituellement utilisée dans les guerres shinobis… Le doute de Hiko se renforça. Cependant il ne put s’empêcher d’être impressionné par cette action, c’était la première fois qu’il voyait cela et en était admiratif. Lui aussi aurait bien aimé avoir cette capacité de cacher des éléments dans des parchemins.

En reprenant la parole, l’homme affirma qu’il pouvait utiliser les techniques des shinobis, ainsi Hiko avait vu juste ! Même s’ils ne se considéraient pas comme tels, les hommes de cette Alliance ressemblaient fortement à des shinobis. La seule différence qu’il existait entre eux et de réels shinobis était la façon dont il considérait leur société, leur regroupement. Aux yeux du garçon de 13 ans cela ne faisait pas une grande différence, après tout il n’avait pas encore pu appréhender tous les aspects du monde qui l’entoure. Alors qu’il était songeur à ce que l’homme venait de dire concernant les guerres et une certaine menace potentiellement très dangereuse qui était présente, le jeune garçon fut surpris de voir l’homme montrer un signe d’austérité envers lui. Il pointa son kunai dans la direction de Hiko…

Une rencontre innatendue [Pv: Yanosa] Captur17

Une rencontre innatendue [Pv: Yanosa] Captur17

Cette action était rapide, comme tous les gestes de l’inconnu, et Hiko ne réagit que quelques dixièmes de secondes après. Avec un réflexe, il fit un pas en arrière et se tassa un peu plus sur ses jambes… Comme s’il avait la possibilité de s’enfuir… N’importe quoi ! Son cœur battait la chamade, des frissons parcouraient son corps mais l’enfant ne tremblait pas. Il avait certes peur, mais il gardait cependant le contrôle de son corps. C’est alors qu’il fut surpris par les paroles de l’inconnu, il pensait que ce dernier allait l’attaquer vu sa posture mais ce ne fut pas le cas, il lui posa une question qui semblait être une question très importante pour lui… Hiko sentait que son avenir proche se jouait maintenant, c’est pourquoi il réfléchit à deux fois avant de formuler sa réponse à voix haute…

« Honnêtement monsieur… Je ne suis pas un combattant et je n’ai jamais prétendu l’être. Il suffit de me regarder, mon corps n’est pas celui d’un soldat et si jamais j’intégrais un corps d’infanterie de votre armée je ne serai qu’un fardeau pour mes coéquipiers. Cependant… Cependant concernant votre autre question, je pense que je pourrais me rendre utile en utilisant mon esprit d’analyse et ma capacité à rester discret pour d’autres tâches. J’ai toujours aimé épier les gens, que ce soit bien ou mal perçu, j’ai souvent réussi à le faire avec une certaine discrétion. Et pour être honnête, je pense en être capable, je pense pouvoir dépasser ma propre ambition pour une cause encore plus grande… »

Hiko reprenait surtout les mots de l’homme car il ne savait pas vraiment de quelle cause il s’agissait mais une chose était sûre, il était prêt à mettre légèrement ses désirs de toujours s’amuser à espionner les gens, de côté afin de servir une plus grande cause. Et sait-on jamais ? Hiko pourrait bien y découvrir une nouvelle passion…

Le petit avait l'air de tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de se lancer dans une réplique, ce qui était en soit une bonne chose. Je l'imaginais, tentant de percer à jour la réponse que j'espérais de lui, celle qui me ferait changer d'avis et me convaincrait de le laisser vaquer, sous une garde somme toute réduite, à ses activités plus ou moins licites dans la cité. Il y avait quelque chose d'amusant dans tout cela, mais aussi de tragique. Car, je le pressentais, ce jeune garçon ferait à peu prêt tout ce qui était en son pouvoir, même si ce dernier était encore limité, pour tenter de me persuader de le laisser prospecter dans la capitale, même s'il devait pour cela mettre ses talents à profit pour bien autre chose que le simple assouvissement de sa curiosité. Et c'était là que la dure réalité, inévitablement, finirait par le rattraper, et moi avec lui. Accepter de l'enrôler, même si cela restait dans un premier temps officieux, revenait à l'envoyer dans la fosse. Cette grande fosse dans laquelle nous étions tous coincés, nous combattants de tout bord, que nos capacités riment avec destruction ou avec protection : tous, nous étions contraints à brandir notre bannière et à tenter de maintenir un cap dont on ne connaissait pas la destination finale, dans le flou absolu. En ce moment plus que de coutume, d'ailleurs, avec cette épée de Damoclès au dessus de la tête, cette armée Furyou qui, si elle se comptait vraisemblablement sur les doigts de la main, appliquait une pression démentielle sur nos mentales à tous.

Et là résidait la triste vérité : comme il le disait lui-même, il n'avait pas un corps robuste ni un instinct inné de tueur, mais pour autant, il possédait en lui ce talent, ce don, qui lui permettait de ressentir, de réagir, de percevoir. Ce même don qui, en réalité, m'habitait aussi depuis mon réveil dans cette forêt, comme si une entité, sur un autre plan que le nôtre, avait jugé bon de me le procurer pour que je puisse rester en vie. J'ignorais pourquoi Hiko avait ce don, lui, même s'il n'était encore qu'à l'état d'embryon. Mais nul doute qu'au sein de la bonne section, une fois mûr et porté à son apogée, il ferait au moins autant de prouesses que le mien. Je m'en voulais de céder à cette nécessité silencieuse et à son égoïsme latent, assez classique chez les jeunes adolescents, mais nous avions besoin de recrues, de bonnes recrues. Et se priver d'un talent pareil revenait, peu ou proue, à se tirer une balle dans le pied. Je rengainai donc mon kunai, que je n'avais jamais eu l'intention d'utiliser, en gardant un œil fixé sur Hiko.

« Tu penses en être capable, hein...

Écoute, la vérité c'est que même si je te faisais raccompagner chez toi, rien de t'empêcherais de revenir, même si c'était pour camper devant les remparts. Seulement je ne peux pas laisser ta famille sans nouvelles, j'espère que tu comprends ça. Nous ne sommes pas une dictature et nous n'enlevons pas d'enfants pour les militariser sans l'accord de leurs parents. »

Je fis alors jaillir un parchemin et son encrier portatif d'un autre de mes sceaux, sur mon poignet, me préparant à noter.

« Tu vas donc me donner ton nom, ainsi que le nom du village où habite le reste de ta famille. Ils restent tes tuteurs légaux et même si ta seule envie est de rester ici, nous devons leur laisser le choix de te ramener ou pas. C'est seulement après avoir reçu leur réponse... dis-je en rédigeant un petit entête... et seulement après, que tu pourras obtenir un droit de résidence.

Attention surtout, ne t'emballe pas ! Même si leur réponse est positive, il faudra que tu t'entraînes dur, tu devras faire beaucoup de sacrifices et te plier aux règles pour t'intégrer, tu comprends ? »

La messe était dite.

Après un bref moment de réflexion, qui parut comme être une attente interminable pour le jeune Hiko, l’homme rangea son kunai. Avait-il décider que cette arme ne lui servirait pas finalement, pensait-il qu’il n’en avait pas besoin pour neutraliser le jeune garçon ? C’était sûrement le cas d’ailleurs mais selon l’enfant, la raison était toute autre. Peut être avait-il réussi à le convaincre de le laisser rester dans la ville ? Les paroles suivantes qui sortirent de la bouche de l’étranger vinrent confirmer ce sentiment dans les pensées de Hiko, il évoquait le fait qu’il fallait prévenir sa famille. Ces paroles eurent un effet assez néfaste pour le jeune garçon, il s’en voulait de les avoir laissés seuls mais il avait un irrésistible besoin de partir. Cela ne l’empêchait pas de penser souvent à eux et il leur avait déjà écrit une fois depuis qu’il était parti, mais à l’époque il n’était qu’un enfant errant dans les forêts au nord du pays d’Ame no kuni…

L’homme répéta alors son geste en appuyant sur une partie de son corps et cette fois ci ce fut un parchemin qui se matérialisa ! Cet homme était-il doté du pouvoir de pouvoir matérialiser n’importe quel objet en appuyant sur une partie prédéfinie de son corps ? Hiko en était réellement impressionné et une lueur apparue dans ses yeux, ce pouvoir était décidément trop cool ! Si jamais un jour il l’apprenait, il pourrait alors cacher plein de bonbons et les faire apparaître comme par magie…

Une rencontre innatendue [Pv: Yanosa] C10

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Le jeune garçon fut rapidement tiré de sa rêverie par la voix de l’étranger qui n’avait pas pour autant un ton plus souple… Il voulait les coordonnées de la famille du jeune garçon afin de leur demander l’autorisation pour que ce dernier ne reste dans la ville et rejoigne les corps armés qui la composaient. Hiko se demanda si c’était une bonne idée de demander l’accord de sa mère, qui devait sans doute espérer que le jeune garçon passe une vie paisible sans s’exposer à un quelconque danger. Or, il y avait plus sûr que de s’engager dans l’armée… Mais ce coup c’était bon ! Hiko en était persuadé, il allait pouvoir rester… Cependant, l’homme finit par dire que son bon d’entrée dans cette ville n’était pas conditionné à la seule acceptation de sa mère, il faudrait aussi que le jeune garçon fasse des sacrifices, se plie aux règles et tout ce qui allait avec… Le bonheur de ne pas avoir été éjecté comme une vieille chaussette submergea alors le jeune Hiko qui répondit, tout en tentant de prendre une voix la plus neutre possible…

« Oui bien sûr monsieur je comprends tout à fait… Si cette ville et son directoire me permettent de rester, je saurai me montrer digne de leur confiance… Voici les informations concernant le village où habitent ma mère et mes deux petits frères… Monsieur… »

Hiko lui décrit alors le nom de son village et son emplacement exact afin de faciliter la tâche à l’homme. Bien qu’heureux d’avoir la possibilité de rester sous certaines conditions, Hiko n’en était toujours pas rassuré et une atmosphère pesante était toujours présente… Tant qu’il ne recevrait pas de papier officiel, ou que l’homme en face de lui ne lui dise officiellement qu’il pouvait rester, Hiko savait que son statut n’était toujours pas régularisé et il pouvait être expulsé à tout moment…

Sans rechigner le moins du monde, le jeune Hiko se décida rapidement à me donner les coordonnées de sa famille, à Ame. Le garçon semblait avoir repris du poil de la bête, depuis le début de notre conversation, ce qui était bon signe car tout le talent qu'il pouvait posséder ne vaudrait pas grand chose au service de l'Alliance s'il n'était pas capable de se maîtriser ni de canaliser ses émotions. Alors que je prenais bonne note de tous les renseignements qu'il me fournissait, je ne pouvais m'empêcher d'éprouver toujours ce relent de culpabilité. Devrais-je le faire raccompagner chez lui malgré tout ce qu'il pourrait apporter ici ? Malgré son incapacité évidente à rester en place ? Non, cela ne servirait décidément à rien... Ce que j'allais pouvoir faire, cependant, c'est éviter de futures complications à Hiko et sa famille, au prix d'un pieu mensonge qui je l'espérais passerait inaperçu. Rangeant le parchemin contenant les informations dans mon kimono, j'adressai alors un regard plutôt compatissant à Hiko.

« Si tout se passe bien... tu auras rapidement l'occasion de faire tes preuves. En attendant, fais profil bas et n'exerce tes « talents » que pour subvenir à tes besoins, tu as compris ? J'essaierai de faire en sorte que les gardes te fichent un peu la paix dans le quartier inférieur. Tu auras certainement bientôt des nouvelles, de moi ou de quelqu'un d'autre, donc sois attentif. »

Sur quoi, je tournai les talons en laissant le jeune garçon seul sur l'aire d'entraînement en ce début de soirée plutôt doux.

« Ah et, n'hésite pas à côtoyer Arekushi et ses apprentis si tu le souhaites, tu pourrais apprendre des choses, et ce avant même de commencer ton initiation... Ou ton renvoi. »

Une petite boutade, qui était en réalité tout à fait hypocrite. Je savais en effet parfaitement ce que contiendrait la lettre que j'allais rédiger un peu plus tard à l'attention de la famille du jeune Hiko. Ce serait un gâchis pour tout le monde que celle-ci puisse refuser que son membre le plus jeune intègre les forces de l'Alliance, et il n'était pas dit que le garçon accepte un tel refus avec enthousiasme ce qui pourrait mener à d'autres complications. Ne rien dire, alors ? C'était une solution, mais le silence pouvait se révéler aussi incisif qu'une mauvaise nouvelle. Non, il fallait garder sa famille à l'écart, sans pour autant l'alerter ou l'inquiéter sous quelque forme que ce soit. Un plan simpliste avait donc germé dans mon esprit alors même que j'avais sorti le parchemin pour noter les coordonnées fournies par Hiko : pour la famille de ce dernier, il serait simplement en prison pour les années qui suivraient.

Multiples vols à l'étalage, délinquance mineure et blessure involontaire sur un citoyen du Shozaichi, le tableau était peint d'avance et justifiait une peine de plusieurs années sous la juridiction qui était la nôtre. Une peine hypothétique sévère mais cohérente, de même que les délits que j'allais mettre sur le dos du garçon. J'assurerais néanmoins à sa famille qu'il était dors et déjà bien traité et remplissait des travaux d'intérêt généraux pour racheter ses fautes... A l'abri des conflits, à l'abri des combats et de tout ce que pouvait impliquer une vie de combattant, qu'il soit de soutient ou non. C'était paradoxal, même pour moi, mais c'était la meilleure solution pour mettre la famille d'Hiko de côté sans pour autant entrer dans d'autres extrêmes. Le jeune homme serait « tranquille » pour plusieurs années et aurait le temps de mûrir pour accepter ce mensonge, lorsqu'il en découvrirait l'existence. Une parfaite petite manigance de ma part... Qui ne me rendait pas fier pour autant. Mais en cette époque troublée, se priver d'un talent sensoriel tel que le sien était presque aussi criminel que d'envoyer une division entière à l'abattoir.

Tandis que l’atmosphère commençait à devenir de moins en moins pesante, le jeune garçon continua de fixer l’homme se tenant en face de lui. Il venait de prendre les informations que lui avait transmises Hiko et avait rangé le parchemin à l’intérieur de son kimono une nouvelle fois. Il lança ensuite un regard que Hiko ne put vraiment comprendre, il essaya de le déchiffrer mais rien ne lui paraissait correspondre parfaitement à ce que l’homme avait tenté de lui envoyer comme message. Il restait dur et froid, mais le haut gradé du Shozaichi avait sans doute essayé de paraître un peu réconfortant à l’égard du jeune garçon car son air semblait s’être momentanément adouci.

L’homme lui annonça qu’il aurait alors bientôt l’occasion de faire ses preuves, ce qui ne fit qu’ajouter une dose de stress à l’état du jeune garçon. Et s’il échouait ? Et s’il n’était pas assez bon dans ce qu’il faisait ? Et si on s’était trompé sur son compte et qu’au final on décidait qu’il serait un poids plus qu’autre chose ? En tout cas l’homme lui donna quelques recommandations, il serait sûrement contacté dans peu de temps par un haut gradé pour régulariser ou non sa situation, il se demanda comment ils allaient faire pour le trouver car il n’était qu’un clandestin pour l’instant et n’avait pas de logement fixe. Enfin, il aurait le temps d’y penser plus tard, l’homme avait déjà tourné les talons et s’en allait. Mais avant de définitivement partir, il lança quelques paroles au jeune garçon, il lui conseilla de se rapprocher d’Arekushi car il pourrait sûrement lui apprendre de nombreuses choses. Hiko sourit alors jusqu’à la dernière phrase, l’homme parla de renvoi et la panique semble l’envahir…

Cependant, maintenant l’homme était parti et Hiko se retrouvait livré à lui même. Il n’aurait jamais pensé que cette entrevue se finirait de cette façon et en relativisant, il se dit que ça ne s’était pas si mal passé que ça. De plus, l’air ambiant était d’une température tout à fait agréable et aucun nuage ne pointait son nez à l’horizon, ainsi il pourrait passer une nuit sans se retrouver trempé jusqu’aux os, tant mieux ! C’est alors que son ventre émit un léger son, il était l’heure de se trouver à manger ! Le jeune Hiko partit alors en marchant, toujours un peu fatigué de son entraînement avec Arekushi… C’est en arrivant dans la partie basse de la ville, près des habitations qu’un déclic se fit dans son esprit…

« Tiens ! Je ne connais même pas son nom… »

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