Music ♫:

Tsukiko n'avait guère l'air enchantée de me suivre et visiblement surtout pas au Heaven Night ; Je ne savais pas si elle était si réfractaire pour y avoir déjà été et vécu une mauvaise expérience là bas où si la réputation du bar suffisait à la faire frémir : dans les deux cas cela me convenait.

« Ne t'en fait pas pour le prix des boissons : c'est moi qui offre et en plus nous n'y allons pas pour boire... »

Je lui adressais mon plus beau sourire carnassier. Non. Je n'étais pas une adepte de l'alcool ! Si nous nous rendions en ce lieu c'était bel et bien pour essuyer les remarques et gestes déplacés de la clientèle. Je voulais voir comment Tsukiko s'en sortait avec cela, ce qui, je me doutais, allait fortement m'amuser !
Au vue de ce qu'elle disait, elle avait l'air d'avoir côtoyé de nombreux bars et je me surprenais a penser qu'il était normal qu'elle ait fini par croiser Shinji... Il m'avait fallu ma seule et unique visite dans un bar pour le rencontrer alors en faire plusieurs... Je me demandais s'il était venu l'aborder de la même manière qu'il l'avait fait avec moi et s'il l'avait connu avant ou après moi : après tout je me moquais bien de ce genre de détails non ?! Qu'est-ce que cela pouvait faire de le savoir.

« Tu te demandais pourquoi ce bar et bien parce que je connais bien le type de clientèle qu'il a et que c'est ici que j'ai rencontré Shinji. Ne va pas croire que je fais dans le sentimental, je sais juste que le sous sol abrite une salle de combats clandestins et c'est précisément là où nous nous rendons ! »

Les yeux de la kunoichi s'écarquillèrent à cette annonce, elle avait visiblement l'air encore plus effrayée et même si elle tentait de le dissimuler tant bien que mal : je remarquais ces choses là... La peur, j'avais appris à la reconnaître et à l'utiliser à mon avantage. Certaines choses en moi avaient changé : je ne pouvais le nier car je ressentais plus d'émotions aujourd'hui qu'il y avait un an. Toutefois, certaines choses ne changerait jamais et mon instinct prédateur en faisait partie. Il fallait savoir s'imposer et ne pas se faire marcher dessus si on souhaitait avancer et c'est ce que j'allais apprendre a Tsukiko. Elle avait tenté de me dissuader de ce rendre dans ce bar en particulier mais je ne flanchais pas et ne céderais jamais.

Nous parvînmes finalement au bar : cela faisait quelques jours que je n'y étais pas allée ! Depuis que je l'avais découvert, je m'y étais rendue assez souvent pour observer les combats dans l'arène et me divertir face au sang versé.
Nous entrâmes donc, les regards étaient braqués sur nous et je savais que cela redoublerait lorsque nous serions dans la cave. Le videur qui se trouvait devant la porte de cette dernière me saluait chaleureusement comme pour souligner mes visites habituelles :

« Tiens Yami ! Toujours un plaisir de te voir ! Tu ramènes une amie ? Ça va plaire aux gars ! M'enfin si j'étais eux je me tiendrais à carreaux ! Aha ! »

Je lui souriais d'amusement. Si les clients m'avaient harcelé la première fois que j'étais venue ici c'était terminé. En effet, mon passage sur le ring et ma victoire face à l'imposante Risako qui était la championne en titre féminin, avait été battue a plate couture et n'avait d'ailleurs pas appréciée ou digérée sa défaite. Depuis lors, tout le monde me laissait tranquille par peur d'y laisser des plumes. J'avais même eux une altercation avec plusieurs hommes dont l'un d'eux avait renversé le contenu de son verre sur moi. Shinji ainsi que Notsuu m'avait prêté mains fortes ce soir là mais j'aurais très bien pu m'en sortir seule : j'en étais certaine.

Là dessus, nous nous engouffrâmes au sous sol. L'ambiance changea du tout au tout et certains discours s’interrompirent même sur notre passage. Certains laissait de côté leur fierté et d'autres semblaient baver sur l’inaccessible. C'était assez perturbant au début, même pour moi, mais je faisais comme si je ne voyais rien et au fond cela m'importait bien ce qu'ils pouvaient penser et s'imaginer tant qu'ils ne viennent pas me harceler. Les regards se posèrent davantage sur Tsukiko, dont ils ignoraient tout et qu'ils convoitaient comme un nouveau jouet obtenu a Noël. Ils savaient qu'avec moi c'était peine perdue s'ils ne voulaient pas finir émasculés mais ils ne pouvaient pas se douter si Tsukiko était du même genre ou non et a vrai dire moi non plus je n'en avais aucune idée... Ils semblaient toutefois méfiants, pensant sans doute que si elle était avec moi c'était qu'elle était du même genre que moi. Toutefois, je ne doutais pas que bientôt les plus téméraires tourneraient autour d'elle comme les lions en ruts et alcoolisés qu'ils étaient.

Nous nous installâmes à une table un peu éloignée d'eux pour mieux discuter de la suite des évènements :

« Bon comme tu l'as sans doute remarquée, je suis connue ici maintenant donc je doute qu'ils viennent m'embêter quoique pourquoi pas. J'aurais bien aimé ! Cela t'aurais permis de m'observer les rabrouer. En revanche.... »

Je la pointais du doigt avant de poursuivre :

« Toi... Tu es une jolie femme en territoire inconnu... Ils vont venir par paquets de dix ! »

C'était une façon de parler : quoique...
Le serveur arriva pour prendre nos commandes et je prenais un sans alcool car l'alcool et mon sang contaminé par ma maladie ne faisait pas vraiment bon ménage et je voulais garder pleinement mes esprits pour coacher Tsukiko et ne pas me montrer plus... violente que nécessaire.

Justement, deux candidats arrivèrent à notre table : un temps record !
Ils me connaissaient visiblement et semblaient intéressées par les « charmantes jeunes filles » qu'ils voyaient : moi y compris... Ils aimaient le goût du risque ces deux là ! Tant mieux j'allais pouvoir montrer a Tsuki comment procéder :

« Salut les filles ! Dis donc Yami, Shinji n'est pas là ce soir ?! Vous voulez pas venir boire quelques verres avec nous ? »

Il avait l'air de dire cela comme ci l'absence de Shinji justifiait le fait de m'aborder... Il allait vite déchanté... Je n'avais pas besoin de Shinji pour me défendre et j'allais le prouver à cet insecte !

« Que diriez vous d'aller le proposer à Risako ? Depuis sa défaite elle a besoin de consolation. Nous en revanche, nous ne sommes pas si désespérées pour céder à vos avances... »

Ils s'énervaient et s'offusquaient, l'un d'eux cherchait à relativiser, ce à quoi je lui répondais, les yeux plantés dans les siens, acerbe :

« Je crois que tu n'as pas bien saisi mes paroles. Tu souhaites dire adieu à ta virilité sur le champ peut-être ? Non ?! Eh bien disparaît de ma vue où tu risquerais bien de les avoir en travers de la gorge et ce n'est pas une image ! »

L'aura que je dégageais était des plus menaçantes : pourtant je ne m'énervais pas, même si mon attitude et mes propos montraient le contraire.
Ils pestaient intérieurement et l'un d'eux semblaient se dire qu'il valait mieux pas me provoquer davantage quand l'autre m'insultait ouvertement. J'aurais pu le laisser filer ainsi et c'est ce qu'il voulait : s'être fait rabroué mais quand même obtenir le dernier mot pour garder un temps soit peu de dignité mais je ne lui ferais justement pas ce plaisir. J'allais gagner et cela jusqu'au bout. Je me redressais de ma chaise face à lui, entaillant la paume de ma main avec ma bague a pointe, concentrant mon chakra et faisant léviter un mince filet de mon sang : cette fois je ne jouais plus.

« Tu veux avoir le dernier mot ? Tu ne l'auras pas : tu as perdu ! Je t'humilierais bien plus encore si tu continues sur cette voie ! »

Les regards convergèrent vers moi et l'ami de l'idiot semblait lui dire de « ne pas faire le con » mais l'autre avait l'air décidé à m'insulter. Mon fouet écarlate s'avérait plus menaçant encore, ondulant et grossissant a vue. L'homme laissa finalement tomber et retournait à sa place : avouant devant l'assemblée qu'il avait échoué et il devrait faire avec ces railleries qui lui étaient destinées. L'humiliation par ses pairs était la pire des échec mais il l'avait choisi. J'avais eu affaire à des bien plus tenaces que lui qui étaient aller jursqu'à l'affrontement et cela avait eu le don d'être franchement divertissant en plus de vouloir donner une leçon mais tous ne s'y risquaient malheureusement pas : ils étaient pour la plupart trop lâches pour l'assumer jusqu'au bout.

Je me rasseyais à ma place face à Tsukiko et lui demandait ce qu'elle en avait pensé :

« Alors d'après toi, parmi ce que j'ai fait, qu'est-ce que tu ne serais pas en mesure de faire et pourquoi ? »

Je voulais qu'elle analyse la scène, chaque mot mais aussi chaque geste comptait. L'attitude affirmait ou infirmait nos propos : une menace dictée par quelqu'un qui tremble comme une feuille avait moins d'impact que quelqu'un sûr de lui.

- Ne t'en fait pas pour le prix des boissons : c'est moi qui offre et en plus nous n'y allons pas pour boire...

Si une poutre ou un mur lui faisait face à cet instant, elle s’y serait peut-être cognée. Elle avait omis le fait que le clan Ketsueki restait un clan aussi noble et riche que le clan Kawaguchi, à la seule différence que l’un était issu du sable et l’autre issu d’un « ailleurs ». Tsukiko avait bonne mémoire mais elle avait tendance à avoir la tête en l’air et ne pas suffisamment utiliser toutes les « données » accumulées dans cette caboche.

« Et il serait temps ! » conclut-elle, fatiguée de toujours tomber dans des pièges qu’elle aurait pu éviter si elle s’était prise cinq minutes de réflexion « Oh, ils se sont donc rencontrés là… l’endroit doit être important pour elle ! Elle a un cœur finalement … ou pas ».

Tsukiko ne pouvait qu’arquer un énième fois les sourcils devant les paroles de Yami. Décidément, cette dernière n’avait pas une once de cœur ou de sympathie. Aux yeux de la Rose, la Vampire n’était qu’une dame au sourire carnassier qui vous épiait tel une prédatrice avec ses yeux rouges sangs. Un personnage maléfique sorti tout droit d’un mauvais conte. L’aspect humain n’était pas imaginable pour la Kawaguchi … du moins pour le moment.

- Des combats … clandestins ? Je m’entraîne déjà sans cesse au quotidien. J’ai besoin de voir de combat ou d’y assister ! dit-elle en haussant un tantinet le ton, exprimant d’une certaine façon d’être en total overdose d’entraînements.

Cependant la surprise laissa place à la peur. Si on n’autorisait pas le sunaton, elle était censée se défendre comment ? Pire, comment était-elle censée se défendre sans sable ? Sans ce ninjutsu, elle était aussi fragile et vulnérable qu’un bébé. Avec de la chance, beaucoup de chance, Yami aurait une autre idée que de mettre Tsukiko dans une arène illégale. Toujours est-il que la jeune fille s’abaissa pour prendre deux poignées de sable qu’elle fourra dans ses poches.

« Restez là, vous dispersez pas ! » supplia-t-elle silencieusement.

Elles traversèrent d’abord le bar pour finir dans la cave où un homme attendait, gardant cette curieuse porte. Tsukiko ne pouvait qu’observer les lieux comme à son habitude et désespérait que davantage au vu de la salubrité du lieu. Si l’entrée ne ressemblait à rien – littéralement – elle ne voulait même pas imaginer l’intérieur.

Parlons d’ailleurs de l’intérieur. Ce dernier lui arrachait une moue boudeuse et remontait beaucoup de souvenirs à la surface. D’office, instinctivement, elle se mettait sur ses gardes, se resserrant presque comme si elle pouvait « disparaître » dans cette masse. Malheureusement, elle n’avait plus la dizaine et ses cheveux roses n’arrangeaient pas les choses pour rester « discrète ».

« Peut-être que je devrais changer cette couleur. Je n’habite plus avec mon père et sa femme, je risque plus de gêner quiconque que je ressemble ou non à elle … » pensa-t-elle, la mine soudainement bien sombre.

« Dans quoi me suis-je engagée ? » se demanda-t-elle au fur et à mesure que Yami parlait. Ainsi elle était crainte ici et personne ne risquait de l’approcher aisément. Elle était donc effrayante, elle en donnait clairement une preuve, n’accentuant que davantage le malaise et l’envie de fuir de Tsukiko.

- Salut les filles ! Dis donc Yami, Shinji n'est pas là ce soir ?! Vous voulez pas venir boire quelques verres avec nous ?

Tsukiko arqua, encore – à force c’était la courbature du sourcil !- , son sourcil devant les paroles des inconnus. Cependant, elle abandonna cet air perplexe pour un autre air effrayé devant l’aura menaçante de Yami. La situation vira au cauchemar aux yeux de la douce dame quand l’un des gars tentait d’avoir le dernier mot et que Yami se refusait de lui donnait cette chance. Aussitôt, elle déclencha son fameux pouvoir héréditaire.

Aussitôt les deux idiots s’éloignèrent. Si eux pouvaient se sentir en sécurité, loin du périmètre de danger que Yami formait, Tsukiko n’était pas sortie d’affaire. Elle se sentait même prise au piège avec la dernière question.

« Aucun ! Je ne serais même pas venue ici ! Quoique… utiliser le don de mon clan … plus pour fuir qu’attaquer » se dit-elle, fixant la dame, à la recherche des bons mots. Elle avait l’impression que chaque parole allait déterminer la suite de la soirée.

Devait-elle jouer la sincérité ou jouer un rôle qui n’était pas sien ?

- Woah … Tu as bien géré la situation, s’exclama Tsukiko, ne répondant pas à la question volontairement. Elle ne voulait pas répondre immédiatement, réfléchissant encore à la question. C’est bien pratique de manipuler le sang en fait, tu en auras toujours à portée de main…

Elle se tut et sirota de sa boisson sans alcool, observant autour d’elle, évitant le regard interrogateur de Yami. Elle n’avait toujours pas répondu à la question, et elle en était bien consciente.

- Je … n’aurais pas pu répondre. Je n’ai aucun répartie … et j’aime pas trop les conflits. Donc si je peux éviter … en évitant ce genre de lieu, c’est cool. Tu vois ? se permit-elle de demander en lançant un regard à la dame, un regard qu’elle détourna bien vite. Sérieusement Yami … on peut commencer l’opération changement en douceur … je veux dire, je ne veux pas avoir de problèmes. J’en ai déjà assez …

Ou plutôt elle en avait assez eu. Les garçons qui avaient tendance à l’embêter filaient droit maintenant et l’évitaient même comme la peste – pour une raison qui lui était inconnue – et elle ne subissait plus la mauvaise humeur de sa belle-mère. Ses problèmes sociaux, d’une certaine manière, étaient terminés. Par contre, elle avait maintenant ses problèmes économiques mais elle avait tant l’habitude de ces derniers qu’elle les qualifiait plus de sa « vie » qu’autre chose.

« Je veux sortir ! » fut sa première réflexion lorsqu’elle lança un nouveau regard autour d’elle. Plus les minutes passées, plus elle se sentait la cible de quelques regards. Désespérément, elle tenta de trouver d’autres visages féminins … cependant ces derniers étaient tous comme Yami, soient impitoyables et inflexibles.

Elle se sentait prise au piège. Non, elle était prise au piège.

- Peut-on partir ... s'il te plaît ? dit-elle avec une voix presque suppliante et des yeux implorants*.

Tsukiko implorant Yami ! :

Music ♫:

J'avais demandé a Tsukiko ce qu'elle pensait de ma répartie et surtout ce qu'elle n'aurait pas été capable de dire ou faire à ma place. Je voyais bien qu'elle cherchait à esquiver la question en proférant quelques compliments à l'égard de ma maîtrise de sang : elle essayait de me flatter... Pourquoi ? Me craignait-elle ? Craignait-elle mes intentions ? Si tel était le cas c'était parfait... Si il y avait bien une personne dont elle devait se méfier le plus dans cette salle c'était bel et bien moi et si elle apprenait à avoir peur de moi, elle apprendrait à suivre mes conseils et donc parvenir à me répondre et tenter de me remettre à ma place. C'était ce que je voulais : la pousser à bout dans ses retranchements pour qu'elle explose de rage et de ras le bol et qu'elle applique enfin ce que je venais de lui apprendre.

Elle détournait le regard en m'annonçant qu'elle n'aurait pas été capable de faire ce que je venais d'accomplir : c'était pire que ce que je croyais. Je pensais qu'elle aurait été quand même capable de reproduire certaines choses pour le moins basiques mais il fallait croire que non... Elle me demandait également de revoir mes méthodes d'enseignement et de commencer par quelque chose de plus élémentaire... c'était déjà le ras des pâquerettes et ça ne cesserait de croître.

« Si tu penses m'amadouer avec tes yeux doux c'est que tu ne sais pas a qui tu t'adresses ... »

Lui dis-je, acerbe.

« Je me moque de tes problèmes : tout le monde en a! Tu me demandes d'y aller avec un rythme plus doux mais l'observation et la mise en situation sont les deux choses les plus basiques ! Si tu te sens dépassée par ça attend de voir la suite... »

Un sourire carnassier s'étirait sur mes lèvres. Bien sûr que non nous n'allions pas partir tout de suite : il ne s'était encore rien passé de concret ! Elle n'était pas a l'aise dans l'observation et l'interprétation : qu'à cela ne tienne nous allions passer a la pratique ! Je me demandais bien quel style de combat elle pouvait adopter au vue de ses dires... Elle semblait juste être un frêle agneau venant tout juste de naître et non pas une kunoichi ! Il fallait absolument qu'elle s'endurcisse pour prétendre vivre un peu plus longtemps que ce que son comportement laissait à penser...
La voyante avait parler de « fille du sable » elle maîtrisait donc sans doute le sunaton. Malheureusement pour Tsukiko, le sable était inexistant dans la cave... Je me demandais bien comment elle allait riposter, confrontée ainsi à un pareille situation...

Je me levais d'un bond et l'attrapais par le poignet pour l'attirer à ma suite puis me dirigeait vers le barman pour lui annoncer :

« Je vais sur le ring et Tsukiko sera contre moi : comme ça elle sera en règle et aura fait son combat obligatoire pour sa première visite ! »

Le barman regarda un instant ma camarade et lui rétorquait un « bonne chance » pleins de compassion et de sincérité. Là dessus, je l'embarquais avec moi dans l'arène alors que notre arrivée était commentée :

« Et maintenant ce soir pour vos yeux ébahis j'ai nommé la fille glauque ! Euh Yami ! Face à son amie et nouvelle : Tsukiko ! Un vrai combat de loup et d'agneau ! J'espère que l'agneau saura riposter avant de se faire manger ! »

La cave était en effervescence. Les combats féminins étaient très rares et lorsqu'il y en avaient, les femmes n'étaient pas vraiment de notre acabit.

Je me postais face à Tsukiko, prête à en découdre. Elle ne voyait sans doute pas le but de la manœuvre mais je voulais l'endurcir et la confronter aux regards pour subir la pression et parvenir à passer outre et continuer malgré tout. Pour ma part, j'étais très à l'aise et je me promettais de ne pas utiliser ma maîtrise du sang si elle n'avait pas de sable sur elle : ce qui serait un tantinet idiot de ne pas en avoir sur soit constamment. Je la voyais fourrer ses mains dans ses poches et comprenais aisément qu'elle avait finalement ce qu'il fallait. Là dessus, j'ouvrais la paume de ma main avec ma bague en pointe et faisait léviter un filament de sang devant moi. Lorsque le gong retentit, je malaxais mon chakra fuuton pour le combiner à mon sang après quelques mudras puis j'envoyais mon filet de sang désormais tranchant dans sa direction. J’enchaînais en recouvrant mes bras de mon propre sang pour me créer des tentacules dans le prolongement de mes bras et la saisissait par la taille avec, la faisant décoller du sol.
Je l'observais ainsi en l'air, un sourire suffisant sur les lèvres, attendant qu'elle riposte.

Tsukiko était choquée devant l’insensibilité de Yami. Cette demoiselle comprenait-elle réellement le sens du mot « avoir des soucis » ? Avait-elle réellement des problèmes dans sa vie pour parler aussi « légèrement » et prétendre si « facilement » que tout le monde en avait ? Précisément, si chacun avait son lot de problèmes, pourquoi chercher à alourdir ce fardeau ? La Kawaguchi secoua la tête, dépassée par l’attitude de Yami. Elle s’apprêta à se lever et à quitter la pièce d’elle-même mais la Ketsueki prit les devants en la traînant jusqu’au comptoir.

- Je vais sur le ring et Tsukiko sera contre moi : comme ça elle sera en règle et aura fait son combat obligatoire pour sa première visite !
- Quoi ?! Mais … non. Je ne veux pas … Tu m’écoutes. Yami … non. S’il te plaît. Non !

Son ton changeait au fur et à mesure qu’elles approchaient du ring. D’abord un tantinet suppliante, sa voix se fit plus ferme. Cependant, quoi qu’elle dise, Yami l’ignorait et l’attirait avec une force exceptionnelle jusqu’au ring. Comment décrire les sentiments de Tsukiko avec la plus grande justesse ? En effet, tant d’émotions l’assaillaient à cet instant, cependant ce n’était en rien l’adrénaline montante à l’idée d’un combat et encore moins l’excitation d’avoir une telle foule pour spectateur. Tsukiko n’aimait guère les combats et si elle pouvait les éviter, elle les évitait tout bonnement.

« Je ne peux pas éviter ce combat » conclut-elle en lançant tour à tour un regard à Yami et à la foule. Si la première la laissait partir, la seconde l’empêcherait et inversement.

« Je n’aime pas ça. Je n’aime pas ça mais pas du tout ! Allez … calme, calme. Comme un entraînement Kawaguchi, sauf que tu vas te prendre dans la gueule autre chose que du sable… Comme du sang » conclut-elle avec une angoisse croissante en voyant un filet de sang s’échapper des doigts de son adversaire.

Son angoisse allait croissant avec tout le bruit autour. Elle ne partageait pas pour un sou l’excitation de cette foule à l’idée de voir deux jeunes femmes se battre. Elle avait l’impression d’être une bête de foire et rien d’autre. Elle avait signé pour défendre des idées nobles et non servir de clowns à une bande de civils.

« Taisez-vous, taisez-vous … » ne put-elle s’empêcher de penser en soupirant lourdement. Les entraînements du clan ou avec Kioshi s’étaient toujours faites dans un environnement plus ou moins calme, et surtout dans un environnement où elle avait clairement l’avantage du terrain. Ici, ce n’était ni calme, ni « désertique » dans le sens où il n’y avait pas du sable à volonté.

C’était définitif, il fallait qu’elle se trouve un moyen de transporter du sable de masse. Il le fallait. Si à Suna même elle arrivait à trouver des zones sans sables, qu’en serait-il du reste du monde ? Son angoisse alla grandissant quand elle plongea ses mains dans ses poches pour se rendre compte qu’elle n’avait qu’une très petite poignée de sable. Qu’était-elle censée faire avec ? Quatre-vingt-dix de ses techniques nécessitaient massivement du sable et le reste n’était d’aucune utilité en combat ?

- Non ! Non ! J’ai pas de sa... , il était trop tard pour indiquer à Yami qu’elle n’avait pas suffisamment de sable pour se défendre proprement. La dame de sang avait déjà lancé sa première offensive

Elle réussit plus ou moins à esquiver les premiers « tranchants de sang » mais ne put échapper aux tentacules de sang. Elle se retrouva bien vite dans les airs. Que dire ? Elle respirait lourdement. Que dire d’autre ? Son angoisse montait pour atteindre un certain paroxysme. Quoi d’autre ? L’adrénaline propre au combat montait. Et ? Elle commençait déjà à agir comme une Kunoichi soit analyser la situation et trouver une faille ou une échappatoire.

« Tentons ».

Elle fit des signes à une vitesse hallucinante, une vitesse qui trahissait bien ses nombreux et longs entraînements, un enchaînement qui allait peut-être la sortir de cette situation.

- Extraction, murmura-t-elle.

Un morceau de plafond au-dessus de Yami « explosait » et se répandit dans ce ring exigu. Actuellement, Tsukiko n’avait extrait qu’une partie de la roche, c’est-à-dire que la « moitié » du plafond. Ainsi, les personnes à l’étage ne risquaient pas de tomber par ce trou. Quant à Yami, cette dernière ne pouvait pas être blessée. Elle ne risquait que d’être surprise par ce sable soudain. A la limite, si elle était réellement surprise, elle risquait d’être temporairement aveuglée.

Quoi qu’il en soit, elle espérait avoir surpris un tantinet la dame et la déconcentrer, assez pour que sa technique l’annule et qu’elle puisse remettre pied au sol. Au pire, elle devra improviser une autre technique avec ce sable nouveau. Un sable de bien piètre qualité si l’on comparait au vrai sable du Désert.

Music ♫:

Alors que Tsukiko se retrouvait en l'air, j'observais un changement dans son comportement et un sourire satisfait naquit au bord de mes lèvres. D'abord submergée par l'angoisse et ne sachant que faire, elle était parvenue a prendre sur elle pour se concentrer sur son combat et l'adversaire que j'étais. Cela me paraissait bien dérisoire mais je savais qu'elle avait dû faire un effort considérable pour retrouver son calme et se focaliser sur l'affrontement : ce qui me rendait ravie.
Elle exécuta de rapide mudras, témoignant d'une bonne dextérité et de nombreux entraînements. Mais alors pourquoi ? Si elle avait eu tant de pratiques pourquoi ne parvenait-elle pas a retranscrire ce qu'elle appliquait en combat sur la vie de tous les jours ?! La vie était une perpétuelle bataille, il nous fallait nous battre constamment pour survivre.

J'observais attentivement ses gestes avant d'entendre un craquement sourd au dessus de ma tête, j'eu a peine de temps de relâcher ma prise qui fit tomber Tsukiko au sol pour dégainer ma faux et la faire tournoyer rapidement au dessus de ma tête pour m'offrir un maigre bouclier toutefois suffisant contre ces débris.
Après coup, je plaçais mon chakra fuuton sur ma faux et envoyait des croissants de lune tranchants dans sa direction tout en affichant un air satisfait : les choses devenaient enfin intéressante.

Les rugissements de la foule n'avait de cesse de croître en ce lieu corrompu par la débauche et l'alcool. Les hommes prenaient les paris sur l'issue du combat et vociféraient des pseudonymes parfois peu reluisants à notre encontre mais je n'avais que faire de leurs propos. A vrai dire, j'étais tellement concentrée sur mon poulain que je ne les entendais pas : ils faisaient simplement partis d'un brouhaha de fond étouffés par ma focalisation. 
J'étais heureuse de constater qu'elle avait su se débrouiller pour trouver du sable : au moins cela me permettait d'user de toute ma puissance en veillant toutefois à ne pas la blesser plus que de raison.

De mes paumes toujours ouvertes, j'envoyais dix aiguilles de sang dans sa direction : même si cela la touchait, ça ne lui ferait pas grand mal : quelques entailles par ci par là et une gêne si mes projectiles restaient plantées dans sa chair.
J'étais curieuse de voir ce qu'elle allait faire : comment elle allait se sortir de mes tentatives et si elle allait riposter ou se contenter d'esquiver mes offensives... En fonction de ce qu'elle déciderait de faire, je serais en mesure d'évaluer son style de combat et de comprendre ce qui n'est guère appropriée pour sa répartie de tous les jours. Il fallait qu'elle s'endurcisse ! Il ne fallait pas qu'elle se laisse faire sinon elle serait rapidement dépassée par les événements et à défaut de sombrer dans une déprime morose, se précipiterait d'elle même vers la mort de façon prématurée.
Toutefois, elle devrait savoir mesurée ses réactions. Il était bien gentil de riposter et d'envoyer bon nombre de techniques à son adversaire mais encore fallait-il doser pour ne pas tomber trop rapidement à court de chakra : il en allait de même avec la répartie.

Pourquoi me préoccupais-je de son sort ? Après tout, si elle était si timide et introvertie qu'elle ne pouvait pas se défendre en quoi cela était-il mon problème ?
L'explication résidait dans le fait que j'avais horreur de ce genre de faiblesses. Elle était une kunoichi de Suna sur laquelle on devait pouvoir compter en cas d'attaques ennemis et son attitude actuelle trahissait le contraire. De plus, si je voulais créer un quelconque lien d'amitié avec elle il faudrait qu'elle parvienne à s'endurcir sans quoi je ne pourrais la supporter et la côtoyer sans lui offrir des répliques acerbes et ponctuées de méchancetés.

« Montre moi que tu es digne d'être une Kunoichi ! »

Lui dis-je solennel.
J'espérais que cette phrase ferait écho en elle et qu'elle allait prendre conscience que son attitude n'était pas en adéquation avec son titre de kunoichi pour faire le nécessaire pour y remédier.

La petite ruse de Tsukiko fonctionna et elle pût se libérer de ses liens de sang. Littéralement et non au sens figuré évidemment. Les vrais liens de sang, ceux qui reliaient les membres d'une famille étaient bien plus difficile à briser et ne nécessitaient d'aucune ruse. Il suffisait de manquer de cœur.

Cependant, Tsukiko n'avait guère le temps et le luxe de philosopher sur ce sujet-la. Elle avait plus une affaire plus urgente à gérer à cet instant et elle se nommait Ketsueki Yami. Se libérer était une chose, atterrir en était tout autre. Certes la hauteur n'était pas impressionnante, et il était aisé de retomber sur ses deux pieds sans rien se briser mais elle ne pût s'empêcher de penser que prévoir une technique d'atterrissage en cas de grosses chutes ne seraient pas de refus.

Tsukiko comprit l'oisiveté de sa pensée quand elle vit la faux de son adversaire. Cette demoiselle était dangereuse et il valait mieux se concentrer sur ce combat qui aurait du être amical et non perdre son temps sur des sujets futurs. La Kawaguchi se sentit plus que jamais "menacé" et afficha plus que jamais un air sérieux. Malheureusement, elle ne pouvait se concentrer pleinement en raison du brouhaha ambiant. Elle n'était pas habituée à un tel environnement contrairement à la dame écarlate et cela jouait clairement en sa défaveur.

Tsukiko évita in extremis l'attaque de Yami et s'entoura sans trop tarder d'un cocon aux parois friables dues à la quantité ridicule de sable qu'elle avait à disposition. La jeune fille aurait pu éviter plus aisément ces anguilles de sang mais elle s'était laissée déconcentrée par les commentaires et cries de la foule.

Les petites entailles infligées par l'attaque de Yami l'obligèrent à se concentrer pleinement et trouver une solution. Elle concassa rapidement le sol sous ses pieds pour s'entourer d'une quantité raisonnable de sable et concentra le tout pour envoyer cette masse tel un jet en direction de la brune.

La paroi se brisa évidemment et le sable resta un long moment en suspension, étouffant, gênant et aveuglant. Aussitôt elle remonta sa cape jusqu'au nez et descendit sa paire de lunettes. Elle tenta de distinguer la silhouette de Yami dans ce brouillard jaune épais.

Etait-ce "intelligent" de perdre du temps à la chercher ? Elle maîtrisait le fuuton, une affinité qui avait forgé le sunaton mais qui était également une faiblesse. Le sable est léger, aisé à faire "voler". Par contre Tsukiko craignait déjà moins le sang : sang ou eau, c'était une matière que le sable pouvait absorber aisément.

Elle se préparait à former à nouveau un cocon mais malgré toute son attention, pourra-t-elle voir l'attaque ? Décidément, elle aurait dû apprendre les techniques de son clan, surtout celle qui consistait de piéger son ennemi dans le sable! Si elle avait été moins bornée, elle aurait pu s'en sortir plus aisément. Elle aurait également dû s'entraîner plus pour développer cette "sensorialité" : elle aurait pu aisément détecter la Kunoichi.

"Fais chier...". Un commentaire très adapté à cette situation ou qui répondait très bien à la question suivante : l'avait-elle touché ?

Music ♫:

Tsukiko esquiva aisément mes lames de fuuton mais, pour une raison qui m'échappait, se fit prendre par quelques unes de mes aiguilles qui lacérèrent sa chair un instant, créant des plaies somme toutes bénigne desquelles perlaient quelques gouttes de sang. Bien que plus gênantes que douloureuses pour elle, ces meurtrissures pourraient s'avérer d'une grande utilité... La vision de son sang faisait luire une avidité certaine dans mes yeux rubis.

La potentielle kunoichi aux cheveux roses, usait de ses talents pour récupérer le sable dans le sol : un bon point pour elle. Si elle n'avait pas ce qu'il lui fallait sous la main, il était essentiel d'improviser : cela était aussi valable pour remettre une personne à sa place. Peut importe si notre jeu est moins fourni que celui de notre adversaire, il faut savoir bluffer et user des cartes gardées dans sa manche pour renverser la tendance malgré une faiblesse apparente. D'ailleurs, il ne fallait jamais exposer ses difficultés sans quoi l'ennemi tournerait cela a son avantage et c'était précisément ce que j'avais fait... J'avais bien remarqué qu'elle ne semblait pas se balader avec une quantité inouïe de sable sur elle et, a moins qu'elle usait d'un fuinjutsu ce qui, s'avérait finalement ne pas être le cas, c'était une grosse erreur de sa part et je voulais qu'elle l'apprenne a ses dépends. L'environnement ne lui serait pas toujours favorable et il fallait qu'elle puisse pallier à ce genre de chose : le fait qu'elle n'avait pas de sable sur elle ne m'avait pas dissuadé de faire ce combat : bien au contraire.

Fort était de constater que je m'étais laissée surprendre par son jet de sable qui m'atteignait à l'épaule et me fit l'effet d'un coup de poing, me coupant un instant le souffle avant de voir ma vue se brouiller non pas par un quelconque étourdissement mais par le sable qui s'était répandu sur le ring et qui restait en suspension dans l'air comme une purée de bois jaunâtre. J'arrivais tout de même a distinguer vaguement Tsukiko devant moi un peu plus loin et après mettre protéger la bouche et le nez du creux de mon bras gauche, j'utilisais mon affinité fuuton que je combinais a mon sang pour créer trois balles de sang qui fusèrent sur Tsukiko à grande vitesse. J'avais l'avantage que sa propre technique affectait aussi sa vision et qu'elle ne verrait sans doute pas mon attaque arrivée bien qu'elle devait s'y attendre. Je ne voyais pas si ma cible avait été atteinte cependant j'étais certaine d'avoir visée dans sa direction.
Son sable retombait en grain de poussières sur le sol mais sûrement pas pour très longtemps avant qu'elle ne l'utilise de nouveau, ce qui me laissait le temps d'envoyer mon sang en pluie sur elle depuis les plaies de mes paumes. Cela ne l'a blesserait pas mais l'aspergerait juste de mon sang : un bon moyen pour la déstabiliser un instant avant de rappeler ce sang à moi, retrouvant sa place initiale dans mes veines.

J'étais véritablement impatiente de voir ce qu'elle me réservait... Ce combat commençait enfin à prendre une tournure intéressante ! Chaque esquive ou offensive que m'adressait Tsukiko était un pas pour elle vers le changement et la compréhension d'elle même pour gagner en confiance et pouvoir s'affirmer.
J'attendais que l'oisillon prenne enfin son envol pour devenir l'aigle qu'il avait toujours été destiné à être...

- AAAHH ! cria-t-elle en s’abaissant soudainement, un genou à terre et le reste tendu.

Elle jeta un coup d’œil à sa jambe – ou plutôt cuisse – et remarqua une tâche sombre s’étendre en forme circulaire. Elle avait été blessé par elle ne savait quoi exactement et si la blessure n’était pas grave, elle n’en restait pas moins douloureuse et extrêmement handicapante. En tout cas, elle était assez douloureuse pour qu’elle en oublie la seconde blessure infligée par balle au niveau du bras – plus une éraflure qu’un petit trou comme avec sa cuisse – et s’abaisse, échappant ainsi à une troisième. Cependant, elle était bien trop aveuglée par le sable et par la foule pour avoir vu cette dernière « balle ».

« Continuer est ridicule. Je n’arrive pas à bouger, je n’ai pas assez de sable. Il faut que je me retire » conclut-elle avec amertume. Un Shinobi se devait de savoir quand se retirer, quitte à se couvrir de honte. La vie réservait bien plus de surprise que la mort, un homme vivant avait plus d’utilité qu’un homme mort et l’honneur ne sauvait rien. L’honneur se gagnait et se perdait, à nous de rester en vie pour gagner … ou perdre. Mais mourir pour ? Non, jamais. Elle mourrait pour des idées ou pour des amis, mais par pour un honneur.

Enfin, Yami fit l’action décisive. Celle qui « choqua » la jeune Tsukiko pour de bon et la confortait dans ses idées : un bain de sang. Son adversaire l’avait aspergé de sang, un sang dont elle avait senti le contact gluant et le goût métallique. Une sensation et un goût qui lui donnait la nausée.

- J’abandonne. Forfait. Retrait, elle disait tout ce qui lui venait en tête pour indiquer que c’était fini pour elle.

Certains hués déjà dans la foule, certains ne pouvaient qu’être d’accord, certains remarquaient la petite tache rouge au niveau de la cuisse, d’autres non. Elle se releva tant bien que mal et se dirigea en trébuchant vers Yami.

- Merci, prononça-t-elle d’un ton ironique.

Après ce petit mot, elle quitta la scène en boitant un tantinet. La blessure n’était pas profonde, mais elle offrait une merveilleuse sensation de brûlure associée à une perte constante, et en petite quantité, d’un liquide rougeâtre nommé vulgairement « sang ». De plus, elle était épuisée. Littéralement. Entre son tour de garde, cet environnement nouveau et oppressant et ce combat, elle ne tenait presque plus sur ses jambes. Au sens littéraire comme au sens figuré.

On la bousculait, on commentait, on donnait des tapes au dos, on huait … Elle était acculée. Elle n’aimait pas être autant oppressée et surtout, elle n’aimait pas qu’on l’empêche de « fuir », de quitter ce lieu et de retrouver son allié le sable. Elle créa un cocon dont les parois réussirent à écarter les malotrus. Elle annula la technique et put enfin mieux avancer jusqu’à la sortie.

Les clients du rez-de-chaussée, ceux là pour boire et danser, qui remarquaient son état pathétique étaient évidemment surpris, mais ils ne pouvaient se poser bien longtemps des questions. Tsukiko avançait toujours, obnubilée par l’envie de franchir les portes du Heaven Night pour être à l’air libre. ET elle le fut.

L’air froid, la fraîcheur du désert ou encore la caresse des petits granulés de sable volants eurent le don de l’apaiser. Et le don de raviver tantôt les douleurs, tantôt la fatigue. Soupirant, elle recommença à marcher pour s’arrêter au bout d’une dizaine de pas.

- Qu’y a-t-il encore ?

C’était Yami évidemment. Qui d’autres hormis cette femme pouvait la suivre à cet instant ?

- Je ne peux pas te suivre dans un autre combat cette fois-ci, je souhaite rentrer, me soigner, prendre une douche et dormir.

Tsukiko aurait pu rêver de ce futur nid douillet, de ce cocon matérialiste, mais la honte d’avoir « encore » perdu un combat, et devant tant de monde, était cuisante. Elle aurait pu s’isoler dans son monde des merveilles mais elle n’y arrivait pas. Ce genre de défaite lui rappelait qu’elle était encore en retard, qu’elle ne savait rien maîtriser de ce sunaton auquel elle s’était tant entrainée … qu’elle n’était digne de rien.

C’était le genre de soir où elle préférait être seule, ruminer seule et broyer du noir seule. Le genre de soirée où elle préférait fuir le regard de tous, et même du sien. Le genre de soir où elle se rendait au désert pour y faire nuit blanche.

« Sauf ce soir. Je dois désinfecter rapidement certains blessures et mettre des pommades pour éviter quelques hideuses cicatrices ».

La Kawaguchi scellait son destin et décidait de déclarer forfait : un sourire naquit sur mes lèvres. Cette attitude ne m'étonnait pas d'elle ! Il fallait dire que je commençais a la cerner bien que je ne la connaissais que du soir même. Toutefois, elle m'avait étonné car je ne pensais pas qu'elle aurait tenue bon aussi longtemps. Malgré cela, déclarer forfait était une nouvelle preuve de son manque de conviction et de confiance en elle.
Excepté son jet de sable qui me laisserait un joli bleu à l'épaule, elle n'avait usé que de techniques défensive comme si sa vie tournait autour du fait qu'elle devait constamment se protéger d’autrui et des événements qui l'assaillaient : c'était, à mon sens, indigne d'une kunoichi. Bien sûr qu'il fallait pouvoir parer les assauts ennemis mais se contenter de reculer et encaisser sans avancer n'était pas une vie mais une survie : au moins sa façon de combattre renvoyait parfaitement ce qu'elle était en réalité : une trouillarde sans confiance en elle qui se dévalorisait sans cesse et ne savait pas user de son potentiel. Elle était kuniochi alors bien sûr qu'elle avait les capacités pour l'être mais encore fallait-il le démontrer.

Je ne pipais mot lorsqu'elle m'adressait un merci sarcastique à propos de la balle de sang que j'avais réussi a loger dans sa cuisse. Elle semblait vouloir se ruer dehors alors qu'elle était blessée et gênée dans ses mouvements : quelle idiote... Je levais les yeux au ciel, un instant agacé par son comportement et la suivait pour lui prodiguer mon aide entre deux questionnements :

« Pourquoi se contenter de se défendre lorsque l'on peut riposter ?! »

je la fixais avec tout le sérieux du monde car j'attendais vraiment une réponse de sa part. Par son biais, elle avouerait indirectement qui elle était vraiment.
Je poursuivais pour le lui expliquer :

«  Si tu passes ta vie a fuir, tu te feras marcher dessus et tu perdras toute crédibilité. En tant que kunoichi, ton ennemi doit te craindre un minimum et il doit penser que tu es capable de rivaliser avec lui et mieux encore : c'est véritablement le cas. »

Je marquais une pause.

«  Pourquoi te cacher derrières de faux semblants et te faire croire à toi même que tu es une incapable ? Quand bien même c'était le cas qu'est-ce que cela peut t'apporter que de te le rabâcher sans cesse si ce n'est de la peine et davantage de dévalorisation de ta personne ?! Il faut faire de ses faiblesses une force et les tourner a ton avantage ! »

J'étais bien atteinte d'une maladie sanguine alors que j'avais la capacité de manipuler mon sang et celui des autres : ce n'était pas pour autant que je me lamentais a me traiter de Ketsueki ratée !

« Tout le monde possède une faiblesse mais il faut savoir la dissimuler à son adversaire ! Je ne te connais que depuis cette nuit et pourtant je vois déjà clair dans ta personnalité : tu es trop prévisible ! Si certains ennemis ne verront même pas d’intérêt à te traquer tant tu renvois une image de faiblesse sans challenge, d'autres, comme moi, plus perfides, n'hésiteront pas à le faire car ta candeur attise la noirceur de nos cœurs ! »

Je prononçais ces derniers mots avec un sourire carnassier ce qui eut don de la faire frémir un instant.

«  C'est exactement ça ! Tu n'es pas rassurée face à moi, je t'inspire de la crainte et elle est tellement perceptible et palpable qu'il s'agit d'une évidence et par définitive, je sais que tu es une proie facile. Dissimule tes peurs et tes angoisses ! Ne laisse rien paraître à ton adversaire même si tel est le cas »

Je terminais ce monologue, espérant que ces paroles la ferait prendre conscience d'un certains nombre de choses. Là dessus, je m'approchais d'elle et me penchait pour mieux regarder la plaie de sa cuisse. L'impact avait laissé un petit trou sanguinolent bien visible que je me devais de soigner comme je le pouvais.

« ça va piquer un peu »
La prévenais-je.

Là dessus, je rappelais mon sang a moi jusqu'à voir la balle sanglante s'extirper de sa chair d'un coup vif comme s'il elle subissait son assaut une nouvelle fois mais dans le sens contraire. Elle flanchait un instant sous la douleur tandis que je posais mon doigt plein de mon élixir sur sa peau meurtrie et le coagulait pour créer une cicatrisation sommaire.

« Voilà comme ça, ça ne saignera plus ! La demeure Saibogu où je vis n'est pas très loin d'ici. Viens avec moi je te passerais quelques bandages et du désinfectant. »

Nous nous dirigeâmes donc vers les beaux quartiers résidentiels qui se situaient non loin d'ici, et quelle ne fut pas ma surprise de voir un immense statue en or massive représentant le chef du Kakumeigun devant le portail de chez Oniri.
Plusieurs civiles s'étaient rassemblés devant ce spectacle étonnant alors que je regardais Tsukiko en espérant qu'elle en savait davantage.

- Pourquoi se contenter de se défendre lorsque l'on peut riposter ?!

« Pourquoi se battre quand on peut éviter la bataille ? » répondit-elle mentalement, ignorant de plus belle Yami en avançant maladroitement vers la demeure de Kibo. Malheureusement, elle ne put aller guère loin car la demoiselle sanguinaire l’arrêta pour la questionner sans aucune pitié. Effectivement, elle n’hésitait pas à être blessante dans sa grande franchise et semblait clairement ne pas soucier des sentiments de la Kawaguchi.

Elle la poussait à bout. Cependant, Tsukiko ne voyait pas ce stratagème, aveuglée par ses soucis quotidiens, par la douleur ou encore par la véracité de certaines paroles.

- Pourquoi te cacher derrières de faux semblants et te faire croire à toi même que tu es une incapable ?

« Parce que je suis incapable. Faux-semblants ou pas. Demi-Kawaguchi » conclut-elle avec amertume. Malheureusement, elle n’était pas d’humeur de faire part de son pédigrée à cette demoiselle. Il ne manquerait plus qu’elle crache sur ce passé ou sur certaines personnes qu’elle affectionnait particulièrement. Ces dernières … elle refusait catégoriquement qu’on puisse les évoquer dans de mauvais termes.

- Quand bien même c'était le cas qu'est-ce que cela peut t'apporter que de te le rabâcher sans cesse si ce n'est de la peine et davantage de dévalorisation de ta personne ?!

« Elle marque un point ». Effectivement qu’apprenait-elle à se rabaisser constamment ? Cependant que pouvait-elle faire autrement ? Comment faire de sa « bâtardise » ou encore de son incompétence en ninjutsu une quelconque force ? Quoique, abandonner le ninjutsu pour se tourner vers le genjutsu était une solution par exemple : accepter une faiblesse pour tenter de trouver une force, ailleurs.

Yami fit à nouveau ce sourire carnassier. Comme la première fois, il était particulièrement effrayant au clair de lune, donnant à Yami une image d’un fantôme d’outre-tombe effrayant. Et … elle surprit Tsukiko. Elle avouait sourire pour montrer à quel point elle était prévisible ? Elle l’était donc à ce point-là ? Elle rougissait de honte devant ce constat.

- Ne laisse rien paraître à ton adversaire même si tel est le cas.
- C’est plus facile à dire qu’à faire, répondit-elle en maugréant. Je n’ai pas …

Elle n’avait pas été élevé comme Yami. Cependant, à nouveau, cela ne servait à rien de parler du passé avec la Ketsueki au risque d’entendre cette dernière critiquer ceux qu’elle aimait. Tsukiko se tut donc, ne continuant pas sa phrase.

- Que … dois-je faire … comment ? conclut-elle. Elle avouait à nouveau une défaite mais cette défaite-ci pouvait devenir une victoire.

Elle allait peut-être changer. Non, elle allait changer.
Elle en avait besoin pour survivre dans ce nouveau monde.

- AIE, dit-elle en étouffant ce cri du mieux qu’elle put en se mordant à sang ses lèvres et en devenant rouge sous l’effet de la douleur.

Cette seconde douleur n’était pas comparable à la première. L’entrée et la sortie de la balle offrait la même douleur, cependant la première avait atterri sur une chair non blessée et des plus fermes. La seconde avait quitté une chair rougeâtre, sanguinolente et surtout extrêmement sensible. Même le simple coup de vent était l’équivalent d’une langue de feu caressant sadiquement sa chair ouverte.

Yami continuait à parler, disant que cela saignera plus et qu’elle l’emmenait dans une demeure Saibogu pour les premiers soins mais Tsukiko ne dit rien, se contentant de la regarder avec des yeux ronds et globuleux et les joues rouges de douleur. Elle avait mal, bien trop mal pour parler. Autant dire qu’elle ne boitait plus mais trainait la jambe dorénavant, ralentissant davantage leur marche.

- DU SEXXXXXXXXXXXXXXXXXEEEEEEEEEEEEEE, entendit Tsukiko au loin. Très loin.

Elle s'arrêtait et écouta, n'entendant plus rien si ce n'est un petit bourdonnement qui s'évanouit très rapidement dans les airs. Avait-elle bien entendu ou avait-elle "rêvé"? Enfin rêver d'un tel mot serait.. inquiétant. Cela devait être réel, et au vu de la posture ou du regard de Yami, elle avait bel et bien entendu une voix lointaine.

- Ce type a bien abusé avec l'alcool ... je plains le voisinage.

Elle était à des milliers d'années de lumière de penser que cette lointaine voix allait être prolonger sa soirée infernale et la rendre bien plus infernale encore.

« Quoi encore ? » se demanda Tsukiko en voyant un petit attroupement autour de la statue de Kioshi.

Que faisait autant de gens autour d’une statue à une telle heure ? Et surtout, un détail qu’elle venait de voir, que faisait la statue de Kioshi devant cette demeure ? Cette dernière devait se trouver sur la grande place.

- Il me suit partout, se contenta-t-elle de commenter dans un petit murmure.

Elle avait fini au pas de la porte du chef du Kakumeigun avec sa première grande cuite suivie d’un passage à tabac monumental par un groupe de jeune. Et elle finissait encore devant « lui » suite à son premier combat « clandestin ». Pourquoi devait-elle toujours atterrir devant cet être, matériel ou immatériel, à chaque « erreur » ou « bêtise » ?

« Je dois être maudite. On a dû me jeter un mauvais sort … ».

- Pourquoi … elle est là ? termina-t-elle en plongeant son visage désespéré entre ses mains et soupirant lourdement. Le destin réservait de très mauvaise blague certains jours, et surtout certains soirs. Allons voir pourquoi la statue du Yamada Kioshi se retrouve devant cette demeure et non sur la grande place.

Elle se traîna lentement mais sûrement jusqu’au lieu où s’était amassée les civils. Tsukiko les écartait avec des « écartez-vous, Shinobis, écartez-vous… ». Certes, elle n’avait guère de l’autorité en étant des vêtements en sang, une jambe traînante et des cheveux roses mais heureusement il y avait le bandeau pour prouver ses dires et ses qualités de ninjas.

- Qui a découvert la statue en premier ? demanda-t-elle avec une voix lasse et fatiguée.

Elle voulait comprendre. Pourquoi les conseillers se faisaient tuer ? Pourquoi les gardes aux portes mourraient ? Pourquoi on déplaçait maintenant des statues ? Pourquoi Suna devenait-il fou ? Que se passait-il ? Le sable portait-il de la drogue ? Le vent serait-il d’hallucinogène ? Le soleil tapait-il trop fort en journée ?

- Des hommes en cagoule portaient la statue sur un chariot qui fonçait à toute vitesse.
- Des jeunes !
- Ils ne respectent plus rien de nos jours …

Et les conversations de civils continuaient. Tsukiko explosa. Littéralement.

- SILENCE ! Retournez s’il vous plaît dans vos demeures, nous nous chargeons du reste. Nous nous excusons des soucis occasionnés …

Et la compagnie bouda mais s’éparpilla pour disparaître.
Tsukiko se contenta de s’asseoir au pied de la statue.

- Une idée de comment retrouver nos petits voleurs … ou la raison qu’ils aient laissé ça ici ? Je peux balayer les environs en m'élevant dans les airs avec mon sable. Tu pourrais tenter de remonter jusqu'à la grande place et parler avec un ou deux gardes ... ils ont dû voir quelque chose. J'espère.

Si non, Suna était alors tombé bien bas entre des conseillers qui meurent à la pelle et des statues géantes qu'on déménageait d'un lieu à un autre sans aucun représailles ou poursuivant.

La soirée promettait d'être longue. Très longue.
Effectivement, elle ne comptait pas laisser passer ça. Si les gardes acceptaient, elle n'acceptait pas. Suna était bien trop "mou" et "doux", il était temps de reprendre les choses en main, quitte à s'occuper de petites affaires "ridicules" comme cela.

Il fallait inculquer le respect aux voyous. Et prouver à la population que les Shinobis du pays du Vent ne servaient pas à faire juste beau. Enfin, Suna .. Suna était une part de son changement, une des raisons de son changement. Elle refusait de changer ou de faire des efforts pour se briser de ses sales habitudes pour embrasser un village faible et facile à conquérir. Elle se refusait.

Tsukiko semblait bien connaître le chef du Kakumeigun : ses paroles et son air grave le prouvait. Elle semblait non seulement surprise mais presque horrifiée de voir cette statue. Etait-ce le fait que cette dernière se trouvait ici et non à son emplacement initial ou bel et bien à cause de la personne qu'elle représentait ? Difficile à dire... Le fait qu'elle ajoutait qu'il la suivait partout me faisait froncer les sourcils. Qui était-il pour elle ? Un membre de sa famille ? Son sensei ? Son amant ? Encore une fois, c'était ardue d'en deviner une réponse...

Elle soupirait en se plongeant le visage dans les mains ce qui, décidément, laissait un goût amer quant au chef du Kakumeigun et il me fallait tirer cela au clair. Après tout, Tsukiko était si prévisible et si peu encline à combattre qu'il était possible que cet homme profite d'elle d'une quelconque manière ou qu'il la battait pour une raison ou une autre... Ce n'était pas parce qu'il était haut gradé et qu'il avait de nombreuses responsabilités au sein du village qu'il ne pouvait pas être exempt de vices.

Tsukiko s'empressait de balayer ses idées noires et prit son courage à deux mains pour se faufiler parmi la foule et demander des explications aux personnes présentes et éventuellement témoins de la scène. Je laissais faire la manipulatrice du sable. C'était drôle de voir comment elle avait déjà changé... Elle s'était hâtée de recentrer ses pensées pour mieux avancer et ne pas se laisser submerger par les émotions. Je ne savais pas si notre combat avait aidé à la plonger dans ce nouvel état d'esprit mais je me plaisait a lui constater ce changement.

Apparemment, il s'agissait de jeunes personnes qui avaient déposé la statue ici, au portail d'Oniri... Je me demandais bien qui voulait lui faire cette plaisanterie ou ce « cadeau »... J'imaginais assez aisément que ce n'était pas son père que l'on cherchait à visé car il était le chef du clan Saibogu et son entreprise renommée n'avait que faire de ce genre de pitreries ou accusations. Peut-être même que la statue avait été déposé là pour nuire à ma propre personne vu que j'habitais désormais sous le toit d'Oniri. Je doutais tout de même de cela car qui pourrait vouloir me faire ce genre de blagues ? Mis à part Shinji peut-être mais je ne comprenais pas vraiment l'intérêt d'un tel manège... D'un autre côté je ne comprenais pas vraiment Shinji et sa côté gamin non plus...

La Sunajin s'asseyait au pied de la statue, comme épuisée d'un coup par ce nouveau choc en plus des nombreuses nouveautés qu'elle avait découvert dans la soirée et des règles que je lui avais imposé. Pourtant, ça ne l'empêchait pas de donner d'elle même des directives quant au moyen de trouver des indices sur nos voleurs bredouilles en fuite.

«Avant de glaner quelques informations pour connaître les responsables de cet agissement, j'aimerais te poser une question : Qui est le chef du Kakumeigun pour toi ? Tu avais l'air bouleversé à l'idée de voir sa statue ici et effrayée a la fois... Il t'inspire de la crainte ? Te fait-il du mal ? »

Je n'aimais pas cette idée. Tsukiko était devenue ma disciple en quelque sorte et je n'appréciais guère savoir qu'il lui était fait du mal. Elle avait gagné une formatrice dans l'art de savoir remettre à sa place mais aussi une protectrice bien qu'il ne fallait pas croire qu'elle pourrait s'y reposer dessus.

« Je ne sais pas si cela peut aider mais cette demeure, c'est justement le domaine Saibogu où je vis désormais et où je comptais t'emmener pour te poser un bandage sur ta blessure. J'y vis avec ma meilleure amie : Oniri. »

Après tout, cela constituait un indice en soit car nous connaissions la personne visée bien qu'Oniri et son comportement devait avoir un bon paquet de personnes qui aimeraient lui causer du tord à Suna...
Ce qui m'étonnait le plus c'était pourquoi la statue du chef du Kakumeigun... J'étais pratiquement certaine qu'Oniri ne le connaissait même pas !

J'attendais des explications de la part de Tsukiko avant de m'activer a trouver des indices plus probants.
Élémentaire ma chère Yami...

- Te fait-il du mal ?

La question de Yami mit un certain temps à arriver au cerveau de la demoiselle, et encore un certain temps pour en assimiler tout le sens et le sous-entendu. Aussitôt l’image de son maître vint à son esprit et elle tenta, notons bien tenter, l’imaginer lui faire de mal. Elle n’y arrivait pas. Elle ne voyait qu’un homme têtu ou encore un homme attentionné envers son élève.

Et ce qui devait arriver arriva : elle éclata de rire. Un éclat qui brisait le silence de la nuit, qui résonnait dans ces ruelles sombres et qui ne s’affaiblissait pas. L’idée d’imaginer le chef du Kakumeigun, son maître, sûrement l’homme qui s’occupait réellement d’elle comme il le fallait, comme son père aurait dû être, comme un « vilain » était drôle.

Elle donnait une mauvaise image de cette personne. Son rire s’éteignit aussitôt.

- Non ! Non ! Pas du tout. Il est … c’est mon maître. Et il … est bien. Très bien même. C’est juste que c’est moi qui n’est pas bien. A chaque fois que je finis …. Dans un sale état comme ça, j’ai l’impression de tomber sur lui. Quand je voudrais cacher deux ou trois bêtises, je tombe sur lui … C’est juste ça. Rien d’autre.

Elle lança un regard amusé à Yami. Cette fille l’avait réellement fait rire avec l’hypothèse la plus improbable de la soirée, une hypothèse qui avait réussi à la faire rire et à abandonner toute la pression de ses épaules un court instant. Elle en avait oublié sa douleur à la jambe .. douleur qui revint quand elle tenta de se relever.

- Aie … Je dois … être sur pied très rapidement, avant qu’il ne voit que j’ai vraiment, encore, gaffé.

Elle fit une suite de signe et aussitôt une plateforme se dressa. La plateforme n’était guère rapide et Yami pourrait la dépasser très aisément en courant un tout petit peu, mais elle était incapable de se mouvoir plus longtemps. Il fallait que cette jambe reste un tantinet au repos jusqu’à demain ou après-demain, afin qu’elle puisse se relever.

- Il suffirait de lui demander si elle connait des voyous qui la déteste particulièrement. Cependant au vu de l’heure … on peut tenter de fouiller les environs d’abord. Ils peuvent être dans les environs … surtout si ce sont, par exemple, les personnes qui ont hurlé « sexe » tout à l’heure. Si non … tenter de remettre la statue très, très rapidement à sa place.

Elle ne savait pas du tout si Kioshi affectionnait la statue ou pas. Elle-même se fichait de l’emplacement de la statue. Ce qui l’agaçait réellement était que la statue a pu atterrir sans que personne n’ait réagi dans tout ce village. Il était décidément peu étonné que des conseillers aient été tués aussi aisément…

- Je vais survoler les environs, tu peux poser des questions aux gardes … car ils ont dû entendre et voir deux voyous se balader avec une statue en or. Ils ont dû utiliser les voies principales au vu de la taille … conclut-elle en lançant un regard critique. Aussi, amener des gardes pour bouger la statue d’ici …

Décidément, il faudra qu’elle se renseigne un jour sur tous les faits de guerre de Yamada Kioshi et ainsi réellement comprendre les capacités … et la réputation de ce dernier. Comprendre également pourquoi il a eu droit à une statue.

- On se retrouve ici dans une …. Demi-heure ?

Dès lors, elle prit l’envol et lança un regard critique aux alentours à la recherche d’une ou deux ombres en mouvement. Malheureusement, elle ne vit rien et se contenta de faire quelques tours ici et là … Malheureusement, sa plateforme n’était pas une perle en vitesse.

« Il faudrait vraiment que je l’améliore … peut-être la forme d’un oiseau ? ». Les ailes pourraient accélérer le poids et la forme pourrait la stabiliser selon la vitesse. C’était une assez bonne idée. Basique mais pratique dans ce genre de cas.

Infructueux. Ses recherches étaient infructueuses. Elle revint donc bredouille au pied de la statue, attendant que Yami revienne à son tour. Elle profita de ses quelques secondes de répit pour souffler sur sa jambe toujours plus douloureuse et plus brûlante.

- Personne dans les rues … du moins personne qui semble être les voleurs. Et toi, de ton côté ?

Sa jambe commençait vraiment à la lancer, réclamant un minimum de soin et du repos à grand renfort. Elle allait les lui offrir bien vite.

- Hum… Voyous ou non … si tu veux continuer tu peux. J’ai besoin de me désinfecter la blessure, et de dormir. Je suis …. Erintée.

Sa propre plateforme avait faibli un court instant dans les airs. Elle avait connu, pour la première fois, la frayeur de « tomber » de très, très, très haut … Il fallait qu’elle pense à l’atterrissage un de ces jours.

Apparemment le chef du Kakumeigun était le sensei de Tsukiko d'après ses dires mais, au vue de sa réaction suite à la découverte de la statue, j'en venais à douter qu'ils entretenaient une simple relation élève/maître... Pourtant, elle m'avouait qu'elle se retrouvait toujours en sa présence d'une quelconque manière lorsqu'elle était sortie du droit chemin, comme une sorte de rappel à l'ordre indirect. Je ne voyais pas ce qu'elle avait de mal pour ce soir... Bon c'est vrai que nous étions aller parler à une diseuse de bonne aventure qui nous avait fait part de choses plutôt étranges et que nous avions fini dans la cave d'un bar qui organisait des combats clandestins mais en soit, ce n'était pas si dramatique : cette fille était définitivement une chochotte de première classe.

Là dessus, elle se redressa, non sans mal, et s'éleva dans les airs depuis une plate forme mouvante de sable. Elle souhaitait glaner des informations et me priait d'aller parler à Oniri des possibles personnes qui lui en voulait mais cette dernière était partie en mission et il me prendrait un peu de temps avant d'en avoir la réponse.

Lorsqu'elle partait, j'en profitais pour aller questionner quelques gardes présents pour rétablir l'ordre avec tout ce raffut qu'avait provoqué ce déplacement de statue inattendu.

« Excusez moi. J'habite ici. Avez vous été témoins de quelques choses d'inhabituels ou même des indications concernant les responsables ? »

Les gardes se toisaient un instant avant de m'affirmer, sceptiques :

« Pour le moment rien mais nous ne sommes pas habilités à vous communiquer quoi que ce soit : une enquête va être ouverte et ce sera le chef du Kakumeigun qui indiquera ses directives. Pour l'heure, la seule chose à savoir c'est que cette action n'était faite qu'à des fins « d'amusements » et non pas dans un but de nuisance ou de danger car la statue a été vérifiée et n'a pas été piégée ou endommager plus que cela. »

J'avais beau habiter ici après tout, que pourraient-ils dire à une Genin ? Ils n'avaient pas l'autorité nécessaire pour en parler avec moi. Tsukiko aurait sans doute plus de chance de son côté car il s'agissait de la statue de son sensei et il était donc normal que l'affaire l'intéresse davantage.

Après plusieurs interrogations sur les curieux encore présents devant les lieux, je retrouvais Tsukiko, les gardes s'attelant a replacer la statue à son emplacement initial, non sans mal.
C'était curieux... Comment les voleurs avaient-ils pu transporter si « facilement » une statue d'or de cette envergure ?! Il avait dû utiliser des jutsus ou bien un quelconque support pour la transporter... Quoi qu'il en était, il y avait une chance pour qu'ils soient shinobis sinon comment déplacer ce genre de chose ?

Tsukiko n'avait rien trouver de son côté alors je lui exposais ce que les gardes avaient pu m'apprendre. Blessée et fatiguée, la kunoichi aux cheveux roses me priait de poursuivre si je le souhaitais mais elle arrêtait pour la soirée. J’acquiesçais avant de décliner son offre :

« La statue va retrouver son socle, l'objectif des voyous restent flous et la statue n'a visiblement reçu aucun dommage : je doute que cette affaire subit une enquête poussée... »

Là dessus, je la saluais et la remerciais pour toute la distraction qu'elle avait pu m'apporter durant ma soirée de garde que je redoutais à chaque fois tant je m'y ennuyais fermement. Je lui adressais un sourire en constatant sa blessure et en lui conseillant de ne pas tarder à la soigner si elle ne voulait pas en garder de marque. Après quoi, je lui souhaitais bonne soirée et tournais les talons pour rentrer dans mes quartiers au domaine Saibogu.