Music ♫:

L'astre diurne venait tout juste de décliner pour laisser à la Lune et à l'infinité d'étoiles, la place qu'il leur était dû dans les cieux.
Ce soir était mon tour de garde des remparts de Suna. Je n'aimais pas vraiment faire cela mais il le fallait et puis la sécurité du village primait sur ce que j'en pensais de toute façon...
Pour effectuer cette tâche, nous étions d'ordinaire deux shinobis, nous relayant avec d'autres tout au long de la nuit et je me demandais bien avec qui j'allais faire équipe : je ne tardais pas a le découvrir.
En effet, une jeune kunoichi s'approchait de moi : cheveux long roses, vêtements amples caractéristiques de nous, peuplade du désert.
On pouvait dire que son apparence n'était pas des plus anodines et j'étais sure de ne l'avoir jamais vu.
Arrivée a ma hauteur, je me présentais a elle, par simple courtoisie.

« Bonsoir. Je m'appelle Ketsueki Yami. »

Je la dévisageais de mes yeux rubis avec condescendance alors qu'elle se présentait à son tour. Ce fut a peu près tout. Oui, c'était les seules paroles que nous échangions avant de nous atteler à notre tâche.
La morsure fraîche du désert n'hésitait pas à abattre ses crocs sur nous qui restions immobiles ou presque. Heureusement, nous étions vêtus de circonstances.

Un silence persistant s'insinuait entre nous, ne me rendant pourtant, aucunement mal à l'aise : il était dans ma nature d'être peu loquace.
Les minutes semblaient des heures... Rien ne se passait. C'était tant mieux bien sûr mais l'ennui était ferme et la nuit risquait d'être longue...
Un instant, mes yeux se rivèrent sur une forme qui se mouvait dans l'obscurité, non loin de là. Les sens aux aguets, je mettais un point d'honneur a constater qui était à l'origine de ce trouble.
Après avoir regardé de plus près, il s'avérait que ce n'était que deux enfants qui s'étaient postés ici avant de décamper rapidement.

Ma compagne de garde m'avait fait remarqué la tente éclairée faiblement qui se trouvait non loin de nous. Je me demandais quel genre de marchand pouvait exercer ici et pourquoi à cette heure... Notre tour de garde n'était pas encore terminé mais j'avouais être intrigué par cet étalage nocturne... Nous devions surveiller qu'aucun ennemi n'approche du village mais nous devions sans doute également nous occuper des affaires louches qu'il y avait à Suna non ? Et en l’occurrence, celle-ci était particulièrement suspecte...

Après quelques regards entendus entre nous, nous décidions d'aller voir ce qu'il s'y passait.
Les pans de la tente étaient en toiles violettes usées et anciennes, et l'intérieur, minuscule, était parsemés de bibelots en tout genre. En son centre, trônait une vieille femme, les cheveux enroulés dans un turban et de grands anneaux dorés aux oreilles alors qu'une table, sur laquelle était posée une boule de cristal, se dressait entre elle et nous.

« Bonsoir mes dames ! Voulez vous vous laisser tenter par la divination? »

Dit-elle de sa voix enrouée de personne âgée, dans un sourire.
Voilà donc pourquoi elle exerçait le soir : cela devait donner une dimension plus ésotérique à son commerce...
Je lui répondais d'un ton soudain emprunt de curiosité :

« Vous parlez de nous dire notre avenir ? Hum... Je ne sais pas... Je ne pense pas avoir envie de connaître mon futur. Les shinobis en ont rarement un qui dure longtemps de toute façon ! »

Pourquoi écouterais-je les propos d'une vieille femme étrange ?! Ma camarade semblait plus intéressée que moi et décidait d'obtenir des réponses sur son futur.
D'un autre côté qu'avais-je a perdre à me prendre au jeu ?

- Bonsoir. Je m'appelle Ketsueki Yami.
- Kawaguchi Tsukiko, enchantée, répondit-elle d'une petite voix, intimidée tantôt par le nom de la jeune fille ainsi qu'en raison de ses yeux écarlates.

Tsukiko avait assez étudié les clans propres à Suna pour connaître les compétences de chacun des membres. A ce jour, de tous les clans, c'était clairement les Ketsueki qui l'effrayaient. En effet, ils étaient peu nombreux, se montraient très peu et surtout, ils maîtrisaient le sang. Certains disaient qu'ils suçaient le sang de leur proie, que leurs repas étaient des verres de sang de leur domestique ou encore qu'ils s'abreuvaient de mort. Tant d'histoires et de rumeurs tordues qui circulaient à leur sujet.

Quant à Yami, elle ne semblait guère bavarde et n'était pas plus avenante, renforçant l'image froide et inquiétante que Tsukiko se faisait au sujet des Ketsueki. Ainsi, la discussion entre les deux dames ne s'était limitée qu'à une présentation superficielle et sans grand intérêt et s'était terminée sur un mutisme, chacun plongé dans sa propre observation ou ses pensées.

"Je n'aime pas beaucoup les gardes de nuit et encore moins quand la coéquipière est inquiétante et pas bavarde. Je suis censée dire quoi à une Ketsueki... Que dire? Que dire...? A ce rythme, je vais m'endormir... marcher peut-être!". Elle se torturait l'esprit sur des futilités pour se maintenir éveillée et ne pas céder au sommeil.

Enfin, quelque chose vint illuminer cette sombre nuit. Littéralement. En effet, au loin, Tsukiko vit une tente éclairée. Sa curiosité était piquée à vif.

- Hum... Il y a une personne établie là-bas, isolée. Il vaut mieux aller voir si tout va bien, et pourquoi s'installer dans le désert seul. Cela peut être dangereux...

Et sans tarder, elles s'y dirigèrent.

La personne qui les accueillit était une vieille voyante au sourire qui se voulait accueillant et chaleureux. Cette dernière leur proposait de lire leur avenir, Yami répondait qu'un shinobi n'avait guère une longue vie et Tsukiko pensait tout autre.

- Je veux! Je veux dire... ce n'est que quelques minutes.

Elle ne voulait pas retourner s'ennuyer sur le mur. Elle préférait rire des futures bêtises que la voyante allait raconter pour avoir droit à quelques sous. Cette dernière riait déjà sous cape, et invita les jeunes femmes à s'asseoir devant la fameuse boule de cristal, chose que Tsukiko fit sans tarder, tapotant la petite couette à ses côtés pour inviter Yami à faire de même très vite.

- Donnez-moi vos mains fille du sable et fille du sang.
- Hein... Comment vous savez cela... ou plutôt rien.

Fille du sable voulait-il dire Kawaguchi ou alors n'était-ce qu'une manière de dire qu'elle était un habitant de ce pays désertique? Fille de sang voulait-il Ketsueki ou alors ne met-elle en avant que les yeux rubis de sa compagne de ce soir?

- Je connais le passé, le présent et le futur de toutes personnes qui franchissent ma demeure. Je peux même changer ce futur si vous le souhaitez. J'ai des talents secrets, des talents octroyés par une force bien mystérieuse... une force qui prend source de l'au-delà. Shinobis, vous dites que votre vie est courte mais je pourrais vous aider à la rallonger, en prédisant votre avenir.

Elle se leva un court instant pour aller allumer un encens. Très rapidement, l'odeur envahit la petite tente, arrachant un petit toussotement et de petites larmes à la jeune Kawaguchi.

- Donnez-moi vos mains jeunes filles, ordonna-t-elle gentiment.

Intriguée, et méfiante à la fois, Tsukiko finit par tendre sa main pour prendre celle flétrie de la vieille dame.

- Commençons donc ... notre rêve divinatoire, dit-elle dans un petit ricanement.

A ces mots, le vent vint effleurer les bibelots de la dame, la lumière d'ambiance changea légèrement et la boule de cristal s'éclaircit. Le tout donnait une dimension mystique et mystérieuse, impressionnant grandement Tsukiko tout en lui donnant la terrible sensation d'avoir commise une erreur.

Music ♫:

Tsukiko avait l'air de vouloir assister à une séance ésotérique. J'étais chargée de la protection des remparts mais aussi de mes coéquipiers : je restais donc pour vérifier que cette étrange femme et sa divination n'était pas un coup monté pour pénétrer dans le village a des fins plus obscures...
Après m'être assise aux côtés de la kunoichi aux cheveux roses, la voyante commençait son office en demandant à la fille du sable et a celle du sang de lui donner la main. Je fronçais les paupières. La fille du sang était clairement moi et ma maîtrise Ketsueki et Tsukiko devait maîtriser le Sunaton si j'en croyais ses propos. Cette femme avait-elle la capacité d'identifier notre chakra et ainsi connaître nos capacités ? Avait-elle simplement fait un déduction ? Lorsqu'on me voyait il n'était pas très difficile de m'assimiler au clan Ketsueki. Ou encore toute cette histoire de connaissance absolue était-elle vrai ?
J'étais toujours sceptique mais un peu plus intéressée.

La vieille dame ajoutait y posséder non seulement une connaissance infinie mais en plus être capable de modifier notre destin en puisant son énergie dans l'au delà... J'étais bien placée pour savoir que les entités étaient mieux là où elles étaient et qu'il ne valaient mieux pas y être confrontés : après tout, j'avais une hôte parasite en moi et cette dernière me pourrissait la vie.

L'odeur de l'encens, désagréable, enveloppait l'intérieur de la tente, donnant une dimension plus mystique encore à ce qui se déroulait devant nos yeux. A sa demande, j'attrapais sa main décharnée par l'âge, méfiante, tandis que ma camarade faisait de même. Si elle m'enfermait dans un genjutsu elle le regretterait !
La vieillarde se concentrait, marmonnant quelques paroles dont je ne comprenais que des bribes et qui semblaient plus être une incantation que des paroles en elles mêmes. Les objets de l'habitacle s'entrechoquaient, le vent s'engouffrait et faisait résonner son souffle frais et inquiétant. Tsukiko semblait paniquée, se demandant sans doute si son choix avait été finalement judicieux. Quoi qu'il en soi, nous y étions maintenant et nous devrions visiblement affronter la réalité de notre futur.

La boule de cristal s'éclairait un instant, alors que sa propriétaire passait ses mains au dessus de celle-ci.

« Je vois un homme dans vos vies... Vous allez l'aimer chacune à votre manière ! »

Je fronçais les sourcils. Un homme en commun ? Je me tournais vers ma camarade qui semblait médusé et emprunte de tristesse, là dessus la voyante appuyait ses propos a son encontre :

« Pauvre enfant. Tu as déjà connu l'égoïsme des hommes et subit les conséquences de leurs actes et voilà que ton destin se répète... »

Elle semblait dire cela avec un malin plaisir alors qu'elle aurait dû se montrer pleine de compassion...

« Cet homme va accomplir de grande choses avec chacune de vous deux... »

Je serrais les poings. Je n'avais nullement envie de partager la personne que j'aimerais et je détestais carrément l'idée que cet homme sans scrupule joue avec mes sentiments de la sorte ! Une aura de rage se dégageait de moi tandis que je déversais ma haine sur cet homme. Je ne savais pas si je le connaissais déjà ou non... Toutefois, si Tsukiko le connaissait aussi, il devait s'agir d'un Sunajin. Je me tournais donc vers l'intéressée pour la questionner :

« Peut-être le connaissons nous déjà... Connais-tu Shinji ? Akuzu Shinji ? »

C'était la première personne a laquelle j'avais pensé et au fond de moi, mon cœur pesait lourdement alors que j'attendais sa réponse et que le couperet tombe. Je ne savais pas comment expliquer cette sensation mais mes sentiments envers Shinji comme vers Oniri étaient confus et s'il s'agisssait d'un homme, c'était certainement de lui que la voyante voulait parler.
Mon regard était empli de doutes et de crainte quand à l'annonce de Tsukiko. Je croyais manquer un battement : cela ne me ressemblait tellement pas...

- Non, dit-elle dans un murmure à peine audible.

Elle était paralysée devant les propos de la vieille femme. Ces derniers remontaient à la surface tant et tant de mauvais souvenirs et tant et tant de vieux démons et craintes. Allait-elle donc finir "comme sa mère"? Ne pouvait-elle donc pas espérer un meilleur avenir, un avec une famille adorable et ennuyeuse, des bambins légitimes et reconnus dans un monde plus ou moins stables? Allait-elle donc donner naissance à "d'autres bâtards" peu désirés?

"Non... Non ... J'ai... j'ai le choix. J'aurais toujours le choix" tenta-t-elle de se convaincre. Malheureusement les blessures du passé étaient toujours bien présentes et bien à vif, prêtes à saigner encore et encore à la moindre remarque désobligeante.

Elle se sentait paniquée. Elle se sentait mal. Elle se sentait étouffée. Il fallait qu'elle sorte, qu'elle quitte cette tente et sa maudite propriétaire. D'ailleurs le sourire carnassier de Tsukiko eut le don de répugner la jeune sunajin.

- Peut-être le connaissons nous déjà... Connais-tu Shinji ? Akuzu Shinji ?

Tsukiko regarda hébétée Yami dans un premier temps. Akuzu Shinji... un nom qui remontait difficilement mais sûrement. Akuzu Shinji, l'homme élastique. Akuzu Shinji, son partenaire dans ses dernières combines pour trouver deux ou trois fonds pour pouvoir se payer un logement décent. Akuzu Shinji, un ami à elle. Mais jamais, ô grand jamais, un homme qu'elle aimera d'une façon romantique et charnelle.

D'ailleurs c'était bien pour cette dernière raison qu'elle mit autant de temps à faire le lien entre le nom Akuzu Shinji et le garçon même. A ses yeux, il était un bon ami mais clairement pas l'homme qui allait bouleverser le cours de toute son existence. Cependant, si elle pensait ainsi de Shinji, sa coéquipière de ce soir semblait en penser tout autrement.

En effet, si on n'aimait pas un tantinet un homme, on ne penserait pas à lui quand quelqu'un faisait référence à l'homme de la vie.

"Il était en couple cet alcoolo? Avec une Ketsueki...?" se demanda-t-elle, regardant de haut en bas la demoiselle. Cette fille était élégante et belle, et semblait vivre dans l'aisance. A côté, Shinji faisait presque déchet tantôt avec son haleine ou sa tenue.

Elle se rendit compte qu'elle mettait du temps à répondre, et se décida à revenir à la réalité et à répondre sincèrement à la demoiselle.

- Oui je le connais ... mais ... pas dans le sens , ce sens tu vois, dit-elle en indiquant la vieille dame. Shinji... est un ami, qui m'aide à quelques missions. Donc... lui, l'homme commun dans nos vies? Oh pitié... finit-elle par dire en éclatant de rire, un gros poids s'étant soudainement ôté de son cœur.

Elle se releva, toujours en riant sous cape, s'épousseta, prit sa petite bourse et en sortit une ou deux pièces qu'elle tendit à la dame.

- Voilà votre due pour ce soir. Je ne vais pas rester plus longtemps à écouter des sornettes qui vont plus semer la zizanie dans nos esprits qu'autre chose, déclara-t-elle avec un petit sourire gêné, et je vous demanderai de nous accompagner jusqu'aux portes de Suna pour indiquer la raison de votre venue dans les parages de Suna. Autrement, je demanderai à ce que vous quittiez ce périmètre.

Suna était des plus méfiants suite aux trahisons, explosions et différentes intrusions. Il faut dire qu'elle-même s'était laissée emportée dans ce monde ésotérique, oubliant bêtement sa mission. Cependant... comment résister à oublier un court moment ses devoirs pour se laisser envahir par une envie? Elle n'avait guère eu le droit de vivre son enfance ou sa jeunesse ...

Elle attendit que ce petit monde se lève pour se diriger tout droit vers la voie illusionnée à nouveau.

- Ne souhaitez-vous pas savoir ce qu'il va accomplir dans votre existence?
- Il n'accomplira rien dans mon existence, avança-t-elle prétentieusement. C'est n'est qu'un a...
- Je ne parlais pas pour vous spécialement, disait-elle en ignorant Tsukiko pour se plonger dans les yeux de Yami.

Tsukiko resta debout, attendant la réponse de Yami. Si elle voulait connaître la suite, elle restera encore quelques minutes.

Music ♫:

L'attitude désinvolte et railleuse de Tsukiko me laissait perplexe quelques secondes : oui elle connaissait Shinji c'était donc certainement lui l'homme en commun dans notre vie mais la jeune fille laissait sous entendre qu'elle n'entretenait pas ce genre de relations avec l'Akuzu, qu'il était un simple camarade de missions... Pourtant, la voyante avait bien précisé qu'il accomplirait avec chacune de nous deux de grandes choses... Elle avait également devinée que j'étais une Ketsueki et elle une Kawaguchi... Je ne savais plus qui croire ou quoi penser. Pourquoi devrais-je prendre aux sérieux les propos d'une vieille femme dont le métier était de semer la confusion dans l'esprit de ses clients ?! Elle disait sûrement vrai, du moins je la croyais mais elle devait accentuer ses propos pour donner une dimension plus étrange et emprunte de doutes de façon volontaire.

Ma partenaire payait la femme en lui demandant de nous suivre aux portes pour signaler de ses intentions et de son passage sans quoi elle serait contrainte de plier bagage et de partir.
Elle nous demandait si vous voulions davantage de précision sur ce qu'il accomplirait dans notre existence, Tsukiko déclina et la voyante affirmait ne s'adresser qu'à moi seule :

«  Personne ne dictera mon futur : c'est moi même qui le façonnerait. Peut-être est-il tout tracé oui mais je ne veux pas le connaître, je l'affronterais le moment venu. »

J'étais suffisamment perturbée avec toutes ces histoires en ce moment, ce n'était pas pour me rajouter un poids supplémentaire sur la conscience. En revanche, j'hésitais longuement à la questionner sur mon choix futur entre Oniri et Shinji et ce que cela engendrerait. La rencontre de cette femme était peut être un signe du destin pour m'aider à y voir plus clair à ce sujet... Je ne voulais pas les faire souffrir alors connaître leur réactions respectives m'aiderait peut-être à faire un choix... Non... j'oubliais cette idée. Tout comme je ne voulais pas connaître en avance mon futur, il me fallait affronter moi même le présent pour décider de l'avenir. Il serait différent en fonction des choix que je ferais mais toute la vie était basée sur des choix qui nous orientent dans une direction précise que nous même choisissons de suivre.

Cela me vrillait la langue que de questionner Shinji à propos de Tsukiko et de ce qu'ils accomplissaient réellement ensemble. Sans que je ne comprennes pourquoi, cette idée ne me plaisait pas. Je ne connaissais pas encore Tsukiko alors il était trop tôt pour le dire mais … était-elle une menace potentielle ? Voilà la question stupide et rébarbative qui faisait écho dans mon esprit. Pourquoi ? Toutes ces émotions étaient décidément trop compliquées pour moi... JE ne savais vraiment pas pourquoi je m'accrochais a vouloir les comprendre... Tout était tellement plus simple quand je ne ressentais pas tout cela ! C'était beaucoup plus simple de rester impassible à tout et d'agir selon mes désirs sans me soucier de ceux des autres ! Mais cela demeurait une vie égoïste et solitaire... J'en avais assez de tout cela ! J'avais encore bon nombres de choses à découvrir et grâce à Oniri, j'avais pu goûter au bonheur des émotions, à l'amitié, à la tristesse aussi ainsi qu'à la peur pour elle. Shinji m'avait montré quant à lui ce qu'était l'amusement et la désinvolture et tout deux m'avaient conduis sur le chemin de l'attachement puis de l'amour sans même que je ne m'en aperçois...
Même si tout cela était compliqué, j'y tenais et j'étais désireuse d'apprendre et de changer pour oublier peut à peu mon passé tonitruant et emplit d'affliction. J'avais vu des horreurs, vécu la solitude et l'enfermement, j'étais touchée par une maladie génétique incurable qui me forçait à veiller constamment à mon état et j'avais dû subir de lourdes transfusions sanguines à l'hôpital de Suna de façon quotidienne puis j'avais été frappé par une malédiction nommée Mégami... Tout ceci, je voulais le mettre à profit pour avancer.
J'avais changé... C'était si évident que même moi je m'en apercevais...

Pendant que je m'octroyais toute cette réflexion personnelle, nous avançions vers la voie illusionnée, confiant la voyante aux gardes en expliquant sa situation et attendant ses explications. Elle prétextait être itinérante dans le désert et simplement de passage pour une courte période. Là dessus, nous la laissions entre les bonnes mains des gardes, retournant à notre poste sur les remparts. Rien n'avait bougé, pas le moindre grain de sables, n'avait décidé de changer d'air depuis notre escapade. L'ennui devenait de nouveau ferme et je décidais de rompre ce silence de mort :

« Tsukiko... Puisque tu connais Shinji, j'aimerais apprendre à te connaître... »

Cette phrase semblait sonnée faux aussi, je la rectifiais, maladroite :

« Nous ne formons pas un couple, du moins ce n'est pas encore le cas mais j'ai un fort attachement pour lui et lui semble posséder des sentiments amoureux pour moi... »

Je détournais le regard, gênée devant cette tirade bancale.

« Alors comme ça tu maîtrises le Sunaton ? Au moins, tu ne tomberas jamais à court de sable dans le désert ! »

Lui disais-je avec désinvolture, cherchant à relancer la conversation entre nous pour apprendre à la connaître :

« Comme tu le sais sans doute, je suis née à Suna mais mon clan en est pas originaire. Il y a sûrement d'autres Ketsueki un peu partout mais à ici je suis désormais la seule. Le manoir Ketsueki m'appartient de ce fait, bien qu'il mérite quelques travaux du fait de l'âge avancé de la bâtisse et des assauts qu'elle a affronté. Je compte devenir la responsable attitrée de mon clan et par la même occasion m'anoblir du titre de comtesse qui m'est dû. Je me moques du rang mais j'affectionne ce qu'il implique, ce sera en quelque sorte une revanche personnelle pour moi qui ait grandi à l'orphelinat de Suna ! »

Je ne savais même pas pourquoi je me confiais à elle qui demeurait une parfaite inconnue. Le simple fait de savoir qu'elle connaissait Shinji avait suffit à me débrider avec elle : je serais sans doute amenée à la revoir. Je lui laissais donc le bénéfice du doute en lui offrant ma confiance, j'attendais de voir si elle entrerait elle aussi dans la confidence pour poser des bases saines entre notre future potentielle amitié.

- Personne ne dictera mon futur : c'est moi même qui le façonnerait. Peut-être est-il tout tracé oui mais je ne veux pas le connaître, je l'affronterais le moment venu.

En voilà des paroles sages et justes, des paroles que la jeune Tsukiko tentait plus ou moins d'appliquer dans son existence. Elle souhaiterait se débarrasser de cette hantise de finir "comme" sa mère, soit une mère célibataire seule au milieu des conflits. Elle désirait également avoir la force d'imaginer un avenir radieux et brillant, entourée de personne qu'elle aimait et non finir seule et devenir une vieille pimbêche amère et acariâtre.

Elle voulait avoir la force de se forger son propre avenir. Elle tentait, du mieux qu'elle pouvait. Se donnait-elle tous les moyens? Y mettait-elle toutes ses forces? Qu'avait-elle fait dernièrement? Qu'elles étaient ses futurs projets?

Tant de questions qui la travaillaient durant tous les trajets de retour ainsi que durant les premières minutes de leur garde. Tsukiko était sûre et certaine que la jeune Ketsueki ne parlerait pas plus qu'avant, mais cette dernière la surprit.

Beaucoup même.

Elle ne répondit pas immédiatement, écoutant la dame aux yeux de rubis avec de gros yeux ronds. Tout d'abord, la dame des sables tentait de comprendre le lien entre son amitié entre elle et Shinji, et la volonté de Yami de la connaître en raison de cette amitié. Elle n'eut pas à réfléchir bien longtemps car la dame de sang enchaînait immédiatement sur une histoire d'attachement pour Shinji.

- Alors comme ça tu maîtrises le Sunaton ? Au moins, tu ne tomberas jamais à court de sable dans le désert !

Elle arqua définitivement des sourcils sur ce changement soudain de sujet. Son incompréhension allait grandissant quand sa partenaire enchaîna sur une véritable auto-biographie. Lorsqu'elle termina sa tirade, Tsukiko ne répondit pas immédiatement, laissant ainsi un silence s'instaurer, gêné que par le bruit du vent. Finalement, ses traits s'adoucirent et un sourire vint éclairer ce doux visage.

Elle n'était donc pas la seule maladroite dans les relations sociales. La maladresse de Yami amusait Tsukiko, et surtout la mettait plus en confiance. Il ne faut pas oublier qu'elle-même n'était guère douée.

- Eh bien ! Contrairement à toi, mon clan est bien originaire de Suna mais je ne suis pas née là. J'ai tout d'abord vécu au pays du feu, aux côtés de ma famille maternelle, et ne suis venue à Suna qu'il y a cinq ans. Ce que je compte faire ... devenir une excellente Kunoichi! La meilleure de Suna ... ou du monde. Disons que c'est ma revanche à moi, finit-elle dans un murmure au ton ironique. Mais je n'ai pas trop le mal du pays grâce au désert. Tout ce sable.... oui, avec tout ce sable, un Kawaguchi se sent comme chez soi, protégé et sécurisé. C'est un peu comme une mère aimante et protectrice. M'enfin, dès qu'on sort du pays, on risque d'en manquer du sable..., conclut-elle.

Elle se tut et toisa à nouveau la dame. Décidément, elle était vraiment belle et distinguée et riche - les Ketsueki avaient ce beau manoir précisément -. Que faisait Shinji avec une telle femme ?

- Orpheline ... cela devait être dur, dit-elle d'une petite voix. Je n'ai pas vraiment connu mon père dans les premières années de ma vie ... c'était dur.

Elle ne voulait guère rentrer dans les détails, mais elle donnait assez d'informations à Yami pour lui faire comprendre que la jeune Kawaguchi respectait la démarche, et compatissait même sur certains aspects. Effectivement elle n'avait connu son père jusqu'à son adolescence et cela avait toujours été "handicapant" pour elle. Aujourd'hui, elle le connaissait ... malheureusement.

- Shinji ... je l'ai connu ...

Lors d'une nuit, dans un bar, où elle était déprimée et qu'il lui avait offert des verres. Cependant, au vu de ce que la dame avait révélé sur les sentiments de Shinji à son égard et de son propre attachement à cet énergumène, elle préférait taire cet épisode.

- Récemment. Nous faisons des missions ici et là, il m'aide à me défendre contre certaines personnes qui s'amusent à m'embêter ... C'est un bon garçon, je suppose. Je veux dire, il est marrant et drôle.

Elle ne savait pas vraiment quoi dire d'autre en fait. Elle ne voulait pas dire qu'il était son partenaire "dans le crime", soit un partenaire de triche pour quelques tables de jeu. Enfin, en dehors de savoir qu'il était drôle, elle ne savait pas trop quoi dire d'autres.

- Et donc ... toi et Shinji, vous vous connaissez aussi. Et il t'aime ... Woah. Au moins, même s'il n'a qu'un œil, il voit bien ... dit-elle en rigolant, mais en se taisant immédiatement, se demandant si c'était fin ou pas ce qu'elle avait dit. Je veux dire, on est pas encore assez amis pour dire qui on aime ou pas, c'est juste rigoler et blaguer et mission dès qu'on se voit.... Qu'est-ce qui t'empêches de te mettre en couple avec lui ? Il n'est pas de ton style?

Il n'est pas de ton niveau aurait-elle voulu dire mais se tut. Shinji pouvait être un bel homme mais avec sa tenue et son attitude, il passait plus pour un garçon mal léché que charmant et soigné.

Music ♫:

Tsukiko m'exposa sa propre biographie : me racontant qu'elle était né à Konoha pour sa part mais que son clan était bel et bien originaire de Suna – il fallait dire que le contraire m'aurait étonné -. Son objectif de vie était de devenir la meilleure Kunoichi de Suna voir du monde, je ne pouvais m'empêcher de sourire un brin moqueuse à l'annonce de ce but dérisoire. Je ne la connaissais pas suffisamment pour l'affirmer mais elle avait l'air de quelqu'un de timide et peu sure d'elle : comment comptait-elle conquérir le monde à sa façon avec ces traits de caractère ? Je me promettais de l'aider à travailler son assurance pour rafler tout ce qu'elle souhaiterait durant son existence.

Elle mettait l'accent sur l'absence de relation paternelle qu'elle avait enduré pendant son enfance lorsque je lui parlais de l'orphelinat. Ce à quoi je tenais à préciser :

« Oh je n'ai aucune idée de si mes parents sont encore vivants ou non : je ne les ais jamais connus et je n'ai aucun souvenir d'eux, je ne sais même pas à quoi ils ressemblent. C'est plus facile pour moi de les considérer morts. »

Puis la discussion basculait de nouveau inexorablement vers Shinji bien que j'aurais préféré changer de sujet... Elle m'expliquait l'avoir connu il y a peu de temps mais son silence prolongé avant de le dire et le peu d'assurance qu'elle y apportait m'indiquait qu'elle ne me disait pas tout. Je fronçais les sourcils en l'écoutant attentivement : j'avais le don pour soulever les mensonges ou les omissions volontaires et je n'aimais pas que l'on m'en fassent... L'art de l'assurance et de la manipulation d’autrui pour parvenir à vos fins vous conférait ce genre de facultés pratiques... D'après elle, ils effectuaient des missions ensembles et il la défendait contre des personnes qui étaient désireuses de lui faire du tord... Cette révélation eu le don de me contrarier sans que je ne comprennes vraiment pourquoi... Jouait-il une sorte de « garde du corps » pour elle ?! Elle voulait devenir une grande Kunoichi et n'était pas capable de se défendre elle même des personnes qui lui voulaient du mal ? Tout ceci était bien risible !

Qu'est-ce qui m'empêchait d'être en couple avec lui ? C'était précisément le genre de questions que je me posais depuis que j'étais consciente de mon fort attachement pour lui et Oniri et je m'empressais d'en parler avec la sunajin :

« Eh bien... disons que je suis inexpérimentée dans le domaine... Il y a tout juste un an je ne savais même pas ce qu'était réellement l'amitié et je m'en moquais bien d'ailleurs : je me complaisais dans la solitude. Puis j'ai rencontré Oniri qui se trouve être désormais ma meilleure amie et que j'affectionne beaucoup. Elle m'a avoué il y a peu avoir des sentiments amoureux pour moi et Shinji en a fait de même du coup je suis perdue... J'ai beaucoup d'affection pour eux et je pense pouvoir dire que je les aiment aussi mais je ne saurais déterminé auquel je tiens le plus et surtout, je ne veux pas blesser celui d'entre eux qui sera laissé pour compte... »

Voilà tout était dit. Un tourment qui me hantait chaque jour et chaque nuit depuis lors et auquel je n'arrivais pas a trouver de réponse.
Je poursuivais en reprenant ce qu'elle m'avait dit :

« Tu sais Tsukiko, ne le prend pas mal mais si tu veux devenir une Kunoichi puissante et reconnue il va falloir déjà arrêter de dépendre des autres pour te sortir du pétrin avec les personnes qui veulent te nuire ! Shinji n'aime pas voir les personnes qu'il apprécie souffrir. S'il t'aide, c'est qu'il constate de ta détresse donc un conseil : n'affiche pas tes faiblesses. Même si cela peut s'avérer difficile parfois et que tu as envie de craquer, ne le fait pas. Tu ne deviendras jamais extrêmement puissante si tout le monde peut cerner tes faiblesses et les retourner a ton avantage. »

Je la scrutait de mon regard malicieux en ajoutant :
« Nous ne nous connaissons que depuis peu mais si je devais te causer du tord, je saurais exactement où appuyer pour te faire mal. Tu veux te placer en prédatrice mais je ne vois qu'une gazelle qui cherche à survivre sans se défendre contre les lions qui la chasse. Je ne serais jamais une proie et si tu veux gravir les échelons, tu dois résonner de la même façon : en cela, je peux t'aider si tu le souhaites. »

Tout était dit. Ma manière de parler lui paraîtrait peut-être brutale mais je ne pouvais décemment pas faire plus honnête. La Yami d'autre fois n'aurait pas pris autant de gants que je venais de le faire pour exposer la chose. J'avais hâte de voir comment elle allait réagir... Allait elle me trouver méchante et pleurer dans son coin sur les duretés que je lui avais dit ou bien prendrait-elle mes mots en considération et accepterait-elle mon aide ?
Il me tardait d'avoir la réponse...

- Woah, se contenta de dire Tsukiko lorsque sa coéquipière lui exprimait ses premiers émois amoureux. Tu dois être.... bien occupée.

Cependant, et étrangement, une telle "popularité" n'étonnait guère Tsukiko. Cette femme pouvait être effrayante avec ses yeux rouge sang, son nom de clan - et leur étrange pouvoir -, son silence ou encore son allure de Comtesse Sanglante mais elle restait fascinante, mystérieuse et curieuse. En somme, un joyau que l'on sait peut-être empoisonnée mais qu'on ne peut s'empêcher d'approcher par curiosité, par envie, par aveuglement du beau.

Elle était belle. Elle était inquiétante.
Et également, elle était extrêmement franche.

Les paroles de Yami touchèrent Tsukiko cependant, elle n'en pleura pas pour autant. Elle était tant "habituée" à subir les commentaires que ce soit sur sa naissance, son accoutrement, sa chevelure, ses techniques pitoyables et tant d'autres choses qu'elle n'en pleurait plus. Elle n'avait plus de larmes à verser pour ça, mais sûrement des larmes pour des choses plus importantes.

Les paroles pouvaient être dures - elles l'étaient en fait!- mais elles étaient véridiques. N'importe qui pouvait réellement la cerner dès la première rencontre, une chose qui risquerait rapidement de se retourner contre elle. Un ennemi pourrait en profiter, un membre de son clan pourrait tout autant le faire pour l'éjecter et tant d'autres scénarios possibles et imaginables.

- Pourquoi m'aiderais-tu ...? finit-elle par demander avec une pointe de méfiance, mais également avec curiosité. Est-ce à cause de ... Shinji ?

La Ketsueki avait une logique que la Kawaguchi ne suivait pas forcément. Effectivement, pourquoi elle voudrait l'aider à changer? Etait-ce pour qu'elle ne soit plus un "poids" pour "son" Shinji? Etait-ce parce qu'elle avait "pitié" d'elle? Ou alors, aussi étonnant que cela puisse être, était-ce une manière maladroite de démarrer une "amitié"? Ou alors, et voilà une chose plus probable, attendait-elle quelque chose en échange?

- Bah ... quelle que soit la raison, je suis preneuse. Je souhaite changer.... nan. Je dois changer, et ... une présence féminine ne ferait pas de mal, conclut-elle avec un petit sourire gêné.

Oui, elle était décidée de changer. Cependant, prendre la décision était une chose, la mettre en pratique était autre chose. Elle pourrait demander autant qu'elle voudrait à son équipe de l'aider mais la majorité était de sexe masculin. Arrivés à un point, ils ne pourraient pas vraiment la guider dans la voie du changement. Quant à son entourage féminin, il était extrêmement réduit. Une belle-mère qui la détestait, une marchande de fleur civile qui galérait chaque fin de mois et deux ou trois rapides connaissances. Réflexion faite, elle n'avait pas vraiment de "modèle" féminin ou d'amie, avec "e" à la fin, pour ... toutes ces choses de filles.

Elle regarda discrètement sa tenue et se compara rapidement à Yami. Définitivement, il n'y avait pas "chapeau". Yami était distinguée et respirait l'assurance, alors qu'elle-même était cachée sous ses capes et cet air un tantinet perdu et craintif. Elle en avait du travail ... Beaucoup ! Est-ce que la Ketsueki était un professeur patient? Tsukiko l'espérait en tout cas.

Elle se leva, fixa quelques secondes la brunette et finit par tendre la main.

- Très bien, tu m'aides et ... je t'aiderai en échange. Actuellement, je ne sais pas en quoi mais dès que l'occasion se présente, compte sur moi! Marché conclu ?

Certes, la dame pouvait se prétendre prédatrice mais tout le monde avait ses moments de faiblesse. Lors d'un de ces moments, Tsukiko se promettait d'être à ses côtés. Elle pouvait être lâche ou fuir, mais elle savait tout de même maintenir ses promesses.

- Cela peut paraître étonnant vu que je tiens plus de la gazelle fuyarde que de la lionne combattive, mais ma parole est d'or. Lorsque je dis quelque chose, sache que je ferais tout pour tenter de l'accomplir. Du moins, je tenterai, déclarait-elle avec ce petit sourire. Je promets également d'être une "élève" studieuse, termina-t-elle en riant.

Tsukiko n'aimait guère rester figée et gênée dans une situation. Elle aimait toujours tenter de s'en sortir en souriant ou en tentant de rendre l'atmosphère plus légère. La vie était trop courte pour passer son temps à pleurer... et dernièrement trop courte pour attendre "stupidement" qu'on l'accepte.

Elle allait changer et devenir forte. Forte pour affronter les vérités, forte pour affronter l'adversité, forte pour affronter la vie d'un ninja tout simplement.

- Et ... donc. Par où commencer?

Le caractère bien trop doux et fuyard? La tenue bien trop large cachant un brin de trop la dame? L'attitude toujours en retrait? Les paroles entrecoupées par l'incertitude? La voix exprimant chacune de ses émotions? Il y avait tant à "revoir" et à "refaire". Tout était à détruire de la base afin de tout reconstruire comme il se devait.

Music ♫:

Tsukiko semblait quelque peu effondrée intérieurement par mes paroles mais cela ne m'étonnait guère venant d'elle : il était temps de changer tout cela !
Un sourire un rien provocateur se dessinait de mes lèvres tandis que j'écoutais ses propos. Elle se demandait quelles étaient mes motivations et si Shinji avait avoir avec tout ça : moi même ne le savait pas. Une pointe de jalousie était née en moi sans que je ne parviennes à l'expliquer et j'espérais que la rendre plus forte la ferait moins dépendre de Shinji. Rien n'était officialisée entre nous et je ne pouvais pas décemment lui demander des explications sur la nature de sa relation avec Tsukiko : je n'en avais pas le droit...
J'estimais également qu'une femme n'avait pas besoin des hommes pour s'en sortir et je n'aimais pas constater de ce genre de faiblesse : ça n'en rendait les personnes que plus pitoyables et je n'éprouvais aucune sympathie pour eux. Toutefois, j'appréciais bien Tsukiko et je devais donc changer cela si je voulais parvenir à me lier d'amitié avec elle.

Elle annonçait d'elle même qu'elle souhaitait changer pour ensuite affirmer devoir le faire : je souriais de plus bel face à cet élan de volonté. Si je souhaitais qu'elle se débrouille par elle même, il y aurait un certain nombre de choses à modifier en elle et cela ne se ferait pas en un jour. N'étant, de plus, pas franchement douée pour les relations sociales je doutais que mes propos ne seraient pas piquants et durs à son encontre : ma patience était limitée...
Je me promettais toutefois de faire de mon mieux. La rigueur vous aidait à vous endurcir et bien qu'accablée par le poids de son passé Tsukiko n'avait pas vécu la même dureté que j'avais pu connaître : il lui fallait prendre du plomb dans la tête et puiser dans la douleur de son passé pour forger sa propre carapace.
C'était là la première étape car à quoi bon encaisser les propos sans flancher si on n'était pas capable de riposter ensuite ?!

Elle promettait de m'aider en échange et j'arquais un sourcil en me demandant a quoi elle pourrait m'être utile mais retrouvais mon assurance en pensant à une idée ma foi fort délicieuse... Mes yeux rubis luisaient d'une certaine avidité prédatrice bien que je ne laissais rien transparaître : après tout il ne fallait pas manger ses potentiels amis non ? Je me réservais cette opportunité pour plus tard mais j'avais bien entendu sa proposition et je n'étais pas prête d'oublier cette offre...

Elle regardait vaguement sa tenue puis me dévisageait de la tête au pieds comme pour comparer nos allures. Je haussais les épaules d'indifférence avant de lui expliquer :

« Tu sais l'apparence permet au premier coup d'oeil de cerner une personne mais ce n'est pas ce que nous travaillerons en priorité : au contraire. Si tes ennemis te pensent fragile et peu sure de toi au vue de ta tenue vestimentaire mal assurée, ils n'en seront que plus surpris lorsque tu imposeras ta place et forcera ton respect ! »

Je dévoilais mes dents dans la lueur de la nuit baignée par l'astre nocturne, donnant une dimension sans doute bien mystique et effrayante a mon simple sourire satisfait en imaginant la scène.
Je l'observais attentivement avant de lui annoncer le programme :

« Avant toute chose, il faudra travailler ta confiance en toi et apprendre a gérer ton anxiété. Les prédateurs ressentent la peur et je peux t'assurer que nous nous en délectons... »

Mes pupilles brillaient de la même intensité que précédemment : je ne pouvais pas le nier, sentir la peur de mes adversaires me galvanisait et l'adrénaline montait d'un cran, me donnant d'avantage envie de prendre mon temps pour les briser psychologiquement ! C'était le jeu impitoyable du chat et de la souris.

« J'imagine qu'au début tu auras un gros travail a faire sur toi même mais tu verras que cela en vaudra la chandelle ! Le meilleur moyen pour apprendre c'est encore d'être confrontée à la situation. Que dirais-tu d'aller au Heaven Night après notre tour de garde ? »

Je ne savais pas si elle connaissait ce bar. J'avais pour ma part, été là-bas totalement par hasard la première fois mais c'était en ce lieu que j'avais rencontré Shinji et j'appréciais voir les combattants se taper dessus : c'était un passe temps comme un autre.
Dans ce genre d'endroit, les femmes étaient rares et celles qui étaient jolies l'étaient d'autant plus : c'est pourquoi les hommes se montraient insistant et persécuteurs à notre encontre en un tel lieu. Il fallait savoir les remettre à leur place dès le départ si on ne voulait pas se faire marcher dessus... Et c'est cela que je voulais montrer a Tsukiko.

Yami effrayait Tsukiko au plus haut point et plus les minutes passées, plus elle avait l’impression d’avoir fait un pacte avec le diable et non une simple Kunoichi. Etait-elle donc autant désespérée au point d’accepter l’aide d’un membre d’un des clans les plus étranges et effrayants de Suna ? Etait-elle tout simplement « humaine » ?

Son sourire carnassier inquiétait Tsukiko et elle crut même voir deux longues canines. Cependant, elle préférait secouer la tête et mettre cela sur le compte d’une imagination bien trop débordante due à une journée harassante et bien trop chaude. Par contre, si elle tentait de ne pas voir Yami comme un « animal dangereux », cette dernière ne faisait que balayer cette « bonne » volonté en travers de paroles mystiques et peu rassurantes. Effectivement, la Ketsueki se qualifiait de « prédatrice » et son corps ne semblait que confirmer ses paroles : ses yeux brillèrent avec plus d’intensité, comme si la dame se délectait déjà d’une quelconque proie.

Etait-elle la proie ?

- Que dirais-tu d'aller au Heaven Night après notre tour de garde ?
- Heaven Night ? Pourquoi ce bar en particulier ? demanda-t-elle en arquant les sourcils, circonspect.

Elle ne savait pas ce que Yami avait en tête à cet instant-là. Pourquoi donc choisir un bar pour commencer son changement ? Comptait-elle la bourrer ? Comptait-elle la « caser » le temps d’une soirée ? Comptait-elle tout simplement l’utiliser pour un quelconque plan où elle en sortira plus perdante qu’autre chose ? Ou alors, comptait-elle réellement utiliser ce cadre atypique pour la changer ? Tant de questions et pas vraiment de réponses. Il faut dire qu’elle a été prise de court : elle ne s’était pas attendue à ce que son changement commence dans un bar dont l’arrière servait de club de strip tease.

- Tu sais, il y a d’autres bars bien plus … tranquilles. Et qui servent de meilleures boissons ! Enfin, je veux dire ... je ne fais pas tous les bars mais j'en connais certains, conclut-elle, gênée. Elle faisait tous les bars pour les tables de jeu ... et elle savait quelle boisson était meilleure qu'une autre car elle en commandait pour dépouiller des informations sur tels ou tels joueurs ou réussir à endormir son attention et mieux tricher.

Elle se notait mentalement de ne pas toucher à une seule goutte d’alcool. Sa dernière « cuite » l’avait réduite dans un état des plus pitoyables et lui avait fait perdre tout « honneur » et « dignité » tant auprès de Shinji, qu’auprès de certains gardes qu’auprès de son maître. Plus jamais elle n’y touchera … du moins « seule ». Si elle avait la certitude d’être bien accompagnée et de ne pas finir sur le paillasson d’un haut gradé ou d’un membre connu, elle pourrait peut-être y toucher plus de raisons.

Mais pas ce soir. Yami était inquiétante et limite, elle nouait l’estomac de la Kawaguchi.

- En plus le Heaven Night est un tantinet cher pour ce qu’il offre ! tenta-t-elle encore.

Tsukiko était fuyarde et lâche, et toujours elle opterait pour la solution la moins dangereuse et la plus avantageuse. Un tic qu’elle avait depuis sa naissance. A priori, tous ses instincts lui indiquaient de fuir devant la dame mais elle ne pouvait plus : elle avait juré de changer, et d’écouter cette diablesse envoutante. Cependant, elle n’avait pas juré de se taire et de tenter de proposer des alternatives plus plaisantes et moins contraignantes.

Ce mauvais trait de caractère avait façonné, d’une certaine manière, un autre caractère qui faisait sa force : la ténacité. Elle tentera toujours de proposer ses alternatives, de les faire appliquer… Toujours, sans craindre le ridicule, sans craindre quoi que ce soit. La sécurité et la survie avant tout, voilà sa façon de penser.

- Mais … si tu insistes … finit-elle par abdiquer lorsqu’elle croisa le regard de fauve de la démon.

Elles attendirent la fin du tour de garde, et pour Tsukiko, cette dernière arriva trop tôt. Même en chemin jusqu’à ce fameux bar, elle tentait de proposer ce bar ou ce bar, prétextant qu’il était inutile de marcher aussi loin alors qu’il y avait d’autres aux alentours. Quoiqu’elle dise, la dame aux yeux rubis la faisait taire avec ces derniers.

Et le Heaven Night se dressa devant elles.