La soirée était bien entamée, l’heure où on sombrait pour s’abandonner aux songes, mais pas son cas à elle, pas la fille assise au bord de sa fenêtre, pas celle qui arrangeait ses cheveux un miroir en main, guettant une image. Un miroir qui finirait briser au lever du jour, comme toujours. C’était ce qui animait souvent sa soirée, sa nuit, contempler un reflet pour y chercher une réponse qu’elle ne trouvait jamais, normal, l’objet ne parlait pas et ses yeux étaient tout, sauf objectifs. Rien généralement ne pouvait la détacher de cette fâcheuse habitude… Sauf ce soir-là, où un invité étrange battait l’air sur son passage.

Il se posa curieux pour la regarder faire de plus près, son torse bombé, sa tête relevée, si fier. Normal qu’il n’ait eu aucun mal à attirer toute son attention, au point de la faire se détourner d’elle-même, un fait rare. Ils s’examinaient en silence, du coin de l’œil, chacun le plus prétentieux possible. Et voilà qu’elle reprenait son action, sans le perdre de vue, disons qu’elle avait répété ces gestes tellement de fois, nul besoin de concentration pour.

-Tu t’es perdu bel oiseau ?

Aucun son, pour seule réponse un regard qui s’intensifiait en se posant sur elle. Deux rubis, précieux, magnifiques, l’idée la traversa un instant, possible de récupérer cette couleur?... Et c’était comme un déclic pour l’animal qui lisait ses intentions à travers ses yeux, porte de l’âme après tout. Il étira ses ailes dévoilant son pelage aux dessins réguliers et parfaits, comme un immense masque effrayant qui se formait. Toujours ce calme, toujours ce silence… Finalement rompu.

-Mon arbre meurt Enfant du bois.

La femme restait attentive attendant une suite qui n’arrivait pas, nul besoin, elle comprenait en une seule phrase de toute façon. Un contrat. Comme beaucoup d’autres. Elle ne faisait jamais rien gratuitement. Ses doigts lui volaient une plume, son bec en écorchait un et son semblant de sève rougeâtre venait tâcher le bois du meuble, mais elle ne s’en offusquait pas bizarrement.

-Tu acceptes de devenir mon associé ?

La bête lui lançait à nouveau un regard perçant, lui il savait la signification des mots dont elle usait, la vraie, ainsi que les secrets de ses sourires, la subtilité entres ses lèvres, il la reprenait ainsi…

-Ton acolyte et saisis y bien la nuance.
-C’est tout juste le prix pour que je te suis ça, Hiboux !
-J’ai le miroir de tes rêves pour notre contrat.

Un simple miroir ? C’était ridicule, pourtant, assez pour la troubler, assez pour l’attirer…

-Montre le moi.
-Mon arbre, tu fais renaître mon nid avant Enfant du bois.

Elle grogna son mécontentement, mais l’oiseau ne perdait rien de son pareil. Il reculait pour prendre son envol, à prendre ou à laisser, le message était clair. Elle prenait visiblement, du moins le fait qu’elle le suive le laisser penser, une marche longue et silencieuse il l’entraînait loin de chez elle, très loin, au cœur de la forêt là où personne n’allait. Va savoir pourquoi. Mais rien ne venait la déranger, l’hiboux qui ouvrait sa voie la cause peut-être ? Ils s’arrêtaient devant un Ifa à la taille mémorable, l’Hayashi avait rarement vu un spécimen aussi beau, c’était peut-être même le plus beau de tous.

-Il est immense Oiseau et en mauvais état…

Sur ce point-là, il n’avait pas menti, l’arbre mourrait.

-La raison de ta présence tolérée ici Enfant du bois.
-Et mon miroir alors ?
-Mon arbre, occupe-toi de lui avant toutes choses.

Sous ces derniers mots, dans l’ombre de la nuit, sous le feuillage épais, des dizaines et des dizaines d’yeux rubis et topazes qui la fixaient subitement, la faible lueur de la lune qui perçait, les sublimait en reflet. Un nid, effectivement. L’assemblée de spectateurs s’impatientait, mais la fille considérait avant l’énorme quantité de chakra qu’il lui faudrait… Puis le lieu, les risques et tout un tas de paramètres qui voulaient la ramener à la raison. En vain.

-Celui-là ne se cassera jamais ?
-Jamais. Tu seras brisé avant lui.

Vraiment ? Ses paumes sur le bas du tronc, elle tachait ce dernier à cause d’un doigt taillé, ce qui ne l’empêchait pas de s’exécuter influant la vie là où elle se perdait, un rictus sur un coin de ses lèvres, elle rendait sa vie d'antan à l'arbre en constatant amusée quand un jeune hibou se mettait à huer…

-On dit de vous que vous êtes les annonceurs de la mort par chez moi.
-Précisément. Lui répondait l’oiseau en la regardant toujours de si haut.

La fille lui lança un regard dans lequel il se plongeait longuement tandis que l’arbre voyait ses feuilles renaître. Précisément.

-Tu aurais dû te contenter du pacte qui sait.

Le souci dans les affaires, parier risqué, c’était gagné gros ou… l’inverse. Cela n’avait pas grande importance, la fille était une audacieuse, du moins, elle le restait toujours jusqu’au moment où le fracas sur le fond d’un trou la ramener sur terre. Heureusement, ça n’arrivait pas souvent. Quoi que, une voix et son regard quittait celui qui l’avait conduite ici pour chercher la source de ce son. Son hôte prenait son envol, ils étaient quittes.

Le miroir…

L’enfant de Konoha s’hâtait alors de découvrir sa surprise, une à la hauteur. La légende voulait que la créature ne collectionne que les plus beaux visages, en somme c’était la consécration ultime pour une, qui comme elle était obsédée par le sommet de la perfection de ses traits. C’était fou en somme, autant que de se jeter du haut d’un toit pour connaître la sensation intense d’un dernier vol, mais la fille l’était folle après tout, enfin, ce que diraient la plupart des gens, mais leur avis n’avait jamais eu d’importance pour elle. Ce qu’ils appelaient « artificiel » avec hypocrisie, elle le nommait « la base ». Celle qui faisait toute la différence, quoi qu’on en dise.

Tous avaient beau dire, faire bien comme il faut pour être bien vu, ou passer au « mieux », mais la beauté de tous temps avait été une arme sans pareil jusqu’à la plus primaire des espèces vivantes. On donnait de l’hospitalité à un foyer en l’embellissant d’artifice, on sublimait des courbes ou des traits avec fourberie, là encore, de l’artifice, les exemples étaient nombreux et sans fin… Et on osait lui dire que c’était elle qui avait un esprit qui ne tournait pas rond ? A la différence de ceux qui trichaient, la fille modifiait le tracé du destin sur son être qui ne lui avait pas convenu. Certes, c’était plus radical que tous les autres quand on observait de près ces méthodes, mais de là à en dire que c’était une faute…

Les hommes étaient de mauvais juges, souvent emprisonnés dans des principes ou des qu’en dirait-on, ou alors pas assez clairvoyants pour aller au-delà des détails, souvent, ils se contentaient de peu, définitivement pas assez pour elle, d’une image. Ils étaient agaçants, en rien utile définitivement dans sa quête. L’Hayashi avait beau regardé son miroir et guetter son reflet, celui si était incapable de lui répondre quand elle lui quémandait une réponse simple qui n’était jamais celle qu’elle attendait était évidemment. Non, à la place c’était son esprit à elle qui la tourmentait trouvant inlassablement un point où la tourmenter, elle n’était pas objective, difficile ainsi de se perfectionner, c’était là tout le problème… Son but dans la vie qui prenait l’eau, cette impression de couler par le fond, c’était détestable. Impensable pour elle de continuer ainsi, fou ou pas, elle était là.

-Le collectionneur.

Un murmure dans le vent inexistant ici, l’oiseau avait parfaitement donné le change à son service, peut-être trop, un mauvais négociateur. Tant mieux pour elle ? C’était vite dit. Le rôle lui avait semblé simple, se contentait du rôle de la proie, mais elle n’aurait jamais cru que c’était aussi compliqué au fond ! Son iris noisette ne considéra l’intrus que quelques secondes, qu’une façon de savoir si c’était le bon ou pas.

-Je veux la voir, contre mon nom qui se dévoilerait, un bon marché non?...

Rien de gratuit, jamais, nulle part. Mais tout ne se négoçiait pas.

On avait peur de ce qu'on ne connaissait pas, des paramètres inconnus souvent attisés par un espoir comme cadeau qui tomberait du ciel, des illusions à l'origine du sentiment qu'il venait de nommer, mais la fille n'en avait pas. Pas assez folle ou rêveuse faut croire trop terre à terre, ici qu'eux, elle, lui. Pas de chance ou l'inverse peut être ou l'inverse. Avancer c'était bien, courir inlassablement pour rien... Beaucoup moins.

Aussi à l'instant où le froid glacial avait parcouru son échine en annonçant le glas d'une fin,la fille avait cessé de penser à la fin de son voyage au vote de l'oiseau préférant profiter du chemin qu'il restait même court. D'ailleurs un oiseau encore, mais regardez le, il voulait l'enterrer déjà.

-Quelle bête ingrate.

Commençait-elle par répondre en regardant l'hiboux sur l'épaule de celui qui étreint ait don cou. Pourtant aucune rancoeur dans l'échos de sa voix, même un rictus en coin, elle n'avait jamais eu d'affection pour les animaux domestiques, dénaturés. L'exemple parfait de sa société, de son monde, se forçage dans un moule. Elle grimaçait, mais pas tant par sa situation actuelle entre les griffes d'un predateur, mais celle générale encore plus étouffante sur la main sur sa gorge. Bien sur, malgré l'envie tenace, elle se retenait de tenter la négociation sur son silence, comme si il y aurait eu matière à le faire.

La collection? Pourquoi voulait-elle la voir, la réponse dans son esprit donnait comme une évidence, une que nul autre qu'elle ne pouvait deviner. Attentive, elle écoutait, elle n'avait rien de l'animal non, lui il n'avait qu'à suivre sa voie sans réfléchir, un cycle de vie ou se nourrir, survivre et assurer la continuité de l'espèce était écris d'avance. Pas d'accroc de prévu, la simplicité. Dans son cas à elle, trop de voies à suivre, trop de choix et le drame, aucun qui convient. Deux doigts pour en écarter à peine deux autres qui serraient trop fort. La fille avait horreur de déformer sa voix. Si n.avait pas d'importance pour l'assistance, ça en avait pour elle.

-Attention, je crains que ne t'amuse. Je ne suis pas ici pour me lier à l'oiseau que j'ai suivi. Ce n'est pas d'ailleurs ce qui a motivé mon déplacement, encore moi mon travail sur leur arbre. Tout ça n'avait pas beaucoup d'intérêt pour moi...

Il était vrai, que pourrait elle faire d'eux? Cependant l'animal mieux que son perchoir humain avait su la cerner. Encore qu'elle mentait un peu pour le coup, elle respectait la malice du négociateur au beau plumage, un qui avait été meilleur qu'elle pour le coup. Zut, il n'y avait pas encore quelques minutes elle se croyait à cette place, elle avait perdu, mais pas goût amer, c'était tout bénéfice à l'instant où toute son attention c'était figé sur la découverte du ´mirroir'.encore fallait il l'amener à remplir sa fonction, après tout, elle et l'oiseau qui le désignait comme tel, mais lui? Le seul à pouvoir décider. Pourquoi elle voulait la voir...?

-La rumeur dit que tu possèdes les beaux visages dans ta collection. Je veux voir les critères de ce qui me semble le mieux correspondre à la neutralité. Ce qui compose la perfection. Si tu es différent au final ou pas.

Un miroir qui avait mieux qu'un simple reflet. Trouver ce qui lui manquait, à force de tout changer, tout retoucher, on pouvait craindre de tomber dans l'excès, de tout gâcher... Il avait tort. La fille avait peur, mais pas de lui, pas de son sort, mais d'elle.

-Montre la moi.

Kenji ? Le regard de bois quittait l’oiseau qui voulait sauver sa vie pour se porter là où l’animal fixait, la silhouette aux trois yeux verts, l’Hayashi ne l’associait pas à ce nom là et que l’oiseau le fasse, la surprenait pas mal. Un nom tristement célèbre, un qu’on aimait toujours autant. Peut-être ce qui la dérangeait le plus à cet instant, pas de Kage devant elle, ça non. On’ lui l’était, à ce souciait des autres avant sa propre vie, elle le devinait aussi sous le sobriquet de celui qui joue, ça lui allait bien, la notion de troupeau pour elle… Beaucoup moins. Pas sûr que l’Hokage sache apprécier ou cautionner tout ce qu’elle faisait, fort heureusement, son manteau de mouton était des plus perfectionnés et l’ombre de KOnoha avait d’autres chats à fouetter.

Jusque là, elle était resté attentive, écoutant et observant, comme si elle cherchait quelque chose, après tout, c’était ça son marché avec l’Hiboux, un reflet dans un miroir, mais un qui ne mentirait pas. Exactement ce qu’il fit peut-être même sans avoir réellement compris qu’il avait joué le jeu pour ce rôle. Il lui disait de partir. Elle fixa l'oiseau, pourquoi l'aidait elle pourquoi vouloir la sauver. C'était ridicule, les hiboux avaient été plus malin, tant pis pour elle, il fallait savoir perdre, même si la fille détestait ça. Pourtant, L'oiseau contestait la sanction de sa défaite, parce qu'elle avait sauvé son arbre?

-Oiseau, quel est ton nom ? Je n’ai jamais aimé la notion du cadeau, tu as déjà payé la survie de ton arbre, alors me voilà créditée d’une vie envers toi, tu viendras chercher ton dû un jour alors…

Sur ce point, pas d’illusion, toujours on finissait de la même façon même quand on voulait « offrir » on attendait en retour que cela soit dit ou non, cette règle n’avait jamais gênée l’Hayashi qui vivait au jour le jour. Rien aujourd’hui même qui contrariaient ses plans, elle n’en avait pas… Si ce n’était des envies soudaines à assouvir avec logique ou non. Là elle avait bien perçu le temps vide dans la conversation. Un miroir cassé, c’était vraiment pas de chance… Enfin, cette vérité était mieux qu’une autre, plus réelle que désirée, la fille perdait le paisible de son visage, elle grimaçait. Pas l’option qu’elle préférait, pourtant c’était la meilleure qu’on aurait pu espérer, tous n’avaient pas eu cette chance, le moment où jamais de sauver sa vie… Alors quoi ?

-Si tel est ton désir, soit. Partir d’ici ne me gêne pas Collectionneur, après tout, je veux la voir et si cette terre est sacrée pour eux, l’était-elle pour toi ? Elle ne peut pas être ici, ça serait la partager avec eux… Alors que qu'il ne semble être qu'à toi ce trésor là...

Qui elle croyait être, une question à laquelle elle n’avait pas offerte de réponse. Peut-être parce qu’il n’y en avait pas, l’Hayashi n’aimait pas croire, elle aimait voir. Pour ça que la collection l’intéressait autant. L’important d’une collection ce n’était pas tant son contenu, mais ce qu’elle inspirait en étant observée.

-Il est plus intéressant de découvrir que d’obtenir les réponses, ne penses-tu pas ?

Elle jeta son regard dans les yeux immenses de la bête sur l’épaule de l’ombre de cette forêt, ainsi elle pouvait lire à quel point l’animal voulait qu’elle disparaisse, le même regard que ceux qui comprenaient, qu’il en soit ainsi alors…

-Tu ne veux pas ? Pas que je vois ce que tu cherches à sauvegarder de toi à travers elle, ou alors tu es juste trop possésif pour partager quoi que ce soit.

Partir et survivre étaient les meilleures options… Pour les autres, pas pour elle, c’étaient les pires.