L'explosion venait d'avoir lieu, la dernière partie de ce premier plan était achevée. Je connaissais les risques liés à tout ceci autant pour moi que pour le village. Je n'exprimais aucun contentement quant à cette action, je n'avais aucun plaisir à édifier cette opération, et encore moins à tuer deux personnes que je considérais comme étant mes amis; mais j'avais une nouvelle vision des choses, plus réaliste, presque à l'image de celle de mon grand père...

Maintenant une ère de renouveau allait recouvrir le village, et la nation. Parfois il nous étions obligés de détruire pour mieux reconstruire. Ces trois conseillers étaient le premiers du village, mais pas les derniers. Même si je souhaitais jouer la transparence auprès du peuple de Suna, je ne le pouvais. Nombre d'entre eux ne comprendrait pas cet acte, à l'image de Yogan.

D'ailleurs, je n'étais non plus spécialement heureuse à l'idée de l'obliger. J'aurais pu l'éliminer, mais lui... Je ne pouvais simplement pas. Je ne doutais que les fiers Sunajin tenteraient de comprendre toute cette affaire, de trouver les responsables et de leur faire payer, mais il était impossible, ou presque; qu'ils le découvrent. Les membres de l'unité étaient tous des experts en infiltration, en dissimulation; ils maniaient l'art de la supercherie avec un brio tout particulier. Cependant, j'avais commis une seule erreur : ces ninjas faisaient tous partis du Kakumeigun...

Mes certitudes quant à une première enquête sur tout ceci furent confirmés lorsqu'une Kunoichi, Suzuka; que j'avais déjà rencontrée et dont je connaissais l'un de ses secrets; vint à ma rencontre alors que les flammes rongeaient encore les murs éventrés de l'aile Ouest de l'hôpital. Les deux jônin à mes côtés, Yogan et Anabi la laissèrent m'adresser la parole. Un seul leur suffit pour comprendre. La jeune femme m'adressa la parole avec toute la déférence possible, la même dont faisait preuve Kibo.

Des enfants de bonne famille me persuadais-je, éprouvant du respect pour la fonction, et peut être même pour la personne. Sa phrase, ou tout au moins sa question me surprit. Elle n'était pas nette, sans cadre ni limite. Elle pouvait parler de tout et de rien, mais compte tenu des circonstances, il y avait fort à parier qu'elle fasse allusion à cette nuit. L'espace d'un instant je me demandais si elle avait déjà compris ce qui s'était passé.

Mais rapidement la réponse à mes interrogations et inquiétudes fut : non. Les Saibogu étaient très intelligents, pour le pas dire brillants, mais de là à équivaloir un Nara de Konoha... Non, simplement : non. Je lui demandai de se relever -je n'aimais pas qu'on s'incline devant moi- et formulai une réponse réfléchie et à l'instar de sa question, claire.

"Si on te questionne sur tout ceci, tu n'auras qu'à répondre sincèrement. Mais, à moins que tu sois complice de tout ceci, tu ne devrais rien avoir à craindre; me tromperais-je ?"

Evidemment, je faisais allusion à notre première rencontre où j'avais appris qu'elle avait été marquée d'un "F". Je supposais qu'elle ferait attention au déroulement de son enquête, après tout personne ne savait ce qu'elle était, officieusement un serviteur des Furyous. En tant que tel, elle pourrait être soupçonnée... Mais j'étais sûre qu'elle y avait pensé. Les Saibogu étaient brillants.

Je l'écoutais avec une attention particulière, la jeune femme avait déjà eu le temps de peaufiner de telles hypothèses en aussi peu de temps et surtout juste après la chaîne d'événement que nous connaissions ? Je devais admettre qu'elle m'impressionnait, même si certaines de ses paroles semblaient logiques, elles ne l'étaient pas pour autant. C'était à cet instant que sa faible expérience du monde extérieur jouait à la desservir. J'observais les hommes et femmes s'évertuant à éteindre l'incendie, la difficulté qu'ils rencontraient face à ce brasier était toute aussi logique. Je fis un signe, un clone apparut puis il alla rejoindre les Sunajin dans leur tâche, il déroula un parchemin en réalisant quelques signes, et la plupart des flammes furent simplement absorbées, réduisant drastiquement la taille de l'incendie. Je reportai mon attention sur mon interlocutrice.

"Procédons point par point. L'intrusion dont tu parles a eu lieu il y a de cela plusieurs mois, les conseillers ont été déplacés; mais ils ont regagné leur logement par la suite. Le danger semblait écarté. La sécurité du village a toujours été la même. Suna ne pouvait pas se permettre de focaliser sa surveillance sur trois personnes, aussi importantes fussent elles, justement par sécurité envers le village tout entier. Il me semble que les gardes sont intervenus dans les minutes qui ont suivi. D'après mes observations, les trois quartiers ciblés ont été touchés et ont subi des dégâts conséquents, mais il est évident que l'objectif de tout ceci était de supprimer la direction du village. J'habite moi même dans le quartier d'Ohatsu. On a recensé vingt-cinq blessés parmi les civils, certainement davantage et peut-être même des disparus, et trois morts.."

Je m'interrompis quelques secondes afin de surveiller l'incendie qui s'amenuisait de minute en minute. Les flammes n'avaient pas réussi à gagner l'autre partie du centre médical, c'était une bonne chose. Voyant l'avancée des ninja je me retournai vers la Saibogu et lui accordai de nouveau mon attention, reprenant ma phrase là où je l'avais laissée.

"En ce qui concerne l'hôpital, peut être était ce dû à l'adrénaline, mais vous n'étiez pas seuls à assurer sa surveillance.. Je ne pouvais permettre que d'autres Sunajin se trouvent à proximité d'eux, c'est triste à dire, mais dans le doute j'ai préféré prévoir cette situation plutôt qu'une autre. Cet endroit était une cible logique, et on ne sait pas si le village est maintenant en sécurité, y a t il encore des bombes dans les endroits stratégiques ? Que ce serait il passé si nous les avions amenés au Kakumeigun ? Nuls ne sauraient le dire. En revanche, pour ce qui est de l'organisation de cet attentat... Le village a des ennemis, les conseillers en avaient certainement aussi, et j'en ai peut être davantage encore. Des déserteurs, une nation jalouse, un groupe de dissidents, une organisation anarchiste, des traitres, des espions et bien d'autres entités pourraient avoir fait ça."

Ou L'Unité et son chef le Kazekage. Cette jeune femme était pour moi l'exemple parfait du pourquoi ce genre d'affaire, l'existence d'une unité secrète et les secrets ne pouvaient être dévoilés au grand public. Certes un jour ils apprendraient comme pour tous les autres Kazekage, mais j'osais espérer que tout ce qui allait découler de cet événement tragique permettrait une meilleure compréhension de l'acte. Mais en attendant, la dissimulation était la meilleure des options, jusqu'à ce que je les juge suffisamment matures pour accepter la réalité et la vérité de ce monde. En effet, comment pouvais-je expliquer que la seule façon de congédier un conseiller était de l'éliminer ? Impossible.

"Ce qui serait étrange; serait de ne pas s'interroger sur ce qui s'est passé cette nuit et il y a quelques mois à Suna. Se poser des questions sur ces événements devrait nous conduire, en théorie, jusqu'au coupable, non ?"

La Saibogu, dans ses questions, montraient une certaine lucidité. Mes réponses étaient toutes aussi logiques bien qu'assez évasives. En même temps je ne pouvais pas me permettre de lui répondre précisément. Je n'étais pas assez stupide pour dévoiler ce plan, ses tenants et ses aboutissants. De plus, c'était une genin elle devait déjà s'estimer heureuse que je lui accorde du temps, même si en principe je donnais de mon temps à tout le monde, peu importe la provenance, peu importe le grade.

Une enquête, j'allais les inciter à en mener une sur cette affaire, qu'ils soient genin ou juunin; ceux parvenant à découvrir le fin mot de l'histoire présenteraient alors les capacités de rejoindre le Kakumeigun, ou l'unité. Mais je doutais qu'ils fassent si facilement le lien cet attenta et l'existence d'une unité dirigée par leur Kazekage. Nombre d'autres étaient envisageables avant d'en arriver à cette dernière. Les Sunajin n'étaient pas les seules personnes de notre monde à connaître certains secrets de Suna.

En effet, il serait plus logique de penser à un groupe extérieur au village, nous avions affronté par le passé un déserteur voulant s'en prendre aussi bien à moi qu'au conseil. Kyoshi Rei semblait aussi être une bonne piste, et bien que les Furyous n'agiraient probablement pas de la sorte, leurs serviteurs pouvaient, eux; en être la raison, après tout nous ne connaissions pas toutes leurs motivations en dehors de Makka. Oui, cette attaque du conseil pourrait provenir de n'importe qui, de n'importe.

Et les raisons pour lesquelles elle aurait été fomentée étaient toutes aussi nombreuses. Infliger un coup à Suna et au pays, une vengeance personnelle, un attentat non revendiqué ou la mise en place d'un plan plus vaste visant au développement du village... Qui pouvait savoir, à part moi ? Je me doutais qu'avec le temps cette affaire serait classée et planerait comme un fantôme sur le village. Les ninjas que j'avais recrutés ne pouvaient pas parler, et j'étais la seule à détenir la vérité. Je l'emporterai certainement dans ma tombe.

Enfin, elle avait raison, d'abord découvrir le pourquoi avec le par qui. C'était un bon début.

"Le pourquoi... C'est une bonne question. J'ai mes idées sur ce sujet et elles risquent de ne faire plaisir à personne. Enfin, quoi qu'il en soit; toi autant que les autres ninjas de Suna, serez écoutés, si vous avez des hypothèses... Bien, je te conseille de prendre du repos, les jours qui arrivent vont être mouvementés. Des équipes ratissent le village à la recherche d'éventuels indices. La situation est sous contrôle pour le moment. Je vais m'assurer personnellement que Suna soit en sécurité cette nuit. Nous en saurons plus demain."

Je savais que le village ne risquerait rien de plus, à moins que je ne joue de mal chance. Enfin je devais continuer de prolonger l'illusion, afin de protéger l'unité, et rassurer la population. Des ninjas s'occupaient des civils violemment réveillés cette nuit. J'allais donc partir pour une ronde, mais avant que je ne m'éclipse, j'ajoutai quelques mots. J'étais habituée à ce genre de choses, à la mort et tout ce qui l'entoure... Cela ne me faisait malheureusement plus sourciller.

"Tu sais, ce n'est pas parce que je semble impassible que je ne ressens rien, je suis juste habituée à voir des amis mourir de façon brutale. Aujourd'hui ce sont les conseillers, Demain ce sera peut être mon frère... Qui sait ? Enfin, je ne peux pas m’apitoyer, me morfondre et pleurer à chaque disparition... "