[Phang rencontra Ori lors d'une de ses missions rondement payés par Suna. Tombés fous amoureux l'un de l'autre, cette union resta néanmoins secrète. Il n'aurait pas faut bon dans un climat aussi difficile, d'unir une grande maison de Kaze no Kuni à des mercenaires. Afin de cacher la couche d'Ori, on l'éloigna du village avec des prétextes politique, et l'aide d'un membre du clan Yamada. Phang décida alors d'emmener le fruit de son amour dans les montagnes qui l'avaient vu naître.]

Les montagnes perlaient à travers le voile laiteux du ciel, comme des rochers qui seraient montés là haut par magie. Une magie féerique inégalable, incomparable, et que ne comprenaient pas les gens cloués au sol. Il faut une certaine dose de folie et de talent pour partir à l’assaut du massif de Yuki no mi. Et surtout beaucoup de chance si l'on était pas habitué de ses reliefs … Tant et si bien que la plupart des habitants du village évitaient cette partie du monde pour se concentrer sur leur propres problèmes. Grâce à cette défection de leurs semblables, les montagnards qui étaient restés sur leur cailloux stérile et inhospitalier n'avaient jamais connu la guerre au sens humain du terme ; Ils se battaient tous les jours contre le froid, les engelures, le manque de nourriture et les bestioles pas commodes séjournant là haut ; Ils se battaient tous les jours contre une montagne sans pitié aucune, bien décidée à chasser la moindre trace humaine à grand renfort d'une pluie traître et verglaçante, de grêlons plus gros qu'un poing et de tempêtes plus effroyables les unes que les autres.
Dans cet endroit oublié des hommes civilisés, la neige recouvrait tout sur des kilomètres, puis le soir venu, recouvrait tout encore. Tous les matins, ceux-du-grand-nord devaient lutter contre l'invasion cristalline afin de sortir de leurs huttes, et ne plus se fondre dans le paysage. Une guerre sans fin qu'ils ne laisseraient pas infructueuse, à n'en point douter.

Ceux qui habitaient étaient têtus, arrogants et hostiles, mais aussi courageux, tenaces et inébranlables. Il paraît que lorsqu'un montagnard naît,on le laisse dehors une nuit pour voir s'il est assez fort pour survivre. Des légendes comme celle-ci, il en existait des tonnes dans Yuki no Kuni. Des contes pour effrayer les gosses, et qu'ils ne s'approchent jamais des montagnes escarpées de leurs pays. Des contes pour effrayer les ninjas, que nourrissaient les plus malins de la montagne à chaque fois qu'ils descendaient pour affaire dans le petit village. Vu comme ils étaient édentés, abîmés et grognards, c'était facile. Et ainsi allait le monde, la guerre loin de ce coin inhospitalier du globe.

Une pousse pourtant, tenait à grandir sous les vents et les monts d'Igushi (nom de la montagne, ndlr)
Ken Phô. Ignorant tout de son passé, mais décidé à conquérir son avenir. Un gosse de cinq ans comme on les faisait plus dans le petit village (il faut dire que les enfants avaient disparu en même temps que la guerre était apparue), et qui était devenu comme un petit trésor pour les vieux briscards du nord. On pourrait croire qu'il fut choyé et élevé dans l'amour, mais c'est mal connaître l'amour des Nordistes. La tradition ancestrale ne laissait pas de place pour les traitements de faveurs, et il fut élevé aussi durement par son oncle que tous les autres. Dès son plus jeune âge, on lui apprit à chasser, à construire des armes diverses et variés, comment survivre dans la montagne et se repérer dans des conditions extrêmes. Chaque jour, sa vie pouvait prendre fin, mais Ken ne le savait pas, l'esprit obscurcit par la jeunesse.

- KONWABONGA ! Lâcha une voix fluette dans la montagne.

Elle se repercuta sur tous les versants, déplaçant même quelques plaques de neiges. Une si petite voix avec de si grand pouvoir ne pouvait appartenir qu'à un de ses montagnards. C'est sans surprise qu'on vit pointer le bout de la frimousse à Ken, prenant de plus en plus de vitesse. Perché sur une planche en bois le jeune homme esquiva un rocher, penchant tout son poid sur l'avant de la Yukibord pour aller encore plus vite. C'était ça ! Ce sentiment là qu'il recherchait depuis l'enfance … L’adrénaline coulait à flot dans son corps et il lui semblait pouvoir déplacer des montagnes ! Et c'est ce qu'il faisait … Se retournant vers un bruit inquiétant, il vit la neige dévaler sa piste comme un poursuivant voulant lui faire la peau ; Rien qui ne pouvait effrayer le grand Ken Phô. Il connaissait un chemin de traverse qui lui éviterait d'être avaler par la poudre blanche. Ce démon assoiffé n'aurait pas sa peau aujourd'hui. Coupant vers un massif de sapins plus haut que six hommes empilés les uns sur les autres, il zigzaga à travers les branches : C'était la partie facile. Puis vint le saut, un barrière rocheuse de trois mètres de haut. Sans défaillir, Ken abattit tout son poids sur la planche et prit contact avec la neige tassées qui débordait sur la roche. Ouf, sauvé, s'autorisa-t-il de penser quelques secondes avant d'être absorbé par la beauté de son coin. Chaque jour laissait une nouvelle empreinte sur la montagne, et chaque levé de soleil devenait alors unique. Il chérissait autant ce phénomène que son vieil oncle Kitami.

- Oh merde, j'ai oublié le fagot … Y vas m'dézinguer la bille le tonton !

Tant pis, il était reparti pour quelques heures d'escalade en plus, c'était tout … Eh ouai, c'est ça le secret des montagnards : Ils ont plus peur de leurs ancêtres que de la montagne. Y faut dire qu'on leur apprend ça assez durement, si jamais l'envie de défier l'autorité venait à prendre un jeune. Dans ce coin reculé, il n'y avait pas de protection de l'enfance, ou de bienséance. Juste la sanction, dure mais juste. Et personne pour grincer des dents, ou cracher sur quelques claques. On apprenait aux petits que la vie était pas facile, mais qu'il fallait endurer ... Oui, oui, comme les punitions de papa. Bon, là ou Ken n'avait pas de chance, c'était d'être le dernier enfant connu d'Igushi. Du coup, on s'y donnait à cœur joie pour l’élever dans le village ... Son cul s'en souvient bien assez. Il se souvenait que quand son oncle le punissait, c'était un peu tout le village qui le punissait ... avec toutes les conséquences que cela amenait (souvent des bleus et des contusions). Remarquez, Ken était pas malheureux de ce traitement (il parait que quand on a toujours connu ça, on peut parfois même y prendre goût, la chance !). Il savait que c'était pour son bien, car la montagne n'acceptait aucune erreur ni excuse, elle.

Bon, pour un gamin de dix ans, quelques claques sur les fesses c'est pas grand chose (dépends de la taille des mains peut-être ?). Pour les adultes cela devient tout de suite une horreur, de la violence à l'état pure. Eh oui ma bonne dame, les montagnards sont violents. Et Ken ne dérogeait pas à la règle ... Ayant apprit que la pitié était une faiblesse, et que si tu ne tuait pas en premier, c'était bien souvent que tu était mort. A force de côtoyer des créatures sauvages avec plus de crocs que de bouche, et plus de griffes que de doigts, on devient sceptique sur les pacifistes. La nature est dure, la nature peut te tuer plus facilement que les hommes. C'était les mots que se répétait le cœur encore tendre de Ken lorsqu'il devait planter une flèche dans un daim ou une biche.


[N.B : Le sujet de ce flashback traite de l'enfance de Ken, et du pourquoi-comment il a été élevé dans les montagnes, dans le secret et sans savoir qui sont vraiment ses parents]