La fin de journée, souvent le meilleur moment pour que les yeux de la Bakushô s’ouvrent, c’était le moment qu’elle préférait, enfin parfois, quand il désignait que c’était la fin du boulot, malheureusement, trop souvent ça annonçait le début de la prise de service. Cette fille était patrouilleuse dans ce village depuis presque aussi longtemps qu’il existait, pourtant toujours genin. Faut dire qu’elle faisait aucun effort. Elle aimait bien faut croire son petit train-train tranquille. Les grandes quêtes, la mort héroïque, les risques... Pas son genre.

La kunoichi finissait la longueur de sa route, dans le mille, en patrouille, pas de bol cette fois, le boulot qui la retenait, comme souvent, m’enfin, c’était pas ce qui l’empêchait de passer de bonnes soirées, ni même de glander, le taf est facile quand on est habitué. Malgré l’hivers il faisait plutôt chaud déguisé comme ça... un mouvement de doigts pour dégraffer le col de sa veste de shinobi, puis en suivant, la main se perdait dans une poche... vide.

-Hum?

Elle pouvait voir ses doigts au bout de sa poche, sa main traversait... Arf, un trou.

-Fais chier.

Plus de clope, plus de ryos, plus de feu, encore que, le dernier élément était pas très important pour le coup sans matière première à crâmer. La fille était en général de nature plutôt «cool», à pas s’énerver, à tout prendre légèrement, mais quand même débutait une journée sans pause clope, sans pause thé ou café, c’était plus des pauses quoi ! Grognements en continuant sa marche pour le coup, son humeur s’en resentait quelque peu, pire encore quand on la narguait, une douce odeur qui rappelait son addiction en manque flagrant, une douce fumée qui pourrait prendre forme d’une main lui faisant signe de la suivre d’un air aguicheur... C’était tout comme en tout cas.

Elle armait son plus beau sourire en guettant l’origine de son envie grandissante, y avait encore pas mal de monde dehors encore, ça ne durerait pas, le moment ou jamais pour agir. Trouvé ! Une silhouette haute, imposante et la belle de vie qui dévoilait ses saveurs dans l’air, un bon tabas sûrement, l’air de rien la brune fit le tour pour arriver de côté après l’avoir scruté rapidement, sa tête lui disait quelque chose non? Quasi sûre qu’il s’agissait d’un confrère kumojins.

-Bonsoir ! Excusez moi de l’approche un peu rustre, mais... Je peux avoir une bouffée?

Un index désignait la cigarette entre les doigts du sauveur, peut-être qu’il fallait justifier ça. La fille démontrait en visuel le trou dans sa poche...

-Petit incident technique qui me prive du plaisir ce soir... Me voilà bien embêtée.

On perdait rien à demander en général.

Il lui ouvrait les portes du paradis. Quoi ne faut pas exagérer ? C’est moi qui commente, je dis ce que je veux ! Bref, de toute pour la brune, c’était presque ça, vous n’imaginez pas ce que c’était d’errer dans un village au final calme, on s’ennuyait vite et alors si en prime on perdait la source de réconfort. Autant se pendre. Peut-être pour ça qu’elle lui rendait un si beau sourire en accompagnant son remerciement.

-Enchantée Mihawk, Miaë pour ma part, une Bakushô.

Il n’allait pas lui dire deux fois, d’autant que son simple nom avait resitué le visage de l’homme dans sa mémoire, intéressant tout ça. A peine quelque seconde pour virer sa veste de shinobi et la transformer en coussin, la voilà installée à profiter d’une longue bouffée qui sortait de son nez, un dragon… Voilà un mot qui aurait pu la décrire… Parfois.

-Je préfère aussi être seule, en général on réfléchit la clope au bec, toujours plus dur quand on nous parle.

Bon au pire, si elle se faisait prendre à ne rien faire, elle aurait une excuse, pour une fois, puis techniquement, elle pouvait surveiller l’endroit, ah si toutes les patrouilles pouvaient être comme ça. Enfin cependant, même si il aurait été simple de juste profité de l’instant, la brune ne pouvait s’empêcher de s’armer de sa mine mutine et d’un ton taquin…

-C’est le genre d’activité réglementaire pour les assidus shinobis de Kumo ça ? Votre journée a été si dure que ça ? La mienne commence à peine en fait.

Et ça commençait fort, enfin plutôt l’inverse. Malgré toute la curiosité du monde qui l’habitait à ce moment, la fille tentait de se contenir, on en entendait des vertes et des pas mûres sur ce type, mais en fait, il avait l’air… sympa. Peut-être pour ça qu’elle l’était aussi.

-Vous voulez me raconter ? Votre dure labeur j’entends, à moins que vous ayez en tête un sujet plus intéressant que ça.

Enfin, s’il lui parlait politiquement ou trop sérieusement, pas sûre qu’elle sache lui offrir une oreille attentive, du coin de l’œil, elle jetait un regard dans son iris doré, tient, c’était rare qu’elle trouve la même couleur d’iris qu’elle. A nouveau le souffle du dragon et encore une question, ce n’était que le début, l’homme ne savait pas encore dans quoi il avait mis les pieds.

-Elle a bon goût, elles viennent de Kumo ?

La cigarette bien sûr.

Elle était comme une enfant devant un tour de magie et c’était encore plus envoutant que ça englobait un de ses plaisirs addictif. Attentive, la brune en oubliait de fumer, la cendre ainsi se perdait sur sa cuisse, pas important, elle ne s’en était pas rendu compte, en temps normal, elle aurait ragé après celui qui lui aurait fait commettre un blasphème pareil envers son culte de la sainte bouffée.

-Un artiste…

Laissait-elle glisser du coin de ses lèvres étirés, ça il ne pouvait pas le savoir, mais c’était de loin, le meilleur compliment que le spécimen en face de lui pouvait faire. Le clan du papier, comme c’était pratique tient et artistique, étrange qu’il n’y ait pas de lien avec le sien… Mais subitement, ça lui revenait à l’esprit… Chez elle, ils étaient plus du genre « tout péter » que comme elle, à aimer admirer.

-Ton talent alors qui leur donne cette saveur si particulière… Arf, faudra que je te cours après pour en avoir de nouvelle bouffée !

Ça la faisait rire et l’autorisé à être familière, il n’allait pas le faire deux fois, plutôt cool pour un chef de clan, le sien à elle. Aucune comparaison à faire, un con. Quant à la journée du brun, très vite la Bakushô l’imagina pompeuse, quel plaisir qu’il leur ait épargné à tous deux d’avoir à faire semblant de s’intéresser tout en résistant aux bâillements. La discussion ne s’achevait pas pour autant bien au contraire.

-Eh bien disons que je trouve ça fatiguant de ne rien faire et les patrouilles c’est un peu tu vois, brasser de l’air.

Elle levait les yeux au ciel agacée, sa faute après tout de ne jamais avoir fait l’effort d’évoluer, la sienne aussi qui faisait virer à la farce même les situations les plus sérieuses, elle n’avait pas à se plaindre, ce n’était pas ce qu’elle faisait au fond, juste au réveil, comme là, elle s’avérait grognon. Mais ça ne durait pas longtemps.

-Hey, mais attend, quel escroc ! C’est ton quartier ici et c’est une Bakushô qui doit le surveiller ? C’est du joli M.le chef de clan !

Voix taquine, s’il le prenait au sérieux, la kunoichi serait mal, mais vous pensez bien que ça ne lui était pas passé par la tête, bien au contraire, elle allait surenchérir. Pour pas changer.

-Donc techniquement, ici si c’est toi le patron, t’as le pouvoir de rendre ma soirée plus attractive. Allez, allez je t’écoute, sois imaginatif et agrémente ma mission de patrouille par une annexe dans cette dernière plus intéressante, que contempler le paysage et marcher des heures j’entends.

Tranquille ? Tranquille. Et puis quoi encore ? Cette fille ne changerait jamais, son culot était sans faille, peut-être pour ça qu’elle ne se privait pas de piocher dans le paquet fraîchement rempli. Ses doigts glissaient sa prise au-dessus de son oreille.

-Je garde celle-là en souvenir, si ça te gêne pas.

Une fois qu’elle s’en était faite propriétaire hein…

Sue le coup, un instant, un seul, la kunoichi aurait pu prendre ça pour une remise à niveau, un sourire lui confirmait que ce n’était qu’une blague... Ouf ! Elle répondait au tac au tac quand il parlait de quadrillage…

- Ouais enfin, tant qu’on ne se prive pas de nos bonnes compagnies, ça ne change pas grand-chose à l’affaire.

Le rire, s’était contagieux, comme le manque de sérieux faut croire. L’homme parlait de hauteur et comme pour illustrer ça c’était le sourcil de la fille qui remontait curieuse comme il l’avait rendu. Ah s’il savait son « chef » comment elle était habituée aux hauteurs, de là qu’elle fichait un boucan monstre dans Kumo pour s’entraîner ou simplement se faire plaisir avec ses feux d’artifices… Bien sûr, elle se gardait de le dire en le rejoignant.

-Tu confirmes ton statut de magicien.

Il va de soi que la brune n’allait pas se faire prier et c’était avec un intérêt certain que son regard jonglait sur les différentes marches qui s’effaçaient à la suite de leurs pas pour faire se poursuivre la création de l’escalier, ça avait aussi un côté inquiétant puis l’altitude se faisait… Pourtant être en hauteur ne l’avait jamais défrisée, mais c’était quelque peu différent cette fois, le support qui les retenait, il dépendait d’un autre qui en avait le contrôle. La nouveauté, elle ne détestait pas ça, juste que pour quelqu’un qui avait tant de mal avec le travail d’équipe, s’en remettre à un tiers… C’était compliqué. M’enfin, ç a ne l’empêcha pas à bonne hauteur de prendre ses aises pour s’asseoir sur une marche, faut dire, la vue était belle, pour une bonne raison.

-Je n’avais jamais vu Kumo sous cet angle-là, ‘fin je suppose que t’as une sacrée réserve de chakra, pas besoin de redescendre trop vite.

Déjà parce que pour le coup, sa vue couvrait tout le secteur, pratique, en prime de là-haut, une paix royale et en bonus, idée tordue qui germait dans sa tête avec le jour qui tombait, c’était qu’elle aussi était une artiste. Puis en prime, elle avait fini sa clope, fallait bien qu’elle occupe ses doigts et son bec à autre chose, quelque part, c’était générateur de fumée aussi.

-C’est marrant que tu parles des couleurs de la ville, figure toi, qu’un de mes passe-temps favoris, c’est de justement lui donnait quelques couleurs le soir tombé.

Ça la faisait rire, bon il y avait de quoi, bien que cela soit loufoque, c’était attractif, dommage qu’il y avait si souvent des réfractaires, enfin c’était peut-être qu’elle choisissait des heures trop tardives…

- Je ne sais pas si t’as déjà aperçu un feu d’artifice pas prévu au village… Bah, c’était moi probablement, je te montrerai quand il fera plus sombre. Sinon, trainé avec des genins en patrouille tu fais ça souvent ? D’ailleurs, prend pas ça pour de l’indiscrétion, mais j’ai eu l’impression de pas te voir pendant un moment, ce qui est assez étrange vu le nombre de tour de la ville que je fais à l’année. T’étais passé où ?

Trop loin ? Bah au pire il ne répondrait pas, dans le cas où…

-T’as une couleur préférée sinon ?

Il ne fallait pas plus de quelques secondes pour que le tube de papier rejoigne ses doigts, pourtant pas question de la griller tout de suite, disons qu’elle avait autant besoin de ses mains que de sa bouche pour la suite. Avant toute chose…

-Il est fameux ce côté-là de ton quartier… Sans vouloir t’offenser hein ! Tu devrais le refaire plus uniforme…

Elle disait ça le ton blagueur, mais le pensez vraiment, les architectures mélangées, pas à son goût, l’artiste aimait que les choses soient raccord… Enfin c’était une autre histoire et tandis qu’au final il cédait sans qu’elle n’ait à le titiller plus que ça, la brune préparait des billes argileuses pour la suite. Un verre ? Quelle bonne idée, c’était justement ce qu’il manquait, l’occasion rêvée de lui demander d’aller justement mettre le plan à exécution, mais manque de bol, il avait dû la voir venir… Un nukenin hein ? La brune avait du mal à retenir un petit rire… Ma parole, elle les collectionnait ou bien ?

-Et qu’est-ce qui t’a valu le statut de déserteur ? Si ce n’est pas trop personnel ma foi…

Cependant, très vite le sujet ne la passionnait plus du tout, quand il évoqua un lieu secret, captivant ainsi toute son attention ailleurs, le pompon revenait alors au volatile qui faisait une entrée majestueuse… La fille plongeait son regard dans celui de la bête orgueilleuse, un air de famille la frappait entre le maître et le familier… Son regard longeait le nez de l’homme, puis du coin de l’œil elle guettait le bec de l’animal… Pas que leur regard en fait. Bien sûr, aucun commentaire là-dessus, juste un sourire espiègle tout aussi parlant, mais bon…

-Gris… ? Le juste milieu… Cela se tient, moi c’est le doré de nos yeux, précieux, c’est une couleur qui fait rêver tu sais. C'est quoi son petit nom...?

Puis la question fatidique, où la brune ne faisait d’hausser des épaules, sachant qu’elle n’échapperait pas à une explication, mais comme il était plus plaisant de commencer par l’agréable, la Bakushô modela une création attentive aux détails du jeune faucon sur l’épaule du Hakushi, il voulait se faire remarquer hein ? C’était réussi. Sa réplique parfaite, mais en argile qui s’agitait sur le poigné de la fille. Un sourire satisfait en présentant son talent à elle, le faux volatile gonflait le torse comme le vrai, avant que sa créatrice ne le lance d’un mouvement du bras pour qu’il prenne de la hauteur, le regard de la fille ne le quitta pas alors, question d’en avoir son contrôle entier.

-Disons que, je ne suis pas très disciplinée. Pas très décidée à me conformer juste pour évoluer, c’est bien aussi Genin tu sais.

Tentative pour caresser l’oiseau, qu’elle aurait préféré ne pas effrayer… Puis elle fit un signe à l’homme pour qu’il regarde en direction de sa création, après quoi cette dernière éclatait dans un brouha significatif, laissant place à un océan d’étincelles grises, sombre et lumineux à la fois qui retombait dans une pluie lasse. Elle soupira…

-Tu vois, ce genre de truc que Kumo n’apprécie pas des masses, encore moins au milieu de la nuit…

Elle ricanait la garce en se vantant de sa connerie. Puis elle signait en prime…

-Ce verre ça te dit toujours ? Plus besoin de patrouiller, vu qu’ils vont tous courir partout pour me chercher, ton quartier non ? Choisi bien histoire qu’on soit pas dérangé, c’est ta faute après tout, assume !

Bah voyons.

Elle avait sa vie défilée en un instant, oui la brune adorait voler et pourtant la sensation de chute sur le coup était loin de la ravir, alors qu’elle agitait ses mains, bah oui, elle n’était pas encore sans ressource, merci Kumohime pour le coup ! Simplement, aucune utilité à cela, son réflexe avait semblé être stupide alors qu’une masse venait la réceptionner, elle laissa paraître une moue significative en s’accrochant comme elle pouvait sur le dos de la bête qui rejoignait son maître. Un à l’air triomphant, fais donc le malin !

-Franchement Mihawk ! Ouais…

Marmonnait-elle à peine en changeant de prise, parce que l’air de rien, elle avait un poil l’air ridicule dans cette situation dont le coupable se faisait maintenant enlacé avec fermeté, c’était que ça allait vite ces bêtes-là. Par chance, la vue à couper le souffle couper le sifflet de la brune pourtant à la langue pendue, mais alors que le calme c’était fait, voilà qu’ils remettaient ça, ces fous, l’oiseau plongeait, il y avait tout intérêt à avoir le cœur bien accroché et bien à un moment, la surprise faisait lâcher la Bakushô qui avait peine, s’agrippait au premier tissu, pas très discipliné ? Fou ouais ! Elle aimait bien… Lui en revanche, il aimerait beaucoup moins la position dans laquelle elle s’était retrouvé, enfin, celle de sa main plutôt mal placée pendant la descendante, heureusement qu’elle m’avait pas fait une emprise à la hauteur de la chute qui l’avait décoiffé…

Rapidement, elle esquiva sa paume du tissu de l’entre-jambe du brun… Qui semblait redescendre leur de rien, peut-être que c’était passé inaperçu, ouf. Elle soupira en descendant de là, la kunoichi n’avait jamais autant apprécié la terre ferme. La fille lorgna sur le tube enflammé, mais son ventre retourné lui refusait tout contact avec sa chose précieuse…

-Tu es fou…

Elle s’agrippait à son acolyte, quoi ? Peut-être qu’il avait l’habitude lui, mais elle là tout de suite, elle avait le vertige, la perspective de s’asseoir, déguster un bon breuvage, papoter et en prime ne pas bosser… Bah voilà, il revenait le sourire !

-J’adore le thé, bon choix, mais on est sorti de Kumo là ?

Elle guetta l’horizon intéressée, l’endroit lui disait bien quelque chose, mais non elle n’en était pas une habituée, calme comme blède, parfait, elle venait de trouver une planque. Bon puisqu’il invitait… Quoi ? C’était logique non, la brune très vite saliva sur les délices annexes et sucrés qui accompagneraient le thé. Un thé, à manger et de la compagnie, elle était toute ouïe quand elle lança un regard sur le brun, l’air de dire, bon alors ça vient ?! Ce sourire en coin et ce petit air qu’il se donnait, non, mais, il fallait qu’elle lui dise…

-Et arrête de te la jouer hein ! La prochaine fois, c’est moi qui te surprendra, tu feras moins le malin.

Ça c’était sûr et certain…

Spoiler:

Calme hein ? Elle lança un regard au gentleman qui l’avait escorté là, jusque-là il avait presque eu un parfait, il passait pour classe et civilisé, pas le genre de spécimen avec lesquels elle trainait d’ordinaire… Oui enfin, c’était presque ça, puisqu’à peine arrivé, un comité d’accueil et en toute franchise, la brune ne réagissait pas, disons qu’elle avait l’habitude de ce genre de situation, elle ne perdait pas de sa patience, d’autant qu’elle n’eut pas à bouger un doigt et ça curieusement, la fille l’avait compris direct. Même pas elle avait quitté son bras en plus, tout en classe, simplement un sourcil qui se releva en les voyant filer…

Effectivement, rien avoir avec son ordinaire où une volée de claques auraient déjà commencé à pleuvoir, enfin bref, en fait, elle s’était plus concentrée sur le décor soigné que le reste, elle faisait un peu tache avec sa tenue de Shinobi pour le coup. Si elle avait su, elle aurait fait un détour chez Koémi. Un sourire s’étira à cette pensée, enfin bref, pensé à jouer à la poupée vivante là tout de suite, elle arqua un sourcil en se sentant emporter par son cavalier à leur place, pratique, rien à dire. Maintenant elle pouvait se permettre d’être tête en l’air sans se soucier de la catastrophe qu’elle pourrait engendrer. Le son de sa voix qui retentissait, la fille la suivait en tournant la tête pour lui lancer un regard interrogateur, mais il ne faisait que répondre à sa question, avant de jouer la scène jusqu’à l’installer.

Il lui faisait vraiment sécher son taf, elle fit une touche d’humour là-dessus d’ailleurs.

-Mais non ! Je suis toute proche au contraire, si j’étais payée pour surveiller ton quartier et que tu es le patron, je suis mandaté pour te suivre… Pour ta sécurité, escorte de ce soir faut bien que tu en es pour ton argent.

La brune hocha la tête pour donner un crédit plus sérieux à ce qu’elle disait, elle confirmait ses propres propos et le serveur arrivé à la fin, n’avait eu que la dernière phrase. Après un air un surpris, il lui adressa un sourire en coin. Bien sûr, elle n’avait pas saisi son jeu de mot, du moins pas tout de suite, mais l’attitude du gars la poussait à la réflexion, là encore, le brun en avait décidé autrement.

-La même chose.

Commandait-elle avant de vite perdre son nord dans les contrées du sud qui rendaient une peau colorée quand on s'y exposait de façon maladroite… Malheureusement, elle n’avait pas l’excuse de l’alcool pour le coup, maudit soit le moment choisi par l’homme. Cependant, ne perdant pas pour autant de son superbe air d’imperturbable la fille roula immédiatement ou presque des yeux avant de soupirer.

-Ou enfin peur, j’aurai dit la surprise, tu m’as prise de court… Fourbe.

Finissait-elle par ce dernier mot d’un ton plus bas et amer, histoire de bien le marquer quand les iris dorées se foudroyaient entres elles. Elle savait très bien à quoi il faisait allusion, pourtant....

-Oh ? M’avoir accroché à ton bras ne semblait pas te déranger plus que ça vu que tu l’as tendu de toi-même, j’ai dû serrer trop fort peut-être ? Excuse-moi, j’aurai trouvé bête de tomber, la prochaine fois je m’installerais devant, ça évitera ce cas.

Un sourire doux, avec lui tout passe à l’as (lol), communément, on appelait faire ça sa mignonne. En tout cas, elle croisait les bras en couchant son farouche caractère pour le coup, c’était sûrement ce qu’il voulait, la titiller… Réussi. Un emmerdeur quoi ! Pour le coup bon plan, il avait toute son attention tandis que silencieuse et toute ouïe, elle faisait travailler toutes ses méninges pour les représailles. Mise en échec par le roi, la honte, fallait bien qu’elle le relance pour trouver une faille. Le taquin s’envolait pour l’homme sérieux, ça devenait frustrant ce manque de contrôle sur la situation, fallait croire qu’elle devait apprendre à vraiment jouer le jeu.

-Peur pour qui ?

Etrange question, comme lui d'ailleurs...

C’était avec amusement que la brune le regardait se brûler la langue, un impatient dès qu’il était tenté, elle notait l’info dans un coin de sa tête. Parce qu’ils avaient cette lueur étrange et se parlant sans égal, de tout le long de leur conversation, elle n’avait quitté ses yeux que trois fois, une pour les faire rouler, une autre parce qu’il les avait décroché amer et s’était éloigné et maintenant, elle les levait au ciel face à sa remarque où la réponse tombait aussitôt.

-Si ça se trouve, je suis plus vieille que toi même. Pff…

C’était ainsi que sa main saisissait le verre et qu’elle perdait le point de perdition de son regard pour examiner le contenu, avant de s’aider de son flair pour mieux l’apprécier. Verdict : Le thé, aussi bon soit-il, ne pouvait lutter.

-Merci.

Finissait-elle tout de même par lâcher en revenant sur terre et appréciant l’humeur légère en face qui était revenue, mais c’était étrangement ce qui lui racontait qui l’avait laissé pensive, la dernière personne qui lui avait tenu un pareil discours n’était plus de ce monde, à son plus grand damne. La fille grimaça légèrement sous la contrariété, déserter était définitivement un meilleur plan que jouer les héros, quoi qu’il en soit, le sien à elle était différent, rien à cirer de la puissance et co. La Bakushô préférait ne pas penser à ces choses-là, il y avait des événements qu’on ne pouvait pas contrôler, ses doigts remuaient sa tasse quand un son sortait à nouveau de sa bouche. Son plan à elle ce soir, c’était lui, une chose à la fois.

-Ton escapade t’as servi je suppose, ça ressemble à une sorte de punition infligé par soi-même.

Ça, elle connaissait et l’humeur légère ne semblait plus vouloir être au rendez-vous, pourtant la brune se concentrait sur son tiraillement entre le thé fumant ou le parfum du rhum, comme si dans sa tête on lui demandait si elle était devenu sage ou si à l’inverse combien même elle savait à quel point c’était une mauvaise idée… Sa main droite poussait la tasse et sa gorge goûtait bien vite une belle gorgée de l’alcool pas aussi fort qu’elle l’aurait cru.

-Il n’y a rien qui soit irrécupérable, juste des détails qu’il faut accepter de laisser se changer.

La fille n’épilogua pas davantage, vu la tête qu’il avait tiré en parlant de son absence, pas sûr que là tout de suite, la brune n’ait envie de raviver la flamme, non, c’était une question d’atmosphère, suffisait de trouver la bonne, pour l’heure, il était question de la détendre, au moins un kumojins de leur génération avait perdu quelqu’un, mais principal était qu’eux étaient toujours là. Encore que, l’idée de perdre Kumohime ou Koémi était dérangeante, les enfants soldats devraient être interdit. Ce n’était pas l’ère de leur temps et elle le savait, alors inspiré par cette pensée…

-Tu as des enfants Mihawk ? Une chose est sûre, toi tu n’es plus mineur depuis longtemps.

Elle lui tira la langue avant de finir le verre d’une traite restante, la dégustation, c’était pour le premier tour, maintenant, place à l’ivresse, sa main posait son récipient avec un regard demandant la suite. A ce jeu-là, la fille était difficile à battre.

-C’est ça ton plan ? Le premier qui s’écroule sur la table et après ?

La brune rigola quelque peu, mais au fond elle disait vrai et d’un regard perçant, elle décidait de prendre sa place dans le jeu un poil trop dominé par monsieur. Chacun son tour.

-Dis-moi, ma patrouille est programmée jusqu’au lever du jour. Quel projet tu as pour le reste de la nuit, je ne crois pas qu’il nous gardera si tard et t’es loin de ton quartier maintenant, bravo.

Un sourire espiègle, elle leva son verre à sa santé, puis histoire qu’à son tour elle devienne enquiquineuse, elle posa sur le tapis une carte capable de battre un as, la carte mystère, appelée Joker. Ça pouvait être tout et n’importe quoi.

-N’oublie pas qu’il va te falloir être avisé si tu veux ta surprise.

A lui contrôle ok, mais le problème avec ce cas de figure, c’était de choisir le mauvais pied sur lequel danser…

L’As, quel genre de spécimen fréquentant les bars à l’excès comme elle en plus ne connaîtrait pas ce nom, bien que, pour le coup, la fille ne comprenait pas franchement le rapport, mais heureusement, le brun allait allumer sa lanterne bien vite. Il avait le sens de la mise en scène et c’était loin de déplaire à madame prête à lui céder à nouveau les rênes de la soirée, de toute façon, elle commençait à comprendre qu’il serait vain de vouloir prendre le dessus. Ce n’était pas le genre de monsieur de perdre le fil d’une danse, une nouveauté qui ne lui déplaisait pas quand curieuse en le rejoignant un peu plus près, elle se faisait spectatrice d’un ballet étrange. Comme si leur espace avait changé. Un autre monde, il l’invitait dans le sien ? Une mine quelque peu étonnée, son iris en perçait une similaire, troublée par ce que la brune pensait comprendre.

-L’As de quoi, pique ou joli cœur ? Bien sûr que je connais.

C’était lancé un ton bas, alors que vite un rictus aux coins de ses lèvres annonçait la couleur quant à sa réponse. La brune n’était ni chanceuse, ni particulièrement douée, mais elle était joueuse et pas qu’un peu et ça sur tous les tableaux, bonne ou mauvaise, ça ça dépendait des jours et ses humeurs, elle déclina donc la facilité.

-Ce ne serait plus le même jeu sans l’enjeu tu ne penses pas ?

Son sourcil droit s’arqua, sa main se plongeait dans son décolleté fraichement ouvert en dézipant sa veste, du bout du doigt la fille dévoilait une fine liasse de billets, ça suffisait en général pour la soirée et après elle pleurait de n’avoir jamais un rond bien longtemps... On se demandait pourquoi. Elle tendit le tout au croupier sans refermer la cause de cet appel d’air sur ses côtes, voilà qui résumait bien l’entrée en matière qui allait suivre, son regard espiègle abandonnait le maître de la table pour lancer un regard autour, cette fois elle parlait plus fort, mais pas trop, juste assez pour être entendu, juste assez pour faire mine qu’elle ne voulait pas que ça soit le cas…

-Je prendrai ryos en crédit sous payement en nature au pire des cas, ne t’inquiète pas pour moi.

Finalement, elle parvenait à lui voler quelques secondes la vedette, se retenant de tout ricanement, elle échangeait un regard avec le barman souriant qui avait tôt fait de distribuer les cartes, la Bakushô ne releva qu’à peine le duo de carte sans perdre de sa mine. Elle aimait bien ce jeu, il était un jeu dans un autre jeu, celui des cartes, du rôle, de la comédie et des audacieux, des fous aussi, son regard se baissa un peu pour mirer sur un as… de pique… et un de cœur…. Posé au milieu de la table. Dame Destin avait de l’humour parfois ou alors l’homme était encore plus grand magicien qu’elle ne le croyait, d’ailleurs elle lui lança un regard aussitôt en rigolant, sans commenter bien sûr.

Dame de pique entres ses doigts et neuf de cœur… Décidément, elle cacha son sourire avec le revers de sa main sans trop prendre au sérieux la partie, ce n’était pas son genre, la fille préférait laisser les choses se faire d’elle-même. Bon, ce n’était pas tout ça, mais elle avait un départ de « merde » si on pouvait pardonner l’expression à première vue pas pour autant qu’elle ne suivrait pas le fil jusqu’au bout incapable de se séparer d’une carte. La reine lui tapait dans l’œil et le neuf était son chiffre fétiche. Etrange façon de jouer ? Il est vrai et comment jouer l’as lui ?

Coup de chance? Sans nul doute, car très vite la suite lui démontrait que le maître de la table et des cartes était bel et bien l'hakushi... Son regard pour lui se fit perçant quand le lien avec le nom et le matériaux principal du jeu faisaient écho dans sa tête. Voilà qui la faisait rire... On ne pouvait ceci dit pas s'avancer sans preuve ni indice plus probant, elle lui accordait le bénéfice du doute, même si sa conviction paraissait toute faite. En levant le nez il était difficile de ne pas constater à quel point les gens se comblaient vite autour de lui, c'était comme si ils étaient tombé sur une perle rare, l'aubaine du siècle...

-C'est bizarre leur réaction... Aurais-tu stoppé ta retraite à cause de moi?

Questionnait-elle dans un murmure un ton taquin pour agrémenter le tout. Quelques regards guettaient la messe basse, il y en avait eu plusieurs entrés eux en même temps et sentant bien toute l'attention captivée par le duo, la fille surhenchissait en mettant tout sur le tapis réclamant comme un dernier tour où le bonus était bon enfant.

-Le gagnant offre la tournée générale jusqu’au bout de la nuit, ok ?

Toute son attention pour le brun, c’était là où il faisait exprès de perdre ? Nan, nan, nan… Elle susurrait plus bas, à son intention unique.

-Le perdant de nous deux met un gage à l’autre.

Lequel serait le pire des deux? En gros, si ça théorie était bonne il était le maître de la situation, de leur sort, la fille affichait un sourire en coin, preuve qu’elle s’amusait bien, mais ne devait-elle pas travailler ce soir ? Du joli. Néanmoins rien de nouveau dans son quotidien, juste un complice de plus et comme pour tout jeu, les plus courts étaient les meilleurs, un message qu’elle voulait sûrement faire passer par son idée. Elle ne regardait même pas ses cartes, surprise ? Surprise. Peut-être pas pour tout le monde à qui d’ailleurs, elle n’avait pas demandé l’avis, mais tous ici semblaient à la botte de l’As à se demander ce qu’il leur avait fait…

La pensée la fit rire, elle était bien une des seules à prendre la partie à la légère visiblement, un autre monde, bien plus pro que celui où au fond d’un bar on jouait avec tant de litres d’alcool que parfois on confondait les cartes… On inventait les règles… Son regard glissait vers Miwahk perplexe, il le connaissait celui-là aussi… L’idée de le mettre dans une scène du genre se notait dans sa tête.

L'enfoiré ! Il triomphait encore et en toute franchise le petit rictus en coins de lèvres de la fille dévoilait qu'elle s'en doutait, ah qu'importe, il paraissait que quand on était malheureux au jeu, on était heureux en amour. Ouais, elle était un mauvais exemple, le brun aussi sans nul doute. Soit le proverbe était faux, soit il fallait vraiment les exceptions pour confirmer la règle, nullement elle voulait penser à sa mauvaise foi.

-Santé alors !

Que faire d'autre à part boire plus que de raison, après tout, elle était là pour ça, l'établissement de base servait à cela aussi, encore que parfois, elle se questionnait sur l'intérêt de se retourner la tête ainsi, jusqu'à ce que les idées refusent de s’emboîter. C'était exactement ça en fait, quant à l'objet de la fuite. Une grimace et la vilaine pensée qui la gênait fuyait de son esprit, à la fuite, probablement la méthode la plus courante des gens autour d'elle ce soir. Pour le coup, elle riait et Mihawk la ramenait vers lui, sa pensée hein, en ouvrant à nouveau la bouche. La brune fixa son regard attentivement, terrible hein... Elle se penchait un peu pour mieux faire face, à nez à nez séparait par un doigt à peine.

-Encore mon cher... Faudrait-il que tu t'en souviennes.

Un sourire mesquin qui s'esquissait et les verres déjà qui les appelaient. Son gage, elle se penchait sur sa chaise pour réfléchir quittant sa précédente position ainsi, son regard doré sur le plafond sombre. Son corps vacillait sous l'équilibre de deux pieds seulement touchant le sol, une habituée de ce genre de lieu, aussi pas de surprise quant à la première idée. C'était presque une tradition aussi ancrée que la tournée générale, l'idée était mauvaise, mais à ce niveau des soirées, ce n'était plus comme si on pouvait réfléchir correctement... Pour son excuse des mots qui allait suivre.

-Je voulais garder ça pour un plus tard dans la soirée, mais puisque tu sembles pressé et demandé, le voici... Tout nu mon cher As, fais tomber tous les tissus, là tout de suite !

La notion de vengeance qui ne lui parlait pas assez ou alors qui tout au contraire l’attiser, la fille en rajoutait une couche.

-Vous m'êtes témoins mes amis qu'il a relevé le défi notre cher As pas vrai ?! Acquitte toi de ta dette maintenant et vends moi du rêve en passant tient.

Bien sûr beaucoup de bruit là tout de suite, mais l'esprit général était à la fête, d'ailleurs, aussitôt une remarque pertinente de l'assistance...

-Et si notre As refuse ?
-Peut-on vraiment refuser une défaite quand on est un si grand joueur ?

L'équilibre sur la chaise qui se finissait et la brune qui pointait la table, pour l'aider n'allez pas croire. Ce coup là, elle allait le payer, mais comment résister ? Hein, comment face à la si belle occasion...