Le soleil, à son zénith, illuminait le Village caché du Sable son écrasante chaleur. Difficile de rester plusieurs minutes dehors sans ressentir une désagréable sensation sur la peau ainsi qu’une impression d’étouffement…
Il faisait chaud, très chaud même, et tandis que certains habitants de Suna profitaient de la fraîcheur d’une bonne boisson, d’autres continuaient de travailler sous ce soleil de plomb.

Seishirō longeait les habitations, utilisant l’ombre des balcons et des immeubles voisins pour ne pas cuire au beau milieu de cette fournaise. Marchant dans les rues animées du Sable un sac en plastique à la main, notre protagoniste avait été envoyé à l’autre bout du village porter un paquet… par sa mère. « Quand tu sortiras, apporte donc ça à Madame Fûji qui habite près des portes de la ville. » lui avait-elle dit… Comme toujours, une question vint à l’esprit du ninja : pourquoi lui et pas son frère ? Ou même sa sœur ! Certes elle n’avait que dix ans, mais Suna n’était pas une ville dangereuse ! Et puis cela l’aurait incité à se dégourdir les jambes !

Rien n’y faisait : Seishirō était la bonne poire à embaucher pour les basses besognes… mais au fond de lui, il se sentait heureux de pouvoir rendre service et surtout de voir que les autres avaient confiance en lui. Après tout, ne délègue-t-on pas une tâche à quelqu’un en qui nous avons confiance ?

Zigzaguant entre les maisons, s’assurant de toujours suivre une allée ombragée, notre Sunajin finit par atteindre, après plusieurs minutes de marche, la maison de Madame Fûji. Le paquet à la main, il s’approcha de la porte et toqua à trois reprises avant de voir une grosse femme lui ouvrir, le sourire aux lèvres.

« Oh ! Mais tu es Seishirō ! Comme tu as grandi, cela fait si longtemps ! »

L’intéressé, quelque peu gêné de ne pas se souvenir d’une telle silhouette, esquissa un sourire puis hocha la tête. Il répliqua alors que sa mère l’envoyait avant de tendre le colis en direction de son interlocutrice. Celle-ci, après avoir exprimé son enthousiasme, se saisit du paquet avant de l’ouvrir, impatiente de voir ce qu’il contenait. Quelle fût sa joie quand elle découvrit, enveloppés dans un joli sachet, plusieurs chocolats qui dégageaient une odeur envoûtante !

« C’est adorable ! Des chocolats ! Elle approcha vivement sa main du premier venu et le goba en l’espace d’un instant. Et, tandis qu’elle le mâchait, elle demanda Veux-tu entrer boire quelque chose ? Il fait si chaud aujourd’hui…
- Cela aurait été avec joie, Madame Fûji, mais je suis pressé… répondit notre ninja avant de faire un pas un arrière et de descendre les marches du perron.
- Ce n’est pas grave, une prochaine fois peut-être. Passe le bonjour à ta famille, et remercie ta mère !
- Ce sera fait. Bonne fin de journée ! »

Sur ces mots, Seishirō fit demi-tour et reprit le chemin en sens inverse avant de retrouver son petit coin d’ombre. Qu’allait-il bien faire à présent ? L’après-midi était à peine entamée : il lui restait encore du temps devant lui pour s’occuper…

Tandis qu’il progressait dans le village, il constata à quelques mètres devant lui l’entrée du terrain d’entraînement. Voilà longtemps qu’il n’avait pas évalué sa force et ses techniques… et vu qu’il avait du temps à perdre…
Après avoir rapidement jeté un coup d’œil sur sa droite pour éviter de bousculer quelqu’un en traversant la rue, Seishirō se dirigea vers l’air d’entraînement.
Un peu plus loin, lui faisant dos, un individu penché sur une étrange machine : une marionnette. Notre héros avait déjà entendu parler de ces ninjas capables de donner vie à leur création et de les utiliser pour le combat… un art très peu répandu et surtout propre au Village caché du Sable. Un art puissant, énigmatique, mais ô combien complexe.

Intrigué, notre héros s’approcha de l’inconnu et, sur un ton curieux, ouvrit la bouche et s’exprima :

« Salut ! Je passais par-là et je comptais m’entraîner quand je t’ai vu avec ton pantin… cela ne te gêne pas ? »

Après avoir énoncé la raison de sa venue, Seishirō se gifla mentalement… quelle phrase d’ouverture pertinente ! Néanmoins, il semblait avoir attiré l’attention de son interlocuteur qui, jusqu’ici accroupi auprès de sa marionnette, se redressa avant de se retourner.
Qu’allait-il bien pouvoir répondre à cela ?

Pfwaaaaaaaaaaaaaah. Notre héros baillait, sa main droite se frayait un chemin sur son visage, allant du front au menton. Il se frotta les yeux, il était épuisé. Il se redressa, calant son dos contre le mur blanc de son appartement. Il baillait à nouveau. Luttant contre la fatigue, il ôta sa couette. Un effort titanesque pour un adolescent à peine éveillé. Il apposa son pied droit contre le parquet froid recouvrant le sol de sa chambre, puis son pied gauche. Il soupira. Après un second et colossal effort, il se leva. Il soupira à nouveau. C'était la première fois qu'il se levait, seul, dans son nouvel appartement.

Notre héros se dirigea vers les sanitaires, inutile de vous faire un dessin. Il se lava ensuite le visage. Épuisé. Genshi frotta ses mains contre la serviette en coton et sortit de la salle de bains. Il se fit un petit-déjeuner satisfaisant et le dégusta. Après s'être changé, il prit son pantin d'entraînement sur son dos puis sortit. Bien qu'il ne vivait plus avec son oncle, il devait garder ses bonnes habitudes, et cela s'illustrait par le fait de continuer à s'entraîner à maîtriser son pantin. Il descendit les quelques marches le séparant de la terre ferme à vive allure, exécutant un bond de deux marches afin d'arriver à même le sol. Splendide acrobate.

Il faisait chaud, terriblement chaud. Indescriptible chaleur. Il était midi, heure à laquelle le soleil atteint le point le plus haut. Nul Homme n'échappait à ses rayons, seules les ombres qu'offraient les bâtisses du centre-ville permettait aux villageois de s'en protéger. N'était-ce pas fabuleux ? Une création de l'Homme permettait enfin de combler aux effets néfastes d'un des phénomènes les plus fascinants de l'univers. Genshi n'hésita pas à passer sous les toitures des habitats du centre-ville, dans le but de se protéger des rayons.

Proche du but, il dégaina son pantin. Nulle incantation, nulle invocation, il l'extirpa de son dos à l'aide de sa main droite, le posant alors à même le sol. Notre héros se concentra quelque peu. Son chakra passa à travers ses bras, allant de l'épaule au bout du majeur. Les fils de chakra se mirent alors à bouger, le genin venait de donner vie à son pantin. Cette action lui prenait de moins en moins de temps et il en était ravi. Il est clair que le travail paie toujours pour celui qui se donne la peine de s'entraîner régulièrement. Le jeune Kurusawa pénétra alors, tout en faisant mouvoir son pantin à l'aide de ses doigts, au sein des terrains d'entraînement. Il était seul, ne peinant pas à se trouver une confortable place, il s'établit près d'un point d'eau. Qui serait assez fou pour s'entraîner sous cette chaleur ?

Il courait avec la poupée, la faisait bondir, se retourner, et tentait même de donner quelques coups à un arbre planté là. Une heure passa. Il était encore capable de faire bouger sa marionnette, son endurance s'était considérablement améliorée. Il décida de faire une petite pause. Assoiffé, il se baissa afin de boire un peu. Cela lui faisait tant de bien. Il décida de s'hydrater le visage, histoire d'être un peu plus frais. Il se cambra sur son pantin d'entraînement, le nettoyant tant qu'il était encore en pause.
Des pas. Genshi les avait vite entendus. Il ne pouvait pas faire grand chose avec cette vulgaire figurine, alors ce n'était pas vraiment le moment de se battre.

" Salut ! Je passais par-là et je comptais m'entraîner quand je t'ai vu avec ton pantin... cela ne te gêne pas ? " avait-il dit.

Notre héros soupira. Encore un gars qui cherchait à gratter l'amitié. Il se retourna rapidement, faisant de même avec sa marionnette. Le mec semblait stupéfait par la poupée, mais cela ne parut pas attendrir Genshi.

" - J'en ai rien à foutre. " grommelait-il sans vraiment réfléchir.

Il avait répondu comme ça, instinctivement. C'était naturel pour lui. Il avait toujours été froid avec les gens, alors pourquoi devrait-il être plus sympa avec l'un d'eux sous-prétexte qu'il soit un sunajin. Qu'importe. L'adolescent face au marionnettiste avec des cheveux ébouriffés, teints en vert. Il portait un long manteau noir, surmonté de blanc. Il était assez large, plus large que son porteur en tout cas. Un bandeau portant le signe du village était attaché à son front, cela confirmait les hypothèses de Genshi : il était lui aussi un ninja. Il s'approcha du point d'eau, buvant un peu du breuvage qu'il contenait.

" - Tss, vas-y, bois. Bon, j'vais pas faire le chien avec toi, t'as l'air d'être un genin aussi. Il fait chaud, t'as besoin du point d'eau, toussa. Bref. Y'a assez de place pour deux personnes ici, si tu veux t'entraîner fais-toi plaisir, mais me dérange pas. " lâchait-il, il avait fini par avoir pitié de son camarade.

Le Kurusawa lui aurait bien proposé un combat, mais il n'avait qu'un pantin d'entraînement. En tout cas, il est certain qu'il ne pourrait pas refuser le défi d'un autre genin du village, même dans cette situation. Il se leva, tirant les fils de chakra vers lui dans le but d'amener sa marionnette un peu plus loin. Il se remit à courir, bondir, donner des coups. Ah les joies de l'entraînement, répéter les mêmes actions, encore et toujours, dans le but d'avoir la pleine maîtrise de ses capacités.

Seishirô restait immobile derrière son interlocuteur alors que celui-ci semblait examiner son pantin…
Quelle ne fut pas sa surprise de voir l’individu se retourner et lui dire, le plus clairement possible :

« J’en ai rien à foutre. »

Notre héros, stupéfait, conserva le silence quelques secondes… Avait-il bien compris ce que venait de lui dire ce type ? Il s’en foutait ? Il s’en foutait ! Seishirô baissa alors la tête dans le col de son manteau, tourna légèrement le regard sur la gauche et murmura :

« Tsss… pauvre idiot… »

Que son interlocuteur l’ait entendu ou pas lui était parfaitement égal, car c’est ainsi qu’il le considérait. On dit généralement que la première impression reste à jamais marqué dans l’esprit d’un individu et qu’il est difficile, voire impossible, de retenter sa chance. Ce premier contact était, comme vous l’avez sans doute compris, très mauvais. Désormais, notre protagoniste avait étiqueté sur le front de cet hurluberlu le titre d’idiot, sans tomber dans la vulgarité…
Seishirô venait de repérer un peu plus loin derrière le malpoli une fontaine à eau. Sans dire un seul mot supplémentaire, le Sunajin s’y dirigea et contourna le type et sa marionnette. Arrivé à quelques centimètres dans son dos, il l’observa du coin de l’œil et l’affubla d’un nouveau sobriquet, mental cette fois… « Sale con… » se dit-il avant d’atteindre le point d’eau et de boire quelques gorgées.
Et pendant que son interlocuteur était en train de déblatérer des paroles qu’il ne souhaitait pas écouter, notre héros dressa le portrait de l’individu.
Comment qualifier quelqu’un comme lui… agressif ? Oui ce mot correspondait plutôt bien. Le terme qui semblait le définir était agressif. Certes la langue française est dotée d’un vocabulaire extrêmement varié mais ce type ne valait pas la peine qu’on se décarcasse pour lui trouver un adjectif.

Physiquement, l’inconnu était de la même taille que notre héros. Et en juger le timbre grave de sa voix, il semblait également du même âge. Chose qui fit sourire Seishirô : si à dix-huit ans, comme lui, il se comportait déjà comme un vrai trou du cul, son avenir s’annonçait très prometteur.
Ses cheveux étaient noirs, courts... rien de plus banal en somme. Sa tenue, quant à elle, était légèrement plus colorée : une cape grise, enroulée autour de son cou comme une écharpe et qui descendait au niveau des jambes, un gilet rouge pâle, une chemise grise ainsi qu'un pantalon noir.

Après s’être désaltéré, le Sunajin se dirigea dans un coin de l’aire d’entraînement, assez éloigné du marionnettiste qui entretemps s’était remis à courir aux côtés du pantin.
Seishirô, quant à lui, marchait dans le sable et, tandis qu’il avançait, il utilisait son chakra pour faire légèrement glisser les sédiments à ses pieds… Son attribut génétique lui paraissait si agréable et plaisant à maîtriser. Le désert était son élément, il s’y sentait… maître !

Mais alors qu’il allait lui aussi se mettre à l’entraînement, l’abru… euh… l’inconnu allait pénétrer son espace vital, accompagné de sa marionnette. Cet endroit était pourtant assez grand… mais non : il lui fallait courir comme un dératé dans tout l’espace.
Seishirô le vit arriver et, au dernier moment, leva pour un court instant devant le malpoli un fin mur de sable qui l’empêcha de continuer sa course et l’obligea à s’arrêter.

« Oh, pardon ! Je ne t’avais pas vu ! »

De la provocation ? C’était un peu ça, oui. Disons plutôt qu’il s’agit d’une petite vengeance… N’ayant pas apprécié le ton de l’individu quelques instants plus tôt, il se devait de le remettre à sa place.
Mais étrangement, il ressentait que sa réaction n’allait pas arranger les choses…

La sueur se frayait un chemin le long de son visage, son rythme cardiaque s'emballait. Le second effort était le plus difficile, le premier nécessitait une motivation certaine, le second, une détermination réelle. Notre héros peinait à trouver le second souffle, ressentant rapidement la fatigue de la première heure d'entrainement. Il s'obstinait, inspirant plus fort, plus longtemps, marquant sa respiration de façon concise dans le but de la réguler. Il parvenait à trouver l'équilibre après une dizaine de mouvements respiratoire, il l'avait trouvé. Ce second souffle était important, il permettait à l'Homme de puiser dans de nouvelles ressources, de pouvoir maintenir un rythme soutenu plus longtemps.

Il continua ses efforts sans relâche dans le but de totalement maîtriser son pantin. Il n'était certes qu'une figurine d'entraînement, mais chaque marionnette obéissait aux mêmes mouvements, décrivant la même articulation pour chacune des actions de Genshi. Pourquoi ne s'entraînait-il pas avec sa propre poupée ? Quelle question ! Il ne souhaitait en aucun cas dévoiler les secrets de celle-ci au grand public, pas même aux membres de son propre village. L'apparence même de celle-ci devait être préservée, alors la montrer à un autre shinobi, ça jamais.

Parlons-en de cet autre ninja. Notre héros n'avait pas relevé sa remarque, mais il l'avait entendue. Après avoir subit la remarque brutale émise par Genshi, celui-ci avait laissé un profond silence s'établir. Signe réel de réflexion chez l'interlocuteur du marionnettiste. Tel un gamin, il s'était caché sous l'épais col de son manteau, y fourrant sa bouche dans le but de lâcher une insulte furtive. Et il n'avait même pas daigné regarder notre héros dans les yeux ! Un manque de morale réelle, peut-être même de courage. N'était-il donc qu'un gamin devant se cacher pour déballer sa bêtise ? Cela avait fait pouffer Genshi. Il ne l'avait pas montré, souhaitant faire croire à son interlocuteur qu'il avait été discret. Ah vraiment, l'idiot dans tout ça, c'était certainement l'autre genin, celui qui n'était pas capable de dire tout haut ce qu'il pense de l'autre.

Cette pensée l'avait déconcentré. Il s'était nettement approché de l'aire d'entrainement de l'autre ninja. Une perte d'équilibre. Notre héros sembla heurter un mur doux et fin, qui lui fit complètement perdre sa concentration. Le pantin heurta le sol. Les grains de sable retombaient au sol, couvrant alors la marionnette. Genshi posa le pied-droit sur le sol, il retrouva l'équilibre perturbé par ce manteau de sable. Il releva la tête, apercevant la mine joviale, presque sadique du shinobi au manteau noir et blanc.

" Oh, pardon ! Je ne t'avais pas vu ! " lâchait-il.

Une remarque un brin provocatrice qui amusa Genshi. Avait-il tenté d'être ironique ? Notre héros ne le pensait pas. Il remarquait alors une nouvelle fois que son interlocuteur tentait de se défiler, souhaitant encore fuir les conséquences de ses actes, de ses remarques. Le marionnettiste pouffa, puis s'étira. Il attrapa une masse de sable, laissant les grains filer à travers l'espace entre ses doigts.

L'inconnu maîtrisait donc le sunaton, notre héros n'en avait pas finit avec ce joueur de bac à sable. Il tourna la tête vers la droite, fixant alors complètement son interlocuteur, levant un pied après l'autre dans le même temps, dans le but de le mener face à celui-ci. L'adolescent arriva face à l'autre ninja, levant son bras, le pointant vers son adversaire. Il ouvrit sa main, tendant alors l'index vers celui-ci. Il lâchait un sourire provocateur, touchant de son index le torse de son interlocuteur.

" Oh pardon ! J'ai pas de couilles. " rétorquait-il en riant.

Il poussa le ninja, comme pour le forcer à se battre. Il était convaincu que cette poussette allait convaincre son interlocuteur d'accepter son invitation. Il recula, tira sur les fils de chakra. Le pantin se releva brièvement. Notre héros le fit tournoyer sur lui-même, ôtant ainsi les particules de sable présentes sur celui-ci. Il recula quelque peu, se tenant alors à une distance d'une dizaine de mètres de son adversaire. Il ouvrit sa gourde, profita d'une ultime gorgée d'eau avant le début du combat et la jeta à même le sol. Il dénoua sa cape, l'arracha de sa main gauche et la balança également. Notre héros s'étira et plaça sa marionnette juste devant lui. Le combat pouvait commencer.

Le marionnettiste, qui manqua de trébucher en avant, poser son pied droit juste devant lui, se rattrapant de justesse. Notre héros restait impassible, malgré un sourire légèrement sadique dessiné en coin de lèvres. Il s’agissait d’une petite vengeance, histoire de lui rendre la monnaie de sa pièce… ce n’était pas méchant, loin de là, néanmoins il avait la ferme intention de ne pas se laisser faire, quitte à en venir aux mains… et justement, c’est ce qui risquait fortement de se produire.

Retournant à son pseudo-entraînement, Seishirō tourna le dos à son adversaire. Ce dernier lâcha un pouffement, semblable à une légère moquerie, avant de s’étirer. Ses yeux se portèrent sur le sable et, après s’être pencha sur le sol, il attrapa une poignée de sable avant de la laisser filer entre les creux de ses doigts…

Soudain, alors que notre Sunajin avait la tête ailleurs, son interlocuteur se retrouva face à lui et lui bloquait le passage. En quelques mouvements, le marionnettiste tenait le jeune Kawaguchi « en joue » du bout de son index, et en lui tapotant légèrement le torse, rétorqua dans un rire :

« Oh pardon ! J’ai pas de couilles. »

Accompagnant ses paroles, l’individu exerça une forte pression sur le torse de notre ninja, ce qui l’obligea à reculer. Une nouvelle provocation ? Voilà qui s’annonçait extrêmement intéressant !
Et, alors que le marionnettiste avait fait quelques pas en arrière et récupéré son pantin, Seishirō se tourna face à lui et détacha les deux sangles qui gardaient son col fermé. Après avoir fait tournoyer son pantin autour de lui, pour déloger les grains de sable qui pourraient subsister dans les rouages, le montreur de marionnettes vida le reste de sa gourde avant de la jeter à terre, un peu en retrait sur sa droite. Puis, quelques secondes après, il détacha sa cape, l’empoigna et la jeta à son tour sur le sable du terrain d’entraînement.
Le Kawaguchi se frotta le cou et, par un léger mouvement rotatif, fit craquer les os de sa nuque. Il étendit les bras, s’assurant que ses manches ne le gêneraient pas, puis après un discret raclement de gorge lança à son futur adversaire :

« Puis-je au moins connaître le nom de celui que je vais rosser ? »

Bien qu’elles paraissaient agressives, les paroles du Sunajin étaient seulement teintées d’un soupçon de rivalité. Même si au fond de lui il avait une folle envie de lui coller une mandale pour son irrespect, Seishirō se retenait et préférait se défouler lors d’un petit entraînement. Et, par politesse, notre héros ouvrit la bouche et finit par se présenter :

« Je me nomme Seishirō. Kawaguchi Seishirō. »

Sur ces mots, notre protagoniste leva les bras au niveau de ses hanches, se pencha légèrement en avant et fit circuler un peu de chakra dans son environnement.
Le sable se mit à virevolter autour de ses mains et ses avant-bras, glissant contre le tissu de ses manches. Les mouvements de son chakra étaient révélés par le sable et la poussière qui semblaient léviter tout autour de lui.
Et, après avoir emmagasiné un peu de chakra, histoire de s’armer pour l’affrontement à venir, se propulsa sur le marionnettiste. Celui-ci, à l’abri derrière son pantin, devait sans aucun doute privilégier le combat à distance et utilisait sa création comme un rempart. Seishirō avait pris le temps d’observer ledit pantin : celui-ci ne semblait guère élaboré, seulement des planches et des rouages qui le maintenaient en un seul morceau… mais contre une marionnette réelle… mieux vaut faire attention.

Arrivé à quelques mètres de son adversaire, notre Sunajin contourna ce dernier voulant attaquer son flanc gauche. Et, au même instant, il organisa un subtil subterfuge.
S’élançant sur sa cible, Seishirō prépara un coup de poing à l’aide de la main droite, forçant ainsi l’inconnu à focaliser son attention sur son attaque frontale. Et, au même moment, notre ninja leva légèrement le bras gauche, dirigeant ainsi son sable sur les fils de chakra. S’il parvenait à bloquer les liens entre le marionnettiste et son pantin, la suite du combat serait bien plus simple… enfin… en théorie.

Place à la pratique.

Les provocations de notre héros ont été brutales, précises, irrespectueuses. Comme à son habitude, il avait titillé son interlocuteur jusqu'au point de briser son ego. Il était clair que l'adolescent avait disloqué le mental du sunajin, démontrant rapidement qu'il avait clairement le dessus, du moins psychiquement. L'individu laissa même à Genshi l'opportunité d'analyser un signe clair de son stress, oui, par une simple caresse sur son cou. Simple mimique ? Non. Lors de son apprentissage à l'académie des ninjas, le jeune Kurusawa a pu comprendre qu'un Homme adoptant cette gestuelle présentait un réel stress, lié à l'approche d'un événement redouté. Son adversaire avait peur, mais peur de quoi ?

Un pantin d'entrainement.

Quel pitoyable armement. Genshi avait fait le premier pas, son adversaire le second, alors il ne pouvait plus se défiler. Il fallait faire avec les moyens du bord, faire bonne figure face à un ninja en pleine possession de ses moyens. Notre genin plongea dans ses pensées, tentant de déterminer une tactique permettant de contrer son challenger. La demande de celui-ci l'en ôta aussitôt. Il voulait connaitre son identité. Le jeune Kurusawa n'en avait que faire, il l'ignora. Que faire du nom d'un Homme craintif, empli de peur avant même le début d'une bataille. Cet Homme persévéra, offrant son nom au marionnettiste : Kawaguchi Seishirō. L'adolescent à la chevelure verdâtre se nommait donc ainsi, et donc ? Que faire de cette présentation brève et inutile ? Notre héros laissa tomber, passant à autre chose, levant les yeux au ciel comme pour refuser l'invitation en ami du gamin face à lui.

Genshi apporta une nouvelle salve de chakra aux fils le liant à son pantin, il était prêt, prêt à subir. D'un simple mouvement de main, celui-ci se plaça devant notre héros, comme pour le défendre de la première charge de son adversaire. Seishiro laissa les grains de sable graviter autour de ses membres, la composition de l'environnement lui était favorable. Notre héros soupira, ce combat n'allait pas durer longtemps, il n'en avait ni le temps, ni l'envie, et ses heures passées avec son pantin l'avait usé. Prévisible. L'adversaire chargea. Tout Homme sait que le combat au corps au corps n'est pas des plus agréable pour un marionnettiste, or, cela est différent pour un ninja polyvalent. Alors que le genin à la teinte verdâtre chargeait, notre héros fit s'affaisser le sol à ses pieds -à Genshi-, lui faisant perdre de sa solide texture dans le but de faire perdre l'équilibre à son détracteur.

Un coup-de-poing. Genshi le laissa frapper, se prenant alors le coup de plein fouet. Il grommela. Une frappe puissante était venu se loger en sa côte, le faisant alors reculer de quelques mètres tant l'impact était puissant. Alors que notre héros reculait, du sable vint se morfondre sur les fils de chakra érigés. L'adolescent soupira, l'objectif de Seishiro était clair, empêcher à tout prix notre genin d'user de son pantin, mais à quoi bon, cette figurine n'était capable de rien. Les grains de sable s'assemblèrent, se serrèrent tentant de délier le marionnettiste de sa poupée de bois. L'intention du genin aux cheveux verts se fixa sur cette action, espérant de tout cœur qu'elle daigne être une réussite. D'une simple pensée, Genshi arrêta la transmission de chakra travaillée envers son pantin, permettant alors aux fils d'être coupés -notons qu'ils sont moins solides lorsque le chakra de l'utilisateur ne les parcourt plus- .

Le pantin tomba au sol, tout comme le challenger. Alors placé à la place précédente de Genshi, suite à son coup-de-poing, le genin maîtrisant le sable n'eut le temps de s'apercevoir que la texture de la terre avait été modifiée. Notre héros se frotta les cheveux, il était clair pour lui qu'il avait gagné ce, très court, affrontement. Il s'approcha de son adversaire, exécutant quelques signes pour l'emprisonner dans un mur de terre. Son esprit vacilla. Trop de chakra utilisé. Cumulez les heures d'entrainement intensives avec le pantin de bois, au changement de texture du terrain, et vous obtiendrez la limite réelle d'un genin. Le jeune Kurusawa se frappa le visage de sa main droite, son adversaire était encore en état de se battre, alors que lui, avait atteint ses limites. Il grogna et tourna les talons.

" Relèves-toi. Seishiro ... J'ai plus envie de me battre, t'es pas assez futé. Arrêtes de foncer sur tes adversaires, ne sois pas si sûr de toi lorsque tu admets une stratégie. Ton opposant a toujours un tour d'avance sur toi, ne l'oublies jamais. " lâcha-t-il agacé.

Notre héros soupira.

" Mon nom, c'est Genshi. " terminait-il, épuisé.

Il ramassa son pantin, trop fatigué pour insuffler du chakra à travers les cordes l'en liant. Notre héros quitta le terrain d'entrainement, un sentiment d'inachevé au travers de la gorge. Il prit le chemin retour pour entrer chez lui, sans tergiverser et s'arrêter pour discuter. Il manqua de tomber au sol par deux fois, luttant contre la fatigue pour ne pas sombrer, s'appuyant sur les bâtisses pour ne pas chuter. Il arriva à domicile et s'affaissa sur son lit.

Spoiler:

Seishirō s’était élancé en direction de sa cible et avait préparé, rapidement, une stratégie offensive. Au fond de lui, son seul et unique objectif était de porter un coup à son adversaire pour ainsi lui apprendre les bonnes manières, pour simplement le corriger. Par la suite, s’il devait gagner ou perdre ce combat, il n’en avait rien à faire.
Et, tandis que notre héros chargeait, Genshi restait immobile. Curieux, pourquoi ne réagissait-il pas ? Pas un seul mouvement, ni esquive, ni riposte. Était-il stupide ?

Notre Sunajin était à présent à portée du marionnettiste. Son poing fila en direction de son flanc gauche et, après une brusque accélération des pulsations cardiaques, ses phalanges percutèrent le corps de son opposant. Un grommellement s’échappa de la gorge de Genshi et, dans le même instant, il recula de quelques mètres tant le coup porté était violent.
Un rictus satisfait se dessina sur les lèvres du jeune Kawaguchi qui avait atteint son objectif premier. Il avait gagné son propre combat, c’est tout ce qui importait. Mais… officiellement, cet affrontement n’était pas terminé !

Profitant de cette ouverture, Seishirō focalisa à présent son attention sur les fils de chakra du marionnettiste. Les rompre était primordial car, même s’il ne s’agissait que d’un pantin en bois, il valait mieux se méfier et garder un contrôle de la situation. Voyant cela, Genshi fit cesser le flux de chakra entre sa marionnette et lui. Notre ninja constata cette rupture, marquée par la disparition de la teinte bleutée qui séparait son adversaire de sa création. Voulant se rattraper, le Sunajin tenta de prendre appui sur le sol mais, aussi étrange que cela puisse paraître, la terre se mit à trembler.

« Qu’est-ce que… »

Le Kawaguchi eut à peine le temps de s’étonner qu’il vacilla avant de tomber. Reprenant ses esprits, il vit alors son adversaire à proximité de lui composer quelques signes avant de l’emprisonner dans une sorte de cage constituée de terre.

Seishirō, en examinant sommairement l’enveloppe dans laquelle il était enfermé, conclut sur le type de techniques employées par le marionnettiste. Non seulement il était en mesure de contrôler un pantin, mais il avait également la faculté de déformer la terre à sa guise, grâce au Doton sans doute. A cet instant, quelque chose fit tilt dans son esprit. Il comprit pourquoi, quelques instants plus tôt, le sol sur lequel il avait tenté de se rattraper s’était ébranlé. Alors qu’il chargeait en direction de Genshi, celui-ci avait opéré son petit tour de passe-passe. En faisant circuler un flux de chakra à ses pieds, il avait défragmenté la terre, détruisant ainsi les particules qui soutenaient son intégrité et, par conséquent, la rendant ainsi bien plus instable.
Notre Kawaguchi ferma les yeux et esquissa un nouveau sourire, non pas de satisfaction cette fois-ci. Non, son adversaire s’était montré plus malin que lui et son ingéniosité avait triomphé. Le combat était terminé.

Réveillé de sa pensée réflexive par le marionnettiste, qui, de par sa douce voix amicale, le somma de se relever, notre manieur du Sunaton se hissa sur ses deux jambes et vit la cage de terre se désagréger sous ses yeux.

« J'ai plus envie de me battre poursuivit-il, t'es pas assez futé. Arrête de foncer sur tes adversaires, ne sois pas si sûr de toi lorsque tu admets une stratégie. Ton opposant a toujours un tour d'avance sur toi, ne l'oublies jamais. »

Seishirō le toisa d’un regard noir. Certes il venait de perdre, mais les derniers mots de son adversaire ressemblaient davantage à un avertissement qu’à un réel conseil. Mais il préféra ne pas relever et fit la sourde oreille. Genshi lâcha un soupir et, sans s’arrêter, il dévoila finalement son identité :

« Mon nom, c'est Genshi. »

Sur ces paroles, notre protagoniste haussa les sourcils. Avait-il réussi à entreprendre quelque chose avec ce type ? Celui-ci avait daigné donner son nom… s’agissait-il d’une lueur de respect ? Le Kawaguchi le regarda s’éloigner et, après avoir disparu de son champ de vision, il laissa un soupir s’échapper.

« Hm… bon, je ferais mieux de rentrer, mes parents doivent m’attendre. »

Et, ni une ni deux, le ninja du Sable quitta l’aire d’entraînement avant de regagner son foyer.