Cela m’a pris du temps avant de prendre une décision. Depuis ce qui est arrivé l’été dernier, avec les événements à Kusa no Kuni, je dois avouer que je ne savais pas trop quoi faire de cet avertissement. Si c’était évident que nous devions le prendre au sérieux, nous avions appris à nos dépends que les menaces des créatures se nommant les Furyous étaient on ne peut plus réelle. Cela faisait un an déjà que le village de Kiri ainsi qu’une bonne partie du pays de l’Eau avaient été complètement rasé par ces monstres qui venaient tout juste d’apparaître. On n’aurait pensé qu’après un an nous serions un peu mieux informer sur eux, mais ils restent un mystère des plus complets, au grand dam des équipes de reconnaissances envoyés par Konoha. Et Dieu sait que nous en avons envoyé des équipes afin d’aller glaner un peu d’informations sur eux, mais ils sont toujours revenus bredouille. Ceux qui sont rentrés du moins. Nous étions donc lancés dans un néant total à prendre une décision dont nous ne savions rien des implications ni des conséquences.

Cela avait été un peu long au début, mais de plus en plus je voyais des shinobis autour de moi porter la Marque. C’était ainsi que j’appelais la marque que les gens se faisaient en signe de soumission envers les Furyous, plus particulièrement envers Sa Majesté. Certains essayaient de la dissimuler, d’autres réussissaient parfaitement, mais il y avait aussi de ceux qui arboraient maintenant fièrement leur Marque. Ils avaient associés ce symbole avec la puissance et pensaient qu’ils étaient à l’épreuve de tout maintenant qu’ils étaient sous la protection du Furyou. Enfin, c’était la seule façon dont je m’expliquais leur comportement, parce que sinon je ne voyais pas comment on pouvait être fier d’exhiber une telle Marque, que je vois plutôt comme un signe d’asservissement. Je ne m’étais pas encore fait d’opinion précise sur cette Marque, mais mon instinct me disait de repousser le plus que possible ce moment, même si au fond de moi-même, passé les instincts, je savais que je ne faisais que repousser l’inévitable et qu’un jour ou l’autre je finirais par porter cette marque.

Ce moment inévitable arriva finalement pendant l’automne. Cela faisait plusieurs mois que je repoussais cet instant où je devrais prendre une décision, essayant de me préparer de mon mieux à ce qui pourrait suivre. J’avais essayé en vain de trouver quelques informations sur la Marque, à savoir son origine ou encore ce qu’elle faisait, mais j’avais rencontré un mur. Supposément, cette marque ne changeait absolument rien, pas même un léger pouvoir de suggestion envers les porteurs. Cependant, même si elle semblait inoffensive, je ne pouvais me résoudre à me marquer. Sa Majesté mijotait quelques avec cette marque, cela sautait aux yeux, mais quoi? J’aurais pu passer des heures à me questionner de la sorte sur les Furyous, mais faute d’avoir de réponses, je resterai à l’affut du moindre indice qui pourrait mener vers une réponse. Pour l’instant, néanmoins, je devais me rendre à l’évidence que je devais me marquer.

Avoir eu le même choix quelques années plus tôt et jamais je ne m’aurais laissé faire cette marque, même si cela signait mon arrêt de mort. Toutefois, avec le temps j’avais acquis non seulement l’expérience d’un shinobi, mais aussi une certaine maturité. Je n’étais plus le gamin de quinze ans qui débarqua seul à Konoha avec son ninken, je devais penser plus loin que le simple court-terme. Certes, le fait ne changeait pas qu’à long-terme je ne voulais rien savoir de cette Marque, mais mon expérience me disait que si je voulais continuer à amasser des informations à son sujet et au sujet de ceux qui nous forcent à la prendre, c’était carrément cela, je n’avais d’autre choix que de me ranger de leur côté. Du moins dans les faits…

Le jour où je me décidai d’enfin passer à l’action – plus longtemps j’attendais et plus je risquais de me faire prendre par les Furyous – j’envoyai Aka faire un tour à l’extérieur. Le forçant à aller prendre de l’air et d’aller faire un tour dans le village, je ne voulais pas qu’il soit là lorsque ce arriverait au cas où quelque chose d’imprévu se passe, je pris un kunai et allai m’installer dans la salle de bain. Me dévêtant complètement, je me regardai dans le miroir cherchant un endroit où je pourrais bien dissimuler ma Marque. Si certains l’arboraient avec fierté, j’avais pour cette marque que du mépris et de la haine; je voulais donc la cacher à qui que ce soit. Je ne la gravais que par nécessité, j’en avais besoin pour gagner du temps. Gagner du temps pour m’enlever cette marque, pour en apprendre plus sur eux et plus important pour assister à leur fin. Puisque je ne me berçais pas d’illusions; si leurs motifs semblaient se rapprocher des nôtres, les moyens qu’ils utilisaient nous rendaient à jamais incompatibles. Je soupçonnais aussi qu’ils ne nous disent pas l’entière vérité, le seul fait qu’ils ne nous aient pas mis au courant de leur plan plus tôt étant suffisant pour rester suspicieux à leur égard, mais une fois la marque faite je n’aurais plus le choix et ne pourrai plus rien dire en leur présence.

Je sentis à peine le kunai s’enfoncer dans ma chair, mais je le sentis alors qu’il descendait et travaillait ma cuisse afin de graver la lettre dans l’intérieur de ma cuisse. Je sentis aussi la brûlure que laissait ces trois lignes et ce malgré l’onguent et les pansements que je mis dessus afin d’accélérer la guérison. Je ne fis mine de rien lorsque mon ninken revint de sa marche, mais avec le léger boitement qu’occasionna ma Marque dans les jours suivant, peut-être déduit-il de lui-même. Tout cela pour dire que jamais nous en parlâmes et jamais je mentionnai la possibilité de lui en faire une aussi. Déjà que j’avais à m’humilier à avoir cette marque, je ne laisserais pas Sa Majesté faire de même avec Akamori.