« Où suis-je ?! »

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Ces dernières saisons avaient été un enfer pour tous les habitants, shinobi ou non, des différents pays. Il était difficile pour elle de ne pas y penser. Tant de souffrances, tant de tensions. Fut un temps où seule la sécurité de son pays l’inquiétait mais il en était tout autre aujourd’hui. Car la sécurité du Pays du Feu était étroitement liée à celle des autres pays. Et les guerres et les diables qu’étaient les Furyous étaient d’autant plus de menaces à la paix illusoire instaurée au Pays du Feu. Mais au fond d’elle, elle le savait, malgré ses souhaits les plus sincères, il était impossible de faire perdurer la paix dans ce monde rongé par la haine et la vengeance où la loi du plus fort avait force de droit. Les Furyous avaient montré leur puissance. Pas seulement en les tenant en échec au Pays de la Terre, mais en détruisant en un rien de temps un village tout entier. Kiri. L’Aburame n’avait jamais apprécié ce village qui se prélassait dans sa réputation sanguinaire mais elle ne pouvait s’empêcher de déplorer les pertes, tout en craignant pour l’avenir de son village. Elle se savait trop faible pour faire tourner la balance, peut-être qu’avec le temps pourrait-elle augmenter en compétences. Mais le temps, en avaient-ils vraiment ?

Pour le moment tout ce qu’elle pouvait faire pour son village était d’assurer les différentes missions qu’on lui avait donné. Passé le conflit contre les Furyous qui s'étaient faufilé malgré elle entre les mailles de ses défenses, elle s’était fondue dans le décor, disparaissant parmi les habitants du Pays de la Terre. Ce qui avait initialement débuté comme une simple mission d’infiltration pour assister aux changements que subissait ce pays avait finalement dérivé sur autre chose. Une chose qu’elle ne se serait jamais attendue à faire. Tout sauf humanitaire dans l’âme, c’était d’avantage patriote que Miko se voyait. Fidèle et loyale envers ses concitoyens malgré son masque de mépris et d’impassibilité qu’elle avait affiché ces dernières années, elle s’était finalement ouverte d’avantage aux autres, sa compassion envers autrui passant au-delà des frontières. La guerre civile à Tsuchi avait laissé ses marques sur la population. Famines, querelles, vengeance, il faudrait des années pour rétablir l’ordre. Les forces ninjas avaient considérablement diminué par rapport à ses lointains souvenirs du pays. Mais était arrivé le Shûkai. Ici cette coalition de plusieurs pays considérés par les plus grands comme mineurs était sur toutes les lèvres. Cependant elle n’avait toujours pas approché de leur siège qui se trouvait ici-même au Pays de la Terre.

Non. Ses préoccupations s’étaient déroulées plus au nord. Guidée par ce qu’une rumeur avait dénommé comme étant une réunion de membres de l’ancien régime, elle devait en effet garder comme objectif sa mission première : informer Konoha de l’évolution politique de Tsuchi. Mais comme elle s’était doutée, cette rumeur avait été une belle perte de temps. Obligée à utiliser ses capacités de kunoichi au cours de son séjour dans le nord, elle avait été confondue comme appartenant au clan Kamizuru manipulateur d’abeilles puis approchée par un groupe d’enfants dont le plus vieux ne devait pas dépasser les douze ans, tous membres de ce clan dont pas un de leurs parents n’était apparemment revenu vivant de la guerre. Disputée entre ses principes qui lui dictaient de ne pas venir en aide à ce qui pourrait plus tard être de potentiels ennemis et sa conscience, elle avait finalement opté pour la deuxième. Les lettres à Konoha–qui se faisaient déjà rares- avaient cessé, lui permettant de dispenser pleinement son enseignement en matière d’insectes, se servant uniquement de ses frelons pour ne pas éveiller de soupçons chez ses jeunes disciples.

Plusieurs semaines avaient passé avant qu’elle ne quitte leur habitation. Ce qu’elle leur avait appris, ils devraient le développer eux-mêmes, parfaire leurs techniques, aiguiser leurs esprits. Comment rester avec eux alors qu’elle craignait pour son propre pays ? Et au fur et à mesure qu’elle retournait à Konoha, ses regrets de ne pas être restée grandissaient. Elle leur avait redonné espoir mais cela serait-il concluant ? Avançant lentement au milieu de la poussière du désert environnant, elle sentait le soleil qui tapait malgré la capuche rabattue sur sa tête. Son sac pesait lourd et elle avait plus que hâte de retrouver les prairies et les forêts au milieu desquelles elle avait grandi. Et c’est alors qu’elle rêvassait sur le climat plus chaleureux de Konoha qu’elle le vit, cet homme étendu par terre.

* * *

« Non loin de là où vous vous êtes évanoui, vous pesez votre poids. »

Calme comme à son habitude, elle ne s’était même pas retournée vers l’homme qu’elle avait décidé d’aider. Quelque chose avait changé en elle depuis qu’elle était ici. Continuant de touiller le ragoût qu’elle faisait cuire sur le feu depuis une bonne demi-heure, elle le laissa un peu reposer avant de se tourner vers l’homme aux cheveux blancs qui semblait être en meilleur état que quelques heures plus tôt … voire même quelques minutes plus tôt au vu de son agitation alors qu’il se reposait. La nuit avait commencé à tomber et elle avait monté son petit bivouac, se chargeant d’un invité surprise supplémentaire. Ses vivres allaient en pâtir mais elle trouverait bien un autre village où s’arrêter avant la fin de cet interminable désert. Ramassant la bande de tissu blanche humidifiée et fraîche qu’elle avait posé sur le front de l’inconnu pour apaiser sa fièvre –et qu’il avait fait tomber alors qu’il se relevait-, elle la posa sur un piquet de sa tente pour qu’elle puisse sécher.

« Ne faites pas de gestes brusques vous n’êtes probablement pas encore en état. C’est bientôt prêt. »

Concluant sa prise de parole par un geste du menton en direction de la casserole, elle se contenta d’attendre. Elle ne lui demandait pas de justification, elle ne lui demandait rien. Pas besoin de savoir qui il était et ce qu’il faisait ici s’il ne souhaitait pas le dire. Si elle avait vraiment connu Konoha comme sa poche, elle aurait sûrement reconnu le visage de l’albinos comme étant celui de l’un de ses collègues. Mais entre la pénombre ambiante et le défilement de visages auquel elle avait assisté ces derniers temps, il était normal que même si elle l’avait déjà vu elle ne le reconnaisse pas.

« Pourquoi tu fais ça ?! » Dis-je d’un air méfiant et hautain.

« Je n’avais pas besoin d’être aidé. Je m’en sortais très bien tout seul. »

« Pfff. »

« Merci quand même mais je suis assez grand. Je peux rentrer chez moi sans prendre en considération ton geste. Fais ta vie, je fais la mienne. »

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Il regardait son repas, elle sentait son regard affamé, mais il avait choisi la fierté plutôt que la survie. Soupirant en cœur avec lui sans l’avoir réellement voulu, l’Aburame commençait malgré à se lasser de la situation. Bien que les autres habitants de Tsuchi étaient tous plus fiers les uns que les autres, passé un certain stade ils considéraient toute aide comme la bienvenue. Mais pas celui-là. Son remerciement était voilé d’amertume, faux. Et alors qu’il se levait, la jeune femme ne daigna même pas lever son regard sur lui alors que ses pas commençaient à s’éloigner.

Il mettait sa patience à rude épreuve, c’était peu de le dire. Elle qui avait voulu se montrer généreuse avec un parfait inconnu. C’était à croire que ses anciennes habitudes allaient ressortir. Une de ses guêpes s’échappant malgré elle de ses manches, Miko le vit comme un signe de compassion de ses amis insectes qui ressentaient sa frustration d’avoir utilisé une portion de ses vivres qui n’allait pas servir puisque l’homme préférait aller mourir dans le désert.

Laissant la guêpe s’envoler de son doigt sur lequel elle s’était posée comme perchoir, la Jonin apprécia l’initiative. Petites ou non, les autres bêtes avaient toutes quelque chose à nous apprendre. Son regard suivit les mouvements de l’insecte qui rejoignit rapidement l’homme titubant, lui injectant une petite dose du poison paralysant qu’elle transportait avec elle. Vu l’état dans lequel il était, elle ne fut pas bien surprise de le voir vaciller sur quelques pas avant de s’effondrer malgré la faible concentration. Accueillant de nouveau le petit être qui logeait dans son corps, elle se releva, exaspérée au possible. Le bonhomme était plus que lourd, elle l’avait déjà trainé une fois déjà. Tant pis il mangera froid.

« Sans surprise, j’avais raison, vous n’êtes pas en état. »

Il s’était réveillé, c’était une certitude.

« Pour répondre à votre question précédente, eh bien disons que je le fais par pitié, compassion, altruisme. Appelez ça comme vous voulez, mais vous n’êtes pas le premier réfugié des guerres qui ont touché Tsuchi que je rencontre.»

Il avait la carrure et les traits d’un soldat. Ses mains n’étaient pas pleines de cales comme celles d’un fermier. Elle avait en face d’elle un possible ninja du pays de la Terre. Mais c’était elle qui était en position de force, pas l’inverse et elle le savait.

« Sinon quand vous aurez fini de vouloir faire vos preuves, vous pourrez vous servir à manger, il en reste. Prenez des forces, puis vous pourrez après me raconter pourquoi vous avez tant envie que ça de mourir.»

Petit effort de sociabilité. D’après ses récentes expériences, les gens se sentaient plus rassurés après s’être confessés ou du moins après avoir dit ce qu’ils avaient sur le coeur

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