Cinq monts arrogants, cinq Clans osant trôner sur les lieux comme maîtres. Une idée des plus saugrenues pour tout homme connaissant la nouvelle organisation du Pays de la Terre et cette Alliance de Pays Neutres, le Shukaï, qui assurait sa puissance et sa protection. Et pourtant, ces misérables se prenaient pour Vulcain ; siégeant au dessus de tout, comme les rois du monde. Descendant pour piller les régions avoisinantes, ils vivaient des rapines et des rançons qu’ils accumulaient, en se satisfaisant pleinement de cette pauvreté surmontable. Troupeaux d’hommes-bêtes, personnages atypiques aux identités floues, ces hommes correspondaient à plusieurs profils. Certains étaient de simples bandits, d’autres d’anciens Shinobis ayant fait défection. Les derniers étaient des soldats s’étant adonnés au mercenariat. Mais tous avaient un point commun : la guerre civile, récemment achevée, avait forgé leur identité. Ils avaient ce point commun d’être des rebus de la société. En étant enrôlé dans la guerre par l’un ou l’autre camp, ils avaient construit leur réputation, et fait leur fortune. Tout un planning. Un seul problème : la paix. Cette ignominie qui les poussait à des activités … bien moins nobles.

Cinq unités s’étaient donc composées et se réfugiaient dans les hauteurs, attendant le moment propice pour relancer les hostilités. Une situation qui ne pouvait pas être validé par le Seigneur du Pays de la Terre. Ne souhaitant pas être impliqué personnellement dans la question, il s’était tourné vers cette nouvelle Alliance qu’il parrainait. La nécessité de faire régner l’ordre sur le territoire ; quoi de plus logique ? Pour cette raison, quelques représentants du Daimyo avaient formé une délégation auprès de l’Alliance. S’ils devaient chercher un allié, ce serait au sein de la Section de l’Ôdâ, chargée de la Justice. Une fois la demande formulée, celle-ci fut traitée par le Triumvirat, et confié au plus haut représentant de cette section : Kakeshuou Samui. Acceptant cette mission comme un devoir envers cette nouvelle patrie, l’homme avait pris son barda et s’était dirigé vers les premières hauteurs habitées par les malfaiteurs : le Mont Kunlun.

Une sacrée marche, mais qui fut rapidement avalée en quatre jours. De brèves escales, pas d’attente ; l’homme serait seul sur cette mission. N’était-ce pas un peu court ? Autant vous le dire, le quinquagénaire n’en avait rien à taper. Il savait son devoir au bout du chemin. Chemin qui resterait long à parcourir. Plusieurs scénarii s’offraient à lui ; les groupes pouvaient être dispersés, agissant chacun dans leur coin ; certains pouvaient même s’être battus entre eux, créant ainsi une hostilité à tout ce qui pourrait ressembler à une coalition. Mais d’autres pourraient également avoir un brin de plus de jugeotte, et avoir choisi de former une alliance de miséreux, plus équipée et mieux adaptée à leurs mauvais desseins. Ce scénario serait très certainement le plus probable, étant donné la rudesse de l’environnement et la difficulté de lutter contre les forces de l’ordre et autre. Pourtant, il fallait espérer que le peu de temps qui leur était accordé jouerait en leur défaveur, et permettrait de frapper un grand coup avant que la chose ne devienne trop dangereuse. Visiblement, quelques célébrités Nuke-Nin traînaient dans le coin. Raison de plus pour ne pas perdre de temps indéfiniment ici … . Il devait continuer son ascension au plus vite, et tomber sur les premiers repaires. De ce sommet, il avait la certitude de voir un premier élément … .
Posé sur son nid d’aigle, le Jônin observait la pente rocheuse qu’il devrait bientôt affronter, tout en prenant du repos. Portant à ses lèvres un peu d’eau pour saluer son effort, l’homme se laissait adoucir par le vent des pics et par cette vue agréable que l’on a sur le monde. Quoi de plus plaisant que le silence, la contemplation et la réflexion lorsque l’on est Ninja. Guerrier éternel destiné à se sacrifier pour l’accomplissement d’une tâche absurde au demeurant, mais déterminée comme prioritaire malgré cela. N’importe quel homme s’attarderait un temps dans ses contrées, afin de profiter de cet instant de paix, dans une vie de guerrier.
Mais l’œil est lié directement au cerveau ; et lorsque la vue d’une petite fumée s’échappa des cavernes en contrebas, l’iris ne put retenir cette information qui tira le Soldat de l’Ombre de son sommeil éveillé. L’heure n’était plus au repos, mais bien au combat sans pitié et sans merci ! Il faudrait bientôt trancher, couper, massacrer, éventrer et réaliser mille autres festivités du même acabit, pour inscrire dans la roche que l’Autorité Suprême ici reposait entre les mains implacables d’hommes décidés et expérimentés. Plus de mauvaises surprises, plus de combat en vain. C’était l’heure des loups, de la délicatesse la plus sauvage qui soit, et de la rage des hommes de guerre. Passant sa manche sur ses lèvres, le Jônin effaçait toute trace d’eau sur son visage, rangeait son matériel. Il se saisit d’une profonde inspiration … et plonge vers la pente.

Le premier groupe ne s’attendait probablement pas à une visite à la tombée de la nuit. Fondant sur la troupe, et ne cherchant pas à prévenir de son arrivée, le Ninja de l’Alliance des Pays Neutres atterrissait sur les épaules d’un homme, lui brisant ainsi les deux bras. Le poids du quinquagénaire plongeant la tête du malheureux dans la terre, ce dernier mangeait certainement des pissenlits par la racine avant même d’avoir touché le sol. Se retournant, une première note explosive fit des étincelles près du feu, où s’étaient réunis un petit groupe d’hommes. Pris dans l’explosion, quelque bras et jambe s’en alla virevolter, pendant que le reste était simplement soufflé, projeté en arrière. Ayant créé un périmètre de sécurité autour de lui, Kakeshuou composait deux mudras des plus simples et frappait ses mains l’une contre l’autre. Bien que la manœuvre soit invisible aux yeux des maraudeurs, le quinquagénaire s’autorisait une aire de sécurité d’un rayon de trois mètres autour de lui, où tout mouvement serait repéré et l’avertirait. Dès lors, la dance macabre pouvait commencer.
Tout spectateur aurait été stupéfait par cette représentation de l’Homme et de la Bête. Alors que tous vociféraient en se jetant sur le mystérieux étranger, armes à la main et rage aux dents, lui se contentait d’un minimum de mouvements, sans une parole, sans un bruit, procédant naturellement à l’élimination minutieuse, délicate et propre de chaque individu ci-présent. Un homme dans son dos ? Gorge tranchée. Un danger à droite ? Torse tailladé. Un imprudent de face ? L’aine transpercée. Si les premiers combattants mettaient une ardeur sans faille à se jeter à bras ouverts sur la Mort personnifiée, les derniers commençaient à montrer moins d’enthousiasme.

~ Vous ne partirez pas …

D’un regard de glace et d’un mot d’adieu, l’homme décidait de sortir de sa bulle et d’accélérer un peu le mouvement. Effectuant un pointe d’accélération, l’homme envoyait trois kunaïs se loger dans les chevilles des fuyards et passait rapidement les achever. Sans perdre de vue le dernier homme qui prenait ses jambes à son cou, le vieux guerrier de l’Ombre composait quelques mudras, et donnait naissance à deux félins affamés. Flairant la piste du malheureux et sur un signe de tête, les deux créatures se précipitaient dans l’ombre des bois, d’où les râles stridents et effrayés du rescapé se perdaient dans la nuit tombante.
Se redressant doucement, l’homme porta un regard désabusé vers le sol, dénombrant les cadavres. Une vingtaine, sans plus ? Relativement faibles, certainement le groupe le plus faible qu’il y avait dans la région. Ces insurgés ne doutaient vraiment de rien, à penser défier le Daimyo du Pays de la Terre. Tenez vous au moins au courant ; en créant cette Alliance, ces pays viennent de se fournir une armée de mercenaires plus meurtrière que celles que vous ayez pu voir jusqu’à présent. Se regrouper en sous-nombre pour ne finalement pas passer la nuit, quelle ineptie.

~ L’être humain demeure insondable … et idiot …

Faisant bouger son épaule comme pour finir son échauffement, l’homme rentrait son katana au fourreau, et recherchait dans les corps s’il n’y avait pas quelques notes à droite ou à gauche. Histoire de trouver plus d’informations sur les autres groupes, à supposer qu’il y en ait. A tout bien y réfléchir, c’était plus certainement une unité avancée. Peu de chances que de tels moucherons représentent un moindre risque ou danger pour le Seigneur de ces terres. Et pourtant, il devait bien y avoir des informations sur les cachettes dans les environs. Ce serait un minimum étant donné la situation compliquée et l’environnement pour le moins escarpé et hostile !
Mais un mouvement dans son dos attira derechef son attention. Ses félins qui revenaient, repus et satisfaits ? Non, ils étaient conçus pour disparaître une fois leur tâche achevée. Se redressant pour faire face à l’éventuelle menace, le Samui restait concentré et sérieux sur la silhouette qui se dégageait doucement de l’ombre. Un homme à forte stature … . Le chef d’un premier groupe ? Voilà qui risquait d’être plus intéressant et agité que la minute précédente. Mais c’est la chevelure rouge, identifiable entre mille, qui titilla l’esprit et la colère de notre Capitaine. Portant des yeux plein de fureur vers celui qu’il reconnaissait sans la moindre hésitation, le haut responsable du Shukaï se positionnait de profil, jambe avant plié, son intérêt sur le katana pendant à ses hanches et qu’il était sur le point de dégainer avec violence.

~ De tous ceux que je pensais voir traîner dans le coin, … comment n’ai-je pas pu penser à toi ! … Yanosa Oterashi !!

Récap' de la Mission:

Faisant face à celui qu’il aurait considéré comme l’un de ses plus redoutables adversaires, le Capitaine de l’Ôdâ ne voulait pas croire que son ennemi juré – qui l’avait accompagné à travers tant de périples – soit devenu amnésique et ait oublié tout de leurs mythiques combats. Gardant un regard glacial sur le Nuke-Nin, Kakeshuou scrutait chaque changement facial, chaque ride trompeuse pour déjouer un piège aussi grotesque. Ils étaient nombreux, ces gueux qui se prétendaient amnésiques pour échapper à la Justice ! Mais là, le compte était bien trop gros ! Lorsque l’on connaît la relation de ces deux hommes, on ne peut s’attendre à ce qu’ils s’accordent des embrassades et des mamours !

Mais ce défi de regards ne faisait qu’apporter surprise et intrigue. En effet, malgré la pression évidente qui régnait ici, le Déserteur et tristement célèbre Yanosa ne montrait aucun signe de tromperie ou de trahison future. Il venait de s’exprimer ouvertement et pleinement sur sa situation, sans chercher à s’en cacher. Il ne se souvenait donc de rien ? Leur première rencontre ? La façon dont ils avaient sauvagement rivalisé sur la banquise glaciale de Yuki no Kuni ? La mission de rang A effectuée jusqu’à en foutre dans le cul d’un éléphant ? A ce point, on ne parlait plus de lavage de cerveau – mais de reformatage de la machine ! Ayant abaissé son arme et se présentant moins menaçant mais toujours d’aussi méchante humeur, le Jônin finit par rengainer et à cracher au sol pour saluer l’effort pacifique qu’il venait d’accomplir. Le visage toujours mauvais, l’homme s’approchait de son interlocuteur. Un sourcil relevé, il observait cette vieille connaissance, tâchant de voir si un élément visible expliquerait cette perte de mémoire. Mais rien ne demeurait apparent. Une technique ? Si tel était le cas, elle était redoutable ! Inutile de se perdre en conjecture ; et autant passer à la suite. Après tout, n’oublions pas que le vieux briscard restait ici en mission, et qu’il ne pouvait s’attarder sur la question.

~ Si tu es venu dans les environs pour retrouver ta mémoire, ca m’étonnerait que tu y parviennes : de mémoire, tu n’es jamais venu au Pays de la Terre auparavant … . Et je suis trop pressé pour te raconter les anecdotes que nous pourrions avoir en commun. Sache au moins que je suis Kakeshuou Samui, et que nous avons déjà lutté ensemble ; en face à face comme côte à côte … .

Inutile dans d’en dire davantage. Yanosa Oterashi ne semblait pas vouloir représenter un danger pour les ambitions et objectifs du vieux Samui. Préférant se détourner de lui, Kakeshuou entamait la fouille des cadavres. Il aurait besoin d‘éléments pour mener la suite de sa croisade. Ces gars n’étaient de des sous-fifres ; pas même de hauts gradés ou d’adversaire de valeur parmi eux. Il ne restait plus qu’à espérer qu’ils aient quelque chose sur eux qui puise fournir plus de détails et d’éléments sur la position de l’ennemi, ses relations avec les autres groupes, ou ne serait-ce que le nom du chef de cette bande. Les trois premiers cadavres n’étaient pas très bavards en leur genre … . Il allait falloir compter sur les derniers, qui étaient dans un sale état. Et puis, briser aussi ce silence morbide ! Après tout, ce n’est pas parce qu’il a perdu la mémoire que le Nuke-Nin Jashiniste s’est débarrassé de tous ses vices et défauts ! Tenir à distance l’individu par la parole serait un bon moyen de le bloquer dans d’éventuelles actions néfastes … .

~ Tu n’es pas plus curieux ? Je m’attendais à ce que tu m’assailles de questions sur ton identité … . Ou sur notre relation … . Quoi qu’il en soit, pourquoi es-tu là ! Qu’est ce qui t’a motivé à venir ici ? Tu étais de la bande et tu as préféré les lâcher quand tu as vu qu’ils ne faisaient pas le poids ?

Une bien vilaine pique, mais rappelons nous que seul Kakeshuou Samui connaît ici le passé de son interlocuteur. Et qu’en l’occurrence, il préférait se référencer à cette base plutôt que de partir sur le bénéfice du doute et offrir gratuitement son dos à la première attaque surprise venue. Il n’y a pas quatre chemins à prendre lorsque l’on a perdu la mémoire : on veut la retrouver, ou en profiter pour se bâtir une nouvelle vie ! Avec tous les dangers que cela comporte, évidemment ; rencontrer d’anciennes victimes, faire lacune de quelque information cruciale pour sa survie … . Une chance que le général du Shukaï soit compréhensif et ait autre chose en tête ! Sinon, un combat sanglant se serait déjà engagé et ferait rage dans ces montagnes ! …

L’une des derniers corps délivra enfin l’information voulue ! Une carte des environs – très sommaire, certes – indiquant l’emplacement du campement du groupe. Pas plus d’indications ? C’était quand même un début. Il faudrait un peu moins d’une demi-heure pour se rendre sur place, par la voie des arbres. Le tout maintenant était de profiter de l’occasion pour prendre ce groupe par surprise et éliminer ses combattants sans s’éterniser dans le combat. Le plus tôt ce groupe serait éliminé, le plus facile la mission serait pour la suite.
Mais que faire de cet homme ? Le guerrier rouge, pourtant si puissant combattant auparavant, devenait presque un boulet dans ces circonstances ! L’emmener avec soi ? Mauvaise idée : s’il avait perdu la mémoire, comptait-il toujours dans son arsenal cette fougue, cette volonté d’en découdre à tout prix ? Si dans un premier temps c’était cette faculté qui avait happé l’œil de notre Capitaine, la mollesse et l’abandon ne seraient pas permis dans une mission de si haut rang.

Un soupire d’hésitation alors que le quinquagénaire se relevait … puis une phrase lancé au dépourvu, presque à contre-cœur … .

~ La mission que j’accomplis est de haut rang, et peut entraîner la mort à tout instant … . Mais si tu t’en sens capable, tu peux toujours te mettre à mon service pour cette fois … . Et en paiement, je te révèlerais des informations sur ton passé … . A prendre ou à laisser, et avec moins de trois minutes pour y réfléchir ! …

~ En effet, je suis membre et même grand ponte de cette « Alliance » dont tu parles … . Mais cela ne regarde en rien la mission. Tu dis vouloir participer à l’élimination des cibles, et j’y consens. Donc suis-moi et voyons voir si ton amnésie t’a rendu innocent et impotent … ! Quant au reste, je t’en informerai en temps et en heure … . Et évite le tutoiement ! Tu as perdu la mémoire, mais il y a des limites à ce que je peux supporter !

Le ton était un peu sec, voire provocateur, mais notre homme ne laissait pas plus de temps à la réflexion. Orientant la carte à partir du nord, grâce aux étoiles qui illuminèrent le plafond céleste, le vieux combattant se décidait à partir vers l’ouest, où devait se trouver le reste du groupe. D’ici une demi-heure, ils seraient sur place et pourraient s’adonner à cette passion sanguinolente et sale qu’est le rétablissement de l’Ordre et de la Justice. S’élançant, en supposant que son nouvel allié le suivrait, le vieil homme faisait démonstration d’une surprenante agilité pour son âge. On aurait dit un singe ! En quelques minutes, ils avaient déjà parcouru une belle distance ! Mais cela ne serait impressionnant que si l’effort était poursuivi. Attendons donc qu’ils aient fait le déplacement, et qu’ils soient déjà bien installés avant de passer à l’action.

Après cette petite course, les deux hommes pouvaient contempler dans la pénombre l’entrée de cette grotte où s’agitaient un petit nombre de silhouettes endiablées par les flammes dansantes. Aucune nouvelle n’avait été donnée concernant l’attaque sur le premier groupe ; mais aucune alerte n’avait été donnée, ce qui était à l’avantage de l’équipe d’assaut. Ne restait plus qu’à attendre l’occasion rêvée. Patientant un instant sur la recommandation de l’ancien qui restait le principal acteur de cette mission, les deux hommes attendraient que le feu se fasse moins vigoureux, et indiquent un moment de laisser-aller et de repos « bien mérité » pour la troupe de rebelles. Une fois que cet instant serait observé, les deux hommes pourraient fondre et accomplir leur basse besogne, dans le sang, la chair et la Justice !

Il ne fallut attendre qu’une demi-heure pour juger le moment opportun. La fatigue due aux rapines de la journée et le repaire hautement perché dans les montagnes avait du suffire à ces gaillards pour se fatiguer. Qui a osé parler de vie de débauche et d’aisance, alors qu’il faut se montrer audacieux, impétueux et sportif ? Dommage que de tels talents aient été dispensés au service du Mal et de la criminalité. Vous apprendrez bientôt à vos dépends l’ardoise qui vous est adressée.
Quittant leur perchoir, les deux compères se rapprochaient en silence des lieux. Une première sentinelle semblait occuper à soulager sa vessie et à siffloter dans le vent ; attendre qu’il ait fini sa chansonnette et lui tailler le gosier façon Jack fut un jeu enfantin. Le deuxième garde ne tarda pas à faire son apparition au clair de lune, mais n’émit aucun son à la volée d’armes blanches qui lui perforèrent le plexus et la base du cou. S’effondrant au sol comme un sac de patate, il n’eut pas le temps de voir les deux ombres accélérer le pas et se jeter vers l’entrée de la caverne. A peine le pied mis dans les lieux, Kakeshuou Samui achevait une série de mudras et faisait apparaître dans son dos un Paon de Glace, dont les plumes s’épanouirent pour bloquer l’entrée du terrier rocheux.

~ Messieurs, bonsoir ! Il semble que ceci soit notre première et dernière rencontre !

Sur ce, l’homme dégainait son arme et tranchait à la base du cou l’homme qui se trouvait le plus proche de sa position. Son regard glacial fixa l’assistance, afin de savoir dans quoi il s’engageait. Une dizaine d’hommes, dont la plupart éveillés en sursaut et somnolant. Au fond, un homme qui, plus réactif que les autres, entamait une première série de mudras. Bientôt, des projectiles en feu prirent pour cible les impromptus visiteurs. Effectuant un saut sur la gauche, le vieux guerrier évitait le danger qui alla frapper le Paon, sans pour autant briser cet écran de glace. Le soldat de l’Ombre passait à l’action ! Son arme tomba à la verticale sur une seconde cible, qui sut plaquer ses mains et stopper l’attaque ! Mais ce n’était pas assez efficace ; lâchant prise sur son katana, Kakeshuou Samui se recroquevillait et rentrait lui-même au corps-à-corps, après avoir formé des poings américains sur ses phalanges. Celui-là ne ferait pas le malin bien longtemps !

L’action dans cet espace réduit allait-elle se dérouler pendant longtemps ? Les hommes restaient mi-endormis et leur réaction n’était pas assez enchaînée pour lutter contre la tornade de sang et de violence que formait ce duo nouvellement constitué. Mais le Chef de file avait certainement plus de moyens et de capacités. Car, après une nouvelle technique, voilà que l’homme disparaissait de la vue de ses sbires et de ses agresseurs, sans donner signe de vie. De la Sensorialité ? Du Ninjutsu Doton ? Cela faisait un mystère à éclaircir dans cette première expédition punitive … et un risque potentiel pour les deux combattants qui n’avaient plus de visuel sur l’ennemi !!

Ayant entamé les hostilités, le Jônin et Haut responsable du Shukaï s’en donnait à cœur joie. Bien que cette formule ne soit probablement pas celle qui lui conviendrait le mieux. Notre homme ne faisait que son devoir, et il tranchait des gorges car c’était là l’ordre qu’on lui avait donné. Après tout, il n’avait pas à se poser plus de questions : quand on devient Ninja, il faut être prêt à vivre dans le sang, par le sang, voire même pour le sang. Frappant derechef le corps déjà inerte de sa proie, il enchainait avec de nouveaux assaillants, qui se montraient de plus en plus coriaces alors qu’il s’enfonçait dans la caverne.

Outre l’alerte donnée par son camarade de fortune, Kakeshuou Samui avait bien entendu le râle du paon se faisant brûler les ailes. Il ne parviendrait donc pas à bloquer ces hommes, et d’autres étaient certainement revenus de patrouille depuis. Intéressant. Il faudrait donc se hâter pour mettre fin à toute cette histoire. Mais il y avait ici bien assez d’ingrédients pour faire un bon massacre sans prendre trop de dommages. Malgré son amnésie récente, le Nuke-Nin ne semblait pas éprouver de difficultés dans l’accomplissement de sa tâche ; ce qui était déjà un bon début. Alors, quand il vint à signaler l’arrivée de nouveaux partenaires de jeux, la question ne se posa pas vraiment pour le quinquagénaire en action.

~ Tu es bien assez compétent au corps-à-corps, ta mémoire effacée ne peut pas avoir effacé ça ! Si tu restes au contact, tu ne risques rien de leur Ninjutsu et autres techniques à distance !

Sur cette affirmation pleine d’expérience, l’ancien coupait une jambe et plaquait un homme au sol, laissant son râle le noyer dans son propre sang. Sautant entre deux lames, il créait rapidement deux Tigres qui allaient l’assister dans sa tâche. Les deux félins protégeant ses arrières, l’homme continua à couper, trancher, découper, lacérer, marteler, assommer, trucider, danser. Bien qu’il n’ait pas reçu l’entraînement d’un samouraï, il semblait pourtant bien disposé au sabre, et espérait bien pouvoir jouer au corps à corps assez de temps pour réduire les effectifs. Il ne pouvait plus compter sur son paon de glace pour bloquer l’accès ; mais l’arrivée de renforts et l’engouement des scélérats à ne pas être réduit à peau de chagrin par un amnésique et un vieux croulant redoubla l’ardeur du combat, et les encouragea à lutter pour leur survie et leur « honneur ». Bande de bouffons … .

La deuxième alerte transmise par son partenaire de mission devait certainement être plus éloquente. Alors un homme aurait le feu aux fesses, ici ? Qu’à cela ne tienne, le vétéran des guerres kiriennes aurait bien assez tôt refroidi ses ardeurs. Constatant l’arrivée fracassante de cet l’homme, le Capitaine de l’Ôda maintenait les ordres et envoyaient ses félins continuer le rythme de carnage dans les rangs ennemis. Leur nombre diminuait à vue d’œil. Seuls restaient une poignée d’homme, le Chef dernièrement dévoilé et un humain-torche qu’il fallait neutraliser.

~ Occupe toi du Chef de bande, je me charge de celui-là !!

Le ton était suivi d’un jeté de katana qui alla se figer dans la poitrine d’un malheureux. Pendant ce temps, les deux hommes se précipitaient l’un sur l’autre, afin d’en découdre manuellement. Effectuant tous deux la même frappe, les poings enflammés de l’un vinrent se heurter aux paumes glacés de l’autre, et les deux croisèrent ainsi le regard pendant de très fines secondes. Alors, mon grand : qui va lâcher le premier et aller pleurer dans l’Autre monde ? La seconde d’après, les deux gaillards alignaient leurs techniques NInjutsu comme deux pochtrons aligneraient leurs bites pour voir qui a la plus grande. Ne retenant pas ses coups, le Ninja avait ici un avantage considérable. On s’en fout des dommages collatéraux, ils sont tous condamnés au trépas de toute façon !! Le personnage de Feu et de Lave devait par contre faire attention à la portée de ses coups ; et si la puissance était là, la détresse l’était aussi car il ne put s’empêcher toucher à quelques reprises certains de ses compagnons.
Marquant une certaine distance, les deux hommes se toisaient du regard, prêts à repartir à l’assaut. Mais Kakeshuou Samui ne comptait pas donner davantage de crédit pour la suite. Son ton arrogant et suffisant le faisait bien pressentir.

~ Je ne compte pas m’attarder plus longtemps ici, mon gars. On se verra quand je resterais sur le carreau !

Sur cette déclaration de mort violente, le doyen du Clan Samui composait quelques mudras et s’armait à ses côtés d’une meute importante de chiens, tous baveux et hargneux au regard. Sur un claquement de doigts, les bêtes se jetaient sur l’ennemi du Maître, avec la ferme intention de lui arracher la peau lambeau par lambeau. Envoyant le premier toutou bouler d’un coup de poing dans la mâchoire, effectuant la même prouesse avec un retournement de jambe rotative, le brigand se lançait dans une technique de défense, tournant sur lui-même alors que s’élevait une colonne de lave.

~ Tourbillon volcanique !

Les malheureux chiots se trouvèrent fondus avant même d’avoir pu goûter à la chair fraîche. Bientôt, la vitesse de rotation ralentissait et ramenait l’homme sur terre, avec un regard quelque peu perdu. C’était certainement le point faible de cette technique. La griffe qui se posa sur son torse était d’un froid glacial ; tout autant que le regard du Shinobi venu au corps à corps. La main droite fumante, cette vapeur n’était pas de la chaleur, mais la condensation dans l’air du au froid extrême dégagé par sa main. Plaquée au niveau du cœur, on eut dit qu’il comptait le lui arracher.

~ Cœur de glace …

Le froid pénétra en un instant les tissus, , traversa la cage thoracique et s’empara des poumons pour finalement venir geler le cœur dans son intégralité. Pris par cette attaque surprise, l’homme fixa, hébété, son adversaire, pendant que son teint virait au pâle, puis au bleu très clair. Figé sur place, le cœur cessa de battre et, pris dans la glace, ne tarda pas à se fissurer et à se briser.
On n’affronte pas un Samui sans être prêt à mourir. Le reste de la troupe ici présente va en faire les frais.

~ Inutile de paniquer pour rien, cela fait un moment que les choses sont réglés de mon côté …

Sortant de la pénombre, le Jônin du Shukaï avait déjà nettoyé son arme sur un bout de tissu, et avait rengainé l’arme. Il avait achevé le chef de bande d’une façon magistrale, et éliminé les derniers rebus qui trainaient dans le coin. Il n’avait donc pas vraiment besoin de renforts ; mais cet aspect concerné et inquiet du partenaire occasionnel de combat le perturbait au plus haut point ! Non, ce n’était définitivement pas l’homme qu’il avait connu auparavant ! On ne peut pas demander à un sanguinaire pareil d’être attentionné envers son prochain ! La chose en était presque … repoussante … .

Passons. Le premier carnage était – indéniablement ! – une réussite, et le premier groupe pouvait être estimé comme étant exterminé. Ayant dépassé son collègue, Kakeshuou Samui s’offrait le luxe d’aller respirer un peu d’air frais, après une pareille danse dans le sang. Ce n’était peut-être rien au vue de son expérience, mais il se devait de profiter de ces instants de pause pour se préparer à la suite. Si un groupe venait bien d’être éliminé, il y en avait encore quatre autres, et le travail resterait de longue haleine. Bien que rien ne les y oblige, le Capitaine de l’Ôda espérait pouvoir se débarrasser d’eux le plus rapidement possible, afin d’éviter que les informations ne circulent, et que les groupes s’organisent, voire pire ; ne s’allient.

Posé sur un rocher, l’homme tirait de sa besace un rouleau et un stylo qu’il avait emporté avec lui. Le dépliant, il observait les informations, et portait son regard sur le Groupe du Mont Kunlun : il le rayait d’un coup sec, et enroula de nouveau les écrits. Cela fait, il ne pouvait qu’être satisfait de cette première tâche. Le tout maintenant était de passer à la suite. Se redressant, il marcha en silence un instant au milieu des cadavres. Avaient-ils une information nouvelle à lui apprendre ? Peu de chance ; après tout, il avait déjà une carte qu’ils pourraient exploiter. Des armes ? Possible. Des médicaments, probable ! Mouais, autant fouiller rapidement les cadavres, sans trop s’y attarder. S’il y a bien un corps qui méritait toute son attention, c’était celui du Chef de groupe. Le pointant du doigt, il indiquait à son compagnon de se charger de lui.

~ Fouille moi ce gars, là-bas. Fais attention, il est un peu froid. Mais toute information sera toujours utile … .

Mouais, un peu froid était sans doute un euphémisme : il lui avait glacé le cœur ! Enfin, passons … . Le temps que son collègue fasse ses recherches, Kakeshuou ressortait la carte qu’il avait récupérée un peu plus tôt. L’emplacement de lieux stratégiques, des villages ciblés, des projets certainement aussi … . Et quelques croix, qui étaient pourtant sans légende ! Des alliés, peut-être … ou des collaborateurs potentiels … ? Les Ninjas devraient bientôt se faire une idée d’eux-même.
Mais la première réflexion était de trouver rapidement un second groupe, avant que la nuit ne les abandonne et ne leur fasse perdre l’avantage de la pénombre. Nos deux compères étaient bien plus efficaces à trancher des gorges qu’à faire irruption en pleine lumière au milieu d’un groupe armé et dangereux ; même si ces deux situations finiraient de façon identique : une véritable boucherie dans tous les coins, avec tripes et flots de sang à faire bander Tarantino ! Passons les détails graveleux.

Une croix marquée au charbon sur la carte, indiquant une localité près des sources chaudes de Kyuusoku, non loin du Temple. Un emplacement assez stratégique, quand on pense à l’intérêt touristique de cette station ! Déjà victime de nombreux vols, elle ne pouvait qu’être la cible régulière d’un groupuscule souhaitant l’indépendance. Le mieux était donc, encore une fois, de voir par soi-même si tel était bien le cas.
Tendant le chiffon cartographique à son compagnon de soirée, Kakeshuou Samui espérait que ce dernier serait capable de lui en dire un peu plus ; et de donner son avis. L’idée n’était pas seulement d’aller voir. Mais aussi de terminer ce travail. Son ami de bataille se joindrait-il à lui, ou estimerait-il avoir rempli sa part du marché ?

~ Qu’en penses-tu ? Doit-on se rendre à cet emplacement pour jeter un œil et éventuellement éliminer un autre groupe ? Vas-tu seulement continuer ce parcours avec moi pour l’instant ?

Face aux derniers renseignements, le duo se devait maintenant de prendre une décision. Si un groupe devait se trouvait en contrebas, au pied de cette même montagne, il était plus que temps de foncer pour l’intercepter. D’autant plus si ce dernier prévoyait le pire pour le lendemain ! Même s’il n’y avait aucune idée de la quantité d’explosifs utilisée, assez en avait été dit pour deviner qu’il s’agirait d’un coup fumant et massif ! Était-on toujours dans de la résistance contre la nouvelle autorité de l’Alliance ? Pouvait-on encore parler de menaces internes et légères ? Mouais … les choses se gâtaient de plus en plus.

Devant cette situation, et ayant reçu l’approbation de Yanosa pour l’accompagner, Kakeshuou Samui devait se décider à agir. Le premier plan serait d’intercepter un nouveau groupe, celui qui avait rendez-vous avec les défunts. Ainsi, on parviendrait – en les neutralisant – à réduire l’impact que l’attaque pourrait avoir. Mais les trouver et agir rapidement serait difficile. Ne serait-ce que les trouver dans la forêt de basse montagne en fait ! Il allait falloir compter sur de la chance … ou d’incroyables capacités ! Coup de chance, notre quinquagénaire est dans l’équipe, et se charge d’apporter les deux !
Et pour commencer, il faut dégager d’ici. Il devient plus qu’important de passer à l’étape suivante plutôt que de tervigerser. Et pour cela, le Capitaine de l’Ôda ne comptait pas perdre davantage de temps.

~ On fonce ! On dévale la montagne, et on tente de les trouver. Fions nous à la croix pour l’instant ! Si le Shukaï est directement menacé, il faut intervenir avant qu’un incident grave change la donne … .

Jetant un rapide coup d’œil au prisonnier, les choses devenaient plus que claires pour l’avenir de ce dernier. En fin de compte, on peut se demander s’il eut le temps de le réaliser : car le malheureux reçut rapidement un kunaï dans la gorge, qui coupa net toute chance de profiter de sa misérable vie par la suite.

~ Et nous devons rester incognito. S’il est dit que l’Alliance règle ses problèmes en éviscérant ses opposants, nous ne pourrions prêcher la paix auprès des autres Nations … . On y va, maintenant !

Se retournant rapidement, l’homme se jetait à corps perdu dans le vide, et se dispensait ainsi d’une longue descente précautionneuse. Traversant les arbres, slalomant entre les feuilles, notre homme parcourait le terrain escarpé sans vraiment y faire attention. Même s’il s’en sortait bien dans la pénombre, son regard et ses pensées étaient ailleurs. Ils devaient trouver le deuxième groupe avant l’aube, puisqu’il s’agissait de l’heure du départ ; ils devraient également neutraliser l’ensemble des membres du groupe, sans laisser un seul survivant. Mais au-delà de la course contre la montre, il était aussi question de couper tout risque en trouvant les explosifs et en les confisquant. Une fois cela fait, le duo d’intervention pourrait déjà revendiquer une petite pause, avant de passer à la suite … .

Déployant ses ressources et ses forces à la recherche de cette unité, et usant de tous ses dons sensoriels, Kakeshuou Samui parvenait enfin à guider l’équipe d’extermination vers une installation sauvage, à moins de 5km de Kyuusoku. Quelque chose de discret, mais de bien organisé néanmoins. La pénombre ne laissait pourtant que peu d’opportunités pour bien repérer les cibles. Et à défaut d’être nyctalope, il serait difficile de localiser tous les adversaires … .

Campant à quelques mètres de là, les deux hommes observaient les lieux. L’organisation de ce camp-ci était bien rodée : des sentinelles tous les 15 mètres, avec torche et armes. Et le camp en lui-même montrait un bon groupe, d’une quarantaine de personnes au moins. En tuer un donnerait à coup sûr l’alarme en un rien de temps. Il fallait donc trouver une meilleure solution. Et pour cela, déjà repérer les éléments gênants. Détruire les sentinelles, et trouver les explosifs afin qu’ils ne servent pas. Comment procéder … ?

~ La meilleure solution est certainement de la jouer stratégique … . On commence par s’infiltrer dans le camp. Je prends la place d’un garde pendant que tu te glisses dans les tentes et tu repères l’emplacement des explosifs. Après quoi, on passera à la vitesse supérieure, et on tâchera de neutraliser les cibles de façon radicale et efficace. Dès que j’ai eu le premier garde, tu profites de l’espace pour te faufiler. Fais attention, ils commencent déjà à se lever … .

Inspirant et expirant profondément avant de se lancer, le vieux briscard finit par effectuer une pointe de vitesse. Prenant non pas appui sur le sol – qui pouvait être trop bruyant – mais sur les troncs d’arbre, il surgit soudainement face à sa cible. Ayant activé la Première Porte Céleste, il comptait agir vite ! La tête sauta, le corps fut saisi et jeté, l’apparence physique copiée par un Henge, et la place prise ! Voilà une opération joliment effectuée ! Et les gardes alentours ne semblent pas avoir repéré la manœuvre. Ont-ils également manqué l’Éclair rouge qui fonce s’infiltrer en plein camp ennemi ?

Ayant confié à son partenaire la tâche de l’infiltration, Kakeshuou Samui gardait fidèlement son poste, sans bouger de son tour de garde. S’il pouvait voir les autres gardes alentours par les petits feux que chacun avait à sa disposition, il ne savait pas encore comment procéder pour les éliminer. Car il y avait bien un moment où notre homme devrait passer par là ! …

Les gardes restaient encore stupéfaits par cette intervention soudaine. Poussé au milieu du camp par un violent coup de pied, le Nuke-Nin mordait la poussière, et se retrouvait étrangement accompagné dans cette fin de nuit. Si la lumière matinale était encore tamisée par un feu de camp, les ombres dansantes donnaient une situation presque fantomatique. Que pouvait bien faire cet homme ici ? Que pouvait-il bien faire dans la tente ?! Qu’allait-il bien faire, ainsi encerclé !?! La vérité ? Notre homme tente de parlementer ! Faut-il être fou, pour tenter pareille chose. Il s’était à peine redressé et présenté ses arguments que son assaillant sortait de la tente, le regard grave et les poings serrés. Pour lui, visiblement, il n’y avait pas vraiment de question : un ennemi est un ennemi ; et un ennemi est à abattre ! Point final, merci m’ssieurs-dames, dégagez-au-revoir !

~ Qu’est ce que vous attendez pour le défoncer ? Qu’il pleuve ?!

Pourtant, le gaillard se devait de remarquer le regard interloqué de ses compagnons. Les propos du mystérieux inconnu étaient assez évocateurs ! Il savait pour les autres groupes, il savait pour les explosifs, … il savait ! Disait-il donc la vérité sur le reste ? Devait-on vraiment s’attendre à ce que le plan ait échoué ? Et si tel était le cas, fallait-il combattre jusqu’à la mort, ou tenter de s’échapper rapidement ? Peut-être même … se rendre ? Les avis étaient partagés, mais les murmures en disaient déjà longs. Le guerrier rouge était parvenu à semer les graines de la discorde ! Et avec un peu de chance, il se tirerait sans mal de cette situation !
C’était sans compter sur notre molosse au premier plan ! Crachant au sol, son visage et ses traits faciaux traduisaient toutes les expressions qu’un homme de son envergure pourrait ressentir en pareille position : mépris, dédain, sentiment de supériorité, colère et furieuse envie de se gratter l’oreille droite. Allant chercher d’une patte monstrueuse son arme placée dans son dos, notre homme débusquait une claymore massive, qu’il prenait à deux mains pour mieux frapper. Avec ses muscles et une telle arme – qui devait davantage à la massue à clous qu’à l’épée traditionnelle – il y avait de fortes chances que l’expression « manger des pissenlits par la racine » devienne une réalité pour notre mercenaire Déserteur dans les secondes qui suivaient !

~ On va bien voir si tes copains arrivent à temps pour toi !

Levant les bras bien assez hauts, l’homme – malgré sa lenteur affichée – était prêt à expédier la sentence en une fraction de secondes ! Les deux détonations au loin retinrent pourtant son assaut. Interloqué, dubitatif, il quittait sa cible des yeux et cherchait à transpercer du regard cette noirceur qui dominait l’espace boisé. Des explosions ? Du à quoi ? Il y aurait vraiment des renforts … ?

~ Yanosa !! Esquive comme tu peux !!

Dans les secondes qui suivirent, les grognements lourds de cette obscurité nocturne se firent plus volumineux, plus agressifs. Et bondissant de l’inconnu, une meute massive d’une centaine de loups se mit à dévaler la pente, dégringolant la montagne et se précipitant – yeux glacés et bave bien réelle – sur toute cible mangeable et à éliminer sur le terrain. Les grognements furent rapidement suivis par des cris, à la fois hurlés et étouffés, les victimes se trouvant non pas seulement attrapées, mais traînées jusque dans la pénombre où on ne pourrait donner cher de leurs peaux. Un véritable carnage résonnait entre les arbres, où une majeure partie du groupe terroriste perdait la vie entre les crocs, les griffes et les mâchées bruyantes de la meute. Un carnage affreux, intense et pénible à l’ouïe, mais qui finit d’en terroriser certains, rapidement rattrapés et mis dans le même état.
Les tentes dévastées, le terrain presque littéralement mangé par les animaux de Glace, nous n’étions plus du tout dans le même climat. Faisant sa soudaine apparition au centre de la scène, Kakeshuou Samui revenait de sa position, dévoilant son identité. Il avait envoyé deux kunaïs explosifs sur les cibles les plus proches afin de se donner un peu d’air libre, et avait exécuté une technique sur l’ensemble de la zone afin d’orchestrer le plus de dégâts possible à la troupe. Ne restait plus qu’à espérer que son partenaire de mission s’en soit sorti ! Il était triste de voir que ces carnassiers des pics glacés ne faisaient pas de différence entre allié et ennemi … .

Confortablement installé au centre de l’action, le quinquagénaire observait les environs. Des ombres des arbres, ceux qui avaient formé le cercle de sécurité se rapprochaient en silence, prêts à agir de concert. Du côté de Yanosa, qui semblait en avoir réchappé malgré la sauvagerie passée, l’homme et sa claymore s’en était sorti à tour de bras, en envoyant valser chaque bête se jetant sur lui. Il était toujours assi motivé à en découdre.

~ Vous pensiez vraiment nous mettre K.O., comme ça ?! BANDE DE SAC A MERDE !!

La claymore s’abattait de nouveau avec une violence inouïe, pendant que l’encerclement se faisait plus dense. A droite et à gauche, des techniques Katon et Fûton se préparaient déjà à cibler l’espace central. C’allait être un véritable massacre si le duo se décidait à persister dans cet enfermement ! La rencontre des éléments leur démontrerait un choc des Techniques magistral s’ils n’agissaient pas rapidement !

Son coup d’éclat avait du surprendre ; mais Kakeshuou savait que c’était une nécessité pour en finir le plus rapidement possible. Ces bandits étaient déjà trop bien installés, et tout portait à croire qu’ils n’auraient pas tardé à passer à l’action une nouvelle fois. Les empêcher de nuire était donc un Devoir pour lequel tous les moyens devaient être employés sans vergogne et sans retenue. Tout comme le premier groupe qui avait déjà pâti de leur rencontre.

La meute de Loups de Glace avait certainement bien fait son œuvre. Débarrassé des gardes alentours, ce serait désormais l’occasion d’accélérer le processus d’élimination en jonglant entre tous ces idiots qui pensaient pouvoir les arrêter. Le duo maléfique compris du Démon des Glaces et de l’Ogre Rouge était infaillible dans ces circonstances. Rien qu’une malheureuse bande ne pourrait arrêter en tout cas. La preuve en images ! Ayant parachevé sa technique, le Capitaine de l’Ôdâ s’était jeté en contrebas pour rejoindre son compagnon d’armes, espérant que ce dernier avait eu la sagesse d’éviter les coups. Il arrivait donc à temps pour voir les paumes incendiaires rebondir sur un colosse à l’arme d’acier, se trouvant ainsi projeté en arrière avec un bout de tête en moins … .

Mais le terrain devenait houleux, pour ne pas dire relativement dangereux. Y remédier paraissait de la plus grande nécessité. Effectuant un saut pour éviter un obstacle qui lui barrait la route – oui, c’était un cadavre … - l’Ancien venait frapper ce sol tordu de ses paumes pour y déverser son chakra. La place fut immédiatement prise dans la glace, et figeait ainsi le sol, les lieux et les premiers objets en contact. Une chose face à laquelle les défenseurs ne savaient guère comment réagir.
Mais le Capitaine du Shukaï n’était pas dupe. Il savait qu’il ne faudrait pas longtemps pour que les brigands ne renouvèlent l’initiative, brisant ainsi la plaque de Glace qu’il avait créée. Profitant de ce terrain avantageux, le vieux briscard – probablement l’un des rares à s’être assez entraîné pour profiter de ce genre d’espace – prit son élan et se jeta pieds en avant sur la pente. Son corps glissa lestement le long de la glace, et notre homme, par une pirouette acrobatique bien effectuée, s’éleva dans les airs d’où il put repérer les quatre gaillards à l’origine de cette mauvaise farce. Passons sur l’atterrissage et voyons le plus important : la dance ensanglantée qui suivit fut des plus claires. Encore quelques lancers de shurikens, et le terrain était nettoyé. La merde restait là où elle était destinée : au sol, afin de s’y enfoncer dans un état de décomposition facilitée par l’humidité de la forêt.

Remontant le terrain à petits pas, Kakeshuou Samui retrouvait de vue son camarade de mission, et ne lui accordait qu’un signe de tête. Voilà qui était fait. Mais comme l’avait précisé le Guerrier Rouge, le troisième groupe était certainement parti pour accomplir sa plus sombre activité. Il devenait plus qu’important de les intercepter avant qu’il ne soit trop tard … . Fouillant les lieux à grandes brassées, rien n’indiquait combien ils avaient emporté de matériel avec eux, ni leur destination précise. En fin de compte, le plus simple était encore de revenir à ce plan qu’il avait trouvé dans la première planque. Se rapprochant de son homologue, il gesticulait d’une main hasardeuse les différents points qu’il voyait sur le document gribouillé … .


~ Ils sont restés sur le Mont Kulun … mais s’ils veulent faire des dégâts, ils n’ont que deux possibilités : Jukusui ou les Sources Thermales de Kyuusoku. On se rapproche de la saison touristique, et le Seigneur se rend souvent aux sources pour s’y détendre. S’ils veulent frapper un grand coup, ce sera là … . C’est ce que nous a révélé le premier mercenaire … . On fonce … ?

Regard vers son camarade. Cela faisait longtemps que ces deux-là ne s’étaient pas dégourdis les membres ensemble ! Il était peut-être temps de rappeler de vieux souvenirs et de revenir sur ce terrain de chasse ?

Reprise de la Mission !!: