Troisième étage, quatrième porte à gauche. De mémoire c’était ça. ‘Fin c’était c’que la meuf à la réception avait dit. Elle pouvait pas lui avoir menti, il avait sorti son plus beau sourire au cas où le coup comme quoi il était de la famille marchait pas. Il avait beau avoir dix-huit ans, il se comportait toujours comme un gamin et par chance les gens le voyaient toujours de cette façon-là. Trop cool. Aucune responsabilité. Enfin à part son taf au service psychiatrie de temps à autre et sa contribution à la Racine. Ouais parce qu’il faisait un peu le garçon de course. Dossiers, ordres de mission, communication express tout ça c’était lui qui les apportait ou les communiquait par télépathie. Comme si les autres membres pouvaient pas se déplacer par eux-mêmes… Enfin bon il kiffait quand même bien ce travail sous-terrain.

« Toc toc toc, t’es lààà ? Meia ? »

Frappant en même temps qu’il imitait les bruits, Iji attendit quelque chose comme trois secondes avant d’entrer. Familier à mort, le blondinet n’avait que peu de respect pour la vie privée des autres. Enfin si, il en avait mais ça l’amusait de débarquer quand il voulait dans la vie des gens. Ouvrant d’un coup la porte de la chambre d’hôpital de sa camarade de la Racine et chef de clan, le Yamanaka lui fit un grand sourire. Mieux valait être genre trop sympa au début et glisser la mauvaise nouvelle ni vu ni connu.

« Wesh ! J’ai entendu dû dire que tu t’étais fait latter par des Furyous. ‘Fin c’est pas vraiment comme ça que tu l’as formulé quand t’es revenue j’pense mais l’idée est là quoi ! Après t’sais t’en veux pas hein, la dernière fois qu’ils se sont pointés ils ont défonce tout l’monde ! Maïka m’a demandé de t’ramener ça, ça t’aidera à retrouver la forme plus rapidement, elle a pas pu v’nir elle-même, occupée avec les blessés tout ça… »

Déposant un petit paquet contenant plusieurs grosses boulettes de protéines et autres machins, Iji était content de s’en débarrasser. Y avait pas à dire, même si après en avoir avalé on se sentait vachement mieux, Maïka les rendait super dégueux. Après c’était peut-être fait exprès pour pas qu’ils en mangent trop. Une stratégie de médecin soigneur ça. Se postant à côté de la fenêtre, il regarda un moment dehors avant de se retourner vers elle.

« J’sais pas si tu viens d’te réveiller ou autre, mais si c’est pas le cas t’as dû voir que l’hôpital avait bien pris cher pendant ton absence. ‘Fin y a tout un bloc qu’a carrément sauté quoi. C’était … ben tu vois l’bloc où y avait Météora. Il s’est comme qui dirait enfuit. »

Un peu emmerdant à annoncer quand même. Fallait voir le bon côté au moins Konoha serait pas pris pour cible par les futurs fanatiques des Furyous avec leur F à la con. Y avait plus Météora, y avait plus d’soucis ! Hey ouais ! Les grandes portes avaient été réparées, c’était déjà ça, merci les Hayashis. Avec la menace Furyou environnante, tout le monde s’était pressé … Au cas où … vu ce qu’il s’était passé à Kiri. Sauf que la sécurité renforcée était dirigée vers l’extérieur par l’intérieur. Et ils s’étaient fait défoncer.

«Ouais je sais il avait son chakra scellé – m’enfin même sans ça il était flippant – mais on le lui a enlevé. ‘Fin on l’a aidé. Et tu devineras jamais qui ! Ah ! … D’après les rapports et les gardes encore en vie … Il s’agirait d’Natsu.»

Long moment de silence de sa part avant d’ajouter un dernier point.

«J’ai … vérifié dans leurs souvenirs. C’était vraiment elle.»

Fiouuuuu c’était dit. Bon en espérant qu’elle le défonce pas lui. Il avait beau avoir coupé les ponts avec son clan et ne pas traiter Meia comme sa supérieure, il reconnaissait quand même qu’elle était pas mal forte.

De retour au village, Meia avait pris le temps de se calmer suite à toute cette histoire. Maintenant que l’adrénaline est redescendue, son corps tout entier montre des signes de légère douleur mais d’importantes fatigues. Même marcher devient une épreuve si c’est pour dire ! ‘est donc à cause de tout cela qu’elle décide de passer directement par la case hôpital avant de faire quoi que ce soit d’autre. Après tout, peut-être est-ce dû à la lettre gravée sous ses bandages, ou encore à la prison de la femme Furyou. Cette salope qui a réussi à berner tous les Shinobi présent. Si seulement Meia avait usé d’une technique de sensorialité… Malheureusement, sachant que ce genre de jutsu est inutile face aux Furyou, elle n’a pas pris soin de le vérifier elle-même. Peut-être qu’un simple jutsu de repérage chakraïque aurait permis à toutes les personnes présentes de mieux s’en sortir…

Enfin bref, ce n’est pas avec des si qu’on refait le monde comme on dit. Arrivée à l’hôpital, la Dame n’a pas perdu de temps avant de s’écrouler de fatigue dans un lit alors que plusieurs médecins s’occupaient d’elle. À son réveil, personne. Alors qu’elle reprend petit à petit ses esprits, une petite déception se fait sentir. Après tout ce qu’il vient de se passer, elle aurait espéré trouver sa fille à son chevet. Inspirant un bon coup, elle se remémore tout ce qui s’est passé lors de l’intervention des Furyou. Contrairement à avant, cette fois-ci, elle ne s’énerve pas et n’a directement envie de se couper le bras. À croire que comme on dit, la nuit porte conseil.

Une voix familière la fait cependant revenir sur terre et avant qu’elle n’ait le temps de répondre, un blondinet rentre dans sa chambre d’hôpital. Yamanaka Iji, un jeune garçon prometteur du clan et membre de la Racine. À eux deux, ils forment le duo Yamanaka de l’organisation, même si au fond, le blondinet s’est retiré du clan. Rien de bien impressionnant donc dans le fait qu’il s’adresse à Meia d’une façon aussi décontracté. S’approchant du lit de la rousse, il lance la discussion avec son détachement habituel. Dans d’autre circonstances, elle aurait par réflexe de le gronder dans sa façon de parler aussi impoli… Or, cette fois-ci, tout ça la fait juste sourire. Voir autant de naïveté, de simplicité dans ce jeune Yamanaka rappel à la Dame sa propre fille Natsumi.

- Merci Iji, je prendrai soin de remercier Maïka quand je sortirai de l’hôpital.

Alors que le garçon s’approche doucement de la fenêtre, la rousse porte à sa bouche une des pilules de la femme aux cheveux roses, et croque à pleines dents dedans. Malgré le goût infect, la Dame garde son sourire, trop habitué à ce genre de médicament infect. Avec vingt ans d’expérience Shinobi, elle en a bouffé des pilules dégueulasses, même s'il faut l’avouer, celle de Maïka sont particulièrement horrible.

Elle avale de travers. À l’entente de la mauvaise nouvelle, Meia manque de s’étouffer et prend immédiatement une gorgée d’eau. Meteora… libre… ? Dans sa tête, une multitude d’informations sont analysés en l’espace d’une seconde. Non, pour elle s’est clairement impossible. Son chakra est scellé… il n’a pas pu s’enfuir. Elle ne peut définitivement pas le croire, surtout que les mauvaises nouvelles ne font que s’enchaîner on dirait. Tentant d’avoir des explications sur le pourquoi du comment, elle se fait rapidement couper par son confrère de clan.

- Mais… comment il a…

Quelqu’un l’a aidé à s’enfuir . Mais qui serait assez idiot pour trahir Konoha et l’humanité entière ? Un énervement mêlé à de l’incompréhension naît dans l’esprit de la Dame. Serrant les poings, elle attend impatiemment qu'Iji lui dévoile le nom de la personne qu’elle allait tuer à leur prochaine rencontre. Déjà qu’un déserteur basique ne mérite que la mort aux yeux de Meia, mais un déserteur ayant libéré le chasseur de visage…

Un nom. Non, plus un surnom donné à cette personne. Dès qu’il parvient à son oreille, l’esprit de Meia se vide, ses yeux s’écarquillent. Fixant le blondinet, elle lâche sans le faire exprès son verre qui vient se briser au sol. Murmurant des mots, elle écoute néanmoins ce qu’a à ajouter le membre de la Racine.

- Non…non… c’est impossible… elle ne ferait pas ça… pas elle… c’est sûrement une erreur… elle est idiote mais pas à ce point…

Après dix bonnes secondes à fixer Iji en se disant que c’est sûrement une erreur, la Yamanaka ferme les yeux et prend une grosse inspiration. En y réfléchissant bien, Natsumi ne faisait que devenir de plus en plus méchante et irréfléchi... sans parler de son envie d'immortalité. Elle l'aurait donc libéré pour ça... Fort probable. Mais qu'est-ce que Meia a fait pour que sa fille prenne le mauvais chemin? Elle qui aurait pu être la future chef du clan Yamanaka !

Une fois les yeux rouverts, ce n’est pas un regard vide mais bien un regard déterminé qu’elle lance en direction de son compère manipulateur d’esprit.

- Fait en sorte que les recherches à son sujet cessent.

Malgré la détermination qu’elle affiche, une larme coule sur sa joue. Voilà donc ce qu’est le pire moment de sa vie. Son mari s’est exilé et a donc divorcé la laissant seule avec Natsumi… Mais maintenant, elle est définitivement… seule ? Tout ça en si peu de temps… Mais ce n’est pas encore fini…

- Je veux m’occuper de Natsumi moi-même et toute seule. Vous pouvez déjà la considérer comme morte.

Comme pour se forcer à être de nouveau sur pied, elle avale trois pilules supplémentaires, sous le regard du blondinet. Une chose est sure, Natsumi n’est plus sa fille. À partir de maintenant, ses seuls enfants seront les membres du village. Ils seront sa seule et unique famille. Une nouvelle ère vient encore de commencer pour la Dame.

- Trop de choses sont hors de contrôle en ce moment, on doit agir et vite. J’ai besoin de ton aide pour porter un message secret à tous les membres de tu sais quoi. Tu te doutes bien que je peux normalement le faire moi-même, mais je vais me rendre à Kumo le plus rapidement possible suite à l’invitation du Raikage.

Sur ces paroles au ton à la fois déterminé et pressé, elle défait son bandage après avoir regardé aux alentours s’ils sont bien seuls. Alors que les bandes tombent, un signe se dévoile aux yeux des deux Yamanaka. Le F qu’a gravé Monwa à Meia.

- Sa Majesté a gravé la lettre F sur mon bras et sur celui d’un Kumojin avant l’annonce télépathique. Même s'il a parlé de choix, il faut croire que moi je ne l’ai pas eu. Cependant, je ne compte pas rejoindre son armée, du moins par pour l'instant. Préviens les tous que je possède la marque et que je peux agir comme espion ou autres.

Ne lui laissant pas le temps de dire quoi que ce soit, la Yamanaka ajoute encore quelque chose tout en sortant une fiole de son gilet de Jônin, accroché à côté de son lit. Une fiole contenant un liquide noir.

- J’ai réussi à récupérer ce liquide noir que Sa Majesté à extrait du corps de deux sunajin. Si on en croit tout ce qu’on sait sur eux, il doit s’agir de sang de Furyou. Du sang noir. Monwa n'avait pas l'air d'apprécier que les sunajin se soit injecté du sang noir d'ailleurs, c'est peut-être une piste à exploiter...

Tout en donnant la fiole à Iji, elle ajoute une dernière remarque.

- Je te laisse faire des analyses dessus. Fais ça discrètement et le plus rapidement possible s’il te plaît. Je peux compter sur toi pour ces deux choses ?

Quoi qu’il se soit passé, il est temps pour eux d’agir et c’est Meia qui va servir de moteur…

Wouuuuuu … Que c’était gênant ! Aherm ‘fin elle pouvait arrêter de le regarder comme ça ? Pas sûr qu’elle allait pas le frapper où autre une fois qu’elle se serait remise de son état de choc. Elle était où Miko quand on avait besoin d’elle ? A coup sûr elle aurait rempli à merveille son rôle d’oiseau d’malheur. Elle l’aurait sorti cash genre « hé ta fille est une connasse, j’m’en vais la buter ». Non… Quand même pas. Elle aurait pas dit « hé ». Ou même pas de vocabulaire vulgaire dans ce genre là. Non ça aurait plus classe, plus simple. Et puis bon elle l’aurait pas dit parce qu’elle était comme qui dirait déjà en train de le faire.

Elle était en poste aux portes comme d’hab au moment où ça s’était produit. Mais dans son bureau. Heureusement ou malheureusement ? Le Yamanaka savait pas trop. Y avait du très lourd en face quand même. Mais elle aurait peut-être pu chopper la tr… Natsu. Tout s’était produit si vite. Personne avait eu le temps de réagir correctement. L’explosion à l’hôpital avait réveillé tout le monde, mais les deux fugitifs avaient foncé, prenant ceux qui surveillaient le mur au dépourvu. Une menace de l’intérieur … fallait s’en douter aussi avec un putain d’Furyou. Direct après leurs fuites, plusieurs ninjas s’étaient lancés à leur poursuite, incluant Miko. En espérant qu’elle se repointe un jour en vie pas comme les autres qu’avaient vu leur vie se terminer décapités par deux guignols.

« Pardon ? »

Que les recherches cessent ? Que lui les arrête eh oh trololo comment il allait faire ? Il avait pas d’autorité mais genre du tout au niveau du reste du village … Quoique s’il en parlait à Maïka elle pourrait en parler à Raito (c’était l’élève d’On’ après tout) et une chose en entraînant une autre … Azi il allait se démerder. ‘fin … Malgré c’qu’elle disait est-ce qu’elle allait vraiment crever sa propre fille ? C’était un peu glauque. Il savait Meia comme ça –vachement à cheval sur les règles et à fond pour Konoha-, mais bon quand même.

« Euh t’es sûre ? Tu … Tu pourrais laisser ça à Miko par exemple, elle se ferait une joie d’le faire. Enfin non. C’est pas c’que j’voulais dire mais … ça serait moins dur pour elle. »

Délicatesse quand tu nous tiens. Ecoutant la suite, le blondinet s’avoua par contre plus que surpris. Au moins c’était donnant donnant les nouvelles déstabilisantes. Prenant le flacon d’une main pas sûre, le Yamanaka le fit s’agiter devant ses yeux. Ah ouais. Vraiment noir. Comme dans les rapports. Si seulement Suguato voyait ça. Il aurait été tout fou.

« Euh ouais … Ouais j’vais faire ça. J’vais mettre Maïka et Miko dans le coup, elles pourront aider j’suis sûr. J’vais mettre en pause mes autres trucs. Sinon … Pour ton … Tu penses pas que ce serait mieux qu’tu l’dises toi-même ? Non parce que bon, ils vont p’t’être croire que tu t’l’es fait exprès ... Y a d’jà trois mecs de chez nous qui se sont fait griller avec ce genre de truc sur l’bras, les ANBU sont en train d’leur tirer les vers du nez si tu vois c’que j’veux dire. »

C’était la loose. Meia s’en prenait plein la gueule en tout cas. Sa fille trahissait le village, elle s’était pris la dérouillée de sa vie et risquait de se faire traiter en paria par les autorités du village. Se retournant alors d’un coup en agrippant l’échantillon de sang qu’il avait comme si sa vie en dépendait, le gamin tomba nez à nez avec Miko qui se tenait dans l’encadrement de la porte qu’elle venait d’ouvrir en grand. Il avait dû être trop déstabilisé par tout ça pour faire gaffe à ce qui les entourait. Ou alors l’Aburame s’était faite discrète. Faut dire qu’elle avait le chic pour qu’on fasse pas attention à elle quand elle le voulait.

« C’est une plaisanterie ? »

Rictus méprisant alors qu’elle regardait le bras de la rousse. Cette dernière avait sûrement attiré l’attention de la brune à son arrivée en portant sa main à son bras pour replacer le bandage au cas où c’était un parfait inconnu. Ça ou Miko avait un super sens de l’observation. Voyant quelques insectes sortir en bourdonnant de ses manches alors que la Jonin rivait sur sa consœur un regard noir et un visage crispé, le blondinet se plaça entre les deux en levant les deux mains, tenant toujours son flacon.

« C’est pas c’que tu crois j’te jure ! Oh t’as une nouvelle coupe de cheveux ? T’as réussi à ‘‘la’’ rattraper alors ?»

Tentative d’apaisement : complimenter Miko sur sa nouvelle coiffure. Bon elle s’était juste attaché les cheveux parce qu’ils étaient encore humides de la pluie qui avait pas arrêté de tomber depuis quelques temps mais bon quand même.

« Qu’est-ce que c’est que ça ? »

Ouch. Elle l’écoutait même pas, elle ne faisait que se focaliser sur la rousse en lui adressant directement la parole, visiblement à cran. Rare de sa part.

« Calme toi, t’es juste fatiguée, à cran, laisse lui l’temps de s’expliquer, j’te jure Miko, crois-moi, j’te jure !»

C’était pas parce que la fille était une connasse de traitresse que la mère l’était aussi, c’était pas forcément héréditaire ce genre de chose. Meia avait l’air sincère, et l’avait sorti alors qu’elle aurait pu le garder pour elle.

La plupart des gens savent comment est la Dame, alors pourquoi Iji semble aussi surpris par ces propos ? Si elle est rentrée dans la Racine, ce n’est pas pour rien. Même si Natsumi est sa fille, ou du moins l’était, ce n’est plus le cas maintenant. De ce fait, il est normal qu’elle veuille s’occuper d’une sale traîtresse non ? Oui bon d’accord, la majorité des parents n’auraient pas réagi comme ça mais bon… En soi, Meia est sûrement la mieux placée pour vaincre sa fille. Après tout, c’est elle qui lui a tout appris, autant au niveau du Yamanaka que du Suiton, donc elle est la mieux placée pour savoir comment contrer son style de combat. Si leur puissance au niveau de la manipulation de l’esprit et de l’eau est équivalente, il reste encore une chose que Meia a et qu’elle n’a pas eu le temps d’apprendre à sa fille : La manipulation de la vapeur. Un art que l’adolescente a rarement vu de ses propres yeux, un avantage certain donc.

Seulement, elle ne prend même pas la peine de répondre au blondinet, continuant dans sa lancée avec l’histoire du sang noir et du F gravé. Malgré que la Dame aperçoit clairement qu’Iji a du mal à emmagasiner autant d’informations et de requête, elle continue. S’il y a bien une personne qui peut se plaindre du nombre de nouvelles a digéré, c’est bien Meia et pas Iji ! Seulement, il n’a pas tort sur un point. Certains pourront croire qu’elle l’a fait exprès, qu’elle s’est rallié aux côtés des Furyou tout comme beaucoup de personnes sont en train de le faire… Mais avant qu’elle n’ait le temps d’ajouter quelque chose, une brune surgit dans la pièce. Aburame Miko. Croyant à une infirmière ou autres, la rousse a rapidement caché sa lettre gravée tout en retenant sa respiration d’anxiété. À la vue de sa collègue, la pression redescend et elle retire sa main qui cachait l’œuvre de Monwa.

Seulement, alors qu’elle pensait bénéficier de la confiance de Miko, cette dernière semble voir en elle et cette lettre gravé, des ennemis. À la vue des insectes sortant des manches de la brune, une profond soupire se fait entendre. Voyant Iji qui tente de calmer l’autre trentenaire, Meia glisse doucement ses jambes pour finir assises au bord de son lit, toujours recouverte par la fine couette blanche. Plantant son regard dans celui de l’Aburame, elle lui offre un sourire de défi.

- C’est mon nouveau tatouage que je me suis faite faire y'a peu. Il est sympa tu ne trouves pas ? C’est un certain Monwa qui me la fait… Je ne le connais pas très bien mais il avait l’air un peu étrange. Si tu veux je peux lui demander pour qu’il t’en fasse un, qu’en dis-tu ?

Dans d’autre circonstances, Meia lui aurait tout expliqué directement et sérieusement. Or, après toutes ces mauvaises nouvelles, elle ne peut s’empêcher d’être exaspéré par le peu de confiance qu’à sa collègue envers elle. Avec la désertion de sa fille, elle n’a plus de famille sur qui compter. Avec cette histoire de lettre gravée, elle ne peut même pas faire confiance aux membres de son village… Ne peut-elle-même pas avoir confiance en eux ? Les membres de la Racine ? Ce sont les seuls en qui elle peut croire et compter actuellement, alors ce genre de réaction la désespère purement et simplement. Changeant d’expression, c’est un regard noir qu’elle lance en direction de Miko.

- Vas-y je t’en prie, tue moi ! Si tu n’es pas capable d’avoir un minimum confiance en moi alors achève-moi. De toute façon, une mauvaise nouvelle de plus ou de moins, je ne suis plus à ça près.

Au fur et à mesure que les mots sortent de sa bouche, sa colère ne fait que monter. En soi, ce n’est pas vraiment contre Miko ou Iji qu’elle est énervée, mais contre le monde entier. Contre tout ce qui lui arrive actuellement. Si elle a réussi à garder son calme jusque-là, il fallait bien un moment qu’elle explose et malheureusement pour eux, c’est sur eux que ça tombe.

Écartant les bras comme pour se donner en sacrifice, elle reprend la parole, à la limite d’hurler sur sa collègue.

- Si tu penses vraiment que je suis une salope de traîtresse comme ma fille alors vas-y ! Tues-moi ! Si tu n’es pas capable de me faire confiance dans cette période critique alors vas-y ! Achève-moi ! Si je ne peux même pas compter sur vous, alors vas-y ! Supprime-moi ici, sur-le-champ !

Sans vraiment le vouloir, une autre larme se glisse sur la joue de Meia. Une larme qui accompagne toujours ce regard noir que porte la Dame à l’Aburame.

« Arrête un peu de te donner en spectacle, c’est ridicule. Je suppose que tu lui as dit du coup Iji… »

Les insectes de l’Aburame revenant sagement disparaître dans les manches amples de son manteau, celle défia Meia du regard un petit moment avant de se tourner vers le blondinet en guise de questionnement. Déboutonnant sa première couche de vêtement toute tranchée, elle suspendit son imperméable sur le porte-manteau à l’entrée de la pièce, prenant soin de fermer comme il se devait la porte. Eh bien. Quelle excentrique. Il fallait dire que si elle venait d’apprendre la nouvelle il n’y avait pas de quoi se réjouir. La Yamanaka qui se vantait à longueur de champ d’avoir un mental d’acier s’était tout bonnement en furie à la moindre suspection de sa loyauté.

« Et donc, que s’est-il passé ? »

Fit-elle en désignant du menton le bras de la rousse à son encontre.

« Hmmm j’vais vous laisser vu que ça semble aller mieux entre vous. J’vais aller étudier tout ça, j’te tiens au jus Meia ! Courage ! J’m’occupe de faire passer le mot à Natsuki et Aki. »

Le voyant agiter un bocal contenant une matière liquide et noire, la Jonin regarda le Yamanaka partir avant de se retourner à nouveau.

« Et ça ? »

Marquant une pause, la brune alla se chercher une chaise, s’assis à cheval dessus et tout en fouillant dans ses poches son paquet de cigarette, elle regarda sa camarade et plus spécifiquement son bras. Allumant sa cigarette, elle se reposa sur le haut du dossier tout en savourant son instant de détente. Depuis sa mission avec Meia il n’était pas rare de la voir la clope au bec, principalement quand quelque chose la tracassait, comme si elle y avait repris goût à cause d’un vulgaire déguisement. C’était tout ce qu’elle n’aimait pas : se trahir par un geste aussi banal. Mais bon l’heure n’était pas à cacher ses faiblesses.

« J’ai entendu dire que la mission à Kusa était un échec. »

Profonde inhalation suivie d’un magnifique nuage de fumée.

« Ici aussi il y a eu des complications. »

Même manège, elle essayait de ménager la Yamanaka qui était déjà au courant de ce qui était arrivé ici visiblement. La suite s’annonçait bien pire.

« J’ai tenté de suivre la piste de ta fille et de Meteora pendant quelques jours. Mais elle a réussi à m’échapper à mi-chemin de la frontière avec Kuwa. Une énorme explosion de phosphore qui a altéré tous les sens de mes insectes. On a essayé de continuer à l’aveuglette en direction de Kuwa, mais rien.»

Pause cigarette.

« Ta fille … je suis désolée de te le dire mais je n’en resterai pas là. Même si la politique du village est assez laxiste, il n’existe qu’une seule sentence pour ce genre de trahison. 23 shinobi, 2 médecins et 34 civils dont 7 enfants. C’est ce qu’a valu leur échappée. Et je ne pense pas qu’ils en resteront là. Du moins lui. Je n’arrive pas à comprendre comment ça se fait qu’elle soit toujours en vie à ses côtés, mais si véritablement leur petite entente continue à durer … ça n’apportera rien de bon au village.»

Il fallait qu’elle comprenne par-là que même si elles étaient amies, l’Aburame n’aurait de cesse avant d’avoir la tête de la fille de sa consœur de la Racine au bout d’une pique.

Spoiler:

Une simple phrase de l’Aburame vient stopper net Meia. Elle vient tout juste de s’emporter, de monter sur ces grands chevaux afin de relâcher ses nerfs. Seulement, sa collègue a réussi à la faire redescendre sur terre avec une simple phrase, preuve qu’elle commence à avoir de l’impact l’une sur l’autre. C’est donc honteuse qu’elle tourne son visage en direction de la fenêtre avant de sécher ses larmes d’un revers de la manche. Elle-même n’arrive pas à croire quelle en est arrivée là. Il faut dire qu’avec tout ce qui lui tombe dessus ces derniers jours, plus d’un aurait craqué et bien plus rapidement que la Dame. Maintenant que Miko lui a fait remarquer son emportement, elle se doit de reprendre ses esprits et d’agir avec plus de discernement.

Écoutant sa camarade demander plus calmement des explications, elle se replace correctement dans son lit, comme toute personne convalescente. Inspirant un grand coup, elle offre un petit sourire à Iji en guise de remerciement à son « Courage ! ». Cependant, alors qu’elle se prépare à tout lui déballer ce qu’elle sait, elle voit Miko s’installer sur une chaise tout en sortant une cigarette. Voilà une chose qu’elle ne savait… La seule fois où elle l’avait vue une clope au bec, c’était lors d’une de leur mission, mais après, plus rien. Comprenant qu’elle ne connaît pas si bien que ça, un autre petit rictus vient se glisser sur le visage de la rousse… Au fond, elle se dit qu’un jour, il faudrait qu’elle invite Miko à prendre un verre histoire qu’elle fasse plus ample connaissance. Il faut dire qu’avec l’exil de son mari et la désertion de sa fille, elle n’a plus grand monde à qui se confier…

Tirant sur sa clope comme si elle le faisait depuis toujours, la brune entreprend de lancer la discussion sur les sujets fâcheux. Commençant en douceur, elle évoque l’échec de la mission à Kusa avant de glisser lentement vers les complications liées au village pendant ce temps-là. Autrement dit, le sujet Natsumi ne tarde pas à venir sur la table. À l’entente du nombre de blessés et de mort, une vague de colère bouillonne chez la Dame. À présent, seules la colère et la déception naissent dans son cœur. Plus de désespoir ni d’incompréhension… Elle l’a maintenant compris, Natsumi est une traîtresse et une ennemie du village. Dire qu’elle a élevé et chéri une kunoichi destiné à trahir sa patrie… C’est à se demander si elle a bien fait de concevoir un enfant ! À tous les coups, ce goût pour la traîtrise vient de son idiot de père, ce lâche…

- Je pense savoir pourquoi Meteora ne s’en prend pas à elle… Enfin il y a deux hypothèses…

Entrelaçant ses doigts, Meia dépose son regard neutre sur Miko avant de délivrer ses hypothèses.

- Soit elle a usé de l’arcane de domination, le jutsu de possession parfait dont quasi personne ne peut se libérer, soit… Elle a trouvé un moyen de devenir immortel.

Soupirant un grand coup, elle repense aux échos qu’elle a eus dans le village. Certaines rumeurs traînaient au sein du clan Yamanaka de comme quoi Natsumi cherchait à tout prix à devenir immortelle. Si elle a réussi, ça se comprend que Meteora ne puisse pas se débarrasser d’elle et soit donc obligé de traîner avec elle. En soi, cette soif de l’immortalité peut aussi expliquer le fait qu’elle ait libéré Meteora…

- Cependant, je doute fortement qu’elle ait réussi à atteindre le stade d’immortelle… Même si une légende propre à mon clan affirme qu’il existe une technique interdite menant à ce but, je ne pense pas qu’une ado de seize ans réussisse à maîtriser un tel jutsu. Moi-même, en m’y penchant pendant des années je n’y arriverais sûrement pas… La première suggestion semble alors plus probable.

En tout cas, si elle maintient la bête grâce à une possession, c’est un avantage pour le village. Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison qu’en faisant ça, elle ne sera pas éternellement l’alliée du sandaime Kazekage. Ils se sépareront un jour ou l’autre et ça ne peut être que bénéfique au village.

- D’ailleurs, comme je l’ai dit à Iji… J’insiste pour m’occuper personnellement d’elle. Je… Je me dois de régler ça moi-même et de toute façon… Comme je lui aie tout appris, je suis la plus à même de savoir comment la vaincre…

Même si elle semble hésitante, elle sait très bien que si une personne l’empêche de s’occuper d’elle, elle passera outre. Qu’importe ce que décide le village, ce sera ELLE et personne d’autre qui tuera Natsumi. Pas besoin de tergiverser plus longtemps à ce sujet. Continuant sur sa lancé, la Dame aborde maintenant le sujet « F ». Pendant pas moins de cinq minutes, elle explique avec le maximum de détails tout ce qui s’est passé à Kusa, y compris le sang Noir récolté. Seulement, contrairement à tout à l’heure, elle rajoute une remarque supplémentaire.

- Par contre… Je me suis permis de garder une petite dose de ce sang noir sans prévenir Iji. Disons que j’ai une petite idée et j’aimerais que tu m’assistes dans tout ça, Miko.

Pointant sa marque avec son index, elle reprend sur un ton extrêmement sérieux.

- Il me semble que l’un des Furyou ai appliqué de son sang noir sur sa marque afin d’appeler Sa Majesté. Du moins, c’est après avoir fait cela que Monwa est apparu… et comme nous possédons tous les éléments requis… Je me suis dit qu’on pourrait, en dehors du village bien sûr, tenter d’appeler sa Majesté avec ce processus…

Observant sa coéquipière, elle attend impatiemment son jugement concernant cette idée…

Ecoutant les explications de la Yamanaka, l’Aburame resta songeuse un moment, emplie malgré elle de craintes pour son village. Si la fille de la rousse était bel et bien devenue immortelle, il risquait d’y avoir des complications et quiconque réussirait à remonter jusqu’à elle serait en mauvaise posture. Après que sous-entendait-elle vraiment par immortalité ? Natsumi ne ressentirait pas la douleur ? Non si c’était lié à son pouvoir clanique il devait probablement s’agir d’une possession d’esprit sur le long terme. Si cette gamine pouvait véritablement changer de corps comme bon lui semblait qui savait qui elle choisirait d’incarner ? Un Kage, un Daimyo ? Et bien que l’idée de l'asservissement de Meteora semblait plus rassurante, cette petite montrait bien qu’elle représentait une menace pour le village.

« Très bien, je ne t’arrêterai pas si tu souhaites te lancer à sa poursuite seule… Mais sâche que je suis là si tu as besoin d’aide. »

Tirant sur sa cigarette, l’Aburame laissa la rouquine continuer. Elle avait choisie de la couper uniquement pour lui donner son accord quant à sa demande. Il s’agissait d’une question d’honneur. Cette situation était regrettable. Mère contre fille. Miko ne savait pas qui sortirait vainqueur mais elle ne pouvait se mêler de ce genre de situation, du moins par respect pour sa collègue qu’elle avait appris à apprécier.

Écoutant la suite attentive, l’Aburame hocha la tête à plusieurs reprises plus en guise de signe qu’elle emmagasinait les informations qu’en signe d’approbation. Le F, le sang noir… Meia avait réussi à aider son village même à un moment critique. Nul ne savait si les autres oublieraient bel et bien le signe gravé sur sa camarade, mais elle avait au moins eu la franchise de leur préciser l’état dans lequel elle se trouvait. C’était Iji le plus heureux dans cette histoire, il avait un nouveau sujet d’étude sachant qu’il n’hésiterait pas à se vanter à qui voudrait l’entendre s’il trouvait quelque chose. Elle lui proposerait son aide la prochaine fois qu’elle le verrait.

Légèrement intriguée par la suite, Miko se demanda quelle pouvait bien être cette idée. Pourquoi la cacher à Iji d’ailleurs ? Et pourquoi le lui dire à elle ? Ne sachant pas si elle devait se sentir flattée d’être dans la confidence ou pas, la brune se leva histoire d’écraser son mégot sur le rebord de la fenêtre. Convoquer sa fameuse Majesté …

« Dis moi, pourquoi ne pas avoir prévenu Iji ? Penses-tu vraiment que nous puissions lui tenir tête à deux seulement ? »

Réfléchissant un moment, l’Aburame se tut avant de reprendre la parole.

« Pourquoi pas après tout ? Mieux vaudrait qu’il y ait le moins de personnes impliquées si sa Majesté s’avère si puissante que ce que l'on raconte. Compte moi dans ta petite opération suicide. »

S’appuyant sur le rebord de la fenêtre, Miko grimaça. Son bras la relançait à nouveau. La brûlure ne l’avait pas raté. Elle avait pu le constater sur le chemin de retour. Maïka lui aurait tenu la jambe une dizaine de minutes pour ne pas être allée se faire soigner dès son retour au village, mais elle avait cru bon de faire un petit détour par la chambre de Meia pour la prévenir de ce qui s’était passé. C’était sans compter le jeunot de la Racine.

« Préviens-moi quand tu voudras mettre à exécution ton idée, jusque là mieux vaut la garder pour nous seules. Je repasserai te voir... repose-toi bien Meia. J’ai l’impression que les ennuis ne font que commencer. »

Attrapant son manteau de sa main gauche, l’Aburame quitta la salle, un soupçon d’idée commençant à germer dans son esprit tortueux.