e ne suis plus vraiment sûr de là où me mène mon objectif. Je pensais que je retrouverais un objectif concret avec Goren à mes côtés mais depuis ma capture, beaucoup de choses ont changés. Je ne suis plus vraiment le même gars même si ma noirceur est toujours là. Je suis de nouveau en couple avec Yuki mais je n’ai aucune idée de là où cette relation nous mènera. Je ne sais pas du tout où j’en suis et j’ai du mal à remettre mes idées en ordre. Peut-être que paumé est le mot qui décrit le mieux ma situation…

Je descend de mes rêveries et me rends compte que je suis en train de marcher dans la rue, main dans la main avec Yuki. Apparemment nous avons passé le poste de garde sans trop d’embrouilles, je me souviens petit à petit. Je ne sais pas vraiment où nous allons, où avais-je dis que nous allions ? Je n’arrive pas à me concentrer. Je suis nerveux, décontenancé. Je regarde à droite et à gauche pour m’assurer que ce n’est pas là ma destination. Soudain je me souviens. Je nous emmène chez moi. J’accompagne Yuki dans son nouveau foyer. Je connais la route. C’est bien par là. Nous sommes sur le bon chemin. Je soupir…

Nous nous arrêtons devant la porte de ma demeure. Ce n’est pas une grande maison mais le village me la confié car son ancien propriétaire est décédé précipitamment après mon arrivée. Bien sûr personne ne sait comment il a pu mourir d’un empoisonnement aux cendres dans ses poumons. Personne… sur le papier.
Yuki murmure. Je perçois à peine ses mots que je comprends troublés. Aussi troublés que son esprit. Je la fixe dans les yeux et lève une main vers notre maison.

-Maintenant, on rentre la dedans, on vit ensemble, tous les jours. On pleure, on rit et on recommence le lendemain. Pas besoin de se poser de questions. On a juste besoin de se dire que demain sera sans doute plus beau qu’aujourd’hui.

Tout en disant cela je pousse le portail et nous pénétrons dans le jardin. Nous passons le petit sentier de galet et nous retrouvons sur le palier. J’insère une clé dans la serrure et pousse la porte. Yuké reste une femme, elle ne sera sans doute pas satisfaite par la déco… Mais j’ai voulu faire dans le simple et non dans le compliqué, je ne suis qu’un nukenin rebus de la société après tout… mais le suis-je toujours ?

J’observe la jeune Yuki se déplacer dans la maison. Elle semble glisser sur le parquet. Elle a l’air perturbé. C’est vrai que ça manque de personnalité ici et surtout d’effets personnels. En fait, à part mon meuble spécial pour entreposer mes sabres, je n’ai rien changé au décor initial. Tout est resté comme je l’ai trouvé et je n’ai pas vraiment senti non plus le besoin d’opérer je ne sais quelle modification à la répartition des meubles. Surtout que jusque là je ne me retrouvais que rarement a la maison et la plus part du temps pour dormir. Je regarde donc ma femme se balader dans chacune des pièces et assembler mentalement le tout. Je sens bien qu’elle est perdue mais elle s’apprête à m’en faire part, j’en suis sûr. Raté ! Elle ne fait que me demander si elle peut changer quelque chose. Je souris et lève une main vers le ciel au niveau de ma tête comme si cela m’était bien égal. Après tout c’était bel et bien le cas. Rien de ce qu’elle pourrait faire à cette maison ne me dérangerait. Elle pourrait même tout repeindre en rose bonbon que je continuerais a habiter là sans broncher.

Mais la visite s’arrête là, Yuki me prend les mains et m’annonce que nous avons à parler. C’est curieux en premier lieu, je ne vois pas très bien ce qu’elle veut dire. A quoi fait-elle référence ? Elle me pousse jusque sur le canapé du salon et s’assoit à califourchon sur moi. Là je n’ai carrément plus aucune issue et donc aucune manière d’échapper à la conversation. Je commence à me douter que le sujet ne va pas me plaire. Et ça ne rate pas, Yuki me demande ce que j’ai fait depuis mon départ de Mizu no kuni. Elle me demande d’être honnête. Je me demande si je dois lui dire toute la vérité… Je lui caresse la joue et plonge mes yeux dans les siens. Je prends une décision.

-Ecoute Yuki, je vais te dire tout. Du début à la fin je vais tout te raconter mais tu dois comprendre que c’est parce que j’ai une confiance absolue en toi. Je ne peux me permettre de voir ces informations divulguées car ensembles elles forment un patchwork que quelqu’un pourrait utiliser pour me nuire.

J’appui mon regard, lui montrant que je ne plaisante pas. Je la serre ensuite dans mes bras et continue mon récit. Je passe ma langue sur mes lèvres pour être sûr d’avoir la bouche suffisamment pleine de salive et les lèvres suffisamment humectées.
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-Lorsque j’ai quitté Kiri, j’ai d’abord vécu quelques temps en tant que vagabond. J’ai fait de nombreuses rencontres et toutes m’ont apporté quelque chose de différent. J’ai appris à analyser les gens et j’ai découvert que beaucoup des ninjas n’appartenant pas aux villages ont en fait le cœur rempli de noirceur et de haine. J’avais moi-même la mienne avec laquelle je tentais de composer et c’était assez compliqué. J’ai rencontré Goren et ensemble nous avons formé une sorte de petit groupe pour survivre dans ce milieu hostile qu’est le monde extérieur. Nous avons fait quelques coups ensembles avant que Demon ne nous rejoigne. Il est resté un petit temps puis s’est retiré du groupe. Moi et Goren avons tenté de recruter mais apparemment ce n’était pas aussi facile que nous le pensions. Nous avons finalement du nous séparer lors de la traque. J’ai été emmené a Konoha, j’ai apprécié la compagnie de Natsuki, Rin et un kumojin qui fait maintenant partie de mes ennemis. Je me suis fait une nouvelle ennemie, Natsumi. Puis j’ai été libéré et j’ai atterri ici. Voilà l’histoire dans les grandes lignes et je ne te cache rien. Une chose est sûr cependant, c’est qu’à présent, au bout de ce long voyage je sais qui je suis réellement : enfin ! Je suis un homme rempli de noirceur et de haine. Je suis une sorte de monstre à ma façon mais je respecte un certain credo. Je ne tue pas les enfants, je ne tue pas les civils innocents. Je ne fais du mal qu’aux mauvais et à mes ennemis armés. Je sais pertinemment que cela peut paraître fou mais je suis une sorte de monstre gentleman. Contrairement a Goren, je ne suis pas traumatisé et essaye de faire souffrir tout le monde. Et contrairement a Natsumi je ne cherche pas a prendre mon pied en voyant la terreur dans les yeux de ma victime. Je suis juste un gars qui a une grande part de noirceur en lui et qui apprend petit à petit a la dompter. Mais quand je te regarde, c’est un peu de gris qui reprend le dessus. Je ne pourrais jamais être brutal, bestial comme je le suis dehors lorsque je suis avec toi… Tu fais office d’apaisant. Je t’aime.

La réaction de Yuki est étrange, curieuse, inexplicable. Je ne comprends pas pourquoi elle me coupe pendant mon explication pour me déshabiller. Elle a quelque chose en tête, mais quoi. C’est après avoir prononcé le nom de Natsumi… Soudain je comprend. Je saisis la haine qui doit envahir le cœur de ma belle. Elle doit sans doute se sentir particulièrement trahie ou bien en concurrence. En tout cas, c’est avec brutalité qu’elle déshabille mon épaule droite et découvre ma cicatrice. Plus une inscription qu’une cicatrice d’ailleurs. Elle lit le nom : Natsumi. Je le sais, elle le sait, cette fille mérite bel et bien de mourir de ma main mais je ne parviens pas à discerner les sentiments de ma belle. Elle se relève, et m’annonce qu’elle va tuer cette garce. Je ne peux que rejoindre son point de vue mais voir ma princesse des neiges dans un tel état éveille en moi une curiosité malsaine. Je ne l’avais encore jamais vu réellement en colère contre quelque chose et là elle semblait emplie d’une rage indélébile. Elle semblait si puissante, si forte dans ses petits vêtements d’adolescente. Je l’admets, j’ai peur de lui adresser de nouveau la parole, j’attends qu’elle dise quelque chose. Mais aucun mot ne sort de sa bouche et elle va s’enfermer dans la chambre la plus proche. Je me lève alors à mon tour et je colle mon oreille contre le bois rugueux de la porte. J’essaye de percevoir les sons que pourrait émettre ma douce. Cependant le seul son que je capte est celui d’un verre qui se brise. Sans doute a-t-elle déversé sa rage sur mon armoire à glace. Elle a besoin de se défouler et je la comprends, je partage sa peine.

Je pose ma main sur la poignée de la porte, je tourne délicatement. J’entrouvre la porte doucement et tente de faire le moins de bruit possible. Je passe discrètement ma tête par l’embrasure que m’offre l’ouverture étroite. Je constate que ma douce est de dos, assise sur le lit. Je continue d’ouvrir le rempart qui me sépare de ma princesse et je pénètre dans la chambre. Je ne veux pas faire de bruit, je ne veux pas déranger. Je sens que le moindre son pourrait effrayer ma douce. Elle est comme un fauve alors, un animal apeuré. Je n’ai pas envie de lui faire peur… je n’ai pas envie non plus de la dompter comme une vulgaire jument capricieuse. Je veux être honnête, honnête comme le sont les gens qui s’aiment. Même si je suis un criminel de haut rang, même si j’ai tué des gens qui n’ont rien demandé à personne, je suis un homme honnête et c’est bien ce qui me reste dans ce bas monde. Je m’approche doucement du lit et pose mes mains sur les épaules de Yuki. Je m’assis à ses côtés. Je passe ma tête dans ses cheveux, près de son oreille, je sens qu’elle ne rechigne pas à la caresse.

-Je ne veux pas faire de cette trace un complexe. Bien au contraire, elle me sert de pense-bête. Tous les matins devant la glace je sais que j’ai une dette à payer. Un jour cette fille souffrira de m’avoir marqué de la sorte. Alors tu pourras dormir tranquille, et je serais heureux d’avoir rendu le monde un peu plus propre. Ne laisse pas cette garce prendre plus de pouvoir qu’elle n’en a. Ne la laisse pas prendre l’avantage sur nous…

Je finis ma phrase par un petit baiser sur la joue, je me demande comment les choses vont tourner, va-t-elle me rejeter. Je n’ai pourtant rien fait de mal. Je soupire un peu et continue de la contempler, je sens bien que quelque chose la perturbe. Si seulement j’avais la clé de son cœur, je pourrais alors réellement la guérir de tous ses maux.

L’eau est parfois bien calme avant que le tremblement de terre ne survienne et que le tsunami ne se profile à l’horizon. Il faut prendre en compte cette période de calme. Elle est paisible, agréable à vivre. On ne peut profiter que de quelques instants car ensuite vient la tempête. Parfois pourtant, les hommes passent sur l’eau sans rien remarquer. Ils se disent qu’il est normal que la flotte soit aussi calme qu’un animal mort. Ils se trompent. Ils ne prennent pas le temps de savourer le temps de paix qui leur a offert. Bien sûr par la suite, lorsqu’ils se retrouvent au cœur du cyclone, ils se remémorent la manière dont ils avaient négligé le silence… ce doux silence paisible qui allait si bien avec cette eau si peu troublée. Bien entendu ils s’en mordent les doigts et se demandent pourquoi ils n’avaient pas profité…

Cinq ours… cinq bêtes sauvages foncent droit dans ma direction. Je suis sur ma couche d’eau, j’attends. Les ours avancent vite. Je peux voir depuis ma position qu’il y a trois spécimens plus petits que les deux autres. A vue de nez et connaissant mon adversaire, je dirais qu’il s’agit de ses invocations : une famille d’oursons. Je sais qu’elle s’en sert de diverse manière mais il faut que je fasse bien attention à chacun d’entre eux. Pour le moment ils foncent tout droit sur moi, comme une armée sur un champ de bataille. Yuki monte l’ours le plus gros, il doit surement s’agir de Sunilda, je l’ai déjà vu combattre à ses côtés. De mon point de vue, je dirais que me battre avec mon style de prédilection : l’assassinat ; serait une erreur. Je ne peux me cacher dans la brume avec autant d’animaux dans le camp adverse. Les animaux, principalement les mammifères, ont un sens olfactif beaucoup trop élevé. Je ne ferais que me mettre en difficulté. Mais il faut bien que je prenne une décision et plus j’attend plus mes ennemis se rapprochent de ma position.

Ils ne sont plus qu’à une soixantaine de mètres. Je peux un peu plus distinctement voir Yuki sur sa monture. Elle est curieusement entourée, elle et sa bête d’une sorte d’aura bleutée, surement glacée. Je crois connaître cette technique mais je ne parviens pas à accéder à mon souvenir. Dans une illusion, l’accès à ce genre d’information est assez restreint pour moi. Je suis dans l’incapacité de me souvenir. Toujours est-il que je ne perds plus de temps. Je dégaine mes deux sabres et les emboite. Mes adversaires sont à une cinquantaine de mètres. Je module mes sabres pour en faire un éventail de cendre. Mes adversaires sont à une quarantaine de mètres. Je brandis mon arme en l’air. Mes adversaires sont à une trentaine de mètres et continuent d’avancer en ligne. Je balaye l’air sur toute la zone où se trouvent mes adversaires et mon nuage de cendre se forme fonçant droit sur eux. Qu’importe la vitesse du nuage, ces petites bêtes ont foncé droit sur moi, avec une telle vitesse, elles n’ont pu ni freiner ni changer de direction, du moins je le pense. Je ne suis pas à l’abri d’une nouvelle surprise.

Je fais quelques bonds en arrière au cas où cette aura bleutée sur le corps de Yuki et de sa monture était une amure en construction. Je n’ai pas envie que la bête sorte du nuage avec la gueule ouverte et m’arrache un bras. Une fois mes bonds effectués, j’effectue d’autres mudras avant de me jeter dans la flotte. A l’intérieur de l’eau, je serais plus vulnérable pour mon adversaire l’ours mais j’ai bien envie de voir comment je compte m’en sortir. La technique que j’effectue me permet de rester indéfiniment sous l’eau. Une fois à l’intérieur, je nage jusqu’au fond de la rivière et pose mes pieds au sol. J’attends de pied ferme mes adversaires survivants, je leur réserve une petite surprise.

Techniques: