La route est longue. Le périple silencieux. Ukyô savait bien qu’en quittant les moines, sa vie serait d’un seul coup plus… calme. Fini les entraînements, fini les prières, fini les démonstrations aux aspirants. Et fini également de voir ses parents… Ukyô s’arrêta, proie de ses souvenirs douloureux. Qui aurait pu imaginer qu’il aurait pris cette décision ? Sans doute personne. Mais il s’était bel et bien trompé sur le compte des Kiezan : ils ne constituaient pas un idéal.

Ils avaient du mérite, celui de se battre pour la paix et de vivre coupé du reste du monde. Coupé des shinobis, coupé des villages cachés, à tel point que Ta no Kuni avait refusé une alliance avec le Pays de la Foudre et plus particulièrement Kumo, le village caché des Nuages. Mais à quoi beau se dire pacifiste s’il n’y a pas de justice. Comment vouloir apporter la paix ou la préserver si la conduite des moines spirituels interdit la vengeance et même la recherche d’une quelconque sentence à appliquer ?

Les parents d’Ukyô étaient morts, et l’ordre de Maskine avait été contre le fait qu’il cherche le coupable.

Durant ces derniers jours, il en arrivait toujours à se remémorer cette réflexion. Ces moines qu’il avait du mettre au tapis pour se débarrasser enfin de cette vie dont il ne voulait plus. Et dire qu’il n’avait jamais eu l’intention de tuer le coupable s’il le trouvait. Non, il voulait juste le punir, l’emprisonner. Mais c’était une violation de la paix, une violation de l’intérieur. Un intérieur totalement exclu du reste du monde. Non, ça ne pouvait plus durer.

Il remarqua, dans son immobilisation récente, qu’il était en face d’une taverne. Rien d’étonnant, même dans les plus petits et tranquilles villages de Ta no Kuni. L’après-midi arrivait à son terme. Le Yashi entra. Trois tabourets au comptoir, un seul de libre. Mais il hésita. Car sur les deux femmes assises, une arborait deux sabres. Des shinobis ? Sabreurs, Samouraïs ? Après tout, qu’importe : il préféra l’idée d’un saké plutôt que toute autre éventualité.

Bonjour, un saké s’il vous plaît.

Il n’avait eu d’autre choix que de s’asseoir à côté de la jeune femme aux épées. Dans son élan, il n’avait pas remarqué de bandeaux comme ceux des villages shinobis, ou même de cette Alliance qui venait d’être créée. Mais il n’était pas là pour tirer des conclusions. Mais pour boire un verre.

La Tsukimi et et la Kögan de son ancien nom avaient pris la route que leur indiqué les traces laissées par le Samouraï. Les deux femmes longèrent la frontière débordant par moment, rien de bien grave. Après deux jours à vagabonder, se restaurant et se reposant au bord où elles pouvaient elles décidèrent de faire une halte dans une taverne-auberge. La première qu'elles trouveraient serait la bonne. Jamais Yaeko n'était allée aussi loin de chez elle, elle ne connaissait rien du monde extérieur, enfin rien sauf ce qu'on lui avait appris. Une pause dans leur course ne leur ferait aucun mal. Elles s'enfoncèrent ainsi un peu plus loin dans les terres. Yaeko ne savait pas si elles étaient toujours à Tetsu ou si elles venaient pénétrer sur un au territoire, enfin; cela importait peu. Rapidement un ce qu'elles cherchaient leur apparu. La Tsukimi souffla de soulagement.

"Nous pourrions passez la nuit ici, non ?"
"Oui, c'est une bonne idée. Cela nous fera le plus grand bien."

En effet, le confort d'un lit était quelque chose d'acquis pour la plupart des personnes, et ce ne que lorsqu'on le perd qu'on se rend compte de son importance. Dormir à même le sol, ou dans l'herbe n'était pas désagréable mais avait tendance à raidir les muscles et les articulations. Elles pénétrèrent dans la dite auberge et s'installèrent au comptoir. Les deux Tetsuïennes passeraient donc le reste de leur journée dans cet endroit. Il y avait peu de monde, deux ou trois clients et celui qui devait être le patron. Elles demandèrent de l'alcool de riz histoire de se réchauffer. Le patron ne fut pas surpris de cette demande, il devait être habitué. Il leur apporta accompagné d'un sourire courtois. Yaeko observa les lieux, ça ne ressemblait pas aux bâtiments de son pays, alors elle se risqua à demander où elles étaient. Elle adressait sa question au barman bien sûr.

"Excusez-moi, sommes nous à Tetsu no Kuni ?"
"Ah non... Nous sommes au pays des rizières."
"Les rizières..."

La jeune femme allait poser une autre question quand la porte d'ouvrit, laissant entrer un courant d'air frais et un nouveau client. Yaeko ne détourna pas le regard pour espionner cet arrivant. Non, elle n'en eut pas besoin puisqu'il vint s'installer juste à gauche, juste à côté de ses sabres. Il demanda lui aussi à boire. En revanche l'étranger n'hésita pas à les observer. Yaeko avait senti son regard. Elle n'y prêta pas plus d'importance c'était plutôt normal en fait, tout le monde ne pouvait être Tetsuïen et donc parfaitement éduqué. Elle avala un long trait de son verre, et le fit glisser vers devant elle. Ses dons particuliers lui permettaient de ressentir chez les êtres humain la moindre forme d'énergie. La jeune femme ferma les yeux un instant et se tourna vers son voisin de tablée.

"Vous êtes un shinobi ?"

Demanda-t-elle sans détour.

"Yaeko...C'est undiscret.."