Mon frère... sa simple présence suffisait, un vide si grand était resté quand il avait disparu, je refusais à nouveau de toucher, qu'il m'abandonne, que je l'abandonne. J'avais eu froid sous cette pluie, mal après cet assaut, peur au moment de penser les perdre, le perdre... Pourtant j'avais pensé à me perdre moi. Arrêter de me battre, j'avais échoué encore à mes bonnes résolutions... Mais j'étais toujours là... Tu sais pourquoi ?...

Parce que je m'étais rappelé notre discussion ce jour-là sur le chemin pour rejoindre le Samidare, qu'il ne fallait que je m'arrête de courir après tous mes efforts jusque là, car c'était me trahir moi, mais surtout toi. N'était-il pas revenu quand tous avaient cessé d'y croire... Mais moi ? Incapable de le retrouver, mais l'espoir, je ne l'avais jamais perdu... Pourquoi ? Parce que je croyais en lui comme il croyait en moi. Quand mon regard se porta sur lui, du moins sa silhouette encore lointaine du moins, je sentais déjà l'humidité dans mes yeux quand des pas accéléraient d'eux-même avant de s’arrêter quand mon buste s'entrechoquait au sien... Des bras serrant fort, si fort sa taille, quand un laissait une main s'accrochait à son dos.

La peur ? Très certainement, la même que celle du passé, celle de voir le fond durant une chute et ne rien trouver où agrippait... La frustration, oui elle aussi qui me faisait pleurer, une fois de plus incapable d’avoir su protéger quoi que ce soit, même pas fichu d'avoir été là pour lui, pour elle.

~ Tenzö est rev... Nodoka est morte... Perdu Tei'...

Marmonnais-je à peine une voix totalement désolée... Ma faute... Ma fuite qu'elle avait couverte au fond, elle, la femme avec qui je chambrais mon frère tant amusée... Il ne la reverrait jamais et mes fragments de phrases ne l'aideraient pas en prime. J'étais comme une enfant à des milliers de kilomètres de sa maison. Une que je ne retrouverais jamais.

Le choc de cette révélation arrêtait mes pleures... Et je repensais à ce qui c'était tramé dans ma tête. Je m'étais sentie désolée, frustrée, triste, mais finalement... Libre ? Quel genre d'horrible créature j'étais en venant en plus demander du réconfort... ? Je m'en foutais maintenant perdue dans la chaleur de ses bras. Tant de chose à dire je le savais, mais rien qui venait... Juste l'envie de ne plus nous voir séparer encore.

~ Toi aussi on t'a évacuer au continent ? Tu as croisé Tei'.... ? Des survivants des gens qu'on connait... ?

Un combat de titan, puis une petite déesse, ou démone, en tant qu’adversaire. Dans toute sa vie de Shinobi, jamais Rei n’avait eu à faire à de tels monstres. Bien qu’il sache l’existence de telles personnes à travers les récits et la réputation qui les précédaient jamais il n’aurait imaginé que les choses se déroulent ainsi. Souhaitant y participer un jour, il se rendait maintenant compte de sa naïveté. Deux fois il avait risqué sa vie face à un adversaire bien trop puissant pour lui. D’un niveau supérieur du sien, se trouvant à peine dans la normalité des gens encore faible. La puissance ne l’avait pourtant jamais obsédé, bien qu’il ne commence à en ressentir les prémices lors de son séjour en prison. La connaissance, voilà la plus importante des armes. L’information, la réflexion, la sagesse, mais au final, que pouvait-il faire si la lame qui suivait la poignée se trouvait émoussée ?

Tout ce qui importait Rei était de revoir Ao’. Aurait-il dû partir à la recherche de sa famille comme tout être normal l’aurait fait ? Rei l’avait bel et bien fait. Arpentant le village jusqu’à retrouver le quartier dans lequel il vivait. Ne restaient là que des ruines et des corps sans vie. Sa maison, se dressant si fièrement auparavant, réduit à un simple monceau de pierres et de bois. Lui qui croyait pourtant avoir extériorisé toute sentiment d’affection envers eux se rendait bien compte à quel point son quotidien l’importait. Un vide si intense. Sans attendre, Kenshi se mit en quête de sa sœur. Dans les décombres, aucune trace d’elle. Il retrouva simplement sa mère, écrasée sous une poutre. Un corps sans vie, gisant sur le sol.

Sa tendresse, ses moments d’affections et ceux d’énervement. Bien qu’il ne se soit jamais vraiment senti proche d’elle, Kiyo se trouvait être une très bonne mère. Calme, patiente, aimante, elle ne levait jamais la voix envers son fils, sachant bien qu’il comprendrait les raisons d’un problème si elles lui étaient soumises. Son visage, doux, délicat, de longs cheveux noirs accompagnant ses pupilles de la même couleur. Fermant les yeux, une larme se dessinant à la commissure de sa paupière, il secouât la tête vivement afin de se libérer de ces pensées. Il n’avait pas le temps de se soucier des morts, son père, son frère et sa sœur demeuraient encore introuvables. Observant une dernière fois le cadavre de sa mère, il retira la poutre l’écrasant puis creusa un trou dans la basse-cour afin de l’enterrer. Le moins qu’il puisse faire pour honorer sa mémoire était de lui donner une fin descente, à la hauteur de ce qu’elle avait sacrifiée pour lui.

D’un cœur plus lourd qu’il ne l’avait jamais eu, Rei se mit en route vers le bâtiment des conseillers du village. Là devaient se trouver son frère et son père. Sa sœur restait introuvable… travaillant à l’hôpital qui s’était effondré près de lui, aucune dépouille ne vint répondre à ses questions. Koma devait être en vie, il ne tarderait pas à partir à sa recherche, mais plus tard. La jeune femme était surement celle qui avait les plus grandes chances de s’en sortir. Maître dans l’art de l’Iroujutsu et du Ninjutsu, elle se trouvait être la plus puissante de sa famille, bien loin devant son père.

Le vide se mêlait lentement au désespoir, ne laissant plus qu’un profond sentiment de colère et d’injustice au fond de lui. Si faible qu’il n’avait pas pu protéger ceux qui lui étaient chers. Sa famille, Nodoka, et maintenant Aoji’. La Kaguya courait dans sa direction, les yeux chargés de larmes, puis vint serrer le Samui contre lui. Rei mit un court instant avant de réagir, caressant de ses mains le dos de la jeune femme, il se plaça à son niveau afin de logea sa tête sur son épaule. Des larmes coulèrent à son tour de ses yeux, serrant plus fort qu’il ne l’avait jamais fait le corps de sa sœur. Elle au moins ne l’avait pas quitté. Balbutiant quelques mots, Tenzo semblait être revenu, de parmi les morts, Nodoka tuée, son frère disparu. Elle aussi avait souffert, elle aussi ne le méritait pas, elle aussi se sentait coupable. Coupable de sa faiblesse, d’avoir laissée ses êtres chers à ses yeux disparaître.

« On m’a évacué oui, mais je n’ai pas croisé Tei’, ni même Koma… »

Ces mots chargés de sentiments laissaient place au désespoir ressenti. Ne restait à Rei que ses deux sœurs, dont l’une disparue. A la fois soulagé et attristé, il devait se mettre à sa recherche avant tout. Mais dans les sensations procurées par ces mains qui parcouraient le dos de la jeune femme, quelque chose avait changé. L’éloignant rapidement de lui, il l’observa plus longuement. Etait-il bouleversé au point de ne pouvoir voir la réalité en face ?

« Tu es tellement… Tes os sont en mille morceaux et il n’y a pas que ça…. »

Qu’est-ce qui a bien pu se passer dans ton combat pour que tu te retrouves dans un tel état ?

Une question lui ressemblant bien, mais le temps pressait trop. Il l’allongea sur le sol, puis commença à ôter ses vêtements afin de l’ausculter. Une femme ? Non. Avant tout sa sœur, un corps en lambeaux, tenant à peine debout grâce à la seule volonté de sa détentrice. Il ne pouvait la laisser ainsi, la voir souffrir était bien trop douloureux.

Et tout de suite le médecin entrait en scène, cela sans que je n'ai mon mot à dire comme toujours en fait. Et moi ce que je faisais ? Je souriais amusée, je n'avais pas vraiment mal il ne fallait pas croire, j'étais habituée au fond, un détail, comme le lieu où nous nous trouvions loin de nos nids, eux qui étaient perdus à jamais... Et maintenant ?

~ Tss, tu ne changeras jamais... Les os de Kaguya les plus solides au monde hein ? Bah ceux de Tenzö l'étaient plus que les miens... Rien de grave.

Menteuse ? Mais non, mais non ! Je savais bien qu'il arrangerait ça au mieux, j'étais confiante, d'autant que les sunajins avaient plus ou moins commencé le travail... cela avant que je reprenne assez conscience pour les envoyer boulet.. Je n'avais qu'un médécin et qu'une seule aide que j'étais prête à accepter face à la fin... La mienne... La sienne. Il était concentré, mais comme toujours, je n'allais pas lui rendre la tâche simple. Au moins une chose qui n'avait pas changé...

~ Je vais retourner le chercher, on la cherchera elle aussi, encore quelques jours devant nous avant de renoncer, ne t'inquiéte pas...

J'avais belle mine de dire cela en étant au final, probablement la plus anxieuse des deux, si ça n'était pas le cas, je n'aurais pas quitté mon campement de fortune en si mauvais état. Je détestais le continent au final tout autant que cette île maudite, à nouveau coincée, obligée d'obeir. Je ne supportais plus, mais avais-je le choix ? C'était toujours ça la question... On me l'avait donné après tout...

~ J'ai perdu... Encore... Et quand les renforts sont arrivés... J'ai fuit pour survivre je pensais... Tu crois que c'est une excuse valable pour l'avoir abandonné là au final.... ? Mais les morts ne retrouvent jamais personne hein... ?

Vrai non ? Alors pourquoi ce sentiment coupable au fond... ? Le gamin aurait dû être ma priorité avant de frapper sur le Kaguya par fierté, désir, j'aurais prendre ma retraite dans ce combat à son début et courir vers lui... Le mettre à l'abri. Mais non et les mots de Tenzö n'avait pas été rassurant...

~ Il a dit qu'il l'a vu avant d'arriver jusqu'à moi... Tu crois qu'il l'a… ?

Impossible, il l'aimait comme un fils... Mais après tout n'avait-il pas voulu me tuer moi ? C'était différent n'est-ce pas... Ah moins qu'il n'est voulu me punir moi, quel meilleur moyen que celui-là...

~ Et maintenant Rei... Que faisons-nous... ? J'ai toujours rêvé de parcourir le monde au grès de mes envies... Tu crois qu'on me laissera partir? Je suis fatiguée de tout ça, d'eux, de toutes ces règles qui ne me conviennent pas. Marre qu'on choisi pour moi. Je suis égoïste Rei? Je ne devrais pas songer à les abandonner n'est-ce pas...

Mais la souffrance de Ao’ lui pesait encore plus alors qu’il pensait à sa sœur. Encore une fois, trop faible pour parvenir à protéger ceux qui lui étaient cher. En ce monde, il existait différent types de personnes. Toutes se battaient pour une chose, le pouvoir. Mais pour autant, chacun avait ses raisons propres, qu’elles soient égoïstes ou louables. Son visage repassait sans interruption dans son esprit. Son souffle, sa présence…. Il ne parvenait pas à se défaire de son image. Telle une ombre qui venait le hanter, lui rappelant de ne pas oublier ce qui comptait réellement en ce monde.

Il pouvait comprendre mieux que quiconque ce que ressentait la Kaguya. Lui aussi souffrait des même maux. A quoi bon être fort s’ils n’étaient même pas capables de protéger ? A quoi bon avoir du pouvoir si on ne peut en user aux bons moments ? Sentant la rage monter en lui, Kenshi serrant les dents aussi fort qu’il le put. Pourrait-il se pardonner ses faiblesses ? Le Samui savait bien qu’il ne pourrait faire autrement s’il voulait continuer à avancer. Mais il ne parviendrait jamais à oublier ses erreurs. Sa capture, ses longues heures de tortures… un calvaire physique comparable à la douleur psychologique qu’il ressentait, bien que celui-ci ait duré plus d’un an durant.

Il ne changeait pas…. Seules certaines choses ne changèrent point contrairement à ce qu’insinuait Aoji’. Car d’autres devaient changer, sans quoi il ne parviendrait pas à retrouver la lumière. Un instant de chute, la tête baissé, un regard vide de sens. Il se concentrait tant bien que mal sur sa tâche, celle-ci l’aidait fort heureusement à oublier sa douleur. Mais il savait que ce ne serait le cas que pour un court instant. Aussitôt fini, il devrait se mettre à la recherche des restes de sa famille. Les Furyous…. Lequel de ces abominations était responsable de ce massacre ? Une question qui ne pouvait rester sans réponse.

Passant ses mains sur le court martyrisé de sa sœur, il usa du chakra qui lui restait afin de panser ses plaies. Toutes plus importantes les unes que les autres, toutes plus profondes et irréversibles. Si elle n’avait pas possédé le don de régénération héréditaire de sa famille, jamais il n’aurait pu la remettre en état à son niveau actuel. Les côtes de la jeune femme se ressoudèrent peu à peu, permettant ainsi aux tissus de reprendre la place qui leur était due. L’usure de ses articulations et de son squelette était effroyable. Elle était encore jeune, mais son corps se faisait déjà bien trop vieux, dangereusement vieux. Dans quatre, voire cinq ans, Ao’ commencerait à ressentir les effets secondaires d’un pouvoir que l’on pourrait associer à un don de la nature. Cadeau empoisonné, chaque faculté se payait par un prix approprié. L’évolution savait se faire gage de sagesse, bien plus que les hommes ne surent en faire.

Des mots sortirent de la bouche de sa patiente… Partir à la recherche de Tei’ et de Koma ? Il n’y avait aucun doute à cela, mais avant tout Rei devait remettre en état Ao’, afin qu’elle puisse se mouvoir sans risquer sa vie à chacun de ses gestes. La défaite, un goût que Rei savait amer pour sa sœur. Une défaite face à son défunt mari. Un homme pour qui elle ne restait pas indifférente, contrairement à de nombreuses autres personnes. Agirait-elle ainsi s’il s’agissait de Rei ? Une pensée égoïste, la recherche d’un réconfort émotionnel. Lui aussi ne voulait pas mourir seul. A quoi bon accumuler des connaissances, de la puissance, une sagesse si elle disparaissait avec soi, sans que l’on puisse laisser l’empreinte de son pas sur cette Terre. Effrayé par l’idée de perdre Tei’, Kenshi ne pouvait se contenter de se réserver pour les soins.

« Je ne sais pas s’il l’a tué. Ce n’était pas Tenzo, Tenzo est mort à Konoha. Il a pu vouloir te bouleverser afin de te faire souffrir, tu sais que les Furyous sont l’exacerbation des sentiments humains… ou plutôt de leurs maux. Ne te fie pas à eux…. Tu ne dois pas désespérer. »

Ces mots ne le rassuraient pas pour autant, bien qu’il ait voulu y croire aussi fort qu’il puisse se faire. Ao’, tout autant que Rei, ne savait pas quel but poursuivre. Lui qui vivait dans un cocon adapté à son développement venait de tout perdre en quelques instants.

« Je ne sais pas…. Je ne pense pas qu’on nous laissera partir aussi facilement. Mais si tu me le permets j’aimerai rester avec toi pour l’instant. Tu n’es pas égoïste, ou plutôt tu l’es, mais qu’y a-t-il de mal à ça ? Ne te bats que pour ce que tu as envie de te battre. Je ne sais pas ce que je vais faire… Tout ce que je veux c’est retrouver ma sœur et voir ce qu’il en ait pour mon père. Je leur dois bien cela, après les années de dévotion qu’ils ont procuré à un garçon de marbre. Je veux aussi m’isoler un peu du reste…. Ce qu’il s’est passé aujourd’hui, dans cet état je ne parviendrai à rien. J’ai besoin de réfléchir. »

Passant ses mains sur le bas de son dos pour poursuivre jusqu’à ses jambes, il prit garde de se contenter de réparer les tissus primordiaux afin d’alléger la lourde tâche dont devrait se contenter seul son organisme. Un regard vide, comme le furent ses pensées en cet instant. Seule la tristesse parvenait encore à occuper son esprit. Bien qu’il rechigne à le montrer, Rei était bouleversé, bien plus qu’il ne le pensait alors.

«Et toi, que veux-tu faire ? Hein ? »

Un mal agréable, difficile de dire, mais ça soulageait très certainement, Rei était talentueux depuis toujours, peut-être même plus avec le temps, il repoussait les limites du corps, un peu comme moi à ma façon. Mais quand je détruisais, lui il savait reconstruire, au final j’étais dépendante de mon frère, aujourd’hui plus que jamais je le réalisais aussi quand il épuisait ses réserves pour me remettre en état. Il se voulait rassurant aussi quant à Tenzö réconfortant, déjà mort à Konoha ? Effectivement, j’avais pris sa vie là-bas...

Le regard se baissait, garce ? Peut-être oui. Folle depuis toujours égoïste et il disait ça bien ? Quels maux de ma personne il condamnerait de toute façon. Un poids qui s’enlevait de mes épaules soudainement quand ma tête soulageait sa lourdeur sur les siennes. Il parlait comme si il connaissait son sujet, ce qui me laissait surprise que davantage…

~ Comment ça des exacerbations de sentiment ? Comment en sais-tu autant en si peu de temps sur le sujet ? Et combien même tu dis vrai, c’était bien sa présence à lui que j’ai reconnu mêlée à une autre et si c’était moi qui l’avait fait revenir ? Kiri, les nôtres, ta famille… ?

Disparu à cause de moi ? Mais avais-je un jour cherché ça ? Peut-être, peut-être pas… Plus grand-chose de sûr désormais, si ce n’était que je voulais conserver ce qui me restait, lui, eux… Pas les vestiges de ma cage dorée, ça non, jamais. Et s’ils ne nous laissaient pas partir ? Qui « ils » qui avaient le droit d’exiger quoi que ce soit de nous désormais, n’avions-nous pas assez donné ? Perdu, sacrifier pour « eux », la liberté ? On nous la devait selon moi et je ne me gênerais pas pour leur filer entre les doigts…

~ Ce que je veux ? Juste un peu de paix. Plus d’ordres, plus de responsabilités que je n’ai jamais voulu, juste me promener ! Voilà une bonne idée, retrouver ceux à qui je tiens, m’assurer qu’ils vont bien, mais plus jamais être rattaché à un endroit qui au final peut facilement disparaître la preuve…

Beau à dire, impossible à vivre, pas de confort ? Pas de revenu… Pas de vie au final si ce n’était les caprices du hasard et Dame Destin, enfin ces points –là ne me rendaient pas la plus inquiète, contrairement à mon frère, j’étais chanceuse, mes racines n’étaient pas Mizu no kuni…

~ Retrouvons les tiens, ensuite, on pourra se poser à Ame pour mieux réfléchir si besoin est ou à Taki, de la famille là-bas… As-tu des nouvelles de gens que nous connaissons ? Pour le moment à part Shio et Hattan, je n’ai vu personne ayant survécu à Kiri… M’enfin… Votre diagnostique Doc ? Si tu dis repos je hurle. Je vais bien, je t’entraîne juste !

Sourire taquin au milieu d’une conversation sérieuse en passant ma main dans ses cheveux, j’avais eu peur de ne plus le revoir, heureuse qu’il prouve une nouvelle sa résistance, je me devais tu l’imitais.

~ Je t’ai cru mort à toi aussi, ça je ne pense pas pouvoir me le pardonner, tu devrais peut-être me laisser faire avec les Kirijins et on pourrait se rejoindre une fois ça régler… Encore que… On m’a dit que tous les rescapés étaient transférés à Yuki no kuni et Kiri était désormais pris d’assaut par les pilleurs dans les meilleures cas… Le seigneur de l’eau lui-même nous a tourné le dos… Je ne serais pas étonné qu’il achève les rescapés pour ne pas laisser nos traces dans l’histoire…

Mais je mentirais en disant que ça ne m'arrangeait pas qu'il ne rappelle pas à lui le Kentaro, qu'il ne nous rappelle pas nous, mais notre sort alors? On allait vraiment nous le laissait?

Je n’en sais pas autant en si peu de temps. Tu sais que j’étudie le Fuinjutsu avant même ma disparition non ? Parmi les nombreux libres que j’ai pu lire, certains parlèrent de ces choses. Des âmes dépourvues de respectable physique, à la recherche d’un hôte afin de satisfaire leur envies. Reliquats de vie antérieures, brisées, ou autre… Comme tu as pu en faire les frais. Revenant parmi les morts n’ayant pu trouver le repos qui leur était due. Sa présence devait être mêlée à celle d’un autre car ce n’était pas son corps. Il n’a fait qu’en prendre possession afin de le faire sien, lui permettant ainsi de pouvoir assouvir sa vengeance. En aucun cas ce n’est toi qui l’as fait revenir. Tu n’en a pas le pouvoir, à vrai dire je ne connais même pas le processus permettant leur création, tout ce que je sais c’est en quoi est-ce qu’ils consistent, et comment s’en débarrasser.

Détruire le sceau renfermant leur âme afin de libérer les chaînes que ces âmes perdues se sont évertuées à garder en ce monde. Au final, elles n’étaient que l’aboutissement de ce que l’homme s’évertuait à faire : tuer afin d’augmenter son pouvoir, assouvir ses pulsions. N’était-ce pas Kentaro qui avait ainsi demandé à Aoji’ d’achever son mari ? Pour ensuite qu’elle le trompe avec cet homme ? Rei parvenait toujours à comprendre sa sœur, mais il ne voyait là aucun acte rationnel, ou même typique de la jeune femme. Tout cela pour le pouvoir ? Elle n’était pas du genre à tomber sous le charme des hommes faits, encore moins d’influents. Ne servant qu’elle et ses propres idéaux, les raisons devaient être autres….

Parvenir à trouver la paix. Se détacher des obligations à travers lesquelles elle voyait la perte de contrôle de son existence. Ne plus être rattaché à quelque chose d’éphémère, mais vivre au jour le jour, en fonction de ses envies. Pouvait-elle cependant continuer ainsi sans but ? Engager un chemin sans avoir au préalable décider de quelle direction prendre ? Mais cela, la jeune femme n’était pas sans le savoir. Des mots prononcés, signe d’une volonté de changement. Pour autant elle savait que cette tâche serait dure à réaliser, non pas sans sacrifices. De plus, qui laisserait ainsi un ninja si puissant vagabonder selon ses désirs ? La Kaguya proposa à Rei de partir à la recherche des siens, puis de se poser à Ame ou à Taki, lieux dans lesquels elle possédait de la famille. N’ayant aperçu que Kaguya Shio et Kentaro Hattan, elle n’avait pas connaissance de la situation des autres membres du village. Qu’importait, Rei n’avait aucune attache outre que sa famille…. Et Nodoka. Un sourire taquinant se dessina sur les lèvres de la jeune femme, quêtant un diagnostic de la part de son ami. Elle le croyait mort, une chose dont la jeune femme disait ne pas pouvoir se pardonner. Parvenait-elle ainsi à lire aussi facilement dans le jeune homme ? Ao’ parvenait encore après des années d’amitié à le surprendre. Elle avait ouïe dire que les rescapés furent envoyés à Yuki no Kuni, les ruines du village ayant été prises d’assauts par des brigands de tous bords. Le seigneur de l’eau s’étant enfui la queue entre les jambes, il ne resta rien de la puissance qui jadis parvenait à faire trembler le monde. Un quelques jours à peine, un des plus grand pan de l’histoire venait de s’effondrer sous ses yeux. Même la plus grande des puissances pouvait parfois se trouver inutile face à des événements imprévus. L’information, voilà la clé de la survie. S’informer, s’adapter, réagir en conséquence. Une chose que le village n’était pas parvenu à faire, provoquant ainsi sa chute.

« Je ne sais pas… Je ne vais pas te laisser régler mes problèmes à ma place, mais… je pense que je vais me déplacer jusqu’à Nami no Kuni. L’île est pauvre, n’appartient à personne, peu fréquenté, il n’y a presque aucun ninja là-bas. Est-ce que je pourrais t’y attendre ? »

Une vague idée traversa son idée, que se passerait-il si elle l’abandonnait ? Impossible, il l’a connaissait trop bien pour douter de sa sœur ainsi. Eloignant cette idée stupide de son esprit, il fixa son regard afin de retrouver ses mots.

« Nous savons tous les deux que tu en as besoin, mais tu ne prendras pas ne serait-ce qu’une seule journée de repos hein ? Essaye au moins de passer la nuit ici. Je m’occuperai de la garde, ainsi tu pourras récupérer. Et pour ton information, cela te permettra par la suite de te déplacer plus vite et de pouvoir continuer sans être obligée de t’arrêter toute les cinq minutes car ton corps t’empêchera d’avancer. De plus, je n’ai pas très envie de retrouver certaines personnes comme Hattan…. J’ai même plutôt envie de me débarrasser d’elles, et je suis certain que tu sais pourquoi. Mais dans mon état actuel, je ne serai qu’une simple feuille sur sa route. Enfin c’est une autre histoire. Une fois à Nami no Kuni je m’entrainerai à maîtriser le Hyoton, mais j’aurai besoin de toi afin de parvenir à totalement le contrôler…. Sans oublier le Fuinjutsu. Qu’en dis-tu ? »

Une invitation dans une île coupée du monde presque, un sourire qui se dessinait, l’idée me plaisait et j’hochais de la tête en approbation tout en continuant de l’écouter, de l’observer et de profiter simplement de sa présence. C’était toujours au moment de perdre ce qui nous était de plus précieux qu’on se rendait davantage de la valeur de ces derniers. J’avais manqué de le perdre tant de fois et chaque fois cet effet pourtant… Étrange, peut-être ce qui me donnait cet air ridicule et tendre en le regardant…
Pourtant définitivement pas mon genre…
M’enfin c’était quoi mon genre de toute façon avec Rei ? Difficile à dire, certainement un unique que personne d’autre ne connaissait, veinard va ! Encore que non, méritant en fait. Quant à la destination, une visiblement en dehors de la folie Shinobi, je ne pouvais qu’approuver, trop lasse maintenant de cette vie, cela à même pas vingt ans… Du joli.

~ Je n’ai pas la mémoire d’avoir foulé cette île effectivement, c’est même limite étrange en y pensant.

Quant au reste des infos je ne pouvais que baisser la tête lors d’une partie d’entre elles, ma faute encore, décidément, un long soupir avant de pouvoir reprendre le fil, tout régler, avant Kiri, c’était avec lui qu’il fallait la mise au point.

~ Ah il semblerait que tu vas gagner ton pari en maîtrisant la glace ! Tu te souviens encore de l’enjeu au moins ?!

Rire et sourire taquin, pas tant que Rei lui se tienne à ce genre de carotte pour avancer. Pas comme moi, pas le besoin, je savais que combien même il disait avoir besoin de moi pour ça, en fait, il ne ferait que tenir notre promesse… Peut-être le moment ou jamais de suivre son exemple, ses conseils…

~ Va pour ce soir, mais je ne veux pas dormir, juste restait tranquille là avec toi, tant de choses que je dois te dire en prime… En commençant par Hattan !

Qui serait de toute évidence le pire sujet de la soirée, pourquoi tant de haine de la part de mon frère… ? Quelle question stupide, je le savais bien, néanmoins, le temps avait fait son affaire, le monde changé, moi, lui, Hattan aussi, du moins j’y croyais, ça suffisait faut croire.

~ Ne dis pas des choses comme ça, tu me rendrais veuve deux fois, un vrai chat noir… D’ailleurs connais-tu mon surnom qui se propage dans ce monde ? « La veuve noire », charmant n’est-ce pas ? Étrangement j’aime assez, en associant prêt de pourtant je suis toujours en blanc…

Touche d’humour foireuse, mais mieux que rien pour rendre le sujet plus léger qu’il ne l’était, quelques gestes de main et une tasse fumante puis une autre qui venait, la récompense bien que minime après l’effort…

~ Le Kentaro que tu as connu est mort avec Kiri, aucun homme ne se relève intact de ce genre de chute, aucun orgueil de Kage ne reste en voyant son empire s’écroulait.

Fumée dansante, preuve de la chaleur du liquide, mais peu importe, en hivers cela ne pouvait que me faire du bien non ?

~ Tenzö est mort juste en perdant une bataille, en étant certain de perdre la guerre, son corps vivait, mais sa volonté était passée, vivant, mais mort, chacun de ses souffles une insulte à celui qu’il était… Cependant son cas était différent, tu le sais déjà, mais les miens usent leur corps à l’excès, c’était son cas particulièrement. Quand moi je compasse par le katon ou le futon en soutient pour éviter d’accélérer le processus de la décadence de mon corps, lui il faisait tout l’inverse, il en a payé le prix.

Mais le sujet n’était pas Tenzö hein ? Oui en fait un peu quand même…

~ Si le Kaguya était récupérable que provisoirement, le Kentaro lui peut être relevé, donne lui sa chance.

Un sourire étirait pour le soudoyer ? Qui sait.
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~ C'est quoi ton problème avec lui, vide ton sac, je suis toute ouïe !

Une île méconnu de tous… même Aoji’ ne semblait pas s’être déjà retrouvé en ce lieu. Rei n’y avait également jamais mis les pieds, ni même fait escale lors de ses nombreux voyages à l’ouest. Le jeune homme entendit le nom de Nami no Kuni lors de l’un de ses très nombreux passages à la bibliothèque près de son ancienne demeure. Une encyclopédie décrivant les nombreux paysages présents en ce monde, partant de Ki no Kuni, en passant par toutes les contrées situés au nord du pays du feu, puis pour finir les îles situés près de l’ancien pays de l’eau. Un pays composé de nombreux îlots, parsemés de mangroves et de petits villages. Refuge de bons nombre de pirates et de réseaux en tout genre, une petite route commerciale s’était dessinée lors de l’ère du village caché de la Brume. Bons nombre de marchands craignant de passer par Hai no Kuni, ancien territoire de la légendaire furyou, qui sema destruction et chaos sur Kirikagure no Sato. Ce territoire possédait donc de nombreux avantages, bien que dangereux pour des personnes normales, il ne l’était point pour des ninjas aguerris. De plus une idée germa dans l’esprit de Kenshi, cet endroit correspond parfaitement aux caractéristiques qui lui permettraient de la réaliser. Cependant le temps n’avait pas encore fait son œuvre, sa pensée avait besoin d’être amené à maturation et remise en question afin de la perfectionner.

Un rire taquin se dessina sur le visage de sa sœur. Un pari oublié, celui de maîtriser la glace. Malgré que Rei ait cherché dans sa mémoire, aucun souvenir ne parvenait à refaire surface concernant ce fameux pari, bien qu’il se souvienne de l’avoir fait. Une promesse qu’il s’était juré de tenir, une réalité qui ne saurait attendre. Ao’ accepta donc la proposition de son frère bien qu’elle se refuse à dormir. Hésitant à insister sur la nécessité du repos, il se résigna sachant pertinemment qu’aujourd’hui il n’avait pas assez de volonté pour tenir tête à la Kaguya. De plus, les deux anciens Kirijins pourraient ainsi rattraper le temps passé. Bien que parler de Hattan contrariait fortement Rei…. Le jeune homme n’avait aucune envie d’entendre parler de son ancien Mizukage, sa mort l’enchantant plus que de le savoir en vie. Le mari d’Ao’, puisqu’elle se désignerait ainsi veuf si Kentaro trouvait la mort… Comment pouvait-elle ainsi être attirée par un tel homme ? Kenshi connaissait bien les raisons de sa haine viscérale… Ayant pris naissance dès leur première rencontre, elle s’intensifia jour après jour jusqu’à donner la situation actuelle. « La veuve noire », tel était le surnom donné à la jeune femme par les autres shinobis. Un surnom bien dur envers elle… Mais cela n’étonnait pas Rei, les gens étaient tous les mêmes. Les perles rares sortant du lot pouvaient être désignées d’uniques. Précieuses, il fallait les protéger du reste de la population, ou tu du moins transformer celle-ci en perles. Mais comment…

Rei sourit à la touche d’humour de son amie. Probablement afin de détendre l’atmosphère, celle-ci se faisait très compréhensive, comme à son habitude… Une tasse de thé fumante apparu entre ses mains après quelques symboles liés à du Fuinjutsu. Ao’ tendit celle-ci à son frère puis en fit apparaître une deuxième. Selon elle le Kentaro qu’il avait connu était mort avec le village. Des idéaux et un orgueil brisés… Cela l’avait-il changé en bien ou en mal ? Rei possédait seulement la certitude d’un changement, bien qu’il ne sache pas en quel sens il s’était effectué. Rapide aparté le défunt Mizukage, elle se servit de lui afin d’argumenter en faveur de son actuel compagnon. Le tout ponctué par un sourire dont elle avait le secret. Mais au final, que cela changeait-il ? Tant qu’il n’en aurait pas la certitude de ses propres yeux, Kenshi se refuserait de croire en Hattan.

« Hattan… Je ne l’aime pas, c’est tout. Je n’ai pas confiance ne lui, ni en ses idéaux. Il ne cherchait pas à protéger le village, mais à étendre son empire et son influence. Augmenter son pouvoir… Et c’est pareil pour toi. Tu lui appartiens car tu es puissante, très puissante. Je ne sais pas si cela le rassure d’une quelconque manière, s’il en a lui-même conscience ou même quels conséquences tout cela a sur son psyché, et même si je pourrai te l’expliquer j’aurai besoin d’énormément de temps. Tout ce dont je suis certain c’est qu’il n’est pas digne de confiance, ou plutôt il ne l’était pas jusqu’à maintenant. Je ne sais pas ce qu’il est devenu, mais tant que je n’aurai as eu des preuves je refuse j‘y croire. Et crois-moi, si c’est le cas et que tu refuses de voir la réalité en face, ce sera lui ou moi. »

En avait-il trop dit ? Kenshi savait bien au combien il importait de garder ce genre de réflexions pour soi-même. La réelle raison d’un acte, la vraie source de réflexion conduisant à une conséquence… Il ne pouvait partager cela à personne, excepté Aoji’.

« Ces dernières années j’ai appris à me connaître. En même temps j’ai pu observer attentivement les agissements et le comportement de ceux qui m’entouraient tout en étudiant la psyché humaine. Chacune de tes actions, et chacune des tes pensées sera influé par ton caractère, tes idéaux, tes expériences, ton passé. On ne change pas, on s’adapte. Lorsqu’on a un défaut, on ne peut pas l’effacer, mais on peut le combattre. Ainsi le cerveau trouve des méthodes afin de ne plus butter sur les mêmes problèmes. Mais un homme timide restera à jamais timide. Un homme feignant restera à jamais feignant, un homme mauvais conservera des pensées foncièrement égoïstes. Les pensées restent les mêmes, mais ce sont les actes qui font de nous ce que nous sommes vraiment. Tu me connais non ? Que penses-tu que je serai si je n’avais pas tous ces principes ? Ces idéaux ? La mort ne me chagrine pas, de même que la souffrance, le malheur… Je me fiche éperdument des autres. Un manque de respect, un acte inconsidéré me donne des envies de meurtres et pourtant, comment est-ce que je parais ? Quelqu’un de relativement sage, de posé, de réfléchi non ? Il en est de même pour Hattan. »

Un sourire et sourcil relevé, le Samui n’avait jamais été du genre à mâcher ses mots, pour ça aussi que je l’aimais tant et aujourd’hui, il était plus dur et ferme que jamais dans ses propos, mieux valait que je sois sûre de moi en les réunissant à nouveau ? C’était ce qu’il voulait dire ? Peu importe, l’avenir le dirait, car si comme Rei le disait, les gens ne faisaient que s’adapter pas changer, une certaine fatalité alors me souriait satisfaite que je prenne conscience d’elle. Peu importe, ça m’allait, même si c’était trop court, trop rude parfois, ça valait toujours le coup de se laisser pour vaguer emporter par ce vent, les conséquences, pour être franches… Je n’en avais jamais rien eu à cirer !

~ Effectivement mon frère, tu ne changes pas ! Je confirme ! Et moi non plus…

Et seul un rire pouvait essuyer ça, sacrée Rei, mille fois trop protecteur, mais pouvais-je lui jeter la pierre ? Le sujet Kentaro ne semblait bon qu’à le mettre de mauvaise humeur, une pensée pour Tenzö et je savais qu’il l’aurait tout autant détesté en fait, tout n’était jamais que question de point de vue au fond, je laissais donc de côté ce sujet. Peu utile pour le moment, mais les mots n’étaient pas tombé dans l’oreille d’une sourde, je serais vigilante et j’aurais pu lui dire pour le rassurer limite, mais non…

~ Puissante, puissante… Question de point de vue-là ! Tu m’idéalises !

Et là vrai réalité, boulet davantage que puissance me convenait, la force brute en soi n’avait que peu de valeur, je savais bien qu’il comprenait ce principe, mais que voulez-vous, faute de cerveau de compétition, mieux valait travailler mon jeu de jambe plus répondant niveau attente. Encore que, la mésaventure de Kiri m’avait prouvé le contraire, je n’avais été capable de rien et l’excès de colère fit valser la tasse à peine touché sur le côté.

~ Seule je serais morte. Quel genre d’utilité rassurante je peux avoir dit moi ? Toi qui semble si bien savoir jauger les hommes, tu es sûr que tu ne te leurres pas sur moi ? A moins que tu dis ça pour m’encourager ?! Voilà qui ne m’étonnerait pas de toi en fait… Le pire c’est que je pourrais te croire et m’en convaincre.

Pas si mal, même si ce n’était qu’une illusion, qu’un mot gentil, peu importe, ça donnait de l’élan pour avancer quand le destin c’était décidé à me faire reculer de plusieurs bonds en arrière. Un appel à se reprendre, il parlait de repos ? Mais non c’était le moment ou jamais de bouger au contraire.

~ Viens Rei, sans un sou en poche on ira pas bien loin, n’avons-nous pas tout perdu dans l’incendie ? Une idée de reconversion ? Je pense à une vie civile perso… Dans quoi tu me verrais hein ? Allons en ville, trouvons un moyen de nous faire un repas !

Une vocation? Non, simplement une façon de penser à autre chose...

Ao’ paru surprise par les paroles de son ami. Franches comme à son habitude, il ne se perdait pas en longue phrases noyées dans des termes tous plus compliqués les uns que les autres afin de s’exprimer. De plus, il n’était pas en état de réfléchir suffisamment pour ce faire, éprouvant déjà certaines difficultés à effectuer cette gymnastique mentale en temps normal. Comme elle le dit si bien, ni l’un ni l’autre n’avaient changé… Mais pouvait-il en rester de même après que leurs mondes se soient effondrés ?

Un rire, une réalité qui lui était sienne. Peut-être la jeune femme ne réalisait-elle pas sa puissance. Certes, la puissance n’est rien si la main qui l’a manie s’évertue à frapper sans même réfléchir, mais la feuille ne peut battre l’enclume, voilà une vérité qui s’appliquait bien dans son cas. Si elle prenait le temps nécessaire afin de réfléchir à une tactique, à un plan à employer ainsi qu’une méthode de combat au lieu de suivre ses envies, elle pourrait être l’une des Shinobis les plus puissantes de son époque, mais… Peut-être arriverait-il à lui faire réaliser un tant soit peu cette réalité. De plus elle agissait déjà ainsi lors des combats serrés, dans lesquels étaient mis dans la balance des vies auxquelles elle tenait. Le potentiel y était donc, Rei n’en avait aucun doute. Sa main fit valser la tasse de thé, s’écrasant en mille morceau sur le la cime d’un arbre. L’avait-il mise en colère ? Peu importe, rien ne lui empêcherait d’être sincère, pour rien au monde il ne se priverait de se luxe si difficile à atteindre. Jamais il ne pourrait l’être complètement, mais la perfection était-elle atteignable ? L’approcher lui suivait amplement, car ainsi il poursuivait un but à jamais atteint, constamment renouvelé.

Ses mots, chargé de sentiments, semblaient être un jugement envers elle-même. Coupable de n’avoir pu survivre seul ? L’Homme n’avait de toute évidence pas évolué en ce sens. Si l’humain en possédait la capacité, aurait-il fondé des sociétés regroupant des millions d’habitants ? La sociabilité, caractère qui ne pouvait se mêler à la vraie solitude.

Ainsi s’accusait-elle de n’avoir aucune utilité, mettant en doute le jugement que Rei lui portait. Une petite étincelle faisant son apparition, tant de vérité remises en questions. L’invitant à la suivre afin de se mettre en quête d’argent, Kenshi suivit sans broncher sa décision avisée. Profitant de ce cours instant pour entrevoir un futur à ce chaos. Le Samui se plaça aux côtés de Ao’, puis s’arrêta un instant afin de contempler le ciel étoilé.

« J’ai toujours adoré regardé le ciel. Infini, immense, inconnu, on ne peut savoir ce qu’il nous réserve. On peut le poursuivre toute sa vie sans jamais l’atteindre… Ça doit surement faire un peu rêveur, mais je m’en fiche. »

Dit-il d’une voix basse, comme perdue dans ses pensées.

« Je ne me trompe pas sur toi. Tu as des défauts, tu fais des erreurs, ton comportement parfois absurde me surprend encore, mais… Il y a une chose qui me fait dire que je ne me trompe pas sur toi. Tu ne m’as jamais trahi et j’ai confiance en toi pour que les choses continuent ainsi. Nous sommes tous différent, je ne te demande pas de ressembler à ce que je souhaite voir de toi, je te demande de ne pas me trahir. C’est ma partie du travail de te protéger, comme c’est la tienne de le faire pour moi. Ou plutôt, je vois les choses ainsi, mais je n’oblige en rien aux autres à s’accorder sur ma façon de penser et à agir en ce sens. De toute façon je ne supporterai de côtoyer quelqu’un comme moi… »

« Et n’est-ce pas la raison de ma haine envers Hattan ? »

Si différents, mais semblables sur certains points. Telle était la réalité du jeune homme.

« Ça ne me dérangerait pas de te mentir pour t’encourager, de te manipuler aussi… Mais je le ferai en connaissance de cause et pour servir tes intérêts. Si je le fais pour servir les miens c’est que je me suis déjà perdu. De plus, la réalité finir toujours par rattraper le mensonge, alors qu’y gagnerais-je alors que mes buts se projettent dans un futur bien plus lointain que la rencontre entre ces deux entités ? Mais bon, je m’égare. »

S’avançant en direction d’un grand arbre, Rei posa sa main sur sa cime puis ferma les yeux tout en baissant la tête. Une fois ses pensées rassemblées, il se fixa l’horizon du bois.

« Ma reconversion… Je n’en sais vraiment rien… Tout ce que je sais, ce sont mes envies. Trouver un endroit paisible, où je pourrai vivre à ma façon tout en sachant que ceux que j’aime son en sécurité. Pouvoir vivre ma vie… Mais en a-t-on seulement le luxe dans ce monde ? Je commence à croire que non. »

Serrant de toutes ses forces l’écorce de sa main, la fin de ses mots se fit sur un ton sec, désillusionné après les récents événements.

« Alors peut-être que la solution serait de créer cet endroit ? »

Créer soi-même un chez soi parfait ? Il parlait d’une nation ? Alors là il ne fallait pas se leurrer, civilisation demandait une défense, donc une force militaire et pourrions-nous échapper longtemps à notre passé de Shinobi ? Le rayait… C’était impossible, mais rien que d’y rêver, ça me suffisait pour me soulager. Espérer et rêver étaient encore gratuit et libre non ? Mon menton se levait pour regarder les astres qui avaient fait mon frère songeur, qu’avait-il pu lire en eux ? Un chemin sans fin, une destination inaccessible, mon regard lui n’était captivé que par ma belle lune, muse que chaque épisode de vie, cette fois elle se faisait timide à cause des nuages, normal vu la saison… Un milieu d’hivers non ?

~ C’est un rêve réalisable tu crois ça ? La seule raison qui me garderait kunoichi c’est bien ça, préservé des batailles et du sang ceux que j’aime. Même un petit pays comme Nami aura pour nous un appel en combat un jour… Tant que les grandes nations ninjas existeront, nous existerons aussi… C’est assez laid en y pensant.

Quelques pas me faisaient reprendre la route les mains dans le dos, tout en continuant d’observer les cieux et au fur et à mesure que le ciel perdait de sa noirceur, je savais que l’on retrouvait la civilisation humaine… Artificielle. Une reconversion hein ? De plus le Samui avait soulevé un bon point commun, difficile de supporter les individus qui nous ressemblait, nos propres reflets… ça promettait tout ça !

~ Une maison de geisha, avec les meilleurs thés du monde, on parcourait le monde pour les rassembler avant ! Je serais riche je suis sûre !

Autant que si je cherchais un sol mes pièces… J’avais la douceur et la subtilité d’un éléphant dans un magasin de porcelaine… Le tact d’un tigre devant un lapin… La patience d’un incendie sur une brindille… Bref mal barré pour me fondre dans la masse ! Peut-être que la vie avec les autres, n’était pas mon truc en fait… Alors quoi ? Quelques chèvres et ermitage à la montagne ?... Curieusement ça, ça me plaisait… Mais ça ne serait pas avant d’avoir réglé quelque compte avec mes « alliés ». Pensée partager d’ailleurs.

~ Tu sais, la femme est heureusement d’être débarrassée de Kiri, mais la kunoichi, la seconde du Kage… La chef du Misuto est amère en regardant autour d’elle. Pourquoi seulement mes terres à moi qui brûlent ? Où étaient-ils ces alliés qui nous ont imposé de déplacer le sceau, concentrer toutes leur force autours et nous ont laissé en appât.

Stoppée net, furieuse en serrant une main qui avait reçu des infos du front là-bas… Et le sceau de Makka maintenant aux mains des Furyous ? … Non. De Kumo. Dans ma tête peut-être, mais l’enfant du Misuto criait machination, l’enfant de la brume prônait la vengeance… Et la Kaguya elle ? Elle affichait son sourire malsain, celui qui appelait au chaos.

~ Tu n’approuveras peut-être pas, ni même ne le comprendra, mais j’en ai besoin pour avancer, pour faire mon deuil de tout ça, quitte à ce que ça soit ça ma fin…
Kiri ne sera pas la seule à tomber. Ils ont été fous de croire que ça serait si simple. Kumo sera la première à payer, vu qu’elle s’est empressée de prendre un objet maudit. En prime n’ont-ils pas torturé ma sœur ? Souiller nos terres en notre absence m’a-t-on dit…

A nouveau la marche reprenait, pour avancer il fallait un but et au delà d’un avenir farfelu, j’avais une certitude sur mes envies, ne restait plus que le temps pour la guérison, les moyens et surtout ensuite… Le bon moment. Le sourire s’étirait davantage, plus le temps allait passer, plus la plaie qui s’abattrait serait grande, les nations moins méfiantes… Je saurais attendre. Le hasard nous stoppait devant un bar/auberge et je passais la porte sans attendre et maintenant ? J’allais montrer à mon frère un de mes jeux favoris, bref repérage, puis une place pas choisie au hasard…

~ Saké !

Patience Rei, pas sûr qu’il aimerait cependant la méthode…

~ Et toi tes projets d'avenir ?

Se retournant afin d’observer la réaction de sa sœur, il vit la jeune femme observer la voute céleste. Cherchait-elle aussi des réponses à ses questions ? Un rêve irréalisable tant il s’avérait difficile à entreprendre ? Une vérité, mais Rei en avait la certitude après avoir vu son village se faire réduire en cendre : rien n’était impossible. Comme son amie le disait si bien, les Shinobis existeront tant que les Villages Cachés existeront également. Intrinsèquement liés, ils constituaient les fondations même de ces édifices. Pour autant, ceux servant un village se retrouvaient prisonniers de celui-ci en échange de protection et de stabilité. Tandis que les autres, libres, mettant bien plus souvent leur vie en jeu. Quelle vie désirait vraiment Rei ? Celle d’un homme libre, ou celle d’un homme asservie ? Bien évidemment, les choses n’étaient pas si simples pour lui. Prenant soin de prendre le maximum de paramètres en compte afin de tenter d’avoir l’avis le plus objectif, son désir de liberté se faisait de plus en plus fort. De plus, il devait trouver une place adéquate pour Koma. Personne de culture, érudit, soigneuse, elle n’était pas faite pour aller sur les champs de bataille, mais pour sauver ceux qui en revenaient. Kiri la protégeait de ce monde car il lui avait donné la place adéquate à ses envies, Rei pourrait-il faire de même ? Cette inquiétude nourrissait davantage le désir de la retrouver saine et sauve.

Se rendant compte qu’il s’était perdu dans ses pensées, le jeune homme tenta de reprendre le fil de la discussion. Observant Ao’ qui s’était déplacé devant lui, il apposa sur elle un regard inquiet. La femme, heureuse d’être enfin libre tandis que la Kunoichi était dévoré par la colère d’avoir perdue son empire… Pourquoi Kiri fut le seul village à payer un si lourd prix tandis que d’autres en profitèrent pour augmenter leur puissance ? Ainsi Kumo était parvenu à récupérer un objet maudit, surement l’un des sceaux des Furyous, ou un objet ayant un rapport avec ceux-ci. Ao’ désirait se venger de ce village, de ce qu’ils ont fait à Kiri, et à nos frères et sœurs… Le Village Caché des Nuages entretenait depuis tout temps des relations très conflictuelles avec celui de la Brume Sanglante. Empires de pouvoir, cherchant à éteindre leurs sphères d’influences et leur puissance… Tout cela avait-il été planifié ? La question restait en suspens, même si elle paraissait paranoïaque au premier abord, rien n’était impossible. Se remettant en route, il réfléchit sur ce que venait de lui dire la Kaguya.

Leurs pas les menèrent près d’une petite auberge située sur une route serpentant à travers l’orée du bois. Prenant soin de vérifié qu’aucune menace ne se profilait à l’horizon, Rei suivit les traces de sa sœur et entra dans la bâtisse. S’asseyant sur une table située au fond de la pièce principale, la jeune femme commanda du saké, Rei faisant de même. Une fois la commande arrivée, elle prit son verre et le brandit devant elle tout en s’écriant :

« Saké ! »

« Saké ! »

Imita le jeune homme tout en buvant une gorgée du précieux liquide. Ses projets d’avenirs… Dans l’esprit de Rei se dessinèrent plusieurs schémas, plusieurs idées, bien que difficile à réaliser, il disposait maintenant de tout le temps nécessaire à leur réalisation.

« Tu sais, tu te demandais si c’était un rêve réalisable… Mais d’un autre côté, je pourrai te poser la même question pour kumo. Toi tu ne souhaites pas créer un petit îlot de paix, mais détruire une des trois grandes puissances restantes. Moi je souhaite escalader une colline, tandis que tu souhaites faire de même pour une montagne, enfin peut-être que je me trompe… »

Nouvelle gorgée, il remplit son verre ainsi que celui de son interlocutrice.

« Maintenant, comme tu l’as très bien fait comprendre, nous avons le temps… Pour te venger il te faudra de la puissance, et de l’aide. Et pour cela tu auras de temps, ainsi que d’un endroit où pouvoir rester à l’abri. Mon idée… »

Apposant ses yeux sur son verre, il expira puis prit une profonde inspiration afin de rassembler son énergie fuyante.

« Mon idée ce n’est pas de créer une quatrième grande puissance, car en plus ça m’étonnerait que les hauts gradés restants du village en reste là… Ce que je veux créer c’est une terre où nous feront régner nos lois, que l’on juge bonnes. Une terre où l’on puisse vivre en paix, et qui sait, peut-être faire vivre d’autres personnes en paix. J’entends, autres que celles qui nous sont chères. Si nous devenons assez puissants pour la protéger, alors nous le seront pour rivaliser avec Kumo. Mais à deux ça paraît impossible, même si l’on devient des Sennins. Il nous faudrait d’autres personnes, s’accordant avec nos idéaux, enfin on en est pas encore là. »

Déplaçant son verre sur la table, il prit également celui de la jeune femme et la bouteille afin de les placer sur un même axe, la bouteille au sommet de cet axe, près de Ao’.

« Là c’est Konoha, le verre du milieu représente Nami, et le dernier représente Kiri. Nami se trouve être un petit axe fluvial entre le Village Caché de la Feuille et l’ancien Village du Pays de l’eau. Hors, maintenant qu’il est détruit, le commerce va surement se restreindre et Nami en souffrira. Cependant, si nous arrivons à faire en sorte de consolider ces terres, autant commercialement que défensivement, et si nous arrivons à leur donner une certaine importance, alors l’îlot pourra reprendre de l’importance. Pas besoin pour cela qu’on se montre à découvert… On pourrait agir sans se faire remarquer… Tandis que nous restions bien tranquilles dans les terres du pays. Ou alors laisser seulement les hautes sphères de ce que nous pourrions créer connaître la vérité. Je pense que tu dois comprendre mon idée… »

Reprenant son verre, il le but une dernière fois cul sec puis le posa à côté de lui.

« Là je vais y aller afin de reprendre des forces et m’entrainer à contrôler le Fuinjutsu. Toi tu vas partir à la recherche de Tei’ et de ma sœur. Ensuite tu reviens me voir et nous nous entrainons pour que je puisse contrôler la glace. Une fois tout ce temps passé, je pense que nos idées auront bien muries, et nous pourrons engager une ligne de conduite. Qu’en penses-tu ? Ah et surtout… Je suis avec toi, alors n’agis pas imprudemment pour Kumo, s’il te plaît… »