Tel est pris qui croyait prendre ... Qui ? |Rang S vs Yamanaka Natsumi|

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La mission, pour le coup, était un sacré numéro ! Alors que faire le train-train commençait à être lourd, voilà qu’une mission des plus atypiques lui tombait sur les bras ! Infiltrer un groupe de pirates ?! Au Pays du Givre ; et qui vivaient dans des marécages ? C’était aussi logique que de voir Psychokouac se balader dans un resto sushis japonais avec une paire de baguettes dans le fion ! Resté un moment comme figé devant cet ordre de mission, Kakeshuou Samui se devait de revenir à la réalité. Soufflant d’exaspération, il pliait l’ordre de mission, récupérait ses affaires, et préparait son voyage. Une heure plus tard, il avait quitté les lieux, se dirigeant vers le large.

Le plus grand défi de sa carrière à cette heure. Infiltrer n’était pas chose bien compliquée en soi. Mais une compagnie de pirates présentait des risques assez importants. Il s’agissait d’intégrer un groupe très solidaire, où les rapines et la boisson unissait souvent ses membres. Ayant un passé commun et le même lobby, il était devenu clair que ces groupes se connaissaient tous entre eux. Désormais, il n’y avait que très peu de possibilités. Soit on intégrait la bande, avec tous les tests que cela supposait : méfiance, épreuves, suspicion pour un jour – lointain ! – être accepté en tant que membre officiel et de confiance. Soit on se débrouillait pour attraper un fameux membre, lui faire cracher les infos, et – au mieux – prendre sa place. Pendant son voyage du Pays de l’Eau jusqu’au Pays du Givre, notre homme estimait la meilleure position. Étant donné son âge, il était inimaginable de tenter de s’intégrer dans la bande. Pour lui, la ruse serait le meilleur moyen. Faire rentrer le Lion des Neiges dans la bergerie … . La chose pouvait devenir intéressante … .

Arrivé au port, notre homme avait déjà changé d’apparence. Ayant camouflé son visage, il apparaissait comme un simple voyageur, suivant son chemin et prétendant aller jusqu’au Pays de la Foudre. Le corps emmitouflé dans un long manteau noir, il avait plus l’air d’un mendiant que d’un marchand ou autre. Peu importe ; le tout le faisait passer inaperçu dans la foule, alors qu’il se glissait dans les quartiers les plus pauvres, avec les lépreux et les mécréants de ce monde. L’instant d’après, il disparaissait de nouveau dans l’ombre, errant dans ce bas monde. Arpentant les routes glacées par la bise et par l’humidité frigorifique, l’homme ne se laissait approcher par personne ; et personne ne s’intéressait à lui ! Plus il s’approchait des marais, plus il voyait de bandes de brigands, vole-tout, et pirates qui maraudaient dans les environs. Bien heureusement pour lui, son profil n’était pas assez intéressant pour ces loups des mers.
Après une demi-semaine, le fameux port était enfin en vue. Une bien étrange installation. Pourquoi une telle armada dans des marécages … . A lui seul, le port semblait s’étendre sur des kilomètres ! Et … sur un marais ! Certes une nappe phréatique de taille, pas de doute ! Mais avec le décor que l’on connaît de partout. Des roseaux et herbes aquatiques se prolongeant hors de l’eau, une surface embrumée et une odeur pestilentielle. Il était évident que des maladies virevoltaient dans les airs. La malaria était courante dans les marais … . Et pourtant, de nombreux esquifs flottaient sur la surface aqueuse. Pas de véritables navires, mais des embarcations de faible constitution peuplaient malgré tout les flots. A quoi bon, quel usage ? Les marécages étaient certes dans la configuration d’une baie, et il y avait effectivement un accès à la mer. Mais … pourquoi ici !

~ Il faudra observer les choses pour comprendre ce qu’il se passe … .

Oublions là ce port de corsaires pour l’heure. Il était plus intéressant et plus important de trouver un moyen de pénétrer la troupe locale. Suivant la ligne qui avançait péniblement vers la bourgade la plus proche, la foule qui se groupait sur le petit chemin partiellement gelé progressait lentement. Pour faire moins d’un kilomètre, il fallut presque une heure pour l’homme qui ne tenait pas à se faire remarquer ! Les terres gelées poussaient les personnes à voyager ensemble, pour une question de coopération … ou de chaleur … ou de peur de finir en glaçon. Quelque chose au milieu de tout ça. Une fois l’entrée de la bourgade atteinte, les gens se dispersaient, s’abritant dans l’une ou l’autre maison, cherchant un coin chaud pour se passer de l’air glacial qui pénétrait partout. De son côté, le ninja camouflé s’orientait vers le bar du coin. Il tira la porte … et le spectacle fut désolant de simplicité. Des pirates à droite comme à gauche, un monde de fou, de quoi refaire un vieux film de piraterie.
Le minuscule point intéressant de cette séance de cinéma était la table du fond. Un petit jeune buvait un verre, tranquille, à l’abri d’une tempête en approche. Mais le plus intéressant n’était pas le gamin en soi. C’était le duo de gros bras qui le toisaient depuis le bar, avec un sourire narquois. Amusant ! Pas besoin d’être psychologue pour comprendre leur logique tordu : un processus de recrutement était en cours … . C’était certainement l’occasion qu’un homme pouvait attendre ! Sans se faire remarquer, le vieillard se posait à une table voisine, restant emmitouflé dans son épais vêtement. Ne restait plus qu’à attendre … . Un quart d’heure … . Une demi-heure … . HA !! Enfin les voilà qui se bougent ! Ils avaient testé sa patience, et celle du Shinobi par la même occasion – bien qu’inconsciemment ! Se portant sur la table, les deux balourds allaient maintenant éprouver les motivations de ce jeune homme, pour tenter de l’intégrer dans la bande … . Attablé non loin, le vieux pouvait désormais entendre toute la conversation. L’âge, les projets dans la vie, le nom de sa pauvre mère … plusieurs éléments et détails qui visaient à jauger le gringalet. Pour l’essentiel, les informations étaient classiques : il était pauvre, sa mère prostituée, et il n’avait rien à faire de sa journée. Il finirait certainement comme le reste de sa famille : débrouillard, esclave ou en prison. Avec quelques informations supplémentaires (passe-temps, loisirs, ambitions), le duo de gros balourds laissa le garçon avec comme seul retour un rendez-vous : les docks, à 22h, et seul ! Et en ricanant, les deux marins des marais quittèrent les lieux, abandonnant le gamin sur place. Ne sachant pas vraiment quoi faire, ce dernier restait accoudé à la table, jouant avec ses doigts ; preuve de son hésitation.

C’est le moment d’entrer en scène ! Se levant de sa table, Kakeshuou Samui, sous des traits abîmés et accablés par le temps, venait remplacer les loups de mer pour s’asseoir face au bambin. Ce dernier, d’abord étonné, restait silencieux, et laissait là l’ancêtre prendre ses aises. Ayant sorti sa pipe à fumer, l’homme la bourrait de tabac et l’allumait avec une certaine aisance, montrant un vieux renard bien à son aise et sans stress. Le temps de tirer une ou deux lattes, et il reportait son attention vers le mioche.

~ Ils te voulaient quoi, ces canailles ?
~ Me recruter … .
~ Haa ! La vie exaltante de pirates ! Pourquoi pas ! Tu n’auras que de la chance !
~ De la chance … ?
~ Et bien oui ! Soit tu vivras dans le crime et dans l’opulence, soit les forces de police mettront vite fin à ta méprisable existence ! Ce n’est pas un mauvais marché, pas vrai ? Tu n’as pas grand-chose à perdre …
~ J’ai toujours ma mère ! …
~ Ouiii … une catin qui se vend pour sa propre survie … je comprends que tu y sois attaché !

La dernière phrase était certainement de trop. Le jeune homme, bien que maigrelet et faiblement constitué, s’était levé d’un bond, le regard furieux et l’air déterminé à en découdre. Il semble que, malgré la misère, certains se raccrochent misérablement à la vie en s’attachant à des choses aussi ridicules que l’honneur. Quoi qu’il en soit, le ninja – qui dissimulait bien évidemment son identité – ne tenait à livrer bataille ici. Les combats de bars avaient tôt fait de tourner à la rixe généralisée et sans aboutissements réels. Tirant une latte et laissant la fumée s’échapper, il levait une main pour signifier une halte.

~ Hahaha, excuse-moi, bonhomme. J’ignorais que l’on pouvait encore avoir un tel attachement à sa famille dans ce boui-boui. Je suis allé trop loin. Rassies-toi.

Un instant hésitant, le garçon s’exécutait, bien que toujours méfiant. Ce vieux était étrange ; impossible de voir où il voulait en venir. Mais les choses allaient s’éclaircir.

~ Et tu penses faire long feu parmi ces baroudeurs ?
~ Je ne sais pas … . Mais je ne ferais pas long feu ici de toute façon … .
~ Des soucis ?
~ Non … . De l’ennui … .
~ Humm … .

Un temps de pause. De l’hésitation ? Pas chez Kakeshuou ; il savait pertinemment sur quoi cette conversation allait mener. Le tout était de bien l’orienter pour piéger ce merdeux. Après, pour son destin, peu importe. Il y a plus de morts que de naissances dans ce pays. Étant donné la situation misérabiliste, rien de bien étonnant.

~ Et si je venais avec toi … .
~ !! … vous ?!
~ Hé bien quoi !? C’est mon grand âge qui te choque ?! J’étais samouraï avant de perdre mon maître !
~ Vous êtes un Ronin ?
~ C’est l’destin … . Une fois qu’on a perdu son honneur et son employeur, on se rabat sur ce que l’on peut … .
~ …
~ Fais pas cette tête ! Je te couvrirai. Ca augmentera tes chances de vivre dans le crime et l’opulence, non ?

Encore un peu d’hésitation. Et ce jeu avec ses doigts ! Tu stresses, mon garçon ! mais c’est normal. Ce genre de situation est bien trop belle pour être vraie. Mais dans le même sens, il serait idiot de laisser passer cette occasion. Après une ou deux minutes d’attente, le garçon avoua sa propre faiblesse. Après tout, il avait certes un rendez-vous, mais rien qui ne lui garantissait l’embauche et la survie par la suite ! Avoir un allié à ses côtés ne serait pas superflu. Acquiesçant d’un signe de tête, il validait la proposition. Bien ! Répondant de la même façon, le vieux combattant se levait et montrait tous les signes de départ nécessaires. Emboîtant le pas, le jeune homme suivait celui qui serait comme son mentor pour l’aventure à venir. Laissant trois pièces sur la table, l’étrange équipe qui venait de naître prenait le départ. Direction : les docks, et le point de rendez-vous.

Dernière édition par Samui Kakeshuou le Mar 27 Mai 2014 - 23:42, édité 1 fois

Ah oui quand même. Certes, je me doutais que ce genre de choses allait arriver vu mon nouveau grade… mais pas aussi rapidement. Je n’ai même pas eu le temps de fêter mon passage Jonin avec mon équipe qu’on envoie déjà en mission ! Et par n’importe laquelle en plus. Une mission de rang S, rien que ça. Limite, si j’étais accompagné de Natsuki ou d’un autre Jonin je veux bien, mais en solitaire… Je reste perplexe. Disons que je n’ai pas envie de mourir maintenant si vous voyez ce que je veux dire, et ce genre de requête ne va pas dans cette optique, loin de là même. Même mes parents semblent dubitatifs par rapport à ça. Ma mère a même tenté de convaincre mes supérieurs de m’accompagner mais en vain… Je vais devoir me débrouiller toute seule, comme une grande. Il faut croire qu’être Jonin à 16 ans n’a pas que des avantages.

M’enfin bon, l’ordre de mission m’inspire de bonne chose au moins. Des pirates ? Parfait, j’ai déjà un œil en moins ! Oui bon je sais c’est qu’un cliché mais bon… Disons que je vais pouvoir user pleinement de l’art Yamanaka dans cette mission. C’est maintenant que l’on va montrer au monde ce dont sont capables les membres de mon clan ! Enfin j’espère…

Enfin bref, c’est bien beau de parler, mais il faudrait peut-être que je me mette en route moi ! Cette mission ne va pas se faire en restant à Konoha, ça c’est sûr. Du coup, après avoir soigneusement vérifié mon matériel, je quitte le village en hâte sans chercher plus loin. Pendant de nombreuses heures, j’ai parcouru le pays du feu avant de passer à celui des sources chaudes. Bien sûr, il m’est impossible d’arriver à ma destination d’une seule traite, c’est pourquoi je m’arrête dans une petite auberge afin d’y passer la nuit. Le lendemain, je me débarrasse de tout ce qui me lie à Konoha. Mon bandeau, mon gilet de Jonin et j’en profite même pour changer de coupe de cheveux. Rien de bien exceptionnel je vous assure, j’ai juste mis mes cheveux en arrière. Au moins comme ça, j’ai moins l’air d’une petite fille innocente et mon cache-œil est clairement visible.

Je reprends alors la route, habillé tout autrement qu’à mon arrivée. Que voulez-vous… Ces dernières années, j’ai rencontré pas mal de gens, donc ça, ne m’étonnerait pas que je croise une personne me connaissant… Au moins comme ça y'a peu de chances qu’elle me reconnaisse. Bref, mon foutu voyage reprend son cours tranquille, sans le moindre problème. Du moins, jusqu’à ce que j’arrive aux environs de ma destination. Je marchais tranquillement, sur la route menant aux repaires des pirates, jusqu’à ce qu’une certaine personne me bloque le chemin. Un gros gars baraqué, qui n’avait pas l’air de vouloir me laisser passer.

- Qui es-tu jeune fille ? Ce n’est pas un endroit pour toi ici.
- Ah ? Pour vous non plus on dirait.

D’un seul coup, sans le moindre mudras, je prends possession du bras de ma victime au dépit du mien. Sa lame. Cette dague qu’il tenait dans sa main vient rapidement se planter dans sa poitrine, et pas n’importe où. Oui, sans qu’il n’ait le temps de réagir, il s’est planté sa propre arme dans le cœur. Crachant une gerbe de sang, le grand gaillard baisse les yeux pour admirer mon action. Un sourire carnassier dessiné sur le visage, je prends la parole dans un but comique.

- Excusez-moi monsieur… Mais je crois que vous vous êtes suicidé…

S’ensuit alors un rire sadique non retenu, tout en admirant le cadavre qui s’écroule au sol. Bon, voilà qui est fait ! La première étape de mon plan vient tout juste de commencer. Avant que son esprit quitte définitivement son corps, j’appose ma main droite sur son crâne et y déverse une faible dose de chakra. Immédiatement et comme à chaque fois que j’utilise ce jutsu, tous ses souvenirs parviennent jusqu'aux miens et s’enregistre dans ma mémoire. En quelques secondes, je connais sa vie aussi bien que lui, voire même mieux. Tous les détails de son existence sont miens, sans aucune exception. Quoi de mieux pour infiltrer un endroit que de prendre la place d’un des protagonistes ?

Première étape : Accomplis. Scellant son cadavre dans un parchemin, j’utilise un vulgaire henge pour prendre son apparence. À partir de maintenant, le seul défaut de mon costume est que je ne peux en aucun cas reproduire sa maîtrise du Kinton. Outre ça, il est quasi impossible de deviner que je suis une imposteur. Après tout, je connais tout de lui, donc impossible de me piéger sur ça. D’ailleurs… Il y a quelque chose que je me dois de faire si je ne veux pas qu’il y ait des doutes sur moi…

Ma victime du jour ne servait pas qu’à arrêter les passants louches pour le faire rebrousser chemin… Non, il s’occupe aussi de recrutement. Or, il a un rendez-vous avec une future recrue à 22h aux docks avec l’un de ses collègues. Bon, heureusement, grâce aux souvenirs du grand gaillard, je sais où se trouve ma destination, sinon j’aurais été dans la merde. Après, je préfère tout de même partir en avance, histoire de ne pas arriver en retard et attiser les soupçons de mon pseudo collègue.

En moins d’une heure, je traverse « ville » surplombant les marais découvrant un nombre incontestable de gens louche. Enfin, des gens louches pour une Shinobi telle que moi, dans ce genre d’endroit, ils sont tout à fait normaux… Si je n’étais pas sous Henge, j’aurais été la plus louche de toute la ville avec mes habits simples de jeunes adolescentes…

M’enfin, bon… Après moult traversée, j’arrive aux environs de 22h à destination. J’y retrouve mon collègue et le salut brièvement sans chercher à créer une conversation. De toute façon, selon les souvenirs du gars, ils ne parlent pas beaucoup entre eux, alors engager une longue conversation serait plus louche qu’autre chose. Bref, lâchant un petit regard à ma montre, je remarque qu’il est l’heure. Il ne me reste donc plus qu’à attendre patiemment que la reçue arrive. Un simple détail que je réglerais rapidement, afin de me concentrer sur ma mission.

Marchant sur le fronton, suivant le gamin qu’il s’était engagé à accompagner et à protéger, l’étrange duo s’avançait sans vraiment savoir où il mettait les pieds. Silencieux, les deux personnages se marquaient véritablement en pleine opposition pour n’importe quel observateur lambda. Alors que la principale recrue était un morveux à peine sorti du sein maternel, à l’allure déterminée mais pourtant frêle avec des regards inquiets dans les alentours pour garantir sa sécurité, celui qui s’était invité s’inscrivait aux antipodes. Puissant, grand, à l’allure presque trop noble pour être un Rônin, l’homme mystérieux gardait ses vêtements salis par les âges et intempéries, mais n’en dénotait pas moins un visage dur, sérieux et confiant. Certes, certains regards se perdaient dans les environs ; mais le personnage, à l’inverse de son jeune guide, savait qu’il serait en mesure de riposter à temps si les choses venaient à mal tourner … .

Mais que ferait-il si les choses tournaient mal ? Le secret de la réussite dans ce genre de mission d’infiltration était d’avoir de la chance, et de reposer sur plusieurs facteurs complètement aléatoires. Contrairement à cet adolescent, il n’avait pas été abordé dans le cadre d’un recrutement. Il attirerait dès le premier coup d’œil la méfiance, et certainement le mépris en raison de ses origines et de son grand âge. Mais le quinquagénaire saurait jouer des hésitations et des questions vicieuses. S’il avait survécu aussi longtemps dans ce genre de milieu, c’était bien grâce à une capacité d’adaptation hors du commun. Il saurait en faire de nouveau usage, pour se fondre dans la masse, en apprendre plus, avant de disparaître. Une véritable mission de Shinobi : apparaître, espionner, disparaître dans l’Ombre.

Continuant à aborder les docks, le pas ralentit, et les yeux se délivrèrent de toute inquiétude pour se porter sur de la curiosité. Où était-on ce fameux rafiot ? Tout portait à croire que l’équipage de pirates était bien plus important que le cadre moyen ; mais dans une marina aussi importante au milieu de marais, où la plus petite barque pouvait devenir un logement pour le clochard du coin, repérer le bon coin était loin d’être évident. Effectuant une pause à un carrefour, le couple resta un instant dubitatif. Sans plus d’indication, que faire ? Fouiller l’ensemble des docks ? Ce ne serait sûrement pas apprécié, mieux valait éviter ! Et alors quoi : attendre comme des glandus un geste, un mouvement de la part d’une troupe étrange ? Nous voilà réduit à bien ridicule … .
Mais il faut bien que ce genre d’éléments intervienne dans l’histoire. En l’occurrence, deux silhouettes faisaient une entrée en scène progressive dans la petite brume du soir. Donnant l’impression de flotter dans les nuages, le duo qui se présenta recouvrait les traits des bodyguards rencontrés dans la taverne. La première épreuve. Le vieux serait-il accepté ou rejeté pour X critères merdiques ? Interpelant simplement le gamin et lui indiquant la direction d’un signe de tête, l’ancien présenta en première marche le bambin. Voyons voir ce que cela donne. Le deuxième duo rejoint, la première étape pouvait commencer.

~ Hé gamin ! On t’a pas dit de ramener ta famille ! Si le job te plaît plus, tire toi !
~ C’est lui qui m’a abordé ! Il dit qu’il est Rônin ! Et qu’il serait intéressé … !
~ Ah ouais … ?

L’homme se détacha de son partenaire et fit un premier pas tout en se penchant, comme pour mieux analyser l’attitude et la composition de ce « volontaire ». Le regard et la moue faciale indiquait clairement le mépris que tout grand gaillard adresserait à un homme perçu comme vieux, chiant, gémissant bref … inutile. Crachant au sol, les bras croisés, le pirate reprenait sa position initiale et toisait nonchalamment Kakeshuou Samui.

~ T’es qui, pour commencer ? Et pourquoi tu nous intéresserais ?
~ Je suis Oroishi Takeda, Rônin. Mon maître est mort l’année dernière et je cherche du travail … .
~ J’m’en tape de ton CV. Pourquoi on prendrait un vieillard comme toi, hein ?
~ Parce que le vieillard n’en reste pas moins un combattant expérimenté. Et qu’il vaut mieux m’avoir avec soi, que contre soi.

Sur cette légère provocation, l’homme gloussa dans sa barbichette, comme si la chose était drôle. Quoi, tu crois pouvoir me tenir tête, l’Ancien ? Ton grand âge aurait entraîné le dépérissement de ton cerveau ? Ces vieillards pensent toujours se placer au dessus des autres, sous le prétexte d’une sagesse acquise sur des années. Tu es surtout un débris, et tu as besoin d’une main pour te ramasser : ne viens pas te la jouer en pariant sur la menace.
Avec la ferme intention de remettre ce vieux con à sa place, l’homme sortit subitement de sa cachette un kunaï et visa la tempe. Si je te touche, tu as perdu ; le jeu est simple, pas vrai ? Avec tes rhumatismes et tes vieux os, tu finiras au fond de la vase, à croupir dans les méandres de ces marais ! Mais la surprise devait être de taille ; appliquant avec rapidité un blocage gedan, Kakeshuou fit plier le bras, et déstabiliser son assaillant pour le faire tituber. Un coup de pied dans le dos finit par étaler le provocateur à terre, pendant que le Jônin reprenait sa posture, sans avoir perdu son sang-froid. Bien que râlant, l’homme fit volte-face, se redressa à toute allure, et garda une attitude agressive, sans pour autant renouveler l’expérience. Il grinçait des dents : c’était une humiliation, mais il devait admettre que ce vieux crouton avait de beaux restes. Un samouraï, hein ? Il ne serait pas vraiment utile pour les marais, mais les pirates de ces eaux plates reposaient sur de nombreuses autres activités lucratives et sources de revenus … . Il pourrait toujours mourir dans d’autres circonstances … .

~ Je vous l'ai dis ... . Je suis là pour être embauché, pas pour vous mettre en charpie ... .

Il y avait suffisamment de profondeur dans cette déclaration que cela ne faisait aucun doute. Si le groupe lui cherchait encore des noises, tout ancien qu'il était, il pourrait se fâcher pour de bon. Quitte à recevoir un "non", autant que ce soit avec politesse et avec le respect dû à un homme de son âge. Crachant de nouveau au sol, le regard du corsaire se posait sur son collègue. Il n’avait pratiquement pas réagi à cet affront. Le faire participer ne serait pas si mal, pas vrai ?

~ T’en penses quoi ? On l’envoie au chef ou on l’envoie par le fond ?

Pendant environ dix minutes, un calme plat s’installe. Un silence tout ce qu’il y a de plus normal si on suit les informations que je possède. Seulement voilà, ce calme est soudainement perturbé par la voix de mon pseudo coéquipier.

- Il y a des gens là-bas, allons voir si c’est notre recrue.

Sans un seul mot, nous prenons la direction des deux silhouettes repérées par l’homme. Moins je parle, moins j’interviens et plus ma couverture sera efficace. Voilà comment je conçois la chose. Lors de l’entrevue avec notre recrue, je ne vais pas parler, ou alors que si la situation l’exige vraiment. Je vais attendre que tout ça passe pour me concentrer sur ma mission. Sauf que ça ne va pas se passer comme prévu. Comment je peux en déduire ça ? Tout simplement parce que la recrue n’est pas seule. À ses côtés, un vieil homme dont j’ignore totalement l’existence. Au vu du regard de mon coéquipier, j’en déduis qu’il n’était effectivement pas prévu à la petite fête.

La suite se déroule plutôt rapidement. Mon compagnon pirate interpelle immédiatement notre recrue et l’inconnu. Sans aucune retenue, il aborde directement le duo cherchant à comprendre qui est l’autre gars. Personnellement, je reste un peu en retrait et attends de voir comment les choses vont évoluer. Et je dois avouer que je ne suis pas du tout déçu. Ce vieil homme serait un rônin donc… mais que nous veut un rônin ? Ne me dites pas qu’il veut lui aussi rejoindre leurs rangs…

Eh bien on dirait que c'est exactement ça en fait. Instinctivement, mon regard se durcit légèrement alors que mon pseudo coéquipier semble plus que perplexe. Il a l’air d’être légèrement déstabilisé limite, bien au contraire du vieillard qui arbore une expression de confiance extrême. L’attitude même que l’on attend en parlant d’un rônin. De par cette appellation, il pourrait éventuellement servir à quelque chose en tant que pirates, même si c’est quelque chose de peu commun. Si j’étais vraiment un des leurs, j’aurais essayé de le recruter directement. Or, je ne suis pas des leur. Pire, je suis en quelque sorte leur adversaire. Voilà pourquoi le fait qu’il les rejoigne me pose tout de même problème. Malheureusement, je dois faire attention à mon attitude si je ne veux pas que ma couverture s’envole.

L’entretien continue tout de même, sans aucune intervention de ma part. Le rônin s’appellerait Oroishi Takeda et chercherait du travail suite à la mort de son maître. Une raison plus que valable en soi, mais qui ne semble pas attirer le pirate. D’après ses paroles, ce serait l’âge du rônin qui dérangerait mon pseudo coéquipier. Sait-il seulement qu’il vaut la plupart du temps se méfier des vieux combattants. Plus ils sont vieux, plus ils ont acquis de l’expérience et plus ils ont eu le temps de s’entraîner. C’est un fait avéré qui se trouve être vrai la plupart du temps. Prenez n’importe qui, faite-le s’entraîner pendant 20 ans et vous verrez qu’il sera assurément plus fort après. C’est tout bête, mais ça illustre bien tout ça.

D'une façon détournée, c’est ce que le vieillard sort comme argument. Sur le coup, je ne peux m’empêcher d’esquisser un petit sourire. Seulement, ce dernier s’envole au moment même où je vois mon pseudo camarade sortir un kunaï de sa poche. Un test. Voilà ce qui se passe. Une façon très simple d’évaluer le niveau de quelqu’un. S’il arrive à le toucher, le recrutement du vieillard s’arrêtera ici par une réponse négative. Au contraire s’il n’arrive pas à le toucher…

Pire que ça. En plus du fait qu’il n’ait pas réussi à le toucher, il s’est fait humilier en moins d’une seconde. Le rônin l’a purement et simplement mis à terre avec le strict minimum au niveau des gestes. Il n’a pas perdu son sang-froid et semble encore plus sûr de lui. Il est fort, mais je ne m’inquiète pas. Face à mes techniques Yamanaka, peu, voire personne, ne sait comment réagir. Un style et des jutsu unique en leur genre.

Comme je m’y attendais, après s’être fait humilier, mon camarade se tourne vers moi. Heureusement, la raclé qu’il vient de se prendre le fait hésiter. L’emmener au boss, ou lui régler son compte. Pas une seule d’hésitation de mon côté. Doucement, je m’avance pour montrer ma présence dans cette conversation. Lançant un regard neutre au vieillard, je prends la parole.

- Bien, on vous emmène voir le boss. Il jugera si vous êtes des recrues intéressantes… ou non.

Rien de plus simple. Pas de menace, pas de mots pouvant heurter qui que ce soit. Pourquoi faire ça à votre avis ? Tout simplement parce que je vais pouvoir faire face à leur boss. Que le rônin ne rejoigne pas leur rang est une tâche secondaire que je me suis moi-même attribuer… Mais j’ai des objectifs prioritaires. Avec un peu de chance, je vais pouvoir en apprendre plus sur les intentions des pirates. Sans oublier que connaître l'identité du chef fait partie de mes objectifs !

Sans plus attendre, je fais volte-face et fouille rapidement dans les souvenirs pris sur ma première victime. Rien qu’avec ces souvenirs-là, j’ai quasiment un plan, complet des lieux. En extirpant les souvenirs d’une autre personne, je devrais pouvoir faire un plan moi-même. Bref, je me mets directement en route, sans chercher une seule seconde à lancer une conversation. Pendant tout le trajet, les trois autres protagonistes sont restés silencieux. L’un sûrement par peur, un autre par honte et le dernier… sûrement parce qu’il ne doit pas être très bavard.

Après une dizaine de minutes de marche, nous devons passer plusieurs entrées surveillées par des gardes. Heureusement, je leur délivre naturellement chacun des mots de passe nécessaires pour pénétrer si proche du chef. Une couverture parfaite grâce à mes dons héréditaires. Rapidement, j’arrive face à une certaine porte. Je l’ouvre, après une grande inspiration.

Chef des pirates:

Nous voilà face au chef des pirates. Un homme à la barbe et la moustache très bien taillée. Un peu jeune pour un chef de pirates, mais il reste très charismatique. Sans plus attendre, mon pseudo coéquipier prend la parole.

- Excusez le dérangement chef, mais on vous apporte deux potentielles recrues. L’un d'eux se prétend même rônin. On a préféré vous laisser juger vous-même sur ce coup.
- Un rônin ?

Comme par réflexe, mon collègue et moi-même nous décalons sur le côté pour laisser les deux potentielles recrues parlementer avec le chef des pirates. Le pauvre jeunot semble tétanisé, alors que le rônin, toujours aussi calme. Hâte de voir ce qui va se passer…

Gomen:

Ayant suivi les troupes sans poser de questions, l’ancien n’avait pas lâché un mot. Progressant, en mémorisant les lieux par de brefs et rapides coups d’œil, il tendait également l’oreille pour les éventuels mots de passe et les clés de secours. On ne pouvait pas dire du vétéran qu’il était physionomiste, mais il n’en restait pas moins prudent. Cette infiltration était des plus dangereuses : maintenant que nous étions dans les antres de la Bête, il faudrait manger ses intestins et ce qui tournait autour pour s’en sortir. Si la ruse n’avait pas effet, il faudrait bien recourir à d’autres moyens … .
Se trouvant en peu de temps dans un secteur bien isolé du port, qui avait été lâché par les services de surveillance du bourg, le duo fraîchement recruté se retrouvait face à un homme attablé, pieds sur la table de façon nonchalante, le regard dans le vide. Contemplant son verre de vin, il semblait se délaisser de la situation, et ne prendre goût à rien. Sa barbichette en pic et sa coupe sauvage lui donnait un côté « Lucifer », pendant que ses yeux laissaient une certaine froideur entre lui, et ceux qui se trouvaient dans son entourage. Malgré la présentation du collègue, le patron des lieux ne dit rien, restant un instant rêveur. Il ne semblait guère s’intéresser aux lieux. Étrange, non ? Si tel était le cas, pourquoi venir s’installer dans un coin aussi reculé de la mer et de tout le reste ? Il y avait certainement un mystère là-dessous … .

Le titre de Rônin le tira certainement de ses pensées, puisqu’il remit sa chaise d’aplomb, quittant l’équilibre précaire qu’il assurait jusque là. Posant son vin sur la table, sans pour autant relâcher son emprise du verre, ses yeux maléfiques se déposaient sur les deux énergumènes qu’on lui avait avancés. Un vieux et un gamin ? Quoi de plus opposés. Pas une seule ressemblance, ni dans l’apparence, ni dans le caractère. Si le merdeux semblait être à deux doigts de fuir, l’ancien paraissait plus rugueux, et décidé. Quoi de plus normal, à vrai dire. En revanche, cela ne changeait rien aux habitudes. On n’est pas recruté dans un camp de pirates comme on vient vendre ses fruits au marché. Même dans ce coin pourri, il y a certains critères attendus !

~ Je ne suis pas sûr de vouloir recruter un gamin et un vieillard dans mon équipe … .
~ Ne vous inquiétez pas. Je ne suis pas sûr de vouloir rejoindre des pirates perdus dans des marécages sans intérêt … .

BAM !! La subtilité, c’est pour les balais de concierges péloponnésiens ! Suivant !! On ne pouvait pas espérer de la part de Kakeshuou Samui la plus petite trace de délicatesse ou de sympathie. L’homme, qui s’était posé comme Rônin, le faisait clairement comprendre : il ne travaillerait pas pour des mous du bulbe, des fesses, ou de quoi que ce soit positionné en dessous de la ceinture. Si la déclaration en avait stupéfié plus d’un dans cette scène, la surprise laissa place à un rire bien masculin. Le chef de bande aimait visiblement la rhétorique et les pics envoyés à profusion et sans crier gare.

~ Et pourquoi engagerait-on un Rônin ? Par définition, tu as trahi ton Maître, non ?
~ On peut difficilement contrer une attaque Ninja lorsque l’on est soi-même chargé de protéger la fille du Seigneur en question … .
~ Et la fille, elle est morte ?
~ Saine et sauve. Il faut dire que je suis plutôt du genre garde du « corps contre corps » …

La blague pour le moins graveleuse provoqua l’éclat de rire de l’assemblée, qui était apparemment friande de ce genre de frasque. S’étant donné l’identité d’Oroishi Takeda, l’ancien avait déjà un bon feeling avec l’assistance. Il n’aurait pas beaucoup d’effort à faire : il tenait son propre rôle ! Celui d’un vieux bien chiant et très prétentieux. Le jeune homme qui l’avait introduit à cette affaire se demandait sérieusement ce qu’il fabriquait ici … . Mais il ne tarda pas à connaître son sort.

~ Toi, le gamin ! Pourquoi t’es ici ?
~ … j’ai besoin d’argent …
~ D’argent ? Pour ça, on a un boulot pour toi. Envoyez le rejoindre le groupe qui s’occupe des marais.

Sans plus de renseignement, l’un des deux gardes embarquait le jeunot, une main rugueuse sur son épaule. Laissant là le Ninja camouflé, avec le reste de l’assistance. Le chef du gang ne le quittait pas des yeux, un léger sourire malicieux sur les lèvres. Le personnage lui plaisait ; mais on ne pouvait pas tout confier au plaisir. Il fallait donc s’interroger sur l’intérêt de l’avoir parmi eux. On ne peut pas recruter par plaisir, il faut trouver l’utilité.
Se plaçant face à l’homme, il gardait son verre de vin, qui voyageait d’un temps à l’autre à ses lèvres. Les jambes croisées, cet homme était visiblement serein. Le fait d’être entouré par ses hommes, ou une pleine et entière confiance en lui ? Mystère. Quoi qu’il en soit, Kakeshuou avait déjà bien conscience qu’il devait se méfier de tout ce qui bougeait autour. Bien que restant discret, l’homme se nappait d’une légère couche de chakra. Invisible à l’œil nu, incolore, ce serait sa première alarme de sécurité. La seule menace qui pesait maintenant sur lui, c’était cet interrogatoire qui semblait ne jamais finir.

~ Et à quoi pourrions-nous bien t’engager … ?
~ Je me proposerais bien comme garde du corps, mais je ne pourrais pas avoir les mêmes relations qu’avec mes clientes habituelles … .
~ Hahaha, t’es vraiment un cas unique, vieillard ! Mais mes hommes sont avant tout des hommes de confiance et de valeur. Et je ne connais rien de tes capacités !
~ Vous voulez une démonstration, c’est ça ?
~ Et pourquoi pas ! … Tiens, une passe d’arme avec Takano ! Et sans méchanceté, quoi qu’à vous de voir !

Se tournant vers le fameux Takano, le vétéran posait ses prunelles glacées sur l’homme le moins bavard du précédent duo. Si celui qu’il avait légèrement bousculé s’en était allé avec le gamin, le second était toujours là, dans son dos, à le garder. Posant sa main sur le katana qui ornait ses hanches, l’ancêtre émettait un léger sourire mesquin.
Alors, on s’y met ? Puisque ton patron le veut … !

Spoiler:

L’appellation Ronin semble avoir attiré l’attention du chef des pirates. Posant son verre de vin et changeant de position, il avoue directement qu’il n’est pas sûr de vouloir un gamin et un vieillard. Une remarque rapidement balayée par une réplique cinglante du vieux Ronin. Alors là. Moi qui trouvais que tout ça allait être chiant… Je ne m’attendais pas à ce qu’il ose parler au chef comme cela. Enfin je dis ça, mais c’est typiquement le genre de chose que je lui aurais moi aussi répondu, si j’avais été à la place des possibles recrus. Cependant, cette intervention semble avoir surpris la majorité des personnes présentes dans la salle, et même si j’ai bien envie d’éclater de rire, je me dois de rester impassible.

Or, c’est le rire du chef lui-même qui brise la glace qui s’était installée. Heureusement pour lui, on dirait bien qu’il apprécie son humour. Autrement, il n’aurait pas fait une bonne impression auprès de son possible futur employeur. Pour ma part, je me contente de reculer encore un peu plus, gardant une expression de neutralité sur mon visage. Je dois essayer de me faire toute petite si je n’ai pas envie qu’on me propose ou me parle de truc pouvant me mettre en danger. Pendant ce temps-là, l’interrogatoire reprend son cours, parlant cette fois-ci du titre de Rônin. Seulement, la finalité de ce sujet retombe une nouvelle fois sur une boutade du vieillard. Comme tout le monde rigole, j’éclate moi aussi de rire sans avoir peur de paraître étrange. Franchement, ce vieillard est kiffant.

Cependant, il reprend en s’occupant cette fois-ci du gamin. Ce pauvre petit garçon qui semble tétanisé par le regard du chef des pirates. Ah bah oui mon coco, fallait réfléchir à deux fois avant de vouloir devenir un des leurs. C’est en seulement quelques secondes que son entretien est passé. Je n’ai même pas le temps de dire oups que mon pseudo collègue l’a embarqué je ne sais où. C’est bien ça le problème, je ne vois pas de quoi parlait le chef, sinon j’aurais fait en sorte que ce soit moi qui l’accompagne. Au moins ça m’aurait éloigné de toute cette histoire, maintenant que je connais l’identité de leur chef. Il faut que je me concentre sur mon dernier objectif. La seule chose qui me manque pour réussir cette mission, c’est la raison de pourquoi ils se sont implanté ici, dans les marais.

Le nom de la personne que j’ai tuée quelques heures plus tôt se fait entendre. Le nom de la personne à qui j’ai pris l’apparence me tire hors de mes pensées. Je savais que j’aurais mieux fait de me casser d’ici. Une passe d’armes ? Avec le Rônin ? Non, j’ai toutes mes chances de me faire griller si je fais ça. Je suis censé être une personne principalement basée sur le corps-à-corps, sauf que je suis une bouse en taïjutsu… Ils vont me griller tout de suite… et je ne peux pas utiliser mes techniques Yamanaka sinon le vieillard va le capter… Putain de technique Yamanaka, c’est trop facile à repérer qu’on en est victime… BORDEL MAIS QU’EST-CE QUE JE SUIS CENSE FAIRE ?! Il faut que je me caaaalme en premier temps. Il faut que je respire. Il faut que je trouve une solution.

Cherchant tant bien que mal une solution à cette impasse, le regard de mon adversaire vient se poser sur moi. Essayant de garder mon calme à l’extérieur, je dégaine mon sabre. Et si… oui, ça peut peut-être passer. Même si ça pourrait sembler louche, ça le sera déjà moins que si je le combats.

Sans plus attendre, je me mords la joue de l’intérieur, faisant couler du sang dans ma bouche. Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire pour une foutue mission… Posant la pointe de mon épée au sol, je fais semblant de m’écrouler et de finir un genou à terre. Je m’appuie sur mon épée et me mets faussement à tousser. Bien sûr, tout le sang qu’il y avait dans ma bouche se retrouve expulsé dans ma toux, faisant croire que je crache du sang. Tous les regards sont tournés vers moi, et celui du chef des pirates semble se faire insistant.

- Excusez-moi patron, mais je crois bien que j’ai chopé un truc en faisant ma ronde tout à l’heure…

Oh le pauvre petit chou malade. J’espère au moins être crédible, parce que bon… C’est pas comme si ma vie en dépendant, quoi si en fait…

- T’as dû attraper une des maladies qu’on chope dans ce foutu marais ! Va donc te faire soigner avant de tous nous contaminer !

BINGO ! Je ne cherche pas plus à comprendre, faisant en sorte de croiser le regard de moins de personnes possible, je quitte la pièce en me hâtant. Une fois à l’extérieur, seul j’inspire un grand coup. J’ai bien cru que ma couverture allait sauter cette fois-ci ! M’enfin, ça ne règle pas le dernier point qui me manque. Vu le numéro que je viens de faire, je ne vais pas forcément pouvoir m’approcher du chef afin de lui soutirer l’info qu’il me faut. M’enfin, il commence à se faire tard, je ferais mieux de bouger d’ici avant de croiser quelqu’un d’indésirable. Le seul endroit où je suis quasi sûr d’être tranquille et où je vais pouvoir penser à un plan… C’est chez celui à qui j’ai pris l’apparence.

Heureusement, grâce à ses souvenirs je sais exactement où il habite et je n’aurais qu’à récupérer la clé sur son corps que j’ai scellé. Rien de plus simple. Maintenant, le sort du rônin m’importe peu. Il peut être recruté ou autres, tout ce qui m’intéresse moi, c’est de savoir ce qu’ils foutent dans ce marais. Si je peux avoir cette info ce soir, ça serait parfait, histoire que je profite de la nuit afin de prendre la poudre d’escampette.

NYAN NYAN:

Ayant fait volte-face, le Rônin avait mis ses réflexes alerte, et attendait presque la réaction de son adversaire désigné. Ce dernier, avec une mine peu réjouie, imitait des premiers mouvements pour répondre aux ordres. Bien que dévoilant son arme au clair, il ne tarda pas à montrer sa faiblesse. Sombrant dans une toux sans fin embuée de sang, l’homme évitait ainsi une humiliation évidente. Recevant l’autorisation de quitter les lieux, il s’en allait vers l’infirmerie afin d’être soigné. Un heureux hasard, pour peu que sa maladie soit curable évidemment. Ayant observé l’homme prendre congé, le Ninja camouflé tournait lentement son regard vers le chef de la Bande, et observait l’assistance. Étrangement, la conversation ne semblait pas suivre son cours. Tout le monde était suspendu aux lèvres de cet homme qui dirigeait les lieux. Il était de toute évidence fatigué, et s’il avait souhaité voir un petit affrontement en guise de distraction un peu plus tôt, il baillait désormais sans piper mot.
Tout cela est bien gentil ! mais ca ne dit pas si l’ancien va être recruté ou non ! On lui demande de livrer un combat qui n’a pas lieu. Cela ne risquait-il pas de jouer en sa défaveur ? Par ailleurs, pour accomplir sa mission, celui qui se faisait appeler Oroishi Takeda devait impérativement obtenir des informations dans les plus brefs délais. Et il ne tenait pas à être mis de côté à cause d’un malheureux pesteux ! Il fallait relancer la discussion, et titiller l’intérêt de chacun.

~ Et pourquoi ne pas me faire affronter l’un de vos gardes du corps ?

La tirade valait son pesant d’or ! Qui oserait provoquer ainsi le Chef et ceux qui le gardaient ? Ces derniers devaient certainement avoir un lien intense avec le Meneur. N’importe qui n’approchait pas aussi facilement celui qui se trouvait à la tête de cette petite armée : et ceux qui le secondaient et le protégeaient devaient être des hommes de valeur, et de confiance. Quel était l’objectif derrière cette proposition ? Les remplacer ? Humilier définitivement un garde du corps et proche du Chef des lieux n’était probablement pas une bonne stratégie. Visait-il à se ridiculiser auprès de la troupe, ou à s’attirer des ennuis ? Ce genre de pari était pour le moins risqué. Mais l’ancien jouait sur la frivolité et l’aspect versatile du chef. Sans doute ce dernier espérait-il avoir quelque distraction. Le tout serait de faire avaler cette fausse identité à tout le monde à travers le combat.

Le chef montra du regard que la proposition était dans un premier temps une offense … et finalement, peut-être un moyen de ridiculiser ce vieillard et de s’en débarrasser. S’il est si puissant, cela pourrait devenir un problème. Mais au-delà de ça, il espérait avoir un aperçu du potentiel de cet ancien. S’il était aussi bon qu’il le prétendait, il pourrait être très utile. Dans un sourire presque moqueur, le Patron interpela un homme jusque là resté dans l’ombre, à ses côtés. D’un signe du doigt, il invitait son compagnon à répondre à l’offense.
Se mettant en avant, et plus en lumière, l’homme à l’épaisse tignasse et aux doubles sabres se présentait aux yeux de tous. Dans la minute, les deux soldats s’analysaient en silence. Grande carrure, un visage qui prouve une profonde confiance en soi et une grande audace, des yeux qui peuvent se porter garants de l’efficacité des coups à venir. Pour le Shinobi en infiltration, c’est évident. Cet homme n’est pas un blagueur. Et le port du double sabre montre bien qu’il compte rivaliser dans cette spécialité. Les choses vont être plus tendues que prévues … .

Dans ce léger combat de regard, les deux hommes se placent à leurs convenances. Mais les deux ne firent qu’observer la même posture. Placés de profil, offrant leur corps à premier coup, le visage faisant face, chacun avait porté sa main à son arme. Même s’il ne s’agissait pas de sa position de prédilection, le mystérieux individu qui se faisait nommer Oroishi Takeda imitait les mouvements du garde du corps. Il ne devait pas trop attirer l’attention par sa méthode de combat. Aucun Ninjutsu ne devrait être employé ; il allait devoir reposer sur des attirails de faible implication. Et pour ce faire, il comptait bien s’appuyer sur quelques artifices. Ayant ses deux mains réunies, proches de la garde, il composa en toute discrétion et hors des regards indiscrets deux légers mudras qui feraient amplement l’affaire pour la suite des évènements.

~ Et bien, on ne va pas rester ici à ne rien faire pendant des heures !

Sur cette proposition, les deux animaux de guerre se jetaient l’un sur l’autre. Le bruit métallique du fer ne tarda pas à rebondir contre les parois des bâtisses environnantes.

* * *

Ayant rejoint le quartier d’habitation, celui qui s’était fait porté pâle arpentait les lieux jusqu’à rentrer chez lui. Sans doute espérait-il un peu de chaleur, de réconfort et de repos. Bref, l’endroit idéal pour se remettre de son malaise et de continuer sa vie. Le quotidien de mercenaires et de bandits en tout genre n’était pas nécessairement des plus faciles ! On oublie souvent que ceux réduits au vol, au pillage et aux pires crimes de ce monde ne le font rarement que par satisfaction personnelle. Il y a souvent un objectif, un idéal brisé, un esprit inaccessible se cachant derrière.

Dans le cas de cet homme, nul doute qu’il ne s’était pas engagé sur cette voie sans raison. C’est pourquoi, malgré la surprise que nous connaissons, nous lecteurs, la porte du baraquement s’ouvrit comme à l’accoutumée, dévoilant une petite carrure brune, la peau mâte presque usée par le temps. Un mioche, pas plus haut que trois pommes, qui sautillait déjà sur place à la vue du personnage présent chez lui.

~ Grand frère, grand frère, grand frère, grand frère, grand frère, grand frère, grand frère !! Tu avais dis qu’on allait passer la fin de journée ensemble ! C’est toujours bon, hein ? Hein ? Hein ? Hein ? Hein ? Hein ? Hein ?

Oui … quoi de plus chiant qu’un jeune frère sur les bras … !

Arrivé face à l’habitation, je lance de trois regards pour être certaine que personne ne se trouve dans les parages. Non mais parce que si on me voit faire apparaître un cadavre, le fouiller, puis le faire disparaître… Disons que c’est assez louche. C’est pourquoi je prends bien soin de ne pas être vu alors que je m’attèle à cette tâche. En moins d’une minute, j’ai eu le temps de récupérer l’objet tant convoité. La clé de sa petite maison. Habitation dans laquelle je pénètre sans chercher plus loin. Un lieu bien pittoresque mais avec le minimum de confort que demande toute habitation. Heureusement, je n’ai pas prévu de passer la nuit ici, donc aller voir le lit ne me sera d’aucune utilité. Pour l’instant je me contente de m’assoir sur une chaise et de respirer un bon coup. La nuit ne va pas tarder à arriver et c’est à ce moment que l'étape finale de la mission va commencer. Une étape qui marquera aussi un moment important de ma vie… Parce que bon, je ne pensais pas perdre ma virginité pour une mission.

Enfin bref, nous n’en sommes pas encore là. La chose que je dois en premier temps trouver, c’est un de mes collègues pirates. Avec un peu de chance, mon coéquipier de tout à l’heure va venir me rendre une petite visite pour voir si tout va bien. Après tout, n’importe qui risque de trouver louche que je n’aille pas à l’infirmerie, donc en toute logique il viendra à mon domicile. Est-ce qu’il s’attend à ce j’utilise sur lui mon jutsu le plus puissant ? Je ne pense pas non. Malheureusement pour lui, c’est exactement ce que je vais faire et ce, pour arriver à atteindre l’objectif de ma mission. N’allez pas croire que je vais le buter ou autres hein, ce n’est telleeeeement pas mon genre. Bon ok, c’est quelque chose que j’aurais fait sans problème, je vous l’accorde…

Mais alors que je suis perdu dans mes pensées machiavéliques, j’entends la porte s’ouvrir, dévoilant une silhouette pas plus haute que trois pommes. Oh putain de bordel de merde. Il ne me suffit que de trois secondes pour me plonger dans les souvenirs de ma première victime. Je savais que j’aurais dû prendre le temps de bien lire tous les souvenirs de ma cible. En ne regardant que ce qui m’intéresse, j’ai totalement zappé de voir si quelqu’un habite avec lui. Un foutu petit frère qui va me faire utiliser du chakra inutilement. Ah bah oui, je n’ai pas que ça à foutre moi hein… J’ai une mission à faire ! Je m’approche donc de lui et lui ébouriffe les cheveux d’un geste vif. Tu vas vite rejoindre les ténèbres mon petit…

- Bien sûr qu’on va passer la fin de journée ensemble petit frère…

Mais alors que son air heureux vient tout juste d’apparaître, son corps, lui, tombe à terre de tout son poids. Ses yeux se ferment comme s'il venait tout simplement de s’endormir. Bon voilà qui est fait. Ce petit gamin va rester inconscient aussi longtemps que je le désire. Autrement dit, jusqu’à ce que ma mission se termine. Je ferme donc la porte et déplace avec un peu de mal le jeune garçon. Même si j’ai l’apparence d’un homme baraqué, je garde ma force d’adolescente de seize ans…

À peine ai-je le temps de le déposer dans sa chambre que des coups sonnent à la porte. Au choix, soit c’est des problèmes, soit c’est le messie. Vu ce qu’il vient de se passer avec ce gamin, j’espère que ce ne sont pas des problèmes, sinon je vais finir par croire que je suis maudit. Je m’avance donc prudemment et ouvre délicatement la porte.

- Hé ça va mon gars ? J’ai entendu dire que t’avais chopé une infection ou un autre truc dans le ge…

Ta gueule. Franchement, je n’ai aucun intérêt à écouter ce qu’il a à rajouter. Son corps, son esprit, son existence se trouve être maintenant entre mes mains. Un contrôle total qui ne laisse aucune personne indifférente. Quasi personne ne peut se libérer d’un telle jutsu… Après tout, il n’est pas classé rang S pour rien. Au sein de mon clan, certaines demandes même à le considérer comme un Kinjutsu, car bien trop dangereux si utilisé pour des actions malveillantes. Au fond, seul les personnes ne pouvant maîtriser cet arcane désire ça. Les rares personnes qui possèdent ce jutsu sont totalement contre de le faire passer en jutsu interdit. Ma mère étant la première contre puisqu’elle me l’a transmis comme n'importe quel autre technique qu’elle m’a apprises.

M’enfin bon, il est temps pour moi de passer à l’action. Faisant entrer mon pseudo coéquipier sans qu’il ne soit maître de ses déplacements, je ferme la porte à clé. Une mesure de sécurité nécessaire puisque je viens tout juste de retirer mon henge. Putain, je ne pensais pas que mon apparence originale me manquerait autant ! Bref, pas le temps de me réjouir… Alooooors, chaque chose à sa place. Activant un parchemin jusque alors jamais utilisé, une flopé de vêtement apparaît sur la chaise. Des habits de rechange en soi. Par chance, j’ai pensé à prendre une jupe que j’enfile aussitôt. Bien sûr, je fais bien attention à la remonter le plus possible afin que tout se déroule comme prévu. J’échange ensuite mon gilet de Jônin avec un chemisier dont la majorité des boutons seront ouverts. Bonjour, je vous présente ma poitrine qui, contrairement à ce qui se dit partout, n’est pas si plate que ça. Maintenant que je ressemble bien à une prostituée, je peux me mettre en route.

J’ouvre la porte, puis contrôle le corps de mon ex-coéquipier afin qu’il me ligote les mains dans le dos. S’amorcent alors une marche accompagnée d’un homme et sa soi-disant prise. Notre direction ? La chambre du chef des pirates bien sûr !

♦♦♦

Un affrontement ? Voilà une chose qui intéresse au plus haut point l’un des gardes du corps du chef des pirates. C’est lui qui est désigné afin d’avoir une passe d’armes avec le ronin. Nul doute que ce vieillard n’a aucune chance contre cet expert de la lame. Enfin la lame… disons plutôt LES lames.

Alors que les deux protagonistes engagent le combat, le garde entame directement une danse des lames. Bloquant le sabre de son opposant avec son arme déjà sortie, le maître des lames fait apparaître une autre épée dans sa main gauche. Puis dans le même geste, il plie un genou en prenant appui sur son autre pied. Bloquant entre sa jambe maintenant pliée, une autre lame apparaît. Deux nouvelles épées qui ne tardent pas à se diriger en direction du corps du vieillard. Comment va-t-il se défendre d’une attaque vers le bas et le haut à la fois alors que ça lame vient tout juste de se faire stopper ? Là est vraiment la question.

Techniques utilisées:

Ayant volontairement joué un jeu dangereux, celui qui s’était dissimulé comme un Ronin d’opérette cherchait maintenant à entrer dans les bonnes grâces du Patron des lieux. Ce n’était certainement pas en abattant l’un de ses lieutenants qu’il y parviendrait. Mais il devait avant faire comprendre ses talents, ses compétences et les faire approuver par le Maître des pirates. Pour cela, échanger quelques coups avec cet épéiste ne serait pas de trop … . Le tout était véritablement de jouer cette partie serrée. Après tout, l’ancien ne connaissait rien des capacités de cet adversaire que l’on venait de lui désigner. Et il devrait mettre de côté une bonne partie de son panel de techniques. Il allait donc falloir la jouer discret et précis. La moindre erreur pouvait être doublement fatale : pour le Ninja déguisé, et pour la mission.

Échangeant le premier coup de sabre, l’homme pouvait déjà évaluer la valeur de son adversaire. Ma foi, ce n’était pas un nul ! Ayant contré avec une égale puissance le premier échange, les deux se toisaient du regard, recherchant celui qui cèderait en premier. Mais il fallait plus que cela pour choisir le nom du vainqueur.
Préférant jouer la victoire par la démonstration de force, l’Épéiste assouplissait subitement sa poigne pour aller chercher d’autres armes. Armes qui se placèrent dans des secteurs pour le moins particulier ! Coinçant l’une des lames derrière son genou, et s’en saisissant d’une troisième, comptait-il faire un numéro de pitre ? Si c’était un clown, il n’allait pas tarder à passer pour le dindon de la farce ! Bien que moins démonstratif – et tant mieux, cela convenait davantage à son rôle – le membre du Clan Samui sous son pseudonyme ne perdait pas les éléments essentiels du combat. Constatant du relâchement dans la grippe sur le premier croisement, il accentua son poids en avant, afin de déstabiliser l’homme qui tenait à faire des singeries. Le renversement fut évident, et l’homme cédait déjà au niveau du poids. Il ne fallait surtout pas le lâcher !

Continuant sur cette force, la seconde frappe du soi-disant Oroishi Takeda ne vint pas de sa lame mais de son pied ! Levant rapidement son genou et le faisant lourdement tomber à terre, le talon vint littéralement broyer le pied de son adversaire. La frappe fut si lourde, que le bastingage en bois s’en trouva enfoncé, pendant que le malheureux se trouvait avec deux orteils cassés et une immobilisation certaine étant donné sa position. Parvenant à se libérer de sa posture, il effectuait un bond en arrière, mais étant contraint de mettre genou à terre. Il avait subi bien plus de dommages qu’il ne l’aurait pensé … .
Observant cette retraite stratégique, le provocateur comptait bien mettre son jeu à exécution. La meilleure façon de se saisir de sa place était de le tourner en dérision, de provoquer sa disgrâce et de prétendre à le remplacer. Un sourire malicieux et moqueur naissait sur les lèvres du prétendu Rônin, qui pointait son rival du doigt.

~ Dis-moi, c’est vrai comme ça que tu protèges ton patron ? Il doit se sentir en sécurité, lorsqu’il va se coucher le soir, pas vrai ?

Ne répondant pas verbalement à cette attaque, il était cependant clair qu’elle ne plaisait pas. Le rictus de haine mélangé à une pointe de dégoût de l’homme blessé en disait assez long pour ressentir une pleine satisfaction pour le Ninja ! Portant un œil attentif mais discret vers le Chef de la Meute qui observait ce spectacle, il était clair que la tournure des évènements ne lui plaisait pas énormément. Était-il donc à la tête d’une armée de bras cassés ? Que pouvait-il accomplir, si ses seconds n’étaient pas dignes de confiance ?
Captant la morosité de son employeur, le sabreur redoubla de laideur dans le regard qu’il adressa à son compétiteur. Plaçant une lame entre ses dents, ses doigts se glissèrent le long de ses côtes, et débusquèrent de nulle part quantité de petits sabres ! Les plaçant entre ses doigts, l’homme arborait désormais dans chaque main trois petits sabres « à la Wolverine », et démontrait une véritable détermination à ne pas décevoir son Maître. Bien que prenant appui sur sa blessure, il se jeta droit devant. Ses bras s’abattirent d’un côté et de l’autre, pour prendre le Samouraï en tenailles. Devant réagir au plus vite, Kakeshuou débusqua son kogatana et parvint à parer l’assaut. Mais le katana présent dans la bouche du Second n’était pas non plus ridicule ! par un habile tour de reins et de nuque, l’homme fondait sur sa proie.

Réagir, et vite ! Se laissant tomber à terre, un pied bien placé au ventre amortit la chute de l’homme et l’envoya rouler derrière. Cela n’empêcha pas la lame devenir caresser l’épaule du quinquagénaire, y laissant une légère entaille qui léchait la chair. Hum, cet homme restait un débrouillard ! Se redressant rapidement, les deux échangèrent derechef quelques coups à droite et à gauche. Les coups ne tardèrent pas à redoubler de force et de violence, et ce qui devait être une mise à l’épreuve tourna rapidement au pujilat, au combat d’arène, et au duel à mort. Bien qu’aucun n’ait été sérieusement et mortellement blessé, les estocs et tactiques employées suggéraient que le premier à pénétrer la chair serait le gagnant ! Employant toujours son affinité Fuuton à faible dose, Kakeshuou Samui parvenait à détourner partiellement les attaques. Mais il ne devait plus tarder ; bientôt, son stratagème serait remarqué. En particulier par celui qui l’affrontait ! Si la surprise et le sérieux s’étaient imprimés sur son visage, c’était davantage la colère de l’évidence que l’on pouvait y lire à présent. En finir, et rapidement !

~ Dernière passe !

Se jetant l’un sur l’autre, les deux hommes allaient se donner le dernier coup. Le second lâchait son arme entre les dents, et croisait ses bras pour effectuer une attaque-tranchoir de jambon ! L’idée derrière ? Briser le sabre, la garde, et découper en rondelles de saucisson le connard qui se trouvait derrière. Le problème ? Son adversaire, justement. Ayant cerné la manœuvre mise en avant, et sachant pertinemment que son katana ne pourrait pas tenir un choc aussi lourd à lui seul, Oroishi Takeda devait à tout prix trouver une solution. Et à cela, quoi de plus simple que le plus pratique ! Abandonnant son petit katana, il se jetait de même dans la mêlée et prévoyait l’impact. Il ne restait plus qu’une tripotée de mètres, ce qui revenait de même à une mini-tripotée de secondes. Mais c’est dans le souffle qu’était la clé. Car dans ce vacarme accentué par la meute hurlante autour qui vociférait menaces et encouragements mélangés et variés, personne n’aurait remarqué ce léger souffle qui alla happer le pied déjà meurtri du combattant. Le déséquilibre fut très léger ; mais fatal. Dans sa chute, l’épéiste portait un regard sur son rival. Il tomba lourdement au sol ; sa vue se troubla, mais la douleur n’était plus présente. Et l’homme quittait les rivages et tout autre objectif secret avec une vilaine et profonde entaille au cou.

La clameur qui avait accompagné cet échange se tut nette ! et tous les yeux se rivèrent rapidement sur le cadavre d’un homme de confiance. La stupeur était générale, et le vieux Ninja commençait à craindre des retombées. Après tout, même s’il avait provoqué ce défi, il n’en avait pas pensé tuer son adversaire. Ce qui arriva, en fin de compte … . Le tout était de savoir : allait-on le complimenter, ou le trucider ? Le récompenser, ou aller servir sa victime dans les tréfonds de l’Enfer ?
Tous les regards se portèrent presque simultanément vers le Chef des pirates. S’il y en avait un qui pouvait être en mesure de prendre la décision finale, c’était bien lui ! Et son teint gris et colérique laissait clairement comprendre que ce n’était pas bien engagé … . Le Ninja embusqué risquait tout, désormais !

~ Débarrassez-moi de ça, et remettez vous au travail ! Continuez à assurer les rondes, et surveillez la police des quais, qu’elle ne fasse pas de vagues ! Toi, viens avec moi !

Le corsaire s’était vivement redressé, vociférant ses ordres et tournant le dos à l’assistance. Un véritable coup de chance ! Mais il n’en serait peut-être pas toujours ainsi. Se rapprochant de celui qui était désormais son patron, Kakeshuou Samui hésitait à recourir dès à présent à la force. Il pouvait encore prendre ce Chef en otage, disparaître et chercher à le faire parler. Mais mieux valait laisser les choses couler un peu. D’ailleurs, votre serviteur ne pouvait s’avouer frais comme un gardon. Bien qu’il s’en soit sorti sans trop d’égratignure, le combat qu’il venait de mener était tout sauf simpliste … .
Le corsaire, après s’être penché sur sa table et avoir étudié une carte pendant un bref instant, se retournait brusquement et désignait la nouvelle recrue du doigt.

~ Puisque tu as à faire et que tu me seras « si précieux » … va donc avec Asano explorer les environs et voir comment avancent les travaux !

Spoiler:

* * *

La petite escorte, habilement manipulée par une femme hors-pair, s’avançait d’un pas calme vers le vulgaire logis servant de camp général. Les quartiers du Patron étaient ici, à la fois au centre de toute l’attention, mais aussi reculé pour un peu de solitude et de repos. Il n’était guère aisé de se rendre jusqu’au lieu souhaité. Après tout, la femme ne serait pas à seule à vouloir s’attirer l’attention du grand Chef corsaire. Beaucoup demandaient de son temps, et il avait certainement un emploi du temps très chargé et méticuleusement chronométré pour ce genre d’affaire. Étrange, de voir que même ces gens-là souffrent de la crise et n’ont pas de temps à accorder aux belles choses de la vie.

La petite troupe SM continuait son approche. Quelques regards se tournaient, des sourires se dessinaient de façon évidente sur des lèvres. Le chef allait se détendre ? Encore un joli brin de fille ! Pourvu qu’il ne la fasse pas crier comme la semaine dernière, on a cru égorger un pourceau ! Décidément, à ce genre d’occasion, blagues salaces et humeur de mauvais goût sont à l’ordre du jour ! … . Se rapprochant de plus en plus des lieux, les deux personnages atteindraient bientôt leur cible … .

~ Ha bin te voilà ! C’est le jour de la pin-up, hein ?

Sur leur flanc gauche, trois hommes s’approchaient du duo. Simples gaillards, endurcis par le temps et les travaux, la crasse, la rudesse et la piraterie avaient ici bonne odeur ! Ces trois loustiques étaient certainement la représentation typique que l’on pourrait attendre d’un marin d’eau de mer. Avec la dégaine, les répliques de merde et l’aspect nauséabond flottant dans les airs. Et puis … bon, soyons clair : le regard biaiseux sur l’opulente potrine ne trompe personne, n’est-ce pas, Messieurs ?

~ Ce n’est pas la même que d’habitude ? Le patron tient pourtant à ce que ce soit la même à chaque fois … . C’est qu’il a des préférences, hein, tu comprends ma jolie ?
~ Boah, c’pas bien grave, on saurait faire l’affaire à tous les trois, pas vrai ? Et puis, il fait bien froid ces temps-ci, faut bien se serrer les miches, hein ? héhéhéhéhé .. !

Ton chieur préféré <3:

Je vous dis pas à quel point c’est complexe de contrôler totalement le corps de quelqu’un d’autre, tout en s’occupant du sien. Non mais sérieusement, y'en à qui ont déjà du mal à contrôler leur propre corps alors deux en même temps… Ma mère avait beau m’avoir appris ce jutsu, je ne peux pas affirmer que je le maîtrise aussi bien qu’elle. Rares sont ceux qui maîtrise la forme la plus avancée de la possession et parmi ces personnes je dois être la dernière à l’avoir appris et je suis donc celle qui sait le moins bien l’utiliser. Heureusement pour moi, dans cette situation, je n’ai besoin pas besoin de me battre ou autres. Juste marcher et essayer d’agir le plus naturellement possible. Je suppose que je peux bien faire ça… enfin je crois.

C’est donc avec mon cher pantin que je prends la direction de la chambre du chef des pirates, me faisant croire aux yeux de tous que je suis un joli cadeau sexuel. Une jeune et pauvre pucelle qu’on va donner au boss pour ce soir… S’il savait à quel point j’ai envie de tous les buter actuellement sérieux. Ah bah tient que voilà ! Une bande de gros dégueulasse. Tournant mon regard vers eux, je me retiens de leur jeter un regard noir. À la place, je me contente de jouer la pauvre petite fille qu’on va violer. Vous voyez ? Celle qui se débat légèrement mais pas trop vu qu’elle sait qu’elle est foutue. Par contre, celui que je contrôle, lui, leur lance un regard noir. Disons que je retranscris ce que j’ai envie de faire à travers lui quoi…

Ah d’accord. Donc genre eux là, les gros dégueulasses, ils pensent être en mesure de dire qui le chef veut baiser ? Ah non mais non, je suis pas d’accord. Ils ont qu’à coucher entre eux s'ils veulent se réchauffer tient ! À tous les coups c’est des gros poilus avec un magnifique pelage d’hiver. Du coup ils doivent être plus chauds que moi non ? Simple logique. M’enfin bon, c’est pas le tout, mais faut que je passe outre l’obstacle « Gros débile en chaleur qui veulent tremper leur biscuit ». Bien sûr, il est hors de question que je les contredise directement… Non, je vais passer par l’autre bouffon que je contrôle, ça sera plus simple.

- Désolé les gars mais celle-là elle est pas pour nous… Je l’amène au chef qui à mon avis va la trouver à son goût.
- Mais qu’est-ce que tu racontes, tu sais très bien qu’il a ses habitudes et qu’il n’aime pas qu’elle change !
- Bien sûr que je le sais mais… vous croyez vraiment qu’il va résister à une pucelle de 16 ans borgnes ? C’est rare d’avoir une aussi bonne prise…

Ouais bon d’accord, j’ai peut-être aggravé mon cas sur ce coup. Parce que bon, en leur précisant tout ça sur moi, ça a l’air d’encore plus les exciter. J’aurais dû réfléchir un peu… Le chef voudra sûrement goûter à la chose que je suis, mais eux aussi du coup et vu leurs regards, ils ont encore moins envie de laisser ce joli trophée au chef.

- Raison de plus pour qu’on la garde pour nous…

Et voilà qu’il commence à enlever doucement son pantalon. Ah non mais non, je suis clairement pas d’accord là. Tu vas te calmer de suite mon coco.

- Cherchez pas, celle-là, elle va chez le chef. La prochaine par contre… On la garde pour nous…

Ne cherchant pas plus loin ni à savoir leur réaction, j’ordonne au boulet que je possède d’avancer en faisant mine de limite me traîner de force. Vite, il faut que je me grouille d’arriver à la chambre du chef sinon ça va clairement pas le faire. Si je croise encore un groupe de dégueulasse, je ne sais pas si je vais me retenir de les buter.
Après une bonne dizaine de minutes de marche plutôt rapide, j’arrive à proximité de la chambre du boss. Bien sûr, avant d’arriver jusque-là, j’ai dû passer face à nombreux gardes qui m’ont questionné sur le pourquoi du comment je veux aller voir le boss et tout. Limite aujourd’hui j’aurais plus fait la causette à travers le corps que je possède que depuis mon corps à moi… Bref. Une fois face à ma destination, je toque depuis le boulet sous mon contrôle jusqu’à entendre la voix du chef demandé ce que je veux à travers la porte.

- Chef, je vous apporte une pucelle que j’ai capturée tout à l’heure. Même si vous avez pas mal de maîtresses, je me suis dit qu’elle vous plaira.
- Fait la rentrer, je vais rapidement voir si tu m’as dérangé pour rien.

C’est donc les mains ligotées que je pénètre seul dans la pièce, laissant le corps que je possède derrière la porte. M’agenouillant face à lui, au milieu de la pièce, j’essaie de garder mon air triste et désespéré jusqu’à ce qu’il donne son jugement.

Spoiler:

Ayant brièvement salué son nouvel employeur, Kakeshuou Samui tournait les talons pour se mettre face au fameux Asano. Un petit geste de sa part pour lui souhaiter la bienvenu dans l’équipe et lui indiquer le chemin ? Et puis quoi encore ! Ce vieux crouton n’était qu’un élément étranger pour la quasi-totalité de l’assistance ; hors de question de l’intégrer aussi facilement. Il devrait faire ses preuves autrement que par l’affrontement ! Chez les pirates, tout n’est pas qu’une question de force et de violence ; une pseudo-loyauté et la nécessité d’une confiance entre membres de l’équipage était tout aussi importante. Avec une moue en disant long, l’homme faisait un signe de tête, et prenait déjà la direction souhaitée, laissant le Garde du Corps nouvellement nommé la liberté de pouvoir le suivre. Sans piper mot, le vieux shinobi camouflé s’employait à cette simple tâche.

Parcourant les lieux, le duo de soldats des mers restait assez silencieux. Si le dénommé Asano adressait quelques salutations et sourires avec quelques membres d’équipage les croisant, il ne cherchait pas à établir de contact ou de relations avec son partenaire de promenade. De son côté, celui qui se faisait passer pour Oroishi Takeda observait les lieux comme un tourisme, affichant à répétition un léger sourire. On aurait un Japonais devant la Joconde au Louvre ! Mais, sous ces faux airs de surprise et de stupéfaction devant l’architecture et l’assemblage des lieux, le Ninja restait en alerte, et tâchait de mémoriser tout ce qui se trouvait dans son champ de vision : les chemins et les panneaux, le personnel présent et les lieux de stockage, les impasses et les traverses qui composaient le labyrinthe marin. En vérité, les lieux étaient dans un style rocambolesque que certains auraient décrit comme féérique. Là où les docks avaient cessé de jouer leur rôle, un large ensemble de cadavres d’anciens navires étaient enchevêtrés les uns sur les autres, formant un aspect compact presque irréaliste et se dressait comme un Château se jetant dans le lagon. Sous l’apparence de couloirs d’anciens vaisseaux, les soldats vivaient dans chaque recoin disponible, se terrant dans son antre. Un architecte trop pointilleux verrait le danger des lieux et l’insalubrité ambiante ; un homme capable d’un peu d’ouverture d’esprit y verrait une fantastique entreprise humaine, démontrant sa créativité et son désir de pousser plus loin les limites de la civilisation ! Ne penchant ni pour un côté ni pour l’autre, le Ninja du Shukaï prenait cependant les choses bien en compte : s’il était repéré et identifié, il ne tarderait pas à se faire sauter dessus par tous les malandrins du coin. Autant rester prudent, et repérer quelques issues de secours … .

Quittant le quartier résidentiel, le duo empruntait maintenant un chemin de terre, qui restait pourtant isolé du reste des quais. La promenade fut longue ; à se demander si l’ancien n’était pas emmené dans un quartier éloigné pour se faire trouer la peau ! De quoi s’inquiéter, l’Ancien ? Pas besoin, pour l’instant. S’il devait montrer ses vraies couleurs, il le ferait à l’abri du regard de tous, et assez rapidement pour se débarrasser de tous les nuisibles pouvant lui faire du tort dans cette mission. Cela faisait déjà un moment que la petite troupe n’avait croisé personne. Bien qu’une ou deux personnes seulement soient passées, un bref signe de tête et les voilà qui disparaissaient, le visage couvert par la fatigue et la sueur. Étrange situation … .
La nuit était tombée depuis un certain temps, et les torches espacées les unes des autres donnaient le ton dans cette ambiance nocturne. Dans ce couloir composé de lattes de bois et à la structure peu fiable, il n’y avait rien d’autre à faire que de maintenir son cap dans ce dédale. Mais les choses devaient changer progressivement.

Le tintement fut d’abord évasif et lointain, sans véritable incidence. Puis le son de la sueur et du travail en pleine nuit s’amplifia, et donna plus de poids à la dance des flammes sur leurs torches. Le rythme des pas entraient en unisson avec celui des ordres lointains, et d’étranges sonorités alliant eau, terre, roche et bois. Tout un concert d’éléments rendant une cacophonie de plus en plus assommante, au fur et à mesure que les deux soldats s’approchaient. Quel pouvait bien être le projet de ces pirates ?!
C’est en contemplant les travaux titanesques se trouvant au bout que l’on pouvait deviner derrière tout cela une immense ambition. S’ouvrant sur le paysage marécageux, une masse ouvrière juvénile s’activait dans la hâte, la fatigue, la sueur et la boue des lieux. Draguant les lieux, arrachant les mauvaises herbes et puisant l’eau, les travaux semblaient sans limites ! Une entreprise comme jamais on en aurait vu une dans un si petit pays ; alors entrepris par des pirates ?!? Inutile de feindre la surprise, n’importe qui entrevoyant cela de ses yeux méritait la plus grosse surprise de sa vie ! Rester de marbre aurait été un signe traître, dévoilant sa couverture.

L’homme acceptait enfin de délier sa langue, et d’expliquer la situation sous leurs yeux. On pouvait noter dans le ton de sa voix une grande fierté, à être le spectateur d’une pareille représentation.

~ Ca fait déjà trois mois qu’on a commencé les travaux ! Une fois qu’on aura suffisamment creusé les marécages, on pourra créer un canal qui draguera tout seul les eaux, et qui camouflera une porte menant directement sur la mer derrière ! Un vrai travail de titans ! Mais d’ici un mois, ce sera fini, et les rapines commenceront à remplir les coffres sans courir de risques !

Un accès sur la mer ! Une véritable Porte ouverte dans la nature pour se créer un empire de piraterie sans risquer de se faire attraper ! Car bientôt, les seuls à savoir l’existence de ce passage serait ces mêmes pirates ! Jamais les soldats locaux ou les Ninjas envoyés sur eux n’auraient cette information en tête, et ne seraient alors capables de les localiser et de les vaincre ! Les travaux pouvaient paraître simples, mais révélaient une incroyable ambition. Bien trop grande pour un simple marin d’eau douce qui voulait devenir conquérant des eaux de mer ! Il y avait certainement un financier, un soutien, un mécène prêt à aider ce genre d’entreprise. Encore un élément de la chaîne alimentaire à identifier … et à dévorer !
Dans le large groupe d’enfants et d’adolescents travaillant ici, Kakeshuou Samui pouvait reconnaître celui qui l’avait accompagné jusqu’à la base. Ils l’avaient donc envoyés travailler ici. Etant donné l’installation, nul doute qu’ils vivaient ici de façon permanente. Et une fois le travail achevé, qu’adviendrait-il d’eux ? Bah, vous savez bien ce qu’on a fait avec les constructeurs de la Grande Muraille de Chine, pas vrai ?

Laissant passer l’instant de la surprise, le guerrier resta un instant dubitatif. Il fallait crever l’abcès. Tournant son regard vers son guide, il espérait tirer quelques informations.

~ Vous ne pouvez pas être à la tête de pareilles transformations ! Les pirates ne se lancent pas dans l’architecture et le bâtiment public sans soutien ! Qui vous apporte son aide … ?
~ … Dis donc, tu m’as l’air bien curieux, d’un coup ! Voire même un peu trop, non ?

Personne à droite, personne à gauche, trop d’attention ailleurs pour remarquer la présence des deux observateurs ! Se jetant sur son « allié », un premier coup dans la gorge bloqua les cordes vocales. La main se plaqua contre la nuque et poussa le corps tout entier derrière un tas de briques, planches, cordes et autres tonneaux. Lancé au sol, et bientôt chevauché, l’homme reçut deux violents poings en plein visage, qui le mirent hors d’état de nuire. Lui, de toute façon, n’était qu’un sous-fifre : il ne pouvait pas avoir les infos souhaitées. Après cette action, il fallait rapidement s’en débarrasser. Usant d’un kunaï, tuer un homme inconscient fut sans difficulté. Il ne manquait plus qu’à le défigurer pour le rendre méconnaissable. Si le cadavre venait à être découvert, jamais ils ne pourraient faire le lien avec le « Samouraï engagé » et celui qui l’avait accompagné jusqu’ici. Le visage tuméfié et lacéré, le Ninja envoyé par le Shukaï se décida finalement à revenir sur ses pas. Il n’y avait qu’un seul homme qui pouvait être au courant de tout : le Chef de la troupe !

Franchement, on dirait une vieille soumise là… Agenouiller face à lui, attendant son jugement. Heureusement que ce n’est pas vraiment le cas, parce que sinon, je préfère encore me tirer une balle plutôt que d’être réellement dans ce genre de situation. Là, je ne fais que jouer la comédie. Au fond, je n’ai nullement peur de ce chef médiocre… Aux alentours, nous ne sommes que trois. Lui, moi et un corps que je contrôle, attendant sagement devant la porte. Je pourrais très bien prendre possession du corps du chef… Mais j’ai une méthode bien moins couteuse en chakra. Enfin… a contrario du chakra, c’est de ma fierté que je vais devoir payer.

- Il est vrai que tu es plutôt unique comme fille… Peut-être que je me ferrais un meilleur avis sur ton compte une fois que tu seras nu !

Essayant tant bien que mal de garder mon sang-froid, je subis, impuissante, l’assaut du chef. Il m’agrippe par les épaules et me soulève avec une facilité déconcertante, le tout avant de me jeter sur le lit comme un mal propre. Poussant des petits cris de douleur, j’ai de plus en plus de mal à ne pas m’énerver. Si je n’avais pas un objectif à atteindre, je lui aurais déjà fait bouffer le sol depuis longtemps ! Seulement, je dois attendre qu’il soit vulnérable… Qu’il baisse sa garde, et pour cela, je me dois de ne pas trop résister à ses actions. Même quand ce dernier commence à m’arracher mes vêtements. Ah non mais faut pas rêver non plus, j’ai déjà atteint ma limite là. Je refuse catégoriquement qu’il me voit nu.

- Mais c’est qu’elle est plutôt mignonne la co-…

Le voilà qui s’écroule comme une grosse merde, inconscient. Putain, mais c’est que je commence à manquer de chakra moi en fait ! Entre ma possession ultime et cette technique que j’utilise pour la deuxième fois… Et le pire c’est que je n’en ai pas terminé ! Bon, heureusement, ma technique de lecture d’esprit ne coûte que peu de chakra, mais il faut aussi que je prenne des précautions. C’est donc d’un seul geste que je lie la vision de mon gentil pantin, avec la mienne. Ainsi, je vais pouvoir voir venir un quelconque gêneur…

Maintenant que ça c’est fait, je ne prends même pas le temps de me couvrir. Il faut que je fasse vite avant qu’on soit dérangé par une personne quelconque. J’appose donc ma main sur le crâne du chef des pirates et commence à sonder son esprit à la recherche de la dernière information manquante. En l’espace de quelque seconde, j’ai le temps de voir des mois, voire des années de sa vie… Pourtant, j’essaie tant bien que mal de me focaliser sur cette précieuse information. Or, quand j’approche enfin du but recherché, j’aperçois en même temps une personne s’approchant de la chambre.

Un double effort. Une concentration totale me faisant suer à grosse goutte. Se focaliser à la fois sur une possession, un échange de vision et une lecture d’esprit… Aucun doute sur le fait qu’après ça, je risque d’être autant crevé psychologique que physiquement. Parlant à travers mon pantin, je le fais se placer bien devant la porte, bloquant l’accès à la personne.

- Le chef est occupé, passe ton chemin camarade.

Au même moment, j’accède à toutes les informations dont j’ai besoin. La raison de leur venue en ce marais ainsi que le nom de la personne les aidant dans cette tâche. Un accès à la mer hein… ? Financé par une des familles les plus riches du pays en plus… ? Qu’importent les raisons qui poussent cette famille à les aider, je n’ai guère le temps de chercher davantage. J’en ai déjà fait plus que mon ordre de mission le demandait ! Déconnectant mon esprit de celui du chef des pirates, j’attrape quelques draps pour m’enrouler dedans. Je fixe alors la porte, me concentrant sur le contrôle total. Est-ce que je vais réussir à quitter ses lieux ? On dirait bien que ça commence mal… Je dois me reposer sur un corps possédé afin de commencer ma fuite si c’est pour dire !

Info':

Ayant parcouru une longue distance en peu de temps, Kakeshuou Samui savait qu’il était bientôt à la fin de sa mission. Le tout maintenant était d’obtenir le dernier brin d’information pour se tirer d’ici en vitesse. Maintenant qu’il avait vu de ses propres yeux ce qu’il se tramait, il devait établir les relations qui permettaient un tel financement, et une pareille ambition chez un méprisable loup de mers à peine plus âgé qu’un post-pubère. Bien évidemment, vous pouvez vous douter que tout homme n’ayant pas l’âge de notre quinquagénaire n’a qu’un grain de sable dans la tête en guise de connaissance et d’intelligence … .
Le long passage qu’il avait pris à l’allée était maintenant derrière lui. Il devait maintenant se débrouiller pour attirer le Chef dans un coin, et parvenir à lui faire cracher la vérité. La torture ? L’alcool ? Les moyens étaient nombreux, mais la situation n’était pas assez stable. S’il se faisait repéré, tout puissant qu’il était, le Ninja ne parviendrait jamais à se tirer d’un lieu de débauche aussi chargé en hommes et en armes. Il ne réussirait pas à obtenir les informations qu’il voulait s’il ne parvenait pas à faire une diversion et à s’isoler avec le Chef des pirates … . Bref, un puzzle dont les dernières pièces seraient difficiles à assembler … .

N’étant plus qu’à une trentaine de mètres, l’homme s’était fait discret et approchait les lieux avec douceur. De toute évidence, il ne trouverait pas de moyen pratique pour passer ici sans se faire remarquer. Il fallait donc dresser une diversion ; établir une tactique qui lui permette d’avoir accès au Maître des lieux, et à le maintenir à l’écart de ses hommes le temps qu’il obtienne ce qu’il était venu chercher. Mais c’était loin d’être aussi facile ! Les environs étaient aussi bondés que Time Square un Lundi matin ! Il allait donc falloir retourner l’argument en sens contraire : user de cette masse populaire pour se glisser dans les lieux et créer la situation idéale pour une bonne vieille surprise.

Après une discrète manœuvre d’approche, l’infiltré était prêt. Le tout était de parvenir à rentrer dans cet espace privé, pour saisir le chef par la gorge et lui faire cracher indices et vérités. S’approchant du garde, la façon dont ce dernier s’interposait devant l’entrée était on ne peut plus clair. Déclarer par la suite qu’on ne passait pas n’était qu’une façon de combler le silence du quartier. Mouais, je vois … . Il va pourtant falloir passer, pour arriver à la touche finale.

~ Mais j’ai bien peur que ma présence soit absolument nécessaire dans ces lieux d’ici quelques secondes …

Activant dans son dos le mudra du tigre, la petite tripotée de notes explosives ne tarda pas à faire l’effet désiré, transformant les lieux en champs de bataille ! Même s’il ne s’agissait que de tonneaux et autres breloques sans grande importance, le fait est que nous étions toujours dans un lieu réalisé artificiellement, avec des cadavres et autres squelettes de navires passés ! La stabilité des lieux n’était donc pas acquise, et la sombre pensée d’un possible effondrement agita rapidement les esprits de chacun, puisque les plus téméraires s’engageaient déjà pour aller voir ce qui se tramait, pendant que d’autres suivaient péniblement et peureusement l’initiative. Bref : bien trop de regards alentours pour noter notre Samui sortant un kunaï, le plongeant dans les cordes vocales de son interlocuteur, et le pousser brutalement vers l’intérieur, à l’abri des regards encore perdus.

Balançant le gros balourd qui se noyait certainement dans son propre sang – mais en silence, et c’est tant mieux ! – le Capitaine de l’Ôdâ créait rapidement un clone de Glace, qui irait prendre le poste de garde à l’entrée. Ce dernier pourrait prétexter effectuer sa mission de protecteur et garde du corps si d’impétueux et idiots pirates venaient réclamer leur Dieu, maître et protecteur à la rescousse … .
Maintenant, admirons le tableau et saisir l’occasion de neutraliser cet homme ! Mais l’élan se trouvait coupé : s’il avait réalisé son entrée théâtrale avec beaucoup de style et une grande vitesse, il ne pouvait que tomber face à l’évidence. Le Patron des lieux était à terre, visiblement évanoui, avec une beauté à ses pieds ! Vêtements partiellement déchirés, une scène atypique : déjà au Septième Ciel, ou un mauvais coup dans les parties assurant la survie de l’espèce débile ? Non, il y avait un truc bien plus mystérieux dans cette affaire. Un silence et un échange de regards pendant trois secondes ; bien assez de temps pour que notre homme comprenne.

~ Tu es une Ninja, n’est ce pas … ?

Se déplaçant lentement, et en pas chassés, le Jônin s’écartait très légèrement de la porte, une main prête à réaliser mudras et techniques, l’autre sur son arme blanche. Il ne connaissait pas son niveau. Mais pensait avoir décerné plusieurs éléments qui démontraient son identité.

~ Tu ne t’es pas affolé ; à aucun moment ! Même si mon entrée a été une surprise, le fait que je pénètre ainsi en tuant le garde et que je crée un clone t’a peut-être ébranlé, mais tu n’as ni crié ni pleuré. Comportement classique chez une femme de cette condition sociale, habituellement … . J’en juge donc que tu as toi aussi été mise sur cette mission … ?

L’homme s’arrêtait. Son regard était braqué sur la femme, dont il espérait tirer les traits au clair. Son analyse n’était pas nécessairement mauvaise, mais elle se devait d’être vérifiée. Dès lors, plusieurs options. L’éliminer était sans doute un moyen efficace de se débarrasser des problèmes. Mais faire du raffut maintenant n’était pas la solution la plus adéquate. Restait alors l’entente cordiale, malgré tous les combats passés.

~ Faisons un marché … évitons de nous entretuer et d’attirer l’attention. Partageons les informations que l’on a recueilli, et garantissons notre départ des lieux à chacun. Si on nous attrape, nous serons bien embêtés pour partir. Si ce marché ne te convient pas … je peux aussi donner l’alerte aux hommes dehors … . A toi de voir !

Spoiler:

Des explosions. Honnêtement, je ne sais pas trop quoi en penser… Est-ce le hasard ? Cela m’étonnerait fortement. En attendant, cela ne règle aucunement la position délicate dans laquelle je suis. Prise au piège dans la chambre du boss, rien que ça ! Je me demande bien dans quelle merde je me suis foutu moi… Mission de rang S… Je me disais aussi que c’était un peu trop facile jusque-là. Étrangement, avant que l’explosion n’ait lieu, un homme s’est présenté face à mon pantin de chaire… Ne me dites pas que c’est de sa faute à lui ! Bon, il faut que je me calme et que je me concentre sur ma possession. Tout n’est pas encore terminé, il faut juste que je réfléchisse bien ! Allez, concentration Natsumi !

Ah ouais d’accord. Le mec, genre sans pression, il plante un kunaï dans la gorge de mon pantin et pénètre dans la chambre. Bon ben on dirait bien que je suis dans la merde, c’est officiel ! C’est donc sans prendre peur ou quoi que ce soit que je tombe face à face avec cet homme, laissant ma possession se vider de son sang en silence. Mais c’est qu’il s’agit de l’autre rônin bizarre là ! Qu’est-ce qu’il vient me casser les couilles lui ? Bon, il doit bien comprendre que quelque chose cloche quand même… Après tout, je le fixe avec un regard de tueur et le corps du chef se retrouve à terre, inconscient. Même le plus con des pirates comprendrait que y'a baleine sous cailloux.

Toujours silencieuse, j’écoute ce qu’a à me dire mon interlocuteur qui analyse très bien la situation. Ça c’est sûrement à cause de sa vieillesse ! Un vieux Shinobi analyse beaucoup mieux qu’un minet de 18 ans ! C’est comme ma mère du haut de ses 36 ans… Plus forte en analyse qu’elle tu crèves. M’enfin bon, me voilà un peu dans la merde. Ma couverture vient définitivement de tomber à l’eau… mais la sienne aussi ! Parce que bon, dire que j’ai été moi AUSSI mise sur cette affaire, ça implique bien sûr que lui aussi est un Shinobi sur cette mission. AH BAH BRAVO. Et le voilà qui me propose un marché. Que dire ? Je ne suis pas trop en position de négocier et il ne tarde pas à me le faire comprendre en plus… Franchement, je ne peux pas m’empêcher de lâcher un petit rire. Je suis tellement dans la merde que ça en devient drôle…

- Très bonne analyse je dois dire… Je suis effectivement une kunoichi et je suppose que toi aussi donc.

Attrapant un drap, je l’enroule plus soigneusement autour de ma taille pour qu’il puisse me servir de vêtement de fortune. Déjà que je suis prise en piège alors je préfère éviter qu’on voie mes seins hein !

- Étrangement, au vu de la situation et de ma réserve de chakra actuel, j’ai comme l’impression de ne pas pouvoir trop négocier…

Mais je vais quand même négocier hein, sinon c’est pas drôle.

- …Mais justement, comme je suis en position de faiblesse, je te laisse l’honneur de commencer à donner tes informations. Au moins comme ça je serais sûr de ne pas me faire baiser, si tu vois ce que je veux dire.

Si je donnais mes informations, lui pourrait très bien refuser ensuite de me donner les siennes au vu de ma faiblesse… Alors que dans le cas contraire, si c’est lui qui commence, il pourra très bien s’occuper de mon cas si je refuse ensuite. M’enfin bon, au fond, j’ai déjà toutes les informations qu’il me faut moi… Je me fais dans tous les cas avoir en fait.

Spoiler:

La situation était clairement sous contrôle ! En tout cas, … sous cette tente ! On ne pouvait pas en dire autant pour l’extérieur. On pouvait même parier qu’à un moment donné, l’absence de réaction de la part du Chef pourrait devenir un problème pour son entourage. Il fallait donc expédier cette conversation en vitesse, et obtenir ce pour quoi notre homme avait fait le déplacement. Désormais infiltré au sein de la bande, il avait dissimulé son identité de Ninja. Si cela venait à être découvert, il serait dans une bien mauvaise situation … . On va devoir accélérer la cadence, ma chère !

Et pourtant, le quinquagénaire ne pouvait s’empêcher d’afficher un sourire presque maléfique. Comptait-il la torturer ? Non, c’était la situation qui était ironique pour lui. La jeune femme avouait sa position délicate : outre le fait qu’elle soit nue, son identité était également découverte, et en cela, elle perdait un atout très précieux. Et elle rajoutait de surcroît qu’elle était à court de chakra ?! Et pour autant, voilà qu’elle annonçait ne pas vouloir être « baisé » dans cet échange d’information ! Tu ne crois pas si bien dire, étant donné le rôle que tu as voulu endosser ! Tu ne peux pas te plaindre du salaire qui t’es versé pour ton identité !

Ce petit brin de courage avait quelque chose d’amusant. Et vu la situation, le vieux briscard ne se voyait pas le cœur à lui refuser un petit cadeau. En plus des informations qu’il allait progressivement lui révéler, il prenait un manteau de peau à fourrure sur une chaise et le lui envoyait. Couvre-toi, gamine. Tes formes ne sont pas assez attrayantes pour réveiller la Puissance d’un homme comme moi ; mais je ne suis pas assez salaud pour te laisser mourir de froid. Quoi que le terme de « salaud » puisse très bien être appliqué par la suite … .

~ D’accord, je consens à montrer ma bonne foi par quelques infos glanées … . On pourrait croire à un simple camp de pirates, mais ils sont beaucoup trop nombreux, et l’architecture des lieux, plus qu’un cimetière de bateaux, démontre qu’il s’agit certainement d’une armada naissante. On recrute bien trop de monde ici pour qu’il s‘agisse d’une simple petite bande : il y a un projet derrière, qu’il faut découvrir dans la cervelle de ce gigolo, là …

Pointant du doigt le corps inanimé du pirate, Kakeshuou Samui sous-entendait ici qu’il n’avait pas encore pleinement achevé son office. Un flibustier ne parvient pas à mettre sur pied une pareille entreprise ; il n’a pas assez d’ambitions, pas assez de moyens, et surtout pas assez de couilles pour le faire ! Il y avait donc nécessairement des soutiens extérieurs ; et c’était ceux-là qu’il fallait découvrir avant tout !
Sans quitter des yeux la gamine, l’homme se rapprochait de nouveau de l’extérieur, et portait un rapide regard analytique sur les environs. Son clone était toujours là ; et l’agitation était toujours présente. L’explosion avait mis le feu à des réserves, et les hommes s’activaient pour l’éteindre. On ne pouvait vraiment pas perdre de temps. Au-delà d’un incendie contrôlable, des gars ayant visiblement des capacités Suiton assez étendues commençaient à jouer un rôle de premier plan dans la lutte contre ce problème. Le duo de Ninjas ici présents ne disposerait que d’une petite dizaine de minutes. Et encore : en les achetant au rabais !

~ De toute évidence, il y a un projet d’ouverture de cette croque sur la mer, sans que personne n’en soit informé et sans qu’aucune carte ne le précise. Rendant alors possible toute intervention en mer sans jamais connaître la source de ces attaques. Raison pour laquelle hommes comme enfants sont recrutés à boucher double pour ce projet.

L’homme se faisait plus pressent. Il en avait déjà bien assez dit, et en avait gardé un peu sous le coude, pour ne pas dévoiler toutes ses cartes. Il attendait maintenant un juste retour sur son investissement. D’autant qu’il y avait encore des choses à savoir ; ce Chef loup de mer avait un soutien politique et financier ! Il fallait savoir lequel … !

~ Je ne te dirais que les dernières informations qu’une fois que tu m’auras donné les tiennes. Maintenant, je veux savoir comment tu es parvenu à obtenir des informations sur lui, et ce que tu as appris ! Il a certainement plus à nous dire, et on ne peut pas perdre plus de temps ici ! Sans quoi, ca risque de mal tourner !

Le voilà qui me lance un manteau en fourrure afin que je me couvre ! À croire que ce vieillard n’est pas un si mauvais fond. Heureusement pour moi j’ai envie de dire vu qu’apparemment je vais devoir faire équipe avec lui pendant les prochains évènements. C’est donc sans plus attendre que j’abandonne le drap m’ayant servi de vêtement jusque-là pour me glisser dans le manteau bien plus chaud. Seul point positif que je trouve à cela, c’est l’odeur du chef des pirates qui se trouve être incrustée dans la fourrure. Un mélange de cigarette et de parfum a la senteur dégueulassement horrible.

Suite à quoi il semble d’accord par rapport à ma proposition. C’est donc lui qui va commencer à balancer ses informations. Je l’écoute donc, en le fixant droit dans les yeux. Ouaaaah génial, il ne m’apprend rien du tout. Ce mec n’a pas dû se douter une seule seconde que si le chef est inconscient, c’est que j’ai obtenu ce que je voulais de lui… Ça me paraît logique pourtant. Pourtant, le voilà qui fait sa fine bouche… Monsieur ne me donnera ses dernières informations que si je lui donne les miennes et après avoir vérifié une nouvelle fois dehors, le voilà bien pressant. Genre le mec il met quatre ans pour m’expliquer les informations qu’il a trouvées, et ensuite il râle parce qu’on manque de temps. Un vieillard sénile moi je vous dis !

- Ouais en fait je vais quand même me faire baiser vu qu’apparemment j’ai plus d’informations que toi… Enfin bon, au point où j’en suis, te dire comment j’ai obtenu ces informations me semble n'être que le cadet de mes soucis…

Habillé seulement du gros manteau et de mes sous-vêtements, je me lève, quittant enfin ce lit. Je m’approche du papy doucement, sans gestes brusques.

- J’ai fouillé dans sa mémoire afin d’obtenir les dernières informations qu’il me manquait, puis je l’ai immobilisé pour pouvoir prendre la poudre d’escampette. Sans ta venue, je serais déjà en route pour mon village avec toutes les informations nécessaires sous la main…

Comment faire comprendre de façon courtoise à votre camarade qu’il vous casse les burnes… ! M’enfin bon, en parlant de fouiller l’esprit, je pense qu’il a dû comprendre que je suis une Yamanaka… Voilà pourquoi, au vu du temps qui nous manque, je vais lui délivrer mes informations d’une façon bien propre à mon clan.

- Vu que nous n’avons pas de temps, je vais transférer toutes les informations que j’ai directement dans ta mémoire. On gagnera un temps vous comme ça.

M’approchant encore plus de lui, je dépose ma main sur son épaule avant de me concentrer brièvement. En l’espace d’une seule seconde, toutes les informations que je possède sont transférées sous forme de souvenir. La carte des lieux… Le pourquoi du comment les pirates sont là… l’identité du chef et pour terminer… Le nom de la famille qui les aide dans ce projet. Ah, j’ai oublié de dire aussi… Parce que bon, faut pas croire que j’allais tout lui servir sur un plateau d’argent non plus hein, déjà que je suis clairement perdante dans l’histoire ! Je me suis tout simplement permis de créer un faux souvenir concernant le nom de la riche famille les aidant… Il se retrouve donc avec un faux nom sans même le savoir ! Diabolique mais suffisant pour me satisfaire d’être aussi vulnérable face à lui.

- Voilà, je t’ai transféré toutes les informations que je possède. Si tu en as d’autres que celles que je t’ai transférées de ton côté, alors déballe, sinon ça ne sert à rien.

Poussant un profond soupire, je me permets de me tourner en direction de la sortie avant de m’exclamer bien fort.

- Bon c’est bon, on peut se barrer maintenant ? On n’a pas le temps de faire mumuse plus longtemps, si on a toutes les informations qu’on a besoin, autant se barrer le plus vite possible.

Vous connaissez ce sentiment de vulnérabilité ? Bah c’est exactement ce que je ressens actuellement. Sous l’emprise de ce papy bien chiant. J’ai intérêt à sortir de ce bordel incommensurable !

Spoiler:

Acceptant le marché, la jeune femme faisait une moue de quatre mètres de long ! Visiblement, elle en savait déjà bien assez pour estimer sa mission comme étant une réussite. Pourtant, l’atmosphère était celle du doute et de la méfiance. Les deux guerriers de l’Ombre se faisaient face, et ils savaient pertinemment que cette mission venait de changer de dimension à cette rencontre. Pourquoi l’autre était-il ? Et pourquoi maintenant ? Et dans quel but : le même, ou un autre ? Que ferait-il des informations trouvées ? Était-il question d’aider, de soutenir, ou de détruire cette activité … ?

En constatant l’état dans lequel se trouvait le Chef, Kakeshuou Samui se doutait que la jeune femme ne cherchait pas à favoriser l’entreprise criminelle. Et après, pourquoi pas ? On avait déjà vu des villages influencer des évènements géopolitiques pour servir leurs intérêts. Le tout était donc de savoir dans quelle tranche elle se plaçait. Bon, après, mieux valait y voir une volonté de détruire cette menace potentielle. Mais y avait-il la même détermination à le faire ; mystère … .

En revanche, c’était les origines et les capacités de cette femme qui étaient les plus intéressants pour notre combattant de l’Ombre ! Fouillé dans son esprit ?! Les termes étaient bien sélectionnés parmi tout autre mot de vocabulaire. Et bien que notre homme ne soit jamais allé combattre dans le Pays du Feu, il avait assez de connaissances, de contacts et de soutien pour savoir qu’une seule Race sur cette Terre Shinobi était capable d’un tel don : les Yamanaka, issus directement du Village caché de la Feuille ! Parmi tous les ennemis envisageables, c’était donc ce village de pacifistes, presque retiré des affaires du monde qui s’était décidé à intervenir ?! Pour quelles raisons ? Une attaque par la mer pourrait endommager leurs flux commerciaux, à n’en point douter. Mais l’affaire était trop éloignée ! Était-ce normal d’accéder à un tel territoire pour mener une mission ? Qui pouvait bien la commanditer … .

L’approche de la femme était suspecte. Ayant placé sa main sur son pommeau, l’homme avait attendu le moindre signe agressif pour terminer cette conversation de façon définitive. Le touchant à l’épaule, la kunoichi lui transmettait ses informations. Une riche famille ? Les choses ne s’arrêtaient probablement pas là ; après tout, quel intérêt aurait une famille bourgeoise à contribuer à ce genre d’activité : profiter des dividendes ? Les travaux étaient trop monstrueux pour se cantonner à cela. Déstabiliser le régime politique du pays, pour asseoir une plus grande influence ? C’était tout à fait dans le profil de ce genre de personnes … . Mais inutile de faire des suspicions : il n’y avait pas assez d’éléments à ce titre pour en savoir plus.
En communiquant de la sorte les informations qu’elle avait soutirées au brigand, elle confirmait le quinquagénaire dans ses hypothèses. Une Yamanaka donc … . A la fois surprenant … et inquiétant … . On ne pouvait pas espérer que Konoha mette son nez dans les affaires d’autrui. Si l’Ancien échouait à cette mission, les Seigneurs de l’Alliance ne risquaient-ils pas de changer de financement et davantage se tourner vers la Puissance de la Feuille ?

Passons, il est temps de mettre fin à cette situation des plus inconfortables. Kakeshuou Samui n’était pas prêt à faire confiance à une femme qu’il venait tout juste de rencontrer, et qui se trouvait de l’autre bord politique et militaire. Ses informations étaient-elles fiables ? Pour ce qui était de l’activité des pirates, de leurs plans et de l’organisation des lieux, ses informations coïncidaient avec celles du Jônin. Mais pour la famille, c’était encore une autre histoire … . Lui faire confiance ?

~ Je pense que tu n’as pas trouvé toutes les informations. Une famille riche ne gaspillerait pas de telles fortunes pour alimenter les activités de piraterie sans raison. Il doit y avoir un pays, voire même une puissance militaire derrière ce projet … .

Ce ne serait pas la première fois qu’une Nation Ninja ferait appel à des mercenaires. La question serait à creuser ; mais le temps était compté. L’agitation était de plus en plus grande ; nul doute qu’après le grabuge à l’extérieur, les hommes remarqueraient d’une minute à l’autre l’absence du chef et porteraient leur attention sur ses quartiers. Il fallait donc se dépêcher. Scrutant la pièce, l’homme portait un regard plus attentif sur le corps qu’il avait neutralisé de façon définitive. Ca devrait faire l’affaire … .
Il se retourna et posa une main sur l’épaule de la jeune femme, pour lui passer devant.

~ Un de mes clones se trouve devant. Si les pirates à l’extérieur te voit sortir et pas leur Chef avec cette ambiance électrique, ils se douteront de quelque chose. Laisse-moi aller voir, et les rassurer. Tu pourras sortir quand tu n’attireras plus les regards. Vois ça comme un paiement … en remerciements des informations que tu m’as données … Yamanaka … .

Se dirigeant clairement vers la sortie, l’homme empruntait les traits du cadavre, et arborait en sortant le visage d’un homme étant déjà passé de vie à trépas. Glauque ? Non, Ninja, Môssieur. Marmonant un instant au pied de l’espace privé, proche de son clone. Il finissait par accoler une bonne tape dans le dos du clone, et partait se mêler à la foule, disparaissant du regard de tous.
Le clone, de son côté toujours sous les traits du Capitaine de l’Ôda, faisait demi-tour, et rentrait dans l’appartement pour faire signe à la jeune femme qu’il était temps, et que les environs étaient libres. Son regard toujours aussi grave était digne de l’original ! Mais son sourire en coin n’avait absolument rien de naturel quand on connaît le personnage !

~ Avec les compliments du Monde de l’Ombre, ma chère …

Et la note explosive plantée dans le dos du clone sauta avec fracas, répandant pics de glace, souffre et flamme à l’édifice. Il n’y a aucune trêve dans le monde Ninja. Le dogme de chacun, c’est : « tuer, ou être tué ».

Sa sérénissime:

Et bla bla bla. Mais putain il va comprendre quand que je m’en branle de qui les a aidés ? J’ai largement assez d’information moi alors je veux juste rentrer chez moi ! Sauf que je suis là, piégé avec ce vieillard qui a pleinement le dessus sur moi. Rien de plus simple, c’est à peu près lui qui va décider de si oui ou non je vais pouvoir rentrer tranquille ou non et vu comment ça s’agite dehors, il ferait bien de bouger son gros cul fripé. Je sais pas pourquoi mais je sens que cette mission ne va pas aussi bien se terminer que je l’aurais espéré ! M’enfin, il semblerait que notre marché soit terminé, donc je peux enfin mettre les voiles ! Faisant un premier pas vers la sortis, je sens une main se poser sur mon épaule et une personne me passer devant. MAIS LAISSE-MOI PARTIR BORDEL !

Ah oui bon d’accord sur ce coup il n’a pas vraiment tort. Si je sors là, comme ça, sans le chef et avec son manteau… ce sera pire que suspect. À croire que ce papy à un minimum de pitié pour une jeune fille de 17 ans envoyé sur une mission aussi dangereuse ! Bah oui, il veut partir devant pour assurer ma fuite en remerciement des informations que je lui ai donnée. Bien sûr, je ne vais pas dire non à taaant de générosité et c’est pour ça que je le laisse faire. Le voilà qui sort et son clone qui rentre. Et j’ai même le droit à une garde personnelle le temps qu’il fasse ce qu’il a à faire ! Pire que de la pitié, je suis en train de me demander si je ne lui aurais pas tapé dans l’œil pour recevoir autant de faveur. Après une petite minute, son gentil clone m’indique qu’il est temps pour moi de sortir et me dit une phrase un peu… étrange.

- Les compliments de qu-

L’ENFOIRE DE FILS DE BABYLONE ! Son putain de clone vient de m’exploser à la gueule ! J’ai à peine eu le temps de mettre mes bras devant moi que j’ai été soufflé par l’explosion comme une vulgaire feuille. Sans parler de ma chair que je sens se déchirer et brûler à cause du contact aussi direct avec l’explosion. De toute façon, même si j’avais eu le temps, vu le peu de chakra qu’il me reste, je n’aurais pas pu contrer cet assaut. Je jure que si je retombe sur ce vieux con je suis fait sa fête putain ! M’enfin bon, je ferais mieux de me concentrer là…

Ouvrant péniblement les yeux, je tombe nez à nez avec le ciel. Prenant une petite seconde pour me reconnecter avec la réalité, je regarde autour de moi pour comprendre dans quelle merde je suis encore. Tous s’agissent, tous s’inquiètent vu que la chambre du boss vient tout juste d’exploser. Génial, ça me fait une diversion ! J’ai intérêt à filer avant qu’il ne se concentre sur autre chose que le corps de leur chef qui doit commencer à émerger de mon genjutsu. J’essaie alors de me relever en prenant appui sur mes bras mais sens une intense douleur qui me coupe dans mon élan. Putain de merde, il m’a bien amoché l’autre connard ! Me levant tant bien que mal, je m’enfuis en direction de l’endroit le plus apte à me cacher : La forêt. Heureusement, avec la nuit, il y a peu de chances que je me fasse voir, mais j’ai intérêt à faire vite. Entre les pirates qui vont s’agiter encore plus et mes blessures qui semblent assez graves, j’ai intérêt à partir loin d’ici et vite.

Je fonce donc à travers la forêt silencieuse, ne cherchant pas où est-ce que je me dirige. Je veux me casser tout simplement.

Spoiler:

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