Délicatement, les rayons du soleil traversent mes paupières. Pendant environ 5 secondes, mon esprit embrumé sort de sa torpeur pour revenir au monde réel. Voilà un réveil simple comme je les aime. Pas de mission en vue et mes parents n’étant pas là, j’en ai profité pour faire la grasse matinée. Il faut dire que quand ils sont là, ils passent leur temps à me dire que dormir autant n’est pas bien pour une jeune kunoichi et bla bla bla. Bref, le discours habituel des parents Shinobi quoi. Voilà pourquoi je profite de leur absence pour traîner au maximum, en espérant que rien ne viendra me troubler.

Même après m’être réveillé, je suis resté une bonne demi-heure sous ma couette. Puis, tel une zombie sortie de sa caverne, je me glisse hors de mes draps pour prendre la direction de ma douche. Une fois une bonne douche de prise, j’ai repris la direction de ma chambre pour aller m’habiller. Vu les températures caniculaires de ces derniers temps, j’opte pour une jupe violette assez courte ainsi qu’un petit haut noir. Comme vous l’aurez remarqué, je reste toujours dans les tons noir et violet, pour la simple et bonne raison que mon cache-œil arbore ces deux couleurs. Sans parler de mes cheveux qui sont violet foncé, presque noir.

S’ensuit un bref passage dans la salle de bain afin de me coiffer et me maquiller très légèrement. Une fois au top, je prends la direction de la cuisine, qui, comme je le pensais est vide. Pas de parents à l’horizon. Mais alors que je m’apprêtais à prendre un bon petit déjeuné, mes yeux ont rencontré l’horloge. Ah ouais quand même. Je savais que j’avais traîné mais pas à ce point… Ce n’est plus l’heure de prendre un petit déjeuner. Cependant, je n’ai pas du tout envie de manger toute seule dans mon coin… Encore le petit déjeuné c’est rapide alors je veux bien, mais le déjeuner… ça fait un peu asocial.

Et pourquoi je n’irais pas mange dehors avec des amis ? J’en ai, alors pourquoi ne pas en profiter ? Les premiers qui me passent par la tête sont Ryosei et Rin. Ce sont mes coéquipiers, donc s'ils sont libres, on pourrait peut-être s’entraîner après l’après-midi ! Tout ça annonce une journée plus qu’intéressante. C’est donc dans cette optique que je quitte mon domicile pour partir en direction de chez Ryosei et Rin. Vous n’imaginez même pas le choc que j’ai eu quand ces deux-là m’ont dit qu’ils vivaient ensemble ! Ils me cachaient des choses les coquins…

Bref, après plusieurs minutes de marche sous un soleil de plomb, j’arrive chez mes deux compères. Sans chercher à comprendre, je sonne en attendant que quelqu’un m’ouvre. Étrangement, je m’imagine Rin en peignoir… Une situation qui n’est pas sans rappeler notre rencontre qui était un peu étrange. Si c’est bien le cas, je me ferais un plaisir de le taquiner comme l’autre fois !

Euh… Faut qu’on m’explique le délire là. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce n’est pas Rin qui a ouvert la porte… Ni Ryosei d’ailleurs. Une jeune fille, aussi jeune que moi d’apparence m’ouvre la porte en me demandant les raisons de ma visite. Je… Je ne sais pas quoi dire. Soit ils me cachent beaucoup plus de chose que je ne le pensais, soit je me suis trompé de maison. Personnellement, je pencherai plus pour la deuxième option. C’est pour cela, que je m’excuse en me grattant la tête, gêné.

- Excusez-moi mademoiselle… J’ai dû me tromper de maison…

Fuyant bande de gueux ! Je me suis déjà assez prise la honte devant elle. Pourtant, après m’être retourné et avoir fait un ou deux pas, je me retourne une nouvelle fois pour questionner la jeune fille.

- Par hasard, vous ne sauriez pas où habitent Aburame Ryosei et Ao Rin… ?

Parce que si ce n’est pas là, je ne sais pas où s’est…

Je dois vous avouer que je ne m’attendais pas à ce genre de réponse. Cette maison est donc bien celle de Ryosei et Rin. Voilà qui prouve que je n’ai pas une si mauvaise mémoire, ce qui serait un peu débile pour une Yamanaka d’ailleurs. Cependant, une autre question bourgeonne immédiatement dans ma tête, en même temps que mes yeux surpris pointés en direction de la jeune femme. Qui est-elle et que fait-elle chez eux ? M’aurait-il caché qu’ils partagent cette maison avec une jolie jeune fille ? Malheureusement, je ne peux pas leur demander vu qu’il semblerait qu’ils soient en mission actuellement…

La jeune femme me questionne ensuite sur ma relation avec eux, à savoir si je suis une de leurs amies. Elle ajoute pour terminer qu’ils vont rentrer sous peu et qu’elle est en train de préparer le repas. Une jeune fille qui leur fait à manger… ? Ils sont sérieux là . Ils élèvent une future femme parfaite ou quoi . Maintenant, la véritable question est de savoir… pour qui est-elle ? Nan je rigole, ils ne sont pas comme ça… enfin Ryosei en tout cas.

Avant même que je n’eus le temps de répondre, elle m’invite à rentrer avant de… Bah se barrer en courant à l’intérieur. Ah ok. Bon ben je vais rentrer hein… Que voulez-vous que je fasse d’autre de toute façon. Bien sûr, je prends bien soin de refermer la porte derrière moi. Heureusement, ce n’est pas la première fois que je viens ici donc je ne risque pas de me perdre. Pourtant, je ressens quelque chose de changé dans l’appartement… On dirait qu’il est plus… propre. Oui c’est ça. À croire qu’on ne se trouve pas chez deux adolescents. À mon avis, c’est à cause de cette fille-là… en plus de faire à manger, elle doit savoir faire le ménage à la perfection. Ce genre de jeune fille parfaite que tout homme rêverait. Exactement le contraire de moi.

En parlant de cuisine… voilà qu’une bonne odeur de gâteau au chocolat envahit mon odorat. Instinctivement, je me dirige dans la cuisine, où je trouve la jeune fille assise sur un tabouret, à côté d’un magnifique gâteau au chocolat. Trop parfaite moi je vous dis. Sans plus attendre, elle s’excuse de m’avoir abandonné, suite à un oubli de nourriture dans le four. Elle enchaîne immédiatement en me proposant quelque chose à boire pour me faire patienter. Quelle gentille et polie jeune fille… Non vraiment, elle est trop parfaite… Elle doit avoir un gros défaut dissimulé.

Ce gros défaut ? Elle me le balance à la figure en se présentant maladroitement. Une kirijin, du clan Samui en plus. L’un des plus puissants et noble clan de la brume. Pas si parfaite comme femme, du moins, pas pour un konohajin. Une fois cela fait, je prends une nouvelle fois la parole depuis des lustres. Il faut dire qu’elle était un peu speed pour moi niveau parole…

- Effectivement je suis une amie de Ryosei et Rin… Une de leurs coéquipières aussi. J’aurais aimé déjeuner avec eux et nous entraîner cet après-midi à vrai dire, mais on dirait bien que tout est prêt pour leur retour affamé ici.

Oh, j’en oublierais presque les bonnes manières comme elle le dirait si bien.

- Je m’appelle Natsumi, du clan Yamanaka. Enchantée de vous rencontrer. D’ailleurs… Si ça ne vous dérange pas, je préfèrerais qu’on se tutoie… Nous n’avons pas encore 40 ans alors autant en profiter !

Un grand sourire peigné sur mon visage, je m’approche un peu d’elle en levant un doigt.

- Je goûterais avec plaisir l’un de tes cocktails Yuki. Quoi de mieux pour faire connaissance ?

Comme si c’était chez moi, j’attrape un second tabouret pour m’asseoir. Je reprends ensuite la conversation sur quelque chose… d’un peu plus sérieux.

- Mais dis-moi, que fais une kirijin dans les parages ? Sans parler que tu es une membre d’un des plus grands clans de la brume…

Sans plus attendre, je m’excuse d’être aussi directe et personnelle.

- Excuse-moi d’être aussi… direct, mais tu dois sûrement comprendre que cela attise ma curiosité…

Surtout que nous sommes encore officiellement en guerre…

Suite à ma réponse positive, la jeune femme s’attèle à rassembler son matériel. Tout en parlant, je la regarde préparer son cocktail. De l’orange, de la pêche, de la pomme et… des carottes. Un mélange surprenant mais qui me met aussitôt l’eau à la bouche. J’ai hâte de goûter ce mélange de saveurs venue tout droit de l’esprit de cette fille. Elle récupère alors le jus de ces fruits et légumes, avant de rajouter de la glace pillée. Elle termine le tout en me présentant ce jus couleur soleil dans un simple verre. Instinctivement, je porte le verre à ma bouche pour y faire glisser le breuvage.

Ah ouais d’accord. J’ordonne que cette fille reste à Konoha jusqu’à la fin de sa vie. D’ailleurs, je pense que je vais déménager et venir habituer ici tout de suite ! Son cocktail est juste HYPER MEGA GIGA BON. Une véritable tuerie. Le genre de chose que tu veux boire jusqu’à la fin de ta vie. Seulement, laissant de côté mon extase, j’écoute attentivement la réponse à mes questions. Elle serait… prisonnière . Que ferait une prisonnière chez Rin et Ryosei à préparer gentiment le repas ? Quoique… Quand je pense à Meteora qui se promenait tranquillement en ville… Plus rien ne me choque.

Elle continue dans ses explications alors que je vide doucement mon verre. Tout en me donnant les détails, la jeune femme nettoie le matériel utilisé lors de la confection de son nectar solaire. Étrangement, quand elle a terminé son explication, j’ai l’impression que tout ça me dit quelque chose. Deux kirijins donc… Attendez… Je crois que j’ai reçu une lettre qui parlait de ça. Je ne m’en souviens pas très bien… J’ai dû la lire après une mission, la tête dans le cul. Huum… Je vais bien m’en souvenir un jour…

Elle me propose alors de rester manger ici avec elle et mes deux camarades de l’équipe Matsudaï. Pourquoi pas ! Après tout, je ne vois pas ce qui pourrait m’en empêcher… et vu ses cocktails, j’ai bien envie de goûter le reste. Je lui réponds donc naturellement, avec un sourire sincère.

- Ce serai un véritable plaisir ! J’ai bien envie de goûter ce que tu as préparé vu le goût extraordinaire de ton cocktail. J’envie Ryo' et Rin de t’avoir chez eux !

Ah mais… Je m’en souviens ! On a reçu une lettre nous expliquant la situation de Yuki justement ! Je suis vraiment conne de l’avoir oublié. Celle qu’elle appelle sa sœur est donc Aoji' ? Je suis d’ailleurs un peu dégoûté de pas avoir été au village quand Aoji' y était… Je lui ai déjà envoyé une lettre, mais je n’ai pas encore eu de réponse. Peut-être n’est-elle pas encore arrivée à Kiri.

- Maintenant que tu me le dis, je me souviens avoir reçu une lettre de l’Hokage expliquant ta situation. Il y avait même une notion spéciale m’interdisant de fouiller dans ton esprit car tu n’es pas « officiellement » une prisonnière. On dirait que On’ commence à me connaître…

Sans cette notion, je serais devenu son plus grand cauchemar. Qu’importe qu’elle soit une fille de mon âge, je lui aurais violé son intimité et ses souvenirs pour y obtenir le plus d’informations possible. Cependant, ce n’est pas le cas, alors l’affaire est close.

- Tu connais donc Aoji' ? Je l’ai rencontré quand je n’étais qu’une aspirante Ninja. Elle m’a offerte ça d’ailleurs…

Je sors alors de ma chaussure une dague avec le manche en os. Une arme que je garde toujours sur moi depuis ce jour. Une lame gravée du nom de la Kirijin. D’après ce qu’elle m’a dit, c’était son couteau préféré.

Pendant tout le long de mon discours, la jeune femme s’affaire à la cuisine. Je la vois, valser d’un bout à l’autre en faisant plusieurs plats à la fois. Elle est vraiment douée pour la cuisine ça se voit. Entre deux cuissons, elle me glisse quelques réponses. La première pour m’avouer qu’elle n’est pas si facile à vivre que ce que je pense. Voyons, une fille comme elle ne peut absolument pas être difficile à vivre, elle doit se faire des idées concernant elle-même. Au pire je demanderais à Rin et Ryosei, ce sont les mieux placés pour parler de ça je suppose !

Sa prochaine réponse me fait aussitôt regretter d’avoir abordé le sujet. Rien qu’à l’entente de ma phrase, je la vois lâcher sa cuillère sous le choc. Elle finit par se défouler sur sa planche à découpé, après m’avoir expliqué rapidement que Kumo avait déjà fait le travail. Je doute fortement que les kumojin aient été doux avec elle, malgré son âge et son air innocent. À la limite, si elle avait directement atterri chez nous, je lui aurais juste vidé l’esprit, sans chercher plus loin. Pas besoin d’être violente quand je peux obtenir toutes les informations que je désire d’un simple contacte. Sauf si j’ai une pulsion de sadisme… Là, je me ferais un plaisir de torturer mes adversaires en augmentant leur sensation de douleur.

Enfin bref, changeons de sujet. La suite parlant de sa sœur, j’espère qu’elle détendra l’atmosphère. À peine ai-je parlé de son cadeau qu’elle s’approche de moi. Elle finit par me demander si elle peut y jeter un coup d’œil. Pourquoi pas. Je n’ai aucune raison de me méfier d’elle à l’heure qu’il est.

- Bien sûr.

Elle examine alors l’objet sans le toucher. Un regard de professionnelle se pose sur l’objet. J’attends alors, sans bouger, à attendre le verdict de mademoiselle Yuki. Il ne tarde d’ailleurs pas à arriver. Sur le coup, je ne sais pas ce qui me choque le plus. Le fait qu’elle arrive à savoir ça d’un seul regard, ou que cet os vient du corps d’Aoji. Je m’y étais un peu douté après avoir appris ce qu’étais le pouvoir du clan Kaguya, mais j’ai toujours pensé que c’était de la folie. Que personne ne pourrait utiliser l’un de ses propres os comme matériau basique à la confection d’une dague.

- C’est stupéfiant… Comment fais-tu pour savoir autant de chose en la regardant juste ?

Je pensais que ce genre de personne n’existait que dans les livres. Vous savez, les vieux forgerons qui arrivent à savoir d’où vient le métal d’une lame juste en la regardant… Bah là c’est pareil.

- Je compte bien le garder précieusement, ne t’inquiète pas.

D’ailleurs…

- Dis-moi, tu as besoin d’aide pour préparer le déjeuner ? Si je peux t’être utile n’hésite pas…

Je ne suis pas une excellente cuisinière, mais il n’est pas très très poli de rester là, à la regarder, pendant que Madame me prépare de bon petit plat.

Yuki serait donc une médecin en formation, spécialisé dans les kaguya ? Je ne pensais pas que cette fille pouvait autant s’intéresser à ce genre de chose. Après tout, son côté médecin colle particulièrement bien avec sa gentillesse qu’elle m’a déjà prouvée en peu de temps. Seulement, je ne comprends pas trop la spécialisation vers le clan Kaguya. Certes, ils possèdent un pouvoir vraiment particulier mais je ne vois pas trop en quoi les soigner change d’une personne normale. Peut-être que leur manipulation des os dérègle leur organisme… ? Peut-être. Dans tous les cas, avec le peu de connaissance en soin que j’ai, je n’y comprendrais sûrement rien. Je ne vais pas faire chier Yuki pour qu’elle m’explique alors que je ne vais rien y comprendre…

La jeune Samui continue en me précisant qu’elle n’aime pas qu’Aoji utilise sa maîtrise des os. C’est bien ce que je pensais, leur pouvoir doit provoquer quelque chose dans leur organisme. C’est pourquoi c’est une capacité dangereuse. Yuki elle semble profondément exaspérée. Je connais Aoji, pas aussi bien qu’elle, mais je sais qu’elle possède un fort caractère et qu’elle semble assez têtue. Si elle a décidé d’utiliser ses os, que sa sœur lui déconseille ne changera rien. C’est un peu comme une grande sœur qui gronde la plus petite car elle fait quelque chose de dangereux. En soi, c’est quand même un peu mignon, même si ça n’a l’air de trop l’être au final. Tout dépend les risques qu’entreprend la Kaguya en utilisant ses os.

Alors que son regard se teintait de plus en plus de tristesse, ma proposition de l’aider balaye ce regard en une seconde. Un nouveau sourire lumineux exalte son visage. Si rien que de parler cuisine lui redonne le sourire, je veux bien continuer sur cette lancé ! Je contourne alors le plan de travail, et viens me placer devant la planche à découper.

- Pas vraiment en fait… Je sais faire des choses basiques mais rien d'exceptionnelles. Disons que mes parents ont trouvé plus utile de m’apprendre comment manipuler l’esprit des gens, plutôt qu’à cuisiner. Heureusement, couper des légumes, ça je sais faire !

Oui bah faut pas pousser non plus. Je ne suis pas une excellente cuisinière, mais je sais tout de même me servir d’un couteau. Délicatement, je range la lame que m’a donnée Aoji et me saisis du couteau de cuisine.

- D’ailleurs, si tu souhaites prendre note de quelques recettes de Konoha, tu devrais aller voir mon sensei. Enfin, le sensei de Ryosei, Rin et moi. Il sait plutôt bien cuisiner et je suis sûr que vous vous entendrez bien ! Il s’appelle Natsuki, du clan Nara. Je suppose qu’ils t’ont déjà parlé de lui.

Tranquillement, je commence à couper les divers légumes qui se trouvent sur la planche à découper. Je finis par reprendre d’une voix tout à fait neutre.

- Dis-moi, tu comptes rester combien de temps parmi nous ? Ton village et ta famille doivent te manquer non ?

La véritable question est de savoir si c’est bien elle qui décide de quand elle part. Elle m’a dit qu’elle était en quelque sorte notre prisonnière, or, sur le papier qu’on a reçu, il est écrit qu’elle est considérée comme une réfugié politique.

Elle connaît donc Natsuki ? Comme quoi, le monde est vraiment petit ! Parmi tous les Shinobi du village, il a fallu qu’elle rencontre tous ceux de l’équipe Matsudaï. A vrai dire, je ne sais pas si c’est une chance pour elle… Même si on a l’air tous gentils au premier abord, on peut rapidement devenir… étrange. Entre Moi et mon sadisme, Rin et ses envies de jouer de la musique en calbute aux terrains d’entraînement, Ryosei qui s’excuse pour tout et pour rien et pour finir… Natsuki et son humour particulier. Bref, quoi qu’on dise, on a tous notre côté bizarre dans cette équipe et j’espère sincèrement que Yuki ne connaîtra aucun de ces côtés !

Seulement voilà. Alors que la conversation se déroulait pour l’instant dans la bonne humeur, ma dernière question semble avoir jeté un certain froid. La jeune Samui arrête immédiatement de cuisiner et vient s’asseoir sur un des tabourets. Sans plus attendre, je dépose mon couteau et m’approche d’elle pour écouter attentivement ce qu’elle a à me dire. Elle me confesse en premier temps qu’elle ne sait pas combien de temps elle va rester parmi nous. Voilà qui attise ma curiosité. Elle-même ne le sait pas . Où veut-elle en venir… ?

Sa phrase suivante me laisse bouche bée. Je… Je… Je ne m’attendais pas à ça. Comment une fille aussi gentille qu’elle peut-être banni de son village ? Non ce n’est pas possible. J’ai déjà entendu parler de Shinobi bannis de Konoha, mais ça reste pour des cas extrêmes. Habituellement, soit on enferme, soit on tue, mais on n’exile pas la personne. Si on fait ça, c’est que la personne en question doit représenter une menace en restant à l’intérieur du village, ou quelque chose dans le genre. Du moins, c’est le cas à Konoha. Mais quelle menace peut bien représenter Yuki ? Trop bien faire la cuisine ? Personnellement, c’est la seule chose qui me vient à l’esprit.

Cependant, je n’interromps pas la jeune fille. Je la laisse continuer de m’explique sa situation. Voilà au moins une chose de positif ! Elle peut écrire à sa famille. C’est déjà ça. Pourtant, ce n’est pas ce qui lui manque le plus… Non. Plus que sa famille, c’est bel et bien son petit copain qui lui manque. Je dois avouer qu’être amoureuse dans cette situation ne doit pas être sympa… Surtout s’il a déserté. Est-elle vraiment amoureuse d’un déserteur ?! J’ai beau ne pas être trop porté sur les sentiments amoureux, je peux tout de même comprendre ce qu’elle ressent. Elle est bannie de son village… Son petit ami a déserté… Comment fait-elle pour sourire dans cette situation ?
Dans un geste réconfortant, je m’accroupis face à elle et lui décoche mon plus grand sourire.

- Pourquoi devrais-tu le capturer ou le tuer au nom d’un village qui est prêt à t’exécuter de sang-froid ? Tu es assez grande pour prendre tes propres décisions Yuki…

Même si je ne sais même pas quel âge elle a…

- Tu m’as l’air d’être quelqu’un de fort. Malgré tout ce que tu traverses, tu arrives tout de même à sourire. Pas un faux sourire, non. Un vrai sourire. Un qui vient du cœur.

Je relève doucement et pose ma main sur l’épaule tremblante de la jeune fille.

- Pourquoi tu devrais te priver de ton bonheur ?

Là est la vraie question, et je compte bien faire en sorte qu'elle se la pose sérieusement.

Sincèrement je ne sais pas si je serais capable un jour de comprendre ce que ressens la jeune fille. Pas le droit au bonheur ? Qui peut oser penser ainsi ?! Tout le monde à le droit au bonheur et surtout une jeune fille de son âge. Elle n’a rien à se reprocher, du moins en apparence… Elle ne connaît même pas la raison de son bannissement si c’est pour dire. Voilà qui répond au moins à une de mes questions. Être bannis à quatorze ans sans même savoir pourquoi… Quel mizukage serait assez cruel pour faire cela ? Je sais bien que Kiri est connue pour sa cruauté mais il y a tout de même des limites ! Et ses parents ? Que font-ils ? Ils laissent le mizukage traiter leur fille comme ceci comme si de rien n’était… ? À moins qu'eux, savent ce qu’elle a fait pour être bannis… Tan de question sans réponse.

Et avant même que je n’ai le temps de lui poser ces questions justement, elle me demande à changer de sujet. Ce genre de conversation doit la mettre trop mal à l’aise et franchement je la comprends. Mais maintenant une chose est sûre… si un jour je croise le mizukage, je me ferais un petit plaisir de lire dans son esprit, uniquement pour savoir pourquoi il a fait ça… Après tout, je m’en fous de ce qu’il pensera. J’agirais de mon plein gré, sans aucun lien avec Konoha, quitte à me faire littéralement incendier par On'. Sans parler de Natsuki… Lui qui me répète sans cesse que je devrais m’entraîner à gérer mes émotions… ce que je ne fais absolument pas. Qu’importe, le rôle d’un Kage n’est pas de voler le sourire d’une jeune fille qui avait sûrement en confiance en lui. Heureusement que On' n’est pas comme ça.

- Dis-moi… Ryosei et Rin ne sont pas censé être déjà rentré… ?

Elle veut changer de sujet, et je compte bien accéder à sa requête. Heureusement, mes deux camarades de l’équipe Matsudaï m’ont offert sur un plateau d’argent un nouveau sujet à aborder. Il me semble bien qu’elle m’a dit qu’ils allaient bientôt arriver… Or ça commence à faire un petit moment et ils ne sont toujours pas là. C’est surtout parce que le déjeuner est quasiment prêt et que pour l’instant, on est que deux pour une tonne de nourriture… J’aime beaucoup la nourriture, mais faut pas pousser mémé dans les orties non plus.

- Tu es sûr qu’ils seront rentrés pour le déjeuner… ? Ce serait fâcheux de manger sans eux, mais aussi de les attendre avec les plats qui refroidissent…

Instinctivement, je repars immédiatement vers ma planche à découper, là où je me tenais quelques minutes plus tôt. Agrippant le couteau, je continue de couper délicatement les légumes tout en attendant la réponse de Yuki. Ce repas va-t-il finir en tête à tête ? Possible, mais je ne sais pas trop de quel sujet on pourrait parler lors du repas… Espérons que cela arrivera naturellement. Cependant, avant d’envisager tout ça, j’ai une dernière chose à proposer à Yuki concernant les deux Shinobi en retard…

- Au pire je peux peut-être essayer de communiquer par télépathie avec eux s'ils ne sont pas trop loin… C’est toujours mieux que d’attendre dans le doute tu ne penses pas ?

Ouais bon par contre, s'ils sont au fin fond du pays de la terre, je risque de vider toute ma réserve de chakra juste pour parler deux minutes…

Suite à ma remarque, la jeune Samui semble soudainement s’inquiéter. Elle n’a pas dû faire gaffe à l’heure et en arrive à se demander s'il ne leur est rien arrivé de mal. J’avoue y avoir aussi pensé, mais je sais que souvent, une mission prend plus de temps que ce qu’on avait prévu. Ce n’est pas pour autant qu’on est mort… Surtout dans le cas de Rin et Ryosei. Ils ne sont pas du genre faible ces deux-là ! Aucunes réelles inquiétudes à avoir à mon avis. Pourtant, Yuki ne semble pas penser comme moi, puisqu’elle s’empresse d’aller voir au balcon s’ils ne sont pas en train d’arriver. Seulement, elle ne voit aucun des deux arriver. Bon, ils sont définitivement en retard, ça ne fait plus aucun doute.

Mon interlocutrice finit par suggérer autre chose : Qu’on arrête de préparer plus si jamais ils ne seront pas là pour le déjeuner. Une sage décision à mon avis. Si on finit qu’à deux, nos deux petits estomacs n’arriveront jamais à engloutir tout ça. Même si je l’avoue, j’ai grave faim. Du coup, j’arrête immédiatement de couper des légumes supplémentaires. Je pose mon couteau et m’approche de la kirijin. Ma proposition de télépathie semble clairement l’intriguée. Sur le coup, elle semble même dubitative sur ma capacité à communiquer avec eux à distance. Elle se reprend d’ailleurs rapidement sur son intervention, ce qui me fait instinctivement sourire.

- Bien sûr que je peux faire ça. C’est quelque chose de basique dans mon clan. J’ai appris la télépathie avant même de savoir ce qu’était un kunai si c’est pour dire !

La simple vérité. La télépathie et la lecture d’esprit sont deux choses qu’on apprend dès notre plus jeune âge. Viens bien sûr ensuite le transfert d’esprit, qui en soit reste plus compliqué que les premiers jutsu. Seulement, à force de l’utiliser, nous autres membre du clan arrivons à utiliser la télépathie sur une plus ou moins grande distance. Bien entendu, tout ceci se fait au détriment de notre réserve de chakra. Yuki semble d’ailleurs pointer ce point du doigt sans vraiment le faire exprès.

- Il n’y a aucun danger normalement ! Après au niveau de l’épuisement…

Me dirigeant vers le balcon d’où Yuki venait il y a quelques secondes, je jette un dernier coup d’œil à la rue. Puis je reprends d’un ton neutre, après avoir vérifié qu’ils n’étaient effectivement pas là.

- …Plus ils seront loin, plus ça me demandera de chakra. Donc espérons qu’ils ne sont pas à l’autre bout du monde !

Qu’elle s’en prenne à moi ? Il n’y a que nous deux donc je ne vois pas qui pourrait penser ça… De toute façon, je suis bien assez grande pour me défendre toute seule.

Sur ces petites précisions, je viens m’installer sur un des tabourets où je m’étais tenu plus tôt. Fermant les yeux, je me concentre avant de faire un sceau d’une seule main. Plus je me concentre et moins ça m’épuisera, donc j’espère qu’elle ne va pas me déranger pendant ces quelques secondes. Pendant une dizaine de seconde, j’essaie de me connecter à Rin ou à Ryosei. Puis, j’arrive finalement à me lier à l’un d’eux.

- Bien le bonjour jeune homme, ici Dieu. J’ai une mission pour toi !
- Très drôle Natsumi, j’ai reconnu ta voix…
- Rooh c’est pas drôle… Bref, vous comptez rentrer de mission un jour ou pas ? Yuki et moi on vous attend pour manger…
- Mais qu’est-ce que tu fais avec Yuki…
- On s’en fout, répond juste à ma question, je t’expliquerais plus tard.
- … M’ouais. Bah en fait on ne risque pas de rentrer de sitôt, notre mission est plus complexe que prévu… désolé.
- Okay chef ! J’verrais si on vous laissera à bouffer vu que vous nous lâchez !
- Eh mais att…

Connexion rompue. Oui je sais, j’aime bien ne pas laisser le temps aux gens de terminer. J’ouvre alors les yeux, et respire un grand coup. Bon, vu tout le chakra que ça m’a pompé, ils ne sont pas dans le pays du feu…

- Leur mission durera bien plus longtemps que prévu, mais rien d'inquiétant… Du coup, il ne reste plus que nos deux petits estomacs pour ton buffet !

Personne ne connaît une technique pour agrandir son estomac ? Histoire que je bouffe autant que je veux la bonne bouffe de Yuki !

À peine ai-je le temps de rompre ma connexion que la jeune samui s’empresse de venir à moi. Mon regard croise aussitôt son visage inquiet. Elle me laisse à peine le temps de lui reporter ma conversation que sa main vient entourer la mienne. Seulement, au contact de sa peau, une sensation étrange m’envahit. Tout le chakra que j’ai utilisé pour communiquer avec Ryosei semble être revenu. C’est… inexplicable. Yuki saurait comment transférer son propre chakra aux autres ? Quelle technique impressionnante et utile. Peut-être est-ce un dérivé de la médecine, elle qui m’a avoué être adepte des arts médicaux. Il semblerait d’ailleurs qu’elle se soit plus inquiété que je ne l’aurais cru. En effet, elle ne m’a même pas écouté si c’est pour dire… C’est donc avec un petit sourire que je reprends brièvement la parole.

- Ils ne rentreront pas de sitôt, leur mission est plus longue que prévue.

Immédiatement, une moue boudeuse se dessine sur le visage de la jeune fille. Cette situation ne me peut que me décocher un plus grand sourire. Pourtant elle, elle semble clairement vexée d’avoir préparé un repas pour… personne. Car oui, de base, elle avait commencé à faire ça pour Rin et Ryosei. Si je suis là au final, ce n’est que par pur hasard. C’est donc dans son optique du non-retour ponctuel de nos amis qu’elle s’empresse de recouvrir plusieurs plats de film alimentaire. C’est sûr qu’à deux, on ne va pas tous manger…

Je me lève alors de ma chaise et essuie de ma manche les quelques gouttes de sueur qui ont perlé sur mon front. Puis vient une annonce tout à fait inattendue de la kirijin. Une vraie soirée entre filles. Film à l’eau de rose, chocolat, glace… bref, tout l’arsenal de la bonne adolescente qui passe une soirée avec une amie. Alors là, je dois avouer que je suis plus que partante ! Ça fait une éternité que je n’ai pas fait ça avec mes amies ! La dernière fois doit remonter à quand j’étais encore genin ! Surtout qu’en ce moment mes relations sont quasi que masculine. Natsuki, Rin, Ryosei… Quoique Ryosei je ne sais pas si on peut vraiment dire que c’est un homme…

- Comment dire non à une telle proposition ! Depuis le temps que je n’ai pas passé un vrai moment entre filles !

Aussitôt dit, aussitôt fait. La samui a déjà sorti la sorbetière. Mais avant cela, nous nous devons d’honorer le magnifique buffet qu’à préparer la chef Yuki. Voilà pourquoi elle me propose en premier temps de passer à table après avoir soigneusement rangé les assiettes des deux garçons. Suite à quoi nous nous installons toute les deux et commençons à déguster ses plats. Une pure merveille. Limite il va m’être difficile de faire la conversation tellement je mange rapidement. Heureusement, la kirijin lance un premier sujet de conversation. Un sujet plutôt étonnant sous forme de question, qui lance parfaitement l’ambiance « Entre filles ».

- Alors là… Ma vie amoureuse est aussi plate que la poitrine d’une gamine de 5 ans, si c’est pour dire…

Prenant une autre bouchée, je reprends d’un ton amical.

- Blague à part… Je ne pense pas qu’avoir un petit copain soit une bonne idée vue ma vie mouvementée de kunoichi. Surtout que j’ai un caractère assez particulier qui risque d’en énerver plus d’un… La seule personne capable de supporter une femme avec ce genre de caractère à ma connaissance, c’est mon père…

Je me suis toujours demandé comment il a fait pour tomber amoureux de ma mère. Pas qu’elle n’est pas belle, loin de là même. Niveau beauté, elle n’a rien à envier aux filles de mon âge… mais disons qu’elle a un caractère encore pire que le mien. Les chats ne font pas des chiens comme on dit.

- Ah et je te vois venir ! Il n’y a absolument rien entre Ryosei et moi, et idem avec Rin !

Je l’ai vu dans ses yeux. N’importe qui dans cette situation aurait pensé à ça. Après tout, eux me supportent bien en tant qu’amie, alors pourquoi pas en tant que petite amie ? C’est une question qu’on est en droit de se poser en effet.

On dirait bien que ma précision à manquer de tuer Yuki ! Après qu’elle ait bu une gorgée d’eau afin de ne pas s’étouffer sur place, je remarque que le visage de la jeune fille vire au cramoisie. Hum… est-ce que par hasard j’aurais visé juste concernant Ryosei et Rin… À croire que non selon elle. Seulement, elle avoue avoir pensé à quelqu’un… Franchement, je ne vois pas avec qui on peut bien m’imaginer hormis mes deux camarades. Disons que mes relations avec la gent masculine se font plutôt rare, ou alors strictement professionnelle. Surtout que la Samui doit penser à quelqu’un qu’elle connaît… mais qui, hormis les deux retardataires connaissons-nous toutes les deux… Ah… Ne me dites pas qu’elle pense à…

Natsuki. Quand elle me confirme qu’il s’agit bien de lui, je manque immédiatement de m’étouffer à mon tour. Moi je vous le dis clairement, y'a de nous deux qui va finir morte étouffer avant la fin de repas ! Buvant une petite gorgé d’eau, mes joues se teintent elles aussi d’une couleur rouge. Je n’ai même pas le temps de répliquer qu’elle continue dans sa lancée. Un magnifique commentaire sur le physique de mon sensei, et plus particulièrement sur ses… fesses. À croire que les yeux de la jeune fille se baladent absolument partout ! Bon j’avoue que son postérieur vaut le détour… J’ai largement eu le temps de faire un état des lieux entre nos entraînements et nos missions ! J’étais sa première élève après tout, donc je dois être une des personnes qui le connaissent le plus psychologiquement et physiquement. Je ne compte même plus le nombre de fois où j’ai pu le voir torse nu d’ailleurs…

- Mais dit donc, mademoiselle semble avoir les yeux baladeurs !

S’ensuit un magnifique regard complice avec la concernée. Quand Yuki désire un moment entre filles, elle y va à fond ! Voilà qu’on est déjà en train de décortiquer le potentiel de mes coéquipiers. Même avec mes meilleures amies on n’arrive pas aussi vite à ce genre de sujet si c’est pour dire… Elle enchaîne avec une petite remarque concernant Rin et Ryosei. Bon, Rin je l’ai déjà vu en caleçon et trempé… mais Ryosei…

- J’avoue que Natsuki a été plutôt gâté par la nature… Pour avoir fait nombre d’entrainement et mission avec lui, je peux t’assurer qu’il n’y a pas que ses…

Me voilà en train de mimer à mon tour deux boules avec mes mains. Un petit clin d’œil à la façon dont Yuki à aborder le sujet.

- … qui sont appréciables. Si tu le voyais torse nu ! Tu en reverrais la nuit !

La pure vérité ! Par contre, je dois avouer que ça me rend un mal à l’aise de parler du physique de mon sensei. Après tout, je n’envisage pas du tout une relation plus qu’amicale en lui et moi. C’est un peu comme si vous parliez du cul de votre frère avec votre amie. Ouais c’est exactement ce que je ressens actuellement.

- Bon après… Je considère Natsuki plus comme un grand frère qu’un potentiel petit ami donc il y a peu de chances que notre relation aille plus loin !

Prenant une nouvelle bouchée de ce délicieux met qu’a préparé Yuki, je tente de rougir le moins possible.

- Rin est clairement bien foutue, ça y'a pas un seul doute à avoir ! Surtout que le jour de notre rencontre, monsieur était trempé et en caleçon, donc j’ai bien eu le temps de mémoriser toutes les parcelles de son corps. Pouvoir enregistrer ses souvenirs et s’y replonger quand on veut est parfait dans ce genre de moment… Si tu vois ce que je veux dire…

Un petit rire s’échappe immédiatement de mes lèvres. Rin… de tous c’est sûrement celui avec qui je me verrais le plus. Pourtant, il n’y a rien entre nous, jusqu’à preuve du contraire.

- Pour Ryosei je n'ai jamais fait gaffe en fait… Je le considère comme mon petit frère et contrairement au physique de Natsuki, je n’ai jamais eu l’occasion de voir grand-chose de son corps. De nous deux, tu es la plus à même de juger.

Un petit regard interrogateur, et je reprends tranquillement une bouchée.

Mademoiselle semble bien plus perturbée que moi à l’idée de parler de Rin et de Ryosei. C’est pourtant elle qui a lancé le sujet et jusqu’à preuve du contraire, ce sont mes coéquipiers, pas les siens. De nous deux, je devrais être celle qui rougit, celle qui n’ose pas être direct. Pourtant, elle en arrive à bafouiller dès qu’on parle du corps de Rin, précisant qu’elle le sait puisqu’elle vit avec lui. Qui peut-être est-ce à cause de son jeune âge qu’elle reste aussi timide. En tout cas, moi ça me fait bien rire. Si on continue comme ça, on aura commenté tous les jeunes hommes de Konoha avant la fin du repas !

Vient alors le tour de Ryosei, suivant normalement le cours de la conversation. Personnellement, j’ai déjà donné mon avis le concernant, mais qu’en est-il du côté de Yuki ? Tout en l’écoutant, je prends une nouvelle fois une bouché du ragoût de bœuf que nous a préparé la Samui. Seulement, mon regard se stoppe dès que j’entends ses paroles. Vu la teinte que prennent les joues de la jeune fille, je pense qu’elle-même regrette d’avoir autant parlé. Dommage pour elle, j’ai bien entendu ce que j’ai entendu. Dans ce genre de situation, je lui aurais lancé un regard plein de sous-entendu et l’aurais immédiatement questionné… sauf que là.

Je ne sais comment l’expliquer… mais j’ai eu comme un pincement au cœur à l’entende de ses mots. Comme si tout ça me dérangeait. Serait-ce de la jalousie ? Non je ne pense pas. Je me connais et je ne vois pas pourquoi je serais jalouse. Ryosei reste un de mes meilleurs amis, je ne vois pas pourquoi je serais jalouse… M’enfin bon, qu’importe. Ce n’est pas ce petit détail insignifiant qui va perturber le cours de notre conversation. Levant un sourcil en signe d’interrogation, je prends à mon tour la parole.

- Comment ça il tient chaud… ?

Prenant une nouvelle bouchée, puis buvant un coup, je finis par entrelacer délicatement mes doigts face à mon visage.

- Franchement, c’est à se demander ce que vous faites dans cette maison quand vous êtes seuls… !

Un magnifique sous-entendu qui ne manquera pas de faire rougir la jeune Samui. Je sais, c’est cruel de jouer avec la timidité de Yuki, mais bon… Elle me tend une perche en même temps ! Il ne faut pas croire que j’allais aborder un autre sujet sans demander de plus ample explication. S’il se passe des choses, je veux savoir ! Et si elle ne veut pas me le dire, je n’aurais qu’à lire dans les souvenirs de Ryosei. Gentil comme il est, il ne me refusera pas ça.