La visite du Kiyokuni au village de Kiri avait pris fin avant même d'avoir commencée. Alors qu'il venait juste de s'adresser à l'un des gardes du village, une jeune femme qui portait le sceau du zéro sur son bras gauche était surgis de nul part pour lui attraper la main. Elle s'était brièvement adressé aux gardes du village caché de l'eau avant de disparaître avec Jun. Ce dernier était désemparé devant cette situation qui dépassait l'entendement. C'était son premier voyage dans l'espace temps et probablement pas le dernier... Une minute plus tôt, le médecin discutait au soleil et là, il venait d'être téléporté dans une grotte sombre sans fenêtre ni lumière. C'était le chaos dans l'esprit du vagabond qui avait jusqu'à présent vécu une existence relativement stable sans gros rebondissements.

Il n'y avait aucun bruit dans la grotte et la demoiselle lui avait lâché la main aussitôt le voyage terminé. Jun ne comprenait pas où il était, ni quel était le but de ce voyage. La seule chose qu'il savait, c'est que Rei était derrière tout cela. Cet homme était plus qu'un Kazekage ordinaire, il manigançait quelque chose de bien plus grand que la domination du village de Suna.

— Où suis-je et pourquoi ce voyage?

Ces paroles furent les premières du Kiyokuni en ces lieux, mais aucune réponse ne fut prononcée par quiconque. Est-ce que Rei était là? Et la demoiselle, où se trouvait-elle? Tant de questions et si peu pour ne pas dire pas de réponses. En se servant uniquement de son instinct de survie, Jun prit la décision d'inspecter l'endroit à l'aide du seul sens qui lui était encore utile dans sa situation : le touché. Il effectua quelques pas vers la droite, les deux bras tendus vers l'avant et tomba face à face avec... un mur, ou plutôt une paroi rocheuse. Le natif du pays des vagues continua sa recherche d'un individu en inspectant les ramifications de la caverne où il se trouvait. Il semblait y avoir d'autres pièces connexes à l'endroit, mais Jun n'osa pas s'y aventurer.

Jun avait peur, il avait l'habitude de cacher ses véritables émotions sous un sourire fringant et une attitude rebelle, mais cette fois, il n'en fit rien. Ses mains étaient moites froides, il tremblait et suait à outrance. Ça ne pouvait plus durer, toute cette pression qu'il s'était mise sur les épaules en attaquant ce cher Hasaki devrait prendre fin. La présence de Rei le rassurerait, puisqu'il pourrait enfin savoir à qui et à quoi il avait à faire. Le problème, c'est qu'une fois que l'on lui aurait attribué un rôle dans toute cette affaire, il devrait faire le choix entre Tsumei et Rei qui avaient chacun quelque chose de bien à lui offrir. La pression était à son comble et l'état mental du blondinet n'allait pas en s'améliorant. Les prochaines minutes seraient décisives pour la suite des choses.

— Rei, j'ai besoin de réponses! Qu'est ce que je fou ici? Pourquoi moi et pas un autre? Je n'ai rien d'un ninja légendaire et ça tu le sais très bien puisque tu m'as combattu..

La réponse se faisait attendre.

LÉGENDE
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Un long silence. Si Rei avait été là depuis quelques instants, il n’avait décidé de se dévoiler avant un instant précis. Voir ce que Jun voulait. Et ce qu’il dit n’avait pas réellement de sens, et pourtant… ce n’était pas faux. Pourquoi lui ? La nouvelle n’avait pu se propager à une vitesse telle que le Kiyokuni soit au courant pour l’Homme Masqué et sa véritable identité. Mais de toute façon, ce n’était plus le Kazekage qui apparut aux yeux du médecin. C’était Kyoshi Rei. Simplement lui. L'Homme Masqué. Le Changeur.

Et qu’est-ce qu’un shinobi légendaire pour toi ?

Il avait trainé deux chaises derrière lui. Il en tendit une au médecin, qui devait sans doute se demander où il était. Une des planques du Reidan. La deuxième ou plutôt désormais la seule de Tsuchi no Kuni. Alors qu’il s’était assis, le sombre visage du Kyoshi se tourna vers l’arrière.

Va avec l’autre.

Même si la personne à qui il s’était adressé était probablement, pour le jeune shinobi, la jeune femme qui l’avait apparemment amené en ce lieu sombre et mystérieux, elle resta silencieuse et s’exécuta. Rei aurait pu avoir besoin de ses talents sensoriels, mais il n’en avait pas envie.

Sans un mot, il sortit un masque blanc. La grotte était sombre, mais Anami avait laissé derrière elle une faible bougie éclairer un minimum la pièce. Les deux hommes pouvaient se voir, même s’ils étaient loin de posséder une vue optimale. Le Changeur fit prit son masque sans motif dans ses mains, mais ne lâcha pas le Kiyokuni du regard.

Je ne suis plus Kazekage. Et tu dois aussi savoir que l’Homme Masqué, c’est moi.

De toute façon, il aurait été inutile de lui cacher la vérité. La rumeur était déjà en train de se répandre. Tout le monde shinobi allait être au courant. Et puis, ça permettait ainsi de tester le jeune médecin. Voir ses réactions, ses paroles, ses réponses, ses gestes. Tout devait être analysé. Il en dépendait du Reidan, du plan de Rei et surtout… de la vie de Jun. Une entrevue qui s’annonçait donc importante et même décisive sur plusieurs points et sous plusieurs angles.

Mais ça, les deux hommes le savaient très bien. Ce dont ils ne savaient encore rien, c’était la conclusion de tout ceci…

Le mode furtif. C'était le mode que Rei avait employé à l'arrivée de Jun dans la grotte. Il avait apparu après quelques longues secondes d'attentes et de stress pour le jeune médecin. Mais l'important, c'est qu'il était là et que le Kiyokuni pourrait enfin lui adresser la parole et avoir une conversation avec lui. Il se demandait où cette aventure le mènerait et surtout s'il arriverait à en sortir vivant. Après tout, à quoi bon grandir si ce n'est que pour mieux s'écraser? Rei sortit du noir en posant une question très sérieuse à Jun. Il voulait connaître sa définition du shinobi légendaire. Le Kazekage profita ensuite de la courte réflexion du jeune homme pour lui présenter une petite chaise sur laquelle Jun s'empressa de prendre place. Tous ses événements ou plutôt bouleversements le faisait trembler beaucoup et rester debout ne faisait que trahir le masque qu'il tentait sans cesse de mettre devant ses émotions.

— Un shinobi légendaire, ce n'est pas n'importe qui. À mon sens, il en existe très peu en ce monde. Je noterais probablement parmi ceux-ci les fondateurs des villages ninjas qui ont voués leur règne à autre chose qu'à saccager les pays neutres environnants. Makka était légendaire puisqu'elle avait des convictions et une croyance profonde en ses agissements.

Sur quoi il prit une petite pause pour se gratter la tête et scruter les alentours. Rei en profita pour ordonner à la jeune femme qui avait emmené Jun en ces lieux d'aller avec ''l'autre''. Cette phrase supposait donc qu'ils étaient quatre dans la grotte, Rei, Jun, la femme et bien entendu... l'autre!

— Vous savez tout le monde a une vision différente du monde et des moyens diversifiés pour en assurer la pérennité. Les visions ne sont pas toutes les mêmes, mais témoignent généralement d'une certaine crédibilité. Un shinobi légendaire est un homme qui change le monde selon sa vision, peu importe le résultat.

Après avoir écouté les paroles du vagabond, l'hôte sortit un masque de sa poche. Un masque blanc, celui de l'homme masqué, l'ennemi de tous les villages. Celui qui était à la fois connu et inconnu. Beaucoup le connaissaient de nom, mais très peu voir personne ne savaient ce qu'il était vraiment. Jun était maintenant au courant et cela ne lui causa étonnamment aucun choc neveux. Il était même heureux de savoir que Rei était l'homme masqué. C'était la preuve que cet homme avait un plan et une organisation solide derrière la tête. Pour la première fois de la journée, le médecin se sentit rassuré, on lui accordait de l'importance et ça redorait fortement son estime. Il se surprit même à sourire avant d’interagir avec son interlocuteur.

— Pas de doute, vous êtes légendaire. Je crois que nous pouvons en venir à une conversation plus... croustillante? Je veux savoir ce que je fais ici. Je n'ai rien fait d'assez massif pour justifier notre rencontre.

Jun avait lui aussi un masque et venait de le retrouver. Il avait cessé de trembler et il se sentait maintenant en contrôle de la situation ou du moins dans une position relativement favorable. Rei avait beaucoup à lui offrir et il était prêt à accomplir aussi beaucoup en échange. L'offre de Tsumei lui trottait aussi en tête. Allait-il lui écrire une lettre ou risquer d'être l'ennemi numéro un de toute une nation?

CHOIX
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Et il donne sa définition de légende. Un shinobi légendaire, rare, se comptant peut-être sur les doigts d’une main. Les Shodaimes, Gogyou Makka : des noms relativement logiques. N’importe qui aurait sans doute dit la même chose. Et il était plutôt plaisant de voir que Jun considérait même l’ancienne ennemie mondiale numéro un comme une légende, sans laisser place à la rancœur qu’il pouvait – ou non – éprouver envers elle. Ou non car Kiyokuni Jun était un shinobi que Rei n’avait pas encore eu le temps de pleinement connaître. Qu’avait-il fait avant et que pensait-il réellement ? Peut-être avait-il voué un culte sans précédent à Gogyou Makka. Le mystère planait, et c’était peut-être mieux ainsi.

Kyoshi Rei, un shinobi légendaire ? Peut-être bien. Il avait fait de grandes choses, et s’était dupé des Kages, eux-mêmes qui pouvaient être considérés comme des légendes. Lui encore, avait permis de trouver le moyen de sceller à jamais Gogyou Makka. Et la liste était loin d’être terminée, mais pourtant…

Non, je ne suis pas un shinobi légendaire. Repense aux noms que tu as cités, tu comprendras pourquoi.

Les premiers Kages, Gogyou Makka… Cela semblait évident, du moins pour celui qui avait été qualifié de légende au même titre que ces derniers selon le jeune médecin.

Un légende appartient au passé. Et moi, j’appartiens au présent, et au futur.

Son plan était bien de changer le monde, en rayant le mot ninja du vocabulaire de tous. Mais c’était à partir de cette guerre qu’il s’était décidé à entrer dans sa phase finale. C’était maintenant, aujourd’hui et demain qu’il allait faire des choses légendaires. Et Kiyokuni Jun pouvait en faire partie.

Je veux fonder une organisation, qui aura pour but principal la destruction des villages shinobis. Je t’offre la possibilité de la rejoindre. Mais contrairement à ce que tu pourrais penser, tu es libre d’accepter ou de refuser et partir. Je te ferai simplement quitter ces lieux sans te faire le moindre mal.

Etrange comportement, mais bien réel. Rei avait bien l’intention de laisser le jeune homme partir dans le cas où il refuserait de rejoindre le Reidan. Il fallait attendre sa réponse, dans cette conversation intéressante malgré son ton bien direct.

Rei refusait de se définir comme une légende sous prétexte qu'elles appartenaient toutes au passé. C'est un avis que Jun ne partageait pas. Des êtres comme Samidare Teichirô ou même Jisetsu Gabushi appartenaient encore au présent et avaient tous de légendaire. Même si ces deux partenaires de longues dates s'étaient montrés plus calmes au cours des dernières années, leur nom était toujours connu de la majorité. Mais bon, ce n'était pas ce point de la conversation qui suscitait le plus l'intérêt du Kiyokuni. L'ex-Kazekage avait proposé au médecin de devenir un membre du Reidan, soit le groupe du zéro, une organisation qui avait comme objectif principal de détruire les grands villages ninjas.

Jun n'avait jamais réellement été en faveur du principe même des villages ninjas, alors pourquoi pas. Il fallait tout de même qu'il y pense à deux fois avant de joindre une telle organisation. Cette adhésion allait probablement causer le désarroi de centaines voir de milliers d'individus qui souffriraient de la potentiel destruction des villages ninjas. Mais c'était un mal nécessaire pour un monde qui ne cessait de sombrer d'avantage dans le chaos à chaque jour qui passait. C'était un paris extrêmement risqué de détruire d'aussi grandes et prestigieuses institutions, mais il n'y avait pas meilleur shinobi que Rei pour mener cette action jusqu'au bout.

D'un autre côté, le vagabond n'avait pas oublié la proposition du Raïkage qui lui offrait asile et protection s'il dénonçait les actes de l'homme masqué. Il deviendrait donc un traître à sa propose cause, une perspective qui ne lui plaisait guère, mais une perspective qu'il n'aurait peut-être pas le choix d'accepté si les événements venaient à se trop se corser.

Cela faisait maintenant quelques semaines que Jun vaquait à des occupations qui étaient comment dire... lucratives et ennuyantes? Le ninja médecin en avait un peu marre de voyager à travers le monde pour ne rien faire. Son but principal ne pouvait être comblé que par l'atteinte de puissance et Rei pouvait lui enseigner cette puissance. Au final, accepter ou refuser une offre de cet ampleur pouvait s'avérer de la folie, mais quoi de mieux qu'un homme désespéré sans réel avenir pour tenter une expérience de ce genre?

— J'accepte ton offre Rei, je ferai parti intégrante de cette légende. Un jour, les livres d'histoires témoigneront de la fin d'une ère : celle des grands villages. Les conflits ne font que commencer, mais ce sera pour le mieux.

Jun fixait le grand homme droit dans les yeux. Il faisait maintenant face à son destin. Demain serait une meilleure journée qu'aujourd'hui et c'est peu à peu qu'il réussirait à regagner confiance, à la fois en la vie, mais aussi en lui-même.

— J'ai confiance en l'avenir, mais j'ai aussi confiance en toi. J'espère simplement ne pas être traité comme de la charogne ou de la chair à canon, je m'y connais trop dans les missions de ce type... Sache que je te serai loyal aussi longtemps que tu me respecteras. C'est pour moi le principe de base d'une bonne relation.

Une page du monde shinobi venait d'être écrite, aussi petite soit-elle. Cette page allait un jour en rejoindre beaucoup d'autres puisque l'histoire attendait d'être écrite.

RIEN D'AUTRE
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Jun ne tarda pas à accepter l’offre, terme qu’il avait utilisé, de Rei. Avait-il eu peur des répercussions qu’une réponse négative aurait pu tomber ? Le chef du Reidan espérait que non, car il aurait réellement laissé partir son interlocuteur s’il en avait décidé autrement. Mais il avait accepté, et il ne semblait pas avoir peur. Il ne bougeait pas, il n’avait aucun frisson. Bien entend, si Anami avait été là, elle aurait sûrement pu vérifier la fiabilité de cet homme. Mais son beau-frère en avait décidé autrement.

Dans tous les cas, et ce n’était pas seulement à cause de l’hypothèse que Jun ait eu peur de refuser, la réponse ne convenait pas totalement à l’homme au masque. Leur première rencontre jouait un rôle décisif dans tout ce qui avait suivi, jusqu’à cette présente entrevue. En effet, il avait dit vouloir suivre Kyoshi Rei le « modèle » du ninja médecin qu’il pouvait représenter. Mais ce jour-là, il avait trahi ses pseudos coéquipiers et avait été prêt à suivre le Kazekage, à savoir Suna. Était-il réellement en concurrence ou ressentait-il de la haine vis-à-vis des villages shinobis ?

Bien. Mais pourquoi acceptes-tu ? Qu’est-ce qui te pousserais à détruire les villages shinobis ?

Il fit alors un pas de plus en direction du jeune homme, dont il s’était évidemment rapproché. Ce n’était pas réellement un moyen de pression, mais plutôt une manière simple de faire les choses. A travers ce qu’il avait dit, le fait d’avancer montrait de l’assurance, un désir de réponse.

Car pour l’instant, c’était trop facile. Pourquoi se laissait-il recruter aussi directement et rapidement ? L’hypothèse que le Kiyokuni ait eu peur n’était pas la meilleure aux yeux de l’ancienne Ombre. Alors que pouvait-il y avoir d’autre ? Jun avait-il été dans un village shinobi et serait devenu un déserteur ? Peut-être l’aurait-il quitté sans rien tenter à l’encontre de ce dernier, simplement dégoûté du système ? Tant d’hypothèses possibles.

Mais le Kyoshi ne voulait qu’une chose : la vérité. Et s’il n’avait aucun moyen réel de l’obtenir, il lui fallait des garanties. Car vu ce que le Reidan allait devoir accomplir : la confiance devait être optimale. Et quand Rei pensait à la confiance, il pensait bien entendu à sa confiance qu’il allait porter dans ses plans, dans le fait qu’il n’y ait pas de faille. La confiance avec ses compères venait après…

Car l’objectif final primait. Rien d’autre comptait.