Ce n’était ni le bruit des ouvriers qui entamaient leurs tâches quotidiennes, ni les quelques rayons de soleil qui franchissaient le store en bois de la chambre de Lucy qui parviendraient à la réveiller. Elle le faisait lorsqu’elle le décidait… ou alors lorsque Kwizz avait faim… L’écureuil, qui se balançait jusqu’à maintenant sur le lustre, venait de tout lâcher pour atterrir sur le ventre de sa maître. Se courbant et ouvrant les yeux à l’impact, elle souffla, désolée de la situation. Retenue dans un rêve romantique, elle avait été égoïste avec son animal. Ce dernier, avec son air de chien battu, réclamait son du en tendant les mains face à lui, l’une sur l’autre, imitant un mendiant. Dans un cycle d’inspirations et d’expirations fortes et longues, la genin se frottait les yeux puis se grattait la tête tout en s’étirant. Il était encore tôt. La journée commençait à peine. La jeune Hassei regrettait juste de ne pas avoir pu terminer son rêve… Elle serrait Kwizz dans ses bras comme une peluche tandis que son ventre à lui gargouillait. Le pauvre, il aurait faim encore longtemps car Lucy n’était pas encore prête à se lever. Au contraire, elle s’emmitouflait dans ses draps et appréciait la chaleur que procuraient les rayons du soleil sur ses doigts de pieds qui dépassaient discrètement. La température remontait, faisant ainsi oublier la légère fraicheur de la nuit dernière. Bientôt, la demoiselle décida de se lever, maintenant qu’elle était réveillée.

Doucement elle descendait les marches qui menaient au salon. Elle faisait en réalité attention à ne pas trébucher puisque Kwizz, sachant pertinemment ce qui allait se passer, faisait la fête à sa maître, l’empêchant de voir une seconde sur deux.. .Désormais dans le salon, Lucy nourrissait son ami avant d’aller prendre sa douche. Là, sortie de nulle part, sa mère lui annonça que plus tôt dans la matinée un jeune garçon, nommé Eichi, était passé et qu’il l’attendait à présent sur les terrains d’entrainement. Énervée, la fille accusa sa mère de ne pas l’avoir réveillée directement. Depuis quand attendait-il la venue de Lucy ? Il n’y avait plus une seconde à perdre… mais il n’était évidement pas concevable de sortir sous cette apparence. La genin apportait une importance à sa façon de s’habiller, de se maquiller et de se coiffer. Disons qu’elle se dépêcherait après cela. D’ailleurs, n’ayant même pas pris le temps de prendre un petit-déjeuner, elle s’empara de ses ustensiles et quitta la maison dans un élan d’énergie. Elle détestait être attendue. Surtout lorsqu’il s’agissait d’un service qu’on lui donnait…

Sur le chemin elle bougonnait contre sa mère. Lucy avait aussi une part de responsabilité dans ce retard mais ne voulait pas l’admettre, reportant la faute entièrement sur celle qui l’avait éduquée… cela était tellement plus simple. Kwizz, quant à lui, qui avait été coupé dans son repas, se rattrapait, assis sur la tête de la genin, en grignotant le reste de son casse-croûte, subissant sans se plaindre les différents changements d’allure et sauts que Lucy effectuaient. Elle se pressait mais ne gagnait pas vraiment beaucoup plus de temps que si elle avait été à allure normale. Sûrement aurait-elle du profiter du trajet pour elle aussi manger un bout. Sur les nerfs, elle bousculait de temps en temps les passants. « Pardon ! » disait-elle sur un ton limite agressif. Et puis d’abord, qu’avaient-ils tous à se lever de si bonne heure… Un rien énervait la demoiselle. S’était-elle levée du mauvais pied ?

Sa tension s’apaisait mais c’est l’estomac vide qu’elle arriva aux abords des terrains d’entrainement. Là, quelques shinobis courageux s’entrainaient. Suna avait vu sa population ninja augmenter ses derniers temps. Malheureusement il n’y avait aucun Wada à l’horizon… Tournant la tête à droite puis à gauche, elle ne trouvait aucune silhouette qui correspondait à son ami. Planté comme un piquet, Lucy se sentait ridicule était tellement désolée… Il devait en avoir eu marre d’attendre et cela était compréhensible. La main sur le ventre, celui-ci gargouillait à son tour. Toute cette énergie dépensée lui avait donné faim. Par chance, Kwizz était un écureuil fidèle qui avait sentis le coup venir. Il tendit à sa maître une viennoiserie qu’elle s’empressa d’entamer à manger. Faisant demi-tour, elle quittait les lieux la tête baissée, déçu de ne pas être arrivée plus tôt…

Déçue, triste et haineuse contre sa propre personne, Lucy quittait donc ce terrain vague, la tête baissée, avec un énorme poids sur le cœur. A quoi cela pouvait-il servir d’avoir des amis si elle ne pouvait même pas être là pour eux… Rongée par un sentiment de culpabilité, elle prouvait par son retard un manque de confiance. Crispée par toutes ces mauvaises tensions, il lui fallait se détendre. Quoi de mieux que de rejoindre son petit havre de paix, sis au plus haut relief du village caché de Suna. Caressant délicatement la patte de son écureuil qui descendait sur sa poitrine, elle avançait d’un pas léger, perdue dans ses pensées noires. Différents bruits de corps se percutant, de sable frotté, et des cris de douleurs, animaient cette place. Aucun d’eux ne venaient perturbés la genin.

Soudain, elle fut envahie par un sursaut suivit par une bouffée de chaleur. Cela avait été produit par un contact physique. Elle venait de se faire surprendre par quelqu’un qui venait de lui toucher la nuque. Et comme l’expliquait si bien les paroles du Wada, si cela avait été un ennemi, elle serait morte. D’ailleurs, quoi qu’il aurait pu se passer d’autre, Lucy aurait été une victime des plus démunie face à au danger. Elle n’avait pas su faire abstraction de ce qui la tracassait, devenant ainsi vulnérable en n’étant pas du tout sur ses gardes. Faute grave pour un shinobi. Il fallut quelques secondes pour que la panique disparaisse et que la chanteuse prenne conscience de la situation. Dès lors elle se retourna et se laissa tomber dans les bras de son ami qu’elle serra ensuite très fort, le tout accompagné par un rire nerveux. Le message était passé : il lui avait fait peur.

Puis elle le relâcha. Ce dernier la saisit alors par le bras pour l’emmener au centre de “l’arène“, la laissant à peine souffler et se remettre de ses émotions. La matinée avait commencée sur les chapeaux de roues et était loin d’être terminée. Se demandant ce qui l’attendait, Lucy avait oublié la présence des autres ninjas sur le terrain sableux. Elle se laissa guider jusqu’au pied d’une ancienne bâtisse. Là elle fut libérée de l’emprise de son bourreau, malgré que celui-ci était sûrement le plus doux et le plus gentil qui existe. Eichi était en forme et on pouvait comprendre en le regardant qu’il n’avait pas attendu la genin, assis à ne rien faire. Il était échauffé, prêt à se lancer dans un apprentissage qu’il prenait au sérieux. Désormais face à face, le jeune homme prit la parole et questionna Lucy sur ce qu’elle attendait de cette rencontre. Aujourd’hui, il voulait passer à la vitesse supérieure, franchissant le cap « prise de confiance » et « envie de se défendre » qui avait été le sujet de la précédente discussion. Là, il demandait à son élève d’exprimer avec précision le but de l’exercice du jour. Ayant enfin les esprits clairs, la réponse ne mit pas longtemps à tomber.

En effet, Eichi avait aidé Lucy à toucher du doigt ce qui la rendait à son goût si faible. Elle avait été incapable de remarquer la présence de son ami sur les infrastructures, ni même de sentir sa présence dans son dos, et encore moins de réagir convenablement au léger coup porté à sa nuque. Comment avait-elle réussi finalement à devenir genin avec toutes ces lacunes ? Cependant, décidée à devenir quelqu’un de plus fort, elle était prête à combattre contre son ami. Gravir ce palier était déjà un exploit pour elle qui ne cautionnait pas la violence gratuite.

Le Wada prendrait lui aussi les choses très au sérieux, et il ne tarderait pas à le montrer. Hottant ses chaussures et gesticulant dans tous les sens, il préparait une dernière fois son corps au combat qui l’attendait. La jeune Hassei aurait préféré une courte explication théorique, mais son ami ne semblait pas du même avis. Fini la parlote, il fallait passer à la pratique. De son côté, la chanteuse se mis à son tour en garde. Ses yeux se plissèrent, animant son regard d’une motivation certaine, tandis qu’elle s’agrippait au sol en pliant ses genoux et grattant légèrement le sable avec la pointe de ses pieds. La respiration de Lucy devint alors plus profonde et plus rapide, l’oxygène étant réclamé par l’afflux sanguin qui parcourait ses muscles de plus en plus vite. Cette sensation était légèrement spéciale, car décidée. La bouche pâteuse, elle ne s’inquiétait pas pour autant car elle s’avait qu’elle n’aurait pas besoin de chanter aujourd’hui. La genin allait apprendre les prémices d’un art dans lequel son ami excellait. Cela semblait intéressant mais s’annonçait aussi douloureux…

Malgré sa préparation qui laissait croire qu'un duel se préparait, Eichi choisi une approche plus passive. Il porta alors l'une de ses mains à son visage tandis que l'autre resta le long de son corps. Avec la première il frottait doucement son menton entre son pousse et son index, mimant une réflexion. Était-ce une feinte pour inciter Lucy à relâcher sa concentration ? En tout cas, elle restait de marbres à la gestuelle de son ami. Elle ne tomberait pas dans un piège aussi facile... Toujours en position de garde, elle ne quittait pas des yeux son ennemi du jour. Cette séance avait pour but de lui faire prendre conscience de beaucoup de choses. La première étant de savoir rester concentrée quoi qu'il arrive. Mais concentrer ne voulait pas dire avoir une attitude ridicule et désagréable. Dans cette position, elle tiendrait difficilement cinq minutes avant d'avoir une crampe. C'est la raison pour laquelle elle une attitude décontractée : les jambes écartées largeur d'épaules, le buste droit et les bras croisés. Peut-être que cela allait faire réagir son ami. Quoi qu'il en soit elle restait sur ses gardes et guettait le moindre geste parasite.

Le piège auquel elle s'attendait, n'en était finalement pas un puisqu'au bout de quelques secondes le Wada prit la parole. Il avait trouvé une technique qui correspondait aux attentes de la chanteuse. Il s'agissait d'un booste qu'il avait déjà utilisé contre Satsuki. Plus précisément, le genin expliqua à son élève le principe de fonctionnement, avant d’en faire une démonstration. Le spectacle, aussi simple soit-il, était impressionnant. Malgré une attention particulière, l’œil observateur de Lucy ne put tout voir dans les moindres détails, mais elle en avait compris le principe. Toujours sur ses gardes, elle réussit à anticiper l’action suivante et recula d’un pas en même temps qu’Eichi lança ses kunai. Le mouvement décidé de sa paupière droite avait mis la puce à l’oreille de la chanteuse. Il était moins une…

Imperturbable, le Wada enchaîna avec des explications. Finalement, elle l’aurait eu sa partie “théorique“ qu’elle attendait. Visiblement, il avait bien étudié le sujet. C’est donc à cela qu’il réfléchissait tout à l’heure ? La genin n’avait pas le droit à l’erreur vu l’investissement que mettait son ami dans cette leçon. Continuant, il indiqua qu’aucune affinité, dont Lucy faisait usage, ne l’aiderai, contrairement à lui. Néanmoins, il avait trouvé une substitution au problème. A l’entendre, on comprenait ses tendances de pratiquant du taijutsu. Il semblait très à cheval sur la technicité, mais maitrisait son sujet. Terminant son dialogue, il fit comprendre à la jeune Hassei que c’était maintenant à son tour de rentrer en scène.

Voyant Eichi s’éloigner, elle se demandait ce qu’il pouvait bien préparer. Qu’il ne s’en fasse pas, elle garderait un œil sur lui. Ce dernier lui demandait de se concentrer sur un chakra pur et de travailler avec. Pour la plupart des genins, ce genre de chose s’avérait être assez compliqué. Mais pour une utilisatrice de genjutsu, la tache se simplifiait. Cela ne voulait pas dire pour autant qu’elle y arriverait du premier coup, mais plutôt qu’elle connaissait déjà les bases d’une telle maîtrise. Elle savait d’où partir et comment contrôler le flux son chakra. D’ailleurs, elle ne perdit aucune seconde, chacune étant précieuse. Le Wada pouvait attaquer d’un instant à l’autre…

La chanteuse se concentra alors. Cela était plus dur que d’habitude car il lui fallait aussi rester concentrée sur son ennemi/ami. S’appliquer à garder son attention sur ces deux points simultanément était difficile mais nécessaire car c’était sur ces bases qu’était fondée la technique. Son regard se vidait petit à petit pour se focaliser sur le sensei uniquement. Elle espérait qu’au moindre de ses mouvements, elle saurait réagir, comme stimulée et surprise par un geste anormal. Elle avait trop fait abstraction de certaines données pour rendre la chose plus facile et elle le savait. Sa vision devenait trouble tandis qu’elle apercevait progressivement les méridiens internes de son corps. S’abandonnant à ses pensées, elle commençait à visualiser avec précision le flux de chakra qui circulait en elle. Soudain elle eut frisson et de nouveau son regard prit vie et se remplit. Comment pouvait-elle à la fois rester attentive à un élément extérieur, mais aussi se concentrer sur un élément intérieur ? … Il lui fallait agir différemment à d’habitude.

De la même manière que l’on prend son poult, Lucy décroisa ses bras et les tendit face à elle, les mains à hauteur des hanches, paume vers le ciel, les muscles relâchés. Il lui fallait ressentir son chakra circuler en elle, et non pas le visualiser. Du moins, c’est ce qu’elle pensait. La voici qui, gardant Eichi dans son champ de vision, essayait de capter le flux ou tout du moins une sensation de ce dernier… Elle n’avait jamais fait une telle expérience auparavant mais celle-ci allait devenir à la fois bizarre et surprenante. Au bout de ses doigts, puis sur tout l’épiderme de ses mains, elle éprouvait des légers picotements. Quelques secondes plus tard, elle discernait sur la totalité de ses bras des mouvements similaires à des fourmis parcourant la zone. Est-ce que cela signifiait quelque chose ? Elle n’avait pas cette réponse. Le seul moyen de s’en assurer était de comparer cette sensation à ce qu’elle connaissait déjà : rallier le toucher à la vue pour voir s’il y avait une concordance. Ainsi, elle ferma les yeux l’espace d’un instant… Etait-ce déjà trop tard ?

Fermant les yeux, elle ouvrait une faille que son ami ne pouvait pas se permettre d’ignorer. La piqure de rappel allait être surprenante. Lucy ne pensait avoir fermé les yeux que l’espace de quelques secondes. Jamais elle n’aurait pensé faire une telle erreur, et en être sanctionnée d’autant plus. Complétement concentrée, elle ne sentit rien venir. Eichi se positionna sur sa gauche. Légèrement fléchi sur ses jambes, l’une plus en avant que l’autre, il encerclait sa cible. A la suite d’une rotation du bassin et des épaules, laissant le talon de son pied arrière surélevé, il frappa la genin dans l’abdomen. Son poing, rapide et précis, n’eut pas forcément beaucoup de puissance. Cependant, le coup porté fut suffisant pour interrompre la chanteuse dans sa concentration. Reculant du bassin, et se penchant en avant, elle tentait de puiser tout l’air qui l’entourait. Le choc au niveau des poumons avait momentanément stoppé la respiration de la jeune Hassei. Le coup sur la nuque ne lui avait visiblement pas servit de leçon, mais ce dernier, lui, aurait un impact psychologique plus important.

Alors que sa toux imprévue s’estompait doucement, le Wada expliqua à son élève les erreurs qu’elle avait commis. Pour résumer, elle n’avait absolument rien compris à la technique, et n’agissait pas correctement. Il lui fallait aborder le sujet d’une toute autre matière, reprendre à zéro et se concentrer avec plus d’ardeur. Malgré ses faiblesses, elle n’abandonnerait pas. Sa venue ici n’était pas anodine. Elle souhaitait vraiment progresser. C’est en apprenant de ses erreurs que l’on devient plus fort.

Il existe deux types de chakra, fonctionnant en symbiose : l’énergie corporelle et l’énergie spirituelle, l’une étant produite naturellement, et l’autre “manuellement“. Suivant son idée, la chanteuse se focalisa dès à présent sur la source de son chakra. Malgré une légère douleur qui résidait encore dans le bas-ventre, elle se sentait capable d’agir. Ne lâchant pas Eichi des yeux, elle limita dans un premier temps l’afflux énergétique. Le but était de pouvoir condenser une forte partie du fluide en son cœur, puis de le relâcher d’un seul coup. Pour une genjutsuka, cela était un jeu d’enfant. Le problème qui se posait à elle était désormais la partie “alimentation“. Certes, elle connaissait ses tenketsus mais ceux-là jouaient un rôle minime dans son plan. Alors comment faire ?

Partons de la base : qu’est-ce qu’un réflexe exactement ? C’est une réponse musculaire involontaire et rapide à un stimulus. Le cerveau était donc à exclure dans cette quête de réponse. Alors comment Lucy pouvait-elle agir directement sur son système nerveux, sans passé par ce qui le contrôlait ? … Il lui fallait réduire le temps initialement prévu par ce que l’on appelle “l’arc réflexe“. En gros, elle devait doper les différents maillons de cette chaine. Là, il était nécessaire d’agir avec précision, les méridiens étant trop grossiers pour augmenter de façon significative sa réactivité. Il fallait rechercher des petits canaux, tels de vaisseaux et y envoyer en forte dose le chakra qui n’attendait plus qu’à être expulsé…

Et elle s’exécuta, suivant sa manière d’opérer. Avait-elle raison d’agir ainsi ? Elle le saurait dès que le Wada déciderait d’attaquer…

Explosion de chakra ! Le corps de la genin tremblait. Elle ne savait plus se contenir. Elle ressentait comme des spasmes musculaires et ne tenait plus en place. Soudain, Eichi l’attaqua. Mais cette fois-ci il fut surpris puisqu’il eut une réponse en retour. Le bras de la chanteuse venait d’interrompre le coup porté. Le pire dans tout ça, c’est qu’elle n’avait rien décidé. Son corps avait réagis de lui-même voyant le Wada arriver. Ce dernier, contré, retourna à son emplacement initial, fier mais surtout curieux. Il n’en resterait pas là. Après quelques paroles, il lança une salve de kunai électrifiés. Rebelote. La vision de Lucy était ralentie, et involontairement elle esquivait les projectiles. La chanteuse ne comprenait plus rien. Son corps réagissait instinctivement aux menaces que la jeune fille voyait. Pourtant, il lui était encore possible de marcher, de se gratter le nez et aussi de tourner la tête. En fait, le corps de la demoiselle s’auto-protégeait, à la différence près qu’il était plus rapide qu’elle n’aurait pu l’être.

Regardant la paume de ses mains comme si elle ne se reconnaissait pas, comme si quelqu’un d’autre l’habitait, Lucy détourna le regard de son ennemi du jour. Ayant réussi avec brio les précédents tests, elle se croyait désormais hors de danger. Mais ce qui la fascinait surtout étaient ses nouvelles capacités. Elle s’extasiait alors comme si elle était enfin devenue une shinobi digne de ce nom. Ignorante, elle allait subir une nouvelle attaque qui risquait d’être très douloureuse. Le filtre sonore, toujours activé, décela un bruit fin et anormal. Trois sons sourds qui se suivaient comme tranchant l’air. Là, de nouveau, la tête de la kunoichi se releva sans qu’elle ne l’ait décidé. Face à elle s’avançaient trois shurikens les uns derrière les autres. Sa main droite attrapa le premier entre l’index et le majeur. Sa main gauche fit de même juste après. Et enfin, sa tête se pencha pour esquiver le dernier. Elle venait d’assister à une scène irréaliste. Les yeux écarquillés, elle regarda son sensei qui s’approchait.

Eichi lui répondit. Il était fier de son élève et lui expliqua qu’elle maîtrisait dès à présent les bases de la technique qu’il voulait lui apprendre. Il ne tenait qu’à elle de se perfectionner. D’un geste amical il posa sa main sur l’épaule de la genin. Celle-ci, touchée, lacha les shurikens qu’elle tenait encore dans ses mains. Toujours sur les mêmes bases de reflexes, elle prit appui au sol différemment, évitant ainsi de perdre quelques doigts de pieds. Contre coup d’un tel apprentissage, haut en émotion, Lucy s’évanouit, tombant de tous son poids vers l’avant. Mais une fois encore, son ami était là pour elle. Il l’a rattrapa et l’aida à se remettre sur pieds.