Mes prunelles d’un bleu ardoise contemplent avec intérêt la condensation perpétuelle et stationnaire dont l’atmosphère imprégnait quotidiennement. À première vue, il ne s’agit que d’un tout, au contraire de ce qu’il est réellement. Ce brouillard épais se manifeste plutôt comme étant une accumulation d’une quantité ahurissante de fines gouttelettes d’eau et de cristaux scintillants de glace. Cette fumée de mer ceinture les confins de Kirigakure no Satô. Les yeux à présent fermés, j’hume cet air frais qu’apporte l’amorce de cette nouvelle journée.

D’aléatoires clapotis retentissent, brisant instantanément le silence de mort qui siège au cœur de la Forêt de la brume, agissant comme un agréable bruit de fond. Derrière moi trainent au sol de longues draperies aux couleurs ternes, embrassant délicatement ma peau blanchâtre, un capuchon agencé remonté doucement sur ma coiffe ondulée et noire charbon. Un large pantalon de toile blanche s’harmonise avec ma pèlerine, ajoutant une touche d’éclat charismatique à mon accoutrement.

Les genoux adhérant à la terre humidifiée par la température pluvieuse, mon dos légèrement recourbé vers l’avant, j’imprègne mes poumons d’oxygène et les libèrent du dioxyde de carbone qu’ils contiennent. La paume de la main vers le ciel, j’observe la progression de mon ossature traversant ma peau pâle. Sa régénération quasi instantanée exécute sa tâche fastidieuse et rattache les couches d’épiderme ensembles.

Mon entrainement n’est pas encore au point, en réalité il est loin de l’être. Mes ainés n’aimeraient pas me voir exercer ces manœuvres… Ce n’est que seule que je pourrai les développer, les membres de mon Clan refusant catégoriquement de m’apporter leur soutien. Un jour peut-être comprendront-ils mon intérêt et admettront que je suis suffisamment âgée pour utiliser mes forces à bon escient. Dix-sept ans…

Mes sourcils se froncèrent et un sentiment d’amertume me gagna. Ma façon d’agir s’avérait être puérile et inadmissible. Jamais je n’appartiendrai à la classe des Shinobis, pourquoi me faisais-je des illusions ?

Kiri... Cela fait déjà un moment que tu n'y as pas mis les pieds. Plusieurs mois au moins... A moins que ce ne soit plusieurs années. Tu ne sais plus vraiment. Tu traînes des pieds, avançant dans ta bibliothèque. Tu te diriges vers les rayonnages du fond, cherchant du regard les ouvrages que tu avais rédigé lors de ton passage là-bas. En vérité, tu sais où ils se trouvent. Mais tu en cherches un qui avait piqué ton intérêt. Tu observes quelques instant les rangées de livres, avant de trouver celui que tu voulais. L'envie t'es venue de relire quelques vieux carnets... Tu étais désoeuvré. Tu t'ennuyais. Tu grimpes alors à la petite échelle, allant sortir ton carnet de son rayonnage. Tu redescend, l'ouvrant et commençant à le feuilleter tout en marchant.

An 5, été,


21 juillet,

La forêt du pays de l'Eau... Intéressante s'il en est. Voilà plusieurs jours que je sillonne les lieux, à la recherche de lieux ou d'individus intéressants. Je ne me suis pas encore rendu là-bas, mais on m'a souvent dit que les clans Kirijins possédaient des capacités assez étranges. Certaines étant même véritablement effrayantes. Je souriais légèrement à l'idée de rencontrer tel ou membre d'un clan local. On m'avait souvent parlé des Gekei, les hybrides, capables de se changer en êtres mi-hommes, mi-animaux. En voilà que j'aurais été curieux de rencontrer. Au même titre que d'autres, comme les Jisetsu, capables de suspendre le temps grâce au pouvoir de leurs yeux... Je continuais à vagabonder, toujours perdu dans mes pensées.

Le brouillard quasi omniprésent et assez épais ne gênant en rien mon avancée, je marchais au milieu de l'humidité et de la végétation aux allures peu amicales, mon capuchon rabattu. Je me contentais de regarder devant moi, sans vraiment surveiller les alentours. Le silence était bien trop pesant. Si une quelconque présence avait du troubler ma solitude, je l'aurais ressentie. Ou au moins, j'aurais entendu l'intrus approcher. Et c'est en pensant à cela que j'avais senti un changement. Il y avait une présence aux alentours. Proche de moi. Droit devant même. Je sondais les alentours, de peur de me tromper. Mais non, il s'agissait bien d'une source chakratique à quelques mètres devant.

Je savais les habitants de ce pays assez... Brutaux. Et hostiles. Ce n'est pas pour rien que l'on a attribué à Kiri un surnom tel que « La brume sanglante ». Je ralentissais donc l'allure, avançant à pas plus doux, plus feutrés. Je m'approchais, utilisant les arbres pour cacher mon arrivée. Je m'adossais à l'un d'eux, tournant légèrement la tête pour regarder ce qui pouvait bien se cacher derrière. Rien. J'avançais d'avantage, avec toutes les précautions possibles pour ne pas faire de bruit. C'est alors que je la vis. Une demoiselle, visiblement perdue dans ses pensées, la main tendue vers le ciel. Ce qui me frappa en tout premier lieu fut de voir son ossature en train de traverser sa peau, telle une excroissance. J'étais en présence d'une Kaguya. Une Kaguya. L'excitation me fit perdre toute forme de prudence. Mon pas redevint lourd, sans que je m'en aperçoive. Je me déplaçais pour mieux la contempler, me mettant alors dans son champ de vision. Mais cela ne me dérangeait pas. A vrai dire, j'aurais même voulu qu'elle puisse me repérer de suite. Mais je restais là, dans ma contemplation, muet, la laissant à ses pensées...

Les bruissements caractériels des feuilles sèches et mortes se froissant sous les pas feutrés d’une personne ou d’un animal parviennent jusqu’à moi. Les ondes sonores pénétrèrent mon conduit auditif, tambourinant contre mes organes internes jusqu’au niveau de mes canaux semi-circulaires. Mes souvenirs et pensées se troublent, baignés par une angoisse saisissante et instantanée. Les membres de mon clan ne mettaient jamais beaucoup de temps à mettre la main sur les individus convoités, néanmoins j’avais peut-être trop sous-estimé leur vitesse. Résignée et piégée, mes pupilles grisâtres se mobilisèrent vers la provenance des vibrations sonores. Le liquide bleu ardoise que contenaient mes iris gris sembla se pétrifier.

Un individu de la classe des homos sapiens m’observait de son regard illuminé rappelant familièrement l’émeraude couleur des pierres précieuses. Cette personne m’apparaissait comme inconnue, son visage n’évoquant et n’éveillant aucun souvenir en moi. D’une simple coïncidence était le fait que nos chemins se croisaient à cet instant précis, au cœur de cette forêt gigantesque, embrumée et luxuriante. Un doute grandissait compendieusement en moi tandis que les secondes déferlaient devant mon regard ébahis et affermi. Le sentiment de peur toujours présent nourrissait une petite voix dans ma tête qui m’exigea de me lever brusquement.

L’une de mes paumes mises à l’avant, l’autre à la hauteur de mon corps, cette position défensive en témoignait beaucoup sur mon état intérieur. Réaction d’une fillette craintive ne réfléchissant pas avant d’agir, acculée par une impulsivité relative et autoritaire. Contrôler ma respiration saccadée et altérable se relevait être un défi authentique.


Votre présence est indé… indésirable. Je déglutis de manière oppressée. Veuillez décliner votre identité ainsi que vos intentions, je vous prie. Votre visage ne m’est pas familier et, si je ne m’abuse, je ne crois pas vous avoir déjà croisé dans le secteur.


Une perle de sueur glissait le long de mon front. Du revers de ma manche gauche, maladroitement, je récoltai cette dernière. Ma main, ainsi que tout mon corps d’ailleurs, tremblait comme une feuille. « Ne pas quitter les environs du village caché. » La consigne s’avérait pourtant simple. Comment n’avais-je pas su la respecter ?

Soudainement, je repris confiance en moi, chassant craintes et anxiété de mon état d’âme. Je n’étais pas une poule mouillée, une pleurnicharde ou encore une froussarde. Mon objectif se trouvait être simple lorsque j’avais pris la décision d’accourir jusqu’ici : M’entrainer au Shikotsumyaku, le Kekkei Genkai des membres de mon Clan, les Kaguya. Personne ne pourra m’interrompre ou même m’empêcher de rejoindre mon dessein, ma mire.


Je ne sais pas qui vous êtes, ou encore ce que vous faites ici, mais sachez que je ne quitterai cet endroit que si je le désire, c’est compris ? Mon nom est Kaguya Rin, souvenez-vous en.


Téméraire et imprudente étais-je.

[…] Elle s'était finalement rendue compte de ma présence. Et j'aurais sûrement du me montrer plus.. Précautionneux en approchant. Il n'y avait qu'à la voir pour comprendre. Son attitude. Sa posture. L'éclat de son regard. La peur la rongeait de long en large. Elle la paralysait, l'empêchant presque de s'exprimer convenablement. Elle s'exprimait avec quelques hésitations, d'un ton peu rassuré, me sommant de décliner mon identité. Je réprimais un léger sourire qui aurait pu être bien mal interprété. Mais la situation m'amusait, oui. Moi qui pensait que les habitants de ce pays étaient des guerriers endurcis, préparés depuis l'enfance... Elle venait de balayer toutes les idées que j'avais pu pré-concevoir en arrivant sur le territoire de l'Eau.

Je me contentais de faire quelques pas en avant, me rapprochant légèrement. Très légèrement, ne voulant l'effrayer plus qu'elle ne l'était déjà. Je la voyais chasser une goutte de sueur de son front, toute tremblante. Plus je la voyais, et plus un sentiment désagréable montait en moi. Le remord venait jouer avec ma conscience, balayant un par un les plans que j'avais élaborés. Je pensais qu'elle n'était qu'un pion en l’apercevant. De prime abord, je m'étais dis qu'elle me servirait de laisser-passer pour aller à la rencontre du clan Kaguya. Que grâce à elle, je pourrais accéder aux archives et aux secrets de leur clan... Et qu'une fois cela fait, je n'aurais plus qu'à partir. Je n'aurais plus eu qu'à jeter les instruments usagés et désormais inutiles. Oui, j'avais pensé à tout cela en la voyant. Cette méthode, je l'avais appliquée des dizaines de fois. Des centaines même. A moins que ce ne soit des milliers. Après tout ce que j'avais pu voir de l'Homme... Peu m'importait de tisser des liens factices, à briser dès que j'avais touché au but. Je me liais à des individus sans importance à mes yeux. Et s'il s'avérait que j'ai pu avoir un peu de cette importance aux leurs... Et bien tant pis. Tous ceux là n'étaient que des outils. Rien de plus... Mais les choses seraient différentes cette fois.

Tu t'arrêtes un instant dans ta lecture. Tu te souviens bien de cet instant de trouble. Cet instant d'hésitation. Ce léger chamboulement. Cette minuscule vibration qui allait te faire changer d'avis. Tu avais bien tenté de chasser ces idées. Et pourtant, malgré tout tes efforts, tu n'y étais pas arrivé. Tu avais eu pitié de cette jeune femme. La peur qui se reflétait dans ses yeux te rappelait par trop celle que tu avais croisé maintes et maintes fois. Tu t'étais dit que tu ne pouvais pas te résoudre à un comportement si bas et cruel. Pas avec elle du moins. Alors... Quand à ta décision... L'expliquer, tu ne le pourrais sûrement pas. L'argumenter, non plus. Tu t'étais simplement dit que si un jour tu devais accéder aux archives des Kaguya, ce serait par un autre moyen. Ou par le biais d'une autre personne...

Oui, ma décision était prise. Et alors que je m’apprêtais à répondre, elle enchaîna, me lançant son nom au visage, tel une menace. Elle prétendait ne quitter les lieux que si elle le désirait. Je fermais les yeux, laissant cette fois échapper un petit sourire, alors que je retirais la capuche qui me couvrait la tête. J'approchais encore de quelques pas, d'un pas calme et mesuré. J'avais l'impression d'appréhender un animal. C'était totalement stupide. Mais je finissais par m'arrêter à quelques pas d'elle, pour finalement lui répondre, d'une voix posée et rassurante.

« N'ayez aucune crainte voyons. Il est normal que vous ne me connaissiez point, je ne suis qu'un humble voyageur égaré dans ces bois. Quand à ma présence, je trouve navrant que vous la considériez comme indésirable, moi qui me réjouissait d'avoir enfin un peu de compagnie après ces cinq jours de solitude... »

Je faisais alors volte face, lui tournant le dos. Je lui dévoilais mon dos, la laissant libre de pouvoir me frapper et me tuer si l'envie lui en prenait. Du moins, c'est l'interprétation que je souhaitais lui faire passer : Je n'étais pas ni danger, ni même une menace pour elle. Je tournais alors légèrement la tête, observant sa réaction, alors qu'elle semblait reprendre un semblant de confiance en elle. Je me tournais pour lui refaire face, ajoutant quelques mots.

« Je serais également curieux de savoir ce que fabrique une jeune femme comme vous dans un tel endroit, seule... Mais peut être refuserez-vous de m'en dire plus ? Enfin... Permettez moi de me présenter, je suis Drahall Ymir D'Astrae, et c'est un plaisir de faire votre rencontre demoiselle Rin. Même s'il semblerait que ce plaisir ne soit guère partagé... » »

Je finissais avec une pointe de sarcasme, tout en m'inclinant devant elle, dans cette ample courbette que j'utilisais depuis tant d'années... J'espérais simplement qu'elle accepterait de me croire. Ses yeux ne mentaient pas lorsqu'elle s'était exprimée. Ils ne faisaient que refléter son état d'esprit. Et tenter la moindre approche auprès d'une personne en proie à la peur aurait été stupide. La rassurer, tel était mon but principal. Et quelque chose me disait que je risquais de rendre du mal à cela... Ce qui m'ennuyait, au vu des quelques questions qui me brûlaient encore les lèvres. Mais il fallait avancer progressivement, sans la brusquer...

Mes sourcils se froncèrent et doucement mes bras reprirent leur place naturelle, le long de mon corps frêle et svelte. Ma respiration se stabilisait de manière progressive tandis que j’analysais frénétiquement les paroles de mon interlocuteur, cherchant dans son non-verbal un indice quelconque qui témoignerait de la nature de ses intentions. L’alarmant pressentiment que je ressentais précédemment disparaissait doucement, diminuant drastiquement d’intensité. L’individu en question n’arborait aucune position offensive, ne possédait apparemment aucune arme à portée de main non plus. Peut-être en dissimulait-il une à quelque part, certes, néanmoins rien n’indiquait qu’il en voulait à ma vie à cet instant précis. Puis, s’il avait réellement voulu attenter à mon existence, n’aurait-il pas simplement pu le faire au moment où je me trouvais être le plus inoffensive et impuissante ? Certainement.

Mes prunelles brillantes de vivacité semblaient avoir repris espoir, néanmoins une certaine nuance les baignaient passivement : Le doute. Ses paroles étaient parvenues à m’attendrir, à abaisser ma garde, toutefois je ne pouvais avoir confiance en cet homme. C’était impossible à l’heure actuelle. Compatissante suis-je peut-être, mais la sottise ne me caractérise point.


Vous avez probablement deviné où vous êtes, je présume. Qui n’a jamais entendu parler de la Forêt de la brume, dites-moi ? De son épais édredon de brouillard ainsi que de sa large superficie. Ma main gauche rejoignit ma hanche adjacente comme point d’appuis. Un humble voyageur ordinaire, comme vous le prétendez, ne s’aventurerait pas en ses contrées dangereuses sans en être auparavant préparé.


Mon visage affichait une expression sévère à présent, ayant chassé jusqu’au plus profond de mon être craintes et angoisses. Si je veux aboutir à mon objectif, je me dois d’agir comme le feraient les véritables Shinobis de la brume. Cette forêt est nôtre, elle nous appartient.


Décliner votre identité s’avérait être la meilleure chose à faire, Sir D’Astrae. Pardonnez mes manières, mais il est de mon devoir de m’assurer que votre présence n’est point risquée pour les résidents du village de la brume. Mon ton se fit plus doux, moins arrogant. À vrai dire, c’est la première fois que j’ai à agir de la sorte…


Mon regard se montra plus fugace, évitant les yeux couleur menthe de l’individu. Une pointe de regret montait en moi à cet instant précis, que je tâchais de masquer avec plus de mal que de bien. Ma désobéissance me couterait bien cher cette fois-ci.


Je ne devrais pas être ici, cette rencontre n’aurait jamais dû se faire et se dérouler ainsi. D’ordinaire, cette forêt m’est interdite. Mon village voudrait que je quitte immédiatement et que j’avertisse les autorités de votre présence. Néanmoins… Je soupirai. C’est la première fois que je rencontre un étranger.


Mes joues se teintèrent d’une mielleuse couleur rosée. Les miens refuseraient catégoriquement que je m’adresse à cet homme. Mais ils ne sont pas présents actuellement, pas vrai ?

[…] Elle semblait reprendre confiance, petit à petit. Son attitude en était une preuve flagrante. Elle avait cessé de trembler, et son regard semblait... Plus confiant. De l'impression de peur dévorante, frôlant presque la terreur, il ne restait plus grand chose dans ses yeux. Ses iris d'un gris nuancés reflétaient autre chose. Elle semblait rassérénée, oui. Mais pas seulement. Je la fixais, avant de déceler ce qui couvait au fond de ses pupilles. Le doute. Mais cela ne me surprenait pas réellement. Je pouvais tout à fait comprendre son raisonnement, et je l'aurais sûrement appliqué si nos places avaient été inversées. Toutefois, ce n'était guère le cas, et je me contentais de l'écouter parler. Et je fut bien forcé de reconnaître qu'elle avait raison. Les habitants du village où j'avais séjourné avant de partir pour la forêt m'avaient tenu un discours assez proche de celui-ci. Seuls les fous ou les habitués peuvent se permettre de partir au beau milieu de la forêt avec l'espoir d'en revenir en vie.

Toutefois, je n'étais ni l'un ni l'autre. Je n'avais pas besoin d'un guide, moi qui avait pour habitude de voyager seul. Et même si j'avais du me perdre, j'aurais su retrouver mon chemin par mes propres moyens... Toutefois... Il fallait bien le reconnaître, mon arrogance aurait pu me coûter cher. A refuser la moindre aide, j'étais suspect aux yeux des habitants. Le problème étant que je ne désirais justement pas attirer les regards ou les attentions de la foule... Je me contentais de réfléchir à une réponse plausible, malmenant presque ma matière grise au vu de la situation. Son regard avait de nouveau changé. Il s'était fait plus dur, plus sévère, malgré cette once de doute toujours présente. Mais avec son regard, son attitude et son ton s'étaient également mués, pour devenir presque autoritaire. Le seul bémol était que les signes la trahissant étaient toujours là. Sa voix se fit alors plus douce. Son regard plus hésitant. Elle n'était pas encore une kunoïchi confirmée, cela se voyait. Et de surcroît, elle venait de l'avouer.

Un léger sourire se dessina sur mes lèvres. Elle était franche, certes. Mais peut-être l'était-elle un peu trop. Je continuais à la fixer du regard, tandis qu'elle détournait le sien, ses pommettes se teintant légèrement. Elle m'avouait ses torts, m'expliquant qu'elle désobéissait aux siens en ce moment même. Je trouvais cela amusant. Il semblait alors que je sois tombé sur une demoiselle en mal de liberté. Sur un oisillon trop longtemps maintenu en cage, désireux de pouvoir désormais prendre son envol...

Tu te surprends à sourire en lisant ces lignes. Tu ne sais guère pourquoi. Tu relèves la tête, te rendant compte que tes pas t'ont mené jusqu'au baies vitrées du couloir supérieur. Tu as lu tout en marchant, jusqu'à arriver ici. Tu laisses alors ton regard se perdre vers la végétation entourant ta propriété. Tu laisses tes pensées vagabonder un instant. Pourquoi ? Trouvais-tu sa réaction réellement amusante ? Était-ce du sarcasme et de l'ironie ? A moins que tu ne te sois laissé attendrir par cette jeune femme... Non. Ce n'est pas possible. Il ne peut en être ainsi. Tu fronces les sourcils, secouant la tête. Tu as décidé d'être implacable. D'enterrer tes sentiments au plus profond de toi. Alors qu'il refasse surface... Tu ne le permettras pas. Tu serres les dents, tentant d'imprimer cette résolution, de la graver en toi, avant de reprendre ta lecture.

Elle m'avouait alors que j'étais le premier étranger qu'elle rencontrait. J'arquais un sourcil. En la voyant, je lui aurais donné dix-huit ans. Au moins la majorité. Et par-là l'autorisation de sortir par moments. Mais il semblait que j'étais le premier individu de l'extérieur à faire sa rencontre. Dans un sens, je considérais cet aveu comme gratifiant. Mon sourire se fit plus modéré, alors que je m'approchais un peu plus d'elle.

« Je vois... Je comprends mieux votre réaction désormais... Vous ne devriez pas être ici, et vous avez pensé que c'était un des vôtres qui vous avait retrouvé. C'est pour cela que vous aviez si peur, n'est-ce pas ? »

Je fis encore un pas, affichant un sourire tranquille, chaleureux. D'un geste lent, je pris sa main, appréhendant sa réaction. Mais je ne lui laissais guère le temps de se dérober. Je m'inclinais légèrement, portant ses doigts à mes lèvres, sans toutefois qu'ils ne se rencontrent. Je les effleurait, les frôlait, avant de me redresser, lâchant sa main. A grandes occasions, grandes manières, peu importait qu'elles soient désuètes. Je reprenais alors la parole, un brin amusé par la situation.

« Permettez moi d'être honoré. Car il s'agit sans conteste d'une chance d'être le premier à rencontrer une demoiselle telle que vous. Mais si je suis le premier, c'est qu'il y a bien un début à tout. Et puis, rien ne vous oblige à raconter votre rencontre autour de vous... A moins que vous ne vouliez aussi leur parler de votre escapade dans la forêt ? »

Tout en prononçant ces mots, je l'observais d'un air espiègle, presque complice. J'étais curieux. Non pas à cause de ses pouvoirs. Cette fois, j'étais curieux de voir comment elle allait réagir. Et une chose était sûre pour moi, cela serait intéressant.

Ses iris émeraude baignaient dans la sincérité et l’authenticité. Mon intuition favorisait l’inconnu, malgré toutes attentes, en dépit de la situation présente ainsi que du sens moral qui voudrait qu’un degré de méfiance excessive soit. Sa façon de lire en moi comme dans un livre stimule en moi une curiosité accentuée, sans parler de ce désir grandissant d’en apprendre toujours plus sur cet homme mystérieux.

Ma gorge se resserra lorsqu’il évoqua les membres de ma famille ainsi que mes craintes antérieures qui leur étaient associées. Jamais ceux-ci ne devaient connaitre l’existence de cet individu, jamais ils ne devaient apprendre ce qui s’était déroulé au cœur de la luxuriante Forêt de la brume. Leur réaction première serait assurément de me punir, de me condamner à une surveillance accrue et assidue, m’arrachant toute liberté autant au niveau de mes actions que de mes pensées. Pour cette raison, je me devais d’être aussi silencieuse qu’une tombe et de me plier à leurs désirs et envies. Jusqu’à reconquérir leur confiance et atteindre l’objectif ultime. Cet outrage serait le dernier.

Avec délicatesse, je relevai le menton, affrontant le regard apaisant et stationnaire du dénommé D’Astrae Ymir Drahall. Un mince sourire s’étira lentement sur mes lèvres colorées, affichant gratitude et tranquillité d’esprit à la fois.


Je ne sais point d’où vous sortez, monsieur D’Astrae, toutefois votre sens des déductions s’avère plutôt aiguisé et juste. Ma présence ici n’est pas un hasard, malgré les interdictions que m’impose ma famille. D’un coup de tête je déplaçai les mèches de mes cheveux qui me cachaient le visage. Je m’adonne clandestinement au Shikotsumyaku, savez-vous de quoi s’agit-il ?


Ce jargon ne s’avérait pas être général, au contraire, les Kaguya sont en grande majorité les seuls à employer ce terme plus spécifique. Les connaisseurs le reconnaissent toutefois, même s’ils n’en ont pas forcément entendu parler directement. Les questions de l’inconnu me laissaient supposer qu’il s’intéressait à ma présence en ces lieux peu fréquentés par les gamines dans mon genre.


Je vous propose un marché, libre à vous de l’accepter ou de le décliner. Une réponse contre une réponse. Vous faites une affirmation à l’égard d’une de mes questions et j’en ferai de même. Il va s’en dire que nous garderons ceci entre nous. C’est d’accord ? Un bref silence plana dans l’atmosphère. Parfait, je commence !


Ma main gauche alla rejoindre mon menton tandis que mes sourcils foncés se froncèrent. Demeurer stratégique devais-je. Mes réponses ainsi que mes questions se devaient être sans failles. Mes prunelles s’illuminèrent.


Effectivement, je craignais que vous ne soyez un membre de mon Clan. Ils s’inquiètent pour ma vie, Drahall. L’éreintement des ressources en calcium à force d’une trop importante utilisation de la régénération de mon ossature est une maladie commune chez nous. Mais mon envie d’apprendre à le maitriser m’enivre, elle est trop… désirable. Je ne vis que pour elle, je veux la posséder, qu’elle soit mienne.


Du plus profond de mon âme, je désirais comprendre et apprendre à vivre avec ma maladie héréditaire et tout ce qui vient avec. Mon tour de poser une question vint, naturellement.


Qu’êtes-vous réellement venu faire ici, au cœur d’une forêt qui vous est inconnue, D’Astrae ?


Mes pupilles soutenaient son regard. Une réponse suivrait-elle mon interrogation précédente ?

[…] Ne jamais parier que lorsqu'on est sur de gagner. Voilà la philosophie qu'appliquaient nombre de ceux que j'avais pu croiser au cours de mes voyages. Philosophie que je préférais ignorer. Un pari gagné d'avance n'en était plus un. Quand à celui que je venais de faire... Il semblait que je l'avais remporté. Je l'avais dans un premier temps vue se replier. Je pensais avoir touché un point un peu trop sensible. Mais non. Je la regardais alors relever la tête, affichant un magnifique sourire, tandis que ses yeux changeaient. Ce n'était plus ni la peur, ni la méfiance qui s'y reflétaient. Il s'agissait plutôt de calme. D'un calme serein, que je prenais plaisir à contempler. Mais je n’eus guère l'occasion de laisser mes pensées se perdre, alors qu'elle m'expliquait la raison de sa présence ici.

Je réfléchissais un instant. Le Shikotsuma. Non. Le Shikotsumyaku. Ce nom te dit vaguement quelque chose en vérité. J'avais sûrement dû en entendre parler, ou le lire quelque part... Mais où ? Ou bien par qui ? Je réfléchissais quelques secondes, fronçant les sourcils alors que je me creusais la cervelle pour retrouver d'où pouvait venir un quelconque souvenir de ce terme... Mais rien ne me venait à l'esprit. Je ne savais vraiment pas. J'avais l'impression de savoir de quoi il s'agissait, mais il semblait qu'en réalité, ce n'était pas le cas.

Je m’apprêtais à lui répondre que non, je n'en savais rien. Mais je fus pris de court par son initiative. Elle me proposait un marché. Une sorte d'échange équivalent. Une question contre une question, puis une réponse en échange d'une réponse... Cela me paraissait juste, et j'acceptais d'un léger signe de tête. Elle commença alors à t'exposer la raison de sa présence. Elle voulait dompter son pouvoir. L'asservir, pour pouvoir parfaitement le manipuler... Mais ce n'était pas une capacité sans risques d'après ses dires. Je l'écoutais, intéressé par ce fait nouveau. Si je ne l'avais rencontrée, peut être ne l'aurais-je jamais appris... J'arquais toutefois un sourcil en l'entendant finir, avant qu'elle ne pose à son tour une question. Question à laquelle j'allais certes répondre. Mais il ne s'agissait pas de ce qui me préoccupait le plus...

« Ainsi, il s'agirait d'un don, mais également d'une maladie... Je vois... Et je peux comprendre cette envie de maîtriser une telle chose... Mais et une fois ceci fait, qu'en ferez-vous ? Avez-vous déjà un projet ? Où n'est-ce que le désir qui vous pousse à chercher à obtenir un cadeau à ce point empoisonné ? »

Oublié le Shikotsumyaku. Autre chose me préoccupait désormais. Elle parlait de vouloir dompter un tel pouvoir... Mais au vu de ce qu'elle me disait à propos de ce pouvoir... Cela n'équivalait-il pas à une mise à mort ? N'était-ce pas l'équivalent d'un suicide programmé ? Si elle n'en avait pas conscience, devais-je lui en parler ? Je ne savais guère quoi faire. Je me contentais alors de répondre à la question visiblement anodine qu'elle m'avait posé. Après tout, je n'avais pas grand chose à perdre. De toutes façons, elle n'irait pas parler de notre rencontre autour d'elle... Et si je voulais conserver sa confiance, je devais faire quelques efforts, ce qui impliquait une réponse franche. Peut être pas le reflet exact de la réalité, mais quelque chose d'approchant...

« Pour te répondre franchement... Le monde est grand. Il y a des milliers de choses à voir. Des milliards de choses encore inconnues. J'aurais pu dire qu'un homme n'a donc pas besoin de raisons pour voyager... Toutefois, je suis un... Archiviste. Ou plutôt un historien... Et je cherchais l'inspiration, me demandant si j'allais pouvoir visiter Kiri lui même... Pour compléter mon savoir, pour étancher ma soif de connaissances en somme... »

Je souriais tranquillement, avant de finalement soupirer. Un éclair de fatigue passa dans mes yeux. De fatigue, et de tristesse, alors je la regardais. Si frêle, si gracieuse, mais si fragile. Je continuais alors, une pointe d'incompréhension dans la voix.

« Dites moi... Si vous obteniez ce don, si vous arriviez à manipuler le pouvoir de ton clan... Que feriez-vous si tu tombais malade ? Vos proches ont pourtant fais attention à vous... Et je pense qu'il ne doivent pas être les seuls à s'inquiéter pour votre vie... »

Je laissais cette dernière phrase en suspens, alors que je l'observais, me disant que, dans un sens, elle me rappelait ma jeunesse, tout en étant totalement différente... Et je trouvais cela intéressant. Je trouvais cela intriguant. Et, alors que j'aurais pu lui fausser compagnie sans un mot, j'étais encore présent. Je me trouvais là, et bien là...

Un archiviste… Un collectionneur de données, en d’autres termes. Les secrets si bien conservés de Kirigakure no satô semblaient l’intéresser en de nombreux points et cela avait tôt fait de me laisser hésitante, réticente face à cette réponse particulière. S’il est si difficile de pénétrer au sein du pays de l’eau sans passeport, ce n’est pas par hasard. La méfiance des hauts gradés du village caché de la brume est nécessaire afin de conserver une protection accrue pour nos archives, mais également pour la sécurité de nos familles respectives. Plusieurs pourraient voir le filtrage des voyageurs d’un mauvais œil, comme si Mizu no Kuni avait quelque chose de gros à cacher, néanmoins il n’en est rien. Aucune mauvaise intention ne se cache derrière ces actions.

Malgré tout, je ne pouvais m’empêcher d’être d’accord avec mon protagoniste, sa soif de connaissance s’avérait être palpable et compréhensive. N’est-ce pas ce que chacun recherche au fond, des réponses à nos interrogations diverses ? Du moins, c’était mon cas. Le monde baigne dans un océan d’informations multiples. Celui qui les possède toutes serait indestructible, invincible… Hélas cette possibilité n’existe point, en dépit des désirs et souhaits d’un nombre inestimable d’individus. Peut-être que Drahall en faisait partie ?


Les connaissances et les rudiments de la vie sont tellement désirables… J’ose avouer que la raison de votre venue me donne envie de vous offrir ce que vous désirez, tant je comprends votre envie. Hélas, nous savons tous les deux que cela est impossible…


Un regard navré jeté à son intention, mon sourire s’estompa doucement, laissant place à un air austère, plus sérieux.


Je crois que vous ne saisissez pas tout à fait l’ampleur que le contrôle du Shikomyaku implique. Ce n’est pas seulement être en mesure de l’utiliser, cela va bien au-delà. Je veux défier la maladie, qu’elle soit mienne, qu’elle devienne à ma merci… Développer une manière d’inverser son effet dévastateur, qu’elle en devienne bénéfique. Une fois ceci atteint, je n’aurai plus à craindre pour ma santé…


Certains jugent que je suis folle, que l’aberrance qui me caractérise est inquiétante, voire dangereuse. La médecine a prouvé plusieurs fois de par ses échecs qu’elle ne pouvait absolument rien pour contrer cette maladie dégénérative. C’est à moi que revient la tâche de trouver une solution toute autre de la sceller une bonne fois pour toute, d’inverser les rôles et de l’enfermer en cage.


Évidemment, cela vous semblera irréaliste, vous ne verrez aucune manière de le rendre possible. Un jour, je vous prouverez que vous avez eu tort de ne pas croire en moi. Mes prunelles se dirigèrent vers le ciel, masqué par l’épaisse brume. En quoi toutes ces données vous serviront-elles, sir D’Astrae ? Partagerez-vous votre savoir à une personne de confiance, ou emporterez-vous toutes ces connaissances dans votre tombe ? Vous sont-elles si utiles qu’elles valent la peine de risquer sa vie pour elles ?


Un silence de plomb s’installa dans l’atmosphère.

Je m'arrêtais un instant sur sa remarque. Les connaissances et les rudiments de la vie... Dans un sens, elle avait raison. Certes, ils étaient désirables. Mais pour moi, il ne s'agissait que des connaissances. Les rudiments de la vie... Je les avais depuis longtemps laissés au reste du monde. Je ne considérais plus en avoir besoin. Après tout, j'avais outrepassé la condition humaine il y a bien longtemps de cela. Je m'amusais donc de cette remarque, malgré le fait qu'elle m'ait annoncé ne rien pouvoir faire pour m'aider. J'affichais alors une expression légèrement déçue. Le genre de déception contrite, forcée, mais en gardant malgré tout une forme de dignité. Mais au fond, cela n'était guère important. Un jour viendrai où il me serait possible d'y accéder. Pas forcément dans un avenir proche. Mais j'avais, et j'ai encore tout le temps devant moi pour cela. Ce qui n'était pas son cas. Elle avait un rêve impressionnant. Mais probablement irréalisable.

J'avais entendu parler de cette maladie, et du fait que les Kaguya finissaient tous par mourir relativement jeunes. Ce qui était assez triste, il faut bien l'admettre. Toutefois, avais-je vraiment le temps pour m’apitoyer sur leur sort ? Je ne l'avais jamais fait pour personne, pourquoi aurai-je commencé ce jour là ? La seule raison pour laquelle j'aurais pu éprouver un peu de pitié était... Elle. Avec son regard, qui semblait tellement chargé de volonté, alors que ses aspirations n'aboutiraient probablement jamais. Elle qui n'avait pas encore souillé ses mains avec le sang d'innocents. Elle qui ne s'était pas encore plongée dans la cruauté et la vicissitude. Mais je fus coupé dans ma réflexion par sa question. Je ne mis guère longtemps à répondre, assez simplement.

« Pas besoin de m'appeler Sir voyons... Quant à mes intentions... Je ne compte pas me mêler des affaires du monde. Toutefois, l'ignorance est un fléau. Combien d'individus vivent en ignorant tout de la vérité ? Combien ont décidé d'oublier certains faits, qu'ils jugeaient comme... Dérangeants, voire salissants ? Et à cause de cela, combien naissent et sont élevés dans le mensonge ? »

Je fis une légère pause. Je la regardais, me demandant si elle comprenait ce que je voulais dire. Me demandant comment ont avait pu l'élever. Ce dont on avait pu lui bourrer le crâne. Je fermais alors les yeux, pour reprendre la parole.

« Ce n'est pas vraiment pour moi que je veux amasser des connaissances. Mais je ne veux pas que mes descendants naissent et grandissent dans un semi-mensonge, bercés par ce que veut leur faire croire la société. »

Je la fixais alors. Non, décidément, je n'aurais su dire ce qui m'arrivais. Mais je n'arrivais pas à la mépriser. D'autres seraient passés pour des gamins arrogants et ignorants à mes yeux. Mais il émanait d'elle quelque chose de spécial. J'avais l'impression d'observer un souvenir mêlé à... Une sorte de renouveau. Pourquoi. Là était la question. Question que j'avais mise de côté, continuant à l'observer. Je finissais alors par lui adresser quelques mots. Mais il ne s'agissait pas d'une autre interrogation, non.

« Quant à ton rêve... Je pense qu'il s'agit en quelque sorte de la même chose. A mon sens, cela n'a rien d'irréalisable. »

Je m'approchais alors, prenant ses mains entre les miennes, pour finalement les joindre l'une à l'autre, continuant à parler en même temps, ma voix se faisant plus douce, dans une tentative pour l'amadouer de nouveau.

« Rin. Ce n'est pas parce qu'on t'a dit que c'était impossible que cela doit l'être. Ce n'est pas parce que personne n'a encore trouvé de réponses que tu n'en trouveras pas. Ce n'est pas parce que la médecine a échoué que cela sera ton cas. Tu es jeune, et tu es dotée d'une forte volonté. Alors... Vois-tu, entre ces mains, je place un peu d'espérance. Vois cela comme une marque de confiance. Tu peux le faire. »

Je terminais mon discours en lâchant ses mains. Discours qui me semblait horriblement niais. A tel point que je me demandais comment j'avais pu tenir de telles paroles. Mais tel était mon rôle. Dans mon rôle de voyageur solitaire et confiant, je ne pouvais me confondre avec ce que j'étais vraiment. Alors il fallait bien faire illusion. Mais je n'arrivais pas à m'y faire. Ce discours ne pouvait venir de moi, pourtant je venais bel et bien de le tenir. Pourquoi. Voilà la question que j'aurais aimé poser à ce moment...