Journée ordinaire ... Depuis combien de temps dures-tu ?

J'étais assise devant la fenêtre donnant sur le petit jardin que nous avions derrière la maison. Un petit jardin dans lequel je cultivais des légumes. Oui chose banale, mais cela occupait un peu mes journées.
Je tripotais maladroitement entre mes doigts les longs filaments qui composaient mes cheveux tout en regardant le ciel bleuté du village des nuages. Pour une fois qu'il n'y n'en avait pas ... Des nuages ...

Le temps se faisait long, mais j'arrivais à rester inactive, assise dans un large fauteuil d'osier. J'observais la petite nature se répandre dans le petit carré d'herbe que j'avais réussi à obtenir et que je m'essayais à entretenir chaque jour avec attention. Pas un brin d'herbe ne dépassais sur les petites dalles de pierres. Pas un puceron n'approchait de mes beaux rosiers en fleurs. De même que mes légumes poussaient joyeusement au fond du jardin.
Voila qui aurait dû me réjouir, pourtant, je me contenter d'observer, passivement, alors qu'à côté de moi la lourde comtoise marquait les heures, les minutes, les secondes du balancement régulier de son balancier.

Je finis par fermer les yeux et m'endormir. Dans mon sommeil, nul rêve, nul pensé, juste du repos. Pourquoi étais-je autant fatiguée alors que je passais mes journées à ne rien faire. Juste à me reposer et attendre que ce foutu congé dû au décès de mon mari, soit fini.
Je croisais et décroisais les jambes sans m'en rendre compte dans mon sommeil et ma tête retomba lourdement sur l'un des rebords du fauteuil d'osier ce qui me réveilla.
Doucement, j'ouvris les yeux, observant les alentours et voyant qu'il faisait à présent nuit.

L'horloge montrait qu'il était sept heures du soir. Je devais préparer le repas.

D'un geste lent, je me redressais et ranger mon siège dans un coin de la pièce avant de me mettre aux fourneaux. Dimanche, le jour de la soupe.
Sans attendre plus longtemps, je me saisis d'une multitude de légumes ramasser un peu plus tôt dans la journée. Des carottes, des poireaux, des pommes de terre, du chou et du potiron.

Sans dire un mot, je coupais machinalement les végétaux avant de les nettoyer dans l'évier et de mettre le tout sur le feu en remuant doucement ce mélange sous un feu vigoureux pour que cela cuise rapidement.
Je passais ensuite mon mélange dans un moulin et portais finalement le tout à mes lèvres pour goutter si cela avait un bon goût quand soudain la porte d'entrée s'ouvrit et la cuillère me glissa des mains.

Kumo Gakure no Sato, depuis combien de temps est-ce que j’avais élu domicile dans cette cité immonde à des années lumières de la simplicité de ma demeure dans les montagnes de Tetsu. J’avais depuis longtemps arrêté le compte, préférant oublier tout cela, vivre malgré tout. De toute manière peut importe, quelque soit l’endroit où je déciderais de m’établir, cela serait bien meilleur qu’un domaine où vous étiez considéré comme un objet à usage multiple sans possibilité d’avenir. Ainsi depuis mon installation dans cette ville, j’avais à quelques occasion œuvrais aux côtés des shinobis dans diverses missions sans grande prétention. Ils étaient sensés être nos égaux, nos alliés, mais je ressentais à chaque moment l’écart entre nos deux cultures. Bien que moindre depuis le temps, les regards et les chuchotements étaient toujours bien présent. Je n’avais cure de tout cela. L’important était mon indépendance. Pourtant, alors que je me croyais libre depuis tout ce temps, la dure réalité vint à nouveau frapper à ma porte.

Fin de matinée, alors que je rentrais dans ma simple maisonnée constituée d’une unique pièce centrale, un groupe de trois hommes apparaissaient devant moi à quelques mètres. Mon sang aurait pu bouillir, un rictus de colère aurait pu jaillir sur mon visage, mais la discipline à laquelle j’avais été habitué me permit de garder mon calme dans la situation qui allait se passer. Bien que nos regards se soient tous croisés, j’entrais sans un mot chez moi, refermant la porte volontaire sur ceux venus me rendre visite, les obligeant par politesse à attendre mon autorisation pour entrer.

Le premier à pénétrer chez moi, mon père, homme d’un âge mur qui n’avait rien perdu de sa force, en apparence du moins. A ses côtés, l’un des ancêtres de notre clan. Pour que ce dernier se déplace, cela ne pouvait signifier qu’une seule chose, que le sujet était important. Dernier de ce petite groupe, un homme dont le nom m’échappais, mais que j’avais eu l’occasion de rencontrer une fois, lors du mariage arrangé de mon frère. Le voir ici n’était pas le meilleur des présages, je présentais déjà les ennuis qui se profilaient.

Et malheureusement mes craintes étaient justifiées. Le mariage qui devait sceller l’amitié entre nos deux clans n’était plus. Cette jeune alliance était menacée. Une décision avait donc était prise. J’étais le kagemusha de mon frère, son ombre, c’était donc à moi de prendre sa suite, de respect tout ce qui avait été mis en place en honorant le pacte signé entre les familles Okita et Makoji. Aucun choix ne m’était laissé. Ma fuite était passé outre suite à l’aide que j’apportais à notre nouvel allié, en revanche, je portais toujours le nom de nos aïeux, de ce fait, quoi que j’en pense, quoi que j’en dise, je me devais de les honorais. Un nouveau mariage serait donc célébré sous peu, ou alors ma tête roulerait sur l’estrade où jadis je m’étais fait fouetter à maintes reprises, sans possibilité de sauver mon honneur, exécuté comme un simple criminel. Soit, je tenais trop à la vie et aux différents plaisirs qu’offraient la ville pour avoir envie de me faire raccourcir. En revanche, malgré mes protestations, c’était à moi d’en informer ma … future compagne. Une femme quel horreur. Je n’arrivais pas à masquer mon dégout devant le père de cette hypothétique fiancée.

Le soir venu, il était temps de prendre les choses en main. Finalement, ce futur mariage est à prendre comme la mauvaise cuisine. Fermer les yeux, avaler la nouvelle et se forcer à ne pas vomir. A ma surprise, l’adresse de la jeune fille n’était pas si éloignée de la mienne et lorsque j’arrivais sur place, une odeur de cuisine se dégageait d’une des fenêtres. Aucune idée de ce qui était préparé, mais nul doute quand au fait que cela ouvrait l’appétit. Au moins, elle savait – à priori – faire la cuisine, comme toute femme qui se respecte. Pour ce qui est du reste, aucune idée et pour certains points aucune envie de le découvrir, l’idée même de mélanger certaines choses me répugnant. Sans plus attendre, la nuit étant tombée, j’entrais dans ce que je considérais désormais comme l’une de mes demeures. Sur le pas de la porte, la porte grande ouverte, je fis le premier pas devant une jeune femme surprise, abasourdie par la situation. Il était juste de penser que cette femme répondant au nom de Soah n’attendait nulle visite à cette heure tardive.

Mon regard se figea soudainement sur l'étranger ... Ou plutôt sur l'homme qui venait de faire irruption dans la pièce. Un étranger loin de là. C'était plutôt le retour au bercail du chef de maison. Enfin, c'est ce que je crus à cet instant-là alors que nos regards se croisèrent, se plongeant l'un dans l'autre longuement, se mêlant avec ardeur, jalousie, avidité ? Non plutôt de l'impassibilité. Je retrouvais bientôt mon masque froid et me baissais lentement pour récupérer ma cuillère en bois que je posais d'un geste sûr sur le rebord de levier avant de toiser une nouvelle fois mon arrivant :

"Seigneur Shinsen !" Dis je en m'inclinant profondément.

Je regardais une nouvelle fois l'homme, miroir parfait de mon défunt mari, Kyosuke. Que venait-il faire ici ? La dernière fois que nous étions croisés s'était aux funérailles de mon époux. Une lueur de curiosité sembla traverser mon visage. En fait non, c'était juste le reflet de votre imagination, car avec des mouvements souples, longs et calculés, je m'avançais langoureusement vers lui sans le quitter des yeux. Puis ma tête tomba doucement vers le sol, puis vers son torse par respect.

"Que me vaut l'honneur de votre présence ?"

J'étais respectueuse envers lui. Normal me direz-vous, c'était mon beau-frère, je me devais de lui apporter autant de respect qu'aux autres hommes de ma famille malgré sa fonction de Kagemusha qui n'avait désormais plus lieu d'être. J'attendais donc qu'il dise quelques choses. Qu'il m'informe de la raison de sa présence ici puis observant la Comtoise de la cuisine, je m'aperçus que l'heure était déjà bien avancée. Aussi sans attendre d'explication de sa part, je dressais le couvert pour deux personnes car je me doutais bien qu'il allait rester pour manger. Autant anticiper cela, car je ne savais pas en fin de compte s'il était comme mon mari niveau caractère. Aussi intransigeant ?

La situation était assez étrange et l'ambiance devenait de plus en plus pesante alors que je m'affairais dans la cuisine rassemblant tout ce dont nous aurions besoin pour déjeuner en toute tranquillité. Malgré tout, j'étais embêté de le trouver ici. Moi qui pensais en avoir fini avec la famille de mon conjoint et pouvoir enfin vivre ma vie tranquillement, mais la présence de cet homme ne m'inspirait rien de bon. Non vraiment, rien.

Tranquillement, je le servis et m'installais à mon tour à la table afin de pouvoir déjeuner à mon tour.

Depuis combien de temps nous regardions nous droit dans les yeux sans mots dire, comme deux inconnus qui se découvraient l'un l'autre dans la plus grande surprise pour la première fois. N'avais-t-elle donc rien d'autre à faire qu'à me dévisager telle une enfant apeurée. Pourquoi me suis-je embarqué là dedans. En y réfléchissant bien, la mort n'était telle pas préférable à cette future vie avec cette ... femme. Le simple fait de penser à devoir accomplir mon devoir conjugal, honorer nos ancêtres d'une descendance me provoqua un haut le cœur et un rictus de dégout.

Puis enfin, elle s'inclina largement devant moi. "Seigneur Shinsen", c'était bien cela, elle n'avait oublié ni mon rang ni son devoir. C'était une chose étonnante pour une femme qui avait vécu autant de temps sans époux pour guider sa vie au quotidien et s'assurer qu'elle remplisse pleinement ses devoirs de femme au foyer.

Avec un léger regard méprisant, je lui tendais sans mots, mon ombrelle et quelques affaires en ma possession, espérant qu'elle n'ait pas oubliée comment accueillir un invité de marque. La honte me retomberait dessus si tout n'était pas parfait à partir d'aujourd'hui. Je ne comprends pas d'ailleurs comme cette femme avait pu être laissée seule, livrée à elle même aussi longtemps. Cette famille, les Makoji faisaient preuve là d'un certain manque de discipline envers les membres de leur famille. Pourquoi moi ? Pourquoi était-ce à moi de reprendre une vie qui avait déjà été gouté par d'autres. D'ailleurs une question me revenait sans cesse, comme parvenait-elle à survivre ici dans cette solitude. Si sa famille continuait à l'entretenir ainsi, alors mon pressentiment sur la faiblesse de notre alliance n'était que purement justifiée. En revanche, si cette Soah, en venait à tapiner pour vivre, alors elle ne méritait que mon plus vif écœurement, ne méritant pas une once de respect. Je verrais bien de quoi il en retourne de toute manière. Mais pour l'heure les question attendraient. Sans un mot, alors qu'elle s'enquit du motif de ma visite, elle retourna en cuisine, ne prenant pas la peine d'attendre ma réponse. Mon frère ne lui avait donc rien apprit ? Sa mort était finalement une bonne chose si il n'était même pas parvenu à se faire respecter de son épouse, lui imposer ses désirs. Cela en était trop pour moi.

- Dame Soah, je ne vous ai pas autorisée à retourner à vos occupations. Je passerai outre pour cette fois uniquement compte tenu de ma brusque visite.

Sans plus attendre, je retirais le sabre à ma ceinture et le couchait près de moi pendant que je m'installais sur le tatami, attendant que le diner soit servit. Compte tenu de l'odeur qui se dégageait depuis que j'étais entré dans la demeure j'étais presque rassuré quant à ses talents de cuisinière. Au moins elle avait un talent, c'était déjà ça. La soupe était servie, une simple soupe de légume à base de miso donc le goût fin était un délice pour les papilles. Mon bol terminé, je le repoussais devant moi, attendant la suite ... qui ne semblait pas venir. C'était de cette manière qu'elle accueillait un visiteur, en l'offensant de la sorte ? Une simple soupe ? Une insulte !

- Dame Soah, pendant que vous préparez la suite de ce diner, je vais répondre à vos interrogations sur le motif de ma visite.

D'un geste vif, je sortais une lettre calligraphiée de ma manche, signée de la main de nos pères respectifs que je posais devant moi.

- Kyosuke, mon stupide frère est mort comme un lâche, dans la boue, déshonorant notre clan et laissant une alliance fragile.  Pour nos ancêtres, il n'était pas envisageable de laisser péricliter cette situation. C'est pourquoi je suis là. Un nouveau mariage va être célébré afin de renforcer les liens qui unissent nos deux familles. Cette maison et ses occupants son donc miens à partir d'aujourd'hui.

Sans plus de palabre, je glissais la note en direction de celle qui allait devenir ma femme, quel qu'en soit son avis et malgré mes réticences et mon dégout.

Il me fit une remarque concernant ma reprise d'activité, mais je n'en tenais presque pas compte, car pour l'instant, je n'étais pas encore au courant de l'objet de sa venue et entendons-nous bien, j'étais avant toutes choses dans ma maison. Je restais donc de marbre, tout en continuant à servir la soupe et à rassembler mes mains dans une courte prière avant de gouter cette dernière. Parfaite, comme d'habitude. Mon beau-frère sembla s'en satisfaire également.

Je dégustais cette dernière avec lenteur, appréciant les saveurs qui se répandaient doucement sur mes papilles. Mais je n'avais même pas fini mon assiette, que déjà, il s'enquérait de savoir qu'elle serait la suite du repas. J'étais habituée à manger très peu depuis que je vivais seule, mais lui son appétit semblait plus important. Comme son frère autrefois. Qu'importe, j'avais toujours de la viande.

Je me levais donc sans ménagement et m'en retournais au fourneau alors qu'il continuait à parler alors que je m'affairais avec la viande, frappant un morceau de steak avec un petit marteau pour attendrir la chair, je finissais par jeter le morceau sur une grille chaude afin de le faire cuir rapidement.

j'avais déjà mis au four des pommes de terre que je m'empressais de sortir de ce dernier avant de les déposer sur la table et d'apporter le morceau de viande à Shinsen dans une nouvelle assiette après l'avoir débarrassé de tout cela. Je pouvais à présent écouter ce qu'il avait à me dire et qu'elle surprise, ce fut pour moi.

Les prends m'en tombèrent presque lorsqu'il m'annonça la raison de sa venue ici.

J'aurais dû me douter que cette situation était trop complaisante pour durer longtemps, c'était en tout logique qu'on m'imposait un nouveau mariage.

Sans faire la moindre remarquer, je pris la lettre qu'il me tendait et la lu dans ma tête tout en gardant un visage de marbre alors que je reconnaissais l'écriture fine et soignée de mon paternel qui me demandait expressément de me soumettre sans attendre à mon nouveau fiancé.

Ainsi donc les mailles de mon filet s'étaient desserré très peu de temps avant que le pécheur ne revienne pour les tendres à nouveau. J'étais une nouvelle fois liée à la famille Okita par un nouveau mariage en devenir.

Mes yeux se portèrent sur la copie conforme de Kyosuke, mon défunt époux. Son frère lui ressemblait en tout point, mais je n'avais pas vraiment mon mot à dire sur nos futures fiançailles. L'affaire semblait de toute façon déjà entendue. Aussi, sans dire un mot, je fis glisser dans le sens contraire la lettre qu'il m'avait donné en baissant le regard et en attendant qu'il est fini de manger. Je vis que son verre était vide, aussi, je m'empressais de le remplir d'une nouvelle coupe d'eau fraiche avant d'aller chercher des fruits pour le dessert.

Quel allait être la suite à présent ? Je prendrais sans doute la chambre d'ami pour cette nuit tendit qu'il occuperait la chambre principale de la maison. Il allait falloir que j'aille changer les draps.

J'étais rassuré sur un point, au moins un en tout cas. Mon frère avait appris à sa femme à obéir comme il se doit. C'est donc sans mots qu'elle s'attela au reste des tâches qu'il lui incombait. Entre autre chose et avant tout, préparer un repas digne de ce nom et pas seulement un encas destiné au fillettes et aux vieilles femmes édentées. Alors que le reste du repas était en préparation, dégageant un fumet bien moins appétissant que celui humé en entrant, Soah prit connaissance avec surprise et abattement de la raison de ma visite.

Il était temps pour elle de reprendre une vie normale, soumise. Terminé l'oisiveté et le confort d'une vie qu'elle était libre de mener à sa guise. Une femme a besoin d'être cadrée et malgré le dégout que je portais à son être, à son parfum et à ses formes, j'accomplirais les desseins de nos deux familles, bien plus soucieux de garder ma tête sur mes épaules que par réelle conviction.

La suite du repas arrivait. Qu'est-ce que c'était que ce "truc" qu'elle me servait ? Où était le rafinement des plats si délicats de Tetsuo. Etait-elle devenue si grossière pour servir un plat que je n'offrirais même pas à mon ennemi. Etait-ce donc là la gastronomie de Kumo qu'elle avait adopté ? Je vivais moi aussi dans le village caché mais j'avais un minimum d'honneur et d'amour propre, je ne m'étais pas rabaissé à adopter la culture d'un pays qui nous était inférieur.

- Dame Soah, auriez-vous oublié les valeurs des samourais pour oser cuisiner cela ? Je mets cette erreur sur le dos de ma visite impromptue. Que cela ne se reproduise point. D'autant plus que votre viande est bien trop cuite à mon goût. Et je ne parle même pas de ces pommes de terre, de la nourriture pour les cochons. Votre thé vous sauve la vie ce soir, c'est bien la seule chose que vous ayez réussi dans ce repas.

Sans plus attendre je me levais, reprenant en main mon sabre. Faire le tour de ma nouvelle demeure était important. D'autant plus qu'elle était bien plus grande que celle où j'avais élu domicile moi même. Nouvelle preuve que sa famille la complaisait dans un luxe qu'elle ne méritait pas.

- Conduisez moi à votre chambre. Pour cette nuit vous changerez les draps et vous dormirez dans la chambre d'amis. J'aviserai de la situation future demain. Pour l'heure je n'ai qu'une envie, oublier cette pénible journée et effacer de ma vue votre présence.

Toujours dans un silence digne de catacombes, je m'exécutais en silence, écoutant les brimades de mon futur époux sans sourcilier, mais avec une attention toute particulière. Je prenais note de ce qu'il me disait, mais je continuer à garder le silence en baissant la tête de façon docile pour montrer toute la soumission dont je pouvais faire preuve à son égard.

L'homme se leva alors après m'avoir sévèrement réprimandé sur le plat que je lui avais servi. Demain, il me faudrait montrer a tout prix que je pouvais faire mieux. Puis, il me demanda de le conduire dans la chambre.

Sans un mot, je lui passais donc devant et lui indiquais un bel escalier en bois que j'empruntais la première afin de le guider vers la chambre à coucher.

Le silence était d'or, aussi, je glissais presque le long du corridor et ouvrer une chambre dont j'allumais la lumière pour la présenter à mon fiancé. Je me retirais légèrement pour lui laisser le soin d'examiner les lieux.

C'était une belle pièce, il n'y avait pas à dire. Spacieuse et sobrement décorée, elle offrait néanmoins un confort plus que relatif. Mais l'heure n'était pas seulement à la contemplation, je devais faire preuve de tact et avisant la salle de bains en face de la chambre, je demandais doucement :


"Souhaitez-vous, vous rafraichir avant de vous coucher ?"



Sans attendre sa réponse, je me précipitais dans la salle de bains pour y sortir un nécessaire à toilette avant de rentrer dans ma chambre pour y changer rapidement les draps, insensibles à tout ce qui se passait autour de moi. Je prenais un soin tout particulier à m'exécuter en silence et avec une minutie extrême, histoire qu'on ai aucun reproche à me faire. Puis, d'un pas tout à fait calme, je quittais la chambre après m'être profondément inclinais pour gagner la chambre d'ami.

Demain, il me faudrait me lever tôt pour aller remplir le frigo et préparer un petit-déjeuner de rois, et passer le reste de ma journée proche de la cuisinière.

Je n'oubliais pas l'enseignement que l'on m'avait reçu et je tenais a tout pris à éviter que les choses de passe mal.

Cette nuit là pour la première fois depuis longtemps. Je ne dormis pas nue, mais envelopper dans une légère chemise de nuit en coton. Le contact du tissu me dérangea fortement, mais je restais malgré tout impassible. Je finis par m'endormir. La journée de demain promettais d'être épuisante...

Me trompais-je sur ma future femme ? Etait-elle si incompétente que je le pensais à avoir passé autant de temps seul, sans personne pour lui enseigner la bienséance et lui rappeler les règles de vie de notre famille. Je ne saurais dire pour l'heure. Quoi qu'il en soit, mis à part quelques petits désagréments qu'il était aisé de mettre sur le dos de l'incongruité de ma visite et de mes demandes particulière, Soah restait une hôte en somme toute acceptable, essayant de remédier au mieux au déboire d'un diner qui commençait pourtant fort mal, mais qui se terminait bien mieux même si l'on était encore loin de ce qu'une femme digne de ce nom se devait d'offrir à son mari, qu'elle l'apprécie ou non, qu'elle l'aime ou non, fusse-t-elle le haïr. Des règles existaient depuis des siècle au sein de nos familles et elle ne saurait remettre en question autant de préceptes pour sauvegarder son indépendance.

Je ne comprenais moi aussi que trop bien ce sentiment de liberté que cette vie esseulée offrait ayant vécu trois ans dans ma propre demeure, sans réelles contrainte, agissant comme je l'entendais, mais je ne saurais perdre ma tête suite aux problèmes qu'elle serait susceptible d'engendrer. Elle perdrait la sienne avant si il le fallait. Mais pour l'heure, on était loin de cet extrême décision. Le temps nous dirait ce qu'il adviendrait de nous et ce soir je n'avais qu'une seule envie, me coucher et dormir, me remettre de cette journée aux conséquences si particulière.

Me retrouver marié, enfin pas tout à fait mais bientôt, voilà qui allait changer mon rythme de vie, mes petites habitudes et mes fréquentations. Devoir accomplir mon devoir conjugal avec cette femme était une torture et pour l'heure hors de question de faire quoi que ce soit. D'ailleurs elle l'avait bien compris en préparant la chambre, changeant les draps de manière délicate et légère, donnant à la soie pliée une certaine grâce.

- J'apprécie votre proposition. En effet, je vais non pas me rafraichir mais prendre un bon bain chaud. Cette fois c'est moi qui suis en tord arrivant dans une condition négligée suite à l'entretien entre nos deux familles. Quoi qu'il en soit, préparez un baquet d'eau chaude, vous me laverez le dos.

Sans un mot de plus, j'entrais dans cette salle de bain, me dévêtissent avec de me couvrir d'une serviette à proximité, rejoignant le tonneau servant de baignoire, m'y installant avant que l'eau n'y soit déversée, mon sabre à proximité, en équilibre sur les montants de bois. Doucement je fermais les yeux, espérant avoir un moment pour me relaxer.

Me revoilà donc redevenue au simple rang d'esclaves d'un homme. Après avoir profité quelque temps d'une liberté toute relative, les préceptes de notre code d'honneur étant bien trop ancrés en moi pour que je les oublies, je m'exécutais à présent pour servir mon futur époux.

Sans dire un mot et pendant qu'il se préparait à gagner la salle de bains, j'allais dans cette dernière, faisant couler de l'eau chaude dans la grande baignoire en bois et y ajoutant divers sels de bain pour rendre la chose plus agréable. Mon défunt époux appréciait le luxe relatif dans lequel nous étions installés. Je ne savais pas vraiment ce qu'il en serait de son fraternel, mais j'espérais que mes attentions ne me vaudraient pas de nouvelles reproches. Aussi, je cherchais dans l'un des placards un kimono en coton blanc que je disposais sur le chauffage afin qu'il soit agréable lorsqu'il souhaiterait s'en revêtir.

Puis, me tenant immobile dans un coin de la pièce, j'attendais qu'il pénètre dans cette dernière afin de prendre son bain. Je ne le regardais pas lorsqu'il fit un pas en avant. Non pas que sa nudité me dérange, j'avais déjà eu le loisir de contempler un homme nu avant lui, mais je ne tenais pas à lui porter un préjudice en portant sur sa personne un regard qu'il aurait pu sentir trop avide, bien que ça ne soit pas le cas, avant notre nuit de noces.

J'attendis qu'il me le demande, puis je lui frottais le dos avec application, une application toute particulière, écartant ses longs cheveux pour qu'il ne se prenne pas dans le gant que j'avais dans la main.

Puis ma tâche accomplit, j'attendis jusqu'à ce qu'il daigne sortir de l'eau pour lui présenter une serviette ainsi que le kimono de coton blanc dans lequel il pourrait se draper.

Je m'attelais à présent à quelques tâches ménagères, remettant la salle de bains en état avant d'attendre l'ordre de pouvoir regagner ma chambre. Pour cela, je me dirigeais d'un geste lent et calculé vers la chambre de mon futur compagnon ou je toquais trois fois à la porte avant d'entrer pour me tenir droite devant lui, mais le regard baissé :


"Avez-vous d'autres exigences monseigneur ? Ou puis je me retirer ?"


Il était temps pour moi de prendre congé s'il m'en donnait l'autorisation.