Une petite promenade comme une autre.

D’habitude, je ne sortais pas de chez moi, surtout pour simplement marcher. Je pouvais encore remercier la personnalité dynamique de ma meilleure amie, En’. Cette fille ne savait pas à quel point c’était un bonheur sans fin de rester immobile, allongée sur son lit, sans rien faire, sans bouger. Dès que le soleil pointe son nez à l’horizon, cette hyperactive ouvrait les yeux. Pourquoi fallait-il que je dépende d’elle ? J’aurai pu passer de longues nuits à dormir, me lever en milieu de matinée, glander tranquillement dans ma chambre et ensuite penser à manger. Bon, certes, depuis que je vis dans cette nouvelle maison que représentait le Dojo du Lutin Noble, je me levais aux aurores, faisais mes exercices matinaux et mangeais ensuite mon petit déjeuner avec les autres. Un mode de vie plutôt contraignant, mais qui me laissait en pleine forme après tout. Ce rythme effréné me paraissait efficace, étant donné que j’avais l’impression d’avoir gagné en puissance. Une très bonne décision d’insister pour que ce seigneur légendaire m’accepte comme élève, une aubaine grandiose que je ne le lâcherai pas de sitôt.

Bref, je me trouvais, en pleine ville, en train de marcher dans les pas de En’. Elle aimait regarder les articles diverses montré sur les stands, le bruit du si peu de foule qu’il y avait à cette heure ainsi que l’air frais du matin. Tout ça, je m’en tamponnais un peu , je retenais simplement le fait qu’on était un dimanche, et que ce garçon manqué m’avait sorti du lit. Désormais, je me trimballais un katana normal à la ceinture, ce n’était pas comme si j’en avais besoin à l’intérieur du village. Un gigantesque bâillement vint troubler le silence de mon esprit, une bouffée d’air sans comparaison qui s’échappait de ma bouche.

-"…ou celui-là ?"
-"Hu ?"
-"Je savais que tu ne m’écoutais pas… Je te demandais quel fruit tu préférais, celui-ci ou celui-là ?"
-"Hm…Choisis-en un, je prendrai l’autre."

Avec une moue à demi-satisfaite, la jeune femme me tendit une pomme, tandis qu’elle prit un lot de fraises. C’était un choix assez étrange, surtout venant d’elle, j’imaginais qu’elle prendrait la pomme, pour le côté un peu plus masculin de la chose. Ce qui me lança dans l’idée de sortir la phrase qui allait engendrer la tragédie suivant cet évènement.

-"Tu es la plus mignonne des filles que je connaisse, En’."

Légèrement embarrassée par mes propos, elle ne regarda plus vraiment devant elle et finit par se cogner contre quelqu’un. Etant forte et stable de nature, elle ne tomba pas, mais se frotta le crâne. Cette rencontre anodine était loin d’être une bonne chose, du moins, pour moi en tout cas. Cet être musclé et bizarre allait bientôt causer chez moi l’une de mes plus violentes colères.

C’était pourtant une bonne journée. Pour une fois, personne n’était venu dans mon appartement à l’improviste pour me faire le ménage ou tout me foutre en branle. Pas de nana qui débarque dans ma chambre sans frapper. Pas de café dégueulasse. Pas de menace de mort. Pas de mission foireuse. En gros, une journée glandouille comme je les aime !

Pour ce matin, je me levais donc à l’heure que je voulais. Je me fis le petit déjeuné que je voulais. Je sais que ça peut paraître dérisoire, mais je vous assure que cela fait du bien de temps en temps un peu de solitude. Ces journées où l’on ne vit que pour soit vous voyez. Donc, je me faisais un devoir à ce que cette journée pour une fois se déroule sans encombre ! Après m’être habillé je décidais d’aller flâner un peu dans le centre ville.  C’était parfait. Un beau soleil, les gens agréable. Pas de foule qui nous étouffe. Les odeurs de la bonne bouffe. Bref tout était niquel. Je m’arrêtais alors à un glacier. Il faisait chaud, j’avais donc envie d’une glace. Normal quoi ? Donc, tendis que je choisissais et faisait la queue, car pour le coup il y en avait du monde. Je me fis bousculer par un mec. Je le toisais directement de haut.

Non que le fait d’avoir été bousculer m’avait énerver mais que cette imbécile ne s’était pas excusé. Et là, à y regarder de plus près je découvris que c’était une femme. Une femme ça ? C’était quoi cette mode d’avoir les cheveux court quoi. Non mais sans déconner les filles, les cheveux long y’a pas mieux c’est ça la vrai féminité. Bref. J’allais pas y passer deux jours. Je lui fis remarquer son impolitesse avec une touche de moquerie et je me retournais vers le glacier.

-Hey mocheté, tu peux pas t’excuser là ? Ca t’arracherais la gueule ? Fais attention à toi. La prochaine fois tu pourrais tomber sur quelqu'un de moins cool que moi.

Je me retournais donc. Et derrière j’entendais déjà marmonner. Je m’en foutais un peu à vrai dire, car sur le moment je n’avais pas remarqué que la jeune fille était accompagné d’une autre. Cela changeait quoi en même temps ? Deux filles valent pas mieux qu’une seule. Bref, Moi pour ma part je m’en retournais au choix de ma glace. J'allais pencher sur la fraise. Les fruits rouge c'est ce que je préfère. Mais la queue n'en finissait pas. Alors je me laissais vagabonder. Mon esprit j'entendais. Je cherchais le moyen de conclure avec vous savez qui. Puis je me disais que je pourrais peut-être acheter un livre sur le sujet. Vous savez genre la philosophie pour les nuls. Sauf que ce serait plutôt dans ce cas présent la drague pour les nuls. Ca marcherait surement. En espérant que les types qui écrivent cela ne soient pas des charlatant. Dans ce cas je serais bien capable d'aller voir l'éditeur pour lui mettre baffe. Bref. Les glaces donc, justement la queue était finit et j'allais pouvoir commander !

Ah ! AH ?! Avais-je bien entendu ce que j’avais entendu ? Un homme habillé en intermittent du spectacle se moquait de l’aspect garçon manqué de ma meilleure amie ? Une veine venait d’apparaitre sur mon front. Je fronçais anormalement mes sourcils, serrant les poings aussi forts que possible. Si on pouvait voir mon flux de chakra, on le verrait bouillir dans chacune de mes cellules. Alors que En’ exécuta un petit sourire en se frottant derrière la tête, elle lança cette phrase qui me mit hors de moi.

-"Haha, désolée, je ne regardais pas où j’all…"
-"…Non mais dis donc toi la geisha à tête de bonsai ! Si tu crois que je vais te laisser insulter mon amie comme ça, tu te fourres le doigt dans l’œil ! Reformule ta phrase, sinon je te jure que tu vas le regretter."

En entendant le profond soupir de ma coéquipière, je ne réagis pas, restant plantée là, devant l’être sans doute humain qui attendait pour commander sa glace. J’étais furieuse, hors de moi ! Si je pouvais à ce moment même dégainer mon sabre, je le ferais volontiers. Mes yeux fixant les siens, il n’avait aucun moyen d’éviter de me répondre ni de partir comme si de rien n’était. Etait-ce un lâche qui comptait se défiler ? Ou bien allait-il prendre ses responsabilités ?  Avant que mon orgueil ne prononce des injures et autres insanités pas bonne à entendre, mon amie posa sa main sur mon épaule, la tête se balançant de gauche à droite. Elle ne voulait pas que j’aille provoquer qui que ce soit, surtout pas pour elle. Elle me fit signe de laisser tomber, comme si elle pensait que j’étais capable de l’écouter dans l’état dans  j’étais. Je ne voyais qu’un futur homme à terre, et là, ça me ferait le plus grand de tous les plaisirs. De quel droit se donnait-il la permission de juger ainsi les personnes qu'il croise ? Un goujat de cette espèce ne devrait pas exister, il devrait même se retrouver six pieds sous terre. J'exagère sans doute un peu, mais je ne regrette pas de l'avoir pensé !

-"Veuillez l’excuser… Elle n’est pas en forme aujourd’hui, ne vous en faites pas."
-"QUEDALLE ! Je veux que l’elfe qui a un arbuste sur la tête s’excuse !"

Déterminée, je ne lâcherais pas à cette histoire, et le visage de ce arbre en devenir  reposait dons mon esprit, jamais je ne pourrai l’oublier. Faisant mine de me redresser, j’entrai dans ma position de combat, étant donné qu’il ressemblait particulièrement à un shinobi. J’étais prête à en découdre s’il le fallait.