Ordre de mission:

Jour J : Ordre de mission

Le Seki venait d’être affecté la veille à une nouvelle mission. Une mission d’escorte plus précisément, fort intéressante qui allait l’amener à côtoyer pour la première fois le Damiyo du Pays des nuages. Un grand honneur qui était fait au jeune homme qui, tout excité se demandait encore qu’elles pouvaient bien être les raisons qui avaient poussé ses dirigeants à le choisir lui. Au-delà du fait qu’une bonne partie des Chuunins et Genin était affecté à d’autres tâches, il n’en voyait pas. Mais il s’estimait reconnaissant pour ce choix qui avait été opéré en son humble personne. Il s’était toujours donné corps et âme pour Kumogakure no Sato. Si le village le requerrait, il était prêt à l’impossible (sauf bien entendu tuer le seul membre direct de sa famille qui lui restait : sa mère).

Toute la nuit durant, le jeune homme roula, tournoya sur lui-même sur son lit à la recherche de la position idéale qui lui aurait permis de pouvoir enfin fermer les yeux et se reposer. À aucun moment il ne put plonger dans les bras de Morphée tel que souhaité. Son excitation était bien trop grande pour cela. Il s’était joué déjà mille fois dans sa tête la scène de présentation entre le Damiyo et lui-même. Quinze mille fois il avait refait la mission, massacré, avec classe, quelques malheureux qui avaient osé venir importuner la marche du seigneur du pays des nuages. Plus d’une fois il s’était vu remplir le rapport de mission concluant qu’il avait réussi avec le plus grand succès sa mission. Et c’est tout naturellement qu’avec une mine des mauvais jours et son énergie quelque peu à plat que le Seki se leva de son lit dès les premières lueurs de l’aube. Toujours aussi excité qu’une puce, le jeune homme alla se couler un bon bain dont il profita au maximum. Sa rencontre avec le Damiyo était prévue pour 09h00 au palais du Raikage. Il était 07h00 environ, il avait donc deux longues heures devant lui. Après son bain, le jeune homme alla prendre un bon petit déjeuner. Une fois terminé, il s’habilla le plus simplement possible : une tunique marron d’un tissu résistant que portaient usuellement les voyageurs de classe moyenne. Il espérait passer plus ou moins incognito ainsi habillé. S’il avait porté des habits de marchands, lui et le Damiyo se seraient certainement fait attaquer plus d’une fois le long du chemin qui allait de Kumo au pays du feu. Un marchand seul, ou même accompagné d’une seule personne est une proie facile. Que ce soit pour un groupe de brigands ou des ninjas errants. Le Seki ne pouvait pas non plus miser sur un habillement qui allait lui conférer le profil de pauvre pour la bonne et simple raison qu’il ne savait pas comment aller s’habiller le Damiyo. Les gens de la haute classe avaient des habitudes, des besoins qui les trahissaient quel que soit leur envie de se fondre dans le moule. Il ne restait plus que la solution intermédiaire, celle pour laquelle il avait opté. Les classes moyennes avaient cet avantage de pouvoir se promener avec les riches ou les pauvres sans que cela ne paraisse suspect. Un gros avantage que le jeune homme allait exploiter à fond.

C’est au bout d’une heure que le Seki quitta de sa maison pour prendre la direction du palais du Raikage. Arrivé sur place, il attendit à l’endroit qu’on lui avait indiqué, que le Damiyo et le Raikage terminent leur petite entrevue. Le Chuunin se trouvait dans une pièce qu’il connaissait bien pour y être venue plus d’une fois : la salle de réunion où l’on procédait au briefing des missions. Le jeune homme pour cette fois-ci avait à se faire briefer juste une dizaine de minutes. La mission qu’on lui avait attribuée était de rang C malgré le fait qu’il lui fallait escorter le Damiyo jusqu’au pays du feu et par la même occasion traverser des territoires dits « neutres » et d’autres hostiles à l’image de la bande de terre que voulait conquérir Kirigakure no Sato. La stratégie la plus simple qu’on lui avait exorté d’appliquer était celle qui consistait à voyager incognito. Ni vu ni connu. Le Damiyo et lui-même allait être seul pour près d’une semaine. Alors qu’il repensait au parcours qui allait être le leur, un des shinobis du Raïkage sorti en compagnie d’une homme d’une quarantaine d’année, le regard vigoureux et plein de vie, sans embonpoint. Une barbe bien fournie agrémentait son visage de bon viveur, lui conférant une espèce d’aura plein de bonté. Le shinobi du Raïkage le présenta comme le Seigneur du pays des nuages à Zennosuke qui s’était incliné en hommage à ce dernier. La mission allait débuter.

Jour 1 : Au départ, nous étions étrangers…

Peu après leur présentation au bureau des missions, le Chuunin accompagné du Damiyo prirent le chemin du mémorial des morts au combat de Kumo. Le Damiyo, avant de quitter le village ninja qui servait de bras armé de son pays, souhaitait se recueillir sur le mémorial des shinobis qui avaient payé de leur vie pour préserver la stabilité du pays. Le fait que le Damiyo ait cependant tenu à effectuer cette visite ou ce recueillement seul, sans tambours ni trompettes, avec comme seul compagnon le Chuunin de kumo, avait fini par persuader ce dernier de la véracité de sa démarche. Sans mots dire, le Seki avait suivi le souverain qui se promenait d’un pas majestueux, mesuré, mais sans ostentation, dans la cité kumojin puis dans les allées parsemées de stèles à la mémoire des morts au combat. Le Seki avait relevé ce premier trait de caractère provenant du Damiyo, ce petit quelque chose qui semblait peu partagé par les classes dirigeantes. Sans perturber son recueillement, Zennosuke avait suivi le seigneur du pays des nuages, stèle après stèle jusqu’à celle où était inscrite le nom Shodaime Raikage et où figurait une représentation de celui-ci. À cet endroit, c’était prévisible, le Damiyo se recueillit plus longtemps que sur les autres. Il semblait réellement marqué, ému de se tenir à cet endroit à en juger par la mine grave qu’il prenait. Il s'agissait tout de même du Shodaime, celui qui avait contribué à créer Kumo. Au bout d’environs cinq minutes de ce qui ressemblait à des prières, le seigneur du pays des nuages décida qu’il était temps pour lui et le Seki de prendre les voiles et de commencer la première étape de leur périple.

C’est aux environs de 11 heures de la matinée que le duo quitta Kumogakure no Sato. D’un pas régulier, les deux hommes se dirigèrent vers le lieu que le Seki avait coché pour première halte. Il s’agissait d’un bourg à environ trois à quatre heures de marche de Kumo. Là, le Damiyo trouverait, dans une auberge de la place, un endroit de standing respectable pour se reposer. Tout était programmé dès l’instant qu’on avait ordonné au Seki de voyager par voie terrestre plutôt que par voie maritime. Ce dernier muni d’une carte détaillée de toutes les régions à traverser, avait coaché les lieux de halte. Il y en avait plus d’une cinquantaine. Le tout était conçu en grande et petites haltes avec des temps de repos calés selon le type de halte. Dans les grandes, le duo passerait 6 heures au plus, dans les petites 2 heures maximum. L’entièreté du programme permettait au duo de parvenir à Konohagakure no Sato en six jours. Un train de sénateur me direz-vous ? Mais comment faire autrement lorsque la personne accompagnée n’est autre que le Damiyo du pays que l’on servait ? En tous cas, lorsque la question fut abordée par le seigneur du pays des nuages, le Seki lui expliqua dans les détails tout ce qui avait été prévu ainsi que les raisons qui avaient poussé au choix de ces lieux stratégiques. Tout était pensé pour éviter au maximum les chemins dangereux ou qui empêcheraient le caractère "discret" de la mission. Le Damiyo n’eut rien à rétorquer. Probablement qu’il trouvait l’itinéraire et le temps de voyage correct.

Le Seki et le quadragénaire arrivèrent au bout de deux heures trente à la première halte. Le bourg de Horoshishima. Un petit endroit calme vraisemblablement sympa et accueillant. Ils y furent bien reçus par d’aimables habitants ainsi que par le chef de village en personne. Le Seki et Le Damiyo, quoique n’ayant pas révélé leur identité, prirent une collation chez ce dernier et trouvèrent le temps de se reposer un peu avant de prendre la route et de débuter réellement leur périple. C’est à cette halte que le Seki apprit le nom du Damiyo et qu’ils commencèrent à socialiser réellement. C’est à cette halte que le Chuunin en apprit plus sur la volonté politique du seigneur du pays du nuage. Tout ceci préfigurait d’un périple saisissant.

Jour 2 : Hors des frontières

Après la grande halte à Zakishima, près de la frontière avec les pays dits neutres, le Seki et le Damiyo traversèrent l’un des rares endroits pouvant être considérés comme dangereux sur leur itinéraire. Il s’agissait de la chaîne de montagne d’Ua-Li. Nul doute que bon nombre de brigands y vivaient cependant, le Nidaime Raikage avait de son temps placé un poste frontière dans le col d’Isshun, là où les monts étaient les plus élevés. Des patrouilles régulières étaient organisées par les gardes aux postes frontières depuis qu’un richissime marchand kumojin avait été spolié de tous ses biens et tué par d’ignobles crapules. Il y avait donc à craindre pour le Seki, s’il était malchanceux, de tomber dans une embuscade montée par des bandits maîtrisant mieux le terrain que lui et qui probablement avait vu le duo rôder dans les parages. La chose était aisée étant donné le flux plutôt faible de visiteurs à ce niveau de la frontière en cette période d’hiver. Il fallait rester constamment sur ses gardes même si les chances de tomber sur une patrouille kumojin était réelle.

Le Damiyo avançait tant bien que mal dans cette neige qui semblait de plus en plus dru sur le sol à mesure qu’ils progressaient vers le col d’Isshun. Pourtant, sans broncher, et avec une mine gaie, le quadragénaire allait de l’avant. À aucun moment il ne s’était plaint auprès du Seki avec qui il commençait à très bien s’entendre. Les propos qu’il tenait à ce moment-là se rapprochaient plus des railleries ou de petites « piques » lancées à l’encontre du Seki dans le but certainement de le déstresser. Le seigneur du pays des nuages avait en effet remarqué combien le Seki était sur ses gardes et combien il restait alerte, prêt à réagir au moindre bruissement de vent, au moindre craquement de branche, au plus lointain égouttement provenant de parties dégelées de feuilles de sapin. Le kumojin appréciait la petite attention de son « client » comme on appelait la personne protégée dans le milieu des bodyguards. Les bonnes dispositions du Damiyo à son égard le poussaient à se donner à fond pour que toute la mission qui lui était assignée se déroule au mieux. Le Seki en faisait un point d’honneur. Un clin d’œil de sa part venait régulièrement ponctuer les taquineries de son seigneur avant que son regard instigateur ne se remette à passer la végétation ambiante au « scanner » à la recherche de la moindre chose suspecte. Au détour d’un sentier sinueux, le Seki et le Damiyo tombèrent nez à nez avec 3 ninjas de Kumo. Une patrouille. Le chef du trio demanda au duo de s’arrêter et de décliner leur identité. Un simple contrôle de routine avant de passer de l’autre côté de la frontière qui n’était plus qu’à quelques deux à trois kilomètres. Soucieux de garder secret leur identité, le Seki s’était fait remettre de fausses pièces d’identité par les chargés de mission de Kumo. La stratégie à tenir était simple : se faire passer pour de simples citoyens ayant la volonté de se rendre à Ta no Kuni pour des raisons familiales. Le monde était assez vaste pour que deux habitants de Kaminari no Kuni puissent avoir des liens avec des familles habitants à Ta no Kuni. S’ils tombaient par hasard sur des gardes posant plus de problèmes que nécessaires, alors le Seki était autorisé à montrer son ordre de mission, mais uniquement au chef d’escouade, après s’être assuré que ce dernier était bel et bien ce qu’il prétendait être.

Après un échange qui ne dura pas plus de cinq minutes, le Seki et le Damiyo purent poursuivre leur route. Le trio de kumojin s’était contenté des justificatifs qu’on lui avait présenté. À juste titre, avaient-ils besoin d’en faire plus pour deux pauvres âmes bravant le froid et voulant quitter Kaminari no Kuni ? Pas vraiment selon le Seki. Au bout de quelques minutes de marche supplémentaire, le duo put franchir le fameux col d’Isshun. À ce point culminant, le Damiyo put contempler les terres neutres juxtaposant Kaminari no Kuni. Il avait tenu à s’arrêter un moment pour  respirer l’air pur et froid qui s’y dégageait et admirer les plaines recouvertes de neiges sur le versant. Le pays neutres qu’ils s’apprêtaient à présent à traverser se présentaient à leurs pieds dans toute leur splendeur et leurs mystères.