Il est de plus en plus facile pour moi de reconnaitre les rues et les boutiques. J’éprouve néanmoins toujours ce sentiment singulier : je ne me sens pas tout à fait chez moi. Ça doit sans doute être le fait que je ne suis pas ici depuis très longtemps. Mais si ce village avait été là avant je m’y serais installé avant. Ce n’est donc en rien ma faute. Je dois sans doute attendre encore quelques semaines avant de m’y sentir totalement chez moi.
Sur ma droite la boutique de cadeaux, sur ma gauche le restaurant qui vend les meilleurs ramen de la ville. J’y suis passé il y a quelque temps et je dois avouer que c’était à la hauteur de mes attentes. Malheureusement, il n’arrive pas à la hauteur du restaurant au bout de la rue. Tiens, je viens de me rendre compte que j’ai atterri dans un cul de sac. Je ne connais pas aussi bien les environs que je le croyais.
Sur le mur juste devant moi, il y a quelque chose d’accrocher : une feuille de papier. Dessus je peux y voir le visage d’un homme et en dessous les mots : Héros et épéiste. Ce n’est pas que je ne sais pas lire mais j’ai vraiment la flemme de lire le reste et ce sont les deux seuls mots qui ressortent vraiment du texte.
N’ayant plus rien à faire je tourne les talons et je reprends mon chemin. Je me mets alors à traverser les rues sans faire attention à ce qui m’entoure. Je me contente de regarder devant moi et en l’air de temps en temps. La météo n’est pas si mauvaise aujourd’hui. Je constate pourtant qu’il n’y a pas grand monde dans les rues à part moi. Quelque crieur et autres clochards mais pas un seul ninja. Ils doivent sans doute être à une sorte de réunion ou alors c’est que je n’ai pas la chance d’en croiser aujourd’hui.
Je finis par me lacer de marcher sans but précis et je décide de trouver un endroit où me poser. Une aubaine pour moi, je découvre une sorte de perchoir au-dessus d’un bâtiment. Je n’attends pas une seconde de plus et je grimpe pour m’assoir sur le perchoir. De là je sors mon carnet et mon stylo. Je regarde un peu devant moi mais il n’y a vraiment rien qui pourrait me procurer l’inspiration. J’ai beau me creuser la tête, je me noie dans mon propre ennuie.
C’est alors que me vient une idée. Je n’ai qu’à écrire sur cet ennuie et sur la paix pour une fois. Je feuillette les pages de mon cahier et je découvre que je n’ai pratiquement fait que des poèmes sur la guerre, le sang, les combats et les magnifiques courbes des femmes. Il faut bien se diversifier non. C’est décider aujourd’hui j’écris sur du normal. Je me mets à réfléchir et la plume coule couche lentement les mots sur le papier.
Il n’y avait rien à faire
Je me mourrais d'ennuie
C’était là une belle affaire
Que de mourir d’envie
L’envie de s’éveiller et l’envie d’agir
Pour retrouver, pour découvrir.
Je m’arrêtai subitement d’écrire car un détail avait attiré mon attention. Il y avait un homme là en bas. Un homme dont le visage me disait quelque chose. Il me semblait familier. Soudain je compris ! Il s’agissait de l’homme que j’avais vu sur l’affiche. Un épéiste si je ne m’étais pas trompé en lisant. Bon je n’ai rien à faire, autant se rapprocher des hauts placés et de leur soutirer des conseils, voir de m’en faire un ami.
Même si je pensais ça, je n’y croyais pas trop. Les chances de me faire éjecter étaient de plus de 100%. Mais bon, s’il ne me respecte pas, il peut aller se faire voir pour que je le respecte. Ce n’est pas parce qu’il peut m’exploser que je vais plier.
Je décide donc de tenter le coup. Je redescends de mon perchoir et je m’approche.
-Eh m’sieur, vous avez du temps à perdre ?
Je demandais sans trop de conviction mais je n’avais rien à faire alors…
