L’effort fut vain et la perche qu’elle lui tendait, il lui rejetait en pleine face, mais sans violence, du moins selon les critères de la demoiselle, oh ça va, elle avait connu pire. Et face à sa réaction seul un long soupir rejoignait la suite de son mentor, il n’avait en définitif rien compris et loin de la fâchée, une soudaine envie de sourire lui venait, une qu’elle ne s’en allait pas exprimer, tandis que d’un simple geste il la conduisait vers un tiers, encore…Décidément, ni l’imagé, ni les messages cachés n’étaient son fort et dans tout ça ce qui amusait la kunoichi ? Sa réaction. Lui de son noble niveau, de son grand rang ne voulait pas écouter les mots qu’il ne jugeait pas à la hauteur de sa position, quel humble personnage voyez-vous…  Qu’il soit Kage ou mendiant, les mots qu’elle emploierait avec lui seraient toujours les mêmes et si sa susceptibilité le poussait à les réprimer, là n’était pas sa faute, que les choses soient claires, pour la brune tous les hommes sont égaux.

Bref, cela ne changeait rien de toute façon à la sentence lui offrant des vacances, si on pouvait ça comme ça, quoi que, nourrie, logée et pas franchement déranger pour le coup, son mentor l’avait joué clément, clairement la brune aurait pu atterrir dans un endroit bien plus sévère. Hors là, elle n’était entouré que de petits délits notoires, en somme c’était plus symbolique qu’autre chose, du moins la brune le prenait ainsi et après quelque temps serein, oui il faut le dire, celle une escale pour une visite d’intrus l’avait sortie de sa quiétude et cela à la demande de celui-là même qui l’avait enfermé. La suite et les détails de cette affaire ? La brune ne les avait pas demandé tandis qu’elle était retournée d’où elle venait après avoir accompli son ordre, où ? En cellule bien sûr. La chose l’avait d’ailleurs amusée, mais plus que son partenaire alors qui l’avait nargué de son sort, elle attendait encore sa visite d‘ailleurs à ce dernier, aussi c’était elle naïvement imaginer que c’était lui qui se présentait quand le garde venait la chercher.

Quelle fut alors sa surprise face à la silhouette de sa coéquipière qui se profilait sous son nez, que venait-elle faire là ? Une simple visite de courtoisie, difficile à croire, quoi qu’il en soit elle avait eu vent de l’info et c’était tant mieux, voilà un petit moment qu’elles ne s’étaient plus vu, aussi sans perdre son sourire la Ketsueki la gratifiait d’un salut chaleureux.

- Eh bien quelle surprise, je n’attendais plus de visites à force, comment vas-tu ma chère coéquipière ? C’est une raison particulière qui t’emmène ici, mais j’ose espérer que tu as pensé à mes oranges…

Un peu d’humour ne pouvait pas faire de mal quand on était entre collègue, bien que l’une soit plus dans un statut de criminel pour le coup, situation amusante au fond… Aujourd'hui, la brune s'était imaginé voir beaucoup de mondre, mais certainement pas elle, la surprise ne faisait que doubler le plaisir, mais allait-il rester? Pour ça, il allait falloir attendre qu'elle explique sa venue ici...

Deux ans plus tôt, on lui avait interdit de pénétrer dans l'Ergastule pour contempler la Nomade, et on l'autorisait désormais à rendre visite à sa coéquipière. Ce n'était pas vraiment une surprise, mais Tawie ressentait l'irrésistible désir de crier à l'injustice. Ces Saibogus étaient vraiment tous des abrutis.

Enfin, la plus grande surprise, c'était de savoir que Hana avait fini en taule. A ses yeux, elle avait plutôt le profil de la grande sœur bienveillante et réfléchie, pas de la délinquante. Même si les choses avaient un peu mal tourné à la fête de la musique... L'alcool avait à moitié effacé ces souvenirs-là.

Tawako était entourée de deux gardes Saibogus qui l'avaient mené jusqu'à la cellule de Hana. Ce n'était donc pas qu'une rumeur. Elle l'accueillit avec son flegme habituel.

- Ouais, je passe juste faire un coucou. Navré, c'est plus vraiment la saison des agrumes. Par contre, j'ai un kiwi si tu veux, fit-elle en sortant le fruit de sa poche.

- On ne mange pas ici, mademoiselle, lui précisa un garde à ses côtés.

- Hum... messieurs ? Vous pourriez me laisser seule avec mon équipière un moment ?

- Hors de question.

Blasée, elle cessa net les négociations. Ces gardes-là, elle les avait oubliés, mais eux se souvenaient très bien d'elle. Elle se tourna de nouveau vers Hana, penchant la tête.

- Je suis presque nostalgique, en fait... tu sais que j'ai déjà séjourné ici ? Enfin, pas ici, c'était dans une cellule un peu plus High-Tech, blindée et tout. Faut dire que Zanshi m'a pas loupé, en train de démonter du Konohajin alors qu'elle avait demandé un cessez-le feu. Quelle dégonflée... elle a bien fait de quitter le village, sinon je pense que j'aurais fini par l'éclater un jour ou l'autre. Ha ha ha.

Les Saibogus se turent. Que faire d'autre face à une provocation aussi puérile ? Se vanter du motif de son emprisonnement, en voilà une preuve de maturité... Tawie, quant à elle, se sentait un peu comme chez elle. A vrai dire, elle devait se retenir de rejoindre Hana dans sa cellule pour papoter : il lui aurait suffit de forcer un peu pour faire passer la totalité de son corps gélatineux à travers les barreaux.

Mains sur les hanches.

- Bon alors patatoune, comment tu t'es débrouillée pour terminer ici, hein ? J'te le demande !

Sur ces mots, elle mordit à pleine dents dans la peau rugueuse du kiwi, exposant ainsi la chair verte du fruit dont le jus dégoulinait goutte à goutte sur le parquet de l'Ergastule. L'un des gardes s'apprêta à intervenir, mais l'autre lui fit signe, lui indiquant du regard l'ombre imposante qui approchait dans le couloir.

Fidèle à elle-même sa jeune coéquipière offrait une bouffée d’air frais à la rose emprisonnée et son arrogance sans limite ne cessait de faire croire la bonne humeur de sa compère, celle-ci vraiment, on ne la referait pas. Quant au nom qu’elle avait prononcé, la brune n’en avait aucune info, trop nouvelle dans ce village pour les connaitre surement, qu’importe, rien qu’à la réaction des gardes et aux dires de son interlocutrice, elle en concluait qu’il s’agissait de gens importants.

-Tu as de curieux hobbies pour venir voir les gens en cage ou apprécier ce genre d’endroit, quoi que, je t’avoue que j’ai connu bien pire dans ma vie « libre ».

Avait-elle bien insisté sur ce dernier mot, la brune n’avait pas toujours été Shinobi et son parcours avait su être très sombre fut un temps fort heureusement révolu, ainsi le conte vantard de sa compère ne lui laissait qu’un brin de nostalgie face à cette petite rebelle qu’il lui était arrivée d’être elle aussi. Mais c’était il y a bien, bien longtemps… Admirant toujours sa visiteuse croquait dans son fruit, Hana se contentait du doux parfum fruité et acidulé qu’il dégageait et sans perdre son air détendu, soit, elle en venait à répondre aux interrogations, pas sans en avoir elle aussi par la suite.

-Eh bien, pour te répondre petite curieuse si cela t’intéresse tant que ça, ma façon de m’exprimer me parait trop subtile pour notre mentor voilà tout, je pense qu’il s’est fourvoyé dans mes propos et l’a mal pris, mais ma foi, ce n’est pas bien grave, j’ai eu la langue bien trop pendu je l’accorde. À propos de ça, il faudra que l’on se voit pour une affaire annexée à mon passage en prison, il faudra que je te confie quelque chose et curieuse comme tu es, je suis certaine que tu vas adorer le rôle qui t’es tout désigné. Cependant patience tant que je suis ici et toi dis-moi, comment as-tu que j’étais là ? D’ailleurs, ne pas me voir pendant x temps ça n’a pas choqué mon équipe ? Bravo !

Un rire concluait tout ça, ce n’était là plus qu’une taquinerie qu’autre chose et encore elle s’amusait à titiller la nature impatiente  de sa camarade qui n’allait pas tarder à la rejoindre si elle continuait dans sa voie, les gardes semblaient s’agacer dès les premières gouttes du jus de fruit sur leur parquet. Étrangement aucune réaction de leur part et d’un geste las, la brune jetait un mouchoir sur la flaque un sourire en coin, l’air de dire : Ne nous fâchons pas pour si peu. Ce qui clairement laissait à penser qu’elle se foutait d’eux elle aussi, ce qui était au fond un peu le cas.

-Petite porcinette, tu ne sais toujours pas te tenir à ce que je vois, prend garde à ne pas me rejoindre, quoi que, je ne serais pas contre ta compagnie ici, eux en revanche…

Là encore pas de réaction, étrange, d’habitude ils s’énervaient pour bien moins que ça et question savoir-faire pour les titiller, la brune avait donné… Ce qui portait son attention sur une ombre s’approchant dont elle ne voyait pas depuis sa cellule le propriétaire, un autre visiteur, décidément c’était le jour.

-Ah vous vous êtes donné le mot, j’aurais préféré que vous fassiez un relai, avec qui tu es venu ?

- Hein ? Euh... je suis venue, genre... toute seule ?

C'est en prononçant les deux derniers mots que Tawako put distinguer la silhouette de son sensei approchant. Elle n'attendit pas pour s'incliner à cent-quatre-vingt-cinq degrés, comme elle l'avait fait le jour de son investiture.

- Sensei.

Elle profita d'avoir la tête en bas, et donc cachée aux yeux de Rei, pour fourrer habilement le reste du Kiwi dans son gosier. Le plus dur pour elle fut de l'avaler à l'envers sans l'avoir mastiqué.

En se redressant, elle écouta le speech du Kazekage. Voilà qu'elle était libre, maintenant. Bah, ça faisait du sens, mais un peu plus et elle loupait Hana en prison. Au moins, maintenant elle pourrait la chambrer avec ça. La fleur de concombre avait vraisemblablement été incarcérée pour avoir fait preuve d'insolence avec leur sensei commun. Pas très prudent, ça. Enfin, le plus étrange, c'était quand même cette affaire de statue. Dans quoi s'était-elle embarquée ?

- Hanouille, va falloir que tu m'expliques, chuis paumée là.

Un regard vers Rei, les bras croisés un peu comme un papa. Peut-être que lui aussi pouvait apporter des éléments de réponse.
Par ailleurs, ce qui semblait avoir joué en la faveur de Hana, c'était son implication dans le « retour » de cet homme masqué. Tawie avait eu du mal à suivre cet histoire : ce type semblait avoir joué un rôle important entre la destruction de l'Ergastule et la chute de Makka, pile pendant son coma. Une sombre histoire, encore... Un type qui unifie tous les villages en prenant des prisonniers en otage et qui disparaît sans les rendre. L'adolescente était justement en prison à cette époque, cela aurait pu tomber sur elle ! Le drame !

En revanche, lors du récent retour de l'individu, elle avait été la dernière au courant. Finalement, la présence de cet homme près du village n'avait pas abouti à des dégâts outre mesure, quelque part Zanshi avait flanqué un bazar un peu plus conséquent en laissant une tornade de flammes en cadeau d'adieu à la voie illusionnée. Tawie n'était pas spécialement fière d'elle, cela faisait plusieurs fois qu'elle manquait l'occasion de se faire remarquer, au sens positif du terme. Elle était toujours la première pour faire l'imbécile, et pourtant le jour de l'avènement du Yondaime, elle s'était promise de progresser pour le servir. Il fallait qu'elle se prenne en main.

- En tous cas, maintenant que la famille est au complet, ça serait cool qu'on se refasse un gros entraînement bien musclé tous les quatre, avec Takounet. C'est prévu, sensei ?

Cette voix laissait une surprise lisible sur le visage de la brune, est-ce qu’elle l’attendait ? Surement pas, pour le coup il avait le don de la surprendre et cela en chaine qui plus est. La voilà « libre ». Bien grand mot, qui néanmoins ne lui faisait pas perdre ce doux sourire, jour de chance qui sait, jour joyeux pour sûr et face à sa compère qui s’était courbé pour avaler en douce son fruit sans se faire voir, la Ketsueki ne pouvait plus retenir un petit rire avant d’imiter sa cadette. Pour le salut bien sûr !

-Ohayo Senseï, je vous manque déjà ?

Déjà, déjà, pourtant le temps s’était écoulé, mais la note n’était pas faite de rancune, bien au contraire, curieusement ces deux-là lui avaient manqué plus qu’elle ne l’aurait pensé et si la proposition de sa collègue la ravissait tandis que le dernier bout de sa phrase s'adressait à elle, non c'était les mots de son mentor, qui l’avait mieux captivé en revanche. Kioshi avait réglé ses affaires avec lui ou il avait subi et groupie en prison lui aussi… ? Bref, puisqu’un des principaux concerné était là, autant ne plus esquiver le sujet.

-En gros, j’ai rencontré quelqu’un sur lequel je voudrais ton avis ma chère, enfin encore que…

Sa tête se tournait vers son maitre, il avait su éveillé sa curiosité, elle aussi en avait appris des choses sur cette maudite statue justement, avaient-ils la même finalité ? Le moment ou jamais de voir sur quel pied dansait le blond qui l’avait embarqué dans cette histoire.

-Des infos sur la statue ? Du genre c’est réglé ou l’histoire ne commence à peine. J’aimerais autant ne plus à avoir à débattre sur elle.

Pour rappel, elle était ici à cause d’elle surtout et dans un sujet radicalement opposé, car oui, cette affaire-là lui avait déjà fait perdre trop de temps, la Ketsueki s’étirait avant de rejoindre les propos, un peu d’action lui ferait le plus grand bien en plus de prendre l’air, mais avant…

-Au risque de paraitre pour affamer et impolie, pourrait-on sortir prendre l’air, accessoirement, je prendrais bien un fruit mademoiselle.

Impossible, elle l’avait dévoré à peine une ombre s’était présenté à elle, amusée la brune en revenait à ses bonnes manières, non pas sans narguer un sourire coin les gardes seule compagnie de ces derniers jours.

-Sinon, merci bien. Je peux reprendre mon statut de Shinobi alors ?

Car oui, punition telle que celle-ci aurait très bien pu finir sa carrière de ninja, mais son petit doigt lui disait que non et la façon dont les avait appelé sa compère ne venait encore qu’enrichire le moment. Une famille ? Oui c’était exactement comme ça qu’elle les voyait et quand le patriarche grondait pouvait-on en tenir rigueur ? Non, puis la brune n’était qui plus est pas rancunière, à peine les barreaux passés, elle les avait déjà oublié, comme si ce moment n’avait jamais existé. Question d’habitude et d’expérience dans la matière.