Enfin terminé. Il était enfin débarrassé de ça. Une des tâches qu’il redoutait le plus depuis son retour à Konoha. Affronter la foule et s’expliquer des raisons qui l’avaient conduit à arriver au pouvoir. Pas très simple. Mais remarque il avait réussi à revenir dans son bureau et à profiter de la vue un instant avant de se réinstaller derrière ce dernier. Il comptait s’occuper de quelques tâches administratives avant de descendre au banquet pour faire une rapide apparition. Il ne comptait pas s’éterniser à ce genre de réception. Il avait beaucoup à faire pour le moment.

Un tas de projets et de soucis le tracassaient depuis qu’il avait rejoint la Feuille. Son périple d’un an sur les routes lui avait permis de s’entraîner et de gagner en force et en expérience mais il y avait encore bien des choses qu’il souhaitait accomplir. Comme retrouver Nikkou par exemple. Car à la base c’était quand même à cause de lui s’il était parti pendant tout ce temps. Il avait tenté de le suivre et de le retrouver mais peine perdue. Ces capacités inexistantes en sensorialité lui avaient portés préjudice. Et il n’avait trouvé personne de confiance et assez compétent pour l’aider dans ce domaine. Cela s’était donc résumé à de simples rumeurs par ci par là qui le menait sur des pistes plus ou moins avisées.

Un an assez laborieux à courir les routes. Heureusement il n’avait pas tout perdu dans ce voyage. Si ce n’est son rattachement à Konoha. Le retour serait vu par beaucoup comme abusif et l’élire à ce poste encore pire. Surtout avec la réputation des Hayashi aujourd’hui. Leur souvenir était associé à l’ancien régime du Conseil qui bridait le pouvoir des autres dirigeants et dictait leur ligne de conduite aux habitants. Une époque désormais révolue grâce à Suguato. Ce petit malin s’en était bien sorti sur ce coup-là il fallait le dire. Une très belle manœuvre qui avait offert un renouveau au village. Mais beaucoup devaient craindre le retour de ces vieux décrépis maintenant qu’un membre du clan Hayashi était au pouvoir. Pourtant il n’en était rien. C’était loin de faire partie de ses projets.

Alors qu’il était perdu dans ses pensées, un bruit à la porte le ramena à la réalité. Il entendit la voix de la jeune fille qu’on lui avait présentée comme étant son assistante. Elle avait l’air assez timide. D’ailleurs elle ne prit même pas la peine d’entrer pour annoncer l’objet de sa venue.

Un membre du clan Hayashi se présentant comme votre cousin souhaite vous voir Godaime.

Ça commençait déjà. Et quel cousin en plus ? Faut dire dans une famille aussi étendue c’était difficile de tous les connaître. Il essaya de deviner de tête de qui il pouvait s’agir mais aucun de ceux qu’il connaissait ne serait venu ainsi lui demander audience comme ça. Il se serait pointé tout simplement pour tailler un bout de conversation avec lui. Mais l’idée de retrouver un autre Hayashi maintenant qu’il était revenu n’était pas pour lui déplaire. Si cette personne était importante il pourrait en apprendre un peu plus sur comment se porte le clan depuis son départ. Il demanda alors à son assistante d’aller faire chercher ce type. Quelques minutes après, la porte s’ouvrit pour laisser entrer le jeune garçon aux cheveux blonds. L’assistante tenait la poignée de la porte et laissa le temps au jeune garçon de se rendre dans le bureau avant de refermer. Daiki se leva de son siège avec un sourire.

Installe toi je t’en prie. Il paraît que tu voulais me voir. Je t’écoute.

Il s’installa de nouveau dans son siège en attendant que son fameux cousin qui ne lui disait rien en fasse de même. Quand ce fut fait, il l’interrompit néanmoins :

Euh avant tout chose j'ai quelques questions. Tu es sûr que nous sommes cousins ? Je n’ai aucun souvenir de ton visage je t’avoue. Mon absence a certainement joué là-dedans. Tes parents sont ?

Autant entamer la conversation directement pour éclaircir les points qui le titillaient en premier. L’autre aurait ensuite tout le loisir de s’exprimer.

La fête battait son plein à Konoha. On célébrait la prise des fonctions du Godaime Hokage. Daiki Hayashi. Raito avait demandé audience auprès de lui simplement parce qu'il était un Hayashi. Et il l'avait fait sous le coup d'une impulsion, il n'avait jamais prémédité cet acte. De toute manière il était inutile de s'inquiéter de ça, avec toutes les charges qui devaient désormais submerger le Hokage, Raito n'aurait son audience que dans très longtemps, il était même possible que Daiki oublie la demande du genin. En soit ce n'était pas très grave puisque Raito savait qu'il aurait l'occasion un jour ou l'autre de rencontrer ce fameux cousin. Il oublia donc presque la demande qu'il avait fait au palais du Hokage et il alla s'amuser avec les autres habitants du village. La fête était vraiment magnifique. Le village était noir de monde, les décorations ornaient tous les bâtiments, toutes les rues. Il y avait également beaucoup de spectacles, et certains ninjas dont la maitrises du genjutsu était très bonne, avaient décidé de prêter main forte pour pouvoir offrir des spectacles de qualité en l'honneur du Godaime.

Raito assistait à l'un de ces spectacles avec une brochette dans chaque main, et la bouche pleine. Il aimait quand le village était vivant comme cela. Il rigolait de bon cœur. Mais son spectacle fut interrompu par un homme presque aussi grand que Raito. Il lui expliqua de le Hokage était prêt à le recevoir. Déjà ? L'Hayashi avala rapidement ses deux brochettes. Ce fut une erreur car il avait elles lui restaient un peu sur l'estomac. Il n'était pas du tout stressé, comme à son habitude, cependant il se demandait bien ce qu'il pourrait dire à ce fameux Hokage. Demander une audience de manière aussi hâtive était vraiment une bonne idée. Bah... Ça serait l'occasion d'avoir une petite discussion familiale, peut-être que Daiki en avait besoin après tout. Une discussion, simple, sans stratégie politique ou quelque chose du genre. Il en aurait bien assez et bien assez tôt.

L'Hayashi arriva au palais de l'Hokage. L'homme qui l'accompagnait jusque là le quitta, et c'est une femme qui vint prendre la relève. Décidément c'était une organisation bien rodée. Mais c'était plutôt normal étant donné que la vie de l'Hokage était tous les jours mise en jeu. La jeune femme semblait assez timide. Raito lui adressa un grand sourire, qu'elle lui rendit timidement. Ils arrivèrent devant la porte du bureau de Daiki. Elle frappa et ne fit rien d'autre. Elle devait sûrement attendre que l'Hokage lui permette d'entrer. Raito décida de prendre les devant, et il ouvrit lui même la porte. Il n'aimait pas attendre qu'on lui dise d'entrer ou non car généralement on entendait pas lorsque la personne qui se trouvait de l'autre côté de la porte répondait. Et on se retrouvait donc comme un con à attendre. La jeune femme fut pris d'un petit vent de panique devant tant « d'audace » et elle essaya tant bien que mal d'introduire Raito devant l'Hokage. Le genin remercia la jeune femme, qui était toute rouge, avec un grand sourire. Son sourire disparut ensuite pour laisser place à un certain sérieux.

Son cousin dit à Raito qu'il pouvait s'assoir. Le genin ne se fit pas prier. Il restait silencieux. Il analysait Daiki avec insistance. Il espérait pouvoir déceler certaines choses avec son simple regard. Il ne put cependant confirmer qu'une seule chose qu'il avait ressentit lorsque son cousin s'était prononcé sur le balcon il y avait une heure de cela, c'était qu'il semblait être digne de confiance. Daiki prit la parole, et il lui demanda ce qu'il était venu lui demander. Encore une fois Raito n'en avait toujours pas la moindre idée. Il ne répondit pas, il cherchait quelque chose à lui répondre. Il ne voulait pas non plus passer pour un imbécile. Mais avant que le garçon au chakra rouge puisse répondre, l'Hokage reprit la parole. Il voulait en savoir un peu plus sur leur lien de parenté.

- Bah écoute je t'avoue que je ne suis pas sûr de nos liens familiaux. Ce qui est sûr c'est qu'on fait parti du même clan, là il n'y a pas de doute. Mais quand j'étais petit, mes parents parlaient parfois d'un cousin qui faisait parti des forces spéciales. J'en ai déduis que c'était toi, j'ai fait des petites recherches et d'après ce que j'ai compris tu faisais parti des forces spéciales n'est-ce pas ? J'ai crû entendre ton prénom de la bouche de ma mère, mais je ne suis plus vraiment sûr. Mes parents ? Je ne sais pas si tu les as connu, ils ont pris part dans le conflit entre les Senju et les Uchiwa, menant une part de notre clan pour aider nos cousins... Et ils ont perdu la vie. Ils s'appelaient Akira et Hana Hayashi. Cependant notre cher clan a considéré qu'il valait mieux ne pas leur rendre hommage. Tu ne me connais pas, c'est normal, j'ai quitté le village durant les quatre dernières années à cause de tout ça, et je suis revenu à Konoha depuis peu.

Il avait rapidement pris ses aises avec son cousins, et même s'il ne le connaissait pas, il avait décidé de le tutoyer. En y réfléchissant, Raito s'était rendu compte qu'il tutoyait le Hokage avec simplicité, il ne savait pas si ce-dernier allait apprécier, mais bon maintenant que c'était fait, il était inutile de changer.

- Je t'avoue que je ne sais même pas pourquoi moi-même je suis ici. J'ai demandé audience sous le coup d'une impulsion, peut-être avais-je envie de te rencontrer tout simplement, toi Daiki, ou je voulais peut-être rencontrer aussi un autre membre de mon clan. Je pencherais plus pour la première option. Tu m'as fait bonne impression et j'ai eu envie de te rencontrer. J'avais envie de rencontrer mon cousin, mais également mon futur prédécesseur, car j'aspire à devenir le futur Rukodaime Hokage, dit-il avec un sourire.

L’autre Hayashi s’était installé selon les recommandations de Daiki puis il avait commencé à parler et à s’expliquer. A peine avait-il commencé que déjà un détail surpris l’Hayashi. Il le tutoyait sans aucune gêne. Rien de très grave en soit sachant qu’il avait l’habitude de faire ça avec tout le monde. Sauf que lui à la différence il était Kage et que ce jeune garçon était Genin. Cela posait un problème dans les coutumes. Daiki avait beau être du genre sympathique et jovial, il avait du mal avec ces familiarités si tôt. Le type se tenait face à son supérieur et sous prétexte qu’ils avaient un quelconque lien de parenté, il se mettait à le tutoyer. En comite privé comme ça encore cela passait. Mais s’il faisait ça face à un haut dirigeant ? Et qu’il se mettait à lui serrer la paluche en l’appelant cousin ? Il voyait déjà le tableau et ça n’avait rien de glorieux. Il tâcha donc de faire abstraction de ce détail pour y revenir plus tard.

Le blondinet continuait de parler. Il parla un moment et il ne tenait pas à l’interrompre. Ce n’était pas parce qu’il était Hokage qu’il pouvait se prévaloir des règles de politesse. Il apprit ainsi le nom des parents de ce jeune homme qui avait semble-t-il parler de lui. Daiki ne s’était pas renseigné beaucoup sur la totalité des membres de son clan. Le clan était assez étendu et sa composition non négligeable. Difficile de retenir les noms de tout le monde. Seuls les plus proches restaient gravés dans la mémoire du Godaime. Il devrait d’ailleurs penser à passer voir la tombe de sa mère au passage. Il y songerait à l’avenir. Il avait beau être occupé ce n’était pas pour en oublier une chose aussi importante que la famille. Il rendrait visite à son père également. Mais trêve de sentimentalisme pour l’instant. Il devait se concentrer sur son interlocuteur.

Apparemment, le jeune Hayashi ne savait pas lui-même pourquoi il avait demandé cette audience. Enfin mise à part le fait que Daiki lui ait fait bonne impression lors de son discours d’intronisation. Il le nota dans un coin de sa tête. Avoir au moins un soutien dans son propre clan était une bonne chose. Et il avait demandé à le voir également dans le but de rencontrer quelqu’un de son clan. Il l’avait évoqué en balayant l’idée mais le Renard pensait qu’il y était pour beaucoup. Et également pour un dernier détail. Ce jeune garçon visait à devenir le prochain Hokage. Daiki baissa la tête, un doigt sur chaque paupière et il sourit. Il ne resta pas longtemps comme ça. Son sourire s’estompa légèrement alors qu’il se levait pour regarder par la fenêtre, debout devant la baie vitrée. Il observa les festivités en contrebas. Sans vraiment les regarder. Puis il finit par se retourner pour regarder le jeune…il avait oublié son prénom ! Tant pis. Il lui adressa quand même ces mots :

Qu’est-ce qui te pousse à avoir ce « rêve » ? Pourquoi vouloir remplir cette tâche ? La gloire ? Le prestige ? Ils sont si pauvres par rapport à l’investissement que cela demande. Et je ne dis pas ça pour te décourager. Je tiens seulement à savoir ce qui peut pousser quelqu’un comme toi à envier ma place. Je ne l’ai pas vraiment choisi d’être là. J’ai accepté pour Konoha mais ce ne fut pas un objectif dans ma vie. Qu’est-ce qui te pousse donc à vouloir devenir plus fort pour obtenir ce rang tant convoité ?

Il avait adopté un ton à la fois calme et chaleureux. Il resta adossé à la fenêtre mais il reprit rapidement la parole pour préciser ce qui l’avait légèrement dérangé au début de cet entretien.

Au fait, évite de me tutoyer. En tant que membre du clan et dans ce cadre je peux accepter et dans ce cadre strictement personnel, pourquoi pas. Mais en dehors, adopte le vouvoiement de préférence. Je veux bien être cool mais je suis à cheval sur les coutumes si d’autres intervenants sont présents. J’espère que tu comprends que ce n’est pas un excès d'auto suffisance ou autre.

Raito parlait. En parlant, il remarqua dès les premières secondes que le tutoiement avec quelque peu surpris son chef et cousin. Il ne devait pas croire que le jeune Hayashi se permettai cela avec l'Hokage seulement parce qu'il était son cousin, il faisait ça avec tout le monde. Raito arrivait à se mettre à l'aise avec les gens avec une facilité déconcertante. Cela pouvait sembler être un manque de respect, mais ça ne l'était pas. Tout comme son habitude à donner aussi des surnoms, généralement aux gens qu'ils connaissaient bien, mais c'était plus par affection que par moquerie. Mais il ne fit pas plus attention à la réaction de Daiki, et il continua son petit monologue. L'Hokage ne l'interrompit pas, soit par politesse, soit parce qu'au final il n'avait que faire de son petit cousin. En même temps, ils ne s'étaient jamais rencontrés. Bien qu'il vive aujourd'hui en dehors de son clan, Raito n'en restait pas moins très famille. Et il était heureux, dans une certaine mesure, de retrouver quelqu'un de sa famille. Daiki était l'un des premiers contacts qu'il avait avec son clan depuis son retour.

Lorsque le jeune Hayashi eut fini son histoire, son ainé se pinça les yeux. Il devait sûrement prendre Raito pour un jeune idiot, encore bercé d'illusions. Il devait croire que le genin n'était attiré que par la gloire, et la puissance pure. Daiki lui posa d'ailleurs la question. Pourquoi avoir ce « rêve » ? A vrai dire, d'aussi loin que Raito pouvait s'en souvenir, cet objectif n'avait pas toujours été le rêve du genin. Plus jeune, il voulait juste devenir un ninja assez puissant et respectable, et fonder sa famille, vivre en paix, pouvoir tous les week-ends aller voir ses parents. Mais lorsque ses parents perdirent la vie, et qu'il se retrouva démunit, il se jura alors que plus aucun enfant à Konoha n'aurait à subir de telles souffrances. Aujourd'hui, il n'avait plus de famille à proprement parlé. Il avait établi que Konoha était devenu sa famille, et il voulait protéger le village, en donnant sa vie s'il le fallait. Il donnerait tout ce qu'il avait si cela lui permettait d'accéder au poste d'Hokage. L'investissement que demande le poste ? Raito en était conscient, même s'il ne pouvait imaginer un dixième de ce qu'un Hokage devait faire, mais être le chef du village était son rêve et rien ni personne ne pouvait le décourager, ou le dévier de sa voie.

- Quand mes parents sont morts... J'ai été recueilli par un vieil homme de notre clan qui fut comme un grand-père pour moi. Mais son état de santé était très précaire et il est mort quelques années après. Bref j'ai perdu beaucoup de gens que j'aimais rapidement, et je me suis retrouvé seul. A ce moment là, j'en ai voulu énormément au clan, et j'étais jeune, alors j'en ai voulu à tout le monde, et ma haine s'est élargie jusqu'à Konoha même. Je ne pouvais plus voir ce village, qui avait été construit sur la mort de nos cousins, et de mes parents. J'ai donc quitté le village, et j'ai erré pendant quatre ans. Pendant ces quatre années, j'ai réussi à gagner en maturité et à mettre ma rancoeur de coté. Et durant mon exil, une chose me manquait énormément... C'était Konoha. Le village me manquait. Je suis donc revenu, et je considère aujourd'hui Konoha, dans sa totalité, comme ma famille, et je veux la défendre. Je souhaite que plus aucun enfant n'ait à endurer ce que j'ai enduré. Je suis prêt à donner ma vie pour le village. Et je donnerais tout pour devenir Hokage. Peut-être que je recherche aussi un peu la gloire. Mais ce n'est pas vraiment ça, je souhaite en réalité être reconnu à ma juste valeur, ni plus ni moins. Je ne sais pas si tu me comprends, je ne sais pas ce que tu as traversé comme épreuve, mais je pense qu'au fond tu dois me comprendre un peu puisque tu as accepté malgré tout le poste. Je te retourne la question, qu'est-ce qui t'as poussé à devenir Hokage ? La puissance n'est surement pas la réponse puisque tu étais déjà puissant avant de devenir le chef du village. La gloire ? Je ne pense pas non plus, sinon jamais tu ne serais entré dans les forces spéciales.

Raito avait recommencé à tutoyer son cousin. Et ce dernier, d'un ton chaleureux et calme lui expliqua néanmoins qu'il ne pouvait se permettre de le tutoyer en public. Raito comprenait, cela ne faisait pas très professionnel. Après tout, rien ne reliait le jeune Hayashi à l'Hokage si ce n'est leur nom et leur appartenance à un même clan. Mais c'était tout, il n'avais aucun affinité, ou une quelconque amitié, du moins pour l'instant. Car au fond, même s'il ne se l'avouait pas, le genin en avait marre de vivre sa vie seul. Il voulait pouvoir se confier à quelqu'un. Peut-être que Daiki était cette personne, mais seul le temps permettrait de le savoir.

- Je comprends. Mais tu dois comprendre que c'est dans ma nature d'être à l'aise avec les gens, je tutoie facilement. Je me permettrait de continuer de te tutoyer en privé si cela ne te gêne pas, et je m'efforcerais à te vouvoyer en public, si cela est si important pour toi. Je respecte tes convictions.

Toute l’attention de Daiki était centrée sur la réponse qu’apporterait le jeune Hayashi. Le Godaime tenait à savoir ce que pouvait ressentir quelqu’un qui désirait être à sa place. Quelles motivations pouvaient pousser à désirer ce poste. D’autant qu’il s’agissait toujours de ceux qui ne voulaient pas de cette tâche qui se retrouverait à cette chaise dans ce bureau. Daiki avait eu un semblant de choix. Mais il avait été plutôt forcé à accepter. S’il refusait, il laissait le village sans chef et il ne pouvait accepter ça. ce n’était pas envisageable. Il y aurait eu des risque de retourner au système de Conseil qui avait autrefois tant nuit à Nikkou et que Suguato avait dissous. En tant que membre de Konoha depuis longtemps il ne tenait pas à laisser la Feuille sombrer dans la décadence et dans un système politique pourri de l’intérieur. Voilà pourquoi il avait accepté. Mais qu’en était-il du petit Genin se voyant déjà avec le chapeau à l’emblème du feu vissé sur la tête ?

Cet entretien avec le membre de son clan allait beaucoup l’aider à en apprendre sur les membres du village qu’il entendait poursuivre ce même but. Et également cela pouvait lui permettre d’en apprendre un peu plus sur lui. A son âge, il savait à peu près de quoi il était fait et de quoi il était capable mais il se rendit compte à ce moment-là que ce n’était pas un absolu. Il y avait tout de même plusieurs choses qu’il ignorait encore sur lui. Après tout, c’est vrai qu’il aurait pu refuser ce poste. Il y avait d’autres personnes compétentes pour ça. Et pourtant le voilà en tant que détenteur du titre de Godaime Hokage et se tenant dans le lieu réservé à l’Hokage en tant que maître des lieux. L’espace d’une seconde, il se rendit compte de la charge et de la pression qu’il avait sur ses épaules pour la toute première fois. Réellement. Mais cela ne dura pas l’espace d’une seconde car le sentiment qu’il avait fait ce qu’il fallait l’emporter sur tout le reste. Il était rassuré d’être à ce poste pour protéger tout le monde. La Feuille était tout ce qui comptait pour lui. Ne pas l’aider en acceptant ce titre aurait été illogique.

Malgré toutes ces pensées, il restait concentré sur ce que disait Raito et il entendait bien ce qu’il lui disait. Il lui apportait même de l’eau au moulin de sa réflexion personnelle sur soi-même et sur les évènements. Un jeune orphelin qui était parti en en voulant à Konoha pour la perte de ses proches. Assez étrange comme réaction après tout. Mais le principal c’est qu’il était de retour. Un membre d’un clan aussi important que celui des Hayashi laissé en liberté était non seulement une perte mais il s’agissait également d’un danger potentiel pour le village. Si ce garçon s’était fait capturé ou torturé, ou même aborder par un habile orateur, son pouvoir aurait pu être retourné contre Konoha. Et c’était quelque chose d’inacceptable. Encore heureux qu’il s’était remis de lui-même dans le droit chemin. Daiki n’osait imaginer quels dégâts cela aurait pu causer.

A la fin de son discours, le jeune garçon redemanda de nouveau à son homologue Hayashi ce qui l’avait motivé lui à accepter ce poste. La question arracha un rire bref au Godaime qui mit quelques instants à répondre. Lorsqu’il finit par le faire, cela donnait quelque chose de ce genre :

Pour tout te dire, je l’ignore en partie. Je n’ai pas véritablement choisi. Le Yondaime semblait avoir prévu le moment où je reviendrais et le moment où il partirait. Lorsque ces deux évènements ont concordés, je me suis retrouvé avec cette charge. Je pouvais refuser bien sûr mais je ne l’ai pas fait pour la simple et bonne raison que je ne tenais pas à laisser Konoha sans protection. La force joue beaucoup pour prétendre à ce poste mais elle ne suffit pas sinon bon nombre de Konohajins déjà présents pouvaient prendre ce poste.

Il revint s’asseoir.

J’ai connu Konoha dans sa période de trouble et je me rends compte du progrès accompli jusque-là. C’est pour cela que je veux le voir continuer sur cette voie. Je veux protéger cette évolution que le village tout entier a connue et le mener encore plus haut. Car je connais la valeur de ces hommes qui servent ce pays. Je ne serais qu’un piètre imbécile de laisser un autre faire ce boulot quand moi-même je me sais capable de défendre les intérêts de chacun.

Il fit une pause dans son discours le temps de laisser le soin à son interlocuteur de comprendre ce qu’il voulait dire. Non pas qu’il le pensait idiot ou que ces mots soient truffés de sens caché mais il savait pertinemment qu’il était subi à une épreuve. Le jeune Hayashi tenait à voir de quoi il était fait. Et Daiki ne s’arrêta pas là. Après deux minutes de silence, il recommença à parler pour aborder un nouveau sujet :

Le village n’est pas ma seule préoccupation. Je tiens également à agir pour le clan. Je ne peux encore être sûr de rien pour le moment mais j’aimerais redorer le blason de notre famille dont le nom est souvent assimilé aux aristocrates qui ont fait couler ce pays. Avec cette nouvelle ère et mon arrivée au pouvoir, je tiens à montrer à tous que je ne suis pas de ce genre de personnes. Il devrait donc y avoir un conseil d’ici peu avec la plupart de ses membres. Il serait bien que tu prennes du galon d’ici là pour que ton avis compte. Tu ne penses pas…

Il laissa sa phrase en suspens en levant un sourcil. Il faisait ça dans le but de l’interroger implicitement sur son prénom qu’il avait oublié. Il devait retenir pas mal de chose et pour le moment c’était assez flou alors bon. Il attendait sa réponse ainsi qu’un avis sur la question.

Ainsi donc Daiki n'avait pas choisi de devenir Hokage. Raito se demandait malgré tout s'il se rendait compte de la chance qu'il avait. Lui, il aurait tout donné pour être à la place de son cousin. Il aurait tout donné pour pouvoir être celui qui pouvait défendre les habitants de ce village. Quand Daiki lui dit que c'était en réalité le hasard qui avait fait qu'il était devenu Hokage, Raito l'observa plus attentivement encore. Il était encore jeune, certains diraient même qu'il était peut-être même trop jeune pour être Hokage. Le jeune Hayashi n'était pas de cet avis là, pour lui l'âge n'avait pas grands choses à avoir pour ce poste. Seul la volonté et l'implication montreraient si Daiki serait un bon Hokage. Mais l'ancien chef du village avait bien choisi son successeur, c'était du moins ce que pensait que le genin. L'Hayashi avait connu Konoha pendant ses moments difficiles, et il avait vu les progrès accomplis jusqu'à aujourd'hui. Il avait donc une vision d'ensemble sur le travail effectué à Konoha, et donc celui à effectuer. Il voulait continuer à protéger l'évolution du village et bien plus même. Raito était persuadé que Daiki savait ce qu'il fallait faire, même s'il n'avait pas souhaiter en premier lieu être celui qui devrait prendre les décisions. La dernière phrase de l'Hokage rassura d'autant plus le genin, il se savait capable d'assurer le job. C'était quelque chose d'important, un être capable mais qui n'avait pas confiance en lui était un être inactif.

Daiki était l'Hokage du village, mais il n'en était pas moins un Hayashi. Il lui expliqua qu'il ne voulait pas laisser le clan en l'état actuel. Il ne pouvait pas trouver de meilleur soutien que Raito. Le genin avait réussi au cours de son exil à mettre sa rancoeur de côté, mais il ne pouvait pas non plus oublier. Il avait encore du mal à pardonner aux chefs actuels du clan, et peut-être n'arriverait-il jamais. Cependant, le jeune Hayashi ne pouvait pas non plus vivre dans le passé éternellement, et s'exclure de son clan, sa famille. Après tout, ses parents n'auraient peut-être jamais souhaités cela. Le genin continua d'écouter son cousin. Il voulait redorer le blason familial, lui qui était encore associé aux aristocrates qui ont coulé le pays. Daiki avait l'intention de faire un conseil. Qu'est-ce qui lui passait par la tête ? Voulait-il s'arroger également les rennes du clan ? Raito ne le pensait pas, il ne semblait pas être ce genre d'hommes avides de pouvoir. Non, il semblait réellement sincère, et il voulait simplement pouvoir redonner une image honorable à un clan qui le fut pendant une période... Leur clan. Raito ne put cependant réprimer un sourire sur la dernière phrase de son cousin. Il ne se souvenait pas de son nom.

- Raito... Ne t'en fait pas vas, tu le retiendras bien assez vite. Et bien Daiki sache que tu as de la chance d'être à ce poste. J'espère que tu seras digne de la confiance dont à fait preuve le Yondaime, mais je suis sûr que oui. Tu sembles être quelqu'un digne de confiance. Et sache que, jusqu'à que je devienne Hokage, tu auras mon soutien. J'espère également que ce sera l'occasion pour moi de nouer enfin des liens familiaux avec quelqu'un, et également de faire un pas vers la paix avec notre clan. Je suis heureux d'entendre que quelqu'un va enfin faire bouger les choses chez les Hayashi. C'est justement ces aristocrates qui n'ont pas voulu rendre hommage à mes parents, car cela n'était pas politiquement correct d'accorder, selon eux, de l'importance à ceux qui ont dirigé une branche, petite soit-elle, de notre clan pour pouvoir aider nos cousins. Enfin bref, sache que je souhaite également pouvoir prendre part à ce conseil. Je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour prendre un poids plus considérable dans le village. Je fais des missions, le plus possible, d'ailleurs je vais bientôt partir sur les traces d'Haraki le sanglant, avec un jônin du nom d'Aku. Cependant si tu as une idée pour me permettre d'accélérer le processus, je suis tout ouïe. J'en profite, puisque tu es le premier Hayashi avec qui j'ai une réelle discussion, pour savoir si tu aurais le temps de m'entrainer pour améliorer ma pratique du Mokuton ?

Spoiler:

Le jeune Raito, qui rappela son prénom que l’Hayashi avait oublié, semblait rempli de bonnes intentions. Il estima que Daiki avait de la chance de se trouver à ce poste et qu’il lui faisait confiance. Ce détail fit sourire le Godaime qui aurait éventuellement préféré un autre poste mais qui remplissait sa tâche tout de même. Konoha était sa maison et il la défendrait. Le blondinet continuait de parler et l’Hayashi l’écouta attentivement alors qu’il relatait l’histoire de ses parents et du clan. Il fallait en effet faire le maximum pour le clan des Hayashi afin qu’ils soient enfin vus différemment par la population. Daiki se chargerait de cela dès que possible. Et ce jeune garçon apporterait un appui supplémentaire s’il était un peu plus gradé. Il devrait progresser pour cela. Et pour une progression, rien de tel qu’un entraînement.

Il en parla d’ailleurs à son supérieur en lui demandant si ce dernier aurait le temps de l’aider à perfectionner ses techniques Mokuton. L’Hayashi fixa l’horloge sur le mur. Dehors la fête battait son plein et il reconnaissait qu’il n’avait pas vraiment la motivation pour se lancer dans de l’administratif à cette heure. Les derniers rayons de Soleil de l’été perçaient à travers les fenêtres et laissaient présager la tiédeur de l’air au dehors. Daiki se leva donc de son siège et se dirigea vers la porte qu’il ouvrit. Il resta à côté et jeta un regard vers son homologue plus jeune à qui il adressa un simple :

Suis-moi.

Puis il s’engagea dans le couloir qui menait à l’escalier pour accéder au toit. Il aimait vraiment cet endroit. C’était son lieu d’entraînement. Il l’avait quitté il y a à peine quelques instants pour son discours et là il y retournait dans le but d’entraîner ce jeune garçon motivé. Il allait voir un peu de quel bois il était fait. Plus cinq points pour le jeu de mots. Encore heureux qu’il ne l’avait pas sorti à voix haute. Il s’avançait sur l’étendue plate entouré de colonnes courbées qui partaient vers le ciel et qui marquaient le toit du palais de l’Hokage. Sans se retourner, Daiki créa son Fléau Vert dans sa main et sans prévenir il fit volteface d’un coup en plaçant deux doigts devant son visage.

Les épines constituant la masse d’armes verte se détachèrent de leur support pour filer droit devant. Si le jeune Raito tenait à améliorer son Mokuton, il devait d’abord s’entraîner à se battre contre ce dernier. Et puis c’était le meilleur moyen pour Daiki de voir de quoi il était capable. Si jamais le résultat de ce petit affrontement ne lui convenait pas, il lui enseignerait peut-être une technique pour en ajouter à son propre panel. Pour faire progresser ce jeune homme, il devait devenir un peu plus puissant et rien de tel qu’en petit affrontement ou un entraînement.

Alors que les dix épines enduites du poison contenu dans le Fléau Vert fonçaient sur leur cible, Daiki lâcha un sourire et s’exclama à travers le bruit de la foule festoyant en bas :

Allez Raito ! Montre-moi un peu de quel bois tu te chauffes !

Spoiler: