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Alors que je suis tranquillement en train de manger ; un aigle entre par la fenêtre de ma chambre et tient entre ses serres une lettre. Je sais déjà ce que ça signifie : on m’envoie en mission. Pressé de voir la tâche que l'on me confie, je m'empare de la missive, la décachette puis la lis. Une auberge de Mizu no Kuni prise en otage, bla bla bla. Groupe de terroriste, bla bla. Ce sont des shinobis. On va bien s'amuser dites donc ! C'est du moins ce que je pense jusqu'à ce que j'arrive au moment où je vois les revendications de ces hommes. J'ai comme un petit problème là. Je manque de m'étouffer avec un raisin à la vue de tout ces zéros.

« Hey Katsuo. Ça se lit comment ce nombre ?
▬ Fais voir. Hum … C'est … Attends, trois, six, neuf, douze, quinze, oui c'est ça. Y'a quinze zéros. Donc c'est euh … Bah j'en sais rien en fait. C'est dix puissance quinze.
▬ C'est beaucoup ?
▬ Un peu oui. C'est pourquoi ?
▬ Une demande de rançon.
▬ Et tu vas payer ?
▬ Question stupide, cela va de soi. Bien sûr que non je ne paierai pas.
▬ … Le contraire m'aurait étonné. »

Hors de question que je lâche un centime pour cette affaire. Je ne suis pas le genre d'homme à céder face aux maîtres chanteurs, surtout si ces derniers en veulent à mon blé. Puis, entre nous, leur demande est complètement absurde. Vous croyez sincèrement qu'on a cette somme au village ? Bon ; okay on l'a. Mais croyez-vous sincèrement qu'on va la leur donner ? La réponse à cette question est : non. Mille fois non. Si Kiri paie afin de récupérer ce seigneur, je m'exile au pays des cascades pour payer moins d'impôts. Parce que oui l'argent du village, c'est mon argent. Et j'insiste sur le déterminant possessif ! Déjà que ça me coûte de devoir raquer pour le bien public alors si en plus je m'aperçois que mon oseille part dans les mains de preneurs d'otages je pète un câble. Pourquoi devrait-on payer pour un seigneur ? Il peut pas mettre la main à la poche ? Il doit l'avoir, lui, l'argent, non ? Par ailleurs que faisait-il dans cette auberge ? Et que faisait ses gardes du corps ? Depuis quand un homme de cette importance séjourne dans une auberge ? Je ne sais pas pourquoi, j'ai l'impression qu'on se moque de moi là. À tous les coups c'est un complot fomenté à l'échelle nationale par des gens malintentionnés qui en veulent à mon compte bancaire ! Mais ça ne se passera pas ainsi ! Kiri ne paiera pas. Nous ne paierons pas. Je ne paierai pas et c'est bien ça qui importe au final. En effet, les hautes instances du village ont pris la décision ô combien éclairé de ne pas céder à ce chantage. Je tiens quand même à dire que pour une fois, je suis d'accord avec une des décisions de ces bureaucrates. Comme quoi, l'avarice peut rapprocher des gens.

Je sors de chez moi après m'être habillé en hâte et rejoins les lieux de la prise d'otage. L'auberge est cernée par bien du monde, dont la majorité sont des civils observant la scène. J'essaie de trouver parmi tout ces gens mon camarade de mission ; un certain Kaguya Tetsuo. Plusieurs négociateurs déjà présent sur les lieux tentent de faire évacuer la foule. Mieux, ils commencent à délimiter un périmètre de sécurité via une bandelette jaune où est écrit la fameuse phrase : « Interdiction de franchir cette ligne ». Je pense à titre personnel que ce message est un tantinet longuet et peu autoritaire. Pour plus d'impact, on devrait changer et inscrire sur cette bande la phrase suivante : « Vous ne passerez pas ! ». Bref, blagues mises à part, je dois trouver le Kaguya en vitesse. Ceci-fait nous pourrons mettre un plan en place, essayer de raisonner les ravisseurs ou bien utiliser la manière forte.

Bizarrement, Tetsuo ne veut plus que je lui prête de l'argent. Que c'est surprenant ! J'aurais juré que ma proposition d'emprunt allait lui plaire. C'est vrai quoi. C'est honnête un taux de 15 000% sur une minute. Les jeunes de nos jours, ils ne savent pas ce qu'ils veulent ! De mon temps lorsqu'on empruntait à quelqu'un, on savait rembourser et on savait de plus qu'il y allait avoir une marge « importante » entre ce que l'on a pris à un moment X et ce que l'on rend à un moment X+1. Bref. Tetsuo, ne désirant pas raquer, me demande quelle était mon idée. Je me raque la gorge et lui explique :

« C'est simple. On prend un billet et on le clone des centaines de fois jusqu'à avoir la bonne somme, on met le tout dans une valise et on file ledit objet aux criminels. Le problème de ce plan est qu'ils vont sûrement vouloir vérifier que les billets sont vrais. Faut les comprendre, ils ont très certainement peur de se faire duper. Et si au premier abord, les coupures paraîtront réelles, il leur suffira d'une analyse un peu plus poussée pour se rendre compte de la supercherie. Tout va donc sûrement se jouer entre le moment où je leur passe la valise et le moment où ils analyseront son contenu. C'est là que nous devrons intervenir et mettre en sécurité les otages. »

En soi le plan n'est pas compliqué. Il est même fort probable que le Kaguya ait pensé à cela avant moi. En effet, s'il m'a demandé un billet de cent ryos, c'était peut-être pour le dupliquer plusieurs fois. Quoiqu'il en soit, je demande à l'équipe de négociateurs et de ninjas de préparer la mallette d'argent. Cloner des objets inanimés, c'est la base du ninjutsu alors qu'ils fassent leur boulot. Pourquoi ce n'est pas moi qui m'y colle ? Et bien car, compte-tenu de l'extraordinaire somme qu'ils demandent, j'ai autre chose à faire que de cloner des milliers de fois un vulgaire billet de cent. Par ailleurs, j'ai une petite idée pour mettre les coupables sur la fausse piste. Il faut peut-être que j'en parle à mon camarade de mission.

« On devrait peut-être négocier avec eux avant de leur donner ce qu'ils veulent. Si on insiste pas, ils vont avoir des doutes sur notre sincérité. Puis ce qu'il demande est un peu … Abusé. »

C'est peu de le dire. Il semble peu probable qu'un village aussi grand et fort que Kiri accepte de refiler un tel magot à des pignoufs dans leur genre sans essayer de parlementer un minimum. On va donc prendre contact avec eux, essayer de parler, de les résonner et si cela ne fonctionne pas – et je suis prêt à parier dix billets que cela ne marchera pas – nous feront mine de céder sous leur menace. Au passage, négocier va nous faire gagner du temps. Ce temps est nécessaire pour deux choses : D'une part pour qu'ils doutent – une affaire longue est toujours plus stressante qu'un coup rapide – et de deux, pour que les spécialistes qui nous accompagnent aient le temps de préparer la valise de faux billets. Car oui, même si cloner un billet est une technique de bas rang, cela prend du temps d'en créer des milliers avec ce procédé. Puis, il faut tout mettre dans la valise, tout ordonné, mettre les élastiques pour que les liasses tiennent bien. Je prends un mégaphone et le refile au garçon à la chevelure argenté.

« Parle avec eux. Gagne du temps, essaie de faire baisser le prix au maximum et si possible d'obtenir un otage en guise de bonne foi. Si la parlotte ne fonctionne pas et si tu sens les preneurs d'otages déterminés, cède. Moi je vais voir où ils en sont et les aider si possible. »

Alors cette mallette pleine de billet ? Elle est prête ? En tout cas, moi je vais me transformer. Vu que c'est moi et Tetsuo qui allons donner la valise aux criminels, il vaut mieux que ces derniers ne me reconnaissent pas, sans quoi ils risquent de prendre peur. Je prends donc le faciès d'une tout autre personne : un blond aux yeux verts.