Ce samedi là, Rei prit beaucoup moins de temps pour se lever qu'à son habitude. En effet cette journée serait assez spéciale puisque le jeune homme se verrait attribuer sa première mission en tant que Genin, une mission de rang C. Et même si elle devrait être relativement facile, elle avait une signification un peu particulière pour lui. Quand son réveilla sonna, il enleva d'un geste vif sa couette et se prépara rapidement, il enfila sa tenue habituelle puis partit récupérer son ordre de mission. Il était enthousiaste à l'idée de faire ses premiers pas en tant que shinobi, en tant que membre actif du village. Pour lui c'était comme passer un cap, il entrait dans une phase active de son apprentissage. Il étudiait ardemment depuis longtemps et espérait avoir une mission en rapport avec ses aptitudes, mais qu'elle fut sa surprise quant il eut entre les mains la feuille que lui donna le responsable :

Citation :

Type de la mission : assistance

Objectif : Le propriétaire d'un champ a rapporté le vols de ses bovins, aidez-le à labourer ses terres pour qu'il puisse planter ses cultures dans les temps, puis attrapez le voleur et soumettez-le aux autorités.

Rei se tenait là, bouche bée devant le Chuunin, se demandant s'il ne rêvait pas ou s'il avait des problèmes de vision. Il hésita un instant à se pincer pour vérifier cette hypothèse, mais malheureusement pour lui c'était bien la réalité.

« Euh monsieur, c'est vraiment l'ordre de mission ?

– Oui, tu vas bien t'amuser mon ptit' » dit-il tout en rigolant.

– Connard –

Rei ne le dit pas à voix haute, mais il le pensait très fort. Le point de vue qu'avait exposé le Chunin était très différent du sien, lui qui n'en revenait toujours pas de se coltiner les tâches des autres. Il savait que les missions de rang C et D étaient souvent des aides à la personne, mais planter des choux... il s'attendait à tout sauf à ça. Cependant, maintenant qu'il s'était engagé, il ne pouvait plus refuser, et puis l'idée d'être rémunéré à la fin de celle-ci apaisa un peu son agacement. Il sortit du bâtiment d'un pas lourd, et se dirigea vers l'extérieur du village. Le paysan se nommait Razan Akitoshi, et habitait dans un village situé au sud ouest de l'île principal du pays de la brume. Heureusement pour lui il faisait beau ce jour là, il n'aurait donc pas à faire le boulot des vaches sous des torrents d'eau. Il passa par le tunnel traversant la montagne qui bordait le village, puis une fois arrivé de l'autre de côté il longea les rizières accroché à son flanc. Les collines était verdoyante et les champs prêt à être récolté. Bientôt les paysans retireraient l'eau des canaux pour assécher les terres, puis après deux semaines ils récolteraient les pannicules pour ensuite les faire sécher dans un entrepôt afin de pouvoir récolter les grains de riz.

Après une heure de marche il arriva enfin à destination, et le choc fut encore plus dur lorsqu'il vit la taille du champ du vieillard. Celui-ci s'étendait à presque perdre de vue, de quoi finir de plomber le moral de Rei. Il en aurait surement pour plusieurs jours, sans compter qu'il devrait retrouver le voleur. Alors qu'il parcourait le chemin amenant à la maison du paysan, il imaginait les différentes choses qu'il ferait pour se venger du voleur, mais il était certain qu'il le payerait cher, très cher. Il prendrait un malin plaisir à déchiqueter ses muscles ou ses tendons, peut-être même qu'il tailladerait ses nerfs pour lui faire ressentir une plus grande souffrance. Le soigner puis le traumatiser, une forme de torture sadique n'ayant pas de limites correspondant assez bien à Rei. Une fois arrivé au seuil de la porte de la chaumière, il aperçut l'homme dans le champ en train de le labourer et se dirigea vers lui.

« Bonjour monsieur, je suis le ninja que vous avez mandaté.

– Salut mon ptit' gars ! T'as pas l'air bien costaud toi, t'penses que tu vas y arriver à planter mes choux ? »

– Oui, ne vous inquiétez pas pour ça, je remplirai ma mission. D'abord je vais vous aider dans vos champs puis je partirai à la recherche du voleur de vos vaches » – Et je vais bien m'amuser quand je l'aurai retrouvé –

L'homme lui montra la zone dont il devait s'occuper et les sacs de graines de choux, il les prit puis se mit au travail. Tandis qu'il creusait les trous et plantait les graines, un comptine de son enfance résonnait dans sa tête :

♫ Savez-vous planter les choux
À la mode, à la mode
Savez-vous planter les choux
À la mode de chez nous ♫

Sa grand-mère qui était une ancienne paysanne lui chantait parfois cette chanson pour le calmer quand il pleurait. Il n'aurait jamais imaginé se retrouver dans une telle situation un jour, et s'amusa à inventer les différents moyens qu'il pourrait utiliser pour planter les choux tout en respectant la comptine :

Pour le planter avec le pied, il n'aurait qu'à frapper dans le légume pour le faire rentrer dans la terre, de même pour le genoux. La tâche serait un peu plus difficile avec le nez, mais le voir faire rouler le chou jusqu'au trou aurait été assez drôle. Et puis comme ça il pourrait ajouter un peu de morve sur le plant afin de lui apporter des nutriments pour sa croissance. Et enfin pour la tête il lui suffirait de donner un coup de boule, et le travail serait fait. Curieuse mode que de planter les choux de cette façon, et il passerait surement pour un fou si quelqu'un le voyait agir ainsi. Mais réfléchir aux différents façons qu'il pourrait employer pour le faire l'aida à passer le temps.

Il mit trois jours entiers à finir la zone que lui avait confié Razan, trois long jours pendant lesquels il avait eu mal au dos à force de répéter les même gestes encore et encore. Se baisser, faire un trou dans la tranché, y mettre la graine puis remettre la terre, et enfin l'arroser. Il se sentait vieux avant l'âge à cause de son manque d'entrainement, et se lever le matin devenait un véritable supplice pour lui. La douleur le lançait dans son dos qui il fallait quelques minutes avant qu'elle ne s'apaise. Mais une fois le travail achevé, il ressentit un peu de fierté, non pas parce qu'il avait réussi une partie de sa mission, mais plutôt parce qu'il n'était pas aussi faible physiquement qu'il ne le pensait.

« Et ben, j'pensais pas qu'tu y arriverais. T'as le droit d'te reposer un peu avant d'aller à le recherche de cte voleur de vache. »

Mais à quoi cet homme avait-il pu bien penser pour voler des vaches, et surtout qu'en ferait-il ? Cette réponse Rei ne la connaissait pas, à part si l'homme en question était un boucher, ou si c'était une femme... Mais son là son s'égara un peu trop. Il devait surement vouloir les vendre pour arrondir ses fins de mois, peut-être un autre paysan qui avait une dent contre le vieillard... De toute façon il le découvrirait bien assez vite.

« Merci, je partirai en début de soirée dans le village pour faire mes recherches, combien vous en a-t-il volé ?

– Bien une p'tite dizaine, en plus il m'a volé marguerite, ma vache préféré ! Tu les reconnaîtra grâce au tatouage dans sur leur cuisses. »

Marguerite, quel nom ridicule pour une vache, et surtout, pourquoi l'agriculteur avait donné un nom à sa vache... Car l'homme semblait avoir nommé la plus part de ses bovins ! Pour un animal de compagnie c'était logique, mais pour du bétail, Rei ne comprenait décidément pas le paysan.
Mais même si l'homme n'était pas une flèche il se montrait travailleur et assidu, et le Samui respectait beaucoup cela, et puis il faut de tout pour faire un monde.

Il rentra dans la maison de Razan puis prit une douche après avoir mis ses vêtements à laver. Il resta un bon moment sous l'eau appréciant le bien qu'elle lui faisait. Chacun de ses muscles se décontractait progressivement, et la chaleur apaisait ses articulations. Puis quand ses vêtements eurent fini de sécher, il partit en direction du village. La nuit venait à peine de tomber et l'on pouvait voir à l'horizon le soleil se coucher sous les collines. La scène était digne d'une peinture avec le panel de couleurs que l'on pouvait observer, celui-ci étant du à la réfraction de la lumière sur l'atmosphère. Le jeune homme ralentit le pas afin de profiter pleine du spectacle qui s'offrait à lui.

Une fois arrivé au hameau, il alla directement à la taverne. Après avoir réfléchi sur la façon dont il allait procéder, Rei se dit que le meilleur moyen d'avoir des informations serait de demander aux gens du coin, et quoi de mieux pour faire parler les cœurs que de se retrouver autour d'un verre. Il entra dans un bar puis demanda au barman et à divers hommes que lui avait conseillé le paysan afin de récolter plus de renseignements. Mais malheureusement pour lui, personne ne savait rien à propos du voleur et certains évitaient même la question faisant mine de ne pas comprendre. Pendant un moment le ninja se demanda s'il devait en prendre un à part et le torturer pour avoir plus d'information, mais il se dit alors que c'était une mauvaise idée que de se faire des ennemis au sein de la population s'il voulait mener sa mission à bien. Il alla de taverne en taverne, posant toujours les même questions et recevant toujours les même réponses, ce qui avait le dont de l'agacer. A quoi bon protéger un homme qui se trouve être un voleur ?

Rei se posa un instant sur un banc à l'entrée d'un bar puis réfléchit à une autre solution. Alors qu'il était perdu dans ses pensées il entendit des mots qui attirèrent son attention.

« Alors ça t'intéresses ? C'est du bétail de qualité, et à un prix défiant toute concurrence !

– Ouais c'est vrai mais tu les as où tes bêtes ?

– C'est un oncle qui est mort, et vu qu'il n'avait pas d'enfant j'ai récupéré son héritage, mais bon je n'en ai rien à faire de son champ et de ses bovins.

– D'accord , je te dirais ça demain, rendez-vous ici à la même heure. »

Le Samui attendit que les deux hommes eurent fini leur discussion puis il suivit le vendeur. Ils sortirent du village après avoir serpenté une demi-heure dans les rues, et il aperçut une étables contenant des vaches. Quand il passa devant, Rei reconnu la marque des bêtes de Razan affirmant ainsi l'identité du coupable. Quand le voleur s'en éloigna, le shinobi apparut devant lui puis s'en approcha d'un pas confiant.

« Donc c'est bien toi qui est responsable du vol des bêtes de Razan.

– Qui êtes-vous ? Et que faîtes-vous là ?

– Je suis le ninja mandaté par Razan Akitoshi pour régler cette affaire. »

Mais avant même que Rei ne puisse ajouter autre chose, l'homme prit la fuite. Il le poursuivit puis quand il arriva à son niveau, le jeune homme se baissa et lui sectionna les tendons de ses genoux. Le voleur s'écrasa au sol gémissant de douleur.

« Tu t'enfuis devant un ninja alors que tu sais pertinemment que tu n'as aucune chance. Tu sais ce qui arrive aux troubles fait dans ce pays, n'est-ce pas ? » Un sourire sadique se dessinait sur son visage alors qu'il prononçait ces mots.

Des gouttes de sueurs coulaient sur le visage de l'homme, effrayé par l'idée de recevoir le jugement qui l'attendait, sa peur était palpable. A Mizu no Kuni, les voleurs étaient jugés en fonction de la gravité de leur acte. Il ne serait probablement pas exécuté, mais il croupirait dans une cellule pendant un long moment. Et les prisons de Kiri n'avaient pas d'égales dans le monde shinobi pour les conditions de vie et les traitements qui y étaient infligés.

« Et si tu résistes tu ne feras qu’aggraver ton cas, alors laisse toi faire et n'essaye pas de t'enfuir si tu veux pouvoir remarcher un jour »

Il resta là à même la terre, tremblant de tout son corps. Rei se demanda s'il n'allait pas craquer et finir par pleurer, ce qui aurait été encore plus pitoyable et comique, mais il ferma les yeux et commença à se calmer. Il alla chez le vieillard accompagné de son prisonnier pour lui annoncer qu'il avait récupéré ses bovins, et le lieu où ils étaient entreposés. Celui-ci le remercia chaleureusement et lui souhaita bon courage pour la suite, assurant que sa porte serait toujours ouverte pour le jeune homme. Le Samui apprécia le geste puis rentra en direction du village avec le papier de confirmant que sa mission était une réussite. Il arriverait assez tard dans la soirée, puis après avoir soumis le voleur aux autorités, il irait chercher sa récompense pour son travail, récompense qu'il avait dument mérité après avoir passé tout ce temps à planter des choux, et à chercher le criminel.