Un début de matinée frais dans les rues de Suna, l’hiver était là et les températures chutaient dramatiquement pendant la nuit et il fallait quelques heures pour que le soleil redonne sa chaleur au pays du vent. Comme à son habitude, Masamune s’était levé de très bonne heure pour pouvoir profiter des rues encore calmes de Suna sans avoir à affronter les regards de dégoûts des Sunajins et les larmes des enfants. Les échoppes étaient encore pour la plupart fermées, seuls les lieux de débauche nocturne affichés encore le néon criard et les clients qui en sortaient étaient pour la plupart encapuchonnés et préféraient regarder leur pied ce qui convenait tout à fait au shinobi. Masamune aimait cette ambiance étrange qui voyait se rencontrer la vie nocturne et le prélude de celle sous le soleil.

Mais le shinobi ne flânait pas dans les rues pour l’ambiance, entre son travail de shinobi et celui d’ingénieur Saibogu il n’avait pas de temps à perdre pour profiter de petits instants comme celui-ci, non, il se rendait chez un commerçant un peu particulier, pas franchement honnête et connu des services de sécurité intérieure de Suna, mais à qui on laissait le droit de ”commercer” puisqu’il était également un excellent indic. Mais Masamune n’allait pas lui rendre une visite de courtoisie, s’il y avait un seul endroit où les bandits venaient refourguer leur marchandise voler, c’était bien chez ce commerçant, monsieur Ami, et Masamune s’était justement fait dérober dans ses appartements le seul objet de valeur qu’il possédait. Cet objet, un pendentif en or avec une pierre d’onyx, avait surtout une valeur sentimentale pour le Saibogu, celui-ci était la seule chose qui lui rappelait qui il avait été auparavant et lors ses crises d’autoflagellation les plus intenses, ce simple pendentif lui permettait de retrouver ses esprits. C’était en effet le seul bijou qu’il avait offert à son épouse lorsqu’il avait appris que celle-ci attendait un enfant. La valeur sentimentale de ce bijou dépassait largement son prix sur le marché noir aux yeux du Saibogu et quoi qu’il se passe il le récupérerait et ferai payer lourdement l’affront aux idiots qui avaient osé s’en emparer, la mort serait un châtiment bien trop doux pour eux, non, Masamune avait pris soin d’emporter avec lui sa trousse d’outils et dieu seul savait de quoi il était capable avec.

La silhouette encapuchonnée du Saibogu s’engouffra dans une impasse étroite et déserte où se trouvait tout au bout l’échoppe du receleur. Ce n’était pas dans son habitude de succomber à la colère, mais Masamune ne risquait pas d’être tendre si Ami ne se montrait pas coopératif et la patience du shinobi était déjà en dessous de zéro. Avec fracas, il enfonça brutalement la porte de son poing métallique. Le commerçant n’était pas censé être encore ouvert, dans son échoppe plongée dans un démi-jour, l’ombre imposante du shinobi devant se qu’il restait de sa porte ne fit qu’accentuer la frayeur du receleur qui s’était saisi d’un wakizashi qu’il pointait en direction du démon lui faisait face.

« Tu n’as pas loin moindre idée de ce que tu viens de faire, je suis un intouchable ! Tu es certainement nouveau dans le coin pour oser faire pareil irruption chez moi ! Passe ton chemin brigand et tu auras la vie sauve ! »

La voix tremblante d’Ami et les menaces proférées à l’encore du Saibogu n’eurent comme effet que de faire s’esclaffer Masamune. Le bruit métallique de son rire n’avait rien d’un de ses rires que l’on disait communicatif, bien au contraire. Ses yeux rougeoyant et immobile ne quittaient pas le regard du commerçant tandis qu’il enjambait le pas-de-porte encore en un seul morceau. À chaque pas du Saibogu, Ami brandissait de plus en plus haut son arme, mais ses mains tremblotantes et la sueur qui perlait de plus en plus sur son visage ne dénotait que la frayeur et l’angoisse grandissante.

« C’est moi qui vais te proposer un marché Ami-san, tu as quelques choses qui m’appartient et je vais donc marchander avec toi. Je cherche un pendentif en or et sertit d’une pierre d’onyx, tu vas me le donner et me donner également les noms des brigands qui te l’on amenait...»

Lorsque Masamune fut à portée du wakizashi, Ami ne se fit pas prier pour tenter de lui asséner un coup violent au visage. Un entrechoque de métal, pas de bruit de la chair tranchée, ni celui du sang qui giclait. Les mains du commerçant tremblaient encore plus, la vibration du coup s’était répercutée sur l’ensemble de la lame puis de la garde avant de remonter dans ses bras avant qu’il ne lâche l’arme. D’un geste rapide, Masamune empoigna violemment son vis-à-vis par le col pour l’amener à face contre face, puis de son autre main retira le chèche qui lui masquait le visage.

« Je te propose un marché et tu tentes de me tuer ? Ce n’est vraiment pas commerçant Ami-san... »

Les yeux écartillaient, le receleur fixait avec terreur le visage de métal qui lui faisait face, il pouvait voir la trace qu’avait laissé le coup de wakizashi sur ce qui faisait office de pommette.

« Co..Comment connais-tu mon n.. »

« Mais veux-tu cesser avec tes questions stupides ! Tu as maintenant 10 secondes pour répondre favorablement à mon marché, sans quoi je briserai en premier lieu tes doigts les uns après les autres et je remonterai petit à petit et crois moi que je suis capable de te maintenir éveiller. »

Emporté par sa colère, Masamune n’avait pas senti de présence avant d’entendre le bruit d’un pas se poser sur les débris de la porte précédemment enfoncer. Il passa sa tête par-dessus son épaule pour observer une silhouette athlétique se dessiner devant le pas-de-porte. Sans pour autant lâcher Ami, Desumasku éla l’inconnu.

« C’est fermé pour une durée indéterminée... »

Alors que la fraiche rosée du matin commençait à faire son apparition sur un Suna encore plongé dans un profond sommeil, un corps gisait dans le sable. On aurait pu croire à juste titre en temps de guerre, que celui-ci n’était qu’un cadavre parmi tant d’autre, mais la guerre n’était plus à l’ordre du jour et il semblait bien qu’il s’agissait en fait d’un homme qui avait sans doute dû passer une nuit mouvementée. Semble-t-il plongé dans un profond sommeil, le jeune homme entouré de quelques bouteilles vides, ne semblait pas se douter que deux étranges, pour ne pas dire douteux personnages s’approchaient de lui, avec des intentions pour le moins douteuses. En même temps qui pouvait être con au point de dormir devant les murailles de Suna, un homme un peu trop influençable, me dites-vous ? Si c’est le cas alors je crois pouvoir sans trop de surprise vous confirmer cette théorie. Après une bonne série saké, le jeune homme avait parié avec un inconnu qu’il serait capable de rester une nuit entière à l’extérieur du village ninja, si bien sure il recevait une petite somme de monnaie en échange.

Un défi plutôt puéril, mais rien d’inhabituelle en somme pour ce jeune garçon irresponsable. Aussi incroyable que cela puisse paraitre, ce n’est pas la rosée du petit matin, mais les chuchotements des personnes qui l’approchaient qui le sorti des bras de Morphée. Son premier réflex fut de chercher dans la poche de son pantalon l’argent qu’on lui avait promis, afin de s’assurer de la bonne parole de son acolyte de soirée. Un large sourire se dessina tout un coup sur son visage, visiblement encore marqué par la courte nuit qu’il venait de passait. Il se releva pour rentrer chez lui, où il trouverait un bon lit bien douillet pour prolonger sa nuit, quand deux silhouettes lui barrèrent le chemin. Les deux hommes grassouillets, tout deux armés d’un couteau qui semblait être de qualité moindre, semblaient être un comité d’accueil peu chaleureux.

« Salut bouffon, alors v’la s’qu’on va faire de toi, tu nous passe ton fric et tu es vivant c’soir sinon moi et mon camarade on te règle ton compte. »

Ces mots réjouissaient notre jeune homme qui n’avait pas pu assouvir son instinct meurtrier depuis un bon bout de temps et alors que l’odeur et la couleur du sang commençaient à lui manquer sérieusement, deux guignols peu crédible essayaient de le braquer, vraiment, cette journée commençait sous les meilleurs aurores. Il ne fallut pas beaucoup de temps à Zetsu pour se défaire des deux imbéciles qui avaient osé le menacer, il avait d’ailleurs récupéré pas mal de babioles qu’il comptait bien troquer contre un peu d’argent.

Il s’était donc mis en route pour trouver un commerçant à qui vendre les quelques babioles qu’il avait dérobées, mais pour une fois le jeune homme avait réfléchis ne serais-ce qu’un minimum. Si ces objets avaient été volés, il courait le risque d’être inculpé pour ces larcins et ça c’était un peu emmerdant, surtout que dans ce village il devait se tenir à carreaux pour préserver l’honneur de sa famille, mais heureusement pour lui, il connaissait un homme qui accepterait de lui acheter ses bijoux sans poser trop de questions. C’est comme par hasard ce jour-ci qu’un espèce de dingue semblait avoir un compte à régler, enfin d’après ce que Zetsu avait pu comprendre. Il faut dire qu’arriver dans un établissement avec une porte défoncée et un homme qui en menace un autre c’était décidément pas une journée comme une autre ! Alors que Zetsu attendait sagement son tour, l’espèce de fou furieux stoppa net ses menaces et s’adressa directement à notre jeune héros.

« C’est fermé pour une durée indéterminée... »

L’homme était vraiment étrange, il semblait recouvert d’une espèce d’armure de métal, mais il en faut plus pour impressionner Zetsu qui ne tarda pas à lui répondre, plutôt amusé par la situation.

« Du calme mon gars, je ne sais pas si c’est ça que tu cherches, mais si c’est le cas tu dois vraiment y tenir pour disjoncter ainsi quand tu en es privé. » Il lui tendit l’un des bijoux qu’il avait pris aux cadavres des brigands. « Si c’est bien lui, sache que les deux hommes qui te l’ont pris sont morts, de plus il m’appartient désormais, mais ne t’inquiète pas je suis ouvert à toutes propositions. »

Malgré son air détendu le jeune shinobi gardait une main prête à sortir son sabre, au cas où.