Informations Grade : Rokudaime Hokage
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![Bonne action? [solo] Empty](https://2img.net/i/fa/empty.gif) | | (#) Sujet: Bonne action? [solo] Mer 13 Mar 2013 - 11:58 | |
| Au moins, les gens étaient motivés.
Mains dans les poches, Onpu regardait tout ce petit monde s'agiter, boire les paroles de l'improbable Hokage, puis bientôt les enseignements des ANBU. Intérieurement, il souriait. Au delà des estomacs serrés et de l'anxiété grandissante des plus angoissés, plus loin que le pragmatisme gris et plombant des hommes d'honneurs qui se disaient prêts à cracher leur dernier souffle à Hai no kuni, c'était bel et bien l'esprit d'entraide qui prédominait. Après l'avoir tant méprisé et blâmé, Onpu commençait enfin à comprendre la substance de ce que certains appelaient la "volonté du feu". Depuis que les villageois avaient choisi de le troquer au masque blanc contre le prisonnier Hayashi, il se sentait toujours plus attaché aux konohajins jour après jour, sans la moindre distinction entre civils et shinobis, adultes et enfants. Même si c'était probablement à Suguato qu'il devait le plus, au final.
La vision de certaines têtes connues le fit sourire. Aku, vaillant chûnin à présent, et sa camarade de promotion, une certaine Krystal. Maïka lui avait parlé d'elle, c'était vraisemblablement quelqu'un de confiance et qui méritait largement son nouveau grade. Miko, la sombre et dévouée doyenne de la Racine, l'avait d'ailleurs prise sous son aile. Son regard mauvais le refroidit un peu, mais ce n'était peut être pas le bon moment pour parler de ce qui n'allait pas.
Au final, le luthier était parmi les derniers à ne rien faire. L'émotion de voir ses camarades ainsi n'était pas la seule chose qui le bloquait. Il y avait la flemme aussi.
Mais quand le rose sombre des cheveux de Maïka entra dans son champ de vision, les choses changèrent. Il se fraya un chemin jusqu'à elle, l'air de rien. Elle parlait avec un genin.
-"J'ignorais que tu avais la fibre pédagogique", lui fit-il en souriant.
-"Je ne l'ai pas, crétin. Ce gosse est en train de m'apprendre la technique. J'ai jamais rien pané au fuinjutsu..."
Un peu gêné, On' tourna les yeux vers le gosse en question. Il avait le même jaune dans les yeux que feue la fondatrice de la Racine; c'était très probablement un rejeton du clan Hyô, avec le don pour les sceaux au creux des veines.
-"Moi non plus, si ça peut te consoler. Je peux me joindre à vous?"
Tandis que Maïka le regardait d'un œil dubitatif comme pour blâmer son culot, le jeune Hyô acquiesça gentiment avant de recommencer ses explications depuis le début. Les mudras, le principe d'extraction, le plaquage sur parchemin... Onpu avait un peu menti, il comprenait quelque chose au fuinjutsu. A son arrivée à Konoha, il s'était immédiatement documenté sur cette discipline qui, disait-on, lui permettrait de stocker tous ses instruments de musique et ses créations originales dans un vulgaire rouleau de papier (même si au final ses rouleaux étaient plus gorgés en armes de jet qu'autre chose). C'était lui qui réalisait ses propres parchemins, mais sa connaissance des sceaux s'arrêtait là.
Le gamin lui avait conseillé rat, singe et serpent. Quand il s'agissait de sceller des outils, c'était précisément les mudras qui étaient suggérés dans les livres, mais le luthier n'avait jamais adhéré à cette école; un peu malhabile en terme de compactage de chakra, il avait tendance à utiliser la chèvre à outrance, comme tous les débutants. C'était peut-être pour ça qu'il gaspillait autant de chakra au début... mais avec la pratique, même sa mauvaise méthode avait fini par se rendre à peu près efficace, même si elle était loin d'être optimale.
Cependant, les enjeux n'étaient plus les mêmes. Ce n'était plus la coque physique de l'objet dont il s'agissait d'imprégner le parchemin, et d'ailleurs, il n'était plus vraiment question d'objet du tout. Sceller du chakra, voilà une tâche ardue. Était-ce une bonne idée d'utiliser encore une fois le mudra de la chèvre? Probablement pas. Allait-il le faire quand même? Sans aucun doute. Le luthier savait s'adapter aux consignes, mais il tenait à ses petites habitudes.
Les explications du jeune Hyô avaient été claires et synthétiques comme celles d'un livre, mais On' était tout à fait conscient qu'il n'arriverait pas à maîtriser ça juste avec de la théorie bien formulée. En remerciant chaleureusement le jeune homme, lui et Maïka s'éloignèrent.
-"Je suis une vraie brèle à ça, j'ai même pas compris la moitié de ses explications..."
-"T'inquiète. Ça ira mieux après un peu de pratique."
-"T'es marrant, toi. Faudrait des cobayes pour commencer."
Là-dessus, il fallait dire qu'elle n'avait pas tort. Mais une sombre idée fleurissait dans la tête du luthier. Ce n'était probablement pas le bon endroit pour la mettre en application. Aussi, dés que Maïka eut le dos tourné, il en profita pour s'éclipser discrètement. Il y avait les têtes des Hokages au loin, au moins là-bas il pouvait être sûr d'être au calme.
♪♪♪
La tête de pierre géante de Nikkou était celle qu'il préférait. Perché dessus, il pouvait apercevoir son atelier, alors qu'il était caché par d'autres bâtiments quand on regardait le village depuis les cheveux de Miyu ou Nami.
La vue était magnifique, et il n'y avait personne. Cet endroit était définitivement propice à la méditation. Il s'accorda une petite pause, cinq minutes environ.
Puis soudain, comme si un sensei imaginaire venait de lui crier "Arrête de rêvasser, tête en l'air!", il enchaîna deux paires de mudras et posa sa main au sol, déployant un petit portail spatio-temporel dans un tout petit nuage de fumée. Quand celle-ci se dissipa, on pouvait voir au sol une petite créature ignoble, aux vagues allures de chiroptères. Sa taille n'excédait pas celle d'une main, mais c'était comme si ses os étaient en vrac, que chacun de ses membres avaient été montés à l'envers. Ce n'était pas une chauve-souris, c'était... une erreur de la nature.
Il y avait quelque chose de mathématique dans l'art mystérieux du kuchiyose. La nature de l'invocation était directement corrélée avec la texture et la quantité de chakra que l'on utilisait pour ouvrir le portail. En s'entraînant, le jônin avait fini par trouver la combinaison de manière à systématiquement faire jaillir Monad de son trou, mais il suffisait de malaxer son chakra un peu au hasard pour être victime de ce genre de... surprise. La première fois, Onpu avait ressenti un mélange de peur et de dégoût, mais au fil des échecs il s'était habitué à l'horreur que pouvait représenter ces échecs naturels, et avait fini par accepter leur existence.
En tout cas, la pauvre bête était vivante. Malgré ses airs de boule de chair et son incapacité à bouger, elle possédait la force qui poussait tout être vivant à remonter la tête hors de l'eau. C'était de cette force qu'il fallait s'emparer. Onpu sortit le rouleau qu'un ANBU lui avait confié aux terrains d'entraînement, et déroula sa blanche surface sur le sol. Il enchaîna ses trois mudras, prit sur lui et posa deux doigts sur le corps de la bête. C'était la première fois qu'il touchait une de ces créatures, la sensation était tout sauf agréable. D'un mouvement sec, il arracha une partie du chakra de la boule de chair chaude, mais ne put pas le garder en main plus de quelques secondes. Il semblait s'être évaporé, mais en réalité il n'avait fait que réintégrer le corps de la bête.
Quand il prit mesure de son échec, la culpabilité vint à son tour. Dans le fond, ce qu'il faisait était abominable. Jouer avec la vie d'êtres vivants, qui de plus appartenaient à l'espèce des chiroptères avec qui il avait signé ce contrat dans les sombres cavernes du pays du feu... est-ce que ça faisait partie du deal? Si le supérieur de Monad et Rone apprenait ça, risquait-il la résiliation du pacte?
Mieux valait ne pas savoir. Mieux valait essayer de se rendre utile, et d'abréger les souffrances de la pauvre bête. C'est ce que Suguato aurait fait; il avait des défauts, mais au moins il savait ne pas se laisser impressionner par les choses gluantes de la vie. En cet aspect, c'était un exemple à suivre.
Alors il recommença. Posant de nouveau l'index sur ce qui semblait être la tête de la chose, il concentra son chakra sur la surface de contact entre lui et elle. C'était désagréable, mais il s'agissait d'établir un lien entre son propre chakra et celui de la bête, afin d'assurer la portabilité de ce dernier. Il s'agissait d'être patient. Il s'agissait d'être fort...
Un déclic l'avertit que l'échange de chakra s'était enfin stabilisé. C'était le moment. Il décolla prudemment son doigt de la boule de chair, puis le dirigea très lentement vers le parchemin, comme s'il était en train de manipuler un objet précieux et fragile. C'était ni plus ni moins qu'un jeu d'adresse.
Quand il plaça son doigt sur le parchemin, il forma une demi-chèvre avec l'autre main de manière à graver le sceau.
C'était terminé. La boule de chair ne bougeait plus, elle refroidissait. C'était la mort la plus délicate qu'on aurait pu espérer lui offrir.
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