Encore une fois, le nécromancien de Kiri allait se retrouver sur les routes. De nouveau il était appelé pour une mission de rang A. Il allait devoir se charger d’un groupe de mercenaires sur une île avec une relique où il ne sait trop rien. Un type était venu le chercher en trombe dans son bureau du Misuto alors qu’il était perdu sous une montagne de paperasse. Le gars lui avait dicté essouflé l’intitulé de la mission et lui avait demandé de se rendre aux Longs Tunnels pour attendre sa coéquipière. A croire que le gars n’avait jamais couru de sa vie pour suer et souffler comme ça ! mais il n’allait pas le blâmer il le sauvait d’un boulot de bureaucratie. Le temps de boucler sa ceinture à rouleaux reposant sur le bureau et il était parti.

Maintenant qu’il était dans la rue, il tâcha de se remémorer au maximum des détails que son messager avait mentionné. La population du village visé était prise en otage avec son chef par le groupe de bandits. Ce serait du menu fretin a priori mais l’ordre de mission précisait que la notoriété de certains n’étaient plus à faire. Dommage ce ne serait pas réglé en moins de deux. En même temps il ne s’agirait pas d’une rang A dans le cas contraire. Une B tout au plus comme il y allait y avoir un peu de castagne. Michiki n’aimait pas ce genre de mission. La libération d’otages c’était soulant. Il ne pouvait pas se laisser aller et devait réfléchir avant de se jeter dans le tas. Et l’air de rien ça l’emmerdait au plus haut point de pas pouvoir foncer tête baissée. M’enfin.

Il se rendit à son point de rendez-vous pour attendre l’autre participante. Rien de précis sur ce qu’on lui avait dit là encore. L’organisation de l’administration je vous jure. Il verrait bien en temps voulu de toute façon. Il arriva assez rapidement sur place mais il ne semblait y avoir personne prêt à partir en mission avec lui. Il était donc le premier et il devrait attendre. Il se plaça prêt d’un bâtiment et releva ses lunettes. Un toc plus qu’autre chose à force. Il le savait bien mais bon il s’en fichait. Cela ne lui nuisait pas trop non plus. Au moins cela ne venait pas l’emmerder au combat. Là ce serait délicat à gérer. Tenez un kunaï d’une main et de l’autre grattez-vous le nez pour remonter des lunettes et vous verrez à quel point c’est facile et utile !

Il attendait depuis maintenant une dizaine de minutes lorsqu’un détail interpella son attention. Un visage qu’il connaissait pour être plus précis. Celui de son élève, Mitsuharu Yuka. Et vu la trajectoire qu’elle prenait, elle se dirigeait vers lui. C’était donc avec elle qu’il ferait équipe ! Amusant comme coïncidence. Il masqua cependant son amusement derrière une façade sérieuse et impassible. A peine était-elle arrivée à son niveau qu’elle entama la conversation. Elle était bien informée sur la mission. Bon point déjà elle avait fait ses devoirs. Il fallait se rendre à l’autre bout de l’archipel. Ce qui réclamait un passage au port pour le voyage avant d’être sur place pour débuter leur tâche. Mais dans ces premiers mots, une chose avait attiré l’attention de Michiki. L’appellation senseï derrière son prénom quand elle l’avait salué. C’était donc à ça que ça ressemblait d’être le mentor de quelqu’un ? C’était amusant.

Toujours à réprimander un sourire insistant, il l’écouta continuer sur sa lancée. Elle formula quelques mots parfaitement compréhensibles mais leur sens ensemble était assez trouble et difficile à suivre. Qu’arrivait-il à la petite Sabreuse ? Le stress d’une mission de haut rang ? Peut-être était-ce sa première. Si tel était le cas, Michiki devrait tout de même redoubler d’attention pour qu’elle ne se retrouve pas prise au dépourvu par les évènements. Elle avait conclu par une invitation à se mettre en route. Sans faire plus de cérémonie, le nécromancien quitta l’appui de son mur pour commencer à marcher vers les Longs Tunnels. En même temps, il répondit tout de même à son élève :

-Ne perdons pas de temps Yuka ! Je ne m’en fais pas pour le sort des otages mais j’aimerais régler ça au plus vite si ça ne t’ennuie pas.

Quand ils quittèrent les tunnels, ils commencèrent à adopter un véritable rythme de course pour arriver plus vite au port. Ils traversèrent la forêt et ce fut là que Michiki décida de briser ce silence pour en savoir un peu plus sur la situation :

-Est-ce ta première mission de haut rang Yuka ?

La pauvre petite brunette semblait un peu mal à l’aise et ça se comprenait maintenant. C’était sa première mission de haut rang et elle admit que cela ne la rassurait pas beaucoup à cause de l’enjeu plus important par rapport aux missions qu’elle avait faites auparavant. La pauvre. Elle était en compagnie de son senseï qui s’était pourtant montré désinvolte. Les missions de rang A étaient son quotidien. Pour elle tout fraîchement promue, elle s’inquiétait et se faisait du souci. Et pourtant il n’avait même pas agi en bon mentor en se montrant rassurant. C’était une faute car il tenait vraiment à former au mieux son équipe. Il ne pouvait pas les abandonner comme ça. Que ce soit Yuka, Gin ou ce jeune Tsumei recruté il y a peu avec qui il n’avait pas encore travaillé. Il tenait donc à se rattraper de son erreur passée. Il adoucit un peu sa voix, même s’il n’était pas expert dans le domaine, et prononça quelques mots à l’attention de son élève :

-Ne t’en fais pas Yuka. Après tout, je suis là en cas de problème ! Avec ton rang actuel tu vas devoir t’habituer à de telles prérogatives. Profite de cette occasion pour me montrer que ton rang ne t’a pas été octroyé par hasard. Considère ça comme une sorte de petit test que je te réserve.

En amenant la mission comme une sorte de jeu avec un objectif bien particulier, le nécromancien espérait susciter l’esprit combattif de la Sabreuse. Elle qui s’était volontiers prêter à leur petit jeu lors de leur première rencontre, elle pourrait très bien s’en sortir en voyant ce devoir comme un autre test. Elle avait un esprit curieux et joueur qui la hissait à un certain niveau sur l’échelle de considération du Jônin. De telles personnes méritaient d’aller loin dans leur parcours. Il ne pouvait laisser passer l’occasion de façonner ce diamant brut pour lui donner une forme parfaite. C’était son rôle de senseï après tout.

La conversation ne put aller un peu plus loin encore car il venait d’arriver au port et ils s’apprêtèrent à aller chercher un bateau. Yuka se montra à la hauteur des espérances de Michiki. Elle n’attendit pas qu’il lui demande ou qu’il suggère l’idée pour qu’elle fasse preuve d’autonomie. Elle quémanda l’aide d’un marin en restant évasive sur l’objet de leur mission. Très finement joué. Ne pas attisé la panique chez les autres villageois de l’archipel était un objectif sous-jacent au premier. Et cela sans que le Jônin ait besoin de l’exprimer. Cette jeune fille qu’il avait croisée alors qu’elle était Genin avait bien progressé. A lui d’y ajouter sa touche personnelle. Il la laissa faire et il eut raison puisqu’ils terminèrent par obtenir une embarcation. Après avoir remercié le propriétaire de cette dernière et avoir refusé son aide, le duo Kirijin monta dans le bateau. Et ce fut là que la jeune demoiselle demanda au Jônin d’élite s’il savait naviguer.

Il ne put réprimer un petit éclat de rire. Il la regarda de ses yeux azur si pénétrants pour lui témoigner la raison de son accès d’hilarité :

-Ce gars nous propose de nous accompagner et tu refuses sans même savoir naviguer ? Pas super malin dis donc !

Il n’y avait rien de méchant dans la remarque. Il avait gardé son ton hilare pour qu’elle comprenne bien que c’était juste une observation sur la conduite de la mission. Il ne lui en voudrait pas pour autant car après tout elle était là pour apprendre. Malheureusement s’il s’était avéré de faire ça en mission avec son senseï lui, il aurait pris une sacré rouste. Le Gekei n’était pas aussi conciliant que lui. Même plutôt hargneux et chiant dans ces moments-là ! Cela renforça son sourire alors qu’il se plaça à l’arrière du bateau. Il connaissait l’endroit où il devait se rendre. Il orienta donc le navire de fortune dans la direction souhaitée puis il souffla un coup.

Lorsqu’il cessa, il enchaîna les mudras et forma un arc de cercle devant lui qui prenait sa base à la surface de l’eau. La forme géométrique était aqueuse et elle libéra par la suite un puissant torrent qui vint inonder les quais mais qui eut pour effet de propulser le bateau à toute vitesse. Les premiers instants furent un peu mouvementés à cause des vives secousses et de la vitesse mais cela ne tarda pas à se calmer. Ils avaient pu profiter un moment de la force de propulsion et cette dernière s’amenuisait pour laisser dériver tranquillement l’embarcation jusqu’à l’arrêt. De là où ils étaient, ils pouvaient voire la côte à plusieurs mètres. Etant encore trop loin, le nécromancien sortit un rouleau de sa sacoche qu’il déplia au-dessus de l’eau pour faire surgir un requin macchabé. L’animal tomba dans l’océan et obéit aux ordres de son maître en poussant la coque par l’arrière du bout de son museau. Une fois à une dizaine de mètres, Michiki fit s’arrêter l’animal et reprit enfin la parole :

-Nous allons continuer à pied. Il se peut que l’ennemi ait des espions un peu partout et arriver par la mer avec un bateau comme ça se verrait trop. Je vais charger le requin de le tirer jusqu’à la rive un peu plus tard. Il va nous suivre sous l’eau tandis qu’on marchera à la surface. Comme ça pas d’attaques surprises par en dessous.

En même temps qu’il parlait, il s’assurait que ses affaires étaient bien accrochées et qu’il ne lui manquait rien. Il déposa un pied sur l’avant du bateau avant d’accorder un dernier regard à son élève et de lui demander :

-On y va c’est bon ?

Une moquerie. Il la taquinait, jouant sur « l’erreur » qu’elle avait commise. Pourtant, pour Yuka, il ne s’agissait pas d’une mauvaise action, mais bien d’une manière de protéger le marin. À quoi bon lui cacher les raisons de sa demande, si elle le précipitait volontairement dans l’action ? Il ne devait pas savoir, le laisser sur la rive lui permettait alors de rester dans l’ignorance et de ne prendre aucun risque. Mais cela ne servait à rien de se mettre en boule pour si peu, alors la brune se contenta de tirer une moue boudeuse en guise de réponse. Ses méthodes et réflexions laissaient souvent les autres dubitatifs, alors, à force, elle ne se souciait même plus de leurs questionnements. Et puis, au pire, il y avait bien des manières de naviguer. Les techniques n’étaient pas fortuites.

Ce fut ainsi, d’ailleurs, qu’ils traversèrent la mer. Après une technique suiton qui les propulsa en avant à une vitesse surprenante, vint le petit requin qui les guida. Michiki décida, par la suite, de prendre la route à pieds, pour n’éveiller aucun soupçon. Yuka hocha doucement la tête et le suivit, laissant le bateau aux bons soins de l’animal. Ils devaient gagner la rive discrètement, pour ne pas que l’assaut tombât à l’eau. Surtout que la surprise leur permettrait de prendre une certaine longueur d’avance sur les bandits. La sabreuse ne les craignait pas vraiment, au vu de leur lâcheté, mais n’ayant aucun réel détail à propos de leur puissance ou autre, elle préférait ne pas se heurter à une muraille. Privilégier la fourberie lui accordait une possibilité de se replier en cas d’accroc. Certes, elle ne se tournerait pas directement pour fuir, sachant que la violence résolvait très souvent ce type de conflits, mais tout de même. Tout était à prévoir. Même l’arrivée incongrue d’un gigantesque animal bizarre !

Ils gagnèrent rapidement la terre ferme.
Étrangement, à première vue, il ne se passait absolument rien d’anormal sur cette île. Ou plutôt, le fait que cela semblât aussi banal devenait troublant. Tout d’abord, au port, il n’y avait personne. Pas même un petit rat perdu. Le silence régnait sur les alentours, pesant sur l’atmosphère, qui en devint rapidement lourde. Yuka balaya les alentours du regard. Peut-être se tenaient-ils tous dans un bar, ou quelque chose du genre ? Non, il se passait forcément quelque chose. Le calme et la tranquillité de l’endroit en devenaient presque glauques. La Mitsuharu déposa une œillade inquiète sur Michiki. Suspicieuse, elle en imaginait tous les scénarios possibles. Une sorte de grande réunion en plein centre de la place de l’île, où les bandits menaçaient les villageois, leur réclamant une rançon exorbitante … Tout cela tapait dans son esprit, lui faisant presque peur. Elle secoua doucement la tête et prit les rennes, pénétrant davantage dans le village.

À force d’avancer, ils finirent par tomber nez-à-nez avec un groupe d’animaux. Ces derniers n’avaient plus que la peau sur les os et semblaient véritablement affamés. Peut-être un des mauvais traitements des envahisseurs. Sûrement, même. Yuka soupira doucement et scruta partout autour d’elle. Le bruit revenait doucement. Des pleurs, au loin. Des pleurs d’enfant. Mais aussi des voix de femmes qui poussaient de longs hurlements d’agonie, ou de terreur. Pas d’homme. Aucun homme dans le lot. Cela manquait, d’ailleurs, et la laissait soucieuse.

— Il semblerait que les alentours soient peuplés de femmes et d’enfants … Mais pour qu’il y ait des femmes et des enfants, il faut nécessairement des hommes, à moins qu’elles n’aient décidé de s’en débarrasser ; ce qui est, selon moi, très peu probable. Un petit hameau tel que celui-ci, pour tenir et être stable, nécessite la force physique d’un moins. Ou alors, elles ont une femme extrêmement costaud pour faire le travail à leur place ; ce qui, encore une fois, me semble un peu gros pour être possible.

La brune se concentra un instant pour « voir » tout ce qui se trouvait près d’eux. Elle perçut deux sources de chakra, plus importantes que deux autres, qui semblaient celles de jeunes débutants. En tout, ils étaient au nombre de quatre. Bon à savoir. Le reste, imperceptible de par sa signature de chakra, lui permit de comprendre que les deux formes en mouvement martyrisaient de pauvres êtres sans défense.

— Ils sont quatre. Deux puissants, deux qui le sont moins. Les deux balèzes s’amusent avec des proies faciles et les deux petits tournent dans le village. Du moins, c’est ce que j’en déduis. Je suppose que les hommes sont retenus quelque part, pendant que les brigands font ‘mumuse avec leurs femmes.

Beaucoup de suppositions, basées majoritairement sur son intuition. Elle ne savait pas trop si sa théorie était parfaitement vraie, mais cela tenait la route. La brune se décala doucement, près d’un endroit sablonneux, et commença à dessiner.

— En supposant que les colosses se trouvent au centre même du village et que les marmots font leur ronde autour, on peut dire que toute cette zone est protégée. Elle fit un grand cercle entourant la place principale. De ce fait, il nous faut un plan pour sauver les hommes, ainsi que les femmes et les enfants. Le mieux, ce serait de les sauver simultanément et de se rejoindre par la suite. Sauf qu’il faudrait, pour cela, un plan imparable …

Elle releva la tête et fixa Michiki avec un grand sourire.

— À défaut de foncer dans le tas, aurais-tu une idée ?

Spoiler:

Michiki ne s’était pas trompé en recrutant cette jeune Sabreuse dans son équipe. Elle était plutôt douée. Il pourrait l’entraîner aisément et la rendre forte. Et elle avait le potentiel nécessaire pour utiliser cet entraînement à bien afin de dépasser le maître. Car selon la vision du nécromancien, le dicton de l’élève qui dépasse le maître était aisément vérifiable. Mais ça c’était uniquement dans le cas où le maître était compétent. Sa théorie résidait là-dedans. On reconnaît un bon maître quand son élève parvient à le dépasser. Aucune exception. Il lui tardait d’ailleurs de recroiser Pô afin de l’affronter et le battre. Il ne doutait à aucun moment de sa compétence mais il avait confiance en ses capacités et il se savait capable de mieux tenir tête à celui qui lui avait foutu tant de raclées. A la différence des autres fois qu’il faudrait faire ça le plus discrètement du monde pour ne pas griller la couverture du Gekei.

Il s’émerveilla donc des capacités d’analyse et de déduction de la jeune fille lorsqu’ils étaient arrivés sur la terre ferme dans le fameux village qui semblait désert. Le décor paraissait morbide même si pour Michiki il augurait juste de nouvelles recrues dans son armée mais bon il s’abstint de tout commentaire à ce sujet. Histoire de ne pas choquer. Il devait toujours faire attention à ça d’ailleurs. Son rapport avec la mort et sa vision n’étant pas la même, il devait surveiller le moindre de ses actes pour éviter l’incident diplomatique. Et il exagérait à peine en disant ça. C’est limite si on l’avait pas engueulé quand il avait demandé s’il pouvait faire son marché sur le champ de bataille de la guerre contre Kumo. Par respect pour les familles des victimes. Tant de potentiels gâchés et enterrés six pieds sous terre pour le deuil des proches. Avec ces cadavres il aurait pu empêcher d’autres morts hein mais bon personne ne l’écoutait ! Qui a dit Caliméro ?

Il y avait néanmoins quelque chose qui lui brpulait les lèvres et qu’il ne put empêcher de sortir. Quand Yuka avait fait la remarque sur les femmes qui se seraient débarassés de tous les hommes mais que c’était peu probable. Une petite blagounette lui était venu et elle était sortie automatiquement :

-On voit que t’as pas connu mon ex-femme..

Michiki n’avait jamais été marié, soyons clair. Mais l’occasion était trop belle pour laisser passer ce trait d’esprit. Et puis mieux vaut qu’il sorte ça que : « Oh mais quel joyeux supermarché ici ! ». Même si Yuka ne semblait pas être de ces chieuses qui vous réprimandent sur de telles remarques, et s’étant même intéressé à l’art du nécromancien, il s’était retenu car après tout elle avait peut-être des convictions qu’elle gardait pour elle. Ce serait bête qu’elle ait une trop mauvaise opinion de lui. Ne serait-ce que pour la qualité de leur travail d’équipe qui s’en trouverait légèrement affecté.

Sur ce très rapide trait d’humour, elle avait continué à faire l’état des lieux et lui précisé ce qui les attendait. Il nota chaque information et la répertoria dans un coin de sa tête pour ne rien laisser au hasard. Il se remémora aussi les objectifs de cette mission. De cet amas d’informations devait jaillir une solution conciliant un maximum de ces données. Il réfléchissait à plein régime, le travail étant plutôt prémâché comme Yuka avait tout fait d’elle-même et avait déjà des propositions d’approches. Elle avait simplement terminé par un sourire et la question de savoir si le Jônin avait une meilleure idée que de foncer tête baissée dans le tas. Ce qui aurait pu se faire. Mais des vies étaient en jeu alors autant bien tourner tout ça dans l’esprit retors du nécromancien.

De ces deux minutes de réflexion finit par poindre une certaine mise en œuvre. Oui ça pouvait donner des résultats intéressants. Il y avait peu de chance pour que le chef du village se trouve avec les autres mais si quelques civils pouvaient déjà être mis à l’abri, ce serait un bon début. Sans un mot, il prit un nouveau rouleau qu’il déplia pour en faire sortir deux aigles. Deux cadavres d’aigles animés par ses soins pour être plus précis. En se basant sur le plan dessiné par terre par la demoiselle, Michiki avait une idée de la position des balèzes et des faibles. Il envoya donc ses pantins surveiller les plus faiblards qui faisaient leur ronde autour du village. Quand les volatiles se mirent en route, Michiki avança de quelques pas, se trouvant légèrement devant son élève à qui il parla de nouveau :

-J’ai envoyé mes aigles repérer les plus faibles. Ils reviendront si jamais ils s’approchent trop de notre position. Allons régler leur compte aux plus forts pour le moment. On aura tout le temps de s’occuper des minables après. Mettons un maximum de gens à l’abri et retrouvons ensuite le chef du village.

Puis après avoir expliqué son plan, il se mit en route pour l’endroit qu’avait désigné Yuka. Ils approcheraient furtivement pour bénéficier de l’effet de surprise. Mais il garda l’oreille attentive au cas où sa coéquipière aurait quelque chose à redire à son plan, qu’il ne supposait pas parfait, et également pour prévenir de toute embuscade.

Yuka hocha la tête. Le plan lui convenait parfaitement. Il fallait juste trouver un moyen de se faufiler sans se faire avoir, pour mettre une bonne trempe aux gros balourds qui se prenaient pour des dieux. Personne ne détenait le droit de tous les soumettre. Ils se trouvaient tous sur le même pied d’égalité, il n’existait même pas de différence. Une femme, un homme, un shinobi. Si certains se servaient de leur titre à tort et à travers, ils méritaient, purement et simplement, d’être humiliés publiquement. Justement, la Mitsuharu réservait ce type de sanction à ces enflures. Des balourds qui se prenaient pour plus que ce qu’ils n’étaient. Quelle bonne blague. Ils ne valaient pas plus qu’un soldat estropié en pleine guerre. Que faisait-on aux soldats invalides ? On les tuait. Voilà tout. Un grand sourire naquit sur ses lèvres. Ces petits emmerdeurs ne feraient pas long feu.

La brune se concentra sur les alentours, fixant un peu partout une manière discrète d’accéder à la place principale. Malheureusement, il n’y avait que des chemins qui menaient sur une gigantesque esplanade. Une statue de Sanbi, en son centre, dominait tout le village. Ils jouaient alors leur numéro de cirque devant de nombreuses femmes en proie à la terreur, mais également sous le regard outré de la divinité. Hérésie, hérésie. Yuka regarda alentour. L’avantage des petits villages se trouvait toujours sur leurs toits. Ces derniers, pas bien hauts, permettaient de se tracer un chemin à travers le ciel, de manière à agir discrètement. Bon, pas forcément sans être vu, puisqu’un type se baladant sur un toit attirait toujours le regard, mais tout de même. Avec un peu de vitesse et une certaine habileté, le monde pouvait appartenir à nos deux shinobis. La kunoichi haussa les épaules. C’était mieux de passer par-là que de courir directement dans les bras de l’agresseur.

— La meilleure manière de procéder serait de sauter de toit en toit, ainsi, nous atterrirons derrière eux. La surprise nous donnera un avantage de taille.

Pendant son explication, Yuka avait dessiné des petits bonhommes, au cœur même de la grand-place, ainsi qu’un chemin rapide, signalé par une flèche, qui leur permettrait de les prendre au dépourvu. La fourberie était un fort de la demoiselle, qui excellait dans les actions discrètes et perfides. Cela l’amusait au plus haut point. Une fois son petit schéma terminé, la brune se redressa et frappa ses mains pour enlever le sable. Elle leva les yeux sur le toit le plus proche et se prépara.

— C’est parti !

La kunoichi s’élança gracieusement, parcourant sans difficulté le chemin énoncé précédemment, sautant d’un toit à l’autre sans problème. Sa course la mena rapidement au centre de l’affaire. Elle se hissa sur l’avant-dernier perchoir, avant de se laisser glisser contre ce dernier. Cet appentis lui donnait l’occasion de se faire une petite stratégie avant de se jeter sur ses proies. Yuka lança un sourire complice à Michiki.

— Je prends celui de gauche ! J’ai pour idée d’attirer leurs attentions pour que tu puisses tomber sur le deuxième sans problème. Ça devrait passer tout seul après ça. Comme ils ne sont que quatre, si on agit vite et bien, les deux crevettes ne devraient pas nous emmerder. Et au pire, s’ils s’amènent, on les dégomme, comme les autres.

Oh, ouais. Une envie de tout casser dirigeait la Mitsuharu. Elle ne pensait à rien d’autre que ces magnifiques effusions de sang provoquées par toute cette violence. Sauf que. Il ne fallait pas les tuer, juste leur foutre une bonne raclée et les mener en prison. C’était plus simple. Et la mort ne résolvait pas tout. Cela ne donnait qu’un petit exemple. La torture exercée dans les geôles de Kiri s’avérait bien plus intéressante. Et Yuka s’y connaissait mieux que beaucoup de monde. Mais ! Pas le moment de se préoccuper de ce genre de détails. Elle reprit la route et, une fois arrivée, envoya un petit shuriken à l’attention du premier colosse. Une petite marque de sang sortit de l’estafilade.

— Ça t’arrive de t’en prendre à quelqu’un de ta taille, gros lâche ?

Elle lui tira la langue. Bon, OK, Yuka ne mesurait pas la même taille et n’avait absolument pas le même gabarit. Limite, à côté, la kunoichi ressemblait à une petite crevette face à un homard. Mais cela ne l’intimidait pas le moins du monde. Elle fit un nouveau bond, avant d’atterrir juste devant lui, dans un geste d’une grâce qui surprit toutes les femmes. Ces dernières lui lançaient des regards à la fois terrifiés et admiratifs. Il s’approcha d’elle et tendit le bras pour l’attraper. Rapidement, la brune dégaina Suishô et le repoussa du plat de la lame.

— Fais attention, Coco, je ne suis pas là pour jouer. Et tu ne peux pas dominer toutes les femmes de ce monde. Je vais te laisser une petite chance. Soit tu les relâches de suite et je reste gentille, soit, je te zigouille et ton partenaire avec. Tu choisis quoi ?

Il s’approcha davantage, serrant le poing. Yuka recula d’un petit bond en arrière et haussa les épaules. Qu’avait-elle à espérer de cette crapule, de toute façon ? Ah, au moins, il lui apporterait du divertissement ! C’était déjà ça.

Du haut de leur promontoire, les Kirjins se tenaient à l’affût, prêts à attaquer. Ils n’allaient pas louper leur cible. Ils étaient tapis dans l’ombre et sur le point de bondir sur leur proie. Même un prédateur ne faisait pas aussi peur qu’eux. Ce cruel duo allait faire des ravages considérables parmi les rangs adverses. Plus que ce que Michiki s’imaginait. Il ne se doutait absolument pas du côté…Michikesque de son élève. Et il le découvrirait certainement lors de cet assaut éclair contre les deux balèzes repérés par les soins de la jeune Mitsuharu. Elle avait su mettre au point un plan d’attaque efficace et bien pensé. Il l’avait donc suivi sans un mot et la laissant faire. Il serait intervenu en cas de problème. Pour dire à quel point elle était talentueuse comme il n’avait absolument pas protesté !

Puis l’assaut fut lancé ; il n’y eut pas besoin de grande déclaration ou de crier : « GO ! ». Yuka s’élança simplement sur la place pour faire face aux deux mécréants et retenir leur attention. Ce qui marcha à merveille vu comment elle s’y prenait. L’un d’eux se rapprochait dangereusement d’elle. Michiki était là pour couvrir ses arrières mais pour l’heure il devait s’occuper de l’autre déjà. En évitant de l’abîmer de trop parce que bon son avis serait utile pour savoir où se trouvait le chef de ce merdier ainsi que le dirigeant du village. Il devait donc juste frapper fort sans tuer. Ce que c’était chiant de faire ça ! Quel intérêt franchement ? Aucun on est d’accord ! C’est comme commencer à croquer une pomme et puis ne pas la finir. Mis à part pour en faire un logo d’une entreprise ultra connue après c’est pas utile !

Michiki suivit le mouvement et s’éleva dans les airs. Sa nouvelle technique pour voler lui servait au final ! Il était propulsé grâce à un peu de chakra Katon dans la plante des pieds. Un jutsu appris aux côtés du Mizukage. Où il avait fini par lui vomir dessus d’ailleurs. En même temps quand on a le droit à un apprentissage de piètre qualité ! Enfin ce n’est qu’un détail encore. L’essentiel c’est qu’aujourd’hui il pouvait voler. Et il savait comment utiliser cet avantage. Il commença par se placer au-dessus du type qui n’importunait pas son élève. Une fois au-dessus de lui à quelques mètres du sol, il sortit l’un de ses rouleaux. Il invoqua alors ce que contenait le sceau. Son grand gaillard de costaud sans cervelle récupéré dans une bataille de bar. Qui vint s’écraser lourdement sur le type en bas. Cette diversion attira l’attention générale et permit à Michiki de venir au-dessus de son collègue s’étant retourné. De la terre s’envola jusqu’à lui pour former des griffes sur ses phalanges. Le mouvement des pierres attira l’attention du mécréant qui le vit alors en l’air. Mais c’était trop tard.

Michiki avait annulé sa technique et fonçait droit sur la face du type, griffes en avant. Le gars se fit embrocher les yeux en hurlant à la mort. L’atterrissage ne se fit pas non sans mal mais au moins il était descendu. Il put se redresser et s’assurer que son élève allait bien. Quand il se fut assuré que tout allait bien. Il retourna vers le premier ennemi qui était aux prises avec son cadavre imposant. Ils avaient tous deux entamés une lutte. Un combat auquel le nécromancien mit fin de manière radicale et efficace. Tandis que l’autre se vidait de son sang à côté dans un vacarme assourdissant, il claqua des doigts et son pantin de chair ainsi que le mauvais bougre furent piégés dans un dôme de terre. A l’intérieur, le cadavre cessa d’être animé. C’était inutile de continuer à le faire se mouvoir comme la prison de terre allait aspirer le chakra des habitants de la coupole. Très vite, le manant allait être vidé de son chakra. Et à ce moment-là, il serait plus facile de l’interroger sur la position des autres types. Le Jônin était assuré de ne pas être trop emmerdé par son compère qui essayait surtout de calmer son hémorragie. Il s’installa donc dos au dôme, assis par terre et regarda Yuka avec un immense sourire :

-Laissez reposer trois minutes au thermostat 9 ! A servir tiède !

Frustration.
Le gros balourd lui était tombé dessus et lui avait arraché sa proie des mains. Pas moyen de lui prouver qu’une femme ne s’abaissait pas toujours sous la puissance masculine. Au contraire, avec ces agissements protecteurs – ahem –, Michiki remettait en question toute l’argumentation de Yuka ! Ainsi, il détruisait tout ce qu’elle prit le temps de mettre en place ! Pof, un cadavre, et plus personne. Non, non, cela ne devait pas se passer comme cela. Malheureusement, pour le moment, la brune se voyait impuissante. La cible se trouvait dans un petit dôme, seul, dans le noir. Elle lança un regard provocateur à son sensei et tapa du pied. L’autre, derrière, finit par l’énerver, alors, rapidement, elle s’en approcha. D’un mouvement vif et puissant, Yuka l’assomma. Ah, la paix. La joie de ne plus entendre aucun cri d’agonie. Quelques fois, cette mélodie l’apaisait, la plongeait dans un monde merveilleux. Mais cette fois-ci, cela l’énervait, lui donnait envie de tout casser. La brune retourna vers le nécromancien et attendit les trois minutes.

Une fois ceci fait, le dôme se brisa peu à peu, libérant un pauvre homme traumatisé, en sueur. Il tenta de s’extirper rapidement, pour ne pas être sous le feu des attaques de nos deux shinobis, mais Yuka l’intercepta, atterrissant sur lui après un bond majestueux. Un grand sourire sadique sur les lèvres, elle posa malicieusement son index sur ses lèvres pour lui demander – lui ordonner, même – le silence. Il se débattit en remuant violemment, avant de recevoir une baffe monumentale de la part de la brune qui perdait patience. Dès lors, il se tut et l’écouta sans broncher. Il avait sûrement compris que, soit il la fermait, soit il finissait comme son petit partenaire, désormais aveugle et dans les vapes.

— Ah ! Tu vois que ce n’est pas dur d’inverser les rôles. La prochaine fois, avant de t’en prendre à des femmes sans défense, tu réfléchiras à deux fois aux conséquences !

Pour le plaisir, la brune lui colla une gifle. Le balourd hocha la tête, éhonté de perdre toute sa « puissance », surtout sous le nez des donzelles qu’il traumatisait même pas dix minutes avant. Un délicieux goût de supériorité traînait sur les lèvres de la Mitsuharu. Elle se mordilla la lippe inférieure et reprit, serrant doucement la gorge du criminel. Ses mains n’exerçaient qu’une petite pression sur cette dernière, mais cela lui suffisait pour gêner sa proie. Il déglutit. Elle appuya plus fort.

— Maintenant, tu vas être un gentil petit garçon et me dire qui dirige les opérations. Parce que tu es un gentil petit garçon, hein ? ♥

Il lui cracha à la figure. Pas très gentil de sa part. Yuka s’essuya machinalement la main, affichant une moue boudeuse. Cela la décevait au plus haut point, de voir un enfant aussi mal éduqué. La main encore pleine de salive, elle lui écrasa en pleine figure, après quoi sa main vint fureter dans sa petite sacoche pour en tirer un kunai. Avec un sourire, la demoiselle brandit son arme et, rien que par le geste, menaça le lourdaud.

— Tu sauras rien, pétasse.

Oh, vraiment ?
Un large sourire se dessina sur les lèvres de Yuka, qui dessina une jolie estafilade sur la gorge du bonhomme, qui grimaça de douleur et recommença à se débattre comme un chien. La brune, qui finit par perdre totalement patience, lui planta le kunai dans la main. Il poussa un long hurlement d’agonie et s’arrêta brutalement de bouger.

— Ah, bah tu vois ! Maintenant, tu me dis qui vous emploie, sinon ce sera autre chose que je planterai. Et tu ne feras pas que hurler de douleur, crois-moi.

Il déglutit de nouveau. La Mitsuharu lui tira doucement la langue, tout en montrant sa chère petite arme. Il détourna le regard et accepta – enfin ! – de parler.

— Il se trouve dans la plus grande maison du village, tout au Nord. Il parle avec le « chef » de cet endroit. Et … Tu peux chercher, pétasse. Vous au…

Ce fut le blabla de trop. Yuka lui cracha dans la bouche pendant sa petite pique, avant de lui planter le kunai dans l’autre main. Elle n’allait tout de même pas le castrer alors qu’il s’était exprimé ! Un peu de gentillesse, tout de même.

La kunoichi se redressa doucement, époussetant ses vêtements, sans même accorder un regard à son sensei. Lorsqu’elle tourna la tête, de petits hommes jonchaient le sol. Les petites crevettes rejoignaient les homards. Ahah.

— Allons-y ! On met le cap – ohoh – au Nord, pour sauver le chef du village. Après quoi, on pourra partir gentiment et tout sera fini ! On aura une belle brochettes de vilains ! ♥

Cette histoire la rendait follement enthousiaste.

Le petit numéro du nécromancien ne semblait pas voir fait l’unanimité. A peine s’était-il installé contre son dôme pompeur de chakra que la Sabreuse lui jeta un regard lourd de sous-entendus. N’était-elle pas contente qu’il soit venu l’aider ? Ou bien lui en voulait-elle de lui avoir piqué son gibier ? Cette possibilité était plus envisageable. Et cette perspective lui arracha un simple sourire alors qu’il ferma les yeux. Le type aux yeux percés venait de se faire calmer par un revers de Yuka. Il ne restait plus qu’à attendre que l’autre soit prêt à être interrogé. A peine quelques minutes dans la prison terrestre et sa réserve de chakra seraient réduite à une infime quantité qui ne lui permettrait que de se mouvoir. C’était plus facile de leur arracher le morceau dans ces moments-là. Mais ça prenait quand même un certain temps alors c’est pour cela qu’il s’était installé confortablement.

Lorsque le temps fut écoulé, le dôme se désagrégea sous son dos alors qu’il venait d’en donner l’ordre mental. Il s’était à peine levé et épousseté le pantalon que déjà la jeune fille était partie se charger de lui faire cracher le morceau. Il aurait bien aimé le faire avec son talent inné pour l’interrogatoire mais elle s’était précipitée sur lui comme une furie. Règle de survie de base, ne vous mettez pas entre une femme et son objectif. Ça se termine dans le sang et les larmes. Et même Michiki ne s’y frotterait pas. Bien trop risqué voyons ! Et puis pour peu que vous tombez dans la mauvaise période c’est le ponpon ! Et là faut juste espérer courir plus vite qu’elle. Mais c’est un fléau que le nécromancien ne préférait pas affronter car rien que d’y songer il fut parcouru d’un frisson qui le saisit jusqu’aux tréfonds de son épiderme. Il s’éloigna donc pour rejoindre les femmes réunies sur la grande place. Elles assistaient au spectacle, impuissantes et subjuguées par la hargne que mettait Yuka dans son interrogatoire. L’une d’elles croisa le regard de Michiki qui lui dit avec un sourire :

-Elle a pas l’air comme ça mais c’est une gentille fille.

Comment vous dire…On perd toute crédibilité lorsqu’on décrit quelqu’un comme étant « une gentille fille » lorsque la dite fille plante un kunaï violemment dans la main du gars qu’elle chevauche. Déjà cette scène semblait tout droit sortie d’une mauvaise scène d’un film bizarre. Mais ce spectacle n’était pas quelque chose que des civiles étaient prêtes à voir. Le nécromancien fit face à une assemblée de visages blanchâtres choqués par ce à quoi ils assistaient. Et sans prévenir il se mit à leur beugler dessus :

-Vous voulez y rester ou quoi ? Partez-vous cacher le temps qu’on retrouve les autres ! Et sans bruit bordel !

Il s’était montré dur mais après tout c’est le seul moyen de se faire écouter. Alors que chacune partait se planquer dans les baraques alentours, deux nouveaux arrivants firent irruption sur la place. Certainement les deux petites merdes qu’avaient senties Yuka. La description de leur niveau correspondait à leur physique. On aurait dit deux Genins tous droits sortis de l’académie. Ça faisait presque pitié de les voir trembloter devant la horde de femmes n’écoutant pas leurs ordres beuglés d’une petite voix fluette à peine perceptible. Lorsqu’ils furent face au nécromancien, ils eurent d’abord un sursaut en s’apercevant de sa présence. Puis ils brandirent chacun une arme tremblante vers lui. Ils bégayèrent tant bien que mal quelques mots. Michiki ne comptait pas attendre qu’ils finissent par cracher le morceau. Il leva une main tandis que l’autre fouillait dans sa poche. De cette dernière sortie une pilule de drogue militaire tandis que son autre main se saisissait d’une faux de terre.

Une fois le médicament ingéré, sa vitesse fut augmentée et il arriva en un rien de temps sur les Genins tremblants alors que sa lame s’abattait sur des points précis. Ils s’effondrèrent avant même d’avoir pu combattre. Avec un minimum de mental, ils auraient pu faire quelque chose mais bon. Ils ne pouvaient pas tous être doués comme son élève lorsqu’il l’avait rencontré la première fois. Que de bons souvenirs. Il avait réussi à l’empoisonner avec un de ses cadavres piégés. Très amusant. Mais bon aujourd’hui il doutait de pouvoir en faire autant. Elle avait bien progressé la petite Yuka. La preuve : elle arriva avec l’information qui les intéressait. L’emplacement où se trouvait le plus gros de la bande ainsi que le chef du village qu’il faudrait secourir. Le combat s’annonçait plus compliqué que ceux qui venaient d’avoir lieu.

Ils se mirent en route pour arriver au Nord du village. Là-bas une maison plus grande que les autres où des traces de chakra furent décelées par la Sabreuse. Pas de doute possible c’était là-bas. Et Michiki avait le plan parfait pour ça. Il posa donc un genou au sol pour l’expliquer à son élève :

-On va se poster en embuscade sur le toit et on placera des parchemins explosifs sur tout le toit. J’enverrais deux cadavres à l’entrée. L’un sera piégé pour faire sauter la porte tandis que l’autre aura mon apparence pour leurrer les ennemis à l’intérieur. Quitte même à leur faire cramer un peu de chakra.

Et sans explications supplémentaires, il s’élança vers le haut de la grande maison. Il débuta la mise en place de son plan. Comme toujours, il garda l’oreille tendue pour surveiller les éventuels bruits d’adversaire proches et percevoir la voix de Yuka lui donnant un éventuel avis sur la marche à suivre. Il venait de terminer ses préparatifs lorsqu’il se posa au centre du toit de la maison. L’endroit était plat donc c’était facile. Il regarda Yuka et lui demanda avec un sourire :

-C’est bon ?

Une embuscade. Le ciel leur tomberait sur la tête, percé par des explosions terrifiantes. Parmi eux, un homme. Innocent. Présent en ces terres pour protéger son peuple. Ou presque. Quelque chose de louche tachait sa réalité. Même s’il faisait preuve d’une certaine faiblesse, pourquoi continuer cette entrevue avec un être aussi mauvais que le Chef de cette troupe. Une belle brochette de clowns, qui ne se prenaient pas pour des quiches, vu ce qu’ils faisaient. Sauf qu’ils ne valaient rien. Pas plus que la feuille morte tombée de l’arbre. Ou alors, il y avait tout autre chose, pour que cela se poursuivit. Là, peut-être que Yuka pourrait leur accorder davantage de crédit. Pas énormément, mais déjà plus que ce qu’ils récoltaient pour l’instant.

La brune hocha la tête à Michiki, qui lança le début du plan. La porte explosa, et, en bas, ce fut la panique. Le cadavre entra sans rien dire, en véritable pantin. Ils ne le remarqueraient pas tout de suite, mais finiraient par comprendre que … La menace venait d’en haut. Les deux hommes crièrent au voleur, tandis que le plus chétif des deux recula en implorant les cieux de le pardonner, comme s’il se sentait coupable. Coupable, hein ? Mais de quoi ? Yuka leva une petite main à l’attention de son sensei, pour ne pas qu’il poursuivît le plan, attendant que le pauvre homme crachât toutes les informations nécessaires. Il flippait. Son être tout entier tremblait sous l’assaut de la peur, il ne supportait plus tous ces mensonges. Non, il n’avait rien fait, à part laisser ces hommes gouverner pour ne pas mourir. Un traître. Une taupe perdue entre les griffes de son prédateur naturel, qui lui offrît toute sa puissance de taupe pour survivre. Un crime ? Non. De la lâcheté ? Oui. Mais en cela il condamnait tous ses congénères. Et ça, malheureusement, ça ne passait pas.

Le cadavre fut détruit de la main du plus puissant des deux, qui lui envoya une énorme boule de feu. Il ne résista pas longtemps, mais suffisamment pour que tout s’emboîtât parfaitement. Le puzzle formé, il ne restait plus qu’une chose à faire, la plus intéressante de toutes : Détruire. Réduire en lambeaux cette pauvre baraque et écraser définitivement le règne de ce pauvre corrompu.

Yuka baissa la main, donnant le coup d’envoi.
Une grosse explosion retentit, le plafond s’écroula sur la tête des deux hommes. Impossible ? Que le ciel les écrasât ? Qui diable osait colporter une rumeur aussi fausse ? Pire qu’un mensonge, il s’agissait d’une calomnie. Le coupable devrait avoir honte. Terriblement honte.
La brune atterrit sur ses deux pattes, écrasant les décombres avec ses pieds, une main posée sur Suishô, ses prunelles incarnates toisant méchamment les deux hommes. Le chef déchu s’en tirait extrêmement mal, sa hanche probablement cassée, sa jambe impossible à bouger. Il gisait sur le sol, poussant de longs râles d’agonie. La Mitsuharu ne lui accordait pas même une once de compassion : il méritait son sort. L’autre, le ninja – m’ouais – les regardait avec autant de peur que de défiance. Il semblait préparer quelque chose. Certainement une offensive, pour transformer nos deux protagonistes en charpie, comme il avait pu le faire pour le cadavre. Un sourire naquit sur les lèvres de Yuka, qui brandit son sabre avec énormément d’assurance.

Michiki mit une main devant elle, lui montrant rapidement les blessures de l’homme. Un morceau du plafond se trouvait implanté dans son mollet, et l’empêchait de faire tout ce qu’il voulait. Vu la taille du débris, le pauvre souffrait certainement, mais se débattait pour ne pas que son rêve ne se finît. Un village. Mais qui rêverait d’avoir un village, vraiment ?! Surtout un village obtenu de cette manière ! Quelle incroyable faiblesse ! Quelle lâcheté ! Rah !

Il décrivit un arc-de-cercle avec sa jambe valide, pour trouver une issue. Dommage, Michiki et Yuka, à eux, bloquaient l’unique échappatoire. Maintenant, à voir s’il se rendait ou …

Un grand brasier se déclara dans la maison. L’homme se trancha volontairement l’autre jambe et tomba face contre terre, incapable de bouger à nouveau. Il se condamnait. Tout comme il condamnait son petit protégé. Les flammes mordirent chacun des pans de la bâtisse avec un appétit insatiable. Impossible de les mener en prison avec ça … Il ne leur restait que les sbires ! LES SBIRES ! Ils ne servaient à rien. Yuka voulut s’élancer pour choper le grand méchant loup, mais Michiki la traîna en arrière pour ne pas qu’elle prît feu avec les autres. Autant se brûler les ailes pour une bonne raison.

La demoiselle tira une mine boudeuse jusqu’au retour à Kiri, malgré les quatre malheureux qu’ils menaient au bercail. Rien d’intéressant là-dedans, la sale bête s’était suicidée. Cela cachait certainement quelque chose. S’il se tuait ainsi, peut-être avait-il un lien avec quelqu’un de plus fort ? Cela promettait. Ou alors il n’y avait aucune signification sous ce tissu de conneries, il s’était juste suicidé pour échapper à la torture ? Un ancien prisonnier qui connaissait les durs rudiments de la vie en cellule, surtout à Kiri. Après un long soupir, Yuka releva les yeux. Ce monde tournait au ridicule, avec le temps. Il perdait tout son sens et tout son intérêt. Mais bon. Au moins, ils avaient rassuré les habitants, et ils savaient qu’un nouveau chef verrait le jour. Ou du moins, ils l’espéraient. Pauvre petit, petit village. Tous les hommes libérés semblaient tellement vidés que les femmes récupéreraient, à coup sûr, un rôle extrêmement important. Elles qui se plaignaient, elles allaient être gâtées.