Une nouvelle fois, Hayato se trouvait sur cette place et une nouvelle fois, il attendait un signe de vie venant des portes du Palais. La dernière fois qu’il s’était retrouvé dans pareille conjoncture, c’était lors du décès d’Akio-sensei. Pour pallier à l’insoutenable attente, certains décidèrent de parier : bonne ou mauvaise nouvelle ? Personnellement, le jeune homme voyait mal Araakoa-sama ou encore Kenji-sama organiser un tel évènement pour au final annoncer quelque chose de joyeux, mais dont la moitié de Suna s’en ficherait éperdument. Ces deux-là étaient des sérieux, donc la nouvelle devait être importante… Elle avait intérêt à l’être, car le marionnettiste n’avait qu’une seule envie pour l’instant : bosser à l’atelier !

Dans ses mains, il contemplait sa fiche d’instruction en tant que Jonin. Une promotion qui l’avait fait grimacé plus qu’il lui avait plus, car celui-ci induisait trop de responsabilités. Fait étrange, sa dernière montée en grade, au rang de Chuunin, remontait justement au moment de la nomination du Nidaime. Si aujourd’hui, un scénario similaire se répétait, était-ce un simple Hasard ? Et que fallait-il donc en conclure ?

*Rien de bon, je le crains… *

Le visage de Kenji parlait de lui-même, la nouvelle n’était pas bonne du tout. Le N°1 de Suna dernier fondateur encore en vie, annonça à la foule le décès du Nidaime Kazekage. Dans un premier temps, contrairement à ce qu’il s’était pour Shodaime, les réactions furent très divergentes. Tandis que certains clamaient haut et fort leur agacement à l’idée de devoir changer une nouvelle fois de dirigeant, d’autres se réjouissaient secrètement de la disparition de cet homme qu’ils n’avaient jamais réellement accepté, dans leur cœur. Mais la suite du discours rendit la foule beaucoup plus unanime. Car selon les dires de Kenji, Araakoa Aare, Nidaime Kazekage, aurait tenté de lui ôter la vie, ce qui par ailleurs, avait causé sa perte., Faisant de « Meteora », comme il était coutume de l’appeler, le Sandaime, troisième leader du village depuis le Triumvirat.

Mais pire encore, cette histoire discréditait totalement Araakoa-sama, qui resterait probablement dans les mémoires comme étant le « méchant Papy de Suna ». Certes, l’ensemble de la carrière de ce Kage avait été tumultueuse, mais hormis ces quelques zones d’ombres, il avait globalement été un bon leader, quoi qu’on puisse en dire. Tout shinobi analysant l’histoire objectivement ne pouvait arriver qu’à la même conclusion. Le mal qui rongeait le village depuis sa création avait une autre origine… Toutefois, Hayato avait trop de doute pour porter cet homme dans son cœur. S’il avait été capable d’attaquer Kenji, qui disait qu’il n’avait pas fait la même chose pour Akio-sensei ?

Hayato devait certainement être le dernier shinobi de Suna à se tracasser à propos de la mort du Shodaime, et même si il ne diposait pas encore de toute les pièces du puzzle, au terme d’une terrible mission à Kawa no kuni, il avait fini par accepter la possibilité qu’Akio fusse un espion de Makka. Cette histoire se terminait donc aujourd’hui, avec le décès d’Aare. En tout cas, cette affaire avait prouvé une chose : la place de leader de Suna était un poste maudit. Plus que jamais, notre marionnettiste se jura de tout faire pour ne pas devoir s’asseoir un jour, derrière ce bureau… Enfin, comme pour respecter une certaine habitude, Hayato racla sa gorge, prêt à poser sa fameuse question !

J’ai une question ! Quels étaient les motifs d’Araakoa-sama ? Pourquoi vous a-t-il attaqué ? Et qu’adviendra-t-il du corps du Nidaime ?

Suna n’était pas reconnue comme un endroit prospère où les dirigeants vivaient bien longtemps au pouvoir. Qu’on la convoque à une réunion au palais du Conseil Souverain était presqu’une habitude, si ce n’est que cette fois, ça avait été inattendu. Enfin, personnellement, Megumi ne pensait pas qu’Aare, présentement ex-Kage et portant fraîchement le titre de « mort », ait pu être en mesure de s’attaquer à Kenji, si inopinément. Il semblerait que les dirigeants de Suna avaient cette manie de rester dans l’ombre, d’être aussi secret que possible, de ne jamais devenir personnel avec leurs tâches, ce qui en soit n’avait rien de négatif. Pour la population, pourtant, ces changements successifs étaient difficiles à suivre, et à peine apprenait-on à connaître le nouveau Kage, qu’il disparaissait dans une tornade de traîtrises le conduisant à sa mort. Megumi acceptait assez facilement la nouvelle. Loin d’être du type à pleurer l’homme qui avait pris en mains Suna pour quelques temps, en fait, loin de pleurer quoi que ce soit à part ses propres humiliations, elle participait à la réunion par le simple fait de sa présence et de son écoute relativement active. C’est qu’il y avait du beau monde à voir.

Beaucoup de shinobis étaient là. Bandeau à la main, sur le front, autour de la taille ; ils étaient tous là pour représenter Suna qui prenait un nouveau virage. Personne ne pouvait ignorer cette sensation de déjà-vu frustrante, et de pressentiment nauséabond. Personne ne pouvait observer Raiu no Kenji sans penser que c’était de la foutaise, que c’était un jeu pour enfin montrer à tous que la période d’instabilités était loin derrière et qu’il était enfin possible d’en rire. Mais ça n’était pas le cas.

Un Jônin posa une question qu’elle s’était elle-même posée. Il devait connaître Aare, se dit-elle. Il devait en connaître beaucoup plus qu’elle quant à Aare et son scandale ... Elle ne savait plus trop comment s’exprimer sur la chose. Comment devait-on appeler cela ? La surprise monumentale ? La fourberie vile ?
Puis, il y avait la guerre qui sonnait aux portes de Suna. Tout s’enchainait beaucoup trop vite : les échecs à l’examen de Chûnin, les Kage passagers, les questions qui ne peuvent recevoir de réponse avant d’être balayer par une tempête de sable menant des rangées militaires vers les lignes de front. Megumi croisa ses bras sur sa poitrine, fixant Kenji, souhaitant elle aussi une réponse.


« Ce merdier quand même … Ils ont pas inculqué à Suna la notion de « timing », les fondateurs, hein ! chuchota-t-elle. »

Parole à elle-même, par dépit, pour ironiser le drame au goût de savon et de vinaigre.