La guerre était terminée. Les pertes avaient été lourdes mais au final pas si désastreuses que ça. Un traité de paix était en ce moment même en train d’être signé par les deux Kages. Il y avait bien eu des rumeurs concernant la soumission de Konoha mais d’autres affirmaient à tout va qu’il s’agissait non pas d’une reddition mais d’un commun accord. Qui avait raison, qui avait tort, aucune idée et il ne me faudrait pas longtemps pour mettre la main sur le fin mot de l’histoire. De toute façon je serai bientôt fixé comme le reste des shinobis ici présents. Les blessés Sunajins avaient investis les lieux, ou tout du moins l’Hôpital, un bon geste provenant de Nikkou lui-même apparemment. Mais pouvait-on leur faire confiance ? Après tout j’étais relativement bien placé pour savoir que les apparences étaient souvent trompeuses, mais bon il n’était pas réellement de mise d’extraire les informations que je voulais au premier sunajin venu. Inutile de relancer la guerre sur de simples soupçons. Et puis à vrai dire si le cas de l’Hôpital m’intéressait tellement c’en était moins car que je craignais une attaque surprise de la part de ces ninjas du désert que je m’inquiétais de la santé de mon fils. Il était revenu vivant du front, que Kyuubi sois béni. J’avais eu l’occasion de le revoir mais comme à son habitude il m’avait envoyé paître. Bah il devait quand même être content de revoir son papa chéri. Il ne pouvait pas avoir grandi si rapidement. Quoiqu’il en soit comme à son habitude il avait été envoyé à nouveau à l’Hôpital. Pourquoi donc ? Aucune idée. Bizarre quand même, il travaillait en tant qu’assistant psychologue… Peut-être aidait-il des ninjas qui avaient vécu de trop grands traumatismes à cette guerre. Rien de bien surprenant quand on savait que même des Genins avaient été envoyé en tant que chair à canon … Pfff quel gâchis.

Bah Iji aidait et c’était tant mieux… Ce fameux senseï qu’il avait eu l’avait changé, et même après qu’il n’était plus dans son équipe. Je ne le lui avais jamais dit en face –vous n’imaginez pas la crise qu’il m’aurait tapé- mais j’en étais sûr. Qu’il pense aux autres au lieu de penser à lui était une bonne chose. Peut-être cela le ferait évoluer d’une meilleure façon. Je m’étais renseigné sur ce Suguato… Un bonhomme au comportement égoïste mais pour autant ambigu. Hmpf, à l’époque je ne l’avais jamais approché de trop près et c’était dommage, j’aurais pu essayer de mieux le cerner que maintenant qu’il avait affirmé son jeu et pris ses marques dans le village. J’étais plutôt doué dans mon genre, même sans en être spécialiste, mais j’avais appris des meilleurs. Mais bon, Iji m’aurait arraché les yeux, et puis bon j’n’aimais pas vraiment ces petites prises de bec qu’on avait tous les deux. J’avais promis à sa mère que je le protégerai toujours mais là tout commençait à m’échapper… Comme s’il voulait devenir à tout prix indépendant… Seize ans … Il avait tout le temps. Peut-être évoluait-il si vite à cause de tout ce qu’on attendait de lui … Jonin si jeune… C’était certes une fierté pour moi, mais tout de même… Les plus hautes instances n’auraient pas pu attendre juste un peu, histoire qu’il profite un peu de son enfance? …

« Senseï, senseï ! »

Me retournant pour voir qui m’appelait de la sorte, je constatai avec un petit sourire que c’était mon neveu que j’avais pris sous mon aile à la demande de son père. Iji s’en était-il seulement aperçu que le coin où nous allions nous entraîner avant était à nouveau occupé et bruyant comme auparavant quand il rouspétait quand les choses n’allaient pas aussi vites qu’il le voulait ? Probablement pas. C’était à peine s’il s’arrêtait à la maison maintenant. Trop occupé qu’il disait … Et c’était sûrement vrai mais bon tout de même. Il avait toujours voulu prouvé quelque chose, mais quoi ? Me penchant sur le gamin d’une douzaine d’année, blond comme mon fiston, je hochai un sourcil, inquisiteur, affichant une mine faussement sérieuse, comme s’il m’avait dérangé dans mes occupations.

« Mon oncle, on m’a dit de venir vous chercher. Le chef du clan lui-même ! Mais pourquoi il veut vous voir ? Apparemment il vous attend chez lui avec d’autres personnes ! »

Hmm ? Que lui voulait-on ? Se posant les mêmes questions que le gamin, je me levai, et commençai à me diriger vers la dite maison. Arrivé à la grande bâtisse imposante et une fois le portail et la cour traversée, je me fis annoncer avant de faire coulisser le panneau. Ce n’était pas comme si on ne m’avait pas senti arriver après tout. Saluant ce qui semblait être les ainés du clan, je m’inclinais devant eux avant de m’asseoir à mon tour, répondant à leur invitation en me laissant apporter un bol de thé. Je savais qu’on ne m’aurait pas fait déplacer si cela n’avait pas été important. Mon rôle au sein du clan n’avait jamais été bien grand comme Iji avait toujours voulu le croire -préférant utiliser mes capacités héréditaires sur le terrain là où je pouvais être utile, plutôt qu’enfermé entouré du savoir que des générations de Yamanaka avaient amassé-, cependant les anciens avaient toujours reconnu mon autorité et ma propre personne. Sérieux comme jamais, je les laissais débuter et aller droit au but, ne m’empêchant pas de répondre à leurs questions dites en toute amitié sur les progrès de mon Iji, et la fierté qu’il avait apporté en devenant Jonin si tôt. Ne pouvions-nous pas parler du temps radieux ou de l’après-guerre ? … Peut-être voulait-on me parler des pertes que nous avions subi au front ? Voulaient-ils que j’encadre d’autres jeunes de notre clan peut-être ?

«… Mais je vois que tu t’impatientes et te demandes la raison de ta venue ici. Il est temps de t’apporter des réponses aux questions que tu te poses. »

Marquant un pause, je regardais l’ancien reprendre sa salive, ses paroles bien qu’emplies de calme et de sagesse ne me stoppant plus dans mon élan, comme il avait été coutume lorsque j’étais plus jeune.

« Comme tu le sais car tout ceci ne remonte pas à bien loin, certains de notre clan n’ont jamais approuvé le fait que nous ayons rallié le village de Konoha à sa création. Dès lors ils ont été considérés à nos yeux comme des parias mais nous avons pourtant choisi de les laisser partir, comprenant mieux que d’autres leurs aspirations. A l’époque nous ne les avons pas considérés comme avoir trahi notre clan mais notre alliance avec les autres clans ninja. Certains sont revenus d’eux-mêmes. D’autres… Ne nous sont jamais revenus et sont partis de leur côté. »

Je savais tout ça bien sûr. Je n’étais pas un de ces petits gamins vaniteux qui se fichaient de l’histoire de notre clan… Sans offense à mon garçon… C’est juste qu’il n’avait jamais été très intéressé par tout ce par quoi nous étions passé. Ne pipant mot, je commençais à comprendre où il voulait m’emmener.

« Cela m’attriste énormément mais nous pensons avoir retrouvé la trace de l’un d’eux. Malheureusement tu t’en doutes, ce garçon n’a pas suivi la voie que nous nous étions dicté. Un des serviteurs loyaux du seigneur féodal, un haut diplomate a agi étrangement ces dernières semaines d’après ce dont nous avons appris. Et il semblerait que la guerre encore fraîche a permis à ce garçon d’agir et de faire retirer des coffres de ce seigneur l’ensemble de sa fortune. Rien ne nous lie à lui, mais tu sais comme moi ce que cela signifie. Ses talents ont été utilisés à mauvais escient, et s’il venait à être découvert, notre clan dans sa totalité pourrait en souffrir. Tout cela à cause d’une seule et unique personne ayant refusé de suivre nos principes. Tu sais ce que cela implique… »

« Vous voulez donc que je m’en charge ? Pourquoi ne pas avoir laissé l’un de ceux ayant enquêté sur lui s’en charger ? »

« Toute la subtilité de la chose est là. A vrai dire nous n’avons pas réussi à mettre la main sur lui. Il semblerait qu’il ait été à bonne école et jamais personne n’a réussi à le rencontrer en personne. Cela me rend fier et me désole à la foi. Je le connaissais bien ce jeune Tomatsu pourtant… Si prometteur. Il semblerait qu’il ait répondu à toutes les attentes mais pas à celles que j’espérais pour lui. Avec son dernier coup il est devenu extrêmement suspicieux et est constamment sur le qui-vive. Nous avons pu remonter jusqu’à lui uniquement grâce aux souvenirs que nous avons recueilli du diplomate. Il a bien couvert ses traces. Il portait un masque. Cependant cet indice a permis de nous mener sur une piste. Il ferait apparemment partie d’une petite organisation criminelle d’une petite ville que nous avons pu identifier. Un beau gâchis vraiment … »

« Dites-moi où il est, je pense que je pourrais m’en sortir… »

« Mais tu penses seulement. Non ce n’est pas à toi que nous avons pensé pour cela, mais à ton fils. »

« Iji ? Pourquoi ? Non, il … »

« ... Il doit savoir ce qui l’attend s’il déroge aux règles que nous avons instauré. De plus vu ses nombreux talents et son âge il aura l’avantage de la surprise sur son adversaire, chose qu’aucun autre ninja de nos rangs ne possède en quantité suffisante. Cette génération est prometteuse, mais encore jeune. Cependant nous ne doutons pas des qualités d’Iji. Il est temps pour lui de faire face à ses responsabilités et à celles qu’il a au sein du clan. Nous te laissons-lui en parler. Tous les renseignements lui seront transmis plus tard. »

Un brin d’amertume dans la bouche, je me levais comme outré qu’ils puissent douter de mon fils. Jamais Iji n’utiliserait ses capacités pour son propre compte… Non, non jamais. Partant la tête haute, je rejoignis là où nous vivions depuis maintenant quelques années, attendant qu’il rentre ce soir qu’il rentre. Il était temps qu’ils aient une conversation tous les deux.

*Quelles conneries tout ça n’empêche.*

Rebondissant à nouveau sur la branche d’arbre sur laquelle il venait d’atterrir, le Yamanaka poussa un soupir. Tout s’enchaînait bien trop rapidement. La guerre, la nomination de Suguato et maintenant ceci… La traque d’un des siens. Ce dernier point n’avait en toute logique aucun rapport avec les deux autres mais tout de même … Quoique peut-être qu’on ne lui avait pas tout dit… On vantait souvent le mérite des Nara dans ce qui était la planification de telle ou telle chose, cependant le conseil des aïeux de son clan n’était pas non plus en reste. Il intervenait rarement mais chaque action avait toujours eu un but précis. Bah des vieux ronchons tous autant qu’ils étaient. Finie l’époque où il les admirait pour l’aura de sagesse qu’ils dégageaient. Il avait toujours du respect pour eux, mais bon, ne le montrait plus réellement. Il ne leur rendait pas de compte même si en toute logique aurait dû notamment pour leur signaler qu’il avait identifié l’un de ceux qui avaient perpétué l’attentat contre le temple. Non, il avait à rendre de comptes à lui et à lui seul. Des fois à Suguato également lorsque ça concernait le Laboratoire… Quoique bon maintenant le bonhomme allait sûrement intervenir de manière plus pesante sur son mode de vie.

Suguato Hokage … Surprenant quand on savait qu’il n’avait pas été là dès la formation du village et n’était ni membre d’un des clans du village, ni fervent partisan du village comme l’avait été Nikkou. Non, il était plus complexe que tout ça. Mais bon il fallait tout de même noter que le manteau du pouvoir ne lui était pas venu du Conseil lui-même. Toujours la même question et le même scepticisme sur la légitimité du laborantin en tant que chef du village. La dissolution du Conseil qui aurait représenté un poids ainsi que sa nomination fortuite … Il y avait anguille sous roche, mais à vrai tout ça ne le dérangeait pas. En tant qu’ancien élève du Shiaijin, il connaissait sa valeur au combat, son mérite, et le fait qu’il était le plus probablement le mieux à même de conduire le village. Konoha avait besoin de se montrer sous un nouveau jour. Si le village avait été attaqué c’était à cause de la passivité idéaliste où on l’avait laissé. Cependant rien n’était encore fait, Suguato devait encore faire ses preuves, à la fois sur le plan extérieur qu’intérieur au village. Car oui, même entre ses murs, il allait devoir la jouer finement, sa prise du pouvoir pseudo-despotique selon le point de vue de chacun, n’allait sûrement pas plaire, principalement aux clans dont les chefs avaient toujours joué un rôle majeur dans la politique du village. Mieux valait qu’il ne dorme que sur une oreille.

Et le voilà lui, à l’écart de tout. Envoyé pour une durée indéterminée à la capitale où résidait le seigneur féodal. Une grande ville. Aussi grande que Konoha sûrement. Il y était allé quelques fois et pourtant la massivité des lieux l’avait toujours impressionné. Entre le moment où on l’avait prévenu et ce jour-ci il s’était écoulé pas mal de temps, les informations initialement récoltées n’étant plus actuelles. Le bonhomme avait dû se sentir traquer et avait de nouveau disparu dans la nature. Un senseur sûrement pour appartenir à son clan et pouvoir disparaître à la moindre menace. Il allait devoir rester prudent et cacher sa signature de chakra à mesure qu’il approcherait de la ville. Sondant les environs, Iji écarquilla les yeux, toujours dans sa lancée. Il était suivi. Depuis combien de temps, il ne le savait pas. Atterrissant sur une branche, il concentra son chakra dans ses pieds pour effectuer un saut en arrière, revenant sur ses pas tout en sortant un kunai pour aller à la rencontre de l’individu qui le suivait. Sentant qu’il se rapprochait de plus en plus, le blondinet fut d’autant plus surpris que sa cible semblait éviter la concentration et commençait à s’éloigner elle aussi, l’écart les séparant augmentant petit à petit. S’arrêtant car comprenant qu’il ne pourrait pas le rattraper de cette façon, le gamin pesta un bon coup. Etait-ce un senseur aussi ? Il n’y avait que ça comme explication pour qu’il se soit éloigné ainsi. Que lui voulait-il à s’éloigner comme ça ? Impossible de savoir s’il s’agissait d’une menace ou non. Un membre de son clan chargé de veiller à la réussite de sa mission ? Peut-être sûrement. Repartant tout en sentant que son poursuivant avait également fait demi-tour, le Yamanaka pensait de plus en plus à la possibilité d’être pisté par un membre de son clan. Les Anciens n’avaient pas confiance en lui, et ne l’avaient jamais eu à partir du moment où il avait commencé à s’émanciper de celui-ci, à privilégier ses affaires à l’Hopital comme il l’avait fait. Pourquoi l’envoyer lui de toute façon ? On lui avait sorti une excuse bidon, mais en son for intérieur, l’idée que tout ça était une mise en garde commençait à se frayer un chemin en lui. Un moyen de lui rappeler de manière prononcée que s’il dérogeait aux règles imposées par le clan et à celui-là même, il ne ferait pas long feu… Son père lui avait fait part de ses inquiétudes sur sa désignation, et tout ça commençait à le ronger tant ses questions se multipliaient. Son chakra camouflé alors qu’il arrivait en ville, le gamin espéra que celui ou celle qui l’avait suivi ne ferait pas tout clapoter. Si lui avait réussi à le détecter, l’autre y arriverait sûrement aussi même si son poursuivant restait à l’écart. Ne restait plus qu’à remonter jusqu’à sa cible.