L’aurore s’était levée en même temps que Michiki était sorti de chez lui. Il avait avec lui une petite cage qu’il transportait grâce à une lanière. Il comptait remplir ce clapier de petits animaux qui serviraient pour ses expériences. Malgré son jeune âge, ses parents ne s’inquiétaient pas de voir leur fils s’éloigner du domicile familial pour se promener dans la nature. Il n’avait pas prévu de s’éloigner de beaucoup, il resterait dans les bois où se situait sa maison. Il était parti de bon matin car c’était à cette heure que les petites bêtes telles que mulot, souris et grenouilles sortaient le bout de leur museau/nez. Elles profitaient ainsi du fait qu’aucun humain n’était levé pour faire ce qui leur plaisait. Malheureusement, c’était sans compter sur la passion de Michiki pour la dissection. Tous ses prisonniers finiraient disséqués. Un hobby plutôt morbide pour un jeune garçon d’à peine onze ans.

Il avait beau être motivé par le fait de devoir collecter des sujets d’expérience, l’heure plus que matinale le faisait bailler continuellement. Il avait du mal à se concentrer sur sa tâche. Il arrivait à repérer des animaux mais il n’était pas assez vivace pour les attraper. La fatigue gagnait du terrain alors qu’il déambulait entre les arbres. Il regretta son choix. Apparut alors, comme pour combler son souhait, un cour d’eau où flottait une barque. Il n’y avait personne en vue et l’embarcation était attachée à un pieu planté dans le sol de la berge. Michiki s’assura une nouvelle fois qu’il y avait personne puis il prit place dans le bateau. Il s’allongea à même la coque et ferma les yeux. Il allait rester là le temps de se reposer un peu. Après il retournerait à sa tâche. Et le sommeil l’emporta tout comme le courant finit par faire céder le piquet qui tenait la barque pour l’emporter loin de la forêt de la Brume.

Au réveil, Michiki se sentait bien mieux physiquement. La fatigue était partie, il était prêt à reprendre les recherches. Mais ses forces récemment retrouvées s’envolèrent lorsqu’il se releva. Il n’était plus du tout dans la forêt de la Brume ! Que s’était-il passé ? L’embarcation était arrêtée sur le côté de la rivière. Un tronc en travers du cour d’eau empêchait la barque de continuer à se perdre. Michiki, paniqué, descendit aussi vite qu’il le put. Il observa les alentours. Il ne reconnaissait plus rien. Il ignorait parfaitement où il se trouvait et donc comment retourner chez lui. Il s’éloigna de la rivière qui l’avait mené ici.

Il courrait à présent. Le courant l’avait amené dans une forêt mais il savait bien qu’il n’était plus à Mizu no Kuni. Il fallait absolument qu’il trouve un moyen de rentrer, mais lequel ? Il commençait à perdre espoir. De grosses larmes commencèrent à se former au coin de ses yeux et se perdaient dans l’atmosphère à cause de son allure. Au bout de quinze minutes où il détalait dans tous les sens à appeler du secours, le jeune Michiki perdit espoir. Il s’arrêta enfin, s’assit près d’un arbre et laissa la tristesse le gagner. Dans les bois résonnaient les pleurs du garçon perdu.

Pour ne rien arranger à la situation, le temps se gâta. Une lourde averse s’abattit sur les bois et les pleurs de Michiki redoublèrent. Mais quelque chose le tira de son désarroi. Une voix ! Il avait à peine relevé la tête qu’il vit un garçon de son âge. Il le vit plus précisément de dos. Le jeune garçon lui avait proposé de venir chez lui. Mais Michiki doutait. Avait-il bien entendu ? Il n’eut pas le temps d’y réfléchir car le garçon tomba dans une flaque de boue. Ne faisant ni une ni deux, Michiki se leva et alla l’aider à se relever.

La pluie redoubla d’intensité. Les deux jeunes étaient trempés jusqu’à l’os. Le froid commençait à gagner Michiki. Il avait beau être habitué à cette météo, il n’en souffrait pas moins sur le plan physique. Il devait vite trouver un endroit pour s’abriter. Michiki s’efforça d’hurler à travers le bruit que créait l’averse :

-Il faudrait trouver un endroit pour s’abriter. Tu sais où aller ?

Michiki allait peut-être passer pour un imbécile mais il n’était pas sûr de ce que ce garçon lui avait crié avant de tomber dans la boue. Il préférait être sûr qu’il l’invitait à aller chez lui. Face au silence qui continuait de régner, le jeune garçon de Kiri décida qu’il serait peut-être bon de se présenter.

-Je m’appelle Michiki. Et toi qui es-tu ?

La réponse resta en suspens car un énorme éclair éclata à côté des enfants. Ils sursautèrent mais il ne fallait pas qu’il perde de vue leur objectif : trouver un abri. Michiki ne pensait plus qu’à ça. Il priait pour que le garçon qui l’accompagnait vivait vraiment pas loin d’ici.

Le jeune garçon qui était avec Michiki semblait très gentil. Il s’était présenté. Un certain Rikku. Ou bien Seki était son prénom ? Le jeune garçon de Kiri l’ignorait totalement mais il s’en fichait. Son esprit était tourné vers une seule idée. Plutôt un objectif. Une destination de rêve. Au sec ! La pluie ne cessait de s’abattre sur les enfants. Le garçon qui accompagnait Michiki lui avait confirmé qu’il n’habitait pas loin. Ils durent marcher encore pendant un moment avant d’arriver à une petite maison. Un homme se tenait sur le seuil. Il observait attentivement les enfants et plus particulièrement Rikku.

« Certainement un parent » déduisit Michiki en constatant l’air protecteur qu’affichait l’homme.

Rikku adressa un signe de main à cet homme. Ce dernier lui rendit sans bouger pour autant. Les enfants arrivèrent enfin à l’abri. Le bruit de l’eau clapotant sur les murs et le toit de la bâtisse était réconfortant. Michiki fut étonné et rassuré de l’hospitalité de ces gens. Qui sait ce qui aurait pu lui arriver sans ce coup du destin. Difficile à dire et cela lui donna un frisson. Il remercia vivement ses hôtes. La moindre attention qu’on lui apportait était accueillie d’un « merci » des plus énergiques et d’un sourire radieux. Il était tellement mieux ici qu’il avait oublié ses problèmes personnels pendant un moment.

Le jeune Rikku apporta des vêtements secs à Michiki. Ils étaient assis autour d’une table et l’hôte du petit garçon de Kiri lui demanda la raison de sa présence dans la forêt. Le souvenir de son réveil dans un endroit qu’il ne connaissait pas revint dans la mémoire de Michiki. Il baissa tristement la tête. Il commença à se changer rapidement. Quand ce fut fait, il apporta une réponse à Rikku :

-Je viens de Kiri. Ma présence ici est parfaitement indépendante de ma volonté. Je me suis endormi dans une barque et le courant de l’eau m’a amené jusqu’ici. Au réveil j’étais perdu et je ne savais pas où me rendre ni comment rentrer chez moi.

Michiki avait fait attention à parler correctement pour montrer le plus de respect possible à celui qui l’avait recueilli. Michiki regarda un peu autour de lui, observant meubles et autres objets curieux se trouvant autour de lui. Il se ravisa ensuite. Il se dit que ce n’était pas très poli. Ne voulant pas être un poids et déranger plus encore, il fit une demande à Rikku. Il espérait seulement que ce serait la dernière.

-S’il vous plaît j’aimerais rentrer chez moi. Est-ce qu’il vous serait possible de me guider jusqu’à Kiri. Au moins à la frontière. Ceci fait je me débrouillerais tout seul c’est promis. Vous avez déjà fait tellement pour moi, je ne veux pas déranger plus.

Michiki attendit la réponse avec appréhension. Rien n’indiquait qu’on lui refuserait une telle aide mais bon, sait-on jamais !

Citation :

HRP: Désolé pour le retard

Le petit Michiki avait l'air perturbé. Il avait très certainement du s'égarer, c'est sur. Personne a part nous ne vis dans ces bois. Qu'est ce qu'un petit garçon comme lui viens faire ici tout seul ? Il me dit qu'il venait de Kiri, le pays de la brume, et qu'il s'était trouvé embarqué ici, sans qu'il le veuille. Il ne me donna pas plus d'explications, et je n'en demandais pas plus de mon côté. Dehors, la nature se déchainait, le vent hurlant avait même réussi a deraciner quelques arbres. Le sol n'était quant a lui plus simplement boueux... Il était tellement saturé qu'il n'avait pu contenir l'eau qui formait maintenant des flaques géantes. J'avais rarement vu une telle chose dans les environs. C'est comme si la nature elle même se plaignait…

Je regardais le garçon devant moi. Il devait avoir mon âge et semblait plongé dans ses propres reflexions. Que lui étais il arrivé ? Qu'avait il fait ? Qu'allait il faire ? Allait il s'en sortir ? Avait il une famille, des parents qui l'attendaient, inquêts ? Il me dit qu'il s'était égaré tandis qu'il s'était endormi au bord d'un rafiot, et qu'il se trouvait maintenant là. Je le crus, malgrès l'ambiguité de son histoire. Il n'avait aucune raison de me mentir non ? Il balayait la maison de son regard. Il devait bien réaliser que ce n'était pas un palace, loin de la. Une maison piteuse en bois limite craquant. Le seul ornement de la pièce étant un vase des plus médiocres… Mais bon, on vis avec. Quand on est pauvre, la seule chose qu'on puisse faire est de supporter. Et puis a force on s'y habitue, hein papa ?

Un sourire se fit sur mes lévres a cette pensée. On crevait la dalle, mais nous étions heureux, l'espoir fait vivre non ? Oui mais ésperer quoi ? Que l'on tombe un jour sur un coffre caché, avec plein de bijoux, diamants et compagnie ? Bah, disons alors que le rêve fait vivre… Tandis que j'étais en train de cogiter, Michiki lança une question pendant que mon père aportais du pain, de l'eau et quelques olives. Moi qui n'avait pas entendu la question, vis mon père lui répondre d'un ton chaleureux :

- Bien sur mon p'tit. On t'rame'nra d'main, lorsque c't orage se s'ra calmé. C'pendant, si tu veux rester, je n'ai aucun problème, ici c'est chez toi !

[HRP: Desolé de l'attente et de la longueur du RP. ^^]

 

Rikku observait Michiki. Le jeune garçon de Kiri en était tout gêné mais après tout c’était un peu normal. Lorsqu’un parfait étranger se trouvait face à nous, il était normal de l’observer de la tête aux pieds pour tâcher d’en connaître un peu plus. Sauf si la possibilité de revoir le dit inconnu était nulle. Enfin bref. Michiki se tenait face à ces hôtes qui lui proposaient de quoi manger. L’aimable monsieur répondit positivement à la demande qu’avait formulée son jeune invité. Une nouvelle qui ravit l’enfant. Le fait de savoir qu’il s’en sortirait le rassura. Il ne l’oublierait pas.

Comme il se faisait tard, et que le départ n’était pas prévu avant le lendemain matin, la fatigue arracha un bâillement à Michiki. L’ampleur en était-elle qu’il avait manqué de se démettre la mâchoire inférieure. Ses hôtes le regardèrent avec un sourire. Il rougit de son inconvenance. Mais il n’eut pas besoin de rajouter quoique ce soit pour qu’un couchage soit installé dans un coin. Un petit matelas rembourré de paille avec un oreiller et une couverture. Michiki remercia fervemment l’hospitalité de ce monsieur et de son fils. La nuit fut revigorante.

Au matin, la pluie cessait de tambouriner avec violence sur le toit. Elle s’était arrêtée dans la nuit. Les alentours étaient encore plongés dans une humidité totale mais au moins le rideau aqueux qui s’était abattu sur les deux enfants s’était atténué. Ils pourraient donc prendre la route sans problème. Le jeune Shinda s’entreprit à donner un coup de main pour les tâches domestiques comme mettre le couvert pour le petit déjeuner, débarrassera et nettoyer la vaisselle. C’était le moins qu’il puisse faire. Ceci fait, Michiki attendit un moment à l’extérieur que ces hôtes soient prêts pour partir. Il ignorait si Rikku viendrait avec son parent ou s’il serait seul à le raccompagner au port qui le ramènerait chez lui.

Il resta un moment sur le seuil de l’habitation. Il avait précisé que rien ne pressait et qu’il attendrait dehors. Il observait les alentours. Les larges flaques boueuses de la veille étaient encore là. Il y en avait pas mal. Le voyage serait très salissant. Quelques animaux se baladaient par ci par là dans la forêt mais ils fuyaient en s’apercevant de la présence du petit homme devant la maison abandonnée au milieu de cette verdure. Puis Michiki entendit la porte s’ouvrir derrière lui. Il s’était assis. Il se releva donc, mais trop vite. Sa tête tournait un peu et il mit un moment avant de retrouver ses esprits. En attendant, son environnement semblait tourner et sa vision se brouilla légèrement. Ne jamais se lever trop vite ! Pour attirer l’attention sur autre chose, car il devait alors l’air idiot à être totalement déboussolé, il s’adressa à des ombres :

-Prêt à y aller ?

Je ressentais bien que Michiki était gêné, voir même perturbé. Normal, il devait en avoir enduré des étapes. Et puis je serais surement dans le même état d'ésprit si j'étais dans la maison d'autrui… M'enfin, on avait tout fait pour essayer de le mettre a l'aise. De mon côté mon ventre criait famine mais je n'osais pas partager le repas de notre invité. Le repas était déjà catastrophique, et on avait presque plus rien a lui offrir, alors si en plus je chopais de quoi faire taire mon bide, mon nouvel ami n'aurait plus rien pour remplir le sien… Oui car chez nous, les invités son chose sacrée, ils passent avant nous. Si au début je ne comprenais pas cet état d'ésprit, je cernais mieux la noblesse de cette action depuis quelque temps… Et puis on a appris a faire avec la famine, je tiens facilement toute une journée sans rien au ventre, enfin tout dépend du "facilement", pour moi ça me va tant que je ne sens pas ma tête entrain de tourner… If u know what I mean.

Michiki bailla profondément. Le pauvre devait être extenué après une telle journée. Il rougit légerement. Peut être est-ce parce qu'il trouvait son baillement déplacé... Je ne sais rien de lui mais je pense qu'il doit venir d'une grande famille, genre aristocrates. Ça expliquerait beaucoup de choses concernant son comportement. En tout cas, si mon père parlait comme un gros bouseux, il était assez pointilleux sur le respect, même si voir d'autres personnes faire preuve "d'impolitesse" ne le derangeait pas vraiment, du moment que ce n'était pas trop vulgaire… Dommage pour lui, chez nous, tout le monde dormait sur des matelas a même le sol, et il n'allait malheureusement pas échapper a la régle. Après qu'il se fût endormi, je fus autorisé a prendre les quelques olives qui restaient et qu'il n'avait pas mangé, encore par "politesse" très certainement… Mon père mon posait tout de même quelques questions sur lui. Je ne sais pas pourquoi, mais il était toujours un peu sur ses gardes avec les personnes qu'il ne connaissait pas, mais qui logaient sous notre toit. Mais je ne comprenais pas pourquoi, avait il quelque chose a cacher ? Bref…

Le matin, je fus surpris que Michiki donne un coup de main, dans le sens ou mon vieux n'aimait pas faire travailler ses invités. Pourquoi Michiki ferait exception a la régle ? Ou alors mon père n'en savait rien… Puis il attendit dehors. Je fus finalement le seul a racompagner Michiki, vu qu'il avait a faire, et que quelqu'un se devait de "garder la maison". Michiki me demanda si j'étais prêt, je répondis d'un hochement de tête puis nous mirent cap sur le port en silence…

La route était plus tranquille que la veille. La pluie avait laissé des traces ça c’était évident. Des flaques et des débris de végétation arrachés par les précipitations jonchaient le sol mou rendu humide et spongieux. Michiki se laissait guider par le jeune Rikku. Il ignorait parfaitement où il se trouvait, il n’allait pas prendre la tête de la marche ! Les premières minutes de trajet se déroulèrent en silence. Aucun d’eux ne parlait. Ils se contentaient juste de marcher. Un vent assez léger commençait à se lever. Il vint ébouriffer la crinière du jeune garçon de Kiri qui tenta de dompter tant bien que mal sa chevelure. Peine perdue.

Alors qu’ils continuaient leur marche silencieuse, Michiki pensa à ses parents. Ces derniers devaient être très inquiets de ne pas l’avoir vu rentré la veille. Leur réaction serait-elle démesurée ? Il y avait fort à parier que ça risquait d’être assez puissant comme émotion en tout cas. Soit le garçon aurait le droit à la rossée de sa vie soit il serait accueilli comme l’enfant prodige qu’on attendait plus et qu’on désespérait de voir arriver. Il avait du mal à se visualiser la scène et il préféra laisser tomber pour l’instant. Qui vivra verra comme disait le proverbe.

Une fois sorti de ses pensées, le jeune gamin se rendit compte que le paysage avait changé. Ils étaient passés de la forêt à un petit village où ils croisèrent peu de gens. Les rares passants le dévisageaient comme s’ils savaient qu’il n’était pas d’ici. Il avait l’impression d’être un monstre et il détestait ces regards qui semblaient haineux envers lui. Il n’avait vraiment rien fait de mal ! Quelle bande de mal élevés..

Les petites maisons et les échoppes laissèrent la place aux quais du port. Quelques bateaux attendaient encore avant de partir. Le jeune Rikku demanda très poliment à un monsieur où pouvait-il avoir un navire en partance pour Mizu no kuni et l’interrogé lui indiqua une embarcation marchande encore à quai. Les deux garçons s’avancèrent à côté et Michiki demanda d’une voix timide s’il pouvait monter à bord. Le capitaine, un vieux monsieur à la tête sympathique, plus cliché tu meurs, le rassura en lui assurant qu’il le conduirait à bon port mais qu’il partait incessamment sous peu. Le jeune Michiki regarda donc droit dans les yeux celui qui l’avait aidé. Les mots semblaient dérisoires pour lui témoigner sa reconnaissance mais il trouva une formule qui lui plut plus que d’autres. Il la sortit en s’inclinant :

-Je te remercie infiniment pour ta bonté et ta générosité. J’espère ne pas avoir été un fardeau pour toi et ton père. Si je repasse dans le coin je viendrais vous voir.

Il se releva, serra solennellement la main de Rikku et grimpa sur la bateau. L’embarcation s’ébranla avant de partir et de s’éloigner vers l’horizon où le soleil se profilait un peu plus haut. Aucun de ces enfants innocents n’aurait pu deviner que dans l’avenir, leur relation prendrait un tournant radicalement différent.