Le soleil avait du mal à se lever. Les nuages remplissaient le ciel, et s'il était déjà neuf heures il n'y avait pas une seule éclairci. Le jour commençait plutôt mal, mais on était habitué. Après tout, le village de la Brume ne s'appelait pas comme ça pour rien. Je fus réveillé par les grondements du tonnerre. Ces derniers retentissaient de toute part, mais ce n'est pas pour autant qu'il pleuvait. Un temps bien étrange. Tant mieux pour les ninjas. Kiri regorge d'utilisateur du Suiton, et avec un temps pareil rien de mieux pour eux. D'ailleurs, j'en fais moi-même parti. J'ai tout de même un léger avantage sur eux car en plus de maîtrise l'eau sous forme liquide je peux tout aussi bien l'utiliser sous sa forme solide. Comme les membres du clan Samui.
Sortant de mon lit, je jetais un coup d’œil par la fenêtre. Un fin brouillard s'était levé sur le village. Quelques enfants du clan étaient entrain de jouer avec un ballon. Ils avaient la chance d'avoir leurs parents, alors que j'étais seul. Je les enviais, et j'avais envie de les rabaisser au même niveau que moi. Bien que cette pensée me traversa l'esprit ce n'était pas réalisable : le clan est clan. On n'attaque pas la famille, à part les traîtres. J'étais en colère à peine sorti du lit. La plupart des gens ou des choses que je côtoie me rappelle mon père et ma mère. Je n'y peux rien, c'est comme ça. On a beau nous dire de tirer un trait sur le passée, pour les personnes n'ayant pas vécues ça c'est facile à dire. Excédé, lorsque j'entendis frapper à la porte je ne pus m'empêcher de crier sur la personne se trouvant derrière.

« Quoi ?! »

« Je suis Moji. On m'a confié une lettre, et on m'a dit de vous la remettre. C'est un certain Hojo, Chûnin du village qui en est l'auteur. Cela m'a l'air important, il y a le cachet du village dessus. »

Ouvrant la porte, j'arrachai l'enveloppe des mains de l'homme en lui claquant la porte au nez. Je n'avais que faire d'un simple coursier. Ce qui m'intéressait le plus c'était cette lettre. Qui était cet homme ? Que me voulait-il ? D'après ce qu'il y avait écrit, mes capacités ainsi que mes résultats à l'académie font qu'il veut me rencontrer. En tout cas, il est plus haut gradé que moi. Et ça, c'est une excellente raison pour aller au rendez-vous. Peut-être voulait-il m'affronter, me tester ? Je ne pouvais pas refuser cette invitation. C'était une occasion en or. En plus, ce Hojo n'était pas réputé gentil. Surement de la même trempe que moi, cette rencontre promettait d'être intéressante. Sourire au visage, je me préparais pour me rendre aux montagnes.
Quelques minutes plus tard, j'étais près à sortir. C'est avec un paquet de biscuit entre les dents que je poussais la porte ma maison, ou plutôt celle que mes parents m'ont laissé en mourant. C'était une des seules choses qui me restaient d'eux. Mais ce n'était pas la question. Aujourd'hui, j'allais rencontrer un Chûnin. Peut-être voulait-il faire de moi son élève ? Tant de questions, qui pourraient trouver leurs réponses au point de rendez-vous.

C'est paré à un éventuel combat que je me rendis à la frontière du village. Le chemin fut plutôt court étant donné que j'habitais près des portes du village. Le point de rendez-vous avait été explicitement décrit par ce Hojo. Je devais me rendre à une cascade, qui se trouvait au pied d'une des montagnes. Un choix parfait si cet homme est un utilisateur du Suiton, tout comme moi. Mais déjà fallait-il qu'il vienne. Car je ne voyais rien ni personne. Peut-être se cachait-il, et si c'était le cas je ne le voyais pas. Attendant patiemment son arrivée, je m'assis sur un rocher qui se trouvait là. J'avais des frissons dans tout le corps, non pas de peur mais d'excitation. Tout ceci était tellement palpitant, je ne pourrais pas attendre trop longtemps.

Voila déjà quelques bonnes minutes que j'attendais. Je commençais à me demander s'il allait vraiment venir, ce fameux Hojo. C'était peut-être un piège, une plaisanterie de mauvais goût ? Je n'en avais pas la moindre idée, tout ce que je savais était dans cette lettre et c'est vous dire s'il y avait peu de choses de marquer. Soit il était en retard, soit il se moquait éperdument de moi. Je n'aimais pas trop ça, attendre. Mon calme semblait me lâcher, et mon corps s'emballait. Me levant, je commençais à faire quelques aller-retour pour faire passer le temps et me calmer. Alors que tout commençait à aller pour le mieux, un projectile vint effleurer mon bras. Lorsque j'eus le temps de comprendre, deux scalpels se trouvaient plantés dans mon corps. Heureusement pour moi, j'eus le temps d'esquiver les autres. Quelqu'un parla. Je ne savais pas qui c'était, ni d'où cela venait et cela me mit en rogne. J'avais plus que les nerfs à fleur de peau. C'est alors que sortant de la cascade, un énorme sourire au visage, un homme s'approcha de moi. C'était lui l'homme qui m'avait envoyé la lettre, mais aussi les scalpels. Bien qu'ils n'eurent pas touchés de point vital, la douleur était tout de même présente. Chûnin du village, spécialisé dans la médecine d'après ses dires, d'où ces armes. Et d'ailleurs, il recherchait un dernière membre pour son équipe d'après lui excellente. Son style me plaisait bien, l'air un peu tordu mais un brin de mystère. Que me réservait-il encore, si ce n'est cet examen ?

« Cher Hojo-sama, je suis honoré de faire votre connaissance. J'espère que votre examen a commencé, car sachez que je ne fais pas dans la dentelle moi non plus. »

Profitant du fait qu'il tendit son bras vers ma poitrine, j'extirpai de mon corps un de ces scalpels pour le lancer vers lui. Au vu de la distance qui nous séparait, l'arme devrait attendre sa cible en quelques secondes à peine. Ne cherchant pas à comprendre si je l'avais touché, je fis un bond en arrière en prenant appui sur ma jambe droite. Enlevant le second scalpel de ma jambe gauche, je sentis la douleur monter. Serrant le « couteau » fort dans ma main, je l'envoyais une nouvelle fois dans la direction du Chûnin. On va bien voir s'il c'est un eiseinin expérimenté. Bien que je n'en doute pas une seconde, un combat face à un haut gradé est plus qu'excitant.

Impressionnant. Il dévia le premier scalpel d'un simple revers de la main, sans même une égratignure. Après tout, avec le bon timing cela ne devait être pas si difficile que ça mais je ne préférais pas essayer. La seconde offensive fut plus convaincante. Le coup fit mouche, je l'avais touché au niveau du visage près de l’œil droit. Ses lunettes se brisèrent lors de l'impact. J'affichais un léger sourire, le fait de l'avoir touché me faisait prendre confiance mais après tout, peut-être l'avait-il fait exprès ? D'après ses dires, l'examen ne consistait pas réellement à un combat. Mais c'était trop tard, je l'avais attaqué et il comptait bien répliquer. Chûnin contre Genin, Sensei contre potentiel élève. J'avais peu de chances de le vaincre, mais il fallait tenter le tout pour le tout. Qui sait, j'arriverais peut-être encore à le toucher.
Réfléchissant à un plan d'attaque, je le vis joindre ses mains. Il n'avait pas l'air content. Le sang coulait légèrement de son entaille, et tendit qu'il avançait avec un véritable air de psychopathe ses mains s'entourèrent d'un chakra argenté. Première fois que je voyais cela. Son chakra se matérialisait, et même moi je pouvais le voir. Cette technique devait surement être puissante, mais apparemment il devait être au corps à corps. Une aubaine pour moi qui attaque à distance. Reculant pas à pas, tout en boitant à cause de ma blessure à la jambe, j'écoutais ce qu'il disait. Soit il bluffait, soit son attaque était réellement dangereuse. Il disait pouvoir découper un homme avec ça. Une technique médicale.

« Et bien je n'en ai jamais entendu parler, mais je ne doutes pas de vos dires. Il ne vaut mieux pas que je m'approche de vous, non ? D'ailleurs, un shinobi doit toujours rester sur ses gardes il me semble ? »

La présence d'eau était un réel avantage pour moi. Surement pour lui aussi. Mais je comptais bien retourner sa leçon contre lui. Car tendis qu'il avançait vers moi il tournait peu à peu le dos à l'eau de la cascade. Grave erreur. Composant des signes, avec une seule main, je frappais le sol avec mon pied. L'eau vibra légèrement, et une dizaine de senbons fait de glace se créèrent à la surface de celle-ci. Se dirigeant dans le dos du Chûnin, s'il s'était rendu compte de la supercherie un simple mouvement lui permettrait d'esquiver, mais il y avait tout de même une chance pour que l'attaque le blesse.

Mon attaque l'avait touché. Peut-être par chance, ou grâce à ma stratégie. Qui sait peut-être s'était-il laissé toucher pour pouvoir mieux m'approcher sans se préoccuper d'autres facteurs ? En tout cas, les senbons de glace sont plantés dans son dos. Mais ce n'était rien pour lui à part de misérables cure-dents. Cela ne le ralenti même pas, et les quelques armes de jets l'ayant perforé dans le mollet n’affectèrent pas sa vitesse de déplacement. Au contraire, il semblait être entré dans une transe. Surement l'adrénaline, tout cas il était à présent entrain de foncer vers moi. Il m'avait décri comme intelligent, mais pas assez pour lui. Je comptais lui prouver qu'il avait tord. La distance était de plus en plus réduite, et ses scalpels de chakra devenaient de plus en plus terrifiants. N'ayant pas d'autres choix que de me sortir de cette situation, je composais des mudras. Alors que je soufflais, l'air expulsé par mes poumons se transforma en une nuée de chauves-souris. C'était peu efficace, mais cela allait au moins le ralentir. Cela n'allait surement pas suffire, et c'est pour cela que je fis une autre série de signes. Cette fois-ci des bulles d'eau sortirent de ma bouche. Hojo-sama était au corps à corps, l'explosion des bulles le toucherait assurément mais moi avec.
Croyant avoir écarté le danger, je ne vis rien à cause de la poussière soulevait par l'explosion, mais j'aperçus une main s'approcher de mon bras. La douleur fut brève, mais ma main gauche ne bougeait plus. Sa technique était redoutable. Ne pouvant prendre d'autres risques, je fis un bond en arrière. La blessure a ma jambe se mit à saigner encore plus.

« Je dois avouer que votre technique est puissante. Vous m'avez coupé les tendons, n'est-ce pas Hojo-sama ? J'espère au moins que je pourrais me resservir de ma main. »

Une main hors d'état de nuire, une jambe en mauvaise état. Il n'y avait pas dix milles issues à ce combat. Je ne pouvais à présent n'utiliser plus qu'une seule technique à l'aide de ma seule main valide. Mes chances de victoires avaient fortement baissé. Mais je ne perdais pas espoir, je comptais me battre jusqu'à la fin. Il était puissant, très puissant. Et cela me motivait encore plus.

Un monstre. Voila ce que cet homme était. Un simple contact suffit à sectionner le tendon de ma main, la rendant inutilisable. L'issu du combat était inéluctable. En même temps, face à un Chûnin de cette trempe je n'avais aucune chance. J'ai pensé pouvoir le battre, mais si ce n'était qu'une infime potentialité. Je m'étais fais battre, comme un bleu. Il y avait de quoi avoir honte. Mes bulles le touchèrent, et donc moi par la même occasion. J'étais quasiment à genoux, complètement exténué et blessé. Allait-il m'aider ? Me soigner ? Ou au contraire me laisser crever car j'étais faible ? Ça je ne pouvais pas le savoir, mon sort était entre ses mains. Toutes mes techniques n'avaient eu aucun effet. Soit elles étaient inefficaces, soit Hojo-sama est un véritable colosse. Et dire qu'il n'était que Chûnin. Face à un Jûnin c'était la mort assuré. Comment en étais-je arrivé là ? Moi qui croyait avec du potentiel, être fort, au moins pouvoir tenir tête à celui qui pourrait être mon sensei. Et Rien.
Il était au corps à corps, et l'affrontement ne semblait pas finis. Il comptait me donner une leçon, ou me tuer. J'eus à peine le temps d'activer mon bouclier pour me protéger, une mur de glace. Mais les coups étaient tellement puissants, tellement nombreux, qu'il ne résista que quelques secondes. Il fallait dire que je n'avais quasiment plus de chakra et que cette tentative était désespéré. Utilisé une technique de rang B comme ça, à la fin d'un combat, ce n'est pas judicieux. J'avais du chemin à faire, je devais encore m'entraîner pour devenir plus fort. Mais pour ça il fallait que les coups s'arrêtent. Ils fondaient sur moi, je n'en pouvais plus. J'avais tellement mal, j'étais tellement sonné que je ne sentis même pas les derniers coups. Heureusement qu'il avait désactivé mes scalpels. Il m'aurait sectionné tout mes muscles, mes tendons. Et puis plus rien, il s'assit tranquillement en retirant les senbons qui s'étaient plantés dans son dos.

« Vous avez raison désolé de vous avoir déçu Hojo-sama. Vous pensiez que j'avais du potentiel, en fin de compte j'ai été complètement inutile et faible. J'ai été idiot d'utiliser cette tactique je voulais vous impressionner en vous blessant quitte à me blesser aussi. »

M'allongeant, je fixais le ciel. Qu'allait-il advenir de moi ? Me trouvait-il assez bon pour me prendre dans son équipe, ou au contraire avais-je été tellement lamentable qu'il ne voulait pas de moi ? Ça ne m'étonnerait pas qu'il refuse de devenir mon sensei. Il croyait que j'avais du potentiel, mais je m'étais planté comme un débutant. Tandis qu'il se soignait, je gisais au sol. Soit il me laissait crever, soit il me soignait.

Pitoyable, c'est ce que j'étais. Déprimé totale, je m'étais fait battre à plate couture. J'avais réussi à le toucher plusieurs fois, mais c'est un Eisei-nin. Il n'a pas peur d'être blessé puisqu'il pourra se soigner par la suite. Ce pouvoir fait vraiment froid dans le dos, une sorte de kamikaze mais en pire. Ces blessures avaient pour la grande majorité disparue, pas une seule trace si ce n'est celle que je lui ai faite au visage. Puis il se tourna vers moi pour me réprimander, me disant que je ne devais pas m'apitoyer sur mon sort. D'après lui j'étais immature, il devait surement avoir raison. Ce n'était pas le premier ninja plus gradé que moi qui me disait ça. Je devais changer ça, évoluer mentalement. Alors que je réfléchissais à tout cela, il s'approcha de moi pour me soigner. Mes blessures les plus profondes se refermèrent, et même ma main pouvait de nouveau bouger. C'était vraiment impressionnant, et s'il me prenait dans son équipe je savais à quoi m'attendre. Il pouvait n'avoir aucune pitié, ni même retenir ses coups. Il pouvait blesser ses élèves, et après les soigner. Un cycle infernal, qui fait de lui sans doute un des meilleurs professeurs de ce village. Une fois mon tendon en bon état, il me laissant avec des bandages pour que je soignes le reste. En effet, il ne pouvait pas utiliser ton son chakra pour me guérir. Et puis ces cicatrices me rappelleront mon immaturité, car à partir d'aujourd'hui je me dois de changer. En les regardant, je penserais à qui j'étais avant. Grâce à cela, je ne retomberais pas dans cette niaiserie. Hojo-sensei m'avait ouvert les yeux.

« Je souhaites manier le Hyôton à la perfection, en faire mon art et mon domaine de prédilection. Peu importe le grade, le poste que j'aurais, je veux juste être un des meilleurs Samui. Je me suis tourné vers la voie du ninja à cause de mon père. Il m'a entraîné depuis mon jeune âge, et quand il est mort je n'ai trouvé rien d'autre. C'est la seule chose que je sais faire, me battre, utiliser le chakra. Et puis aussi car j'admire certains Samui comme Mahan, j'aimerais devenir comme eux. »

Quand j'étais petit, il m'a entraîné comme un adulte. Sans relâche, sans pitié. C'est la seule chose que je sais faire, rien d'autre. Je ne voyais pas ce que je pourrais faire d'autre à part ninja. Sculpteur ? Pourquoi pas, l'art de manier la glace pourrait être un avantage. Mais je ne me voyais pas faire ce genre de chose. Je me considérais plus comme un homme de terrain, bon qu'à se battre et à rien d'autres. Peut-être que j'étais destiné à cette voie, où en trouverais-je une autre ? Seul l'avenir pourra me le dire, même si celui-ci semble encore incertain.

Continuant de bander mes blessures, j'écoutais chacune de ses paroles tentant de m'en imprégner. Hojo-sama n'était vraiment pas un sensei comme les autres, de part ses méthodes mais aussi de sa réflexion. Ses conseils allaient aidé à me faire changer. Lorsque je lui tins mon discours, il resta de marbre. Comme si cela ne l'affectait pas, certes c'était le cas mais il risquait de devenir mon sensei et donc d'avoir un impact sur ma vie. Puis il me répondit, et ses dires furent on ne peut plus vrai. Lâchant les bandages, mon regard semblait se perdre dans le vide. Tout ce qu'il venait de dire était entrain de me faire réfléchir. Si je voulais devenir le meilleur Samui, c'était pour moi et pour personne d'autre. Pour affirmer ma puissance et montrer que je mérite le nom de Samui. Il fallait que je m'imposes des attentes, des défis que je devrais surpasser. Je n'étais que le maître de mon destin après tout...

« Ça ne peut être la voie de mon père...Certes il m'y a entraîné dessus mais je le déteste. Ma mère est morte à cause de lui, et en aucun cas je ne deviendrais le plus fort pour lui. Cela serait un déshonneur. Mais vous n'avez pas tout à fait tort sensei...Le passé influe trop le présent, il faut que je me libère de ce fardeau si je veux avancer. »

La mort de ma mère, voila ce qu'était mon fardeau. Je me sentais responsable, car s'y j'aurais pu me débrouiller ce jour-là j'aurais pu la sauver. Mon père n'aurait pas eu à faire ce choix fatidique entre la vie de son fils et celle de sa femme. Mais même si ce n'était pas réellement sa faute, il aurait pu tout aussi bien nous sauver en même temps ou elle en premier. Si je voulais devenir le meilleur c'était pour elle. Mais apparemment cela influait beaucoup trop sur moi...Comment un mort pouvait-il me juger ? Je devais le faire pour moi. Ma mère était morte, et que je devienne fort pour elle ne changerait rien à la situation : elle resterait morte. Regardant le collier que je portais, j'hésitais longuement à le jeter. Puis, alors qu'une larme coulait sur mon visage, je l'arrachais de mon cou avant de l'envoyer dans le lac. Il fallait oublier, je ne devais penser qu'au présent.
Son deuxième discours fut tout aussi important que le premier. Il n'avait pas tort, quitte à vouloir devenir le meilleur autant que j'emprunte mon chemin et non celui d'un Samui déjà connu. Pourquoi devenir une pâle copie, quand on peut devenir mieux que l'original ? Ses mots me plurent. C'est comme s'il me poussait à devenir plus fort, qu'il m'aidait. À croire qu'il me pense capable de surpasser Mahan.

« Créer sa propre légende...ça me plait bien ! Je dois vous remercier Hojo-sama, vous êtes un sensei d'exception. Vos conseils sont d'une énorme utilité. En tout cas si jamais j'en deviens une un jour, je sais à qui je le devrais. »

Tandis que je le remerciais pour cette rencontre, je pus être le receveur d'une baffe digne de ce nom. Rapide et sèche, je ne la vis même pas arriver. Pourquoi ? Certes mon discours aurait pu paraître pour celui d'un lèche-botte mais il me semblait avoir dit la vérité. Bon j'avais quelque peu hyperbolisé le tout pour avoir le plus de chances possibles de mon côté. Mais apparemment ce n'était pas ce genre de professeur qui adorait être complimenté et adulé. Non, il choisissait qui il voulait entraîner et par la même occasion torturé. Parti tout seul ? Foutage de gueule, même si je savais éperdument qu'il était ironique. Puis vint un ricanement des plus sadiques à vous faire froid dans le dos. Une réaction incompréhensible, en tout cas je savais à quoi m'attendre. Avec lui en sensei j'allais en baver, et pas qu'un peu. Qui sait je ne sortirais même pas en vie des entraînements qu'il me fera subir...Il se mit alors à pointer la cascade du doigt. Qu'attendait-il de moi ? Que j'aille là-bas ? Que je fasse un petit plongeon ? J'eus très vite la réponse à ma question. Cela allait être mon premier entraînement et pas des moindres : méditer sous la cascade. Torse-nu en plus, attention ! Avant de m'y diriger, je regardais l'eisei-nin :

« Merci pour la baffe...Sinon j'espère que ce n'est pas pour se moquer de moi le coup de la cascade, parce que s'il faut le faire pour entrer dans votre équipe je le ferais. »

Affichant un léger sourire, je pris la direction de la cascade. Sur le chemin, j'enlevais mon T-shirt en le jetant sur des cailloux au bord de la source d'eau. Cette dernière était froide, d'autant plus que quand on sait d'où elle vient c'est normal. Yuki no Kuni, le pays des Neiges. Mais ça ne sera pas un problème pour moi, je suis un Samui après tout. C'est pas comme si je maniais le Hyôton. Je ressentirais le froid mais il n'aura que peu d'effet sur moi, du moins je l'espérais car je n'avais pas encore fait l'expérience. après un léger moment d'hésitation, je me glissais sous la masse d'eau qui tombait du haut de la cascade. C'était gelé, comme si une pluie de glaçons s'abattait sur mon dos. En plus je venais à peine de faire mes bandages, et ces derniers se détachaient peu à peu à cause de l'humidité. Mes cicatrices me brûlaient, et pourtant l'eau était glaciale. C'était dur de se concentrer dans ces conditions, mais je n'avais pas réellement le choix après tout.
Après quelques minutes, je préférais m'assoir que de rester debout. Après tout s'il comptait me faire rester ici quelques heures il valait mieux que je sois confortablement installé. Plus le temps passait, plus je m'habituais à la froideur de l'eau. Il suffisait de penser à une source d'eau chaude, et d'oublier l'endroit réel où je me trouvais. Pas facile à faire. Je ne savais pas ce qu'il voulait dire par méditer, en tout cas je tentais de faire le vide en moi. Faire qu'un avec l'eau, avec le froid, avec mon hyôton. C'était peut-être le but de cet exercice, en tout cas c'est comme ça que je le voyais. Alors que je commençais à peine à me concentrer je me fis presque assommer par une branche. Levant les yeux, je vis des cailloux m'arriver dessus.

« À ouais d'accord, je comprends. Je dois méditer tout en esquivant ces obstacles. »

Me redressant, je devais rester debout si je voulais éviter de me prendre des branches dans la tronche. C'était trop simple si je levais les yeux, et puis j'aurais l'eau en plein sur le visage. Il fallait les sentir arriver, les entendre, puis les esquiver. Cet exercice qui paraissait simple au début allait se transformer en véritable cauchemar...Je me pris un nombre incalculable de cailloux, ce qui n'arrangea pas mes blessures. Il était vraiment sadique, il aimait voir les gens souffrir mais je n'allais pas lui faire le plaisir d'abandonner. Non loin de là, j'allais lui montrer de quoi un Samui est capable.